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Full text of "Richard II : épisode de la rivalité de la France et de l'Angleterre"

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AT  THE 


UMVERSITY  OF 
TORONTO  PRESS 


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RICHARD  II 


ÉPISODE 

DE  LA  RIVALITÉ  DE  LA.  FRANCE  ET  DE  L'ANGLETERRE 

PAR    H.  WALLON 

«EMBKE  DE  L',»ST.T»T,  PROFESSEUR  D'B.STO.RE  «0DER!.E 
A  LA  FACULTÉ  DES  LETTRES  DE  PARIS 

•      TOME   SECOND 


PARIS 

LIBRAIRIE  DE  L.  HACHETTE  Ef  C" 

BOULEVARD  SAINT-GERMAIN,    N°  77 

1864 

Droit  de  traduction  réservé 


.  A 


W 


RICHARD    II. 


LIVRE  SEPTIKME. 


LA    M.\.i''n!  r«iL.ii.vKu. 


l.F   GOUVEKIfEIIENT    ur    ^,i.^  r  ^ .  r  rt    ET  LE   GOUVERNEMENT 
DE   RICHARD. 


La  condanmalion  de  TAdmirable  Parlement  et 
la  justification  de  Richard  sont  dans  les  faits  qui 
ont  suivi. 

Glocester  et  son  triumvirat  (des  cinq  lords  appe- 
lants, les  comtes  de  Derby  et  de  Nottingham,  venus 
plus  tard,  étaient  aussi  moins  liés  à  sa  cause;  Gloces- 
ter, Warwick  et  Arundel  étaient  alors  pleinement 
maîtres  du  pouvoir.  Ce  n'était  plus  comme  après  la 
destitution  de  Michel  de  la  Pôle,  quand  les  grands 

Il  —  1 


2  LIVRE  SEPTIÈME.  [1388] 

olïiciers  et  le  conseil  imposés  au  roi  par  le  fameux 
statut  de  Tan  x  (1386)  étaient  tenus  en  échec  par 
les  anciens  conseillers  et  les  amis  du  prince.  Après 
avoir  tenté  de  s'affranchir  au  nom  du  droit  d'abord, 
puis  à  Taide  de  la  force,  Richard,  deux  fois  vaincu, 
demeurait  seul.  La  peine  des  traîtres  avait  fait  le  vide 
autour  de  lui.  La  peine  des  traîtres  écartait  de  sa  per- 
sonne tout  autre  que  ceux  qui  le  tenaient  sous  leur 
joug.  S'il  restait  roi^  c'est  que  le  fils  de  Lancastre 
n'avait  pas  souffert  que  Glocester,  un  cadet,  prît,  aux 
dépens  de  sa  branche  à  lui^  la  couronne.  Il  restait 
roi  pour  revêtir  des  formes  légales  les  actes  de  ses 
oppresseurs.  Glocester  pouvait  donc  agir  sans  rien 
craindre  d'un  parti  abattu.  Les  hommes  de  son  choix 
étaient  dans  les  grands  offices  comme  dans  le  con- 
sei l  ;  l'administration  des  comtés ,  tou te  à  sa  discrétion . 
Le  parlement  de  1388  s'était  formé  sous  son  in- 
fluence; les  suivants  n'y  pouvaient  pas  échapper 
davantage.  Rien  n'empêchait  d'accomplir  les  réformes 
au  nom  desquelles  la  révolution  s'était  opérée.  Mais 
les  révolutions  de  cette  sorte  apportent  moins  de 
changements  aux  choses  qu'aux  personnes,  et  servent 
plus  aux  intérêts  des  chefs  qu'aux  besoins  du  pays  : 
heureux  encore  le  pays^  lorsque  après  avoir  donné 
satisfaction  aux  ambitieux,  elles  arrivent  à  réparer 
les  désordres  qu'elles  ont  causés  !  car  en  pareille 
matière,  même  dans  les  cas  les  mieux  justifiés, 
quand  le  remède  a  chassé  le  mal,  reste  à  guérir  de  la 
maladie  du  remède,  et  cela  n'est  pas  moins  difficile. 


[1388]  LA  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  3 

L'Admirable  Parlement,  parmi  le^s  débats  judiciaires 
qui  l'avaient  rempli,  s'était  surtout  occupé  de  donner 
force  et  garantie  aux  actes  qu'il  avait  accomplis  et  au 
gouvernement  qu'il  avait  institué  :  c'est  ce  qui  tenait 
la  plus  grande  place  dans  les  pétitions  des  com- 
munes. Le  parlement,  réuni  peu  de  mois  après  à 
Cambridge  (9  septembre  1388),  ne  sait  encore  que 
donner  de  nouvelles  armes  au  pouvoir  :  tant  le  pays 
demeure  troublé  !  et  cette  convocation  précipitée , 
après  une  si  longue  session,  montre  déjà  combien  le 
gouvernement  se  sentait  peu  sûr  de  lui-même.  Mais 
le  statut  oii  se  résume  l'action  commune  du  parle- 
ment et  du  conseil,  met  en  pleine  lumière  les  em- 
barras de  la  situation.  Après  avoir,  selon  la  formule 
d'usage,  proclamé  toutes  les  libertés,  il  confirmait, 
en  les  aggravant,  toutes  les  lois  du  despotisme.  Il 
renouvelait  la  loi  des  laboureurs,  avec  des  clauses 
qui  tendaient  à  fixer  en  leur  lieu,  non-seulement  les 
serfs,  mais  les  hommes  libres  :  défense  à  tout  labou- 
reur, homme  ou  femme,  de  quitter,  même  à  l'expira- 
tion de  son  engagement,  le  canton  où  il  avait  servi, 
sous  prétexte  de  pèlerinage  ou  pour  servir  ailleurs,  à 
moins  d'avoir  une  lettre  scellée  du  sceau  royal  où  fût 
constatée  la  cause  de  son  départ  et  l'époque  de  son 
retour,  s'il  devait  revenir.  Mais  l'apposition  du  sceau 
royal  n'était  point  un  acte  d'intervention  du  roi  :  le 
sceau  était  remis  dans  chaque  canton  â  quelque  pro- 
priétaire désigné  par  le  juge  de  paix;  en  sorte  que 
c'était  aux  cantons  intéressés,  à  voir  s'ils  voulaient, 


4  I.IVRE  SEPTIÈME.  [1388] 

en  autorisant  le  départ,  se  priver  des  services.  Les 
hommes  libres  que  l'on  voulait  ainsi  retenir,  pou- 
vaient à  leur  tour  faire  la  loi  aux  maîtres,  en  exigeant 
pour  leur  travail  un  salaire  supérieur  à  ce  que  com- 
portaient les  produits  des  champs  :  aussi  le  statut 
d'Edouard  lïl  avait -il  pour  corollaire  une  loi  de 
maximum.  Le  statut  de  Cambridge  renouvelait  aussi 
cette  loi,  retendant  aux  serviteurs  et  de  la  ville  et 
de  la  campagne,  avec  un  tarif  approprié,  et  des  peines 
non-seulement  contre  ceux  qui  demandaient,  mais 
contre  ceux  qui  auraient  consenti  à  payer  davantage. 
Ainsi,  là  même  où  le  travail  était  libre,  il  était  can- 
tonné et  taxé,  ni  plus  ni  moins  que  le  travail  des 
serfs.  Par  une  autre  mesure  qui  ramenait  plus  direc- 
tement encore  au  servage,  on  défendait  d'appliquer  à 
un  métier  l'enfant  qui,  jusqu'à  l'âge  de  douze  ans, 
aurait  été  retenu  aux  travaux  de  la  campagne.  Si  l'on 
souffrait  si  difficilement  que  l'ouvrier  pût  changer 
de  maître,  on  devait  tolérer  beaucoup  moins  qu'il 
réussît  à  s'en  passer.  On  poursuivait  le  vagabondage 
sous  toutes  ses  formes  (excepté  celle  des  religieux 
mendiants),  en  défendant  aux  pauvres  valides  de 
voyager  sans  permis  (testimoniales)^  et  aux  infirmes 
de  sortir  du  lieu  où  le  statut  les  trouvait  à  demeure. 
Les  baillis,  maires  et  sénéchaux  étaient  particulière- 
ment chargés  d'exécuter  ces  mesures,  sous  la  sur- 
veillance des  juges  de  paix  (a). 

Le  statut  qui  recourait  à  ces  moyens  violents  pour 
rétablir  la  paix  publique,  cherchait  aussi  à  la  garder 


[1388]  LA  MAJORITÉ  DE  RICHARD.        '  5 

contre  d'autres  excès.  Défense  aux  seigneurs  de  don- 
ner leur  livrée  ou  leurs  insignes  à  d'autres  qu'aux 
gens  obligés  par  contrat  à  les  servir,  en  paix  comme 
en  guerre,  pour  toute  la  vie^  ou  aux  valets  demeurant 
dans  leur  propre  maison  :  car  cette  livrée  couvrait  de 
l'impunité  des  grands  les  extorsions  les  plus  odieuses. 
Défense  aux  paysans  ou  gens  de  métiers  d'avoir  dague, 
ni  épée,  ni  aucune  arme  autre  que  l'arc  et  les  flè- 
ches :  on  respectait  cette  arme  populaire,  la  force  de 
la  milice  anglaise,  toujours  en  honneur,  même  depuis 
que  d'autres  engins  de  guerre  tonnaient  dans  les 
batailles,  et  Ton  voulait  que  le  peuple  s'y  exerçât  le 
dimanche  à  l  exclusion  de  tout  autre  jeu;  on  prohi- 
bait les  autres  armes,  qui,  lorsqu'elles  n'étaient  pas 
aux  mains  des  chevaliers,  semblaient  être  plus  vo- 
lontiers les  instruments  du  brigandage  et  des  conju- 
rations. Enfin  le  statut  témoignait  qu'il  voulait  le 
respect  des  agents  du  pouvoir,  l'intégrité  dans  l'ad- 
ministration^ l'indépendance  dans  l'Église.  Pour  faire 
respecter  les  agents  du  pouvoir,  il  confirmait  une  loi 
de  la  deuxième  année  de  Richard,  qui  défendait,  sous 
peine  de  prison,  que  personne  dît  du  mal  des  prélats, 
ducs  ou  comtes,  comme  aussi  des  ministres  du  prince, 
chancelier,  trésorier,  garde  du  sceau  privé,  sénéchal 
de  1  hôtel,  juges  de  l'un  ou  de  l'autre  banc,  et,  en  un 
mot,  des  principaux  oiliciers  du  royaume.  Pour  as- 
surer l'intégrité  de  l'administration,  il  décrétait  que 
les  grands  officiers  et  tous  ceux  qui  avaient  pouvoir 
de  nommer  les  vicomtes,  agents  du  domaine,  rece- 


6  *  rJVRE  SEPTIÈME.  [1388] 

veurs  ou  contrôleurs  des  subsides,  ou  iout  autre 
serviteur  du  roi ,  les  choisissent  sur  leur  mérite, 
et  non  par  faveur  ou  même  à  prix  d'argent.  Pour 
maintenir  l'indépendance  de  l'Église,  il  sanctionnait 
le  statut  des  proviseurs;  mais,  dès  le  temps  du  der- 
nier parlement,  dès  leur  installation  au  pouvoir,  ces 
hommes,  si  jaloux  de  l'intervention  du  saint-siége 
dans  leur  Église,  avaient  poursuivi  en  cour  de  Rome 
et  obtenu  du  pape  le  déplacement,  c'est-à-dire  la 
destitution  de  l'archevêque  d'York,  l'un  des  cinq 
conseillers  de  Richard  jugés  en  parlement,  et  la 
provision  de  ce  siège,  ainsi  que  de  quatre  autres 
rendus  vacants  par  la  promotion  des  titulaires.  Il  est 
vrai  qu'ici  le  gouvernement  lui-même  sollicitait  ces 
mesures^  et  que  celui  qui  en  avait  le  premier  béné- 
fice, c'était  le  chancelier,  l'évêque  d'Ely,  frère  du 
comte  d'Arundel.  Les  cinq  prélats  nommés  le  même 
jour  en  remplacement  l'un  de  l'autre  (comme  l'eus- 
sent pu  être  de  simples  vicomtes),  nommés  par  provi- 
sion, vinrent  le  même  jour  aussi  promettre  fidélité 
au  roi  et  recevoir  leur  temporel  en  face  de  ce  parle- 
ment qui-renouvelait  la  loi  des  proviseurs  (a)  ! 

A  ces  actes  du  parlement  de  Cambridge,  Knighton 
ajoute  une  loi  somptuaire  qui  avait  pour  objet  de 
maintenir  entre  les  classes  des  distinctions  effacées 
par  le  progrès  du  luxe  chez  les  gens  du  peuple;  et 
Walsingham,  bien  d'autres  choses  qu'il  juge  inutile 
de  rappeler  à  la  mémoire  :  «  car,  dit-il,  on  les  votait 
toujours  et  on  ne  les  exécutait  jamais,  n  Ce  qu'on 


[1388]  LA  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  7 

renouvela  et  ce  qu'on  exécuta  mieux,  ce  fut  le  vole 
des  subsides,  un  dixième  de  la  part  du  clergé,  un 
quinzième  de  la  part  des  laïques,  sans  préjudice  des 
taxes  courantes  :  car  le  nouveau  gouvernement,  pas 
plus  que  l'ancien,  n'avait  trouvé  le  moyen  de  pour- 
voir, sans  cette  aide,  aux  besoins  du  pays.  Ajoutons 
que,  même  à  ce  prix,  il  n'avait  pas  su  davantage  lui 
rendre  l'éclat  qu'il  avait  perdu  au  dehors  (a). 

Le  péril  de  l'invasion  française  s'était  dissipé. 
Cette  invasion,  que  l'attitude  hostile  du  parlement  de 
1386  vis-à-vis  du  gouvernement  de  Richard  aurait 
pu  rendre  possible,  avait  échoué,  on  l'a  vu,  par  suite 
des  retards  plus  ou  moins  calculés  du  duc  de  Berri  ; 
et  le  nouvel  armement  confié  à  Clisson  n'avait  pas 
mieux  abouti,  grâce  au  guet-apens  du  duc  de  Bre- 
tagne. L'Angleterre  n'était  donc  plus  en  péril,  et  elle 
trouvait  une  excellente  occasion  de  reprendre  l'offen- 
sive. Clisson,  tiré  des  mains  du  duc  de  Bretagne,  lui 
faisait  la  guerre.  Il  avait  racheté  du  duc  d'Irlande, 
Jean  de  Blois ,  fils  de  Charles ,  retenu  longtemps 
comme  otage  en  Angleterre  ;  il  le  mariait  à  sa  fille, 
et  menaçait  de  recommencer  la  querelle  des  préten- 
dants, querelle  oii  il  comptait  bien  sur  l'appui  de  la 
France.  Le  duc  était  donc  poussé  à  rappeler  les  An- 
glais; et  ceux-ci  n'attendirent  pas  son  appel  pour  se 
préparer  à  tout  événement.  Les  procès  de  l'Admirable 
Parlement  n'étaient  point  encore  finis  que  le  comte 
d'Arundel,  l'un  des  cinq  lords  appelants,  déjà  signalé 
par  ses  succès  comme  amiral,  se    faisait  nommer 


8  LIVRE  SEPTIÈME.  [1388] 

gouverneur  du  château  de  Brest  (9  avril);  et  le 
20  mai,  il  partait  de  Hampton  avec  une  flotte  qui 
lui  permît  de  se  porter  partout  où  il  le  jugerait  néces- 
saire. Mais  le  duc  de  Bretagne  s'était  ravisé.  Le  roi 
de  France,  loin  de  songer  à  l'accabler,  ne  voulait 
qu'apaiser  la  querelle;  et  le  duc  savait  que  la  Bre- 
tagne, s'il  voulait  s'appuyer  des  Anglais,  passerait 
tout  entière  à  Clisson.  Après  avoir  cherché  dans  les 
armements  mêmes  du  comte  d'Arundel  un  prétexte 
pour  ne  point  se  rendre  à  l'appel  du  roi  aux  États 
d'Orléans,  il  se  laissa  mener  à  Paris,  où  Charles  YI 
termina  le  différend  par  un  équitable  arbitrage.  Le 
comte  d'Arundel  n'avait  plus  rien  à  espérer  de  la 
Bretagne;  il  se  rejeta  sur  les  îles  du  voisinage,  lit 
une  incursion  heureuse  dans  la  Saintonge,  où  nul  ne 
s'attendait  à  le  voir,  et  un  peu  plus  tard  faillit  se 
faire  prendre  auprès  de  la  Rochelle,  où  l'on  était 
mieux  en  garde.  Il  échappa,  reprit  la  mer,  et,  au 
retour,  fit  encore  quelques  descentes  sur  les  côtes 
de  Normandie,  s'avança  jusqu'aux  portes  de  Bayeux; 
puis  il  ramena  son  butin  à  Cherbourg,  d'où  il  revint 
en  Angleterre  (a). 

Cette  petite  guerre  de  littoral  et  quelques  pointes  à 
l'intérieur  eussent-elles  toujours  été  couronnées  de 
succès,  ce  n'était  pas  de  quoi  rehausser  beaucoup  le 
nouveau  gouvernement.  Il  n'avait  guère  ajouté  plus 
à  son  prestige,  quand  il  avait  voulu  s'approprier  les 
exploits  du  fameux  aventurier  anglais  J.  Haukwood. 
en  lui  donnant  au  nom  du  roi,  duc  de  Guyenne,  et  à 


[1388]  LA  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  9 

ce  titre,  prétendait-on,  suzerain  de  Provence,  tout 
pouvoir  pour  y  exterminer  les  hérétiques  et  les 
schismatiques^  :  chose  que  ce  chef  de  bandes  faisait 
tort  bien  sans  lettres  patentes.  Cette  attaque  aux  nou- 
veaux domaines  de  la  maison  d'Anjou  ne  menait  pas 
au  cœur  de  la  France;  et  ce  brigandage  eût-il  réussi, 
le  gouvernement  anglais  n'eût  pas  été  dispensé  d'agir 
par  lui-même,  s'il  voulait  ne  pas  rester  au-dessous 
des  espérances  qu'il  avait  excitées.  En  somme,  il 
avait  fait  bien  peu  encore  :  et  cependant  tout  semblait 
le  servir. 

La  guerre  d'Espagne  finissait.  Elle  n'avait  eu  depuis 
le  commencement  que  des  revers  pour  les  Anglais, 
et  la  dernière  expédition  n'avait  point  rétabli  l'hon- 
neur de  leurs  armes.  Lancastre,  parti  au  commence- 
ment de  juillet  1386  avec  sa  femme  et  ses  deux  filles 
(la  circonstance  n'est  point  à  négliger),  avait,  en 
passant,  dégagé  le  château  de  Brest,  et,  à  la  fin  du 
même  mois,  pris  terre  à  la  Corogne^  où  il  congédia  sa 
tlolte,  comme  si  dès  lors  il  fût  entré  en  possession  de 
son  royaume  et  qu'il  n'eût  plus  à  retourner  en  An- 
gleterre. Le  roi  de  Portugal,  qui  l'avait  appelé,  n'avait 
pas  manqué  au  rendez-vous.  On  envahit  la  Castille; 
mais  l'armée  anglaise  s'était  vue  bientôt  arrêtée  par 
des  maladies;  et  quand,  Tannée  suivante,  Lancastre 
renouvela  son  entreprise,  il  trouva  un  pays  ravagé, 
d'où  la  famine  le  força  de   sortir.  Ce  double  échec 

1.  {k  mars  1388).  Rymcr,  t.  VU,  p.  569. 


10  LIVRE  SP:PTIÈME.  [1388] 

dissipa  ses  illusions.  Le  roi  de  Portugal,  pour  s'assu- 
rer de  son  appui,  avait  demandé  tout  d'abord  et  venait 
d'épouser  l'aînée  de  ses  deux  filles  (1387).  Le  roi  de 
(bastille  lui  demanda  l'autre  pour  son  propre  fils.  Le 
prince  anglais  lui  disputait  le  trône  au  nom  de  sa 
femme  :  le  Castillan  le  lui  offrait  pour  sa  fille,  en  la 
mariant  à  celui  qui  en  devait  hériter.  Le  duc  de  Lan- 
castre  accepta.  II  renonçait  à  son  titre  de  roi,  mais  sa 
fille  devenait  reine;  et  une  rente  de  40  000  francs, 
outre  quelques  villes  données  à  sa  femme,  le  dédom- 
mageait des  prétentions  qu'il  abdiquait.  Singulière 
fortune  des  nations  !  La  France  bien  souvent  n'a 
vaincu  que  pour  le  profit  des  autres.  L'Angleterre 
a  su  presque  toujours  tirer  avantage,  même  des  revers 
qu'elle  a  subis.  Cette  guerre  d'Espagne,  la  plus  folle 
qu'elle  ait  entreprise,  et  qui,  sans  lui  donner  la  Cas- 
tille,  a  contribué  à  lui  faire  perdre  la  France^  c'est 
pourtant  par  elle  qu'elle  a  pris  pied  dans  la  Pénin- 
sule. L'Espagne  a  échappé  à  Lancastre,  mais  le  Por- 
tugal est  resté  sous  la  main  des  Anglais  (a). 

Pour  le  présent^  et  toute  satisfaction  eût-elle  été 
refusée  à  Lancastre,  c'était  un  avantage  que  de  sortir 
d'une  entreprise  dont  la  complication  avait  été  si  fa- 
tale aux  résultats  de  la  guerre  de  France.  L'Angleterre 
était  libre  de  ce  côté,  et  la  France  occupée  ailleurs. 
La  Flandre  leur  faisant  défaut,  les  Anglais  avaient 
cherché  dans  le  voisinage  quelque  autre  moyen  de 
tenir  en  échec  et  la  France  et  le  duc  de  Bourgogne 
maître  de  la  Flandre.   Ils   avaient  trouvé  un    petit 


[1388]  LA  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  11 

prince,  le  duc  de  Gueldre,  qui,  moyennant  1000  li- 
vres de  pension,  s'était  obligé  à  servir  le  roi  d'Angle- 
terre sa  vie  durant,  et  à  défier  France  et  Bourgogne. 
Si  peu  redoutable  qu'il  fût  à  la  France,  il  incommo- 
dait le  duc  de  Bourgogne  aux  Pays-Bas;  et  Charles  VI 
s'était  laissé  dire  par  son  oncle  qu'il  allait  de  son 
honneur  de  répondre  à  ce  défi.  On  avait  terminé  à  la 
hâte  l'affaire  de  Bretagne  ;  on  s'était  préparé  à  l'inva- 
sion de  la  Gueldre  comme  à  l'invasion  manquée  de 
l'Angleterre  !  —  La  politique  anglaise  avait  donc  réussi 
au  delà  de  toute  espérance  ;  et  cette  campagne,  en 
engageant  dans  une  lutte  stérile  la  meilleure  partie 
des  forces  de  la  France,  offrait  à  Glocester  une  occa- 
sion bien  favorable  pour  reprendre  le  rôle  qu'il  re- 
prochait à  Richard  d'avoir  abdiqué.  Il  n'en  fit  rien  ;  et 
tous  ses  trophées  se  bornèrent  au  butin  rapporté  par 
le  comte  d'Arundel.  Bien  plus,  dans  le  même  temps 
il  voyait  se  renouveler  pour  sa  nation  des  affronts 
que  Richard  au  moins  n'avait  pas  laissés  impunis. 
La  France,  en  effet,  alors  même  qu'elle  ne  combattait 
pas,  avait  un  allié  de  sa  cause  attaché  aux  flancs 
del'Angleterre,  je  veuxdire  l'Ecosse.  Les  Écossais  fran- 
chirent la  frontière,  et,  quoique  trois  fois  moins  nom- 
breux, livrèrent  aux  Anglais,  près  d'Otterbourne,  un 
combat  que  ces  derniers  se  vantèrent  d'avoir  gagné 
parce  qu'ils  avaient  tué  Douglas  (19  août  1388); 
mais  Douglas  mourant  avait  ordonné  de  relever  son 
étendard,  et  ses  compagnons,  se  raljiant  à  l'entour  et 
reprenant  son  cri   de  guerre,  restèrent  maîtres  du 


12  LIVRE  SEPTIÈME.  [1388] 

champ  de  bataille.  Si  leur  chef  était  mort,  ils  rame- 
naient parmi  les  prisonniers ,  signe  plus  certain 
de  la  victoire,  le  principal  chef  des  Anglais,  le 
bouillant  Henri  Percy,  surnommé  YÈperon  de  feu 
(Hotspur)  (a). 

En  pareille  circonstance,  et  pour  éviter  peut-être 
que  les  Français,  dans  la  campagne  suivante,  ne 
vinssent  en  aide  aux  Écossais^  Glocester^  qui  avait 
tant  accusé  les  anciens  ministres  de  Richard  d'avoir 
traité  avec  la  France,  envoya  lui-même  des  ambassa- 
deurs à  Charles  Yl  pour  négocier  une  trêve.  La  France 
ne  refusait  pas  :  au  retour  de  la  campagne  de  Guel- 
dre ,  Charles  YI ,  fatigué  du  gouvernement  de  ses 
oncles,  les  avait  congédiés;  et  ses  nouveaux  ministres, 
anciens  conseillers  de  Charles  Y,  appliqués  à  réparer 
les  maux  du  royaume  à  l'intérieur,  ne  demandaient 
pas  mieux  que  de  s'assurer,  au  moins  provisoirement, 
quelque  sécurité  du  côté  de  l'Angleterre.  Seulement 
ils  mettaient  à  la  trêve  une  condition,  c'est  qu'elle 
comprît  les  deux  alliées  de  la  France,  l'Espagne  et 
l'Ecosse.  L'Espagne  aurait  pu  être  naguère  un  obsta- 
cle :  c'était  le  lot  du  duc  de  Lancastre;  et  si  on  l'eût 
rappelé  malgré  lui  de  cette  contrée,  comment  espérer 
qu'à  son  retour  il  ratifiât  les  actes  de  son  cadet  Glo- 
cester  en  Angleterre?  Mais  le  traité  récemment  con- 
clu rendait  de  ce  côté  Tarrangement  plus  facile.  La 
difficulté,  c'était  l'Ecosse.  Les  Anglais  avaient  là  une 
revanche  à  prendre.  Ils  soutenaient  que  l'Ecosse  étant 
une  dépendance  de  l'Angleterre,  la  France  n'avait 


[1389,  LA  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  13 

pas  le  droit  de  stipuler  pour  elle;  et  les  Écossais,  il 
le  faut  dire,  ne  se  souciaient  guère  davantage  d'une 
transaction  qui  les  eut  désarmés.  Loin  de  craindre 
une  revanclie,  ils  envahirent  de  nouveau  leNorthum- 
berland;  et  Thomas  Mowbray,  comte  de  Nottingham^ 
maréchal  d'Angleterre,  envoyé  pour  les  repousser, 
échoua  faute  de  forces  suffisantes  (a). 

Rien  donc  ne  relevait  le  gouvernement  de  Glo- 
cester.  A  l'intérieur,  il  avait  donné  à  ses  amis  toutes 
les  grandes  positions  de  l'Église  et  de  l'État  ;  mais  il 
n'avait  point  changé  autrement  la  situation.  Il  avait 
(lu  demander  au  parlement  les  mêmes  impôts ,  avec 
de  nouveaux  suppléments ,  et  il  n'avait  pas  su  au 
dehors  en  faire  meilleur  usage.  Il  avait  combattu 
sans  succès  les  invasions  des  Écossais,  et  négocié 
sans  résultat  une  trêve  avec  la  France.  Les  choses  en 
étaient  là,  quand  un  jour  (3  mai  1389)  le  roi,  entrant 
au  conseil,  demanda  qu'on  lui  dît  quel  âge  il  avait. 

f<  Yingt-deux  ans,  dit  Glocester. 

—  Je  suis  donc,  reprit-il,  pleinement  en  âge  de 
gouverner  et  ma  maison  et  même  mon  royaume. 
Tout  héritier  dans  le  royaume,  quand  il  a  vingt  et 
un  ans,  a  le  droit  d'administrer  librement  ses 
propres  affaires.  Comment  donc  me  refuserait-on  ce 
que  la  loi  accorde  au  moindre  Vie  mes  sujets  ?  >> 

Les  barons  surpris  répondirent  qu'on  ne  lui  vou- 
lait rien  refuser  de  légitime. 

((  Il  y  a  longtemps,  continua  Richard,  que  je  vis 
sous  votre  direction  ,  et  je  dois  rendre  grâces  à  Dieu 


14  LIVRE  SEPTIÈME.  [1389J 

d'abord,  puis  à  Vos  Seigneuries,  de  ce  que,  par  vos 
soins,  ma  personne,  mon  héritage  et  tout  le  royaume 
d'Angleterre,  tant  à  l'intérieur  qu'au  dehors,  ont  été 
défendus  de  toutes  parts  contre  nos  ennemis,  à  l'hon- 
neur de  ma  couronne.  Mais  aujourd'hui,  Dieu  ayant 
permis  que  j'atteignisse  à  l'âge  légal,  je  réclame  et 
j'entends  exercer  librement  par  la  suite  le  droit  de 
gouverner  ma  personne  et  mon  héritage,  de  choisir 
mes  officiers  et  mes  ministres,  de  les  investir  de  leurs 
fonctions  selon  qu'avec  la  grâce  de  Dieu  il  me  sem- 
blera le  plus  expédient;  comme  aussi  d'exclure  des 
charges  ceux  qui  en  sont  investis,  et  de  les  rempla- 
cer comme  il  me  plaira.  »  Il  ordonna  à  l'archevêque 
d'York  (Thomas  Arundel),  chancelier,  de  lui  rendre 
les  sceaux,  et  le  lendemain  il  les  donna  à  Tévêque  de 
Winchester.  Il  remplaça  de  même  le  trésorier ,  le 
clerc  du  sceau  privé,  ainsi  que  les  juges  du  banc  du 
roi  et  des  plaids  communs,  récemment  institués  par 
Glocester.  Il  renouvela  le  conseil,  d'où  il  exclut  Glo- 
cester,  Warwick  et  leurs  amis,  et  reprit  au  comte 
d'Arundel  la  charge  d'amiral  et  le  gouvernement  de 
Brest,  pour  les  donner  à  son  frère  utérin,  J.  de  Hol- 
land,  comte  de  Huntingdon.  «  Nul  n'osa  résister,  dit 
Knighton;  tous  rendaient  grâces  à  Dieu  d'avoir  donné 
au  pays  un  si  sage  roi  [a).  » 

Ces  changements  de  personnes  étaient  la  condition 
nécessaire  de  l'œuvre  accomplie  par  Richard.  Pour  se 
rémettre  en  possession  du  pouvoir,  il  fallait  bien 
qu'il  le  reprît  aux  amis  de  Glocester;  mais  il  ne  le 


[1389]  LA  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  15 

{30uvait  faire  d'une  façon  plus  rassurante  pour  le 
pays,  pour  ses  ennemis  eux-mêmes.  Son  chance- 
lier ,  c'était  W.  de  Wickham ,  ce  grand  ministre 
d'Edouard  111,  illustre  et  dans  la  politique  et  dans  les 
arts,  qui  dota  l'Angleterre  des  plus  beaux  monu- 
ments, qui  bâtit  pour  Edouard  cette  merveille  de 
Windsor.  Écarté  du  pouvoir  dans  les  dernières  an- 
nées de  ce  prince,  et  frappé  par  Lancastre,  relevé  de 
ses  condamnations  par  l'intervention  de  tout  le  clergé, 
il  n'avait  pas  cessé  d'être  au  premier  rang  sous  Ri- 
chard II,  également  respecté  de  tous  les  partis;  et  il 
avait  eu  sa  place  dans  ce  fameux  conseil  de  Tan  x, 
qui  avait  mis  tous  les  pouvoirs  aux  mains  de  Glo- 
cester  :  quelle  meilleure  garantie  que  Richard  ne  vou- 
lait pas  donner  d'autre  suite  à  la  consultation  de 
Nottingham?  Son  trésorier,  c'était  tin  autre  ancien 
ministre  d'Edouard  III,  Tévêque  d'Exeter,  deux  fois 
trésorier  déjà  pendant  sa  minorité  (1377  et  1379), 
c'est-à-dire  de  l'aveu  du  parlement;  et  bientôt  même 
(12  juillet  1389),  il  rendit  les  clefs  du  trésor  à  celui 
qu'il  venait  d'en  priver,  au  trésorier  nommé  par  le 
parti  de  Glocester,  à  l'évêque  de  Hereford,  devenu 
évêque  de  Saint-David  (a). 

Tous  ses  actes  portèrent  l'empreinte  iw  cclic  mu- 
dération,  où  se  décelait  une  âme  sûre  de  son  droit 
et  sachant  se  posséder  dans  sa  force.  La  proclamation 
où  il  annonçait  qu'il  avait  pris  le  gouvernement  de 
l'aveu  du  conseil ,  des  prélats  et  des  grands  du 
royaume,  confirmait  toutes  les  amnisties,  donnait 


16  LIVRE  SEPTIÈME.  [1389] 

des  garanties  à  tous.  Point  de  violence  contre  ceux 
mêmes  qui  l'avaient  tant  humilié.  Glocester,  natu- 
rellement suspect  après  une  telle  élévation  et  une 
telle  chute,  lui  était  signalé  comme  méditant  une 
vengeance,  par  ces  hommes  qui  ne  manquent  jamais 
aux  restaurations  ou  aux  révolutions  pour  les  pous- 
ser aux  représailles.  Le  soupçon  était  faux,  ou  du 
moins  prématuré.  Le  roi  fit  venir  son  oncle,  et  ne  lui 
laissa  pas  même  la  peine  de  confondre  les  calomnia- 
teurs. Un  peu  plus  tard,  comme  il  n'était  pas  ras- 
suré, et  que  ses  deux  principaux  complices,  Warwick 
et  Arundel,  partageant  ses  appréhensions,  avaient 
prié  le  comte  de  Northumberland  de  faire  leur  paix 
avec  le  roi  et  le  conseil,  Richard  les  fit  rentrer  dans 
le  conseil.  Derby  les  y  avait  précédés^  si  même  jamais 
il  en  était  sorti.  Quant  à  Nottingham  (comte  maré- 
chal), il  était  déjà  l'objet  des  faveurs  du  roi.  —  Point 
de  précipitation  non  plus  à  abolir  les  actes  dont  il 
sentait  le  plus  l'iniquité.  Les  morts  ne  pouvaient  pas 
être  tirés  du  tombeau;  mais  les  bannis  non  plus  ne 
revinrent  pas  de  l'exil.  Michel  de  la  Pôle  traîna  un 
an  encore  sa  vie  dans  la  tristesse  parmi  les  distrac- 
tions que  la  cour  de  France  lui  voulait  offrir.  L'ancien 
archevêqued' York  géra  jusqu'à  la  fin  la  petite  cure  qu'il 
avait  obtenue  des  Flamands;  et  le  favori  lui-même,  le 
duc  d'Irlande,  ne  fut  point  rappelé  :  les  portes  de  la 
patrie  ne  devaient  se  rouvrir  qu'à  son  cercueil.  Les 
arrêts  qui  les  avaient  frappés  étaient  des  actes  du  par- 
lement. Richard  ne  crut  pasqu'illui  futpermis  de  les 


[1389J  LA  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  17 

détruire  ,  ni  même  qu'il  fût  sage  d'agiter  le  pays  en 
appelant  un  parlement  nouveau  à  supprimer  ce  que 
l'autre  avait  résolu.  Il  fit  donc  à  la  paix  publique  le 
sacrifice  de  ses  affections;  il  y  sacrifia  le  sentiment 
même  de  son  honneur  offensé  :  car  il  n'était  pas 
moins  atteint  que  les  autres  dans  ces  jugements  pour 
crime  de  trahison,  qui  demeuraient  inscrits  aux  rôles. 
Il  maintint,  provisoirement  du  moins,  les  statuts, 
même  en  ce  qu'ils  avaient,  quant  au  passé,  de  ri- 
gueur ou  d'outrages  pour  les  siens  et  pour  lui. 
Il  maintint  les  pardons  accordés,  fit  remise  d'une 
partie  de  l'impôt  voté  au  dernier  parlement,  et  suivit 
la  politique  du  gouvernement  de  Glocester  dans  toutes 
les  voies  où  il  la  trouvait  utilement  engagée  (a). 

C'est  ce  qu'il  fit  à  l'égard  de  la  France. 

Les  règnes  de  Richard  et  de  Charles  VI  avaient 
offert  jusque-là  de  singulières  analogies  dans  leurs 
vicissitudes.  De  part  et  d'autre  des  minorités  au  dé- 
but, et  près  du  roi  mineur  trois  oncles  ayant  eux- 
mêmes  certaines  ressemblances,  tant  par  leur  rôle 
que  par  leur  caractère  :  les  deux  aînés,  Anjou  et  Lan- 
castre,  détournant  les  forces  du  royaume,  l'un  vers 
ritalie,  l'autre  vers  l'Espagne,  à  l'appui  de  leurs  pré- 
tentions aux  royaumes  de  Naples  et  de  Castille;  les 
deux  plus  jeunes,  Bourgogne  et  Glocester,  aspirant 
surtout  à  dominer  à  l'intérieur;  les  deux  puînés, 
Berry  et  York,  personnages  effacés  entre  les  figures 
bien  autrement  caractérisées  des  aînés  et  des  plus 
jeunes;    ajoutez  de   grandes   révoltes    à    l'intérieur 

II  —  2 


18  LIVRE   SEPTIÈME.  [1389j 

(Wat-Tyler,  les  Maillotins)  précédant  le  renouvelle- 
ment de  la  lutte  où  les  deux  pays  se  trouvaient  ori- 
ginairement engagés.  Mais  le  naturel  des  princes  et 
la   constitution    tout  autre  des  deux  États  avaient 
pourtant  amené  de  notables  différences  dans  leurs 
destinées.  En  Angleterre,  le  roi  s'était  montré  digne 
et  capable  de  régner  du  jour  où  il  avait  si  hardiment 
reconquis  sa  capitale ,  que  l'incurie  et  l'absence  de 
ses  oncles  avaient  abandonnée  sans  défense  à  l'inva- 
sion populaire;  et  ce  n'était  que  par  d'odieuses  ma- 
nœuvres que  l'un  d'eux  s'était  ressaisi  du  pouvoir 
avec  l'aide  du   parlement.    En  France,    les  oncles 
avaient  régné  sans  discontinuité,  épuisant  le  trésor 
par  leurs  dilapidations,  provoquant  la  révolte  par  la 
surcharge  des  impôts,  et  jetant  le  pays  dans  une 
suite  d'entreprises  qui  devaient  ajouter  à  la  misère 
publique;   gouvernement  ruineux  et   qu'il   ne  faut 
pourtant  pas  condamner  sans  rémission  :  car   s'il 
agita  le  pays,  il  lui  rendit  le  sentiment  de  sa  force;  il 
releva  par  une  grande  victoire  (Rosebecque)  l'hon- 
neur des  armes  depuis  trop  longtemps  tenu  comme 
en  réserve;  il  ramena  nos  troupes  au  devant  des  An- 
glais, qu'on  était  habitué  à  laisser  passer  librement 
sans  rien  risquer  que  les  suivre;  il  les  fit  reculer  eux- 
mêmes  devant  les  armées  de  la  France;   il   les  me- 
naça  et   les  fit    trembler   dans  leur  île  devant  les 
apprêts  d'une  grande    invasion.  Mais  ici   le   blâme 
redevient  légitime  :  car  l'expédition   qui  avait  tant 
coûté  déjà  ne  s'était  pas  faite,  et  elle  avait  eu  le 


[1389]  LA  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  19 

double  inconvénient  de  faire  négliger,  par  cet  effort 
exagéré,  des  tentatives  plus  modestes  et  plus  sures, 
et  de  rendre  à  l'ennemi,  par  son  avortement,  toute  la 
confiance  qu'il  avait  perdue.  Une  dernière  entreprise, 
la  campagne  contre  le  duc  de  Gueldre,  avait  mis  le 
comble  à  la  mesure.  Charles  VI  avait  donc  remercié 
ses  oncles,  et  choisi  ses  ministres  parmi  les  anciens 
serviteurs  de  son  père  Charles  V;  comme  Richard  un 
peu  après  (nouvelle  analogie)  remettait  ses  oncles  à 
leur  place,  et,  rendant  les  sceaux  à  l'évêque  de  Win- 
chester,  assurait  aux  débuts  de  son  gouvernement 
personnel  le  concours  et  la  sauvegarde  du  plus  illustre 
chancelier  d'Edouard  III,  son  aïeul. 

Les  deux  gouvernements,  replacés  dans  ces  condi- 
tions, se  trouvaient  plus  que  jamais  en  mesure  de  se 
rapprocher  et  de  s'entendre;  et  la  négociation  que 
Glocester  avait  engagée  fort  à  contre-cœur,  Richard 
était  naturellement  porté  à  la  reprendre  et  à  la  mener 
à  bonne  fin.  Les  difficultés  secondaires  qui  avaient 
arrêté  le  premier  furent  facilement  résolues.  L'Es- 
pagne était  moins  que  jamais  un  obstacle.  Les  con- 
ventions de  Lancastre  avec  Jean  1"  avaient  leur  pleine 
exécution  :  la  fille  du  prince  avait  épousé  l'héritier 
du  trône  auquel  il  renonçait:  le  duc  touchait  sa  pen- 
sion; et  lui-même,  après  avoir  traité  en  son  nom 
personnel  avec  le  roi  de  Gastille,  était  chargé  de  né- 
gocier au  nom  du  roi  d'Angleterre  un  semblable 
accord  entre  les  deux  pays.  Quant  à  l'Ecosse,  loin 
d'avoir  à  la  rejeter  de  la  trêve,  l'Angleterre  avait  plu- 


20  LIVRE  SEPTIÈME.  [1389] 

tôt  intérêt  à  ce  que  la  France  l'y  fît  entrer.  Le  roi 
d'Éc^se  y.  consentait  bien,  mais  il  fallait  l'assenti- 
ment des  barons,  «  car  sans  leur  sçu  le  roi  ne  l'eût 
pas  fait,  e^i  s'il  l'eût  accordé  ils  ne  l'eussent  point 
tenu.  »  Les  murmures  éclatèrent  quand  on  les  réunit 
à  Edimbourg  pour  leur  lire  les  lettres  du  roi  de 
France  :  «  Le  roi  de  France,  s'écriaient-ils,  ne  sert 
qu'à  faire  trêve  quand  il  est  temps  de  guerroyer.  Nous 
avons  cette  année  battu  les  Anglois,  et  encore  se 
taille  bien  la  saison  que  nous  les  battrons  une  se- 
conde et  une  troisième  fois.  »  Ils  députèrent  vers  le 
roi  de  France  «  pour  briser  tous  ces  traités  et  pour 
remontrer  la  bonne  volonté  du  roi  d'Ecosse,  d  Le  roi 
reçut  bien  les  envoyés,  loua  l'ardeur  de  leurs  senti- 
ments :  mais  les  choses  étaient  trop  avancées  pour 
reculer,  et  on  les  y  amena  par  la  douceur.  Les  dépu- 
tés, réunis  à  Leulinghem,  lieu  ordinaire  de  leurs  con- 
férences, arrêtèrent  donc  les  conditions  de  la  nou- 
velle trêve,  qui  devait  durer  trois  ans,  du  1 5  août  1 389 
au  16  août  1392,  soleil  levant  (18  juin  1389)  (a). 

Déjà  Tordre  était  en  voie  de  se  rétablir  à  Tintérieur 
et  la  paix  aîi  dehors ,  quand  vint  le  temps  de  réunir 
le  parlement. 

Richard  ne  redoutait  pas  cette  épreuve.  Depuis 
qu'il  avait  repris  le  pouvoir,  il  n'avait  rien  fait  que 
de  l'avis  de  son  conseil  :  attentif  à  prévenir  avec  lui 
les  abus  le  plus  ordinairement  signalés  dans  les  péti- 
tions des  communes,  s'imposant  des  règles  pour  les 
nominations  de  ses  agents,  pour  la  distribution  de 


;]389]  LA  MAJORITÉ  DE  RîCHARD.  21 

ses  grâces,  et  réservant  les  affaires  les  plus  considé- 
rables, celles  de  Rome,  celles  des  alliances,  de  la  paix 
et  de  la  guerre,  à  la  décision  du  parlement.  Une  seule 
fois  il  faillit  avoir  un  conflit  avec  ses  conseillers,  et 
c'était  en  faveur  de  l'un  des  lords  appelants  !  Le  comte 
maréchal  venait  de   recevoir   du  gouvernement  de 
Glocester  la  garde  de  Berwick  et  de  la  marche  occi- 
dentale d'Ecosse  pour  un  an,  sous  des  conditions 
réglées  par  contrat  (8  mars  1389).  Le  roi  voulait  l'y 
continuer  pour  cinq  ans  au  delà  du  terme  marqué, 
en  lui  faisant  des  conditions  plus  avantageuses.  Les 
conseillers  s'y  refusaient,  alléguant  que  l'ancien  con- 
trat durait  encore,  et  que  le  parlement  leur  pourrait 
reprocher  d'avoir,  sans  nécessité,  imposé  au  pays  de 
nouvelles  charges.  Le  roi  insista  vainement  et  partit 
en  colère,  disant  :  «  S*il  en  arrive  malheur,  c'est  à 
vous  d'en  répondre.  »  Incident  curieux  où  l'on  a  vu 
la  preuve  de  l'emportement  du  roi,  et  où,  s'il  n'était 
d'usage  de  prendre  tout  en  mal  de  Richard,  il  semble 
que  l'on  aurait  pu  voir  tout  autre  chose  ;  car  le  con- 
seil, à  la  suite  d'une  délibération  nouvelle,  ayant  per- 
sévéré dans  son  opinion,  Richard  céda,  se  bornant  à 
lui  faire  agréer   pour  cinq  ans  la  prorogation  des 
pouvoirs  du  comte  maréchal,   dans  les  conditions 
où  il  les  avait  d'abord  obtenus.  Rapprochée  du  dé- 
noûment ,    la  vivacité  même  du    langage   dont   on 
fait  un  crime  à  Richard  ne  sert  qu'à  mettre  plus  en 
lumière  l'indépendance  des  membres  du  conseil  et 
la  déférence  du  roi  à  leur  avis,   même  après   une 


22  LIVRE  SEPTIÈME.  [1389] 

restauration  qui    paraissait  lui  rendre   toute  puis- 
sance (a). 

Cette  restauration,  accomplie  par  un  acte  de  sa  vo- 
lonté seule,  était  la  première  chose  qu'il  voulût  sou- 
mettre au  parlement.  Pour  s'assurer  un  avis  favo- 
rable, il  ne  recourut  à  aucun  artifice;  il  ne  fit  aucun 
effort   pour  tenir  éloignés   de   l'assemblée   nouvelle 
ceux  aux  dépens  desquels  ce  revirement  s'était  opéré. 
Tous  les  lords  qui  avaient  siégé  au  parlement  de  la 
onzième  année,  les  lords  appelants,  Glocester,  Arun- 
del,  Warwick,  Nottingham,  figurent  dans  la  liste  de 
convocation,  sauf  un  seul,  le  comte  de  Derby.  Mais 
ce  n'est  peut-être  qu'une  omission  de  copiste  dans  le 
rôle;  rien  n'expliquerait,  en  effet,  pourquoi  Derby 
n'eût  pas  été  appelé  comme  les  autres  :  il  n'avait  pas 
cessé  d'être  du  conseil;  il  était  au  conseil  de  Rea- 
ding,  où  la  convocation  fut  décidée.  S'il  y  en  avait 
quelques  autres  avec  eux,  ce  n'étaient  pas  des  com- 
plaisants du  roi.  Parmi  les  membres  absents  aux  der- 
nières assemblées,  il  en  était  un  que  le  roi  s'était 
tout  spécialement  montré  désireux  d'avoir  :  c'est  le 
duc  de  Lancastre.   Le  duc,   après  son  retour  d'Es- 
pagne, continuant  son  séjour  en  Guyenne,  Richard 
l'avait  pressé,  par  messages  et  par  lettres,  de  revenir 
en  Angleterre,  lui  témoignant  le  désir  de  prendre  ses 
avis;   des  vaisseaux  furent  pris  par  réquisition  et 
mis  à  son  service;  et  le  duc  se  trouva  en  effet,  et  à 
Reading  à  la  convocation,  et  à  Westminster  à  l'ouver- 
ture du  parlement  (b). 


[1390]  LA  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  23 

Le  parlement  réuni  (17  janvier  1390),  le  chance- 
lier W.  de  Wickham,  évêque  de  Winchester,  aborda, 
dés  le  début,  la  question  capitale  ;  et  loin  de  récriminer 
sur  le  passé,  il  lui  cherchait,  dans  les  formes  mêmes 
de  son  exposition,  une  excuse.  Il  dit  que  le  roi  «  avoit 
été  grand  temps  de  tendre  âge  »  (c'est  à  ce  titre 
qu'on  avait  prétendu  gouverner  en  son  nom),  mais 
qu'il  se  trouvait  désormais  «  de  tel  âge  qu'il  étoit  de 
plus  grand  sens  et  discrétion  qu'il  n'étoit  pardevant. 
Et,  ajoutait-il,  bien  qu'il  ait  toujours  eu  bonne  vo- 
lonté de  gouverner  son  peuple  en  paix  selon  le  droit 
et  la  justice,  il  est  en  meilleure  volonté  et  ferme  pro- 
pos de  gouverner  mieux,  si  mieux  est  possible.  » 
Il  promettait  le  maintien  de  toutes  les  libertés,  soit 
de  l'Église,  soit  de  TÉtat.  Il  annonçait  la  trêve  con- 
clue pour  trois  ans  et  les  négociations  qui  allaient 
suivre;  mais  comme  on  ne  pouvait  prévoir  encore  si 
elles  aboutiraient  à  la  paix,  ni  même  si  la  trêve  serait 
observée,  il  fallait  se  mettre  en  mesure  de  tenir  tête 
aux  ennemis  qui  entouraient  le  royaume,  garder  ses 
positions  et  ses  frontières  ;  et  les  revenus  du  domaine 
n'y  pouvant  suffire,  le  parlement  était  prié  d'y  aviser. 
Le  chancelier  invitait  en  outre  les  communes  à  lui 
dire  si  les  lois  étaient  exécutées,  la  paix  maintenue, 
ou,  dans  le  cas  contraire,  quels  remèdes  il  convenait 
d  y  apporter  pour  Tavenir,  s'engageant  au  nom  du 
roi  à  accueillir  toute  pétition  et  a  laire  bonnejustice  '. 

1.  Rot,  Pari,,  t.  m,  p.  257,  S  1-    ' 


24  LIVRE  SEPTIÈME.  [1390] 

Richard  fit  plus.  Tout  le  débat  entre  lui  et  le  par- 
lement s'était  résumé  jusque-là  dans  le  choix  de  ses 
grands  officiers  et  des  membres  de  son  conseil.  Le 
parlement  les  avait  nommés  pendant  son  enfance  et 
«  à  raison  de  son  tendre  âge;  »  puis  le  roi,  devenu 
grand,  avait  prétendu  les  nommer  selon  sa  préroga- 
tive et  la  coutume  du  royaume.  Sans  abdiquer  ce 
droit,  dont  il  avait  été  violemment  dépouillé  depuis 
1386  et  qu'il  venait  de  ressaisir,  Richard  voulut 
soumettre  au  jugement  du  parlement  lui-même  les 
choix  qu'il  avait  faits.  En  conséquence^  dès  le  pre- 
mier jour  que  le  parlement  rentra  en  séance,  le  jeudi 
20  janvier,  le  chancelier,  le  trésorier  et  tous  les  lords 
du  conseil  vinrent  prier  le  roi  d'avoir  égard  aux 
peines  et  aux  dépenses  que  leur  avaient  imposées 
leurs  offices,  et  de  les  en  décharger.  Le  chancelier 
rendit  le  grand  sceau,  le  trésorier  les  clefs  du  trésor, 
que  le  roi  reprit,  les  relevant  de  leurs  charges.  Alors 
les  démissionnaires,  se  tournant  vers  les  communes 
et  les  lords,  demandèrent  que^  s'ils  avaient  mal  agi 
pendant  la  durée  de  leurs  fonctions,  on  portât  plainte 
devant  le  roi,  afin  qu'ils  y  pussent  répondre. 

Les  communes  requirent  délai  jusqu'au  lendemain 
pour  aviser,  et  le  lendemain,  interrogées,  sur  l'ordre 
du  roi,  par  le  duc  de  Lancastre,  elles  répondirent  qu'a- 
près information  elles  n'avaient  rien  trouvé  à  re- 
prendre aux  actes  des  officiers  ou  des  conseillers  dé- 
missionnaires; qu'ils  leur  semblaient,  au  contraire, 
s'être  bien  acquittés  de  leurs  offices,  et  qu'elles  les  en 


[1390;  LA  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  25 

remerciaient  en  plein  parlement.  Les  prélats  et  les 
lords,  interrogés  de  même  par  le  roi,  répondirent  par 
les  mêmes  éloges.  Sur  ce  témoignage  public,  le  roi 
déclara  que  tous,  officiers  et  conseillers,  avaient  bien 
et  loyalement  agi  dans  Texercice  de  leurs  fonctions.  Il 
rendit  les  sceaux  à  réyêque  de  Winchester^,  les  clefs  du 
trésor  à  1  evêque  de  Saint-David,  et  fit  rentrer  dans 
son  conseil  ceux  qui  venaient  d'en  sortir.  Mais  si,  de 
l'aveu  du  parlement,  il  y  maintenait  les  hommes  qui 
avaient  sa  confiance,  il  ne  voulut  plus  en  exclure 
aucun  de  ceux  que  leur  rang  y  appelait.  Il  y  fit  ren- 
trer, non-seulement  le  duc  de  Lancastre,  que  Tab- 
sence  seule  en  avait  éloigné  (et  l'expérience  lui  avait 
appris  que  s'il  était  le  plus  rapproché  du  trône,  il 
n'était  pas  le  plus  dangereux),  mais  le  duc  de  Glocester 
lui-même.  Toutefois,  il  ne  voulut  pas  qu'on  le  crût 
lié  envers  eux  par  leur  titre,  ni  que  ces  nominations 
en  parlement  parussent  être  un  retour  aux  formes 
qui  avaient  prévalu  quand  il  étaitjeuneetquele  parle- 
ment gouvernait.  Aussi,  tout  en  recomposant  son  mi- 
nistère et  son  conseil,  fit-il  cette  protestation  :  que  bien 
qu'il  eût  retiré  et  donné  des  charges  en  parlement,  la 
chose  ne  devait  pas  être  prise  comnie  exemple  ni  ti- 
rer à  conséquence  pour  l'avenir;  mais  qu'il  entendait 
être  libre  de  révoquer,  changer  et  instituer  ses  officiers 
et  les  membres  de  son  conseil^  selon  qu'il  le  voudrait 
et  quand  il  lui  plairait.  —  Et  il  reçut  leur  serment'. 

1.  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  258,  g  6.  Le  garde  du  sceau  privé  est  le 
seul  qui  ne  figure  pas  dans  cette  scène. 


26  LIVRE  SEPTIÈME.  [1390] 

Richard,  dès  les  premiers  jours  du  parlement, 
avail  donc  remis  avec  autant  de  modération  que 
de  fermeté  chaque  chose  en  son  lieu,  revendiquant 
pour  lui  le  droit  de  choisir  ses  conseillers  et  ses  mi- 
nistres, selon  l'ancien  usage,  et  reconnaissant  au 
parlement  celui  d'examiner  leurs  actes  et  de  les 
juger.  Il  avait  déjà  témoigné  de  son  respect  pour  la 
constitution  de  ce  grand  corps,  en  rappelant  en 
masse  à  l'assemblée  nouvelle  les  seigneurs  qui,  dans 
sa  onzième  année,  avaient  secondé  avec  tant  de  pas- 
sion et  de  violence  les  entreprises  et  les  vengeances 
de  Glocester  ;  et  l'on  doit  croire  qu'il  n'avait  pas 
moins  observé  le  droit  d'élection  dans  les  comtés, 
les  cités  et  les  bourgs  :  l'attitude  des  communes  à  ce 
parlement,  l'esprit  de  plusieurs  de  leurs  pétitions  et 
la  vivacité  de  leur  langage,  prouvent  qu'elles  n'avaient 
pas  été  choisies  pour  aller  au-devant  des  volontés  du 
prince  dans  leurs  requêtes  et  souscrire  aveuglément 
à  ses  résolutions.  De  son  côté,  Richard  sut  pratiquer 
ses  droits  et  ses  devoirs  vis-à-vis  d'une  assemblée 
libre,  en  cédant  et  résistant  tour  à  tour,  selon  qu'il  le 
jugeait  le  plus  à  propos. 

Les  gens  d'armes  abusaient  des  lettres  de  protec- 
tion du  roi  ;  les  gens  des  seigneurs,  de  leurs  insignes 
et  de  leur  livrée;  et  non-seulement  les  gens  des  sei- 
gneurs, mais  des  gens  du  peuple^  des  artisans  qui  se 
revêtaient  de  ces  insignes  pour  opprimer  leurs  pareils 
et  s'assurer  l'impunité  devant  la  justice.  L'abus  était 
ancien,  la  plainte  perpétuelle  :  le  roi,  sur  le  premier 


[1390]  LA  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  27 

point,  coupa  court  à  l'abus  en  ordonnant  la  suppres- 
sion des  lettres,  hors  du  temps  oia  elles  étaient  né- 
cessaires ;  et^  sur  l'autre,  il  promit  de  chercher  en 
conseil  un  remède  plus  efficace  que  ceux  dont  on 
avait  usé  jusqu'alors.  Il  maintint,  à  la  requête  des 
communes^  la  loi  si  dure  des  laboureurs  et  le  dernier 
statut  de  Cambridge^   mais  en  l'adoucissant  néan- 
moins en  faveur  des  classes  ouvrières  :  au  maximum 
fixé  par  la  loi,  il  substituait  un  salaire  réglé  par  les 
juges  de  paix,  sur  le  prix  des  vivres,  selon  le  lieu  et 
la  saison.  Les  communes  portaient  contre  les  labou- 
reurs et  les  artisans  une  autre  plainte  ;  c'est  «  qu'ils 
tenoient  lévriers  et  autres  chiens,  et  qu'au  temps  que 
bons  chrétiens,  les  jours  de  fêtes,  étoient  aux  églises 
entendant  les  divins  offices,  ils  alloient  chassant  dans 
les  parcs  et  les  garennes  des  seigneurs  et  détruisoient 
le  gibier  sans  merci.   »  Elles    prétendaient    même 
qu'ils  profitaient  de  ces  rencontres  pour  conspirer 
entre  eux,  et  machiner  leurs  insurrections  contre  le 
roi  et  les  lois  du  royaume.  Le  roi  accueillit  la  re- 
quête, ajoutant  à  la  prohibition  des  lévriers  celle 
des  filets  et   autres   engins  propres  à  détruire   le 
gibier  (a). 

A  ces  demandes  relatives  à  la  paix  publique,  s'en 
joignaient  d'autres  qui  intéressaient  l'exécution  des 
lois  et  la  justice.  Les  communes  touchaient  ici  à  un 
point  capital  :  elles  demandaient  que  ni  le  chance- 
lier ni  le  conseil  du  roi,  après  la  clôture  du  parle- 
ment, ne  pussent  faire  aucune  ordonnance  contre  la 


28  [JVRE  SEPTIÈME.  [1390] 

loi  commune  ou  la  coutume  du  royaume  ;  que  la  loi 
commune  s'étendît  au  peuple  entier,  et  que  nul  juge- 
ment ne  pût  être  annulé  sans  les  formes  prescrites 
par  la  loi.  Elles  demandaient  aussi  qu'on  supprimât 
toute  évocation  devant  le  conseil^  là  où  la  cause  était 
du  ressort  de  la  loi  commune,  sauf  les  cas  prévus 
par  cette  loi  même,  à  peine  de  100  francs  d'amende 
contre  le  chancelier,  avec  destitution  du  clerc  rédac- 
teur de  la  lettre  d'évocation  ;  qu'on  renfermât  dans 
les  limites  légales  la  juridiction  exceptionnelle  du 
sénéchal  et  du  maréchal,  voire  même  du  clerc  du 
marché  de  l'hôtel,  et  des  amiraux  ;  qu'on  réduisît  le 
nombre  et  qu'on  réprimât  les  abus  des  sergents 
d'armes;  qu'on  renouvelât  les  juges  de  paix;  enfin 
que  dans  les  cas  de  meurtre,  de  trahison  ou  de  rapt, 
nulle  lettre  de  pardon  ne  fût  accordée  à  la  requête  de 
personne  ;  et  comme  sanction  à  cette  défense,  les 
communes  proposaient  tout  un  tarif  d'amendes  contre 
les  intercesseurs.  Tout  juge  à  qui  une  charte  de  ce 
genre  était  présentée  devait  rechercher  dans  les  rôles 
de  l'accusation  si  elle  s'appliquait  à  l'un  des  trois 
crimes  exceptés,  et,  dans  ce  cas,  la  tenir  pour  nulle, 
sans  plus  d'égard  au  sceau  du  roi  (a). 

Une  telle  rigueur  pour  atteindre  des  abus  suppri- 
mait le  droit  de  grâce  dans  son  principe.  Le  roi 
déclara  qu'il  maintenait  sa  liberté  et  sa  prérogative 
comme  il  l'avait  reçue  de  ses  ancêtres.  Néanmoins, 
en  réservant  son  droit  royal,  il  voulut  se  mettre  en 
garde  contre   toute  surprise,  et  déclara   nulle  toute 


[1390]  LA  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  29 

grâce  accordée  à  un  meurtrier  volontaire,  si  le  cas  de 
meurtre  n'était  spécifié  dans  la  charte  de  pardon, 
maintenant  pour  le  reste  les  prohibitions  et  les 
amendes  réclamées  dans  la  pétition  des  communes. 
Il  s'appliqua  de  même  à  définir  les  limites  où  les  ju- 
ridictions des  amiraux,  des  officiers  de  son  hôtel,  se 
devaient  renfermer,  et  révoqua  tous  les  sergents 
d'armes  pour  ne  reprendre  que  les  plus  capables  au 
nombre  de  trente.  Tl  accorda  le  renouvellement  des 
juges  de  paix.  Il  aurait  dû  agréer  sans  plus  de  diffi- 
culté les  deux  autres  demandes  oii  les  communes 
n'invoquaient  pas  autre  chose  que  le  règne  de  la  loi; 
mais  sur  ces  points,  au  sortir  d'un  temps  où  on  l'a- 
vait tenu  dans  une  si  étroite  dépendance,  il  put 
craindre  de  se  lier  au  delà  de  ses  prérogatives  en 
contractant  un  engagement  nouveau  :  il  se  borna  à 
déclarer  que  les  choses  se  feraient  comme  de  cou- 
tume_,  ajoutant  que  si  quelqu'un  se  sentait  grevé,  il 
signalât  le  fait  dont  il  avait  à  se  plaindre,  et  que  l'on 
y  ferait  droit  (a). 

Une  autre  matière  qui  tenait  aussi  à  l'exécution  des 
lois,  mais  qui  avait  dès  longtemps  le  privilège  d'exci- 
ter la  vigilance  et  les  défiances  du  parlement,  c'était 
l'Église  d'Angleterre  et  ses  rapports  avec  la  cour  de 
Rome.  Le  langage  des  communes  sur  ce  point  ne  fut 
pas  moins  vif  que  d'habitude.  Elles  reprenaient  l'é- 
ternelle question  des  proviseurs,  et,  se  plaignant  que 
les  statuts  fussent  moins  observés  que  jamais,  elles 
réclamaient  une  sanction   plus  sévère  :   peine   des 


30  LIVRE  SEPTIÈME.  [1390] 

traîtres  contre  quiconque  obtiendrait  de  Rome  la 
provision  ou  la  réserve  d'un  bénéfice,  ce  qui  impli- 
quait la  confiscation  et  la  mort  (jugement  de  vie  et 
de  membre)  pour  le  commun  des  coupables;  la  saisie 
du  temporel  et  l'exil  pour  les  archevêques^  évêques 
ou  abbés;  —  confiscation,  exil  et  saisie  pour  les 
prélats ,  forfaiture  pour  les  lords  qui  cherchaient  à 
détourner  le  roi  du  statut ,  ou  à  troubler  par  des 
communications  venues  de  Rome  la  liberté  des  élec- 
tions;—  destitution  du  chancelier  avec  amende,  s'il 
refusait  d'accueillir  les  pétitions  en  cette  matière;  — 
peine  des  traîtres,  ou  confiscation  et  exil,  selon  les 
différences  marquées  précédemment,  pour  ceux  qui 
apporteraient  ou  publieraient  une  sentence  du  pape 
à  l'occasion  de  ce  statut.  Quant  au  collecteur  que  le 
pape  avait  en  Angleterre,  les  communes  demandaient 
qu'on  lui  donnât  quarante  jours  pour  en  sortir,  à 
peine  d'être  réputé  ennemi  du  roi  (a). 

Au  milieu  de  ces  emportements  où  Ton  croyait 
sentir  comme  un  souffle  de  Tesprit  des  lollards,  les 
deux  archevêques  protestèrent,  au  nom  du  clergé, 
qu'ils  ne  consentiraient  jamais  que  l'on  ïît  des  lois 
contre^  l'autorité  du  pape.  Le  roi  ne  voulait  pas  non 
plus  la  violer;  mais  il  n'était  pas  moins  résolu  que 
les  communes  à  maintenir  la  sienne  ;  et  avant  la  réu- 
nion du  parlement  il  l'avait  prouvé  par  une  lettre  à 
l'archevêque  de  Canterbury,  où,  invoquant  les  lois 
du  royaume  et  la  promesse  que  nulle  taxe  ne  devait 
être  levée  sans  octroi,  il  se  plaignait  des  tributs  nou- 


[1390]  LA  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  31 

veaux  réclamés  par  la  cour  de  Rome,  rappelait  la  peine 
(les  traîtres  portée  par  le  parlement  contre  ceux  qui 
s'en  feraient  les  agents,  et  ordonnait  à  Tarchevêque, 
sous  peine  de  forfaiture,  d'y  mettre  obstacle  et  de 
faire  restituer  ce  qui  avait  été  perçu  indûment  (a). 
11  se  trouvait  donc  à  l'aise  pour  répondre  aux 
réquêtes  des  communes  et  y  faire  droit  en  tout  ce 
qu'il  trouvait  légitime,  sans  se  laisser  aller  à  ce 
qu'elles  avaient  d'exagéré.  Pour  le  collecteur  du  pape, 
il  dit  qu'il  aviserait;  et  quant  aux  autres  demandes, 
tout  en  maintenant  le  principe  des  statuts,  il  refusa 
d'en  outrer  la  sanction.  Il  écarta  la  peine  des  traîtres 
et  adopta  la  peine  d'exil  et  de  confiscation  contre 
ceux  qui,  à  l'avenir,  se  feraient  donner  la  provision 
d'un  bénéfice;  l'étendant  même  à  quiconque  rece- 
vrait les  bannis  en  Angleterre  pendant  la  durée  de 
leur  peine.  Il  réduisit  à  la  perte  du  revenu  ou  de  la 
liberté  pendant  un  an,  la  peine  de  ceux  qui  feraient 
ou  lui  feraient  faire  à  lui-même  quelque  démarche 
en  cour  de  Rome,  contrairement  au  statut.  Quant  aux 
sentences  du  pape,  il  agréa  la  proposition  des  com- 
munes contre  ceux  qui  les  apporteraient  et  contre  les 
prélats  qui  les  exécuteraient,  bornant  d'ailleurs  à  la 
prison  et  à  l'amende  la  peine  des  gens  de  moindre 
état  qui  contribueraient  à  cette  exécution  ;  et  peu  de 
temps  après  la  clôture  du  parlement,  il  adressa  au 
pape,  en  son  nom  et  au  nom  du  conseil,  la  réclama- 
tion la  plus  énergique  contre  les  abus  dont  les  com- 
munes se  plaignaient  (6). 


32  LIVRE  SEPTIÈME.  [1390] 

Ces  mesures  auxquelles  il  s'associait,  non  toutefois 
sans  les  adoucir^  ne  l'empêchèrent  pas  d'accueillir 
une  plainte  des  étrangers,  pourvus  de  prieurés  en 
Angleterre,  contre  Texécution  de  la  loi  qui  les  frap- 
pait. Les  parlements  avaient,  à  bien  des  reprises, 
demandé  le  renouvellement  ou  la  confirmation  du 
statut  porté  en  cette  matière  ;  et,  par  le  fait,  on  n'a- 
vait su  que  combattre  un  abus  par  un  autre.  Les 
prieurés  mis  en  séquestre  avaient  été  abandonnés  à 
des  séculiers  qui  supprimaient  offices  et  aumônes, 
au  mépris  des  fondations.  Le  roi,  tout  en  maintenant 
le  statut  de  la  première  année  de  son  règne,  voulut 
que  les  étrangers,  régulièrement  investis  de  leurs 
prieurés  avant  le  schisme,  les  retinssent  à  raison- 
nable ferme ,  préférablement  à  tout  autre,  quand 
même  d'autres  en  offriraient  davantage^  et  qu'à  l'a- 
venir nul  prieuré  ne  fût  donné  à  des  laïques,  ou 
même  à  des  religieux  au  profit  des  laïques,  mais  bien 
à  des  gens  d'église  réguliers  ou  séculiers,  qui  prissent 
soin  d'entretenir  les  aumônes  et  les  services  de  fon- 
dation (a). 

Richard,  par  tous  ces  actes,  sauf  les  seuls  cas  où 
il  crut  sa  prérogative  plus  engagée  qu'elle  ne  l'était 
au  fond,. se  montra  donc  disposé  à  faire  exécuter  les 
lois  selon  le  vœu  des  communes,  tout  en  modérant 
ce  qu'il  y  avait  d'excessif  dans  la  sanction  qu'elles  y 
réclamaient.  D'autres  points  où  il  leur  donna  satis- 
faction sans  réserve,  c'étaient  ceux  qui  touchaient 
aux  intérêts  du  commerce  :  l'étaple  des  laines  qu'on 


[1390]  LA  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  33 

voulait  décidément  ramener  eu  Angleterre  ;  l'unité 
des  poids  et  mesures,  réforme  qui  se  fondait  sur  la 
grande  charte  et  qui  pouvait  invoquer  encore  bien 
des  statuts  postérieurs,  mais  que  les  résistances  des 
divers  comtés  n'avaient  pas  encore  permis  de  rendre 
générale;  et  plusieurs  autres  règlements  concernant 
la  vente  des  laines  ou  des  draps.  Un  autre  point  sur 
lequel  il  ne  dut  pas  moins  les  satisfaire,  c'est  celui 
de  l'impôt.  Il  avait  signalé  les  débuts  de  son  gouver- 
nement personnel,  en  renonçant  à  la  seconde  moitié 
de  quinzième  et  de  dixième  que  s'était  fait  accorder 
le  conseil  de  Glocester.  11  ne  demanda  au  parlement 
aucun  nouvel  impôt  de  celte  sorte  :  il  se  borna  au 
subside  des  laines  réduit  d'un  quart  environ,  si  on 
le  rapproche  du  subside  voté  par  l'Admirable  Parle- 
ment en  1388  ;  à  la  taxe  de  trois  sous  par  tonne  sur 
le  vin,  et  de  six  deniers  par  livre  sur  les  marchan- 
dises (c'était  sur  le  dernier  article  une  réduction  de 
moitié)  ;  et  il  laissa  les  communes  nommer,  selon 
l'usage,  un  trésorier  pour  recevoir  le  produit  de  ces 
subsides  uniquement  destinés  aux  besoins  de  la 
guerre,  et  un  contrôleur  chargé  de  surveiller  la  dé- 
pense et  d'en  rendre  compte  au  prochain  parle- 
ment (a). 

Cela  ne  l'empêcha  pas  de  répandre  encore  autour 
de  lui  ses  largesses;  et  ses  oncles  qui,  tout  ré- 
cemment, s'étaient  mis  à  la  tête  de  l'opposition 
contre  lui  sur  ce  chapitre,  furent  les  premiers  à  en 
éprouver  les  effets.  Le  duc  (!<'  Lancastre,  qu'il  avait 

n  —  3 


34  LA  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  [1390] 

pendant  si  longtemps  appelé  roi  de  Castille,  pouvait 
souhaiter^  après  avoir  renoncé  à  ce  rang  et  à  ses  es- 
pérances dans  la  Péninsule,  une  position  qui  lui  lais- 
sât comme  une  ombre  de  sa  royauté.  Richard  lui 
donna  l'Aquitaine,  non  plus  seulement  comme  un 
poste  à  garder,  mais  comme  un  fief,  au  même  titre 
que  l'avait  eue  le  prince  de  Galles.  Il  lui  en  conféra 
solennellement  l'investiture  dans  le  parlement,  le 
2  mars,  et  reçut  son  hommage,  lui  promettant,  sur 
sa  requête,  avec  l'assentiment  des  communes,  de 
l'aider  à  se  maintenir  en  possession  de  son  duché, 
si  la  guerre  recommençait  avec  la  France.  Le  duc 
d'York,  s'il  avait  eu  un  rôle  secondaire,  avait  du 
moins  le  mérite  de  ne  pas  être  inquiétant  :  son  fils 
aîné,  le  même  jour  que  Lanças tre  recevait  le  duché 
de  Guyenne,  fut  créé  comte  de  Rutland  avec  un  re- 
venu de  800  marcs,  revenu  fondé  sur  des  terres  et 
des  droits  seigneuriaux,  et  garanti  d'ailleurs  par  le 
Trésor.  Glocester  lui-même  obtint  alors  de  Richard 
un  nouvel  accroissement  de  domaines.  Par  une 
étrange  coïncidence,  en  ce  même  parlement  oii  les 
oncles  de  Richard  étaient  si  libéralement  traités, 
Michel  de  la  Pôle,  fils  du  comte  de  SulTolk,  et  sa 
femme,  sollicitaient  et  obtenaient  du  roi  la  remise 
des  100  livres  de  terres  qui  leur  avaient  été  allouées 
sur  les  biens  confisqués  du  chancelier,  comme  leur 
appartenant  par  contrat  de  mariage;  et  le  confesseur 
du  roi,  exilé  en  Irlande,  Tancien  évêque  de  Ghiches- 
tor,  transféré  par  le  pape  à  un  évêché,  «  dont  il  n'aura 


[1390]  LIVRE  SEPTIÈME.  35 

jamais  le  profit,  »  dit  la  requête,  intercédait  auprès 
des  communes  par  la  médiation  de  ses  «  pauvres 
amis,  »  pour  avoir  de  quoi  vivre.  On  porta  sa  pen- 
sion de  40  marcs  à  40  livres,  l'égalant  ainsi  aux 
mieux  traités  des  juges  qui  partageaient  son  exil. 
Pour  donner  au  pays  un  gage  que  ces  libéralités 
ne  dépasseraient  jamais  la  mesure,  le  roi,  dans  une 
ordonnance  qui  réglait  les  travaux  et  les  attributions 
du  conseil  (8  mars),  déclara  que  tout  don  ou  octroi 
pouvant  engager  son  domaine  serait  nul,  s'il  était 
fait  sans  l'avis  du  conseil^  de  ses  trois  oncles  les  ducs 
de  Guyenne  (Lancastre),  d'York  et  de  Glocester,  et 
du  chancelier,  ou  de  deux  d'entre  eux  (a). 

Une  session  tout  occupée  d'affaires  ,  et  beaucoup 
moins,  déjà,  de  subsides,  c'était,  il  faut  en  convenir, 
un  témoignage  en  faveur  de  la  résolution  que  Ri- 
chard avait  prise  de  régner  par  lui-même.  Un  pareil 
résultat  prouvait  que  l'ordre  commençait  à  se  raffer- 
mir, et  que  la  confiance^ se  rétablissait  dans  les  rap- 
ports de  l'Angleterre  avec  la  France.  Cette  fois,  en 
effet,  la  trêve  était  longue  et  elle  était  sincère.  La  sé- 
curité se  joignait  donc  au  loisir  :  et  Ton  pouvait, 
dans  ces  conditions,  se  livrer  à  d'autres  entreprises. 
Ainsi  des  deux  côtés  on  revenait  aux  idées  de  croi- 
sade. Derby,  fils  aîné  du  duc  de  Lancastre,  et  le 
comte  maréchal  en  allaient  faire  une  en  Prusse  ;  le 
duc  de  Bourbon,  à  Tunis  (été  1390);  et  les  cheva- 
liers des  deux  pays  joignaient  leurs  étendards  pour 
combattre  en  commun  dans  cette  dernière  campagne. 


36  LA  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  [1390] 

Une  autre  croisade  contre  un  ennenr\i  bien  plus  re- 
doutable eût  dû  tourner  toutes  les  farces  de  la  chré- 
tienté vers  l'Orient.  Les  Turcs  inondaient  déjà  les 
provinces  européennes  de  l'empire  grec.  La  Hongrie, 
entamée  par  Bajazet,  appelait  l'Occident  à  son  aide. 
Pour  arrêter  ce  débordement  de  l'Asie  barbare ,  ce 
n'était  pas  trop  des  efforts  combinés  de  l'Angle- 
terre et  de  la  France  ;  mais  Tune  des  deux  au  moins 
était  nécessaire.  Leur  concours  rendait  tout  pos- 
sible; leur  rivalité  empêchait  tout.  Il  fallait  donc 
y  mettre  un  terme,  et  changer  en  une  paix  durable 
la  trêve  qui  suspendait  la  guerre  entre  les  deux  na- 
tions (a). 


Il 


L  ENTREVUE   D'AMIENS. 

Cet  accord  des  deux  peuples,  si  impérieusement 
réclamé  par  les  besoins  de  la  chrétienté,  n'était  pas 
chose  impossible  au  fond,  malgré  les  ressentiments 
qu'avait  dû  leur  inspirer  une  lutte  si  longue.  La 
rivalité  des  deux  pays,  qui  datait  de  la  conquête  de 
TAngleterre  par  les  Normands,  s'était  sans  doute 
singulièrement  envenimée.  La  guerre,  toute  féodale 
à  l'origine  et  ne  touchant  qu'aux  rapports  de  vassal 
et  de  suzerain,  avait  changé  de  nature  depuis  qu'il 
s'était  agi  de  la  couronne.  Elle  était  devenue  dynas- 


•1390]  LIVRE  SEPTIÈME.  37 

tique^  elle  était  devenue  nationale;  et  les  peuples  s'y 
étaient  portés  avec  ardeur^  en  Angleterre  par  le  sou- 
venir et  la  crainte,  en  France  par  les  ressentiments 
de  l'invasion.  Mais  pourtant  il  y  avait  encore  bien 
des  moyens  d'accommodement,  La  haute  milice,  la 
chevalerie  n'avait  point  cessé  d'être  sœur  dans  les 
deux  contrées  :  mêmes  usages,  même  langue  aussi. 
La  guerre  à  peine  suspendue,  elle  se  retrouvait  dans 
les  tournois.  Si  de  part  et  d'autre  on  se  combattait 
encore^  c'était  dans  des  luttes  courtoises,  comme  ces 
joutes  de  Saint-Inglevert,  où  Froissart  s'arrête  plus 
volontiers  encore  qu'aux  plus  sérieuses  batailles  : 
batailles  qu'on  voudrait  rencontrer  plus  souvent  que 
les  autres  dans  l'histoire;  qui,  en  satisfaisant  la  pas- 
sion des  armes,  épargnait  au  moins  le  sang  des  na- 
tions. Trois  chevaliers  français,  Boucicault ,  Re- 
gnault  de  Roye  et  le  sire  de  Saint-Py  (on  se  rappelle 
le  rôle  de  ce  dernier  au  passage  de  la  Lys,  près  du 
pont  de  Commines),  s'étaient  engagés  à  tenir  contre 
tout  venant  pendant  trente  jours;  et  ils  avaient 
lutté  victorieusement  contre  les  plus  braves  che- 
valiers anglais,  sans  que  leur  vaillance  et  leur  bonne 
fortune  eussent  laissé  nulle  aigreur  dans  l'âme  de 
leurs  adversaires.  La  guerre  elle-même  n'était  pour 
la  chevalerie  qu'un  tournoi  d'une  autre  sorte,  où  de 
part  et  d'autre  on  applaudissait  à  la  bravoure,  sans 
nul  ressentiment  contre  les  vainqueurs  :  témoin  l'a- 
venture de  ce  chevalier  qui,  dans  la  campagne  de 
Robert  KnoUes,  passant  devant  Noyon  et  voyant  que 


38  LA  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  [1390] 

personne  n'en  sortait  pour  combattre,  vint  seul,  fran- 
chit les  barrières  et  combattit  contre  tout  venant,  en 
présence  des  habitants  de  la  ville  qui  l'auraient  pu 
accabler  de  leurs  traits  :  «  mais  nennil,  car  les  che- 
valiers français  leur  avaient  défendu.  »  Après  quoi, 
averti  par  son  page  que  les  Anglais  continuaient  leur 
chemin,  il  repassa  d'un  saut  les  barrières,  salua  les 
Français,  et  repartit  «  durement  prisé  de  toutes 
gens  (a).  » 

Dans  ces  traversées  de  la  France  où  les  Français, 
spectateurs  des  ravages  des  Anglais,  n'avaient,  lors- 
qu'ils n'étaient  point  tenus  renfermés  dans  les  murs, 
que  la  permission  de  les  suivre,  ceux  des  Anglais 
qui  marchaient  en  arrière  trouvaient  souvent  dans 
l'avant-garde  de  la  troupe  française  avec  qui  causer 
tout  en  cheminant.  L'habitude  de  la  guerre,  loin  d'ir- 
riter les  chevaliers,  les  avait  tellement  accoutumés, 
et  pour  ainsi  dire  familiarisés  les  uns  avec  les  au- 
tres, qu'on  rencontrait  parmi  eux,  avant  ou  après  la 
bataille,  des  égards  et  des  ménagements  tout  à  fait 
inconnus  chez  les  autres  nations.  Le  récit  de  Froissart 
abonde  en  exemples,  et  lui-même  en  fait  ressortir  le 
contraste  quand  il  nous  montre  les  Espagnols  char- 
geant de  chaînes  leurs  prisonniers  ;  «  Autre  cour- 
toisie ne  savent  les  Espagnols  faire.  Ils  sont  sembla- 
bles aux  Allemands.  »  Et  ce  n'est  pas  l'imagination 
de  Froissart  qui  crée  ces  aventures.  Le  chroniqueur 
anglais  Walsingham  rapporte  un  trait  qui  est  du 
temps  dont  nous  faisons  l'histoire,  et  qu'on  pourrait 


[1390]  LIVRE  SEPTIÈME.  39 

bien  plus  justement  taxer  de  fable,  si  le  récit  n'était 
d'un  ennemi.  En  1387,  pendant  la  campagne  que  le 
duc  de  Lancastre,  soutenu  du  roi  de  Portugal ,  fit 
contre  le  roi  de  Castille,  la  troupe  anglaise,  décimée 
par  la  famine  et  par  la  maladie,  prit  le  parti  de 
passer,  avec  sauf- conduit,  dans  le  camp  des  Français, 
auxiliaires  des  Castillans.  Le  roi  de  Portugal  se  ré- 
cria :  «  Voilà,  dit-il,  vos  Anglais  qui  vous  quittent 
pour  aller  à  l'ennemi;  quand  ils  auront  réparé  leurs 
forces,  ils  les  tourneront  contre  moi  !  je  ne  l'atten- 
drai pas,  et  vais  les  exterminer  jusqu'au  dernier. 
—  Non,  non,  dit  le  duc  :  c'est  la  nécessité  qui  les 
pousse  et  non  la  trahison.  »  Les  Anglais,  continue 
leur  historien,  furent  accueillis  avec  beaucoup  d'hu- 
manité par  les  Français,  qui  eurent  pitié  de  leur  mi- 
sère et  les  restaurèrent  de  leurs  vivres.  Après  quoi 
ils  revinrent  à  Lancastre,  comme  celui-ci  l'avait 
assuré  ;  ne  se  croyant  obligés  qu'à  la  réciprocité  en 
pareille  circonstance  :  «  Car,  ajoute  Walsingham, 
c'est  une  coutume  pour  les  deux  peuples,  je  dis  la 
France  et  l'Angleterre,  quoique  ennemis  dans  leur 
propre  pays,  de  se  venir  en  aide  comme  frères  dans 
les  pays  éloignés,  et  de  se  garder  une  foi  invio- 
lable (a),  w 

Une  pareille  confraternité  d'armes  dans  des  camps 
hostiles  ne  suppose  point  des  haines  implacables. 
Les  chevaliers  auraient  volontiers  cessé  de  se  com- 
battre, du  moment  qu'ils  auraient  pu  se  battre  ail- 
leurs en  commun;  et  les   peuples,  si   on   leur  eût 


40  LA  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  [1390] 

garanti  l'indépendance  et  le  repos,  auraient  sans 
doute  renoncé  sans  grand  regret  à  s'envahir  l'un 
l'autre.  Les  pêcheurs  des  deux  nations,  les  plus  dis- 
posés, ce  semble,  à  se  porter  jalousie,  vivaient  en  paix 
au  milieu  de  la  guerre;  et  leur  bonne  amitié  allait 
même  jusqu'au  libre  échange  :  c'est  ce  que  dit  Frois- 
sart  ;  «  Sus  mer  pêcheurs,  quelle  guerre  qu'il  y  ait 
entre  France  et  Angleterre,  jamais  ne  se  feroient  mal, 
ainçois  sont  amis  et  aident  l'un  à  Tautre  au  besoin, 
et  vendent  et  achètent  sur  mer  l'un  à  l'autre  leurs 
poissons,  quand  les  uns  en  ont  plus  largement  que 
les  autres;  car  s'ils  se  guerroyoient ,  on  n'auroit 
point  de  marée,  ni  nul  n'oseroit  aller  pêcher^  s'il 
n'étoit  conduit  et  gardé  de  gens  d'armes*.  » 

On  le  voit^  il  n'y  avait  point  entre  les  nations  de 
haines  mortelles  à  satisfaire.  Il  ne  s'agissait  que  de 
trouver  le  moyen  d'accommoder  les  prétentions  des 
deux  gouvernements.  Or  Charles  YI  était  las  de  l'agi- 
tation stérile  où  l'avaient  jeté  ses  oncles  :  et  d'ailleurs 
l'invasion  de  l'Angleterre  n'avait  été,  dans  leur 
pensée  comme  dans  la  sienne,  qu'un  acte  de  repré- 
sailles. Quant  à  Richard  II,  malgré  les  souvenirs  de 
son  père  et  de  son  aïeul,  il  se  montrait  disposé  à  ab- 
diquer le  rôle  de  conquérant.  Mais  Richard  n'était  pas 
seul  :  il  fallait  que  sa  politique  fût  soutenue  du  par- 
lement. Or  ceux  qui,  déjà  naguère,  prenant  prétexte 
des  menaces  de  l'invasion  française  pour  accuser  son 

1.  Froissart,  III,  45. 


[1390]  LIVRE  SEPTIÈME.  41 

gouvernement  de  l'avoir  provoquée,  avaient  réussi  à 
perdre  ses  ministres  et  à  le  remettre  en  tutelle,  pou- 
vaient encore  en  usant  des  mêmes  voies,  en  évoquant 
le  spectre  de  l'invasion,  même  contre  toute  apparence, 
tenter  d'exciter  un  mouvement  où  le  trône  et  la  per- 
sonne du  roi  se  trouveraient  cette  fois  compromis. 

Malgré  cela,  Richard  s'avança  avec  la  rare  fermeté 
dont  il  avait  donné  de  si  sûrs  gages,  dans  la  route  où 
il  voyait^  au-dessus  des  préjugés  nationaux,  le  bien 
véritable  du  pays.  La  trêve  qui,  pour  Glocester,  n'eût 
été  qu'une  halte  dans  la  guerre,  était  pour  lui  comme 
une  première  étape  vers  la  paix  :  et  tout  dans  l'at- 
titude de  son  gouvernement  comme  de  celui  de 
Charles  VI,  prouvait  qu'on  avait  posé  les  armes 
moins  par  impuissance  de  s'attaquer  que  par  désir 
d'arriver  à  s'entendre.  Les  deux  pays  s'invitaient 
tour  à  tour  à  leurs  tournois  et  à  leurs  fêtes ,  et  ne 
songeaient  plus  à  rivaliser  que  de  magnificence  dans 
leurs  plaisirs  et  de  courtoisie  dans  leur  hospitalité. 
Aux  fêtes  de  l'entrée  de  la  reine  Isabeau  à  Paris, 
avaient  succédé  les  fêtes  du  carrousel  donné  par 
Richard  II  à  Londres,  et  Froissart  aime  à  raconter 
avec  quels  honneurs  y  furent  reçus,  avec  quel  éclat 
y  parurent  les  chevaliers  français*. 

Ce  fut  au  lendemain  de  ces  fêtes,  quand  les  esprits 
semblaient  réconciliés,  que  Richard  porta  la  ques- 
tion de  la  paix  devant  le  parlement. 

1.  Froissart,  IV,  16. 


42  LA  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  [1390] 

Le  parlement  étant  réuni  le  12  novembre  1390, 
Tévêque  de  Winchester,  chancelier,  exposa  la  situa- 
tion. Il  y  avait  trêve  avec  la  France,  et  des  négocia- 
tions étaient  entamées  en  vue  de  la  paix.  L'évêque  de 
Durham,  le  comte  de  Northumberland  et  les  autres, 
chargés  des  premières  ouvertures,  étaient  revenus 
faire  leur  rapport  au  roi.  Une  ambassade  plus  solen- 
nelle devait  partir  vers  la  Chandeleur  pour  arriver  à 
une  conclusion  :  le  roi  voulait  avoir  l'avis  et  l'as- 
sentiment des  lords  pour  conclure.  Aux  affaires  de 
France,  le  chancelier  joignait  celles  d'Ecosse  :  de  ce 
coté,  loin  d'aboutir  à  la  paix,  il  y  avait  à  craindre 
qu'on  n'en  revînt  à  la  guerre;  et  pour  cela  aussi  le 
roi  voulait  avoir  l'avis  et  l'assentiment  du  parlement. 
Il  y  avait  donc  deux  négociations  à  suivre  avec  des 
chances  diverses;  il  fallait  songer  de  plus  à  la  dé- 
fense des  possessions  de  France  comme  de  la  marche 
d'Ecosse,  et  à  la  garde  de  l'Irlande.  Le  parlement 
était  invité  à  y  pourvoir  de  la  manière  la  moins  oné- 
reuse au  pays  (a). 

Cet  avis,  cet  assentiment  demandé^  soit  pour  la 
paix,  soit  pour  la  guerre,  était  chose  à  quoi  le  roi 
n'était  point  tenu  par  la  coutume,  et  qui  jamais  n'avait 
été  faite  qu'en  réservant  ses  droits.  Pour  reconnaître 
cette  marque  de  déférence,  les  prélats,  les  lords  tem- 
porels et  les  communes  déclarèrent  en  assemblée  gé- 
nérale qu'ils  voulaient  que  la  prérogative  de  la  cou- 
ronne fût  sauve;  que  si  rien  avait  jamais  été  fait  ou 
tenté  à  l'encontre,  on  y  portât   remède;   et  que  le 


[1390]  LIVRE  SEPTIÈME.  43 

roi  fût  aussi  libre  que  l'avaient  été  ses  ancêtres,  rois 
d'Angleterre  :  ce  que  Richard  sanctionna  sans  grande 
peine,  on  le  peut  croire.  Puis  on  vota  le  subside. 
Cette  fois  encore  le  roi  ne  réclamait  ni  dixième ,  ni 
quinzième.  Le  parlement  se  borna  âC  voter  pour  trois 
ans  la  taxe  des  laines,  et  celle  du  vin  et  des  marchan- 
dises au  taux  où  on  les  avait  élevées  en  1388  (a). 

Divers  règlements  furent  arrêtés  en  commun  pour 
relever  le  commerce,  assurer  la  libre  circulation  par 
les  rivières,  établir  effectivement  l'unité  des  poids  et 
mesures;  encourager  la  marine;  faire  que  l'argent 
des  revenus  du  pape  demeurât,  autant  que  possible, 
en  Angleterre,  au  profit  de  l'étaple;  soulager  par  des 
exemptions  ou  des  remises  d'impôts  les  pays  qui 
avaient  eu  à  souffrir  de  la  guerre  :  les  comtés  du 
,  nord  périodiquement  ravagés  par  les  Écossais,  les 
îles  de  la  Manche  qui  se  plaignaient  d'avoir  à  payer, 
en  temps  de  trêve  comme  en  temps  de  guerre,  60001. 
de  rançon  par  an  à  l'amiral  de  France.  Les  com- 
munes, qui  avaient  montré  tant  de  zèle  pour  la  pré- 
rogative royale,  ne  craignirent  pas  de  raviver  les  sou- 
\  en irs  de  l'Admirable  Parlement,  en  rappelant  qu'il 
avait  ordonné  la  vente  des  biens  confisqués  sur  les 
amis  de  Richard;  elles  demandaient  que  les  aliéna- 
lions  opérées  fussent  confirmées,  nonobstant  toute 
décision  contraire  :  et  le  roi  promit  de  faire  droit  aux 
i-(^claajatioQs  motivées.  En  même  temps,  il  accordait 
lâceet  réhabilitation  complète  a  Jean  de  Nortliampton, 
iiicien  mairedc  Londres,  condamne  pour  l'appui  (|u'il 


44  LA  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  [1390] 

avait  donné  jadis  aux  lollards  et  la  pari  qu'il  avait 
prise  aux  troubles  de  la  capitale  (1382  et  1384)  (a). 

Les  pétitions  lues  et  répondues,  le  parlement 
voulut  donner  au  roi  un  signe  plus  expressif  de  son 
approbation  à  la  conduite  des  affaires.  Il  le  remercia 
en  assemblée  générale  «  de  sa  bonne  gouvernance  et 
gracieuse  seigneurie,  de  la  grande  faveur  et  zèle  qu'il 
avait  pour  son  peuple;  »  et  le  roi  ayant  à  son  tour  re- 
mercié les  lords  et  les  communes  des  subsides  qu'ils 
lui  avaient  octroyés  et  des  bons  conseils  qu'il  en 
avait  reçus,  le  chancelier  prononça  la  clôture  du 
parlement  (3  décembre)  *. 

Richard  songeait  donc  sérieusement  à  la  paix,  et 
les  dispositions  du  parlement  lui  donnaient  toute 
liberté  de  suivre  son  penchant,  lorsque  les  progrès 
des  Turcs  en  Europe  et  l'appel  des  Hongrois  à  la 
France  poussèrent  Charles  YI  lui-même  au-devant 
de  ses  désirs.  Charles  YI  envoya  d'abord  un  de  ses 
chambellans  pour  sonder  les  dispositions  du  roi  d'An- 
gleterre, et  Richard  y  répondit  par  l'envoi  de  trois 
chevaliers  (parmi  lesquels  Thomas  Percy,  frère  du 
comte  de  Northumberland)  chargés  de  porter  au  roi 
de  France  les  assurances  les  plus  pacifiques.  Ils  an- 
nonçaient que  le  roi  était  disposé  à  envoyer  ses  trois 
oncles  en  France  dans  le  cours  de  l'année,  pour  re- 
prendre et  conduire  à  leur  terme  les  négociations.  Les 
Français  voulaient  plus;  ils  souhaitaient  que  Richard 

1.  Rot.  Pari,  t.  III,  p.  283,  §  38. 


[1391]  LIVRE  SEPTIÈME.  45 

vînt  lui-même  et  se  rencontrât  avec  Charles  YI  à 
Amiens,  ou  en  tel  autre  lieu,  afin  que  les  deux  rois 
essayassent  de  résoudre  en  commun  la  question  qui, 
depuis  si  longtemps,  divisait  les  deux  pays.  L'invita- 
tion venant  de  Charles  Yï,  Richard  résolut  de  s'y 
rendre,  quoiqu'il  sût  combien  était  mal  vue  de  plu- 
sieurs^ combien  il  était  facile  de  rendre  suspecte  aux 
yeux  des  siens,  toute  relation  trop  directe  avec  la 
France  (a). 

L'exécution  du  projet  se  fit  attendre;  et  les  raisons 
qui  entravèrent  le  roi  de  France  auraient  bien  été 
de  nature  à  changer  les  dispositions  du  roi  d'Angle- 
terre, s'il  eût  été  d'humeur  à  se  rejeter  dans  les  ha- 
sards de  la  conquête. 

Le  duc  de  Bretagne,  après  avoir  fait  échouer  le 
dernier  projet  de  descente  en  Angleterre  par  le  guet- 
apens  où  il  avait  attiré  Clisson,  était  tout  prêt,  malgré 
une  réconciliation  passagère,  à  recommencer  les 
hostilités.  Il  avait  cette  mauvaise  humeur  que  donne 
un  mauvais  coup  mal  réussi,  regrettant  moins  sa 
méchante  action  que  sa  maladresse.  Il  se  demandait 
par  quelle  fatale  inspiration,  ayant  eu  la  bonne  for- 
tune de  prendre  Clisson,  il  ne  l'avait  pas  tué  sitôt 
([ue  pris.  Clisson  mort,  on  l'aurait  oublié;  vivant,  il 
avait  fallu  le  relâcher;  et  relâché,  il  avait  demandé 
réparation  de  cette  injure.  Il  l'avait  obtenue,  du 
moins  par  jugement;  mais  le  jugement  jusque-là 
n'avait  produitque  des  difficultés  nouvelles.  Charles  VI 
avait  cru  les  mettre  d'accord  en  leur  ordonnant  de  se 


46  LA  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  [1391] 

rendre  ce  qu'ils  s'étaient  pris  mutuellement  :  le 
duc  de  Bretagne  à  Glisson,  l'argent  qu'il  en  avait  tiré 
pour  sa  rançon;  Glisson  au  duc,  les  places  qu'il  lui 
avait  enlevées  :  or,  c'était  à  qui  ne  ferait  point  le 
premier  pas.  Nos  deux  Bretons  restaient  donc  en 
présence  :  le  duc  gardant  l'argent,  Glisson  les  places; 
tant  qu'à  la  fin  le  duc,  las  de  cette  attitude^  se  mit  à 
reprendre  de  force  ce  qu'on  ne  lui  rendait  point. 
Mais  l'arbitrage  ainsi  rompu,  il  avait  tout  à  craindre 
de  la  France;  car  la  France,  à  qui  il  donnait  cette 
prise,  avait  contre  lui  plus  d'un  grief.  Il  avait  bien 
prêté  foi  et  hommage  à  Charles  YI  et  promis  obéis- 
sance à  son  pape  :  mais  il  ne  voulait  recevoir  ni  les 
bulles  d'Avignon,  ni  les  exploits  du  parlement  de 
Paris,  et  n'accueillait  pas  plus  les  officiers  du  roi  en- 
voyés pour  lui  faire  des  sommations  ou  des  remon- 
trances. Il  ne  dissimulait  pas  que  si  tous  les  Bretons 
s'entendaient  avec  lui,  il  donnerait  au  royaume  tant 
à  faire,  qu'on  y  entendrait  mieux  raison  et  qu'on  y 
rendrait  meilleure  justice.  Dans  de  pareilles  disposi- 
tions, il  n'eût  été  que  trop  facile  à  entraîner  à  la 
guerre,  lui-même  faisant  toutes  les  avances.  Il  pour- 
voyait ses  villes  et  ses  châteaux  d'artillerie  et  de  vi- 
vres; il  enrôlait  secrètement  des  hommes  d'armes  et 
des  archers  d'Angleterre,  et  les  établissait  dans  ses 
forts.  —  Richard  n'en  persista  pas  moins  dans  ses  vues 
pacifiques,  et  malgré  la  sourde  opposition  de  Glo- 
cester,  il  voulut,  comme  il  l'avait  déjà  fait,  prendre 
l'avis  du  parlement   3  novembre  1391)  (a). 


[1391]  LIVRE  SEPTIÈME.  47 

Deux  graves  questions  étaient  à  résoudre  à  la  fois, 
deux  questions  qui  avaient  la  vertu  d'éveiller  au 
même  degré  les  passions  nationales  :  la  question  de 
la  paix  ou  de  la  guerre  et  celle  des  proviseurs,  la 
question  de  France  et  celle  de  Rome;  choses  qui  du 
reste  avaient  plus  de  rapport  qu'il  ne  le  semble  à  la 
première  vue.  Si  le  pape  de  Rome,  dans  le  schisme 
où  était  l'Église,  réclamait,  contre  le  pape  d'Avignon 
et  la  France  schismatique,  l'appui  des  Anglais,  l'An- 
gleterre n'avait  pas  moins  besoin  de  son  concours  en 
Italie.  Les  vues  de  la  France ,  à  mesure  qu'elle  se 
dégageait  du  coté  de  l'Angleterre,  se  reportaient  de 
plus  en  plus  sur  l'Italie.  Elle  convoitait  Naples  comme 
un  héritage  de  famille  pour  la  nouvelle  maison 
d'Anjou;  elle  songeait,  disait-on,  à  donner  le  patri- 
moine de  l'Église  au  duc  de  Touraine,  devenu  duc 
d'Orléans,  frère  du  roi,  et  à  faire  de  la  Lombardie  un 
autre  royaume  dans  l'Italie  du  Nord  pour  quelque 
autre  des  siens;  c'était  s'adjuger  toute  la  péninsule. 
Voilà  ce  que  le  pape  dénonçait  à  l'Angleterre;  et  si  ces 
projets  étaient  vrais  (ce  n'est  pas  en  Angleterre  qu'ils 
pouvaient  trouver  des  incrédules),  le  pape  était  mieux 
que  personne  en  état  d'y  veiller  et  d'y  faire  obstacle. 
Or,  en  même  temps,  il  se  plaignait  à  Londres,  des  me- 
sures violentes  prises  tout  récemment,  selon  l'esprit 
du  statut  des  proviseurs,  à  l'égard  des  ecclésiastiques 
anglais.  Ordre  avait  été  donné  à  tous  les  Anglais, 
résidant  à  Rome,  de  revenir  dans  un  délai  marqué 
sous  peine  de  perdre  leurs  bénéfices,  s'ils  en  avaient, 


48  LA  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  [1391] 

et,  s'ils  n'en  avaient  pas,  tous  leurs  biens.  Boniface  IX 
protestait  qu'il  ne  voulait  pas  diminuer  l'honneur 
de  la  couronne,  ni  contester  son  droit  de  faire  des 
lois  ;  mais,  il  demandait  que  le  roi  respectât  les  li- 
bertés de  l'Église,  et  il  exprimait  le  désir  qu'on  en- 
voyât à  Rome  des  députés  pour  se  mettre  d'accord 
sur  les  points  qui  faisaient  la  matière  des  statuts. 
L'offre  était  raisonnable,  et  il  fallait  ne  pas  ôter  au 
pontife  tout  espoir  de  s'entendre;  il  fallait,  tout  en 
s'accommodant  avec  la  France ,  se  mettre  en  état  de 
faire  qu'elle  n'en  usât  pas  pour  prendre  en  Italie  un 
énorme  accroissement  (a). 

Ce  n'était  plus  Tévêque  de  Winchester  (depuis  long- 
temps il  souhaitait  du  repos),  c'était  un  des  plus  in- 
times amis  de  Glocester,  le  chancelier  dont  il  avait 
fait  son  complice  aux  parlements  de  1386  et  de  1388, 
Thomas  Arundel,  archevêque  d'York,  qui,  rappelé  à 
la  garde  des  sceaux  par  le  libre  choix  de  Richard  lui- 
même,  portait  devant  l'assemblée  la  parole  au  nom 
du  roi.  Après  avoir,  selon  l'usage,  mis  en  tête  des 
motifs  de  la  convocation  les  libertés  publiques ,  il 
appela  sur  les  deux  points  signalés  l'attention  des 
lords  et  des  communes.  La  trêve  finissait  à  l'Assomp- 
tion :  il  fallait  choisir  entre  la  paix  ou  la  guerre,  et 
se  préparer  à  l'une  ou  à  l'autre.  Les  mesures  prises 
à  l'égard  des  proviseurs  suscitaient  de  graves 
difficultés  entre  le  pape  et  l'Angleterre.  Il  s'agis- 
sait de  reprendre  la  question  avec  calme,  et  d'ac- 
corder   ce   qui  appartenait  aux  deux  puissances  : 


[1391]  LIVRE   SEPTIÈME.  49 

Reddile  quœ  sunt  Cœsaris   Cœsarij   et  qux  sunl  Dei 
Deo\ 

Le  parlement,  sans  rien  sacrifier  de  ses  droits  ni 
s'engager  outre  mesure,  donna  une  preuve  bien  forte 
de  la  confiance  qu'il  avait  dans  la  sagesse  et  l'habi- 
leté du  jeune  roi  pour  la  conduite  de  ces  négociations 
délicates.  Il  l'autorisa  à  faire  au  statut,  si  détesté  de 
Rome,  telle  exception  qu'il  jugerait  profitable,  pourvu 
que  le  statut  lui-même  ne  fût  pas  rappelé,  ni  les 
personnes  investies  de  bénéfices  en  vertu  de  cette  loi, 
dépossédées;  pourvu  aussi  que  les  communes  gar- 
dassent le  droit  de  retirer  leur  assentiment  aux  ex- 
ceptions accomplies,  et  de  remettre  le  statut  en  pleine 
vigueur.  L'autorisation  n'était  accordée  que  comme 
chose  nouvelle  qui  ne  devrait  pas  tirer  à  conséquence^ 
et  la  protestation  qu'y  joignaient  les  communes  de- 
vait être  inscrite  en  même  temps  aux  rôles  du  parle- 
ment. Quant  à  la  France,  le  parlement  persévéra 
comme  Richard  dans  la  pensée  de  traiter  avec  elle,  et 
il  exprima  seulement  ce  vœu,  que  si  l'on  entrait 
en  négociation,  il  plût  au  roi  d'y  envoyer  Mgr  de 
Guyenne  (Lancastre),  «  comme  la  plus  suffisante  per- 
sonne du  royaume.  »  Le  roi  dit  que  c'était  son  désir, 
si  le  duc  le  voulait  :  et  le  duc  ayant  consenti,  il  fut 
dès  ce  moment  désigné  pour  le  voyage.  Si  les  oom- 

1.  Parlement  de  la  quinzième  année  (3  novembre  1391).  Rot.  Pari, 
l.  III,  p.  284.  —  Varchevéque  d^York  chancelier.  Il  avait  repris  les 
sceaux  le  27  septembre.  Rymer  ,  t.  VII,  p.  707  ;  William  dt* 
Wickham,  évoque  de  Winchester,  survécut  à  Richard  II  :  il  mou- 
rut en  \kOk. 

Il     •'! 


50  LA  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  [1391] 

munes,  en  émettant  ce  vœu,  combattaient  indirecte- 
ment ridée  que  le  roi  y  allât  lui-même,  elles  ne 
pouvaient  prendre,  pour  le  remplacer^,  un  homme 
mieux  disposé  et  plus  autorisé  à  terminer  la  chose 
pacifiquement*. 

Après  cela  le  parlement  octroya  un  supplément 
au  subside  des  laines  voté  par  l'assemblée  précé- 
dente pour  trois  années  :  «  Gomme  le  roi ,  disait  la 
cédule,  a  maintenant  son  plein  âge  et  qu'il  a  pro- 
mis de  gouverner  et  de  maintenir  les  bonnes  lois,  « 
on  accordait  un  demi-quinzième  et  un  demi-dixième 
à  lever  sur  les  laïques  aux  octaves  de  Pâques,  et  de 
plus  un  dixième  et  un  quinzième  entier  pour  la 
Saint- Jean,  avec  des  réserves  selon  qu'il  y  aurait 
paix  ou  guerre,  ou  que  le  roi  irait  ou  n'irait  pas  en 
France  de  sa  personne,  soit  pour  la  guerre,  soit  pour 
la  paix.  Le  roi  étant^  par  ce  large  subside^  mis  en 
mesure  de  soutenir  l'éclat  et  l'honneur  de  la  cou- 
ronne au  dehors,  le  parlement  voulut  cette  fois  encore 
donner  à  son  gouvernement  un  nouveau  témoignage 
d'adhésion  et  de  confiance.  Le  2  décembre^  avant  de 
se  séparer,  il  renouvela  le  vœu  qu'il  avait  émis 
l'année  précédente  à  pareille  date  :  que  le  roi  jouît 
de  ses  prérogatives  aussi  largement  que  ses  prédé- 
cesseurs, nonobstant  tout  statut,  et  il  désignait  no- 
tamment le  statut  fait  à  Glocester  au  temps  d'E- 


1.  Exception  autorisée  au  statut  des  proviseurs.  Rot.  Parl.^  t.  III, 
p.  285,  $  1.  —  Le  duc  de  Lancastre  désigné  pour  négocier  avec  la 
France,  ibid.,  p.  286,  §  15. 


[1391]  LIVRE  SEPTIÈME.  51 

douard  II  :  statut  évoqué  aux  parlements  de  1386  et 
de  1388  pour  triompher  des  résistances  de  Richard, 
et  que  le  parlement  nouveau  répudiait  ainsi,  comme 
pour  lui  rendre  toute  liberté  d'agir  (a). 

Fort  de  cet  appui,  Richard  pouvait  librement  ré- 
pondre aux  avances  de  Charles  VI.  Dans  Thiver,  il  lui 
envoya  un  nouveau  message  pour  s'enquérir  s'il 
demeurait  lui-même  dans  les  mêmes  dispositions 
relativement  à  l'entrevue  projetée.  Charles  se  trouvait 
alors  à  Tours  pour  y  débattre  les  conditions  d'un 
accord  avec  le  duc  de  Bretagne.  Le  duc,  on  le  voit, 
avait  laissé  le  prince  faire  les  trois  quarts  du  chemin 
à  sa  rencontre,  et  il  se  fit  attendre  quinze  jours  !  Ce 
fut  au  milieu  de  ces  négociations  que  le  roi  reçut  les 
députés  anglais  :  il  leur  donna  une  réponse  favorable, 
et  les  Anglais  repartirent  sans  même  voir  leur  bon  ami 
le  duc  de  Bretagne,  ne  voulantluidonneraucune  espé- 
rance, ni  laisser  croire  à  Charles  VI  que  l'Angleterre 
songeât  en  aucune  sorte  à  prolonger  ce  différend  (b), 

La  conférence  eut  lieu  à  Amiens  au  temps  marqué 
(mi  carême  1392).  Pour  que  rien  ne  vînt  à  ren- 
contre, la  France  s'était  hâtée  d'en  finir  avec  le  duc 
de  Bretagne.  Un  double  mariage  unit  le  fils  aîné  du 
duc  à  la  seconde  fille  du  roi ,  et  le  petit-fils  de 
Clisson  à  la  fille  du  même  duc.  On  trouvait  dans  ce 
double  mariage  une  garantie  plus  forte  de  paix  à 
l'intérieur,  et  un  point  d'appui  pour  les  négociations 
qui  allaient  s'ouvrir.  Rien  ne  fut  épargné  pour  que 
l'appareil  de  la   conférence  ïùi  digne  des   princes 


52  LA  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  [1392] 

qu'elle  devait  rapprocher.  Le  roi  de  France  y  devait 
être  en  personne,  et  l'on  croyait  que  le  roi  d'Angle- 
terre y  viendrait  lui-même.  Il  en  avait  eu  le  dessein, 
et  il  vint  jusqu'à  Douvres  accompagné  de  ses  trois 
oncles  ;  mais  le  conseil  fut  d'avis  qu'il  y  restât  avec 
l'un  des  trois,  Glocester  ;  les  deux  autres,  Lancastre 
et  York,  partirent  donc  seuls,  emmenant  d'ailleurs 
avec  eux  les  comtes  de  Derby  et  de  Huntingdon, 
Thomas  Percy,  les  évêques  de  Durham  et  de  Londres, 
les  principaux  conseillers  de  Richard  et  une  suite 
nombreuse  de  chevaliers  (a). 

Froissart  décrit  cette  conférence  en  des  traits  où  se 
peignent  au  naturel  et  le  caractère  et  l'attitude  res- 
pective des  deux  nations  rivales. 

Charles  YI  attendait  les  princes  anglais  dans 
Amiens.  A  leur  approche,  ses  trois  oncles  et  son 
frère  le  duc  d'Orléans  vinrent  au-devant  d'eux,  et 
les  accueillirent  «  de  paroles  traitables  et  amou- 
reuses. ))  Puis  le  duc  d'Orléans  revint  avec  son 
escorte  à  Amiens,  pour  prendre,  dans  la  réception  du 
palais,  sa  place  aux  côtés  du  roi  son  frère;  et  les 
trois  autres  ramenèrent  les  Anglais  en  grande  pompe 
dans  la  ville,  Lancastre  chevauchant  entre  le  duc  de 
Berri  et  le  duc  de  Bourgogne,  du  même  pas  et 
sur  la  même  ligne  :  «  Aussi  avant  étoient  les  têtes 
des  chevaux  les  unes  comme  les  autres,  et  bien 
entre  eux  trois  y  prenoient  garde.  »  Ce  fut  de 
même  en  se  donnant  la  main  que  les  deux  oncles  de 
Charles  YI  et  les  deux  oncles  de  Richard  montèrent 


[1392'  LIVRE  SEPTIÈME.  53 

les  degrés  du  palais  et  se  présentèrent  devant  le  roi. 
Alors  les  princes  et  les  seigneurs  français  s'agenouil- 
lèrent, les  princes  anglais  restant  debout  et  inclinant 
seulement  la  tête  pour  rendre  honneur  à  Charles  VI. 
Le  roi  vint  à  eux,  les  prit  par  les  mains,  fit  re- 
lever ses  oncles  et  les  seigneurs;  et  après  un  échange 
de  compliments  entre  les  barons  des  deux  pays,  les 
Anglais  prirent  congé  du  roi  et  furent  ramenés  à  leur 
hôtel  par  le  connétable  et  les  principaux  barons  de 
France  (a). 

Toutes  les  précautions  étaient  prises  pour  que  le 
séjour  d'Amiens  n'offrît  que  de  l'agrément  aux  hôtes 
de  la  France.  Leur  sûreté,  leur  commodité,  leur  bien- 
être  étaient  garantis  sous  la  sanction  des  peines  les 
plus  sévères  :  «  Que  nul  ne  fût  si  outrageux  sur  peine 
d'être  décollé,  qu'il  eût  parole  rigoureuse,  débat  ni 
riote  en  la  cité  d'Amiens  ou  au  dehors  aux  Anglois.  » 
Tout  ce  qu'ils  demanderaient  leur  devait  être  aban- 
donné :  ((  Que  nul  hôte  sur  peine  de  se  forfaire,  ne 
demandât  ni  prît  de  leur  argent  pour  boire  ni  pour 
manger,  ni  pour  autres  communs  frais.  »  Nul  Fran- 
çais ne  pouvait  sortir  de  nuit  sans  torche,  »  mais  les 
Anglois  y  pouvoient  bien  aller  s'ils  vouloient.  »  Que 
si  quelqu'un  d'entre  eux  était  rencontré  sur  les 
chaussées  à  heure  indue,  «  on  le  devoit  doucement  et 
courtoisement  reconvoyer  et  remettre  à  son  hôtel  ou 
entre  ses  gens'.  » 

1.  Froissart,  IV,  27. 


54  LA  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  [1392] 

Tout  cela  faisait  aux  Anglais  un  régime  fort  accep- 
table sans  doute  ;  mais  quand  on  en  vint  aux  condi- 
tions de  la  paix,  il  était  plus  diflicile  de  s'entendre. 
Les  Français  demandaient,  sinon  qu'on  leur  rendît,  au 
moins  qu'on  détruisît  Calais,  de  telle  sorte  que  nul 
n'y  pût  habiter  par  la  suite.  Les  Anglais  ne  pouvaient 
traiter  sur  ces  bases  :  «  Car  vous  devez  savoir,  dit 
Froissart,  que  Calais  est  la  ville  au  monde  que  la 
communauté  d'Angleterre  aime  le  mieux  :  car  tant 
comme  ils  seront  seigneurs  de  Calais,  ils  disent  ainsi 
qu'ils  portent  les  clefs  du  royaume  de  France  à  leur 
ceinture.  »  C'était  bien  aussi  pour  cela  que  la  France 
insistait  :  on  n'a  que  faire  des  clefs,  si  on  ne  veut 
entrer  dans  la  maison  ;  mais  on  ne  raisonne  point  en 
pareille  matière.  Heureusement  si  on  s'entendait  mal, 
on  ne  se  querellait  pas.  Après  chaque  séance  on  se 
quittait  bons  amis,  avec  l'espoir  de  mieux  conduire  le 
lendemain  la  besogne.  Le  roi  de  France,  le  duc  d'Or- 
léans, les  ducs  de  Berri,  de  Bourgogne,  de  Bourbon, 
se  succédaient  pour  offrir  à  leurs  hôtes  de  grands 
dîners  ;  et  tout  ce  que  les  Anglais  pouvaient  deman- 
der de  plus,  en  fait  de  vivres  ou  d'autres  choses,  leur 
était  immédiatement  donné  :  il  y  avait  des  clercs 
désignés  par  le  roi  pour  en  prendre  note  et  renvoyer 
les  fournisseurs  à  la  Chambre  aux  deniers^ 

Il  fallait  pourtant  que  cette  conférence  eût  une  fin  ; 
et  ceux  qui  y  tenaient  la  place  de  Richard  sentaient 

1.  Froissart,  ihid.^  IV,  27, 


[1392]  LIVRE  SEPTIÈME.  55 

eux-mêmes  combien  leur  position  devenait  dilTicile 
et  fausse.  Ils  étaient  forts  des  bonnes  dispositions 
du  roi  en  faveur  de  la  paix  ;  mais  ils  ne  pouvaient 
prendre  sur  eux  d'en  proposer  des  conditions  accep- 
tables, car  ils  craignaient  d'encourir  la  censure  du 
parlement,  s'ils  ne  réclamaient  tout  ce  qu'ils  avaient 
possédé  autrefois^  tenant  pour  non  avenu  le  règne 
entier  de  Charles  V.  Les  Français  eussent  bien  con- 
senti à  leur  laisser  ce  qu'ils  avaient  présentement  en 
Aquitaine  et  quelque  chose  au  delà,  mais  ils  vou- 
laient Calais  abattu.  Or,  sur  cet  article,  le  duc  de 
Lancastre,  quelque  ami  qu'il  fût  de  la  paix,  ne  voulut 
laisser  à  Charles  VI  aucune  illusion.  Tout  en  s'abste- 
nant  de  se  prononcer  sur  le  reste,  et  disant  qu'avant 
d'aller  plus  loin  il  en  devait  référer  au  roi  et  au  par- 
lement, il  déclara  qu'il  ne  parlerait  même  point  de  la 
clause  relative  à  Calais  :  «  car,  dit-il,  si  nous  en  par- 
lions, nous  serions  en  la  haine  et  indignation  de  la 
greigneure  (jp\us  ^rainde)  partie  du  royaume  d'Angle- 
terre. Si  (ainsi)  nous  vaut  mieux  taire  et  cesser, 
que  de  dire  chose  où  nous  puissions  recevoir  haine 
ni  blâme  *.  » 

(Jn  en  resta  là,  en  se  promettant  de  travailler  de 
part  et  d'autre  sincèrement  à  la  paix  ;  et,  pour  en  favo- 
riser la  conclusion,  on  convint  que  la  trêve,  qui  expi- 
rait à  l'Assomption,  serait  prorogée  jusqu'à  la  Saint- 
Michel  de  l'année  suivante.  Au  départ,  Charles  VI 

I.  Froissart,  IV,  27. 


56  LA  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  [1392] 

recommanda  de  nouveau  à  Lancastre  la  cause  de  la 
paix,  ne  craignant  point  de  paraître  la  désirer;  car 
il  la  voulait  pour  le  bien  commun  des  deux  pays,  et 
aussi  de  la  chrétienté  tout  entière.  La  nouvelle  venait 
d'arriver  que  Bajazet  était  entré  en  Hongrie  :  «  Avec 
la  paix,  disait  le  roi,  on  refoulait  les  Turcs  hors  de 
l'Europe,  et  on  allait  même  leur  reprendre  en  Asie 
les  pays  chrétiens,  l'Arménie  par  exemple,  qu'ils 
avaient  occupés.  »  Lancastre  promit,  et  il  était  sin- 
cère; puis  il  partit  avec  son  escorte,  défrayé  de  tout 
sur  la  route  au  retour  comme  à  l'arrivée  (a). 

Richard,  qui  avait  pris  Tavis  des  lords  et  des  com- 
munes sur  les  premières  négociations  et  sur  la  con- 
férence, voulut  aussi  leur  en  soumettre  les  résultats. 
11  réunit  donc  extraordinairement  les  prélats,  les  sei- 
gneurs et  les  députés  des  comtés  et  des  villes  à  Stan- 
ford, pour  délibérer  sur  cette  grande  affaire.  Glocester 
était  fort  opposé  à  toute  conclusion,  et  le  préjugé 
national  était  pour  lui.  Au  fond^  les  Anglais  voulaient 
la  paix,  à  la  condition  de  ne  rien  céder  et  de  re- 
prendre tout  ce  qu'ils  avaient  perdu  de  leurs  con- 
quêtes. Ils  se  replaçaient^  sans  tenir  compte  des 
événements,  au  lendemain  de  leurs  grandes  vic- 
toires, et  ne  savaient  de  paix  que  la  paix  de  Bré- 
tigny.  «  Les  François  nous  veulent  payer  du  nôtre, 
disait  Glocester.  Jà  savent-ils,  et  nous  Favons  par 
chartre  scellée  du  roi  Jean  et  de  tous  ses  enfants, 
que  toute  Aquitaine  nous  fut  baillée  et  délivrée  sans 
ressort  (en  pleine  souveraineté);  et  ce  qu'ils  en  ont 


[1392]  LIVRE  SEPTIÈME.  57 

depuis  fait  et  repris,  ce  a  été  par  fraude  et  mauvais 
engin,  et  ne  tendant  nuit  et  jour  à  autre  chose  qu'ils 
nous  puissent  décevoir.  Car  si  Calais  et  les  terres 
qu'ils  demandent  leur  étoient  rendues,  ils  seroient 
seigneurs  de  toutes  les  frontières  sur  mer,  et  iroient 
toutes  nos  conquêtes  à  néant  ;  ni  jà  à  la  paix^  tant 
que  je  vive,  je  ne  m'accorderai  (a).  » 

Richard  n'était  point  sans  doute  aussi  contraire  à 
toute  concession^  mais  il  était  Anglais  autant  que 
tout  autre,  et,  pas  plus  qu'un  autre,  il  n'avait  dans  la 
pensée  de  rendre  Calais.  Aussi  se  borna-t-on  à  rati- 
fier la  prorogation  de  la  trêve. 

Un  événement  qui  offrait  de  plus  grandes  facilités 
pour  reprendre  la  guerre,  devait  rendrç  plus  labo- 
rieuse la  tâche  de  ceux  qui  persistaient  à  vouloir  arri- 
ver à  la  paix.  Le  duc  de  Bretagne,  malgré  son  nouvel 
et  récent  accord  avec  le  roi  et  avec  Clisson,  n'avait 
déposé  aucun  de  ses  ressentiments  :  une  haine  par- 
ticulière vint  servir  sa  haine.  Pierre  de  Craon  avait 
tenté  d'assassiner  Clisson  ;  il  le  laissa  pour  mort,  et 
vint  chercher  un  asile  chez  le  duc  dont  il  avait  si 
bien  mérité.  Mais  le  roi,  malgré  ses  oncles^  s'était 
résolu  à  tirer  vengeance  de  celui  qui  se  faisait  com- 
plice du  crime  en  le  protégeant  si  ouvertement.  Le 
parti  de  la  guerre  en  Angleterre  avait  tout  à  gagner 
à  cette  lutte  ;  il  ne  gagnait  pas  moins  à  l'accident  qui 
fit  qu'elle  avorta.  Le  roi  s'était  mis  en  campagne  mal- 
gré toutes  sortes  de  retards  et  d'entraves.  Une  der- 
nière tentative  faite  sans  doute  par  ses  oncles  pour 


58  i.A  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  [1392] 

l'arrêter  dès  les  premiers  pas,  un  vieillard  qui  vint 
se  jeter  à  la  tête  de  son  cheval  en  lui  criant  :  «  O  roi, 
tu  es  trahi  !  »  porta  le  trouble  en  cet  esprit  fort  affai- 
bli déjà.  Il  crut  à  un  complot,  et  peu  après,  un  bruit 
soudain,  le  choc  d'une  lance  tombant  sur  un  casque, 
lui  fit  croire  que  le  complot  s'exécutait;  il  entra  en 
fureur^  il  était  fou  (août  1392)^ 

Cet  événement  jetait  la  France  dans  une  situation 
facile  à  comprendre  sous  le  régime  du  gouvernement 
absolu  :  tout  pouvoir  résidait  en  un  seul  homme,  et 
cet  homme  était  fou  !  Encore  s'il  l'eût  toujours  été  1  on 
eût  remédié  au  mal  en  établissant  une  régence.  Mais 
comme  il  avait  des  intervalles  de  raison,  il  n'était  censé 
que  malade  :  malade  ou  non,  il  gardait  donc  tous  ses 
droits  et  couvrait  de  son  nom  tout  ce  qu'on  voulait  et 
ordonnait  pour  lui.  La  première  suite  de  la  folie  du  roi 
fut  la  chute  des  sages  ministres  que  le  prince  avait  sub- 
stitués dans  le  gouvernement  à  ses  oncles.  Ses  oncles, 
ou,  pour  mieux  dire,  le  duc  de  Bourgogne^  ressaisit  le 
pouvoir  sans  même  prendre  garde  aux  droits  que  le 
duc  d'Orléans,  frère  du  roi,  tenait  de  sa  proximité  au 
trône;  droits  qu'il  était  en  âge  de  réclamer,  mais  qu'il 
oubliait  alors  dans  la  dissipation  de  sa  jeunesse^ 


1.  Tentative  d'assassinat  de  P.  de  Craon  sur  Clisson  (14  juin  1392). 
Froissart,  IV,  28;  Religieux  de  Saint-Denys,  XIII,  1.  —  Expédition 
préparée  contre  le  duc  de  Bretagne,  au  grand  mécontentement  des 
princes.  Froissart,  IV,  29;  Relig.  de  Saint-Denys,  XIII,  3  et  5.  — 
Folie  du  roi,  ibid. 

2.  Chute  des  ministres  de  Charles  VI.  Relig.  de  Saint-Denys, 
XIII,  6;  Froissart,  IV,  30. 


[1392]  LIVRE  SEPTIÈME.  59 

On  voit  quelle  prise  une  pareille  situation  offrait 
à  l'Angleterre.  Le  gouvernement  de  la  France  était 
abandonné  en  quelque  sorte  à  l'aventure,  en  atten- 
dant qu'il  fût  en  proie  aux  plus  sanglantes  rivalités  ; 
et  tandis  qu'il  était  dès  lors  comme  frappé  d'im- 
puissance, Richard,  au  contraire,  ne  voyait  rien 
dans  son  pays  qui  ne  dût  accroître  sa  sécurité.  Il 
semblait  n'avoir  gardé  le  souvenir  ni  des  actes  ni 
des  tendances  du  parlement  de  la  onzième  année  de 
son  règne.  Les  personnages  les  plus  compromis  vis- 
à-vis  de  lui  en  ce  temps-là,  il  les  avait  rappelés  au 
pouvoir,  élevés  en  honneur.  Il  avait  librement  pris 
pour  ministres  et  pour  conseillers  ceux  qui  lui 
avaient  dénié  le  droit  de  disposer  des  grands  offices 
et  des  places  du  conseil.  Il  gouvernait  avec  les 
hommes  qui  l'avaient  voulu  retenir  en  tutelle  à  per- 
pétuité. Un  événement  qui  parut  être  comme  un  ré- 
veil des  plus  mauvais  jours,  servit  à  montrer  comme 
le  roi  y  saurait  tenir  tête.  Richard  ayant  demandé  à 
Londres  un  prêt  de  1000  livres,  le  peuple,  fort  soup- 
çonneux et  violent,  s'y  refusa  et  tua  presque  un  Lom- 
bard qui  avait  consenti  à  les  prêter.  Le  roi,  dans  le 
premier  moment,  n'écoutant  que  son  indignation, 
voulait  tirer  de  ce  crime,  qu'il  regardait  comme  un 
attentat  contre  lui-même,  une  vengeance  éclatante. 
Il  fit  arrêter  le  maire,  les  shériffs  et  les  principaux 
(le  la  cité,  il  abolit  la  libre  élection  et  jusqu'au  nom 
de  maire,  et  décida  que  Londres  serait  gouvernée 
désormais  par  un  officier  de  son  choix.  Il  y  envoya, 


60  LA  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  [1392] 

cà  ce  titre,  un  des  membres  du  conseil,  Ed.  Dalin- 
grugge,  qu'il  révoqua  bientôt  et  remplaça  comme 
suspect  de  trop  de  complaisance  envers  ses  justi- 
ciables (22  juillet  1392)  (a). 

Cependant  la  ville,  frappée  de  terreur,  était  prête 
à  donner  satifaction.  On  y  exagérait  la  colère  de 
Richard;  on  disait  qu'il  voulait  exterminer  sa  capi- 
tale, et  Glocester  en  retira  encore  l'avantage  de  passer 
pour  l'avoir  amené,  par  ses  instances,  à  des  senti- 
ments plus  humains.  Les  premières  mesures  prises 
par  le  roi  marquent  assez  que  son  ressentiment 
n'avait  jamais  été  jusqu'à  ce  degré  de  folie.  Il  con- 
sentit à  recevoir  les  députés  de  Londres,  se  fit  mon- 
trer les  chartes  de  la  ville,  ratifia  les  unes,  amenda 
les  autres ,  maintenant  d'ailleurs  l'abolition  de  la 
mairie  jusqu'après  une  satisfaction  dont  il  voulait 
que  les  seigneurs  fussent  arbitres  avec  lui;  et  les 
députés  se  retirèrent,  laissant  une  somme  de  dix 
mille  livres  pour  gage  des  réparations  qu'on  pour- 
rait exiger  *. 

Le  roi  pourtant  ne  voulut  pas  laisser  plus  long- 
temps la  menace  suspendue  sur  la  ville.  «  Sachant, 
dit  Walsingham  qui  n'est  pas  suspect  lorsqu'il  parle 
sur  ce  ton,  sachant  dans  quelle  affliction  les  députés 
s'étaient  retirés,  il  dit:  «  J'irai  à  Londres,  j'en  con- 
«  solerai  les  habitants  et  ne  les  laisserai  pas  plus 
«  longtemps  désespérer  de   ma  clémence.   »   Cette 

1.  Wals.,  p.  348;  Knighton,  p.  2740. 


[1392]  LIVRE  SEPTIÈME.  61 

nouvelle  portée  dans  la  ville  y  répandit  la  joie.  Peu 
de  jours  après,  le  roi  et  la  reine  ayant  résolu  de  s'y 
rendre,  on  les  accueillit  avec  des  honneurs  inouïs. 
Tout  le  peuple  était  accouru  à  leur  rencontre, 
hommes,  femmes  et  enfants  ;  tout  le  clergé,  Tévêque 
de  Londres  en  tête,  s'était  mis  en  marche  pour  les 
recevoir,  faisant  une  longue  procession  ;  mais  la 
foule  en  avait  rompu  les  rangs,  et  formait  un  cortège 
dont  le  bruyant  désordre  en  disait  plus  que  les  chants 
réguliers  ou  le  déploiement  méthodique  d'une  dé- 
monstration officielle.  Le  roi  et  la  reine,  entrant  dans 
la  ville,  trouvèrent  partout  sur  leur  passage,  de 
Saint-Georges  à  Westminster,  les  rues  ornées  de 
tapisseries  et  de  tentures  ;  chaque  maison  étalait 
pour  leur  faire  fête  ce  qu'elle  avait  déplus  précieux. 
En  un  lieu  où  une  fontaine  versait  du  vin  blanc  et  du 
vin  rouge,  un  jeune  enfant  »  en  forme  d'ange  »  vint 
en  offrir  au  roi  et  à  la  reine  dans  une  coupe  d'or. 
Les  habitants  firent  davantage  :  ils  leur  offrirent  à 
chacun  une  couronne  d'or  d'un  grand  prix,  puis  deux 
tableaux  en  or,  l'un  au  roi  de  la  valeur  de  800 
livres,  représentant  la  sainte  Trinité  ;  l'autre  à  la 
reine,  représentant  sainte  Anne  sa  patronne,  qu'elle 
avait  en  dévotion  particulière.  «  Jamais,  dit  Knigliton, 
sous  les  règnes  précédents,  aucun  prince  n'avait  reçu 
d'aussi  grands  honneurs.  »  Arrivé  à  Westminster, 
le  roi  prit  place  sur  son  trône,  environné  de  la  mul- 
titude, et  un  de  ses  officiers,  remerciant  le  peuple  en 
son  nom  de  la  magnificence  de  cet  accueil,  promit 


62  LA  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  [1393] 

qu'au  prochain  parlement  on  achèverait  de  résoudre 
les  questions  qui  l'intéressaient  (a). 


m 


LA    TREVE. 

Élevé  à  ce  point,  un  roi  de  vingt-cinq  ans  pouvait 
céder  à  l'enivrement  de  la  grandeur.  Le  peuple  le 
comblait  des  marques  de  son  amour;  le  parlement 
votait  chaque  année  l'affermissement  de  ses  préro- 
gatives, et  il  savait  qu'il  se  rendrait  plus  fort  dans  le 
parlement,  plus  populaire  encore  dans  la  nation,  si, 
se  laissant  aller  à  l'instinct  aveugle  de  la  foule  qui 
admire  les  conquêtes  alors  même  qu'elle  en  souffre 
le  plus,  il  profitait  de  l'état  de  faiblesse  où  la  maladie 
du  roi  jetait  la  France,  pour  tenter  d'y  reconquérir 
les  provinces  perdues  naguère.  Richard  n'en  de- 
meura pas  moins  attaché  à  la  paix.  Il  fit  bon  accueil 
au  duc  de  Gueldre  qui,  voulant  se  venger  de  Tinva- 
sion  française,  venait  lui  offrir  ses  services  contre  la 
France;  mais  il  n'en  usa  pas.  La  trêve  fut  prorogée 
jusqu'à  la  Saint-Michel  1393,  et  Richard  voulut 
mettre  à  profit  l'intervalle  pour  arriver  à  une  plus 
durable  conclusion  (a). 

Le  parlement  avait  été  réuni  à  Winchester  au  com- 
mencement de  l'année   1393  ('20  janvier).   Il  avait 


[1393]  LIVRE  SEPTIÈME.  63 

donné  au  roi  toute  marque  de  confiance  et  tout  moyen 
d'agir  dans  les  affaires  pendantes.  En  ce  qui  touche 
Rome,  il  lui  renouvelait  l'autorisation  de  modifier  le 
statut  des  proviseurs,  à  la  condition  d'en  rendre 
compte  au  prochain  parlement;  ce  qui  le  mettait  en 
position  de  négocier,  dans  le  temps  même  que  l'ar- 
chevêque de  Canterbury  lui  offrait  un  point  d'appui 
considérable  pour  le  faire  avec  puissance:  sur  des 
questions  qui  lui  avaient  été  posées  par  les  com- 
munes, le  primat,  sans  dénier  au  pape  le  droit  d'in- 
terdire un  prélat  ou  de  le  transférer  d'un  siège  à  un 
autre,  conformément  à  la  loi  de  TÉglise,  déclarait 
que  si  le  souverain  pontife  excommuniait  des  évêques 
pour  avoir  obéi  à  des  statuts  du  royaume,  ou  les 
transférait  à  d'autres  sièges  sans  tenir  compte  des 
droits  du  roi  ou  de  ses  sujets,  il  entendait  se  ranger 
du  côté  de  la  couronne,  demandant  que  sa  protesta- 
tion fût  inscrite  aux  rôles  du  parlement.  En  ce  qui  tou- 
chait la  paix  ou  la  guerre,  le  parlement  accordait  au 
roi  un  subside  en  des  termes  qui,  loin  de  lui  impo- 
ser nulle  réserve,  semblaient  l'inviter  à  marcher  en 
avant  :  le  subside  des  laines  prorogé  pour  trois 
années,  à  partir  du  30  novembre  suivant;  le  droit 
sur  le  vin  et  sur  les  marchandises  ainsi  établi  :  3"  f)ar 
tonne  et  12**  par  livre  s'il  allait  à  la  guerre,  et  la 
moitié  seulement  s'il  n'y  allait  pas;  en  outre,  un 
quinzième  et  demi  et  un  dixième  et  demi  à  le- 
ver, en  trois  termes,  dans  l'année,  selon  qu'il  y 
aurait  paix  ou  guerre,  et  de  quelque  côté  que  le  roi 


64  ]A  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  [1393] 

voulût  aller  personnellement^  soit  en  France,  soit  en 
Ecosse  (a). 

Le  roi  accueillit  volontiers  tous  ces  votes,  et  se 
montra  digne  de  la  confiance  que  l'on  avait  en  lui. 

A  l'égard  de  Rome,  le  statut  de  sa  seizième  année 
(1393),  rappelant  les  droits  de  la  cour  du  roi  en  ma- 
tière de  présentation  aux  bénéfices  et  les  menaces  du 
pape  contre  les  prélats  qui  voudraient  s'y  soumettre, 
publiait  que  les  communes  et  les  lords  tant  spirituels 
que  temporels,  les  absents  s'élant  fait  représenter  par 
procureurs,  avaient  promis  au  roi  leur  appui  pour 
la  défense  des  libertés  de  la  couronne;  et,  en  consé- 
quence, il  y  était  déclaré,  de  l'assentiment  des  lords 
et  des  communes,  que  si  quelqu'un  poursuivait  en 
cour  de  Rome  ou  favorisait  les  translations  de  siège 
ou  excommunications  prononcées  par  le  pape  en  pa- 
reille matière,  il  serait  mis  bors  de  la  protection  du 
roi,  et  ses  biens  confisqués.  Mais  après  avoir  prouvé, 
par  cette  déclaration,  revêtue  des  formes  de  la  loi, 
qu'il  était  décidé  à  maintenir  le  principe  du  statut 
et  à  protéger  ceux  qui  ne  craindraient  pas  de  se  com- 
promettre à  Rome  pour  y  être  fidèles,  le  roi  n'eut 
garde  de  provoquer  la  lutte,  et  il  s'atlacba  au  con- 
traire à  prévenir  tout  conflit. 

Même  conduite  à  l'égard  de  la  France.  La  Flandre 
faisait  défaut  :  elle  était  au  duc  de  Bourgogne;  et  le 
duc  de  Gueldre  n'y  suppléait  guère  :  mais  le  duc  de 
Bretagne  était  toujours  prêt,  et  Ton  avait  dressé  un 
projet  d'alliance  défensive  et  offensive  avec  lui  aux 


[1393]  LA  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  65 

conditions  suivantes  :  le  duc  devait  remettre  au  roi 
d'Angleterre  Nantes  avec  la  tour  Neuve,  Vannes  avec 
le  beau  château  de  l'Hermine,  le  Conquet,  Quimper- 
Gorentin,  Morlaix,  l'île  de  Batz  (on  avait  déjà  Brest), 
et  en  outre  son  fils  aîné  comme  otage.  Les  troupes 
que  le  roi  d'Angleterre  voudrait  bien  envoyer  dans 
ces  places  seraient  aux  frais  des  Bretons,  et  les  olTi- 
ciers  anglais  y  auraient  un  pouvoir  supérieur  à  celui 
de  leurs  magistrats.  Si  le  duc  se  lassait  de  prendre 
part  à  la  guerre,  il  avait  la  faculté  de  passer  en  An- 
gleterre, où  il  aurait  le  comté  de  Richmond,  avec  un 
revenu  égal  à  celui  qu'il  tirait  de  Bretagne;  et  dès  lors 
la  Bretagne  devenant  anglaise,  la  garde  des  places 
était  aux  frais  du  roi.  Si  la  paix  se  faisait  avec  la 
France,  le  duc  retenait  le  droit  de  retourner  dans  son 
duché,  à  la  condition  de  payer  un  quart  d'année  aux 
soldats  congédiés  avec  l'arriéré  de  leur  solde. — L'An- 
gleterre ne  mettait  rien  en  péril,  si  le  duc  signait  un 
pareil  traité  :  mais  Richard  voyait  un  plus  grand  in- 
térêt à  réconcilier  son  pays  avec  la  France;  et  c'est 
pourquoi,  ayant  par  l'octroi  du  parlement  tous  les 
moyens  de  faire  la  guerre,  il  s'appliqua  plutôt  à 
la  finir  \ 

Il  pouvait  compter  sur  l'appui  de  l'aîné  de  ses 
oncles,  le  duc  de  Lancastre.  Ce  prince,  dont  il  avait 
jadis  redouté  l'ambition,  et  à  qui  il  n'avait  pas  mé- 

1.  Déclaration  du  roi  à  l'égard  de  Home,  Stat.  de  la  16"  année 
(1393),  c.  V.  Stat.  ofRealm,  t.  II,  p.  8^;  —  Projet  de  traité  uvir  la 
Hretagne  (vers  février  1393).  Proceedings,  t.  I,  p.  41-4^. 


06  IJVRE  SEPTIÈME.  [1393] 

nagé  les  marques  de  sa  défiance,  n'avait  pas  lieu  de 
se  plaindre  de  lui  depuis  quelques  années.  Richard 
avait  tout  fait  pour  le  mettre  en  mesure  de  conquérir 
la  Castille,  jusqu'à  dégarnir  l'Angleterre  de  ses  meil- 
leurs soldats  au  moment  où  elle  était  menacée  de 
l'invasion  française;  et  quand  le  duc  se  vit  contraint 
de  renoncer  à  ce  trône,  il  lui  avait  offert  les  plus 
beaux  dédommagements.  Il  lui  avait  donné  le  duché 
de  Guyenne,  avec  tous  les  droits  de  seigneur,  moins 
la  souveraineté,  et  il  l'y  avait  maintenu,  malgré  les 
réclamations  des  habitants,  qui  aimaient  mieux  rele- 
ver directement  de  la  couronne;  il  l'avait  fait  son 
lieutenant  en  Picardie  :  et  ainsi  il  avait  mis  sous  sa 
main  presque  toutes  les  possessions  anglaises  de 
France.  Le  duc  n'était  pas  fâché  de  garder  en  paix  un 
pareil  gouvernement;  et,  de  plus,  voyant  ses  deux 
filles  établies,  l'une  sur  le  trône  d'Espagne,  l'autre 
sur  celui  de  Portugal,  il  craignait  pour  elles  mainte- 
nant le  contre-coup  de  la  guerre.  Quant  à  Derby,  son 
fils,  à  qui  la  succession  de  la  Guyenne  n'était  pas  ré- 
servée, il  le  savait  capable  de  trouver  par  lui-même 
quelque  moyen  de  se  pourvoir.  Lancastre  était  donc 
converti  à  la  paix.  York,  bien  pourvu  d'ailleurs,  lais- 
sait, selon  son  habitude,  aller  les  choses.  Pour  Glo- 
cester,  que  Richard  n'avait  pas  moins  comblé,  il  était 
mécontent,  et  témoignait  d'autant  plus  de  répugnance 
à  se  rapprocher  des  Français,  qu'on  y  inclinait  davan- 
tage. Mais  Richard  ne  s'en  inquiéta  point  :  il  souffrit 
qu'il  captât,  par  ses  allures  belliqueuses,  la  faveur 


[1393;  LA  MAJORITE  DE  RICHARD.  67 

fie  la  foule.  Il  fit  mieux  :  il  l'employa  avec  Lanca8tre 
aux  négociations  de  la  paix  (a). 

De  nouvelles  conférences  furent  tenues  à  Leulin- 
ghem,  immédiatement  après  Pâques  (6  avril  1393). 
Les  ducs  de  Lancastre  et  de  Glocester,  le  comte  maré- 
chal, "gouverneur  de  Calais,  Thomas  Percy  et  plusieurs 
autres  y  représentaient  T Angleterre;  les  ducs  de  Berri 
et  de  Bourgogne,  les  évêques  de  Bayeux  et  d'Arras  et 
quelques  grands  seigneurs  y  figuraient  au  nom  de  la 
France.  Deux  ou  trois  fois  la  semaine,  les  oncles  des 
deux  rois  et  leur  suite  y  venaient  soit  de  Calais,  soit 
de  Boulogne.  Ils  se  réunissaient  dans  une  chapelle 
depuis  longtemps  consacrée  à  des  négociations  de 
cette  sorte,  et  siégeant  en  grand  appareil,  Lancastre 
et  Berri  sur  des  sièges  plus  hauts  que  les  autres,  ils 
reprenaient  chaque  jour  l'interminable  débat.  Cette 
fois  pourtant  il  semblait  qu'on  voulût  en  toute  sincé- 
rité qu'il  aboutît.  Dès  la  première  entrevue,  comme 
la  chapelle  était  tendue  de  tapisseries  représentant 
d'ancie.nnes  batailles,  le  «  pieux  »  duc  Lancastre  les 
fît  retirer,  disant  que  de  semblables  images  ne  conve- 
naient point  à  des  réunions  où  l'on  travaillait  à  la 
paix.  Mais  la  paix  n'était  point  si  facile  à  régler  dans 
ce  conflit  de  prétentions  rivales  :  TAngleterre  ne 
voulant  point  renoncer  à  sa  conquête,  ni  la  France 
se  résigner  à  être  réputée  pays  conquis.  On  dut  bien- 
tôt laisser  la  question  oii  se  résumait,  sans  conclusion 
possible,  cette  grande  querelle,  la  question  de  Calais  : 
on   porta  le  débat  sur  les  terres  de  Guyenne.   Les 


68  LIVRE  SEPTIÈME.  [1393] 

Français  auraient  bien  abandonné  les  pa}'s  de  Tarbes 
et  de  Bigorre,  d'Agen  et  Périgueux  :  mais  de  Cahors, 
du  Rouergue,  du  Quercy  et  du  Limousin,  ils  ne  vou- 
laient rien  céder.  Des  propositions  furent  mises  par 
écrit,  de  part  et  d'autre^  et  discutées  en  mainte 
séance.  Glocester  y  apportait  tout  naturellement  son 
esprit  de  défiance  et  son  mauvais  vouloir  :  il  disait 
que  les  Français  voulaient  toujours  lutter,  «  les  deux 
bras  dessus.  »  Néanmoins  on  finit  par  tomber  d'ac- 
cord sur  des  préliminaires,  et  l'on  s'ajourna  au 
20  mai  pour  les  présenter  à  l'adoption  des  deux  rois, 
en  s'engageant,  de  part  et  d'autre,  à  tout  faire  pour 
qu'ils  fussent  accueillis.  Le  roi  de  France,  qui  était 
à  Abbe ville,  les  agréa.  Ricliard  y  adhéra  de  même, 
disant  à  ses  oncles  qu'il  voulait  mettre  un  terme  à 
une  guerre  trop  prolongée  déjà,  pour  le  bien  de  toute 
la  chrétienté;  et  Glocester,  tout  en  murmurant  qu'on 
eût  mieux  fait  de  se  faire  rendre  tout  avant  de  rien 
conclure;,  s'était  résigné,  devant  la  volonté  de  Richard, 
à  n'y  plus  faire  de  résistance  (a). 

Les  quatre  princes  revinrent  donc  àLeulinghem, 
les  princes  anglais  non  sans  quelque  péril  :  une  tem- 
pête faillit  mettre  un  terme  à  leur  mission.  A  leur  re- 
tour ils  trouvèrent  là  un  nouveau  personnage.  C'était 
le  cardinal  Pierre  de  Luna  (depuis,  Benoît  XIII),  légat 
de  Clément  VIL  II  témoignait  d'un  grand  zèle  pour 
le  paix,  et  demandait  à  être  admis  aux  conférences. 
Mais  comment  parler  de  paix  aux  nations  quand  on 
faisait  schisme  dans  l'Église?  Le  médiateur  oificieiix 


I 


[1393]  LA  MA.IORITÉ  1)K  RICHARD.  69 

pouvait  être  soupçonné  de  ne  se  constituer  avocat  de 
la  paix  que  pour  faire  accueillir  sa  médiation,  et  in- 
troduire à  ce  titre  l'autorité  de  son  pape  dans  les 
rapports  des  deux  peuples  en  cause.  Lancastre  n'en 
fut  pas  dupe.  Selon  Froissart,  qui  était  venu  à  Abbe- 
ville  pour  mieux  savoir  ce  qui  se  passait  aux  confé- 
rences ,  le  cardinal  ne  fut  pas  même  accueilli  des 
princes  anglais  :  «  Otez-nous  ce  légat,  dirent-ils  à 
leurs  cousins  de  France  ;  nous  n'avons  que  faire  d'en- 
tendre ses  paroles  :  ce  n'est  que  toute  charge  sans 
profit  et  sans  effet.  Nous  sommes  déterminés  à  pape 
auquel  nous  obéissons  et  voulons  obéir.  Si  (ainsi) 
n'avons  que  faire  d'ouïr  parler  à  Rencontre  ;  et  s'il 
venoit  avant  sur  nos  traités  par  la  faveur  de  vous, 
nous  clorrions  tous  nos  parlements  et  nous  en  retour- 
nerions en  arrière.  »  Selon  le  Religieux  de  Saint-Denys, 
ils  lui  accordèrent,  à  la  prière  dés  Français,  une 
audience,  le  28  mai;  ce  fut  pour  lui  signifier  qu'ils 
n'avaient  que  faire  de  ses  sermons.  S'il  voulait  entre- 
prendre de  convertir  l'Angleterre,  ils  lui  offraient  un 
permis  de  passage  (ils  ne  disaient  rien  du  retour)  ;  mais 
en  même  temps  ils  déclaraient  qu'ils  tenaient  les  car- 
dinaux d'Avignon  pour  les  seuls  auteurs  du  schisme; 
et  que.  si  on  les  en  voulait  croire,  la  paix  faite,  on  ne 
leur  laisserait  d'autre  alternative  que  d'y  mettre  fin 
ou  d'être  exterminés.  Il  y  avait  là  de  quoi  dégoûter 
le  cardinal  de  la  réconciliation  de  l'Angleterre  et  de 
la  France.  Les  princes  anglais  voulaient  même  profi- 
ter des  conférences  pour  résoudre  du  même  cou])  lo 


70  LIVRE  SEPTIÈME.  [1393] 

débat  de  Rome  et  d'Avignon;  mais  c'était  compliquer 
la  difficile  question  de  la  paix  d'une  autre  plus 
difficile  encore.  Les  princes  français  remontrèrent 
que,  la  première  une  fois  résolue,  les  deux  peuples 
unis  pourraient  aborder  la  seconde  avec  bien  plus 
d'autorité.  On  se  borna  donc  aux  affaires  politiques, 
et  l'on  venait  de  reprendre  la  négociation  sur  les 
bases  acceptées  des  deux  rois,  quand  un  nouvel  accès 
du  mal  dont  souffrait  Charles  Yl  ajourna  encore  la 
conclusion  (a). 

Richard  prouva  bien  en  cette  occurrence,  que  s'il 
était  entré  dans  la  voie  des  négociations  ce  n'était 
point  par  impuissance  de  faire  la  guerre,  mais  par 
l'entière  conviction  des  avantages  attachés  à  la  paix. 
Loin  de  profiter  des  empêchements  de  son  rival,  il  se 
montra  tout  prêt  à  recommencer  les  conférences,  et, 
avant  même  que  les  négociations  fussent  reprises,  il 
lui  voulut  donner  satisfaction  sur  un  des  points  en 
litige. 

Indépendamment  des  territoires  possédés  en  France 
par  l'Angleterre,  il  y  avait  deux  villes  qu'elle  avait 
reçues,  l'une  du  duc  de  Bretagne,  l'autre  du  roi  de 
Navarre,  et  ne  gardait  qu'à  titre  de  gage  :  Brest  et 
Cherbourg.  En  attendant  que  la  question  des  terri- 
toires entre  les  deux  couronnes  fût  réglée  par  la  paix, 
rien  n'empêchait  de  résoudre  ce  qui  touchait  ces  deux 
places,  si  le  duc  de  Bretagne  et  le  roi  de  Navarre  les 
redemandaient  argent  en  main.  Or  le  roi  de  France 
leur  avait  écrit  et  ne  doutait  pas  du  succès  (car  il 


[1393]  LA  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  71 

tenait  Targent  à  leur  disposition),  quand  sa  maladie 
interrompit  les  conférences.  Richard  ne  se  crut  pas 
dispensé  par  là  de  donner  suite  à  cette  affaire.  Le 
duc  de  Bretagne  ne  réclama  point  :  dans  la  situation 
toujours  délicate  de  ses  rapports  avec  la  France,  il 
n  était  pas  fâché  d'avoir  les  Anglais  à  sa  porte.  Il 
n'aurait  pas  pu  leur  livrer  Brest  par  un  nouveau  con- 
trat. Mais  comme  ils  y  étaient,  son  vœu  secret  était 
qu'ils  y  restassent.  Richard  y  demeura  donc^  et  dans 
le  cours  de  l'année  suivante  on  le  voit  approvision- 
ner la  place  de  munitions  et  de  vivres.  Quant  à  Cher- 
bourg, le  jeune  roi  de  Navarre,  fils  de  Charles  le 
Mauvais,  le  redemandant  selon  son  droit,  Richard  ne 
chercha  point  à  éluder  la  demande  :  le  roi  de  Navarre 
produisait  l'acte  par  lequel  les  trois  oncles  du  roi,  et 
avec  eux  les  comtes  d'Arundel,  de  Warwick,  de  Staf- 
ford  et  de  Salisbury  s'étaient  engagés,  sous  peine  de 
parjure,  à  restituer  la  place  sur  toute  réquisition, 
contre  le  remboursement  de  la  somme  prêtée.  Le  roi 
reconnut  la  validité  du  titre;  il  le  vise  dans  les  pou- 
voirs qu'il  donne  à  ses  commissaires,  pour  reprendre 
Cherbourg  des  mains  du  gouverneur  et  le  livrer  aux 
commissaires  du  roi  de  Navarre.  De  quel  droit  les 
ennemis  plus  ou  moins  avoués  de  la  paix,  Glocesler, 
Warwick  et  Arundel,  auraient-ils  pu  lui  faire  un 
crime  d'avoir  acquitté  leur  propre  obligation  (a)  ? 

L'acte  venait  de  se  consommer  par  la  remise  de  la 
place  et  la  quittance  de  la  somme  rendue  (2  janvier 
1304),  quand  se  réunit  le  parlement  (27  janvier). 


72  LIVRE  SEPTIÈME.  [1394] 

Ce  parlement  montra,  par  un  incident  grave,  com- 
bien était  forte  alors  la  position  du  jeune  roi ,  et 
comme  il  était  supérieur  à  tous  ceux  qui  Tavaienl 
voulu  supplanter.  Le  comte  d'Arundel,  l'un  des  cinq 
appelants,  Tun  des  trois  premiers  meneurs  des  évé- 
nements de  Tan  x  et  de  l'an  xi,  parut  tout  à  coup 
pris  d'un  zèle  jaloux  pour  l'honneur  et  la  dignité  de 
la  couronne.  Il  accusa  le  duc  de  Lancastre  de  man- 
quer à  ce  qu'il  devait  au  souverain,  et  d'en  affecter 
lui-même  les  allures  :  de  se  promener  avec  Richard 
en  lui  prenant  le  bras;  d'avoir  amené  le  roi  à  porter 
ses  insignes  et  à  faire  prendre  à  ses  gens  la  livrée  de 
Lancastre  et  de  Guyenne;  de  tenir  au  parlement  et 
dans  le  conseil  des  paroles  «  si  grosses  et  âpres,  » 
qu'il  ôtait  et  à  lui  et  aux  autres  toute  liberté  de  ré- 
plique. Il  ajoutait  d'autres  griefs  :  le  duché  de  Guyenne 
donné  au  duc  au  détriment  du  roi  ;  les  sommes  qu'il 
avait  reçues  pour  son  expédition  d'Espagne  ;  les  né- 
gociations de  France  (a). 

Le  roi  prit  lui-même  la  défense  de  l'accusé.  Il  dit  que 
s'il  se  promenait  au  bras  de  Lancastre,  il  ne  traitait 
pas  moin  s  familièrement  ses  autres  oncles  en  l'absence 
du  premier;  que  c'était  lui-même  qui,  au  temps  où  le 
duc  revint  d'Espagne,  lui  prit  au  cou  son  collier  pour 
le  mettre  au  sien,  et  qu'il  le  voulait  porter  en  signe 
d'affection,  comme  il  fait  des  insignes  de  ses  autres 
oncles;  que  le  langage  du  prince  au  conseil  ne  devait 
ôter  à  personne  la  faculté  d'exprimer  librement  son 
opinion;  que  le  duché  de  Guyenne  lui  avait  été  donné 


;i394]  TA  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  '  73 

de  l'avis  du  parlement;  qu'il  en  était  de  même  de 
l'argent  alloué  à  l'expédition  d'Espagne,  et  que  le 
trésor,  loin  d'avoir  rien  à  lui  réclamer,  serait  plutôt 
son  débiteur  pour  le  ravitaillement  du  château  de 
Brest,  si  les  comptes  n'en  avaient  été  compensés. 
Quant  aux  négociations  de  France,  il  n'avait  rien 
fait  que  de  l'aveu  du  roi  et  du  conseil,  dont  le  comte 
d'Arundel  lui-même  était  membre;  d'ailleurs  rien 
n'était  fait,  et  Pon  était  libre  de  laisser  là  ce  qui  avait 
été  commencé. 

Richard  fit  juge  le  parlement  de  ces  explications, 
qui  parurent  décisives;  et  le  comte  d'Arundel, 
n'ayant  rien  de  plus  à  alléguer,  le  roi,  de  l'avis  des 
lords,  le  condamna  à  faire  ses  excuses  au  duc  de 
Lancastre*. 

Cette  querelle  apaisée,  le  roi  soumit  au  parlement 
diverses  mesures  qui  se  rattachaient  au  double  objet 
présenté  par  l'archevêque  d'York,  chancelier,  dans 
son  discours  d'.ouverture  :  la  paix  au  dedans,  la  paix 
au  dehors.  La  ville  de  Londres  n'avait  pas  encore  été 
remise  en  possession  de  tous  les  droits  dont  elle 
avait  été  privée  en  punition  de  ses  désordres  :  les 
ducs  d'York  et  de  Glocester,  chargés  de  faire  enquête 
avec  les  autres  juges,  avaient  décidé  qu'on  lui  appli- 
querait les  peines  portées  au  statut  de  la  vingt-hui- 
tième année  d'Edouard  lil  :  pour  la  première  fois, 
1000  marcs  d'amende;  pour  la  seconde  fois,  2000 

1.  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  313.  Les  excuses  sont  données  en  anglais. 


74  LIVRE  SEPTIÈME.  [1394] 

marcs;  et,  pour  la  troisième,  perte  des  libertés.  Or, 
la  ville  n'en  était  pas  à  son  premier  délit;  mais  le 
roi,  à  la  prière  de  la  reine,  avait  promis  de  lui  rendre 
ses  franchises.  Toutefois,  avant  de  le  faire  comme 
une  pétition  du  maire  l'en  suppliait,  il  modifia  sur 
un  point  important  sa  constitution.  Les  aldermen  sor- 
taient de  charge  tous  les  ans  à  la  Saint-Georges,  et 
ne  pouvaient  être  réélus.  Le  roi  trouva  cette  mesure 
dommageable  à  la  bonne  administration  de  la  ville, 
et,  de  l'avis  de  son  conseil,  il  ordonna  en  parlement 
qu'ils  demeureraient  en  place  jusqu'à  ce  qu'ils  fus- 
sent révoqués  pour  juste  cause.  Mais  en  même  temps 
il  interprétait  le  décret  d'Edouard  lll  en  faveur  de 
l'administration  municipale,  et  déclarait  que  les  er- 
reurs de  justice  ne  rentreraient  point  dans  les  cas 
prévus  par  le  statut  (a). 

Diverses  autres  mesures  furent  arrêtées  encore 
pour  le  régime  intérieur  du  pays  et  le  développement 
de  son  commerce;  mais  en  ce  qui  touchait  la  prospé- 
rité de  l'Angleterre,  la  grande  question  était  celle  du 
dehors  :  la  question  de  la  paix.  La  paix  devait  coûter 
surtout  au  roi.  Il  lui  fallait  abdiquer  son  titre  de  roi 
de  France  ;  il  fallait  prêter  hommage  à  celui  qu'il 
n'avait  jamais  appelé  que  du  nom  d'Adversaire  de 
France,  s'il  voulait  garder  ce  qu'il  avait  encore  sur 
le  continent  :  car  on  ne  pouvait  se  flatter  que  Charles  VI 
cédât  autrement  qu'à  titre  de  fief  ce  que  le  roi  d'An- 
gleterre retenait  de  la  Guyenne.  Le  roi  était  résolu  au 
sacrifice,  pourvu  qu'il  fût  agréé  du  parlement,  et  que 


[1394]  LA  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  75 

nul  n'eût  le  droit  d'ajouter  à  ce  qu'il  en  devait  souf- 
frir le  reproche  de  l'avoir  souffert.  Il  posa  donc  la 
question  aux  lords,  qui  donnèrent  leur  assentiment 
à  la  paix,  pourvu  que  le  roi  se  bornât  au  simple 
hommage  et  non  à  l'hommage  lige,  gardant  ainsi  la 
liberté  de  sa  personne  et  de  son  royaume  d'Angle- 
terre. Après  les  lords,  les  communes  furent  consul- 
tées. Cette  fois  encore  elles  eussent  préféré  ne  pas 
l'être  !  c'est  une  faveur  dont  elles  sentaient  trop  l'a- 
mertume, quand  il  fallait  donner  les  mains  à  une  chose 
commandée  par  l'intérêt  du  pays,  mais  repoussée 
par  son  orgueil.  J.  Bussy  qui  paraît  pour  la  première 
fois  dans  ce  parlement  comme  orateur  des  commu- 
nes, vint  enfin  apporter  leur  réponse  écrite  :  garantie 
qu'il  avait  voulue  sans  doute  pour  lui-même,  k  Trois 
choses,  disaient  les  communes,  étaient  traitées  dans 
les  conventions  projetées  entre  les  deux  couronnes  : 
hommage  lige,  souveraineté  et  ressort  :  c  était  ma- 
tière trop  haute  et  sur  laquelle  elles  n  osaient  point 
donner  conseil;  et  d'ailleurs  elles  en  étaient  dispen- 
sées, puisque  rien  n'était  encore  résolu  et  qu'on  ne 
savait  ce  qui  le  serait.  Mais  les  seigneurs  spirituels 
et  temporels,  les  jugrs,  chevaliers  et  autres  nobles  du 
royaume,  considérant  létat  du  pays,  ont  consenti 
que  le  roi  fît  hommage  pour  les  terres  de  (juycime, 
sous  la  réserve  qu'il  y  gardât  [)our  lui,  pour  ses  sujets 
et  toutes  leurs  possessions  les  mêmes  franchises  que 
ses  ancêtres  ,  et  que  si  la  paix  était  enfreinte  de  quel- 
(|ue  manière,  les  choses  fussent  remises  en  leur  pre- 


76  LIVRE  SEPTIÈME.  [1394] 

mier  étal.  Puisque  le  roi  et  les  seigneurs  a  considé- 
«  rant  si  tendrement  l'état  du  royaume,  »  ont  jugé 
que  la  paix  ainsi  faite  était  pour  le  mieux,  les  com- 
munes, comme  obéissantes,  prenant  en  considéra- 
tion le  consentement  du  roi,  des  seigneurs^  chevaliers 
et  juges^  consentaient,  pour  avoir  bonne  paix,  au 
traité  proposé  (a).  » 

En  même  temps  elles  accordaient  au  roi  le  subside 
dont  il  avait  besoin  :  et  une  particularité  relevée  par 
l'acte  même  de  cet  octroi,  montre  combien  le  gou- 
vernement de  Richard  respectait  sur  ce  point  délicat 
les  libertés  du  pays.  Le  parlement  tenu  à  Winchester 
l'année  précédente  avait  voté  3  sous  par  tonne  et 
12  d.  par  livre,  en  réduisant  les  droits  de  moitié  si 
certaines  conditions  n'étaient  pas  remplies.  Or  il  y 
avait  eu  quelques  difficultés  sur  ce  propos;  le  parle- 
ment seul  parut  avoir  caractère  pour  les  résoudre; 
on  s'était  donc  borné  à  des  mesures  provisoires  :  pro- 
visoirement la  moitié  du  subside  avait  été  non  point 
payée^  mais  ajournée,  les  débiteurs  donnant  cau- 
tion. Le  parlement  trouva  qu'on  avait  bien  fait  de 
ne  point  payer;  mais  prenant  en  considération  l'état 
du  royaume,  il  accorda  le  supplément  de  subside,  à 
condition  que  si  la  paix  était  faite,  quinze  jours  après 
on  cessât  de  le  percevoir;  et  le  demi-quinzième,  voté 
par  le  dernier  parlement  exclusivement  pour  la 
guerre,  fut  mis  à  la  disposition  du  roi  pour  les  be- 
soins du  pays  (a). 

Le  parlement  fini ,  Richard  ,   autorisé  des    lords 


ri394^  LA  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  77 

et  des  communes,  reprit  les  négociations  avec  la 
France.  Les  ducs  de  Lancastre  et  de  Glocester  re- 
passèrent la  mer  avec  une  nombreuse  compagnie; 
des  sauf-conduits  furent  envoyés  aux  ducs  de  Berri  et 
de  Bourgogne  et  à  huit  cents  personnes  de  leur  suite. 
Jamais  jusque-là  on  n'avait  déployé  tant  d'appareil 
dans  ces  rencontres;  il  semblait  que  cette  fois  c'est 
la  paix  même  qui  en  dût  sortir.  Mais  si  loin  que  le 
parlement  eût  cru  porter  les  concessions  en  autori- 
sant le  roi  à  faire  hommage  pour  la  Guyenne,  il  n'al- 
lait pas,  et  Richard  n'avait  pas  la  volonté  d'aller  lui- 
même  jusqu'où  la  France  prétendait  les  conduire 
avant  de  sceller  par  un  traité  définitif  la  réconciliation 
des  deux  pays  :  car,  comme  Jeanne  d'Arc  le  dira  plus 
tard,  a  il  n'y  avait  de  paix  avec  eux  qu'en  les  bou- 
tant hors  de  toute  France.  »  Et  ce  sentiment  national 
éclate,  à  propos  même  de  ces  négociations,  dans  une 
chanson  du  terîips  et  dans  le  refrain  qui  en  résume 
la  pensée  : 

tt  Paix  n'arez  jà,  s'ilzne  rendent  Galaysl  » 

Il  fallut  donc,  cette  fois  encore,  laisser  de  côté  ces 
projets  élaborés  et  s'en  tenir  à  une  prorogation  de  la 
trêve.  On  la  prorogea  de  la  Saint-Michel  de  l'année 
courante,  terme  où  elle  finissait,  à  la  Saint-Michel  de 
l'an  1398;  c'étaient  encore  quatre  années  nouvelles 
retranchées  à  la  lutte  des  deux  peuples,  en  tout  presque 
dix  ans.  De  part  et  d'autre  les  deux  rois  comprenaient 
leurs  alliés  dansle  traité,  à  la  seule  conditions  (|u'ils 


78  LIVRE  SEPTIÈME.  [1394] 

lissent  serment  d'en  observer  les  articles.  Le  roi  de 
France  stipulait  pour  l'Ecosse,  laCastille,  l'Aragon,  la 
Navarre,  la  duchesse  de  Brabant;  le  roi  d'Angleterre 
pour  le  roi  de  Portugal,  le  duc  de  Gueldre  ;  et  de  plus 
l'un  et  l'autre  en  même  temps  pour  des  puissances 
dont  ils  revendiquaieut  Palliance  à  titre  égal  :  le  roi 
des  Romains,  le  doge  et  la  commune  de  Gênes,  voire 
même  pour  des  principautés  revendiquées  par  des 
sujets  ou  des  alliés  de  l'un  ou  de  l'autre,  comme  l'île 
de  Man,  que  le  roi  d'Angleterre  patronnait  au  nom  de 
W.  le  Scrop,  son  chambellan,  et  la  France  au  nom 
d'un  seigneur  écossais  (a). 


IV 


LA   CAMPAGNE   D  IRLANDE. 

Cette  trêve  donnait  à  Richard  loisir  et  sécurité.  H 
en  voulut  user  pour  régler  les  relations  de  l'Angle- 
terre avec  les  deux  pays  où  il  sentait  qu'il  importait 
le  plus  d'affermir  son  influence  et  sa  domination  . 
l'Ecosse  et  l'Irlande. 

L'Ecosse  était  comprise  dans  la  trêve  récemment 
signée.  Des  ambassades  furent  échangées  à  ce  sujet; 
il  y  eut  même  promesse  de  mariage  entre  les  deux 
familles  royales.  Néanmoins,  on  le  savait  par  expé- 
rience, les  traités  ne  liaient  guère  l'Ecosse  :   «  Car 


[1394J  LA  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  79 

Escots  sont  maudites  gens,  et  ne  tiennent  trêves  ni 
répit  fors  quand  ils  veulent.  »  De  ce  côté  la  grande 
question  de  la  paix  était  toujours  en  France  :  sans  la 
France,  l'Ecosse  pouvait  être  un  très  incommode  voi- 
sinage :  elle  n'était  point  un  vrai  péril.  Il  suffit  donc 
de  suivre  de  près  les  négociations  entamées,  et  de 
tenir  des  forces  à  la  frontière  pour  la  garder  à  tout 
hasard.  Quant  à  l'Irlande,  pays  conquis,  il  n'appar- 
tenait vraiment  que  de  nom  à  la  couronne.  Richard 
en  avait  bien  fait  jadis  un  marquisat  de  Dublin,  un 
duché  même,  et  l'on  avait  dit  qu*il  en  voulait  faire  un 
royaume  pour  son  favori  le  comte  d'Oxford,  au  grand 
scandale  de  ses  ennemis,  qui  Taccusaient  d'aliéner  le 
domaine  royal  ;  mais  le  comte  d'Oxford  eût  été  bien 
misérable,  s'il  n'avait  reçu  du  roi  d'autre  don.  L'Ir- 
lande, si  l'on  excepte  Dublin,  était  toujours  à  con- 
quérir. «  Or  l'Irlande,  disait  un  Anglais,  qui  la  con- 
naissait bien,  à  Froissart  quand  ,  en  ce  temps-là 
même,  il  vint  en  Angleterre,  est  un  des  malaisés  pays 
du  monde  à  guerroyer  et  à  soumettre.  »  Ses  forêts, 
ses  marais,  ses  tourbières,  offraient  un  impénétrable 
asile  à  des  gens  qui  s'y  trouvaient  à  l'aise,  vivant 
comme  bêtes  sauvages  dans  des  trous  ou  dans  les 
buissons.  C'était  un  ennemi  insaisissable,  et  à  qui  il 
était  difficile  d'échapper  quand  on  s'aventurait  dans 
ce  labyrinthe  de  bois  et  de  marécages  :  car  ils  savaient 
se  réunir  par  chemins  connus  d'eux  seuls,  fondre  à 
l'improviste  sur  leur  adversaire  dévoyé.  Nul  ne  les 
devançait  à  la  course,  si  bien  monté  qu'il  fut;  ilssau- 


80  LIVRE  SEPTIÈME.  [1394] 

talent  sur  le  cheval  derrière  le  cavalier,  embrassaient 
l'homme,  Fétreignaient,  et,  le  jetant  à  bas,  le  tuaient 
de  leurs  larges  couteaux  :  «  Et  ne  tiennent  point  un 
homme  pour  mort  jusques  à  temps  qu'ils  lui  ont 
coupé  la  gorge  comme  à  un  mouton;  et  lui  ouvrent  le 
ventre  et  en  prennent  le  cœur  et  l'emportent.  »  On 
disait  même  qu'ils  le  mangeaient  (a)  î 

Voilà  quelle  sorte  de  sujets  Richard  avait  voulu 
donner  à  son  favori!  Les  Anglo-Normands,  que  le  con- 
quérant Henri  II  avait  jadis  introduits  en  Irlande,  ne 
s'y  trouvaient  plus  guère  à  l'état  de  race  pure  qu'à 
Dublin  :  marchands  ou  soldats',  entretenus  dans  le 
pays  par  les  relations  ordinaires  de  l'Angleterre  avec 
sa  conquête.  Partout  ailleurs  ils  s'étaient  alliés  aux 
indigènes,  et  leurs  descendants,  établis  généralement 
le  long  des  rivages,  dans  un  cercle  dit  «  l'enclos  an- 
glais, english  pale ,  »  y  faisaient  une  race  fort  peu 
amie  de  la  race  pure  :  on  les  appelait  les  Irlandais 
rebelles;  ou  bien  ils  avaient  laissé  la  place  (et  c'était 
de  beaucoup  la  plus  grande)  aux  anciens  habitants, 
aux  Irlandais  sauvages^  comme  on  disait.  Pour  ces 
derniers,  les  hommes  de  la  frontière  en  faisaient  le 
plus  triste  tableau.  Ils  avouaient  qu'ils  n'avaient  pu 
apprendre  «  ni  la  manière  du  pays,  ni  la  condition 
des  Irlandais,  »  si  ce  n'est  que  c'é  aient  «  très-dures 
gens,  rudes  et  hautains,  »  ne  faisant  compte  «  de 
nulle  joliveté  ni  de  nul  gentilhomme  :  car  quoique 
leur  pays  soit  gouverné  souverainement  par  rois, 
doKt  il  y  a  grand  foison  en  Irlande,  si  ne  veulent-ils 


[1394]  LA  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  81 

avoir  nulle  connoissance  de. gentillesse,  mais  veulent 
demeurer  en  leur  rudesse,  et  en  ce  sont-ils  nourris.  >; 
Avec  eux  l'état  de  guerre  était  permanent  :  ils  étaient 
hors  la  loi;  et  si  on  leur  donnait  le  nom  de  sauvages, 
on  les  traitait  à  peine  comme  des  hommes.  «  Notre 
loi,  disait  John  Davis,  ni  ne  protège  leur  vie,  ni  ne 
venge  leur  mort.  «  C'était  pis  que  la  loi  des  Douze 
Tables  :  Adversus  hostem  œterna  auctoritas  esto  (a). 
Richard,  qu'on  avait  tant  accusé  d'aliéner  un  pays 
dont  au  fond  l'Angleterre  ne  possédait  presque  rien, 
voulut  y  passer  en  force.  Il  était  temps,  s'il  voulait 
ne  pas  perdre  le  peu  qu'elle  y  eût.  A  la  mort  d'Ed- 
mond Mortimer  (1382),  Roger  son  fils,  nommé  à  sa 
place  lieutenant  d'Irlande,  n'était  qu'un  enfant;  et 
après  la  nomination  de  Robert  de  Yère  aux  titres 
que  l'on  a  vus,  les  troubles  de  la  onzième  année  (1 387) 
ayant  fait  avorter  Texpédition  projetée  en  sa  faveur, 
le  désordre  était  devenu  extrême.  Les  Irlandais  jadis 
soumis  étaient  en  révolte,  et  prêts  à  se  confondre  avec 
les  Irlandais  sauvages.  C'est  vers  l'Irlande  que  Richard 
avait  porté  les  yeux,  quand  il  négociait  avec  la  France 
et  l'Ecosse;  et  le  parlement  y  songeait  aussi  en  lui 
votant  un  subside  de  guerre.  La  trêve  avec  la  France 
à  peine  signée,  et  tandis  que  des  messagers  allaient  y 
inviter  l'Ecosse,  le  roi  ordonna  à  tous  les  Irlandais 
d'origine  anglaise,  revenus  en  Angleterre,  de  retour- 
ner dans  leur  pays  pour  l'y  attendre;  et  il  s'apprêtait 
à  partir;  quand  mourut  la  reine  Anne  (7  juin),  celte 
jeune  princesse  qu'il  avait  tant  aimée,  qui  ne  le  quit- 

ri—  6 


82  LIVRE  SEPTIÈME.  [1394] 

tait  jamais  dans  ses  voyages,  qui  fit  le  charme  et  qui 
demeure  la  défense  de  sa  vie  contre  les  calomnies  de 
l'histoire.  Toute  l'Angleterre  la  pleura  pour  ses  grâces 
et  pour  ses  bienfaits.  Quant  à  Richard,  sa  douleur 
fut  extrême.  Le  château  de  Sheen,  où  la  reine  était 
morte  (où  était  mort  aussi  Edouard  III),  il  le  fît 
détruire,  et  pendant  toute  une  année  il  fuyait  les 
lieux  qui  lui  rappelaient  sa  présence,  excepté  l'église. 
Cet  événement,  qui  suspendit  son  départ,  ne  pouvait 
donc  pas  l'empêcher  ni  même  le  retarder  longtemps  : 
la  campagne  projetée  devenait  pour  lui  comme  un 
refuge  dans  sa  peine  et  un  moyen  de  s'arracher,  s'il 
était  possible,  à  ses  cruels  souvenirs.  Il  fit  partir  le 
duc  de  Lancastre  pour  l'AquitainC;,  et  vers  la  Saint- 
Michel,  laissant  le  duc  d'York  pour  son  lieutenant  en 
Angleterre,  il  se  rendit  lui-même  en  Irlande,  emme- 
nant avec  lui  son  troisième  oncle,  le  duc  de  Glo- 
cester  (a). 

Le  passage  se  fit  par  trois  ports,  et  dura  un  mois. 
Les  Anglais  trouvaient  en  Irlande,  comme  avant- 
garde,  le  comte  d'Ormond,  autour  duquel  se  ral- 
liaient les  familles  anglo-normandes,  introduites  à 
Dublin  et  aux  environs  par  la  conquête.  Le  débarque- 
ment n'offrait  donc  aucun  péril,  et  ils  surent,  dès  leur 
arrivée,  prendre  leurs  logis  et  se  pourvoir  :  «  Car  les 
Anglais  sont  gens  tous  faits  de  la  guerre,  qui  bien 
savent  fourrager  et  prendre  l'avantage,  et  penser 
d'eux  et  de  leurs  chevaux  quand  métier  est.  »  Les 
plus  dévots  ou  les  plus  curieux  allèrent  visiter  le  trou 


[1394]  LA  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  83 

Saint-Patrick,  et  l'un  d'eux  dit  à  Froissart  qu'il  y 
avait  eu  en  rêve  les  visions  les  plus  étranges;  mais 
au  sortir  de  là  (quelle  déception  pour  le  chroniqueur!) 
il  avait  tout  oublié.  Malgré  ce  déploiement  de  forces, 
et  peut-être  grâce  à  cela,  il  n'y  eut  point  de  bataille. 
Le  roi,  sa  marine  aidant,  enveloppa  en  quelque 
sorte  l'Irlande  de  ses  troupes;  il  ébranla  dans  leurs 
résolutions,  en  interceptant  tout  arrivage,  ceux  qui 
vivant  sur  les  frontières  d'Angleterre,  étaient  plus 
anglais,  et  usaient  de  marchandise;  et  quant  aux 
autres,  qui  ne  savaient  ni  ne  voulaient  savoir  ce 
qu'était  marchandise,  «  vivant  rudement  et  grosse- 
ment,  pareillement  comme  bêtes,  »  il  les  étonna  par 
ce  grand  appareil.  Jamais ,  même  au  joiir  de  la  con- 
quête, semblable  armée  n'avait  paru  en  Irlande.  De 
plus,  sachant  que  les  Irlandais,  peut-être  en  haine 
des  conquérants  normands,  avaient  en  vénération 
Edouard  le  Confesseur,  Richard  laissa  les  armes  d'An- 
gleterre, les  léopards  et  les  fleurs  de  lis,  pour  prendre 
celles  du  saint  roi  anglo-saxon,  la  croix  d'or  et  les 
blanches  colombes.  Les  Irlandais  en  furent  touchés,  et 
le  comte  d'Ormond  fit  si  bien  que  quatre  des  princi- 
paux rois  du  pays  vinrent  à  Dublin  se  soumettre. 
Richard,  convaincu  que  le  plus  sûr  moyen  de  s'atta- 
cher l'Irlande  était  de  la  civiliser,  voulut  commencer 
*  par  ces  rois,  et  entreprit  leur  éducation  (a). 

On  choisit  pour  la  diriger  un  chevalier  nommé 
Henri  Grystède  (Cristall),  formé  lui-même  à  la 
langue  et  aux  habitudes  du  paiys,  par  suite  de  la  plus 


84  LIVRE  SEPTIÈME.  [1394] 

étrange  aventure;  et  c'est  lui-même  qui  en  fit  le  récit 
à  Froissart.  Un  jour  qu'il  accompagnait  le  comte 
d'Ormond  dans  une  de  ses  courses  contre  les  indi- 
gènes, et  leur  donnait  la  chasse,  monté  sur  un  de  ses 
chevaux  les  plus  vifs,  le  cheval  l'ayant  emporté  trop 
avant,  l'un  des  Irlandais  lui  sauta  en  croupe,  à  la 
manière  que  l'on  a  vue,  Tétreignit  dans  ses  bras, 
mais  ne  le  frappa  ni  de  lance  ni  de  couteau,  et  ne 
songea  point  davantage  à  lui  prendre  et  manger  le 
cœur.  Il  se  contenta  de  pousser  le  cheval  droit  devant 
lui,  mena  le  prisonnier  en  sa  maison  oij  il  lui  donna 
sa  fille  en  mariage.  Crystède  en  eut  deux  filles  et 
vécut  sept  ans  chez  son  beau-père.  Il  y  serait  demeuré 
davantage,  si  ce  dernier  n'eût  été  pris  dans  une 
guerre  contre  les  Anglais  avec  le  cheval  dont  il  avait 
jadis  fait  la  capture.  Le  cheval  reconnu  mit  sur  la 
trace  du  chevalier  captif;  et  l'Irlandais  ne  recouvra  la 
liberté  qu'en  la  rendant  à  son  gendre.  La  femme 
suivit  son  mari  en  Angleterre  avec  l'une  de  ses  deux 
filles;  l'autre  demeura  près  du  vieillard*. 

Ce  fut  ce  chevalier  que  l'on  chargea  de  «  gouverner, 
conduire  et  ramener  à  raison  et  à  l'usage  d'Angle- 
terre »  les  quatre  rois  d'Irlande;  et  la  besogne  n'était 
point  petite:  car,  dit  le  chevalier  «  je  les  trouvai  très- 
rudes  et  de  gros  engin ,  et  eus  grand  peine  à  les 
adoucir  et  modérer  leur  parole  et  nature,  et  toutefois 
si  elle  est  en  aucune  chose  brisée,  ce  n'est  pas  gran- 

1.  Froissart,  IV,  42. 


[1394]  LA  MAJORITE  DE  RICHARD.  85 

dément;  encore  se  retraient  ils  toujours  en  plusieurs 
cas  à  leur  rudesse  '. 

Le  roi  d'Angleterre  voulait  en  faire  des  chevaliers 
et  leur  en  donner  les  manières.  On  avait  disposé  à  Du- 
blin un  grand  et  fort  bel  hôtel  pour  eux  et  pour  leurs 
gens;  et  ce  fut  là  que  Crystède  commença  leur  ap- 
prentissage. Il  fut  trois  ou  quatre  jours  dans  leur  com- 
pagnie, les  observant  afin  de  les  connaître  et  ne  fai- 
sant rien  que  selon  leur  volonté  :  «  Et  je  vis,  dit-il, 
à  ces  rois  séans  à  table  faire  contenances  qui  ne  me 
sembloient  ni  belles  ni  bonnes;  et  dis  en  moi-même 
que  je  leur  ôterois.  Quand  les  rois  étoient  assis  à 
table  et  servis  du  premier  mets,  ils  faisoient  seoir 
devant  eux  leurs  ménestrels  et  leurs  plus  prochains 
varlets,  et  manger  à  leur  écuelle,  et  boire  à  leurs 
hanaps;  et  me  disoient  que  tel  étoit  Tusage  du  pays  : 
réservé  le  lit,  ils  étoient  tous  communs.  Je  leur 
souffris  tout  ce  faire  trois  jours,  et  au  quatrième  jour 
je  fis  ordonner  tables,  et  couvrir  en  la  salle ,  ainsi 
comme  il  appartenoit;  et  fis  les  quatre  rois  seoir  à 
haute  table,  et  les  ménestrels  à  une  table  bien  en  sus 
d'eux,  et  les  varlets  d'autre  part;  dont  par  semblant 
ils  furent  tout  courroucés.  Et  regardoient  l'un  sur 
l'autre,  et  ne  vouloient  manger;  et  disoient  que  on 
leur  ôtoit  leur  bon  usage  auquel  ils  avoient  été 
nourris.  Je  leur  répondis,  tout  en  riant  pour  eux 
apaiser,  que  leur  état  n'étoit  point  raisonnable  à  être 

1.  Froissart,  IV,  k2. 


86  LIVRE  SEPTIÈME.  [1394] 

ainsi  comme  au  devant  ils  l'avoient  fait;  et  qu'il  leur 
convenoit  laisser  et  eux  mettre  à  Tusage  d'Angleterre, 
car  de  ce  faire  j'en  étois  chargé,  et  me  l'avoit  le  roi 
et  son  conseil  baillé  par  ordonnance*.  » 

Une  autre  chose  qui  scandalisait  le  chevalier  et  à 
quoi  il  chercha  aussi  remède,  c'est  qu'ils  ne  portaient 
nulles  brayes  (culottes).  11  leur  en  fît  faire,  ainsi  que 
houppelandes  et  vêtements  de  toutes  sortes,  qu'il 
leur  distribua  à  eux  et  à  leurs  gens;  mais  le  difficile 
était  de  les  en  revêtir,  eux  qui  se  trouvaient  suffisam- 
ment parés  d'un  grossier  manteau,  «  et chevauchoient 
sur  bâts  dont  on  fait  sommiers,  sans  nuls  étriers.  — 
A  grand  dur  (peine),  ajoutait  Crystède,  je  les  fis 
chevaucher  sur  selles  à  notre  usage  ^  » 

Ils  étaient  donc  loin  de  pouvoir  faire  des  chevaliers 
accomplis;  mais  quand  on  leur  parla  de  le  devenir, 
ils  répondirent  qu'ils  l'étaient  déjà  ;  que  tout  roi 
d'Irlande  fait  son  fils  chevalier  dès  l'âge  de  sept  ans; 
qu'à  cet  âge  l'enfant  est  armé  de  lances  faites  pour 
sa  taille,  et  qu'il  doit  s'essayer  à  les  rompre  contre 
un  écu  attaché  à  un  pieu  dans  la  prairie  :  «  Et  comme 
plus  il  brisera  de  lances,  tant  sera-t-il  plus  honoré.  » 
Mais  on  leur  fit  comprendre  que  la  chevalerie  s'en- 
tendait en  Angleterre  d'autre  façon  ;  qu'elle  se  con- 
férait dans  l'Église  (le  chevalier-précepteur  s'était 
enquis  de  leur  foi,  et  les  avait  trouvés  sur  la  Trinité 
et  sur  le  pape  aussi  forts  que   lui-même);    et   le 

1.  Froissait,  IV,  42. 

2.  Ibid. 


[1394]  LA  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  87 

comte  d^Ormond,  qui  parlait  aussi  leur  langue,  s'y  prit 
de  telle  sorte  qu'illes  sut  faire  consentir  à  la  cérémonie. 
On  les  mena  à  la  cathédrale  de  Dublin,  et  après  la 
veillée  d'armes,  le  jour  de  l'Annonciation,  ils  reçu- 
rent en  grande  pompe  la  chevalerie  de  la  main  du 
roi  Richard.  Le  plus  curieux  de  la  cérémonie,  c'étaient 
assurément  ces  quatre  rois,  demi-sauvages,  dans  leur 
nouvel  et  riche  accoutrement;  Froissart  ne  se  console 
pas  d'être  arrivé  trop  tard  pour  assister  à  ce  spectacle  \ 

Ce  succè»  de  Richard  avait  fait  une  heureuse  im- 
pression en  Angleterre.  Le  conseil  lui  en  adressa  ses 
félicitations,  et  le  parlement  fut  bientôt  mis  en  de- 
meure lui-même  de  lui  témoigner  les  sentiments  du 
pays  par  ses  votes.  L'expédition  avait  coûté  beaucoup 
d'argent,  et  il  y  fallait  pourvoir.  Le  roi  avait  eu  la 
pensée  de  réunir  l'assemblée  à  Nottingham.  Sur  la 
demande  du  conseil,  qui  lui  représentait  que  les  sei- 
gneurs et  le  peuple  seraient  mieux  disposés  à  l'aider 
s'il  les  convoquait  en  un  lieu  plus  commode,  il  fit 
adresser,  selon  la  coutume,  les  convocations  pour 
Westminster.  Le  duc  d'York  était  chargé  de  l'y  re- 
présenter, et  le  duc  de  Glocester  fut  envoyé  d'Irlande 
pour  exposer  les  besoins  du  roi,  ses  efforts,  ses  espé- 
rances. Le  roi  pouvait-il  mieux  marquer  sa  confiance 
en  son  oncle,  et  sa  sécurité*? 

Rien,  en  effet,  ne  la  devait  troubler  en  ce  qui  tou- 
chait le  parlement  (27  janvier  1395).  Le  chancelier 

1.  Froissart,  IV,  42. 

2.  Lettres  du  conseil  au  roi  (octobre  et  novembre  1394).  Procee- 


88  LIVRE  SEPTIÈME.  [1395] 

aurait  pu  se  dispenser  de  lui  remontrer  qu'on  devait 
honorer  le  roi  pour  trois  causes  :  parce  qu'il  honorait 
Dieu  et  l'Église;  qu'il  voulait  faire  droit  et  justice  à 
tous;  qu'il  avait  toujours  été  plein  de  pitié  et  de  mi- 
séricorde, sans  esprit  de  vengeance;  et  arriver  sans 
plus  de  phrases  à  sa  conclusion  ;  qu'il  fallait  de  l'ar- 
gent. Le  parlement  n'en  refusa  point.  Le  subside  des 
laines  durant  toujours,  les  communes,  pour  honorer 
le  courage  du  roi  et  lui  donner  un  signe  de  leur  af- 
fection, lui  votèrent  un  quinzième  et  un  dixième  à 
lever  sur  les  laïques  (selon  la  distinction  ordinaire 
des  cités  ou  bourgs  et  des  campagnes),  en  deux 
termes,  à  la  Pentecôte  et  à  la  Saint-Martin;  elles  y 
faisaient  toutefois  cette  réserve,  qu'elles  n'avaient 
jamais  eu  et  ne  devaient  jamais  avoir  à  contribuer 
pour  les  guerres  d'Irlande^  et  que  ce  vote  ne  ferait 
point  précédent  (a). 

Le  parlement  faisait  cette  réserve  parce  que  l'Ir- 
lande était  regardée  comme  la  chose  du  roi  ;  et  le 
conseil  eut  une  autre  occasion  de  montrer  quels 
étaient  les  sentiments  de  la  nation  anglaise  à  l'égard 
de  ce  malheureux  peuple. 

Richard,  en  ramenant  l'Irlande  à  l'obéissance,  n'a- 
vait pas  méconnu  les  griefs  légitimes  qui  avaient  jeté 
dans  la  révolte  les  populations  jadis  soumises  à  sa 
loi.  Il  était  donc  résolu  à  user  de  beaucoup  d'indul- 
gence envers  les  rebelles,  et  à  prévenir,  par  une  ad- 

dings  and  Ordinances  of  the  privy  Council^  t.  I,  p.  50  et  62;  Parle- 
mPTit  de  la  xyiii^  année  (27  janvier  1395).  Rut.  Parl.^  t.  III,  p.  329. 


[1395]  LA  MAJORITÉ  DE  RICHARD.  89 

ministration  mieux  ordonnée,  les  causes  de  la  ré- 
volte. Il  s'en  expliqua  clairement  dans  une  lettre  au 
conseil.  Il  se  proposait  de  tenir  un  parlement  à  Du- 
blin aux  octaves  de  Pâques,  et  il  annonçait  l'inten- 
tion de  proclamer  l'amnistie,  si  toutefois  le  conseil 
l'approuvait  :  car  même  à  cette  distance,  et  quoi- 
que entouré  de  seigneurs  dont  il  prenait  l'avis,  il  ne 
voulait  rien  faire,  en  cas  si  grave,  sans  l'agrément  de 
son  conseil  ordinaire.  La  réponse  fit  bien  voir  comme 
le  jeune  roi,  par  son  esprit  d'équité,  s'élevait  au- 
dessus  des  hommes  de  son  gouvernement.  Les 
membres  du  conseil  lui  déclarent  que  leur  avis, 
quand  Glocester  leur  avait  soumis  la  question  au 
temps  du  dernier  parlement,  avait  été  de  faire  le 
procès  aux  rebelles  :  néanmoins  ils  se  rendent  aux 
raisons  que  le  roi  fait  valoir  dans  sa  lettre,  pourvu 
toutefois  qu'on  mette  à  rançon  les  amnistiés,  afin 
d'en  tirer  le  moyen  de  subvenir  à  l'administration  du 
pays  et  de  soulager  d'autant  le  peuple  d'Angleterre  (a). 
Le  roi,  du  reste^  avait  l'espoir  de  rendre  la  charge 
moins  pesante  pour  l'Angleterre  et  pour  l'Irlande 
même,  comptant  bien  qu'après  cette  démonstration 
de  ses  forces,  les  moyens  pacifiques  dont  il  essayait, 
auraient  plus  de  succès.  Mais  cela  même  se  ratta- 
chait à  des  projets  dont  il  devait  poursuivre  ailleurs 
la  réussite;  et^  dans  ce  même  temps,  il  était  rappelé 
en  Angleterre.  Le  conseil  lui  avait  écrit  pour  lui  dire 
combien  on  y  sentait  le  besoin  de  sa  présence.  Les 
Écossais  ne  paraissaient  pas  vouloir  garder  les  trêves. 


00  LIVRE  SEPTIÈME.  [1395] 

et  il  y  avait  plusieurs  autres  affaires  qu'on  se  réser- 
vait de  lui  exposer  à  son  retour.  Il  se  rendit  à  cette 
invitation.  Après  la  cérémonie  que  l'on  a  vue,  il 
confia  l'Irlande  à  son  cousin,  le  jeune  Roger  Morti- 
mer,  comte  de  la  Marche,  Théritier  de  sa  propre 
couronne,  et  revint  en  Angleterre,  où  lui-même  vou- 
lait soumettre  à  son  conseil  le  dessein  qu'il  avait 
dans     l'esprit  (mai  1395) 


1.  Lettres  du  conseil  (mi-février  1395).  Elle  est  signée  par  York, 
Derby,  Arundel,  Warwick,  Northumberland,  etc.  ;  Proceedings^  1. 1, 
p.  57-59;  —  Retour  du  roi,  Knighton,  p.  2742. 


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LIVRE   HUITIEME. 

L'ALLIANCE    FRANÇAISE. 


Ce  qui  précède  a  déjà  fait  voir  quelle  fermeté  et 
quelle  sagesse  le  jeune  roi,  rentré  en  possession  de 
sa  prérogative,  avait  apportées  au  gouvernement  du 
pays  :  le  royaume  pacifié  à  l'intérieur,  sans  aucune 
réaction  après  tant  de  violences  et  d'outrages  ;  une 
restauration  des  droits  méconnus,  sans  qu'aucun  des 
autres  leur  fût  sacrifié;  chacun  remis  et  maintenu  à 
sa  place;  le  roi  au  sommet  du  pouvoir,  ses  oncles  au 
premier  rang  dans  le  conseil  et  dans  les  dignités  ;  le 
parlement  régulièrement  réuni  pour  prendre  sa  part 
au  gouvernement  selon  la  forme  accoutumée  ;  et  l'o- 
pinion publique  ménagécî  par  une  administration 
attentive  à  recueillir  toutes  les  plaintes  légitimes, 
sans  se  laisser  aller  à  d'aveugles  entraînements. 

Depuis  six  ans  que  Richard  avait  repris  le  gou- 
vernement des  mains  de  Glocester,  il  avait  persévéré 
dans  la  ligne  de  conduite  qu'il   avait  si   nettement 


92  LIVRE  HUITIÈME,  [1391-1395] 

marquée  au  premier  parlement  de  1390.  Les  abus 
n'avaient  pas  été  déracinés  sans  aucun  doute.  Les  par- 
lements dénonçaient  bien  encore  les  prises  de  pos- 
session de  terres  à  main  armée;  les  livrées  des- 
grands  portées  par  les  gens  du  peuple  pour  s'assurer 
l'impunité,  ou  les  seigneurs  siégeant  parmi  les  juges 
dans  les  assises  pour  fausser  la  justice  ;  les  gens  de 
Chester  ou  de  Galles  rançonnant  les  marchands  qui 
traversaient  leur  pays,  ou  allant  piller  les  comtés 
voisins;  les  malfaiteurs,  devenus  libres,  faisant 
trembler  ceux  qui  avaient  déposé  contre  eux.  Ils  re- 
nouvelaient toujours  leurs  plaintes  contre  les  empié- 
tements de  la  juridiction  des  amiraux  ou  de  la  justice 
seigneuriale,  contre  les  abus  des  agents  forestiers,  ou 
des  employés  inférieurs,  soit  des  tribunaux,  soit  du 
Trésor.  Mais  les  réponses  aux  pétitions  et  les  statuts 
qui  les  sanctionnent  montrent  comme  le  roi  savait 
porter  remède  aux  maux  qui  lui  étaient  signalés.  Il 
veut  assurer,  contre  les  arrestations  arbitraires,  la 
liberté  individuelle,  comme  la  première  des  libertés 
publiques  proclamées  et  garanties  dès  l'ouverture  de 
tous  les  parlements;  ramener  dans  leurs  limites  les 
juridictions  exceptionnelles,  tout  en  gardant  sa  pré- 
rogative; affermir  l'autorité  des  juges  de  paix;  répri- 
mer les  abus  de  ses  agents,  ou  de  ceux  des  villes, 
car  les  communes  les  plus  ardentes  à  se  plaindre 
n'étaient  pas  les  plus  pures  de  tout  excès  :  la  ville  de 
Londres,  par  exemple,  prélevait  une  tête  de  bétail, 
n'y  en  eût-il  que  trois,  et  la  meilleure,  sur  les  bes- 


[1391-1395]  L'ALLIANCE   FRANÇAISE.  93 

tiaux  amenés  au  marché  de  Smithfield.  Il  vient  en 
aide  aux  vicomtes  par  la  réduction  des  charges  qui, 
en  leur  incombant,  pesaient  encore  sur  les  comtés.  Il 
dégrève^  aux  dépens  du  trésor,  les  populations  qui 
avaient  souffert  de  la  guerre.  Il  veut  relever  la  ma- 
rine par  des  privilèges  combinés  de  telle  sorte,  qu'elle 
prête  sa  force  à  l'Etat  sans  apporter  d'entraves  aux 
transactions  des  marchands;  assurer  la  libre  cir- 
culation des  rivières  par  la  destruction  des  mou- 
lins ou  batardeaux  indûment  construits  ;  étendre  le 
commerce  et  lui  créer  plus  de  facilités,  en  rendant 
effective  l'unité  des  poids  et  mesures,  déjà  décrétée 
sans  qu'on  ait"  pu  vaincre  encore  les  résistances  lo- 
cales; tempérer  la  rigueur  des  droits  existants  ;  en- 
courager les  producteurs  en  relevant,  à  l'occasion, 
le  prix  du  blé,  en  soutenant  le  prix  des  laines,  en 
favorisant  les  premiers  essais  de  Tindustrie  natio- 
nale. En  matière  de  commerce,  on  ne  peut  signaler 
qu'une  mesure  rétrograde,  et  s'il  la  prit,  ce  fut  sur  les 
instances  de  la  ville  de  Londres  et  pour  lui  complaire  : 
il  restreignit  la  liberté  qui  avait  été  assurée  aux  mar- 
chands étrangers  en  Angleterre,  en  leur  retirant  le 
droit  de  vendre  au  détail  toute  autre  chose  que  des 
vivres  (a). 

Parmi  les  questions  relatives  au  commerce  exté- 
rieur, il  en  est  une  qui  n'avait  pas  cessé  d'être  agitée, 
parce  qu'elle  mettait  aux  prises  les  plus  grands  inté- 
rêts du  pays,  je  veux  parler  de  l'étaple  ou  marché 
pour  la  vente  des  produits  de  l'Angleterre  à  l'étranger. 


94  LIVRE  HUITIÈME.  [1391-1395] 

L'étaple,  que  Michel  de  la  Pôle  avait  ramenée  de 
Calais  en  Angleterre,  avait  été  transférée  à  Middel- 
bourg  dans  l'île  de  Walcheren  (  aux  bouches  de 
l'Escaut),  comme  pour  faire  de  nouvelles  avances 
à  la  Flandre.  L'Admirable  Parlement  avait  demandé 
qu'elle  fût  reportée  à  Calais  :  il  avait  été  répondu  que 
le  conseil  verrait  s'il  convenait  de  la  rétablir  à  Calais 
ou  de  la  ramener  en  Angleterre;  et  le  statut  de  Cam- 
bridge, rendu  encore  sous  l'influence  de  Glocester, 
•avait  décidé  qu'elle  serait  fixée  à  Calais.  La  première 
chose  que  redemanda  le  parlement,  dès  que  Richard 
eut  repris  le  gouvernaif,  ce  fut  qu'on  la  rame- 
nât en  Angleterre  après  un  court  délai,  délai  qui 
n'était  point  encore  expiré  à  la  réunion  du  parle- 
ment suivant,  et  qui  fut  prorogé  d'un  mois  encore  : 
mais,  par  le  fait,  il  dura  davantage.  En  1391  (no- 
vembre) ,  on  imagina  une  sorte  de  transaction.  Il  fut 
ordonné  qu'au  lendemain  de  la  clôture  du  parlement, 
sans  autre  forme,  et  jusqu'à  la  Saint-Jean,  l'élaple 
serait  en  Angleterre  aux  heux  marqués  par  le  statut 
de  la  vingt-septième  année  d'Edouard  III  ;  les  mar- 
chands étrangers  ou  indigènes  avaient  liberté  d'a- 
cheter les  laines,  les  toisons  et  les  cuirs  aux  éleveurs 
de  brebis,  comme  aux  autres,  de  les  amener  eux- 
mêmes  aux  villes  d'étaple,  et  ensuite,  les  droits  payés, 
où  ils  voudraient  au  delà  des  mers,  à  lacharge  d'appor- 
ter en  des  lieux  déterminés  une  once  d'or  non  monnayé 
par  sac  de  laine.  Après  la  Saint- Jean,  l'étaple  devait 
être  dans  les  ports  et  les  villes  les  plus  proches  de  la 


[1391-1395]  L'ALLIANCE  FRANÇAISE.  95 

mer,  désignées  par  le  conseil;  mais  en  même  temps 
les  marchands  étaient  obligés  de  porter  les  laines 
qu'ils  y  auraient  prises^  et  le  poids  d'or  voulu  à  Ca- 
lais; et  cela  devait  durer  jusqu'au  prochain  parle- 
ment; or,  le  parlement  suivant  fut  muet  sur  la  ques- 
tion de  l'étaple.  Calais  conservait  donc  en  grande 
partie  son  privilège.  Les  marchands  de  1  Ouest, 
comme  on  disait  (Génois,  Vénitiens,  Catalans,  qui, 
remontant  la  Manche,  venaient  par  l'Ouest),  conti- 
nuaient d'en  être  exempts;  ceux  de  TEst  (France, 
"Flandre,  Allemagne)  y  trouvaient  peu  de  dommage  : 
c'est  évidemment  l'Angleterre  qui  en  souffrait  le  plus. 
Mais  la  paix  que  l'on  négociait,  commandait  qu'on  s'y 
résignât.  Si  on  ne  voulait  abandonner  Calais  aux 
Français,  il  ne  fallait  point  le  détacher  d'avance  des 
intérêts  de  l'Angleterre.  Plus  la  France  faisait  d'in- 
stances pour  recouvrer  une  ville  qui,  de  sa  nature, 
inclinait  vers  elle,  plus  il  importait  de  la  retenir  par 
quelque  grand  avantage  :  ce  qu'Edouard  III  avait  fait 
quand  il  la  prit,  ce  qu'il  avait  refait  quand,  à  la  fin 
de  son  règne,  il  craignait  de  se  la  voir  reprendre, 
Richard  était  contraint  de  le  faire  encore,  pendant 
ces  conférences  qui  se  tenaient  presque  aux  portes  de 
Calais;  et  si  quelques  intérêts  froissés  faisaient  ré- 
clamation, le  parlement  était  d'accord  avec  lui  pour 
y  fermer  l'oreille.  Calais,  en  effet,  n'était  point  pour 
les  Anglais  une  ville  comme  une  autre,  comme  Bor- 
deaux par  exemple,  qui  était  purement  et  simplement 
l'héritage  des  rois.  C'était   une  ville  conquise  par 


96  LIVRE  HUITIÈME.  flSQl-lSOô] 

Tépée,  et  le  lieu  où  se  résumait,  en  quelque  sorte^  à 
leurs  yeux,  toute  leur  domination  sur  le  continent. 
Afin  de  la  garder  plus  sûrement,  il  n'y  avait  pas  de 
trop  grand  sacrifice  :  pour  retenir  Calais  à  l'Angle- 
terre, les  Anglais,  ce  n'est  pas  trop  dire,  s'enchaî- 
naient à  Calais  (a). 

Sur  la  question  de  l'étaple,  Richard  avait  donc 
suivi  le  mouvement  de  Topinion  de  son  pays,  et  il 
obéissait  au  parlement  quand  il  reprenait  ou  rendait 
à  Calais  cet  important  privilège.  Cette  communauté 
de  sentiments  et  d'action  lui  donnait  plus  de  force 
pour  se  refuser  aux  demandes  des  communes,  sur 
des  points  où  il  les  trouvait  contraires  à  la  justice. 

Il  y  avait  toujours  en  Angleterre  comme  un  sourd 
retentissement  des  troubles  qui  avaient  agité  le  pays 
au  commencement  de  son  règne,  quand  Wicleffou  les 
disciples  de  Wicleff  prêchaient  une  doctrine  si  mena- 
çante pour  l'État  et  pour  l'Église,  et  que  les  paysans 
se  soulevaient  contre  l'ordre  établi.  Par  une  contra- 
diction dont  peut-être  elles  ne  se  doutaient  pas,  les 
communes,  tout  en  inclinant  sur  bien  des  points  vers 
les  'idées  de  Wicleff,  s'effarouchaient  des  moindres 
signes  du  réveil  des  paysans,  et  ne  songeaient  qu'à  les 
tenir  sous  le  joug.  En  janvier  1390,  on  l'a  vu,  elles 
demandaient  encore  le  maintien  dans  toute  sa  rigueur 
de  la  dure  loi  des  laboureurs  et  des  artisans,  avec 
les  aggravations  du  statut  de  Cambridge  qui  fixait  le 
taux  des  salaires;  et  le  roi  en  y  adhérant  y  mettait 
toutefois  cette  réserve  :  que  les  juges  de  paix  calcu- 


[1391-1395]  l'alliance  FRANÇAISE.  97 

leraient  les  salaires  sur  le  pri\  des  denrées  :  un  ren- 
chérissement des  vivres  eût  pu  réduire  les  ouvriers  à 
mourir  de  faim.  En  1391,  elles  demandent  qu'aucun 
vilain  ou  serf  d'évêque,  d'abbé  ou  de  prieur  ne  puisse 
prendre  terre  à  redevance  (fee) ,  prétendant  que  par 
cette  voie  les  terres  des  laïques  passaient  au  clergé, 
elles  veulent  de  plus  que  les  serfs  ne  puissent  en- 
voyer leurs  enfants  à  l'école,  de  peur  que  de  l'école 
ils  n'entrent  eux-mêmes  dans  l'Église;  et  d'autre 
part;  les  chevaliers  des  comtés  se  plaignent  que  les 
serfs  cherchent  un  refuge  dans  les  cités  et  les  bourgs, 
et  que  les  bourgeois  résistent  aux  ministres  des  sei- 
gneurs qui  veulent  les  arrêter  nonobstant  les  fran- 
chises. Ils  demandent  que  les  gens  des  seigneur? 
aient  le  droit  d'entrer  dans  les  villes  et  de  saisir 
leurs  fugitifs,  sans  que  personne  ni  que  rien  s'y 
puisse  opposer.  Sur  ce  point,  comme  sur  l'autre, 
Richard  se  refuse  à  sanctionner  le  bill.  Il  y  est  dit 
pour  toute  réponse  :  Le  roi  s'avisera  ^ 

Cette  même  réserve  qu'il  garde  en  faveur  des 
paysans,  il  en  fit  preuve  devant  les  réclamations 
qui  concernaient  l'Église. 

La  doctrine  de  Wicleff  n'avait  ému  que  par  contre- 
coup les  campagnes.  Quant  à  l'Église,  c'est  contre 
elle  qu'elle  était  ouvertement  dirigée;  et  ici  les  con- 
voitises que  le  clergé  excitait  par  l'étendue  de  ses 

1.  Rot.  Pari,  t,  III,  p.  268  §  38  (1390);  p,  294,  §  39,  et  p.  296. 
§  51  (1391). 

11  —  7 


98  LIVRE  HUITIÈME.  [1391-1395] 

domaines,  les  intérêts  même  qu'il  froissait  par  l'usage 
plus  ou  moins  mesuré  de  ses  droits,  donnaient  aux 
idées  de  Wicleff  des  partisans,  non  pas  seulement 
dans  le  peuple  et  dans  les  représentants  des  com- 
munes, mais  jusque  parmi  les  lords.  On  se  souvient 
de  l'appui  prêté  à  Wicleff  lui-même  dans  son  procès, 
par  le  duc  de  Lancastre,  sans  que  le  prince  cessât 
d'être  le  «  pieux  duc  de  Lancastre  »  pour  le  chanoine 
de  Leicester  (Knighton)^  et  même  pour  le  moine  de 
Saint- Alban  (Walsingham),  historiens  de  ce  temps- 
là.  Mais  quoi?  le  novateur  avait  des  adhérents  jusque 
dans  l'Église.  En  1387,  un  des  prédicateurs  institués 
par  le  légat  du  pape  pour  prêcher  la  croisade,  en 
faveur  de  Lancastre^  contre  les  Espagnols,  sectateurs 
de  Clément  VII,  se  mit  à  enseigner  la  doctrine  de 
Wicleff.  Les  lollards,  grâce  à  ces  éléments  pris  dans 
l'Église,  se  faisaient  une  Église.  Ils  instituaient  des 
prêtres  à  la  façon  des  évêques,  qui  liaient  et  déliaient 
ni  plus  ni  moins  que  le  pape ,  disaient  la  messe , 
administraient  les  sacrements  ;  et  les  évêques,  dit 
Walsingham  (n'oublions  pas  qui  le  dit,  car  la  pas- 
sion de   l'auteur  n'est  pas    moins   engagée  sur   ce 
chapitre  que  sur  celui  du  roi),  les  évêques  le  su- 
rent :  mais  ils  laissaient  leurs  brebis   exposées    à 
la  gueule  des  loups.    Il  n'y   eut,    ajoute-t-il,  que 
l'évêque  de  Norwich  (sit  nomen  ejus  benedictum  ! ) 
qui  fit  tête  au  fléau.  //  jtira,  et  ne  s'en  repentit  pas 
(on  sait,  en  effet,  qu'à  cet  égard  il  aurait  bien  pu  tenir 
ses  promesses),   que  si  un   de  ces  hérétiques  prê- 


[1391-1395]  L'ALLIANCE  FRANÇAISE.  99 

chait  dans  son  diocèse,  il  en  appellerait  au  feu  ou 
au  glaive  (a). 

Les  évêques  d'Angleterre,  quoi  qu'en  dise  Wal- 
singham,  n'étaient  pas  indifférents  au  progrès  des 
lollards.  L'archevêque  de  Ganterbury  les  excommunia 
cl  plusieurs  reprises  :  mais  ils  répondaient  aux  ex- 
communications en  publiant  des  propositions  nou- 
velles; et,  à  défaut  de  sermons  dans  les  églises,  ils 
faisaient  courir  des  chansons  dans  la  foule.  D'ailleurs, 
au-dessous  des  docteurs  que  l'excommunication  attei- 
gnait, il  y  avait  ces  adhérents  obscurs  qui,  quel  qu'en 
fût  le  nombre,  faisaient  masse  par  leur  union,  et 
figuraient  le  peuple  dans  les  troubles  des  cités.  La 
ville  de  Londres  eût  pu  passer  pour  gagnée  tout  en- 
tière aux  lollards,  à  voir  comme  ils  y  étaient  re- 
muants et  hardis.  En  1395,  pendant  que  le  roi  était 
en  Irlande,  ils  osèrent  afficher  sur  les  murs  de  Saint- 
Paul  de  Londres  et  de  Saint-Pierre  de  Westminster 
leurs  diatribes  contre  les  personnes  et  contre  les 
dogmes  de  l'Église,  et  envoyer  même  leurs  conclu- 
sions au  parlement.  Comptant  sur  Tappui  d'un  cer- 
tain nombre  de  seigneurs  qui  s'étaient  faits  leurs 
patrons,  Stury,  Latimer,  J.  de  Montaigu  (depuis 
comte  de  Salisbury),  ils  se  croyaient  déjà,  dit  Wal- 
singham,  à  la  veille  de  mettre  la  main  sur  les  biens 
de  l'Église.  Le  danger  parut  si  menaçant,  que  l'ar- 
chevêque d'York,  Thomas  Arundel,  et  Tévêque  de 
Londres  allèrent  en  Irlande  presser  le  roi  de  revenir 
en  Angleterre  (b). 


100  LIVRE  HUITIÈMP:.  [1391-1395] 

Mais  l'ardeur  de  la  secte  ne  se  manifestait  pas  seu- 
lement dans  ces  troubles  des  rues,  ou  par  des  pla- 
cards publics  :  elle  se  faisait  sentir  jusque  dans  le 
parlement.  On  peut,  en  effet,  sans  se  tromper  beau- 
coup, rapporter  à  l'influence  de  l'esprit  de  Wicleff  ce 
redoublement  d'hostilité  contre  la  cour  de  Rome, 
que  trahissaient  tant  de  pétitions  des  communes.  Il 
y  avait  assurément  plus  d'un  fondement  à  ces  plain- 
tes. Les  biens  de  l'Église  s'étaient  démesurément 
étendus  en  Angleterre,  et  ces  biens  n'étaient  même 
pas  toujours  laissés  à  des  sujets  anglais,  grâce  à 
l'abus  des  nominations  en  cour  de  Rome.  Le  mal 
était  ancien,  et  la  résistance  presque  aussi  vieille  que 
le  mal  :  on  n'avait  pas  attendu  Wicleff  pour  promul- 
guer le  statut  des  proviseurs.  Mais,  en  voulant  ré- 
primer un  abus,  on  pouvait  aller  jusqu'à  méconnaître 
des  droits  légitimes;  et  la  sanction  donnée  à  ces  lois 
restrictives  avait  été  poussée  à  un  excès  de  rigueur 
sans  proportion  avec  la  nature  du  délit  \ 

Richard,  qui  avait  tenu  un  langage  si  ferme  et  si 
sévère  vis-à-vis  de  la  cour  pontificale,  n'hésita  point 
à  user  de  son  ascendant  pour  éviter  un  éclat  dange- 
reux, et  ramener  les  esprits  à  la  paix.  Les  parlements 
de  1391  et  de  1393,  on  l'a  vu,  l'avaient  autorisé  à 
tempérer  dans  son  application  le  statut  des  provi- 
seurs. Loin  de  songer  à  l'affaiblir,  il  en  proclama  de 
nouveau  solennellement  le  principe.  Dans  le  statut 

1.  Voyez  ci-dessus,  p.  29. 


[1391-1395]  L'ALLIANCE  FRANÇAISE.  101 

de  1393,  il  avait  pris  ouvertement  la  défense  de  ceux 
que  le  saint-siége  menacerait  à  propos  de  ce  statut, 
et  mis  hors  de  sa  protection  quiconque  se  ferait  pro- 
vocateur ou  exécuteur  de  ces  menaces.  Mais  cette 
attitude  résolue  n'était  pourtant  pas  d'un  homme  qui 
voulait  le  combat.  L'adoucissement  qu'il  avait  ap- 
porté aux  peines  sanglantes  votées  jadis  par  le  parle- 
ment, et  l'autorisation  qu'il  avait  demandée  pour 
déroger  au  statut  s'il  en  était  besoin,  en  étaient  bien 
la  preuve.  Il  en  usa  pour  régler  équitablement  le 
passé,  et,  à  ce  prix,  il  put  sauver  l'avenir.  Au  parle- 
ment de  1 394,  où  il  devait  rendre  compte  de  l'usage 
qu'il  aurait  fait  de  ses  pouvoirs,  il  n'est  question 
que  d'un  seul  abbé,  qui,  pourvu  par  le  pape  de  Tévêché 
de  Landaff,  est  autorisé  à  en  prendre  possession,  avec 
cette  clause,  que  cela  ne  tire  point  à  conséquence.  Si, 
d'ailleurs,  le  parlement  se  relâchait  de  sa  rigueur  à 
l'égard  des  nominations  en  cour  de  Rome,  il  ne  se 
montrait  pas  plus  disposé  à  tolérer  les  abus  qui  pou- 
vaient naître  de  l'institution  de  bénéficiaires  étran- 
gers ou  non  résidents.  Sur  sa  réclamation,  le  roi 
ordonna,  quant  aux  non  résidents,  qu'une  partie  des 
revenus  du  bénéfice  fût  mise  en  réserve  pour  servir 
au'x  besoins  des  pauvres  de  la  paroisse,  le  vicaire 
étant  d'ailleurs  suffisamment  doté;  et  en  1394,  le 
parlement  ayant  demandé  que  les  patrons  des  églises 
s'abstinssent  de  présenter  désormais  des  titulaires 
qui  ne  satisferaient  pas  aux  obligations  de  leur 
charge,  il  renvoya  la  pétition  aux  évêques,  les  invitant 


102  LIVRE  HUITIÈME.  [1391-1395] 

à  remplir  dûmenl  leur  office.  Quant  aux  prieurs 
étrangers,  il  était  difficile  d'ajouter  à  la  rigueur  des 
lois  rendues  contre  eux.  Leurs  prieurés  étaient  frappés 
d'une  sorte  de  séquestre,  et  la  répression  de  Tabus 
en  avait  fait  naître  un  autre.  Des  laïques  s'en  étaient 
emparés,  interrompant  le  service  divin,  ou  tout  au 
plus  ayant  un  clerc  pour  gérer  le  bénéfice  à  leur 
profit.  Le  roi,  dès  le  premier  parlement  de  son  admi- 
nistration nouvelle  (janvier  1390),  avait  accueilli  la 
plainte  des  prieurs  sur  ce  point.  Tout  en  sanction- 
nant le  principe  de  Tordonnance  de  la  première  année 
de  son  règne,  il  maintenait  ou  remettait  en  possession 
ceux  qui  avaient  été  légitimement  investis,  ordonnant 
qu'en  leur  absence  le  bénéfice  fût  rempli  par  des 
gens  d'église  à  des  conditions  raisonnables;  et  la  vio- 
lence n'ayant  point  cessé  à  leur  égard,  il  renouvela 
sa  décision  au  parlement  de  1393  (a). 

Par  ce  coup  d'œil  jeté  sur  l'administration  person- 
nelle de  Richard,  on  voit  avec  quelle  droiture,  quelle 
modération  et  quelle  prudence  il  avait  gouverné  son 
royaume,  et  ce  qu'il  faut  penser  des  accusations  qui 
s'attaquent  à  sa  personne,  à  son  caractère,  à  sa  mo- 
ralité, enveloppant  indistinctement  dans  la  même 
réprobation  toutes  les  époques  de  son  règne.  Richard, 
en  qui  Ton  ne  veut  voir  qu'un  despote,  ne  fait  rien 
qu'avec  le  parlement.  Il  le  réunit  aux  termes  ordi- 
naires. Il  le  consulte,  il  le  contraint,  en  quelque 
sorte,  à  lui  donner  un  avis  qui  serve  de  règle  à  sa 
conduite,  même  sur  les  points  où  il  pourrait  agir 


[1391-1395]  l/ALLIANCE  FRANÇAISE.  103 

sans  prendre  conseil  que  de  soi-même  (les  traités  de 
paix);  et  si  la  politique  veut  qu'on  adoucisse  quel- 
ques lois  dans  la  pratique  (le  statut  des  proviseurs), 
il  se  fait  donner  l'autorisation  à  l'avance,  s'obligeant 
à  en  rendre  compte  au  prochain  parlement.  Il  ne 
lève  aucune  taxe  qui  ne  soit  votée  :  cet  article,  qui 
fut  le  sujet  de  tant  de  remontrances  sous  Edouard  III, 
ne  donna  lieu  (les  actes  du  parlement  sont  là  qui 
le  prouvent)  à  aucune  plainte  contre  Richard.  Il  en 
respecte  le  principe,  comme  si  des  siècles  1  eussent 
déjà  consacré;  il  le  respecte  dans  toutes  ses  applica- 
tions, et,  s'il  y  a  doute,  il  s'abstient;  il  souffre  que 
l'impôt  soit  suspendu  jusqu'à  ce  que  le  parlement  in- 
terprète lui-même  sa  décision,  et  dise  si  l'on  doit 
payer.  L'impôt  voté  ne  le  rendait  pas  moins  lourd, 
sans  doute^  et  il  y  avait  bien  des  taxes  servant  de 
supplément  aux  revenus  du  domaine  :  droit  de  sortie 
sur  les  laines  et  autres  produits  du  sol,  droit  d'entrée 
sur  le  vin,  droit  de  vente  sur  toute  autre  marchan- 
dise, et,  presque  annuellement,  dixième  ou  quin- 
zième :  mais  ce  n'est  pas  Richard  qui  avait  inventé 
ces  impôts,  et  il  n'en  usa  pas  plus  qu'on  ne  fit  avant 
ou  après  lui.  Il  fit  même  une  fois  ce  qu'avant  ni  après 
lui  on  ne  fit  guère  :  il  remit  la  moitié  d'une  de  ces 
taxes  votées  pour  Tannée.  S'il  y  eut  des  soulTrances, 
s'il  y  eut  des  désordres  encore  pendant  le  temps  de 
son  administration,  les  plaintes  qui  les  révèlent  n'é- 
galent pas  celles  des  communes  dans  les  années  de 
sa  minorité,  alors  que  la  direction  des  afTaires  était 


104  LIVRE  HUITIÈME.  [1391-1395] 

pourtant  au  parlement  lui-même;  et  l'on  peut  croire 
cette  assemblée,  quand,  après  avoir  donné  par  son 
langage  et  ses  réclamations  sur  d'autres  points  des 
marques  suffisantes  de  son  indépendance,  elle  lui 
rendit  grâces  à  deux  reprises  de  la  façon  dont  il  gou- 
vernait l'État  (a). 

Voilà  des  actes  qui,  aux  yeux  de  l'historien,  va- 
lent bien  les  diatribes  écrites  après  sa  chute,  sous  l'in- 
spiration et  peut-être  au  service  de  ses  ennemis.  Si 
Sharon  Turner  n'avait  pas  supprimé  toute  cette  pé- 
riode (une  période  de  neuf  ans  !  )  dans  son  histoire^  il 
aurait  mieux  jugé  ce  qu'il  faut  prendre  ou  laisser 
dans  les  déclamations  du  temps.  Il  n'aurait  pas  pris  à 
la  lettre  ce  que  dit  Hardyng  dans  sa  chronique  rimée, 
que  Richard  avait  dix  mille  convives  par  jour  à  sa  ta- 
ble et  trois  cents  cuisiniers  dans  son  office  :  nombres 
qui  sont  proportionnés  entre  eux,  mais  qu'on  met- 
trait moins  facilement  en  rapport  avec  les  revenus 
du  domaine  ou  le  produit  des  taxes  sous  Richard.  Il 
n'aurait  pas  pris  pour  de  l'histoire  les  lamentations 
de  Gow^er  sur  les  mœurs  de  son  temps  ;  ou  du  moins 
il  eût  fait  à  chacun  sa  part  dans  ce  tableau  :  il  n'au- 
rait pas  mis  à  la  charge  du  pouvoir  tous  les  désor- 
dres de  la  société,  rapporté  au  jeune  roi  ce  que  le 
poëte  dit  de  la  tyrannie  et  de  la  cruauté  des  princes, 
et  conclu  qu'il  était  plongé  dans  le  vice  parce  que 
l'auteur  l'exhorte  emphatiquement  à  la  vertu  {b)l 

Richard,  au  temps  où  nous  sommes  arrivés,  n'a- 
vait pas  trente  ans,  et  il  pouvait  garder  quelques-uns 


[1391-1395]  l/ALLlANCh  i- h  an  (^.  AISE.  105 

des  défauts  de  la  jeunesse.  Il  était  vit',  dit-on,  trop 
libéral,  magnifique,  ami  des  fêtes  et  des  plaisirs,  des 
plaisirs  permis;  car  rien  n'accuse,  tout  défend  la 
pureté  de  ses  mœurs.  Mais  s'il  ne  sut  pas  se  con- 
tenir, un  jour  à  l'égard  de  l'archevêque  de  Canter- 
bury,  une  autre  fois  envers  le  duc  de  Lancastre  quand 
on  venait  de  l'accuser,  quand  il  le  croyait  surprendre 
en  flagrant  délit  de  trahison,  tout  se  réduisit  à  des 
menaces;  et  le  jeune  roi  les  sut  faire  oublier,  soit  par 
la  déférence  qu'il  témoigna  tout  le  reste  du  temps  au 
primat,  soit  par  sa  complaisance  à  servir  les  vues  de 
son  oncle  sur  la  Castille,  comme  par  toutes  les  fa- 
veurs, les  dignités  et  les  pouvoirs  qu'il  ne  cessa  dès 
lors  de  lui  prodiguer.  S'il  fut  trop  libéral,  ses  anciens 
ennemis  en  eussent  pu  seuls  témoigner  par  eux- 
mêmes  :  car  ceux  de  ses  favoris  ou  de  ses  ministres 
qui  avaient  échappé  par  l'exil  à  leurs  haines  ne  repa- 
rurent plus  à  la  cour.  Il  fut  libéral  aussi  pour  les 
poètes.  Il  protégeait  Chaucer,  la  gloire  de  l'Angleterre 
d'alors.  Il  s'entretenait  familièrement  avec  Gower,  il 
l'arrêtait  volontiers  pour  le  faire  monter  dans  sa 
barque,  lorsqu'il  le  rencontrait  sur  la  Tamise,  et  lui 
demander  quelque  fruit  nouveau  de  son  génie,  ne  se 
doutant  pas  assurément  que  ces  vers  provoqués  peut- 
être  par  lui-même,  deviendraient  pour  la  postérité 
un  acte  d'accusation  contre  ses  mœurs.  Il  n'accueil- 
lait pas  moins  favorablement  les  écrivains  de  France. 
Froissart  fut  le  bienvenu  en  Angleterre  lorsqu'il  voulut 
revoir  sur  le  trône  le  prince  qu'il  avait  vu  naître  à 


106  LIVRE  HUITIÈME.  [1391-1395] 

Bordeaux  et  lui  offrir  le  recueil  de  ses  poésies  amou- 
reuses :  don  reçu  joyeusement,  et  qui,  en  introduisant 
le  chroniqueur  à  la  cour,  lui  valut  plus  d'un  rensei- 
gnement précieux  pour  son  histoire.  Quant  à  la  ma- 
gnificence de  Richard,  au  point  où  en  était  la  civili- 
sation du  monde  et  la  puissance  de  l'Angleterre, 
alliée  de  l'Italie,  rivale  de  la  France,  personne  que  les 
deux  moines  voués  à  la  maison  de  Lancastre,  n'au- 
rait dû  lui  faire  un  crime  de  n'avoir  pas  voulu  se 
laisser  trop  effacer  par  le  roi  Charles  VI.  Les  riches 
étoffes  que  Gênes  et  Venise  lui  apportaient,  il  les 
payait  d'ailleurs  parles  produits  de  l'Angleterre,  c'est- 
à-dire  par  les  laines  et  les  métaux  qu'on  lui  venait 
prendre  en  échange;  et  le  commerce  y  gagnait,  en  at- 
tendant que  l'industrie  pût  se  former  sur  ces  modèles. 
Pour  les  édifices,  quel  est  l'homme  dans  le  parle- 
ment qui  lui  aurait  pu  faire,  qui  lui  fera  jamais  un 
reproche  d'avoir  élevé  la  grande  salle  de  Westminster, 
«  le  plus  noble  monument  de  sa  race,  »  dit  un  savant 
moderne?  Malgré  ces  dépenses,  les  registres  du  par- 
lement témoignent  que  les  subsides  ne  furent  pas  plus 
lourds,  lui  majeur  que  mineur,  pas  plus  lourds  sous 
son  gouvernement  personnel  que  sous  celui  du  par- 
lement, ni  sous  son  règne  qu'avant  ou  après  lui;  et, 
nous  l'avons  dit,  il  ne  leva  jamais  de  taxe  qui  ne  fût 
votée  :  c'est  un  hommage  qu'on  lui  rend,  mais  de 
quelle  grâce?  Sans  doute,  ditHallam,  son  innocence, 
à  cet  égard,  ne  fut  l'effet  que  de  sa  faiblesse....  Un 
autre,  forcé  de  reconnaître  sa  douceur,  dit  que  c'é- 


[1391-1395]  l'alliance  FRANÇAISE.  107 

tait  l'effet  de  sa  lâcheté!  Lâche!  celui  qui,  à  quatorze 
ans,  affronta  seul,  pour  sauver  les  siens,  toute  la 
furie  des  révoltés  de  Londres  (a)  ! 

il  y  avait  une  chose  qui  coûtait  plus  que  toutes 
les  splendeurs  de  ce  temps-là  :  je  veux  dire  la  guerre. 
C'était  là  la  véritable  cause  des  souffrances  et  le 
gouffre  oià  se  perdait  la  richesse  du  pays.  Ce  gouffre, 
Richard  avait  résolu  de  le  fermer.  Dès  son  retour  au 
pouvoir,  il  avait  suspendu  une  lutte  qui,  jadis  enga- 
gée par  la  royauté,  n'était  plus  soutenue  que  par 
l'amour-propre  du  pays  aux  dépens  de  ses  intérêts 
les  plus  grands  :  entreprise  qui  demandait  plus  de 
courage  et  de  dévouement  que  la  guerre  même;  car 
la  paix,  on  l'a  vu,  ne  se  pouvait  faire  sans  des  renon- 
ciations et  des  sacrifices,  et  celui  qui  la  devait  signer 
s'exposait  à  soulever  contre  lui-même  le  sentiment 
national  offensé.  Richard  n'avait  point  reculé  devant 
ce  péril.  Il  avait  ouvert,  de  l'aveu  du  parlement,  les 
négociations,  avec  le  désir  sincère  qu'elles  aboutissent. 
Les  conférences  d'Amiens  avaient  montré  de  quel  bon 
vouloir  on  s'y  portait  de  part  et  d'autre;  et,  à  défaut 
d'une  conclusion  impossible  encore  dans  le  conflit 
des  prétentions  et  dans  l'état  des  esprits,  les  trêves 
se  succédant  de  plus  en  plus  longues,  donnaient  aux 
deux  pays  l'habitude  des  relations  amicales,  et  ten- 
daient à  rendre  le  renouvellement  dos  hostilités  plus 
diflicile  par  le  sentiment  de  tons  les  avantages  atta- 
chés à  la  paix. 

Depuis  que  Richard  avait  repris  la  direction  des 


108  LIVRE  PIUITIKME.  [1395; 

affaires,  la  paix,  grâce  à  ces  trêves,  s'était  continuée 
sans  interruption,  et  on  venait,  cette  année  même,  de 
voir  comme  elle  pouvait  servir  à  l'affermissement  de 
la  domination  anglaise.  C'est  parce  que  l'Angleterre 
était  en  bons  rapports  avec  la  France,  que  le  roi, 
rassuré  à  l'égard  de  l'Ecosse,  avait  pu  entreprendre 
de  pacifier  l'Irlande;  et  cette  bonne  entente  ouvrait 
de  bien  plus  larges  perspectives  aux  deux  pays , 
si ,  au  lieu  d'agir  isolément,  ils  savaient  unir  leurs 
efforts. 

On  a  un  témoignage  curieux  de  la  faveur  que  cette 
politique  avait  déjà  trouvée  en  France^  dans  une  lettre 
qui,  nonobstant  sa  date  mal  écrite  par  le  copiste, 
doit  se  rapporter  à  ce  temps  même. 

Il  y  avait  un  écuyer  de  Normandie  nommé  Robert 
le  Mennot,  qui  avait  voyagé  en  terre  sainte,  et  pré- 
tendait avoir  eu  au  retour  une  vision  touchant  la 
paix  à  faire  entre  l'Angleterre  et  la  France;  dès  lors, 
embrassant  la  vie  religieuse,  il  avait  voulu  se  consa- 
crer tout  entier  à  l'œuvre  pour  laquelle  il  se  disait 
envoyé  de  Dieu,  et  on  le  nommait  Robert  l'Ermite. 
Il  était  allé  en  Angleterre,  avait  gagné  la  confiance 
du  roi,  et  repassant  en  France,  il  avait  rapporté  à 
Charles  YI  que  Richard  revenait  vainqueur  d'Irlande, 
et  qu'il  était  animé  des  meilleurs  sentiments  à 
son  égard.  Charles  VI  s'empressa  d'écrire  au  roi 
d'Angleterre  pour  le  complimenter  et  lui  faire,  en 
vue  d'un  accord  plus  intime  et  plus  actif,  les  plus 
louables  avances  : 


[!395]  L'ALLIANCK   FKA.NÇAiSE.  109 

((■  Notre  très-cher  cousin  et  très-amé  frère,  dit-il, 
nous  désirons  être  informé  de  votre  bon  état  et  santé, 
(|ue  Dieu  veuille  maintenir  et  acrescer  (accroître)  à 
sa  louange  et  à  votre  consolation,  comme  vous  le 
voudrez  et  nous  désirons;  et  si  de  notre  santé  vous 
plaît  savoir^  quand  ces  lettres  furent  écrites,  par  la 
grâce  de  Dieu  nous  étions  en  bon  point,  Dieu  merci  ! 
attendant  et  désirant  votre  venue  d'Hibernie  à  vic- 
toire; et,  très-amé  frère,  de  ce  que  nous  avons  en- 
tendu que  grand  pleinté  de  vos  sujets  d'Hibernie 
sont  revenus  à  votre  obéissance  sans  grand  bataille 
ou  effusion  de  sang,  nous  en  avons  grand  joie  et  en 
louons  notre  sire  Dieu  qui  est  avec  vous,  et  par  qui 
viennent  les  victoires....  Très-cher  et  très-amé  cou- 
sin, quand  il  nous  souvient  de  ce  bon  amour  et 
dilection  que  vous  avez  à  nous,  si  comme,  par  plu- 
sieurs de  nos  sujets  et  des  vôtres,  déjà  grand  temps 
à  plusieurs  fois  nous  avons  été  informé,  et  par  espé- 
cial,  par  votre  loyal  serviteur  et  dévot  orateur  Robert 
l'Ermite,  auquel  nous  avons  donné  pleine  foi;  et 
tenons  doucement  que  ledit  amour  et  de  vous  et  de 
nous  est  et  sera  fondé  sur  la  pierre  ferme,  laquelle, 
selon  le  dit  saint  Paul  TApôtre,  est  Jésus-Christ.  » 
Il  rappelle  la  parole  du  même  apôtre  aux  Éphésiens, 
que  Jésus-Christ,  en  supprimant  le  mur  de  sé[)ara- 
tion,  a  réuni  les  deux  peuples  ennemis  (juifs  et 
païens)  en  un  même  édifice,  espérant  que,  de  la 
même  sorte,  «  il  fera  rassembler  ensemble  les  deux 
parois,  en  un  grand  temps  jà  pieça  ennemis  et  sépa- 


110  LIVRE  HUITIÈME.  [1395] 

rés  l'un  de  l'autre  par  mortelle  guerre,  c'est  à  sa- 
voir, France  et  Angleterre,  en  un  temple  et  église  de 
Dieu  dont  es  habitants  sera  un  cœur  et  une  âme.... 
Très-cher  et  très-amé  frère  en  celui  qui  ses  apôtres 
appela  frères ,  continue-t-il ,  quand  [nous  avons]  re- 
membrance  comment,  par  les  périlleuses  guerres  de 
nos  prédécesseurs  qui  soixante  ans  ont  duré,  tant  de 
maux  ont  été  faits,  et  que  par  la  bonté  de  Dieu  et 
grâce  singulière  il  a  réservé  jusque  s  à  ores  et  vous  et 
nous  innocents  de  l'effusion  du  sang  de  nos  sujets,... 
or  pensons  donc,  beau  frère,  coadjuteurs  de  Dieu, 
de  nous  tenir  fermes  en  la  vocation  que  Dieu  nous  a 
appelés  en  notre  jeunesse,  c'est  à  savoir  en  la  douce 

paix  tant  désirée  de  la  chrétienté Et,  très-amé 

frère  [nous]  prions  à  Dieu  doucement  et  faisons  prier 
par  saintes  personnes,  que  par  sa  grâce  une  première 
fois  nous  veuille  assembler  ensemble  au  plus  bref 
que  faire  se  pourra  bonnement,  pour  laquelle  assem- 
blée, laquelle  nous  désirons  parfaitement,  vous- nous 
trouverez  toujours  et  prêts  et  appareillés.  Et  nous 
espérons  en  celui, qui  a  dit  à  ses  apôtres  :  «  Paix 
ce  soit  avec  vous,  je  vous  donne  ma  paix,  »  que  nous 
assemblés  ensemble,  non  pas  en  pompe  royale,  mais 
en  grand  humilité  en  l'amour  de  Dieu  et  de  sa  cha- 
rité, Dieu  nous  fera  grâce^  et  refreindra  sa  verge  cor- 
rective  qui  longuement  a  duré  par  nos  prédécesseurs 
en  la  chrétienté.  Et  lors,  par  votre  saint  travail,  beau 
frère,  et  par  le  nôtre  aussi,  quoique  indigne,  les 
ennemis  en  la  chrétienté  de  tous  pays  seront  con- 


[1395]  L'ALLIANCE  FRANÇAISE.  1  1 1 

vertis  à  vraie  paix.  »  Ce  sera  aussi  un  moyen  de 
mettre  un  terme  au  maudit  schisme  qui  divist^ 
l'Église  :  i<  Et  lors,  ajoute-t-il,  sera  temps,  beau  frère, 
acceptable  et  à  Dieu  agréable,  que  vous  et  nous,  par 
satisfaction  de  nos  prédécesseurs,  devons  emprendre 
(entreprendrej  le  saint  passage  d'outre-mer,  secourre 
à  nos  frères  chrétiens  et  délivrer  la  terre  sainte,...  et 
là  montrer  en  Dieu  la  vaillance  de  la  chevalerie  et 
d'Angleterre  et  de  France  et  de  nos  autres  frères 
chrétiens  :  laquelle  chose,  très-amé  frère,  Dieu  par  sa 
sainte  miséricorde  nous  veuille  octroyer....  Encore, 
beau  très-doux  frère,  pour  la  révérence  de  Dieu,  bien 
nous  devons  garder  que  la  douce  paix  qui....  nous 
a  été  inspirée,  pour  chose  temporelle  quelconque  ni 
pour  acquerre  un  royaume,  l'un  de  nous  ne  brise  ou 
viole;  car  tant  de  maux  en  viendroient,  qu'il  ne  se 
pourroit  décrire;  et  toutefois,  une  fois  il  faut  rendre 
compte  devant  le  grand  juge,  et  benoîts  seront  les 
rois  qui  seront  nombres  avec  ceux  qui  auront  amé 
la  paix  en  terre.  Très-amé  frère,  s'il  est  une  chose 
qui  par  nous  puisse  être  faite  à  votre  plaisir  et  con- 
solation, mandez-le-nous,  et  nous  la  ferons  de  très- 
bon  cœur.  Et  vous  plaise,  très-amé  cousin,  faire 
nous  savoir  souvent  vos  plaisirs  (ce  qui  vous  plaît) 
et  votre  bon  état,  et,  en  espécial,  par  le  dit  Hobert 
l'Ermite  que  nous  vous  renvoyons,  lequel  fut  mandé 
à  nous  et  à  vous  de  la  grâce  de  Dieu,  si  comme  dou- 
cement nous  crt'iâmes  (croyons),  pour  le  bien  et  sau- 
vement  de  nos  âmes,  paix  et  réparation  de  la  cliré- 


112  IJVRE  HUITIÈME.  [1395] 

tienté;  auquel  Robert  l'Ermite^  très-doux  amo  frère, 
veuillez  ajouter  pleine  foi  de  ce  qu'il  vous  dira  de 
par  nous.  Notre  très-cher  cousin  et  très-amé  frère,  le 
Dieu  de  paix  veuille  adresser  (diriger)  tous  vos  faits 
et  dits  en  complissant  tous  vos  désirs. 

«  Écrit  à  Paris,  le  xv'  jour  de  mai,  l'an  de  grâce 
terce  [barré]  C  et  7ionaniyme  (a).  )> 

On  n'a  point  la  réponse  de  Richard,  car  la  pièce 
latine  que  l'on  trouve  sous  ce  nom  dans  le  même 
manuscrit,  œuvre  emphatique,  sans  trait  ni  couleur, 
est  évidemment  l'ouvrage  du  copiste.  Mais  Richard 
dut  répondre,  et  il  le  fit  d'ailleurs  par  un  acte  déci- 
sif. 11  voulut  se  rapprocher  de  la  France  par  un  ma- 
riage, et  faire  de  l'union  des  deux  familles  royales 
la  base  de  l'union  plus  durable  des  deux  pays.  Il 
était  veuf,  et  Charles  YI  avait  une  fille  de  huit  ans, 
fiancée  déjà  au  fils  du  duc  d'Alençon.  Il  eut  Pidée  de 
la  demander  pour  lui-même,  témoignant  ainsi  que  ce 
qu'il  recherchait  en  elle^  c'était  moins  encore  la  fin 
de  son  veuvage  que  l'alliance  des  deux  nations.  C'est 
la  pensée  qui  l'occupait  lorsqu'il  revint  d'Irlande. 
L'Angleterre  était  calme  et  paisible  ;  le  gouverne- 
ment du  roi  était  si  bien  accepté,  même  au  dehors, 
que  la  Guyenne,  à  qui  il  avait  voulu  donner  une 
sorte  d'existence  séparée  sous  son  oncle  le  duc  de 
Lancastre,  protestait  contre  cet  abandon,  et  suppliait 
Richard  par  une  ambassade  de  rappeler  le  duc  et  de 
la  reprendre  sous  sa  domination  directe.  Richard 
soumit  la  réclamation  au  conseil,  où  Glocester  et 


[1395]  L'ALLIANCK  FRANÇAISE.  113 

Derby,  le  fils  de  Lancaslre,  ne  manquèrent  pas  de  la 
combattre.  Il  y  exposa  ses  intentions  relativement  à 
son  mariage,  et  fit  agréer  l'ambassade  qu'il  se  propo- 
sait d'envoyer  à  Charles  VI. 


Il 


LE  MARIAGE  DE  RICHARD   ET  D  ISABELLE   DE   FRANCE. 

Cette  ambassade  comprenait  le  comte  de  Rutland, 
fils  du  duc  d'York  et  cousin  du  roi,  le  lord  maréchal 
(Thomas  Mowbray,  comte  de  Nottingham),  l'arche- 
vêque de  Dublin,  l'évêque  de  Saint-David,  le  sire  de 
Beaumont,  William  le  Scrop,  vice-chambellan;  vingt 
chevaliers ,  quarante  écuyers  et  une  suite  de  six 
cents  chevaux.  Débarqués  à  Calais,  ils  furent  partout 
sur  la  route,  à  Amiens,  à  Clermont,  à  Creil,  reçus 
avec  les  plus  grands  honneurs.  A  Paris,  on  les  logea 
au  voisinage  de  la  résidence  royale  ;  on  leur  donnait 
200  couronnes  par  jour  pour  leurs  menus  frais.  Pres- 
que tous  les  jours  les  principaux  dînaient  ou  chez  le 
roi  ou  chez  les  ducs;  «  et  leur  faisoit  le  roi,  son  frère 
et  leurs  oncles  toute  la  meilleure  chère  et  compagnie, 
comme  ils  pouvoient  en  les  honorant,  pour  l'honneur 
et  amour  du  roi  d'Angleterre  qui  les  avoit  envoyés.  » 
Quant  à  l'objet  de  l'ambassade,  on  hésitait  dans  le 
conseil  de  Charles  VI  :  comment  donner  la  fille  du  roi 
à  un  prince  avec  qui  on  n'avait  qu'une  simple  trêve? 

11  —  8 


114  LlVllE  HUITIEME.  1.1395] 

il  semblait  naturel  de  faire  la  paix  avant  l'alliance. 
Mais  la  paix,  on  l'avait  pu  voir  par  les  précédents 
débats  touchant  Calais,  était  impossible  tant  que  la 
France  exigerait  une  cession  à  laquelle  nul  roi  d'An- 
gleterre ne  pouvait  impunément  consentir. —  Si,  à  une 
époque  où  l'Angleterre,  ayant  trouvé  sa  véritable  voie 
dans  rOcéan,  pouvait  se  détacher  du  continent  avec 
moins  de  regret,  Elisabeth  a  signé  l'abandon  de  Ca- 
lais à  la  France,  c'est  que  tout  le  ressentiment  public 
en  retombait  sur  la  mémoire  de  Marie,  sa  sœur,  qui 
l'avait  perdu. — Pour  le  moment,  le  mieux  était  donc 
d'entrer  dans  les  vues  de  Richard,  en  faisant,  à  dé- 
faut de  paix,  alliance  :  en  prolongeant  suffisamment 
la  trêve,  on  atteignait  le  but  sans  remettre  aux  prises 
les  sentiments  opposés  des  deux  pays.  Le  chancelier 
Arnault  de  Corbie  parla  pour  le  mariage  et  fut  sou- 
tenu par  les  oncles  du  roi ,  notamment  par  le  duc  de 
Bourgogne,  intéressé  au  bon  accord  avec  l'Angleterre 
pour  ses  provinces  de  Flandre  :  car  «  les  cœurs  de 
moult  de  Flamands  sont  plus  anglois  que  françois.  » 
On  fit  donc  bon  accueil  aux  ambassadeurs;  on  les 
admit,  sur  leur  demande,  à  l'audience  de  la  reine  en- 
tourée de  ses  enfants.  Le  comte  maréchal,  se  mettant 
à  genoux  devant  la  jeune  princesse  dont  il  sollicitait 
la  main  pour  Richard,  lui  dit  :  «  Madame,  au  plai- 
sir de  Dieu ,  vous  serez  notre  dame  et  reine  d'Angle- 
terre. 

—  Sire,  répondit   naïvement  la  jeune  fille,    s'il 
plaît   à  Dieu  et    à  monseigneur  mon  père   que  je 


il395]  L'ALLIANCE  FRANÇAISE.  115 

sois  reine  d'Angleterre,  je  le  verrai  volontiers;  car 
on  ma  bien  dit  que  je  serai  une  grande  dame.  » 

Elle  fit  lever  le  comte  et  l'amena  par  la  main  à  la 
reine  sa  mère,  qui  eut  grand'joie  de  sa  réponse  ^ 

L'ambassade  repartit  au  bout  de  vingt  jours,  em- 
portant les  meilleures  assurances.  Aucune  parole 
formelle  ne  lui  était  encore  donnée  :  la  jeune  enfant 
était  promise  à  l'héritier  du  duc  d'Alençon;  il  fallait 
la  dégager  de  ce  côté  avant  de  la  lier  d'un  autre.  Mais 
on  comptait  amener  à  bien  la  négociation  pendant 
l'hiver,  et  ainsi  au  printemps  Taffaire  pourrait  être 
reprise  et  conclue  heureusement.  Les  ambassadeurs 
allèrent  à  Windsor  porter  ces  réponses  à  Richard,  qui 
en  fut  tout  joyeux  :  «  Et  ne  mit  pas  celle  chose  en  non 
chaloir,  mais  la  prit  si  à  cœur  et  à  grand'plaisance, 
qu'il  n'entendoit  à  autre  chose  fors  tondis  viser  et  sub- 
tiller  comment  il  pourroit  venir  à  son  entente  d'avoir 
à  femme  et  à  épouse  la  fille  du  roi  de  France  '.  » 

Cependant  il  y  en  avait  en  France  qui,  croyant  sans 
doute  le  roi  d'Angleterre  fort  épris  de  cette  enfant, 
voulaient  en  tirer  avantage  pour  lui  imposer  des 
conditions  :  «  Si  nous  étions,  disaient-ils,  appelés 
en  ces  traités  de  France  et  d'Angleterre,  et  que  notre 
parole  fût  ouïe  et  acceptée,  nous  dirions  ainsi  :  que 
le  roi  d'Angleterre  n'auroit  la  fille  de  France,  si 


1.  Ambassade  de  France  :  pouvoirs  du  roi  pour  négocier  son  ma- 
riage [S  juillet  1395).  llymer,  t.  VII,  p.  812;  —Instructions  auxconi- 
missaires  (m^me  date),  iàid.,  \).  HOk.  Cf.  Froissart,  IV,  ^1  et  ^3. 

2.  .Froissart,  IV,  43. 


116  LIVRE  HUITIÈME.  [1395J 

n'étoit  bonne  paix  entre  lui  et  le  roi  d'Angleterre, 
leurs  royaumes,  leurs  conjoints  et  leurs  adhérents  à 
la  guerre.  A  quoi  sera-ce  bon  que  le  roi  d'Angleterre 
ait  à  femme  la  fille  du  roi  de  France,  si  eux  et  leurs 
royaumes,  les  trêves  passées,  qui  n'ont  à  durer  que 
deux  ans,  se  guerroient,  et  sont  eux  et  leurs  gens  en 
haine?  Ce  sont  choses  qui  sont  moult  à  considérer.  » 
Le  duc  d'Orléans  et  le  duc  de  Berri,  médiocres  poli- 
tiques, étaient  de  ce  sentiment.  Mais  le  roi  et  le  duc 
de  Bourgogne  croyaient  à  bon  droit  que  l'alliance 
mènerait  plus  sûrement  à  la  paix  :  et  ils  résolurent  de 
tout  faire  pour  aller  au-devant  des  vœux  de  Richard, 
en  écartant  les  obstacles  qui  pourraient  se  rencontrer 
dans  son  pays  \ 

On  se  rappelle  ce  personnage  qui  a  déjà  paru  aux 
conférences  de  Leulinghem,  et  remplit  l'office  de  mes- 
sager entre  les  deux  rois,  se  disant  envoyé  de  Dieu 
pour  réconcilier  l'Angleterre  et  la  France  :  Robert 
l'Ermite.  On  le  renvoya  à  Richard,  en  lui  donnant 
mission  de  voir  aussi  le  duc  de  Glocester  dont  on 
connaissait  trop  bien  les  sentiments  :  mais  Glocester 
ne  croyait  pas  à  des  visions  qui  le  contrecarraient, 
a  II  étoit  dur  et  haut  contre  la  paix.  »  Il  avait  déjà 
conversé  avec  l'Ermite;  il  le  reçut  encore  poliment, 
déclinant  toute  influence  dans  la  question ,  et  disant 
qu'il  avait  deux  frères  aînés  à  qui  il  appartenait 
mieux  de  parler  en  cette  affaire.  Il  ne  dissimulait 

1.  Floissart,  IV,  43. 


[1395]  L'ALLIANCE  FRANÇAISE.  117 

point  d'ailleurs  ce  qu'il  pensait  de  la  France.  En  fait 
de  paix,  il  n'en  agréait  d'autre  que  la  paix  imposée 
aux  Français  durant  la  captivité  du  roi  Jean,  paix 
violée  par  eux,  et  à  laquelle  il  croyait  que  Richard 
devait  revenir,  s'il  ne  voulait  déshériter  la  couronne 
d'Angleterre.  Il  se  montra  peu  touché  de  l'argumen- 
tation de  Robert  l'Ermite  en  faveur  de  Charles  VI, 
et  ne  l'était  peut-être  pas  au  fond  davantage  des 
perspectives  de  la  croisade  que  Robert  faisait  briller 
à  ses  yeux.  En  somme ,  l'Ermite  n'en  obtint  qu'un 
bon  accueil;  et  reçu  de  nouveau  par  Richard,  il  ne 
lui  dit  rien  que  le  prince  ne  sût  déjà  des  dispositions 
de  son  oncle  sur  ce  grave  sujet  *. 

Richard  n'en  poursuivit  pas  moins  son  but,  et, 
presque  toutes  les  semaines,  un  échange  de  messages 
entretenait  les  sentiments  de  bonne  amitié  des  deux 
rois.  On  anticipa  sur  le  terme  prévu.  Dès  les  premiers 
jours  de  1396,  les  choses  étaient  assez  avancées  pour 
que  Richard  déclarât  ses  intentions  relativement  au 
mariage.  Trois  des  ambassadeurs  qui  étaient  venus 
une  première  fois  en  France,  le  comte  de  Rutland,  le 
comte  maréchal  et  William  le  Scrop,  y  furent  ren- 
voyés, et  au  bout  de  trois  semaines  toutes  les  condi- 
tions furent  arrêtées. 

On  ne  faisait  point  encore  la  paix,  et  l'on  a  vu  ce 
qui  y  faisait  obstacle.  Mais  la  trêve  qui  devait  finir 
en  1398,  fut  prorogée  de  vingt-huit  ans  :  on  remettait 

1.  Froissart,  IV,  ^3  et 't'*. 


118  LIVRE  HUITIÈME.  [1396] 

à  d'autres  générations  le  soin  de  voir  si  elles  vou- 
laient rentrer  en  guerre.  La  trêve  entre  les  deux  pays 
avait  pour  sanction  le  mariage  de  Richard  avec  la  fille 
de  Charles  YI,  et  les  deux  choses  furent  arrêtées  le 
même  jour  en  deux  actes  séparés.  Toutefois  la  trêve 
n'était  point  tellement  liée  au  mariage,  qu'elle  dût  se 
rompre  si  le  mariage  n'avait  pas  lieu.  Il  était  stipulé 
au  contraire  qu'elle  durerait,  quand  bien  même  la 
mort  de  l'un  des  contractants  ou  toute  autre  cause 
ferait  obstacle  à  Tunion  projetée.  Les  violations 
mêmes  qu'elle  pourrait  souffrir  ne  devaient  pas  être 
une  raison  de  rupture  :  on  avait  nommé,  de  part  et 
d*autre,  des  commissaires  pour  en  faire  justice,  et 
renoncé  au  droit  de  requérir  satisfaction  les  armes 
à  la  main  {a). 

La  trêve  ratifiée  par  Charles  YI  (11  mars),  on 
donna  aussi  un  commencement  d'exécution  au  traité 
de  mariage.  Dès  le  lendemain,  le  comte  maréchal 
fiança^  au  nom  de  Richard,  la  petite  princesse  :  «  Et 
pour  lors  il  faisoit  plaisant  la  voir,  comme  jeune 
qu'elle  fût;  car  moult  bien  sçut  et  savoit  faire  la 
reine.  »  C'était  un  premier  engagement.  On  ne  s'oc- 
cupa plus^  d'un  côté  comme  de  l'autre,  qu'à  le  me- 
ner à  conclusion.  En  France,  tout  le  monde  s'y  por- 
tait :  le  roi,  son  frère,  ses  oncles.  En  Angleterre, 
Richard  montrait  le  même  empressement  :  le  langage 
ofliciel  lui-même  s'en  ressentait.  Charles  Yl,  pour  lui, 
n'est  et  ne  peut  pas  être  le  roi  de  France  :  Richard 
n'abdique  pas  à  ce  point;  mais  V adversaire àe^Yv^nQ^Q^ 


[1396]  L'ALLIANCE  FRANÇAISE.  119 

qui  pendant  les  négociations  était  déjà  le  parent  de 
France  (cvnsaîignineus) ,  est  devenu  le  trh-cher  père 
de  France.  Toutefois  le  progrès  avait  été  moins  ra- 
pide dans  le  public,  et  le  jeune  roi  trouvait  autour  de 
lui  des  opinions  plus  partagées  Ça). 

Il  en  était  du  mariage  comme  de  la  paix  avec  la 
France.  De  ses  trois  oncles,  l'un  y  était  favorable, 
l'autre  contraire ,  et  le  troisième  indifférent.  Lan- 
castre  y  était  favorable.  On  aurait  pu  le  croire 
alors  mal  disposé  :  il  revenait  de  Bordeaux,  n'ayant, 
pas  réussi  à  se  faire  agréer  des  Aquitains  comme 
duc  de  Guyenne.  Toutefois  il  devait  bien  se  dire 
que  le  roi  n'était  point  la  cause  de  son  échec  :  Ri- 
chard l'avait  appuyé  tant  qu'il  l'avait  pu  dans  son 
nouvel  apanage,  et,  en  le  rappelant,  il  ne  lui  avait 
retiré  ni  ses  droits  ni  ses  titres.  Quant  à  l'affaire  de 
France,  Lancastre  n'avait  aucun  intérêt  à  y  être  con- 
traire. L'alliance  française,  on  Ta  vu,  au  lieu  d'être 
un  péril,  était  une  garantie  pour  les  siens;  et  pour 
lui,  loin  de  s'opposer  au  mariage  du  roi,  il  ne  son- 
geait alors  qu'à  se  remarier  aussi.  11  épousait  Cathe- 
rine de  Swindford,  une  ancienne  dame  d'honneur  de 
sa  première  femme,  dont  il  avait  eu  trois  enfants  du 
vivant  même  des  précédentes  duchesses,  et  il  ne  sou- 
haitait qu'une  chose,  c'est  que  le  roi  ratifiât  cette 
union  mal  assortie.  Le  duc  d'York,  en  cette  occasion 
comme  dans  tout  le  reste,  faisait  le  rôle  de  person- 
nage muet.  Le  duc  de  Glocester  ne  disait  rien  non 
plus  ouvertement,   mais  son  opposition  était  bien 


120  LIVRE  HUITIÈME.  [1396] 

connue  en  tout  ce  qui  touchait  la  France.  Il  s'en  ou- 
vrait au  duc  d'York,  «  quand  il  le  trouvoit  à  loisir,  et 
le  tiroit  tant  qu'il  pouvoit  à  ses  opinions,  pourtant 
qu'il  le  sentoit  mol  et  simple.  »  Il  devait  à  plus  forte 
raison  pratiquer  dans  le  même  sens  ses  anciens  amis, 
ceux  qui  jadis  avaient  partagé  son  usurpation  et  sa 
défaite,  et  qui  ne  pouvaient  manquer  de  se  rallier  à 
toutes  ses  espérances.  Richard  le  savait;  il  commen- 
çait à  s'en  inquiéter,  non  sans  raison,  et  ne  cachait 
pas  ses  inquiétudes  au  comte  de  Saint-Pol,  que 
Charles  VI  lui  avait  envoyé  pour  prendre  les  derniers 
arrangements  touchant  son  mariage  (a). 

L'été  se  passa  en  préparatifs  :  on  attendait  la  bulle 
du  pape,  et,  de  plus,  le  mariage  laissait  encore 
divers  points  à  régler.  Le  vicomte  de  Melun  avait 
été  envoyé  de  France  à  la  cour  de  Richard  :  un 
acte  de  garantie  fut  obtenu  des  princes  anglais,  acte 
par  lequel  Lancastre,  York  et  Glocester,  oncles  du 
roi.  Derby  etRutland,  ses  cousins,  Kent  et  Hun- 
tingdon,  ses  frères ,  et  le  comte  maréchal  promet- 
taient que  si  Richard  venait  à  mourir  avant  la  con- 
sommation du  mariage,  la  petite  reine  serait  rendue 
à  la  France  avec  tous  ses  biens,  et  qu'elle  aurait  le 
droit  de  revenir,  de  la  même  sorte  encore,  dans  son 
pays,  si  Richard  la  laissait  veuve,  le  mariage  con- 
sommé. De  son  côté,  Richard  envoya  W.  le  Scrop  en 
France  pour  hâter  la  conclusion.  Il  demandait  qu'on 
lui  remît  le  plus  tôt  possible  la  petite  reine,  sans 
d'ailleurs  oublier  la  dot.  Il  paraît  même  que  l'on 


1396]  L'ALLIANCE  FRANÇAISE.  121 

convint  d'une  entrevue  préalable  des  deux  rois.  Au 
rapport  de  Froissart  et  du  Religieux  de  Saint-Denys, 
vers  la  mi-août,  Richard  vint  à  Calais,  emmenant 
avec  lui  ses  oncles^  et  notamment  Glocester,  qu'il 
voulait  avoir  comme  témoin  et  consentant  dans  toute 
cette  aiTaire.  Le  roi  de  France  était  à  Amiens  avec  ses 
oncles,  sa  fille  Isabelle  et  le  duc  de  Bretagne,  cet  allié 
des  deux  cours,  Français  par  position,  Anglais  de 
cœur,  toujours  attentif  à  se  tenir  sur  un  pied  égal 
des  deux  côtés  ;  il  avait  fiancé  sa  fille  au  fils 
aîné  de  Derby,  et  son  fils  aîné  à  la  seconde  fille  de 
Charles  YI  :  mariage  dont  le  roi  de  France  hâta  eu 
ce  temps  même  la  célébration,  malgré  le  bas  âge 
des  deux  enfants,  pour  en  être  plus  sûr  (19  sep- 
tembre 1396).  Mais  la  rencontre  des  deux  rois  n'eut 
pas  lieu  encore;  ils  se  bornèrent  pour  cette  fois  à 
ce  premier  pas  Tun  vers  l'autre.  Ils  conférèrent  par 
le  duc  de  Bourgogne,  qui  vint  au  nom  de  Charles  YI 
trouver  Richard  à  Calais  et  y  fut  reçu  avec  une 
grande  magnificence.  On  y  régla  les  formes  et  le 
temps  du  mariage.  Après  quoi,  Richard  revint  en  An- 
gleterre pour  ordonner  le  gouvernement  du  royaume 
pendant  l'absence  plus  prolongée  qu'il  devait  faire  , 
et  se  préparer  à  figurer  avec  éclat  dans  cette  so- 
lennelle rencontre  des  deux  nations  (a). 

Yers  la  fin  de  septembre  ou  le  commencement  d'oc- 
tobre, affermi  dans  ses  résolutions  par  l'adhésion 
qu'il  trouvait  autour  de  lui  ou  le  silence  des  mécon- 
tents, il  repartit  pour  Calais  avec  Lancastre,  Gloces- 


122  LIVRE  HUITIÈME.  [1396] 

ter,  Thomas  Arundel,  qu'il  venait  de  faire  archevêque 
de  Canterbury,  et  les  principaux  seigneurs  du 
royaume,  laissant  le  duc  d'York  pour  garder  l'Angle- 
terre en  son  absence.  Le  roi  de  France  le  fit  compli- 
menter à  Calais  par  le  comte  de  Saint-Pol,  et  le  duc 
de  Bourgogne  reçut  en  son  nom  à  Saint-Omer  les 
ducs  et  les  duchesses  de  Lancastre  et  de  Glocester,  le 
comte  de  Rutland,  le  comte  de  Huntingdon  (J.  de 
HoUand,  frère  du  roi),  le  comte  maréchal  et  plusieurs 
autres  seigneurs,  à  qui  l'on  fit  le  plus  splendide  ac- 
cueil. Les  Anglais  étaient  éblouis  de  tant  de  richesses , 
et  Glocester  surtout  :  il  disait  avec  un  sentiment 
mêlé  de  convoitise  et  de  dépit  à  ceux  de  son  conseil, 
(c  qu'au  royaume  de  France  est  toute  richesse  et  puis- 
sance. »  Les  seigneurs  français,  instruits  de  ses  se- 
crètes dispositions,  sachant  bien  «  qu'il  était  haut  et 
dur  en  toute  concordance,  »  n'épargnaient  rien  pour 
le  gagner.  «  On  lui  faisoit  et  montroit  tous  les  signes 
d'amour  et  d'honneur  qu'on  pouvoit.  Néanmoins  tout 
ce,  il  prenoit  bien  les  joyaux  qu'on  lui  donnoit  et 
présentoit,  mais  toujours  demeuroit  la  racine  de  la 
rancune  dedans  le  cœur;  ni  oncques  pour  chose  que 
les  François  sçussent  faire,  on  ne  le  put  adoucir  qu'il 
ne  demeurât  toujours  fel  (  félon)  et  cruel  en  toutes 
réponses  qui  traitoient  etparloient  de  paix.  »  Le  duc 
de  Bourgogne  en  était  rebuté  (a). 

Les  seigneurs  anglais  revenus  à  Calais,  Charles  VI, 
qui  était  arrivé  à  Saint-Omer,  députa  vers  Richard 
ses  oncles,  les  ducs  de  Berri,  de  Bourgogne  et  de 


[1396]  L'ALLIANCE  FRANÇAISE.  123 

Bourbon;  ils  furent  aussi  «  grandement  et  joyeuse- 
ment »  accueillis,  et  trouvèrent  cette  fois  Glocester 
plus  traitable.  Richard  avait  promis  de  donner  à  son 
fils  le  comté  de  Rochester  et  à  lui-même  50  000  no- 
bles; en  sorte  que,  «  par  la  convoitise  de  ces  dons, 
le  duc  de  Glocester  avait  grandement  adouci  ses  dures 
opinions.  »  On  régla  minutieusement  le  cérémonial  de 
la  prochaine  entrevue.  Pour  éviter  toute  dispute  de 
préséance,  on  arrêta  qu'elle  aurait  lieu,  non  dans  une 
ville  où  l'un  ou  l'autre  se  serait  dit  chez  soi,  mais 
dans  la  campagne,  aux  confins  des  deux  territoires, 
entre  Ardres  et  Guines.  Cent  vingt  tentes  étaient 
dressées  de  part  et  d'autre,  et  en  avant,  l'une  en  face 
de  l'autre,  deux  plus  hautes  et  plus  magnifiques,  des- 
tinées aux  rois.  Un  mât  lixé  entre  les  deux  portait  la 
corde  qui  en  soutenait  le  faîte,  et  marquait  au  milieu 
des  deux  camps  Tendroit  où  les  princes  devaient 
se  rencontrer.  De  chaque  côté  on  avait  juré  de 
ne  s'attaquer  d'aucune  manière,  ni  pendant  l'en- 
trevue, ni  pendant  les  huit  jours  qui  devaient  précé- 
der ou  suivre;  et,  pour  prévenir  les  rixes  fortuites 
qui  pouvaient  naître  d'une  trop  grande  foule,  des 
mesures  furent  prises  d'un  commun  accord  et  publiées 
au  nom  des  deux  rois.  Ils  ne  devaient  amener  au  lieu 
de  réunion  que  leurs  otïiciers  en  petit  nombre  et  une 
suite  de  quatre  cents  chevaliers;  défense  était  faite  à 
tout  autre  d'accompagner  le  roi  de  France  au  delà 
d'Ardres  et  le  roi  d'Angleterre  au  delà  de  Guines; 
défense  de  porter  arc  ou  arbalète,  épée  ou  poignard: 


124  LIVRE  HUITIÈME.  [1396] 

les  quatre  cents  chevaliers  de  l'escorte  eux-mêmes  ne 
gardaient  l'épée  et  le  poignard  que  par  bienséance, 
un  chevalier  ne  pouvant  pas  être  désarmé.  Les  cla- 
meurs, les  disputes  ou  les  jeux  qui  pouvaient  tourner 
en  querelles  étaient  de  même  interdits  sous  les  peines 
les  plus  sévères*. 

Toutes  choses  étant  arrêtées,  Richard  vint  de  Ca- 
lais à  Guines,  en  même  temps  que  Charles  VI  allait 
de  Saint-Omer  à  Ardres;  et  le  lendemain  (27  octobre) 
les  deux  rois,  laissant  derrière  eux  la  multitude  qui 
les  avait  suivis^  se  rendirent,  avec  leur  escorte  de 
quatre  cents  chevaliers ,  vers  les  pavillons  qui  leur 
étaient  préparés. 

Arrivés  là,  Lancastre,  Glocester  et  Rutland  allèrent 
saluer  Charles  VI  au  nom  de  Richard  et  lui  offrir  le 
vin  et  les  épices  ;  Berri  et  Bourgogne  remplirent  les 
mêmes  devoirs  auprès  du  roi  d'Angleterre  ;  et  comme, 
pour  mieux  garder  l'étiquette,  on  avait  demandé  à 
l'un  et  à  l'autre  quels  vêtements  ils  comptaient  por- 
ter dans  l'entrevue  :  «  Les  bonnes  alHances,  répondit 
Richard^  ont  leur  fondement  dans  les  bons  senti- 
ments et  n'ont  que  faire  du  luxe  des  habits;  »  et 
l'un  et  l'autre  se  réduisirent  au  costume  le  moins 
fastueux. 

Mais  la  rencontre  avait  en  soi  un  caractère  singu- 
lièrement imposant.  Les  deux  rois  sortirent  de  leur 


1.  Froissart,  IV,  51;  Wals.,  p.  353:  Religieux  de  Saint-Denvs, 
XVII,  12  et  13. 


[1396]  L'ALLIANCE  FRANÇAISE.  125 

tente  ayant  pour  escorte  :  Richard,  les  princes  français 
Berri,  Bourgogne,  Orléans  et  Bourbon;  Charles  VI, 
les  princes  anglais  Lancastre,  Glocester,  Derby  et 
Rutland.  Les  deux  troupes  ayant  formé  la  haie,  les 
jeunes  rois  s'avancèrent  l'un  vers  l'autre,  se  saluè- 
rent et  se  donnèrent  la  main  :  les  huit  cents  cheva- 
liers étaient  à  genoux^,  émus  jusqu'aux  larmes  d'une 
scène  qui  semblait  être  la  réconciliation  des  deux 
peuples.  Puis  Charles  VI  emmena  Richard  dans  sa 
tente,  et  ils  y  furent  suivis  par  les  princes  des  deux 
nations,  qui  alors  aussi  s'entremêlèrent.  On  échangea 
les  bonnes  paroles,  les  dons  et  les  grâces.  Le  roi  de 
France  pardonna,  sur  la  demande  de  Richard,  à 
Pierre  de  Craon;  le  roi  d'Angleterre,  à  la  prière  du 
roi  de  France,  promit  de  rendre  au  duc  de  Bretagne 
son  duché  de  Riclimond,  confisqué.  Rien  ne  semblait 
devoir  altérer  désormais  la  bonne  harmonie.  Char- 
les VI  annonça  à  Richard  que  les  Génois  s'étaient 
rangés»  dans  son  obéissance,  et  Richard  l'en  compli- 
menta. On  parla  du  schisme  avec  la  résolution  sin- 
cère de  fermer  cette  plaie  de  l'Église.  En  attendant, 
on  arrêta  que  les  trêves  seraient  publiées  j  et  pour 
mieux  témoigner  du  sens  qu'on  attachait  à  cette 
convention,  on  décida  qu'au  lieu  même  où  s'é- 
tait faite  cette  solennelle  entrevue ,  on  élèverait  à 
frais  communs  une  chapelle  à  Notre-Dame  de  la 
Paix  (a). 

Après  les  civilités  d'usage,  les  deux  rois,  prenant 
congé  l'un  de  l'autre,  retournèrent,  Richard  à  Guines, 


126  LIVRE  HUITIÈME.  [1396] 

Charles  VI  à  Ardres,  et  les  seigneurs  chacun  dans  son 
logis.  Le  lendemain  samedi,  jour  de  Saint-Simon  et 
Saint-Jude  (28  octobre),  le  roi  d'Angleterre,  ses  on- 
cles et  tous  ses  «  hommes  d'honneur  »  vinrent  à  la 
tente  du  roi  de  France,  où  un  grand  banquet  les  at- 
tendait. Charles  VI  ayant  exprimé  le  regret  que  sa 
fille  ne  fût  point  d'un  âge  qui  répondît  mieux  aux 
vœux  de  Richard  ;  «  Beau  père,  dit  Richard  (le  père 
avait  deux  ans  de  moins  que  le  fils),  l'âge  que  notre 
femme  a  nous  plaît  grandement  bien,  et  nous  n'ai- 
mons pas  tant  le  grand  âge  d'elle  que  nous  faisons 
l'amour  et  la  conjonction  de  nous  et  de  nos  royau- 
mes ;  car  là  où.  nous  serons  ensemble  d'un  accord  et 
d'une  alliance,  il  n'est  roi,  chrétien  ni  autre,  qui 
nous  puisse  porter  contraire*.  »  On  n'a  jamais  mieux 
vu  ni  exprimé  la  raison  suprême  de  cette  alliance.  Si 
la  politique  du  jeune  roi  eût  prévalu,  la  France  et 
l'Angleterre  arrivaient  quatre  siècles  plus  tôt  à  cette 
union  qui  est  la  paix  du  monde,  et  que  ces  jguatre 
cents  ans  de  guerres  nouvelles  et  de  perpétuelle  riva- 
lité ont  rendu,  sans  qu'elle  en  soit  moins  nécessaire, 
bien  plus  difficile  à  maintenir! 

A  la  fin  du  banquet^  la  petite  princesse  fut  intro- 
duite dans  la  tente,  accompagnée  de  grand  nombre  de 
dames  et  de  damoiselles  ;  et  Charles  VI  la  donna  à 
Richard  qui  la  prit  par  la  main  et  la  baisa,  disant 
qu'il  la  recevait  comme  un  gage  de  paix  et  de  con- 

1.  Froissart,  IV,  52. 


[1396]  L'ALLIANCE  FRANÇAISE.  127 

corde.  La  royale  enfant  fut  alors  remise  aux  du- 
chesses de  Lancastre  et  de  Glocester,  aux  comtesses 
de  Huntingdon  et  de  Stafford,  qui  la  firent  monter 
en  litière  et  la  menèrent  à  Calais  en  grand  appareil. 

Le  lundi,  le  roi  d'Angleterre  reçut  à  son  tour  le 
roi  de  France  dans  sa  tente  :  les  deux  princes  étaient 
servis  séparément  à  la  manière  de  leur  pays.  Après 
le  repas  ils  s'embrassèrent,  et  au  départ  Richard  re- 
conduisit Charles  VI  sur  la  route  d'Ardres.  Il  l'em- 
brassa encore,  et  reprit  de  son  côté  le  chemin  de 
Calais.  Le  mercredi,  jour  de  la  Toussaint,  il  y  épousa 
la  jeune  Isabelle  devant  l'archevêque  de  Canterbury, 
et,  après  avoir  célébré  son  mariage  avec  une  grande 
magnificence,  il  ramena  la  jeune  princesse  en  Angle- 
terre, oii  l'attendaient  de  nouvelles  fêtes  et  de  nou- 
veaux honneurs.  La  petite  reine,  amenée  à  Londres 
avec  un  grand  cortège  de  seigneurs  et  de  dames,  alla 
coucher  à  la  Tour;  et  le  lendemain  elle  fut  conduite 
en  grande  solennité  à  travers  les  rues  de  la  ville  jus- 
qu'au palais  de  Westminster  où  le  roi  l'accueillit,  et 
où  bientôt  les  députations  des  habitants  vinrent  lui 
offrir  des  présents  «  qui  tous  furent  reçus  à  grand' 
joie.  »  Un  accident  avait  jeté  comme  une  ombre  sur 
le  bonheur  de  ces  journées.  La  magnifique  tente  du 
roi  et  une  partie  de  son  riche  mobilier  avaient  été, 
au  retour,  engloutis  par  la  tempête  (a). 

Par  cette  alliance,  par  la  longue  trêve  dont  elle 
était  comme  la  sanction,  Richard  semblait  avoir 
fondé  toute  une  ère  de  prospérité  pour  son  règne.  La 


128  ■     LIVRE  HUITIÈME.  [1396] 

paix  avec  la  France  l'affermissait  dans  toutes  ses  pos- 
sessions et  sur  toutes  ses  frontières,  et  cette  paix, 
après  tout,  ne  lui  avait  coûté  aucun  sacrifice.  En  re- 
nonçant à  reprendre  alors  par  les  armes  les  provin- 
ces qu'Edouard  III  lui-même  avait  perdues,  il  n'ab- 
diquait aucune  de  ses  prétentions,  et  il  restait  libre 
de  profiter  des  avantages  qu'un  singulier  concours 
de  circonstances  avait  assurés  à  son  pays. 

L'Angleterre,  en  effet,  occupait  en  ce  temps-là  une 
position  sans  égale  en  Europe.  L'Allemagne  ne  s'était 
point  relevée  de  la  chute  de  l'empire  à  la  mort  de 
Frédéric  II.  La  France,  que  la  modération  de  saint 
Louis  avait  replacée  alors  à  la  tête  de  la  chrétienté, 
avait  elle-même  compromis  son  ascendant  pour  l'avoir 
voulu  trop  étendre.  Philippe  le  Bel  croyait  mieux  faire 
que  saint  Louis,  quand  il  réclamait  de  la  papauté  plus 
que  les  libertés  de  sa  couronne,  et  qu'après  Favoir 
frappée  dans  Boniface  VIII,  il  la  rendait  captive, 
en  quelque  sorte,  avec  Clément  V  dans  Avignon. 
Et  par  là  il  léguait  à  ses  successeurs  la  dangereuse 
pensée  d'en  faire  un  pouvoir  presque  domestique  ; 
il  préparait  le  schisme  accompli  avec  l'appui  de 
Charles  V  (le  sage  roi  pourtant!)  lorsque  le  pape 
voulut  revenir  et  se  fixer  à  Rome  pour  être  libre.  Le 
schisme  avait  porté  ses  fruits;  et  la  royauté,  qui  l'a- 
vait soutenu  par  ambition,  en  pouvait  goûter  Fa- 
mertume.  La  France  s'était  vue  isolée  dans  le  monde, 
ne  retenant  autour  de  soi  que  ses  anciens  clients, 
FEspagne  et  FÉcosse.  La  France  déchue,  l'Allemagne 


[1396]  L'ALLIANCE  FRANÇAISE.  129 

n'ayant  pas  encore  repris  son  rang,  c'est  l'Angleterre 
qui  était  appelée  à  occuper  la  place  demeurée  vide; 
c'est  vers  elle  que  se  tournaient  les  regards  et  les  es- 
pérances de  la  chrétienté  (a). 

Richard  n'avait  point  fait  défaut  à  cet  espoir;  et  il 
s'était  montré  digne  de  l'influence  qu'il  tirait  par 
contre-coup  du  schisme  même,  en  s'efforçant  d'y 
mettre  fin.  Dès  les  conTérences  de  Leuhnghem,  en 
1393,  cette  question  avait  été  mise  en  avant  par  ses 
ambassadeurs,  et  les  princes  français  n'étaient  point 
éloignés  de  l'aborder.  En  France  aussi  on  était  las  du 
schisme,  et  fort  embarrassé  du  rôle  qu'on  y  faisait. 
On  eût  donc  volontiers  sacrifié  à  la  concorde  les  per- 
sonnages, cause  de  cet  embarras.  Mais  pour  agir  avec 
succès,  il  le  fallait  faire  en  parfait  accord  :  et  termi- 
ner le  débat  engagé  était  encore  la  meilleure  manière 
d'entamer  l'autre.  C'est  ce  que  dirent  les  princes 
français  et  ce  qu'on  fit.  L'alliance  conclue,  de  part 
et  d'autre  on  avait  donc  songé  à  rétablir  la  paix  dans 
l'Église  ;  mais  on  ne  s'entendait  pas  sur  les  voies  à 
prendre.  Devait-on  réunir  un  concile  pour  résoudre 
souverainement  la  question,  ou  déterminer  les  deux 
papes  à  la  trancher  eux-mêmes  en  abdiquant  l'un  et 
l'autre?  L'Ani^leterre  était  pour  le  concile;  la  France, 
pour  la  double  cession  :  l'Université  de  Paris,  ju- 
geant cette  voie  plus  courte,  et  sans  doute  aussi  plus 
propre  à  couvrir  la  retraite  des  fauteurs  du  schisme, 
n'avait  vu  que  fatras  dans  les  arguments  des  An- 
glais. Richard  ne  refusa  pas  d'essayer  du  moyen    11 

II  —  9 


130  LIVRE  HUITIEME.  [1396] 

écrivit  donc  aux  deux  papes  :  il  leur  écrivait  avec  les 
distinctions  que  lui  imposait  sa  conscience,  appelant 
le  pape  de  Rome  son  vénérable  père,  et  le  pape  d'Avi- 
gnon son  cher  cousin.  Mais  celui-ci,  qui  était  Be- 
noît XIII,  l'ancien  cardinal  P.  de  Luna,  déjà  si  mal 
accueilli  des  Anglais  aux  conférences  de  Leulinghem, 
ne  voulut  recevoir  le  message  de  Richard  que  s'il 
était  traité  en  pape,  et  Richard  n'y  donna  point  d'au- 
tre suite.  Il  laissa  à  la  France  le  soin  de  faire  aboutir 
la  voie  qu'elle  avait  préférée,  et  de  convaincre,  s'il 
était  possible,  l'indomptable  Aragonais  dont  elle  n'a- 
vait su,  ni  empêcher  l'élection,  ni  rejeter  l'empire. 
Quant  à  l'Angleterre,  nous  l'avons  dit,  ce  n'était  pas 
elle  qui  en  souffrait  le  plus.  C'est  en  Richard  que, 
dans  cet  abandon  de  la  France,  Rome  saluait  le  plus 
ferme  soutien  de  l'Église  :  et  cette  démarche  ne  laisse 
pas  que  d'arracher  un  cri  d'orgueil  à  l'historien  le 
plus  hostile  aux  actes  de  Richard.  «  Cela  prouve  bien, 
dit-il,  de  quel  respect  et  de  quel  renom  jouissait  alors 
notre  roi*  !  »  C'est  autour  de  son  trône  que  les  nations 
restées  fidèles  à  Rome  se  ralliaient  à  la  suite  du  pape. 
On  disait  même  que  l'Allemagne,  dégoûtée  de  l'ivro- 
gnerie deWenceslas,  songeait  à  le  nommier  empereur  ^ 
Richard  trouvait  une  meilleure  occasion  de  paraître 

1.  «  Ex  praemissis  patet  quantae  reverentiee ,  quanti  nominis  rex 
noster  pro  tune  fuerit,  cujus  ope  potissimum  papa  se  sperabat  posse 
protegi  et  defendi.  »  (Wals.,  p.  345.) 

2.  Affaire  du  schisme.  Voyez  ci-dessus,  p.  68;  — Diversité  de 
vues  des  deux  nations.  Relig.  de  Saint-Denys,  XVII,  5  ;  —  Lettres  de 
Richard  aux  deux  papes,  ibid.,  11  ;  —  Projet  de  nommer  Richard  em- 
pereur; Wals.,  p.  353,  et  Otterbourne,  p.  188. 


[1396]  L'ALLIANCE  FRANÇAISE.  \M 

à  la  tête  de  la  chrétienté,  dans  un  événement  qui  ré- 
pandait le  deuil  sur  la  France.  Un  mois  avant  le  jour 
où  les  deux  rois  célébraient  dans  un  banquet  ce  rap- 
prochement inespéré  de  la  France  et  de  l'Angleterre, 
la  jeune  et  brillante  chevalerie  réunie  autour  du 
comte  de  Nevers,  fils  du  duc  de  Bourgogne,  pour 
marcher  contre  les  Turcs,  avait  par  sa  témérité  perdu 
la  grande  bataille  de  Nicopolis  (28  septembre  1396), 
et  les  Turcs,  que  l'on  songeait  à  chasser  de  l'Europe, 
se  voyaient  par  là  plus  largement  ouvertes  les  portes 
de  la  Hongrie  qu'il  s'agissait  de  défendre.  L'Angle- 
terre, s'unissant  à  la  France  son  alliée  pour  réparer  cet 
échec,  aurait  recueilli  tous  les  honneurs  de  la  vic- 
toire, et  grandi  encore  comme  puissance  militaire 
dans  l'estime  des  nations.  Mais  déjà  des  signes  fu- 
nestes inquiétaient  le  jeune  roi  pour  ce  trône,  où,  à 
la  suite  de  ses  derniers  actes,  il  se  devait  croire  plus 
affermi  que  jamais. 


^ 


LIVRE    NEUVIEME 


GLOGESTER. 


LES    AMIS    ET    LES    ENNEMIS    DE    RICHARD. 

Depuis  que  Richard  avait  ressaisi  le  pouvoir  dont 
le  parti  de  Glocester  l'avait  jadis  dépouillé^  il  n'avait 
rien  négligé,  on  l'a  vu,  pour  se  ramener  par  la  clé- 
mence ses  ennemis  les  plus  déclares.  Il  avait  poussé 
les  ménagements  à  leur  égard  jusqu'à  unesorte  d'in- 
justice envers  ceux  qui  avaient  soufiert  pour  lui- 
même.  Ses  anciens  amis  n'avaient  pas  été  rappelés 
de  l'exil;  ses  ennemis  avaient  été  rétablis  dans  les 
honneurs  et  le  pouvoir.  Le  roi  semblait  tout  particu- 
lièrement appliqué  à  prévenir  les  griefs  qu'à  tort 
ou  à  raison  on  avait  fait  valoir  pour  le  remettre 
comme  en  tutelle.  Nul  homme  nouveau  n'avait  été 
appelé  aux  grands  offices,  nul  favori  n'excitait  les 


134  LIVRE  NEUVIÈME.  [1397] 

ombrages  des  seigneurs  ;  jamais  les  oncles  du  prince 
et  les  grands  personnages  de  l'Étal  n'avaient  eu  plus  de 
considération  dans  le  royaume.  Lancastre,  au  retour  de 
son  expédition  d'Espagne,  avait  été  placé  à  la  tête  du 
conseil;  York  n'en  était  pas  sorti;  Glocester  y  était 
rentré  bientôt.  Derby,  fils  de  Lancastre,  Rutland,  fils 
d'York,  supérieurs  en  degré  dans  la  lignée  royale, 
n'étaient  pas  inférieurs  en  faveur  à  Thomas  et  à  Jean 
de  Holland,  comtes  de  Kent  et  de  Huntingdon,  frères 
utérins  du  roi.  Et  le  roi  ne  se  contentait  pas  de  leur 
laisser  les  honneurs  de  leur  rang;  il  les  employait 
aux  grandes  affaires.  Lancastre,  duc  d'Aquitaine, 
lieutenant  du  roi  en  Picardie,  gardien  de  toutes  les 
possessions  de  l'Angleterre  en  France,  avait  repré- 
senté le  roi  dans  les  négociations  de  la  paix;  York, 
par  deux  fois,  avait  été  lieutenant  du  royaume.  Glo- 
cester se  serait  peut-être  plus  volontiers  soustrait  à 
ces  emplois.  En  139i  il  avait  voulu  s'en  aller  faire 
une  croisade  en  Prusse  :  c'était  s'éloigner  d'une  scène 
où,  on  le  peut  croire,  il  se  trouvait  mal  à  l'aise,  après 
le  rôle  qu'il  y  avait  joué.  Mais  la  tempête  l'ayant  ra- 
mené en  Angleterre,  il  y  était  resté  et  avait  dû 
prendre  sa  part  comme  les  autres  aux  affaires  de 
rÉlat.  En  1393  on  le  chargeait  de  réprimer  les  mou- 
vements tumultueux  du  comté  de  Chester  dont  il  était 
juge;  en  1395  c'était  lui  que  le  roi,  occupé  à  pacifier 
l'Irlande,  renvoyait  en  Angleterre  pour  exposer  ses 
besoins  devant  le  parlement  tenu  par  le  duc  d'York; 
et  il  avait,  avant  et  après  ces  événements  divers,  tenu 


[1397]  GLOCESTER.  135 

son  rang  auprès  de  Lancastre  dans  toutes  les  négocia- 
tions avec  la  France  (a). 

Les   trois    seigneurs    qui ,    avec   Glocester  et   le 
comte  de  Derby,  fils  de  Lancastre,  avaient  fait  la 
ligue  des  cinq  lords  appelants,  avaient  eu,  il  est 
vrai,  une  fortune  très-inégale.   Le  comte  maréchal 
était  en  faveur.  Le  roi  l'avait  nommé  en  1 390  capi- 
taine de  Calais  pour  cinq  ans;   en  1394,  juge  de 
Chester  pour  h>  vie;  et,  après  Tavoir  emmené  avec 
lui  dans  sa  campagne  d'Irlande  (1395),  il  lui  avait 
confié  les  missions  les  plus  délicates.  C'était  lui  qui, 
avec  le  comte  de  Rutland,  avait,  au  nom  de  Richard, 
fiancé  la  jeune  reine,  et  il  avait  reçu  de  nouveau  alors 
le  gouvernement  de  Calais.  Arundel,  au  contraire, 
avait  perdu  sa  charge  d'amiral  et  le  gouvernement 
de  Brest,  donnés  à  J.  de  Holland;  Warwick  s'était 
retiré  dans  ses  terres,  où  il  s'occupait  de  bâtir  des 
églises,  d'agrandir  son  château  :  et  quelques  inci- 
dents fâcheux  avaient  pu  ajouter  à  leur  mécontente- 
ment. Le  comte  maréchal  avait  remis  en  question  un 
jugement  qui  attribuait  un  domaine  à  Warwick,  et  il 
finit  par  avoir  gain  de  cause;  d'autre  part,  Arundel, 
on  s'en  souvient,  avait  attaqué  violemment  devant  le 
parlement  le  duc  de  Lancastre,  et  le  roi  l'avait  forcé  à 
faire  des  excuses.  Mais,  moins  que  personne,  il  ne  se 
devait  croire  privé  d'appui  auprès  du  roi,  quand  il 
voyait  dans  la  première  charge  de  l'État  son  frère 
l'archevêque  d'York,  le  chancelier  du  temps  de  son 
triomphe,  qui,  privé  des  sceaux  à  la  chute  de  Glo- 


136  LIVRE  NEUVIÈME.  [1397] 

cester,  les  avait  repris  bientôt  des  mains  de  Richard  ; 
et  s'il  ne  les  avait  plus  au  parlement  de  1397,  c'est 
qu'il  venait  de  recevoir  en  échange  la  plus  haute 
dignité  de  l'Église,  le  siège  de  Ganterbury,  le  titre  de 
primat  (a). 

Nul  n'avait  donc  le  droit  de  se  plaindre  de  Richard 
dans  le  camp  de  ses  anciens  ennemis,  et  son  mariage 
avait  été  pour  lui  une  nouvelle  occasion  de  répandre 
des  grâces.  Il  avait  naguère  reconnu  l'union  inégale 
de  Lancastre  avec  Catherine  Swinford,  admis  sa 
femme,  une  adultère,  à  tous  les  honneurs  de  son  rang, 
au  risque  de  s'attirer  le  ressentiment  des  autres  du- 
chesses réduites  à  lui  céder  le  pas.  Dans  le  parlement 
qu'il  réunit  en  janvier  1397,  il  légitima  les  enfants 
que  Lancastre  avait  eus  d'elle,  même  au  temps  où  il 
était  plus  dignement  marié,  et  fit  J.  de  Beaufort,  leur 
aîné,  comte  de  Sommerset.  Il  confirma  par  lettres 
patentes  à  Thomas  Mowbray,  et  à  sa  race  de  mâle  en 
mâle ,  l'office  de  maréchal  avec  le  nom  de  comte 
maréchal,  et  y  rattacha  divers  droits  qui  en  avaient 
été  comme  démembrés  ;  lui  accordant  en  outre  de 
porter,  tant  en  présence  du  roi  qu'en  son  absence,  le 
bâton  d'or,  signe  de  son  commandement,  aux  armes 
du  roi  d'un  côté,  et  du  comte  de  l'autre.  Quant  à 
Glocester,  on  se  rappelle  par  quelles  largesses  nou- 
velles il  l'avait  amené  à  faire  meilleure  figure  dans 
les  cérémonies  récemment  accomplies  (b). 

Après  tant  de  grâces  faites  à  ses  anciens  ennemis, 
le  roi  ne  pouvait-il  songer  enfin  à  ceux  qui  avaient 


[1397]  GLOCESTER.  i;-57 

été  persécutés  pour  sa  cause?  Lorsqu'il  réhabilitait  et 
rétablissait  dans  tous  leurs  biens  les  condamnés  du 
parti  de  Glocester,  J.  de  Northampton,  ancien  maire 
de  Londres,  R.  Norbury  et  J.  More,  associés  ou  com- 
plices de  Northampton,  ne  pouvait-il  faire  grâce  de 
même  aux  survivants  des  condamnés  de  1388,  et  leur 
rendre  ce  qui  restait  de  leurs  biens  confisqués  :  biens 
vendus  ou  échangés  chaque  jour,  sous  des  sanctions 
sans  cesse  renouvelées  du  parlement,  comme  par  la 
crainte  qu'ils  ne  leur  revinssent?  Plusieurs  de  ceux 
qui  avaient  échappé  par  l'exil  à  la  mort,  étaient  morts, 
il  est  vrai,  dans  l'exil  :  Michel  de  la  Pôle,  l'ancien 
chancelier,  Alexandre  Nevil,  Tancien  archevêque 
d'York^  Robert  de  Vère,  duc  d'Irlande,  l'objet  de  la 
principale  faveur  du  roi.  Richard  voulut  qu'un  ami 
si  cher  reposât  du  moins  dans  la  terre  de  sa  patrie; 
et,  après  trois  ans,  il  fit  ramener  son  corps  à  Lon- 
dres, le  contempla  dans  son  cercueil,  et  lui  fit  rendre 
des  honneurs  funèbres  au  prieuré  de  Colne,  en 
Essex,  où  il  fut  déposé.  Restaient  encore  ces  juges 
qui,  consultés  par  le  roi  sur  la  légalité  de  l'usurpa- 
tion dont  il  voulait  s'affranchir,  avaient  répondu 
selon  leur  conscience,  et  avaient  été  relégués  en  Ir- 
lande par  sentence  du  parti  vainqueur.  Déjà  au  par- 
lement de  1394  plusieurs  lords  avaient  demandé  que 
le  roi  leur  fît  grâce,  et  les  communes  consultées 
avaient  répondu  qu'elles  le  voulaient  bien.  Si  la  peine 
était  juste,  Richard  lui-même  aurait  dû  descendre  du 
trône.  Néanmoins,  devant  les  réserves  qu'elles  faisaient 


138  LIVRE  NEUVIÈME,  [1397] 

encore  touchant  le  statut,  leur  serment  de  le  main- 
tenir, et  les  peines  qui  les  pourraient  atteindre  si  elles 
y  manquaient ,  il  n'avait  pas  donné  suite  à  la  demande. 
En  1397  enfin,  après  neuf  ans  d'exil,  quand  depuis 
huit  ans  il  aurait  pu  prendre  sur  lui  de  le  faire,  il 
rappela,  de  l'aveu  du  parlement,  ceux  qui  vivaient 
encore,  et  leur  rendit  la  capacité  légale.  Et  cette  me- 
sure où  il  poussait  le  respect  de  la  chose  jugée  jus- 
qu'à maintenir  le  statut  sur  tous  les  autres  points, 
cette  mesure  où  l'on  n'eût  dû  voir  qu'une  trop  tardive 
justice,  il  y  en  eut  qui  s'en  indignèrent  comme  d'une 
coupable  faveur  :  l'historien  Walsingham  accuse  le 
roi  d'avoir  par  là  violé  son  serment  (a)! 

Le  parlement  de  1397  (Westminster,  22  janvier), 
où  Richard  prononça  en  même  temps  la  légitimation 
des  enfants  de  Lancastre  et  le  rappel  des  juges  exilés 
en  Irlande,  commença  à  manifester  la  sourde  hostilité 
qui  déjà  grondait  contre  lui. 

L'opposition  se  produisit  sur  les  affaires  du  de- 
hors comme  sur  l'intérieur.  Ce  n'était  point  assez 
pour  Richard  que  d'avoir  mis  fin  à  la  guerre  de 
France.  Pour  que  l'alliance  qu'il  avait  conclue  avec 
Charles  VI  portât  tous  ses  fruits,  il  voulait  qu'elle 
aboutît  à  une  action  commune,  de  telle  sorte  que  les 
deux  nations,  oubliant  leurs  anciennes  querelles  dans 
cette  confraternité  d'armes,  devinssent  dès  lors  les 
deux  bras  de  la  chrétienté  et  les  arbitres  du  monde. 
Une  occasion  s'offrait  au  roi  d'inaugurer  cette  poli- 
tique, et  c'est  là-dessus  que  le  parlement  devait  s'ex- 


[1397]  GLOCESTER.  139 

pliquer.  Le  nouveau  chancelier,  l'évêque  d'Exeler, 
avait  ouvert  la  session  par  un  discours  qui  n'élait 
qu'un  sermon  assez  banal  sur  les  libertés  de  l'Église, 
le  bon  gouvernement  du  peuple,  le  maintien  des 
bonnes  lois  et  la  réforme  des  mauvaises  :  ajoutant  la 
nécessité  de  défendre  le  royaume,  qui  était  la  raison 
des  impôts.  Le  surlendemain,  il  vint  avec  les  autres 
grands  officiers  dans  le  réfectoire  de  l'abbaye,  où 
siégeaient  les  communes,  et  leur  exposa  plus  en  dé- 
tail la  situation  des  affaires  et  la  pensée  de  Richard. 
Pour  sceller  l'union  de  l'Angleterre  et  de  la  France, 
les  deux  rois  voulaient  faire  une  campagne  ensemble, 
une  campagne  d'Italie.  Ce  projet  excita  les  murmures, 
et  comme  le  roi  en  avait  été  informé,  les  communes 
le  vinrent  trouver  en  parlement,  et  protestèrent  par 
l'organe  du  speaker  élu,  J.  Bussy,  qu'elles  n'avaient, 
en  aucune  façon,  entendu  rompre  ses  engagements 
envers  son  père  de  France  touchant  la  Lombardie. 
Elles  rappelaient  qu'elles  l'avaient  remercié  de  la 
manière  dont  il  avait,  dans  son  récent  voyage,  sou- 
tenu l'honneur  de  la  couronne  et  du  pays;  seule- 
ment, comme  il  avait  résolu  de  sa  propre  volonté 
cette  expédition,  elles  déclaraient  qu'elles  n'y  vou- 
laient être  liées  en  aucune  sorte,  ni  éprouver  jamais 
aucun  dommage  de  rien  qui  en  pût  advenir  (a). 

Le  roi  prit  lui-même  la  parole.  Il  leur  dit  qu'elles 
ne  devaient  point  s'étonner  de  son  engagement,  et  il 
leur  en  exposa  la  pensée  politique.  Il  rappela  tous  les 
maux  qui  étaient  nés  des  guerres   entre    les    deux 


140  LIVRE  NEUVIÈME.  [1397] 

royaumes  :  la  plus  sûre  manière  d'y  mettre  un  terme 
était  de  gagner  la  France  par  quelque  service  signalé. 
C'était  pour  se  rattacher  plus  intimement  son  père  de 
France  par  un  semblable  lien,  c'était  uniquement  en 
vue  de  la  paix  et  du  repos  de  son  peuple,  qu'il  avait 
promis  de  soutenir  la  France  dans  cette  campagne.  Il 
alléguait  encore  ses  devoirs  de  parenté  à  l'égard  de 
Charles  VI,  et  les  devoirs  de  l'un  et  de  l'autre  envers 
la  chrétienté  tout  entière  :  car,  disait-il,  s'ils  appre- 
naient que  roi,  prince  ou  toute  autre  personne  voulût 
en  quelque  partie  du  monde  opprimer  le  peuple 
chrétien  par  tyrannie,  ils  étaient  de  droit  tenus  par 
leur  titre  même  à  marcher  contre  l'oppresseur,  à  le 
détruire  et  à  rétablir  l'opprimé  en  son  ancien  état. 
Pour  dernière  raison,  il  ajoutait  avec  quelque  hau- 
teur qu'il  voulait  être  libre  de  commander  ses  gens, 
de  les  envoyer  en  aide  à  ses  amis,  et  de  disposer  de 
ses  biens  où  et  comme  il  lui  plairait  (a). 

Il  entendait  parler  de  son  domaine;  mais  quand  le 
domaine  ne  suffisait  pas,  c'était  à  l'impôt  d'y  subve- 
nir; et  comme  cela  se  présentait  tous  les  ans,  les 
communes  ne  laissaient  pas  que  d'y  être  intéressées. 
Or,  il  y  avait  eu  cette  année  assez  de  causes  de  dé- 
penses, et  les  actes  mêmes  qui  avaient  eu  pour  objet 
de  supprimer  les  principales  charges  du  pays  avec 
la  guerre,  y  avaient  contribué  pour  une  grande  part. 
Les  fêtes  du  mariage  avaient  coûté  beaucoup  d'ar 
gent,  et  Richard,  en  enlevant  si  tôt  à  la  protection  de 
sa  mère  la  petite  princesse,  une  enfant  de  sept  à  huit 


[1397]  GLOGESTER.  141 

ans  qu'il  venait  d'épouser,  avait  dû  lui  faire  à  la  cour 
toute  une  compagnie  de  nobles  dames.  Les  com- 
munes s'en  émurent,  et  le  jeudi  de  la  semaine  sui- 
vante (l*'  février),  elles  se  présentèrent  devant  les 
prélats  et  les  lords,  et  leur  communiquèrent  une 
pétition  en  quatre  articles.  Elles  y  demandaient  : 
1"  qu'on  remît  en  pratique  l'ancien  statut  sur  les 
vicomtes  et  les  principaux  officiers  du  domaine  {es- 
chetours);  qu'on  les  choisît  parmi  les  grands  pro- 
priétaires, et  qu'ils  fussent  renouvelés  tous  les  ans  ; 
2**  qu'on  prît  des  mesures  pour  assurer  la  marche 
d'Ecosse  contre  les  incursions  des  Écossais;  3"  que 
les  livrées  et  insignes  des  seigneurs  dont  on  abusait 
pour  faire  violence  h  la  justice  et  troubler  le  cours 
de  la  loi  ne  fussent  portés  que  par  les  gens  de  leur 
maison  ;  4°  que  l'on  réduisît  les  dépenses  de  l'hôtel, 
en  ne  laissant  pas  plus  longtemps  à  sa  charge  les  évê- 
ques  ayant  seigneurie  ou  les  dames,  qui  s'y  instal- 
laient avec  tout  leur  monde  et  vivaient  à  ses  frais  '. 
Le  roi,  instruit  de  la  pétition  et  de  l'appui  qu'on  y 
avait  à  l'avance  cherché  parmi  les  lords,  en  fut  vive- 
ment blessé.  Dès  le  lendemain,  jour  de  la  Chandeleur, 
il  appela  les  prélats  et  les  seigneurs  près  de  lui,  et 
leur  dit  qu'il  avait  ouï  parler  de  leur  conférence  avec 
les  communes;  qu'il  savait  qu'on  y  avait  traité  de 
matières  dont  plusieurs  lui  semblaient  contraires  à 
sa  prérogative  royale,  et  il  ordonna  au  chancelier 

1.  Rot.  Pari.,  t.  m,  p.  339,  $  13  et  14. 


142  LIVRE  NEUVIÈME.  [1397] 

de  lire  le  texte  de  la  pétition.  Après  quoi^  reprenant 
la  parole,  il  déclara  que,  tenant  de  Dieu,  par  la  loi  du 
sang  ef,  par  droit  d'héritage,  le  royaume  d'Angleterre, 
il  voulait  maintenir  sa  prérogative  et  les  libertés  de 
la  couronne.  Or,  il  les  croyait  compromises  par  plu- 
sieurs des  articles  proposés.  Les  vicomtes  et  les  offi- 
ciers du  domaine,  il  était  d'accord  de  les  choisir  entre 
les  hommes  qui  offraient  le  plus  de  garantie  par  leur 
fortune  et  leur  loyauté.  Mais,  dans  l'intérêt  de  la  cou- 
ronne et  pour  le  bien  de  l'administration,  il  ne  fallait 
pas,  s'ils  étaient  capables,  les  changer  tous  les  ans  ; 
un  laïque,  disait-il,  ne  peut  apprendre  en  si  peu 
de  temps  les  devoirs  de  sa  charge  :  quand  il  com- 
mencera à  les  connaître,  il  faudra  le  révoquer;  et 
puis  un  homme,  mis  pour  un  an  seulement  en  un 
office,  craindra  de  déplaire  aux  seigneurs  du  pays  et 
ne  remplira  point  ses  devoirs  envers  le  roi.  Pour  la 
marche  d'Ecosse  et  aussi  pour  les  livrées  des  sei- 
gneurs, il  y  avait  des  ordonnances  dont  le  roi  ne 
voulait  pas  moins  Texécution  que  les  communes. 
Quant  à  Fhôtel  et  à  la  plainte  relative  aux  évêques 
et  aux  dames,  le  roi  se  montra  vivement  offensé  que 
les  communes,  ses  hommes  liges^  entreprissent  de 
gouverner  sa  personne  ou  sa  maison,  et  de  rien  or- 
donner touchant  ceux  qu'il  voudrait  avoir  en  sa 
compagnie.  C'était  là,  disait-il,  un  attentat  à  la  di- 
gnité royale  et  aux  libertés  qu'il  tenait  de  ses  ancê- 
tres, et  voulait  maintenir  à  l'aide  de  Dieu.  Il  or- 
donna aux  lords  de  faire  connaître  dès  le  lendemain 


[1397]  GLOGESTER.  143 

aux  communes  sa  volonté  en  cette  matière;  et  ayant 
su  que  le  dernier  article  avait  été  introduit  dans  la 
pétition  sur  la  demande  d'une  seule  personne,  il  char- 
gea le  duc  de  Lancastre  d'enjoindre  au  speaher 
J.Bussydelui  nommer  Fauteur  de  cette  proposition*. 
C'était  porter  la  défense  des  prérogatives  du  trône 
jusqu'à  l'oubli  des  droits  les  plus  sacrés  des  com- 
munes. Le  droit  de  pétition  était  absolu,  et  les  com- 
munes avaient  pris  sur  elles  ce  que  la  demande 
incriminée  avait  d'excessif,  en  l'adoptant.  Mais  elles 
ne  soutinrent  point  leur  démarche,  et  Ton  ne  cite 
point  plus  grand  acte  de  lâcheté  dans  les  annales  de 
ce  corps.  Les  seigneurs  étant  venus  leur  communiquer 
l'ordre  du  roi,  elles  lui  livrèrent  et  le  bill  et  le  nom 
de  l'auteur  (c'était  un  clerc,  et  selon  toute  apparence 
un  des  leurs,  sir  Thomas  Haxey)  ;  puis  se  présentant 
devant  le  roi  dans  l'assemblée  générale,  elles  expri- 
mèrent humblement  leur  peine  que  le  roi  eût  conçu 
du  ressentiment  contre  ses  fidèles  communes  :  car  ce 
n'avait  point  été,  disaient-elles,  leur  intention  de  lui 
faire  déplaisir,  ni  de  rien  entreprendre  contre  sa  li- 
berté. Elles  repoussaient  donc  bien  loin  l'idée  d'avoir 
voulu  gouverner  sa  personne  et  son  hôtel,  ou  rien 
ordonner  touchant  sa  compagnie,  sachant  que  c'était 
l'affaire  du  roi  lui-même  :  elles  ne  voulaient  que  lui 
témoigner  leur  attachement,  et  prier  les  lords  de  l'in- 
viter à  prendre  en  considération  l'honneur  de  son 


1.  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  339,  g  13,  \k  et  15. 


144  LIVRE  NEUVIÈME.  [1397] 

rang,  et  sur  ce  à  faire  ce  qu'il  jugerait  bon.  Elles  se 
soumettaient  à  sa  volonté,  demandant  grâce  et  pro- 
testant qu'elles  étaient  prêtes  elles-mêmes  à  faire  tout 
ce  qui  serait  pour  l'honneur  et  la  sûreté  de  sa  per- 
sonne royale*. 

Le  roi  agréa  leurs  excuses,  et  pour  les  rassurer  sur 
les  dépenses  dont  on  les  avait  effrayées,  il  dit  qu'il 
ne  leur  demanderait  ni  dixième  ni  quinzième,  et  qu'il 
comptait  bien  ne  mettre  jamais  à  leur  charge  rien 
qui  concernât  sa  personne.  Mais  il  voulut  avoir  sa- 
tisfaction de  l'injure  qu'il  prétendait  avoir  reçue,  et 
il  trouva  sur  ce  point  dans  le  parlement  la  plus  dé- 
plorable complaisance.  Dès  le  lundi  5  février,  le 
parlement  fit  une  loi  qui  déclarait  crime  de  trahison 
toute  démarche  ayant  pour  objet  d'exciter  les  com- 
munes ou  toute  autre  personne  à  réformer  rien  de  ce 
qui  touche  la  personne  du  roi,  son  gouvernement  ou 
sa  prérogative;  et  le  surlendemain,  on  appliquait 
cette  étrange  loi  à  celui  pour  qui  elle  était  faite. 
Th.  Haxey  était  condamné  à  la  peine  des  traîtres  !  Il 
est  vrai  que  personne  ne  songeait  à  le  faire  mourir. 
La  sentence  rendue,  l'archevêque  de  Ganterbury  et 
tous  les  prélats  intervinrent  en  sa  faveur,  et  le  roi 
hii  fit  grâce  de  la  vie.  Il  l'abandonna  même,  sur  la 
prière  des  prélats,  à  la  garde  de  l'Église,  tout  en  di- 
sant qu'il  le  faisait  librement,  et  non  par  obligation, 


1.  Rot.  Pari,  t.  III.  p.  339,  g  16.  Le  fexte  du  bill  de  Th.  Haxey 
est  reproduit  dans  la  charte  de  pardon,  ibid.,  p.  407,  appendice, 
n«  39. 


[1397]  GLOGESTER.  145 

et  trois  mois  après,  il  le  rétablissait  dans  la  posses- 
sion de  tous  ses  biens  et  dans  la  jouissance  de  tous 
ses  droits.  Mais  le  fait  n'en  était  pas  moins  grave,  et 
l'innocuité  du  dénoûment  n'en  amoindrissait  pas  la 
signification  ni  la  portée.  Le  jeune  roi,  déshabitué  de 
l'opposition  par  huit  années  d'un  gouvernement  heu- 
reux et  accepté,  en  était  venu  à  prendre  pour  un  ou- 
trage et  à  poursuivre  comme  un  attentat  à  sa  personne, 
un  acte  qui  était  au  fond  l'exercice  mal  appliqué,  si 
l'on  veut,  mais  pourtant  légitime,  du  droit  essentiel 
des  communes  ;  et  les  communes  qui  peut-être  avaient 
obéi  à  une  pensée  de  malveillance,  mais  qui  enfin 
n'avaient  point  excédé  leur  rôle,  n'avaient  songé  qu'à 
faire  oublier  leur  hardiesse  par  les  complaisances  les 
plus  serviles,  prêtant  les  mains  à  la  violation  des 
principes  les  plus  sacrés  du  droit  général  et  de  la 
constitution  du  pays  \ 

Après  un  si  complet  accord  sur  un  tel  point,  il  ne 
pouvait  plus  y  avoir  qu'une  entente  parfaite  sur  tout 
le  reste.  Le  roi  renonçait  au  supplément  d'impôt, 
devenu  presque  ordinaire,  du  dixième  et  du  quin- 
zième. On  lui  vota  les  autres  subsides,  la  taxe  sur  le 
vin  et  les  marchandises  pour  trois  ans,  et  le  droit 
des  laines,  au  taux  antérieur,  pour  cinq  ans.  On  lui 


1.  Réponse  du  roi.  Rot.  Par/.,  t.  III,  p.  339,  g  17.  —  Loi  faite  pour 
condamner  Uaxey  (5  février).  Get  acte  monstrueux  nous  est  constaté 
par  la  charte  môme  de  pardon.  Rot.  Parl.^  t.  lil,  p.  408,  append., 
no  39,  —  Condamnation  de  Uaxey;  intercession  des  évêques,  et  grâce 
delà  vie  (7  février),  ibid.,  p.  S'il,  K  23;  grâce  entière  (27  mai  1397), 
ibid.y  p.  408. 

n  —  10 


146  LIVRE  NEUVIÈME.  [1397] 

renouvela  rautorisation  de  modifier  ou  de  sus- 
pendre, jusqu'au  parlement  prochain,  sauf  le  con- 
trôle du  parlement,  le  statut  des  proviseurs;  et  de  son 
côté,  il  confirma  les  ordonnances  contre  divers  abus  : 
les  chevauchées  armées,  l'extension  des  livrées  (un 
des  articles  de  la  fameuse  pétition),  la  présence  des 
seigneurs  parmi  les  juges  dans  les  assises,  les  réqui- 
sitions de  chevaux  sous  le  faux  prétexte  du  service 
du  roi.  À  cela  se  joignirent  les  grâces  particulières 
que  l'on  avu  es  :  au  duc  de  Lancastre  pour  ses  en- 
fants naturels,  et  à  J.  de  Beaufort,  l'aîné  de  ces  en- 
fants, créé  comte  de  Sommerset;  au  comte  maréchal, 
l'ancien  lord  appelant,  et  à  ses  victimes  les  juges 
exilés  enjrlande.  Tous  les  nuages  semblaient  dissipés; 
et  quand  les  communes  avaient  donné  au  roi  un  si 
fort  gage  de  leur  soumission,  il  semblait  qu'il  pût  se 
rassurer;  mais,  c'est  alors  qu'il  aurait  dû  craindre. 
La  servilité  du  parlement,  loin  d'être  une  garantie, 
lui  était  au  contraire  un  péril.  Elle  lui  ôtait  le  frein 
qui  seul  eût  pu  l'empêcher  de  courir  à  sa  perte  (a). 


n 


INTRIGUES  ET  COMPLOT  DE  GLOCESTER. 

La  crise  était  grave  en  effet.  L'ambition  de  Glo- 
cester  n'avait  pas  été  abattue  par  son  échec,  et  les 
faveurs  mêmes  du  roi  n'avaient  fait  qu'irriter  davan- 


[1397]  GLOGESTER.  147 

tage  sa  blessure.  Depuis  qu'il  était  rentré  au  conseil, 
il  ne  cessait  de  témoigner  de  son  humeur  altière. 
Il  semblait  faire  fi  d'un  honneur  qui  le  réléguait  au 
second  rang!  «  Quand  le  roi  le  mandoit,  dit  Froissart, 
s'il  lui  venoit  bien  à  plaisance,  il  y  alloit;  mais  le 
plus  du  temps,  il  demeuroit.  Et  quand  il  venoit 
devers  le  roi,  c'étoit  le  dernier  venu  et  le  premier 
départant;  sitôt  qu'il  avoit  dit  son  entente,  il  ne 
vouloit  pas  qu'elle  fût  brisée  mais  acceptée;  puis, 
prenoità  la  fois  congé  et  montoit  à  cheval,  et  se  dé- 
partoit.  »  Richard,  qu'on  nous  dépeint  si  violent,  n'op- 
posait que  la  douceur  à  ces  brusqueries,  faisant  tout 
pour  éviter  un  éclat  :  «  car,  en  ses  paroles,  il  n'épar- 
gnoit  point  le  roi  qui  s'humilioit  toujours  envers  lui. 
Et  ne  savoit  ce  duc  demander  chose  au  roi  qu'il  ne  lui 
octroyât.  »  Mais  il  y  avait  une  chose  qu'il  ne  lui  pouvait 
octroyer,  et  c'était  la  seule  que  Glocester  eût  à  cœur  :  le 
pouvoir,  la  direction  suprême;  et  tout  ce  qu'il  lui  don- 
nait de  faire  en  sous-ordre,  les  missions  même  les  plus 
importantes,  en  contrariant  souvent  ses  tendances  po- 
litiques, n'avaient  fait  qu'aigrir  ses  ressentiments*. 

Tels  étaient,  par  exemple,  les  rapports  nouveaux 
que  Richard  voulait  établir  entre  la  France  et 
l'Angleterre,  dans  Tespoir  de  fonder  sur  la  bonne 
amitié  et  le  concert  des  deux  nations  le  salut  de  la 
chrétienté  et  la  paix  du  monde.  Nous  avons  vu  de 
quelle  sorte  Glocester  s'était  comporté  dans  le  cours 

1.  Froissatl.  IV,  56. 


148  LIVRE  NEUVIÈME.  [1397] 

de  ces  négociations  ;  et  quand  l'esprit  de  paix  préva- 
lant peu  à  peu  de  trêve  en  trêve,  elles  eurent  abouti  à 
cette  grande  trêve  de  vingt-huit  ans,  la  part  qu'il  y 
avait  prise  ne  l'empêchait  pas  d'exprimer  tout  haut 
son  dépit.  L'acte  même  par  lequel  Richard  venait  de 
rapprocher  les  deux  peuples,  ouvrait  une  carrière 
nouvelle  à  son  ambition,  en  lui  donnant  le  moyen 
d'associer  Famour-propre  national  à  son  orgueil  of- 
fensé. Entre  la  trêve  et  le  mariage  du  roi,  la  France, 
on  Fa  vu,  avait  essuyé  un  grand  désastre.  La  fleur  de 
ses  chevaliers  avait  péri  dans  les  plaines  deNicopolis, 
sous  le  sabre  des  Turcs  (28  septembre  1 396)  :  c'était 
le  cas  de  se  joindre  à  elle,  et,  en  l'aidant  à  reprendre 
aux  Turcs  la  victoire,  de  porter  le  renom  des  armes 
anglaises  plus  haut  qu'il  n'avait  jamais  été  dans  les 
temps  antérieurs.  La  haine  aveugle  de  Glocester  ne 
Fentendait  point  ainsi;  et  le  langage  que  lui  prête 
Froissart,  résume  admirablement  les  sentiments  qu'on 
lui  connaît  et  les  desseins  qui  se  révélèrent  par  ses 
actes  :  son  impatience  de  la  paix,  son  aigreur  contre 
la  France,  sa  perfidie  à  réveiller  toutes  les  passions, 
les  jalousies,  les  convoitises  et  les  défiances  du  peuple 
anglais,  pour  l'entraîner  dans  les  voies  d'une  révolu- 
tion conforme  à  ses  désirs  : 

«  Ces  fumées  des  Français,  disait-il  à  ses  familiers, 
ont  bien  été  abattues  et  déchirées  en  Flongrie  et  en 
Turquie.  Tous  chevaliers  et  écuyers  étrangers  qui  se 
boutent  et  mettent  en  leur  compagnie  ne  savent  ce 
qu'ils  font,  mais  sont  mal  conseillés;  car  ils  sont  si 


[1397]  GLOCESTER.  149 

pleins  de  pompe  et  d'outre-cuidance  qu'ils  ne  peuvent 
amener  à  nulle  bonne  conclusion  chose  qu'ils  entre- 
prennent. Cela  s'est  vu  assez  souvent  durant  les 
guerres  entre  monseigneur  mon  père,  notre  frère  le 
prince  de  Galles  et  eux.  Je  ne  sais  pourquoi  nous 
avons  trêve  avec  eux,  car  selon  que  notre  querelle 
est  belle,  nous  leur  ferions  bonne  guerre,  et  mieux 
présentement  que  jamais,  puisque,  toute  la  fleur  de 
la  chevalerie  et  escuierie  (chevaliers  et  écuyers)  de 
France  est  morte  ou  prise;  et  les  nôtres  ne  dé- 
sirent que  guerre;  ils  savent  que  la  paix  ne  leur  vaut 
rien.  Par  Dieu!  si  je  vis  deux  ans  en  bonne  santé 
la  guerre  sera  renouvelée.  Je  ne  tiendrai  ni  trêve, 
ni  répit,  ni  assurance  :  car  du  temps  passé  les  Fran- 
çais ne  nous  en  ont  nul  tenu;  mais  ils  ont,  tellement 
quellement,  par  fraude  et  par  cautelle,  repris  les  héri- 
tages de  la  duché  d'Aquitaine,  qui  jadis  furent  donnés 
par  bons  traités  de  paix  à  monseigneur  mon  père.... 
S'il  y  avait  un  bon  chef  pour  roi  en  Angleterre, 
qui  désirât  la  guerre  et  son  héritage  recouvrer,  il 
trouverait  cent  mille  archers  appareillés,  et  six  mille 
hommes  d'armes  empressés  à  le  suivre  et  à  mettre 
pour  son  service  leurs  corps  et  leur  chevance  à 
l'aventure.  Mais  pour  le  présent  il  n'y  a  point  de  roi 
en  Angleterre  qui  veuille,  désire  ni  aime  les  armes. 
Et  pourtant  jamais  il  ne  fit  si  bon  en  France  pour 
guerroyer  comme  aujourd'hui;  car  si  on  y  allait,  on 
serait  combattu.  Je  suis  le  dernier  né  de  tous  les  en- 
fants d'Angleterre.  Mais  si  je  pouvais  être  cru  et  ouï, 


150  LIVRE  NEUVIÈME.  [1397] 

je  serais  le  premier  à  renouveler  les  guerres,  et  à  tirer 
satisfaction  des  torts  qu'on  nous  a  faits  et  fait  encore 
tous  les  jours  par  la  simplesse  et  la  lâcheté  de  nous, 
et  par  espécial  de  notre  chef,  qui  est  allié  par  ma- 
riage à  son  adversaire  :  ce  n'est  pas  signe  qu'il  le 
veuille  guerroyer.  »  Il  rappelait  la  campagne  qu'il 
avait  faite  jadis  à  travers  la  France,  les  hardies  che- 
vauchées de  Robert  Knolles,  de  Hugues  de  Calverley  et 
de  tant  d'autres,  allant  jusque  devant  Paris,  jusqu'en 
Bretagne,  jusqu'à  Bordeaux,  sans  rencontrer  ba- 
taille :  ((  Je  me  fais  fort,  ajoutait-il,  qui  ferait  au- 
jourd'hui tel  voyage,  il  serait  combattu  ;  car  celui  qui 
se  dit  et  écrit  roi  est  jeune,  chaud  et  de  grande  vo- 
lonté :  et  c'est  tout  tant  que  nous  désirons  et  devons 
désirer,  vouloir  et  aimer,  que  la  bataille.  Mais  nous 
languirons  comme  nous  faisons  et  avons  fait  depuis 
que  notre  neveu  fut  roi  d'Angleterre.  Cette  chose  ne  peut 
longuement  durer  ainsi  que  le  pays  ne  s'en  aperçoive  : 
car  il  prend  et  lève  grandes  tailles  sur  les  marchands 
qui  mal  s'en  contentent;  et  ne  sait-on  ce  que  tout  cela 
devient.  Dont  on  verra  bientôt  une  grande  rébellion 
en  ce  pays,  car  le  peuple  commence  à  parler  et  à  mur- 
murer que  telles  choses  ils  ne  veulent  plus  souffrira  » 
Dans  cette  prédiction  perçait  la  secrète  pensée  de 
Glocester;  et  il  était  désormais  résolu  à  faire  qu'elle 
s  accomplît.  Il  essaya,  dit-on,  d'abord  de  prendre  pour 
instrument  son  neveu,  Roger  Mortimer,  comte  de  la 

1.  Froissart,  IV,  56. 


[1397]  GLOGESTER.  151 

Marche,  petit-lils  de  Lionel  et  héritier  désigné  du  trône. 
Il  l'attira  dans  sa  demeure^  lui  dit  qu'on  le  voulait 
faire  roi;  que  Richard  serait  gardé  en  prison;  que  lui, 
Glocester,  répondait  du  succès  avec  le  concours  de 
Warwick,  d'Arundel  et  des  principanx  prélats  et  ba- 
rons d'Angleterre.  Le  jeune  comte  fut  tout  étourdi  de 
cette  ouverture  :  mais  il  y  résista  et  ne  s'engagea  qu'à 
n  en  rien  dire.  Glocester  alors  chercha  à  remuer  le 
pays,  et  notamment  le  peuple  de  Londres.  La  guerre 
était  suspendue,  sans  que  les  impôts  établis  jadis  pour 
la  soutenir  aient  pu  être  entièrement  abolis;  et  l'on 
aurait  dû  pourtant  savoir  gré  à  Richard  d'avoir  tout 
récemment  renoncé  à  l'impôt  du  quinzième,  avec  pro- 
messe de  n'y  plus  recourir.  Mais  Glocester  n'en  tenait 
pas  compte;  et  lui,  si  ennemi  de  la  paix,  tirant  avan- 
tage de  ce  qu'elle  avait  promis  et  n'avait  pu  donner 
encore  :  w  Faites  une  requête  au  roi,  disait-il,  qui 
sera  toute  raisonnable  :  qu'il  vous  tienne  quittes  des 
subsides  que  vous  accordez  depuis  vingt  ans;  car  ils 
ne  sont  votés  que  la  guerre  durant  pour  aider  à  payer 
les  gens  d'armes.  Et  entre  vous,  marchands,  vous 
êtes  trop  malement  grevés;  vous  payez  de  cent  flo- 
rins treize,  et  tous  vos  profits  tournent  en  danses  et 
fêtes,  en  boire  et  en  manger.  Dites  que  vous  voulez 
(jue  le  royaume  d'Angleterre  soit  mené  et  gouverné 
aux  coutumes  anciennes.  Quand  il  besognera  au  roi 
et  au  royaume  pour  l'honneur  du  pays  défendre  et 
garder,  vous  ne  refuserez  pas  de  vous  laisser  taillci 
tant  qu'il  devra  suffire  au  roi  et  à  son  conseil  (a).  > 


152  LIVRE  NEUVIÈME.  [1397] 

Les  habitants  de  Londres  n'eurent  point  de  peine  à 
le  croire.  Ils  se  concertèrent  avec  des  hommes  d'au- 
tres cités,  et  députèrent  vers  le  roi  pour  demander 
l'abolition  de  la  taxe  sur  les  marchandises.  On  les 
ajourna  à  un  mois  delà.  Ils  revinrent  à  Westminster 
au  jour  dit;  ce  fut  au  duc  de  Lancastre  que  le  roi 
donna  la  mission  de  les  recevoir  et  de  leur  faire  en- 
tendre raison.  La  taxe^,  disait  le  duc,  avait  été  votée  par 
le  parlement,  et  le  roi  avait  répondu  à  ce  don  en  con- 
firmant les  libertés  publiques,  et  en  accordant  tout 
particulièrement  à  Londres  des  franchises  qu'il  était 
disposé  à  étendre  et  à  accroître  encore.  —  Et,  en  effet, 
le  12  juin  1397,  Richard,  «  à  la  requête  de  sa  très- 
chère  épouse  Isabelle,  »  et  pour  mieux  faire  accueil- 
lir de  la  capitale  la  jeune  reine,  effaçait  les  dernières 
traces  du  châtiment  qui  avait  puni  les  troubles  de 
1392,  et  lui  restituait  toutes  ses  coutumes.  —  Lan- 
castre énumérait  les  charges  qui  avaient  pesé  sur  le 
gouvernement  :  la  guerre  à  faire,  la  paix  à  négocier, 
le  mariage  même,  et,  malgré  la  trêve,  la  nécessité 
d'entretenir  des  garnisons  tant  en  Gascogne  qu'aux 
marches  de  Calais,  sur  la  frontière  d'Ecosse  et  en  Ir- 
lande. C'étaient  de  grandes  dépenses  chaque  année  ; 
la  taxe  des  marchandises,  votée  par  le  parlement, 
était  encore  la  plus  juste  manière  d'y  pourvoir,  puis- 
qu'elle pesait  sur  l'étranger  comme  sur  Tindigène,  à 
proportion  des  choses  achetées  ou  vendues.  Glocester 
était  présent  :  mais  il  eût  craint  de  se  trahir  en  ap- 
puyant cette  démarche;  et  la  députation,  n'étant  pas 


;i397^  GL0GE5TER.  153 

soutenue,  se  retira  sans  insister  davantage,  mal  con- 
tente de  Glocester  sans  doute,  qui  alla  cacher  son  dé- 
pit dans  son  château  du  Plessis  (Plashey)  en  Essex  (a). 

Il  trouva  bientôt  d'autres  occasions  d'exciter  con- 
tre le  roi  le  sentiment  national. 

Richard  était  entré  franchement  dans  l'exécution 
du  traité;  et,  sans  donner  suite  à  ce  projet  d'expédition 
commune  en  Lombardie,  dont  le  parlement,  malgré 
les  formes  respectueuses  et  mesurées  de  son  langage, 
avait  bien  montré  qu'il  ne  voulait  pas,  il  s'appliquait 
à  entretenir  les  relations  les  plus  cordiales  avec  la 
cour  de  France.  Cela  ressort  de  ses  instructions  aux 
ambassadeurs  qu'il  envoie  de  nouveau  à  Charles  YI, 
après  le  parlement  dont  on  vient  de  voir  les  actes 
(27  février  1397).  Il  y  parle  des  démarches  qu'il 
veut  faire  de  son  côté,  selon  les  conventions,  pour 
hâter  la  fin  du  schisme  ;  des  nouvelles  conférences  qui 
doivent  se  tenir  entre  les  princes  sur  les  marches  de 
Calais;  de  l'Ecosse,  et  du  refus  qu'elle  oppose  à  la 
trêve  :  et  il  soumet  à  Charles  VI  les  articles  contestés, 
pour  qu'il  ramène  à  la  raison  cet  allié  trop  fidèle.  Il 
y  parle  encore  du  mariage  projeté  de  son  cousin 
Derby  avec  la  fille  du  roi  de  Navarre,  mariage  qu'il 
ne  veut  point  faire  sans  l'avis  de  son  père  de  France, 
de  même  que  son  père  de  France,  en  pareille  matière, 
ne  fait  rien  sans  son  avis  à  lui;  de  l'île  de  Ré,  de 
Saint-Malo,  et  de  ses  conventions  à  ce  propos  avec  le 
duc  de  Bretagne.  Il  avait  envers  le  duc  de  Bretagne  et 
le  roi  lui-même  une  autre  obligation.  Des  deux  grands 


154  LIVRE  NEUVIÈME.  [1397] 

ports  engagés  à  l'Angleterre  sur  les  côtes  de  France, 
Cherbourg  et  Brest,  il  avait  déjà;,  on  l'a  dit,  rendu 
Cherbourg  au  roi  de  Navarre  :  il  devait  aussi  rendre 
Brest.  La  clause  de  restitution  était  formelle.  Or,  le  roi 
de  France  tenait  à  ce  qu'elle  s'accomplît,  et  le  duc  de 
Bretagne  ne  pouvait  plus  ne  pas  le  demander  lui-même. 
Richard^  lié  par  ces  contrats,  donna  ordre  à  J.  Drax, 
sergent  d'armes,  de  reprendre  le  château  des  mains  de 
J.  de  Holland,  son  frère,  pour  le  restituer  au  duc  de 
Bretagne;  ce  qui  fut  exécuté  le  12  juin  1397  (a). 

Cet  acte  était  l'exécution  d'un  contrat  que  Richard 
n'avait  pas  fait ,  mais  où  s'étaient  engagés  en  son 
nom,  lui-même  étant  enfant,  son  oncle  le  duc  de 
Lancastre,  et  avec  lui  les  plus  grands  personnages 
d'Angleterre,  entre  autres  Arundel  et  Warwick.  Glo- 
cester,  sans  tenir  compte  ni  de  l'évidence  du  droit,  ni 
de  l'engagement  de  ses  propres  amis,  se  fit  une  arme 
de  cette  restitution.  11  murmurait  donc  tout  haut,  et 
ne  s'en  taisait  point  auprès  de  Richard  lui-même.  Le 
retour  de  la  garnison  de  Brest  amena  un  premier  éclat. 
Comme  les  soldats,  ramenés  à  Londres,  se  plaignaient 
qu'après  avoir  bien  servi^  ils  avaient  été  ma]  payés  : 
«  Ils  seront  payés,  dit  le  roi  ;  »  et  il  ordonna  qu'ils 
fussent  logés  en  quatre  villages  auprès  de  Londres,  et 
entretenus  à  ses  dépens  jusqu'à  ce  qu'ils  eussent  reçu 
toute  leur  solde.  Glocester  venant  sur  ces  entrefaites  ; 

«  Sire,  dit-il  au  roi  avec  sa  hauteur  dédaigneuse, 
vous  devriez  premièrement  tant  faire  de  votre  corps, 
que  vous  preniez  une  ville  sur  vos  ennemis  par  fait 


[1397]  GLOCESTER.  1Ô5 

de  guerre,  avant  de  rendre  ou  de  vendre  aucunes 
villes  que  vos  prédécesseurs  rois  d'Angleterre  ont 
gagnées  et  conquises. 

—  Comment  dites-vous  cela?  »  dit  le  roi  vivement 
blessé. 

Le  duc  répéta  ses  paroles;  et  le  roi,  justement  en 
colère  : 

«  Cuidez-vous  que  je  sois  marchand  ou  fol,  que  je 
vende  ma  terre?  Par  saint  Jean-Baptiste,  nenni;  mais 
il  est  vérité  que  notre  cousin  de  Bretagne  nous  a 
rendu  et  payé  bien  et  loyalement  la  somme  qui  lui 
avait  été  prêtée  pour  la  ville  de  Brest,  et,  puisqu'il 
nous  a  payés,  c'est  bien  raison  qu'il  ait  ses  gages.  » 

«  Ainsi,  dit  la  chronique  française  où  nous  pre- 
nons ce  trait,  ainsi  commença  l'envie  entre  le  roi 
d'Angleterre  et  le  duc  de  Glocester,  son  oncle;  et  est 
vérité  qu'ils  se  partirent  gracieusement  par  belles 
paroles;  mais  l'envie  ne  fut  de  rien  plus  petite  (a).  » 

L'envie  remontait  plus  haut  que  ne  le  dit  notre 
chroniqueur  lorsqu'il  prend  là  le  commencement  de 
sa  tragique  histoire.  Elle  s'étendait  plus  loin  aussi  : 
elle  gagnait  dans  le  peuple,  et  les  raisons  que  Richard 
donnait  à  Glocester  n'allaient  pas  jusqu'à  la  foule. 
Y  fussent-elles  allées,  qu'auraient-elles  pu  contre  ce 
reproche  :  «  Il  a  rendu  deux  bonnes  forteresses  es 
mains  de  ses  ennemis,  lesquelles  étaient  bonnes  et 
profitables  au  royaume  d'Angleterre  en  fait  de  guerre?  »» 
Le  peuple  anglais  croyait  déjà  à  cette  maxime,  dont  il 
a  aujourd'hui  des  témoins  sur  tonte  la  face  du  globe, 


156  LIVRE  NEUVIÈME.  [1397] 

que  ce  qui  est  bon  à  prendre  estbon  à  garder.  On  ne 
disait  donc  pas  que  Richard  eût  rendu  deux  places 
tenues  en  gage  :  et  \ainement  alléguait-il  dans  les 
ordres  de  livraison  les  engagements  et  les  noms  des 
seigneurs  les  plus  populaires.  On  disait  qu'il  vendait 
les  conquêtes  de  l'Angleterre  à  la  France;  et  ce 
bruit  une  fois  répandu  dans  la  multitude,  elle  se 
trouva  disposée  à  tout  croire.  Le  comte  de  Saint-Pol 
avait  été  envoyé  par  Charles  YI  auprès  de  Richard, 
pour  prendre  des  nouvelles  de  la  petite  reine.  Le 
choix  d'un  homme  agréable  au  roi  d'Angleterre  dont 
il  avait  épousé  la  sœur  utérine,  devait  avoir  aussi 
pour  objet  d'entretenir  la  bonne  intelligence  des  deux 
couronnes  :  c'était  répondre  au  message  dont  Richard 
venait  tout  récemment  de  charger  son  cousin  de  Ru- 
tland  et  le  comte  maréchal  :  on  répandit  le  bruit  qu'il 
venait  négocier  quelque  nouvelle  concession  à  la 
France.  Cherbourg  et  Brest  avaient  été  rendus  :  il  ne 
pouvait  plus  être  question  que  de  livrer  Calais  !  Les 
principaux  de  Londres,  émus  de  cette  nouvelle,  vin- 
rent en  toute  hâte  en  parler  à  Glocester  au  Plessis; 
Glocester  se  garda  bien  de  détruire  leurs  soupçons  : 
«  Ce  ne  serait  pas  impossible,  dit-il;  les  Français  don- 
neraient bien  toutes  les  filles  du  roi  de  France  pour 
avoir  Calais.  »  Et  comme  ceux  de  Londres  disaient 
qu'ils  en  parleraient  au  roi,  et  lui  feraient  connaître 
combien  le  sentiment  public  en  était  alarmé  :  «  Allez, 
dit-il,  parlez-lui  sans  crainte,  et  dites-moi  ce  qu'il 
vous  répondra.  De  mauvais  traités  pourraient  bien  se 


[1397]  GLOGESTER.  157 

faire;  car  voilà  le  comte  maréchal  qui  est  capitaine  et 
gardien  de  Calais  :  il  a  été  deux  fois  en  France,  lia 
séjourné  à  Paris,  il  a  été  mêlé  plus  que  nul  autre  au 
traité  de  mariage  du  roi  et  de  la  fille  du  roi  de 
France.  Les  Français  sont  subtils  ;  ils  savent  viser  de 
loin  une  chose  et  la  gagner  petit  à  petit.  Ils  savent 
promettre  et  donner  largement,  tant  qu'ils  viennent  à 
leur  entente  \  » 

Ceux  de  Londres  se  rendirent  à  Eltham,  près  du 
roi,  et  lui  exposèrent  franchement  le  sujet  de  leurs 
craintes.  Le  roi  ne  put  cacher  sa  surprise  et  son 
affliction.  Il  protesta  que  rien  n'était  plus  éloigné  de 
sa  pensée;  que  le  comte  de  Saint-Pol  n'avait  d'autre 
mission  que  de  voir  la  jeune  reine,  et  que  pour  lui. 
Dieu  aidant,  il  ne  trahirait  jamais  les  droits  de  sa 
couronne.  Les  habitants  de  Londres  s'en  allèrent  ras- 
surés, mais  le  roi  demeura  profondément  pensif  et 
chagrin;  il  ne  voyait  que  trop  qui  remuait  contre 
lui  ce  vieux  levain  de  calomnie.  ïl  retint  auprès  de 
lui  son  frère  Jean  de  Rolland,  comte  deHuntingdon, 
et  son  neveu  le  jeune  comte  de  Kent,  à  qui  il  avait 
déjà  communiqué,  et  qui  partageaient  ses  soupçons 
contre  Glocester  avec  l'emportement  ou  de  leur  ca- 
ractère ou  de  leur  âge.  Sans  rien  craindre  de  ses 
deux  autres  oncles,  Lancastre  et  York,  il  n'avait  pas 
la  même  confiance  en  eux;  et  d'ailleurs,  moins  préoc- 


1.  Accusation  pour  Cherbourg  et  Brest.  Ms.  388^,  fol.  111  verso, 
112.  —  Ambassade  du  comte  de  Saint-PoI  en  Angleterre.  Froissart, 
IV,  56. 


158  LIVRE  NEUVIÈME.  [1397] 

cupés  de  ses  périls,  ils  se  tenaient  communément 
plus  éloignés  de  sa  personne.  Richard  sentit  le  danger 
assez  grand  pour  se  donner  une  garde  de  deux  mille 
archers  qui  veillaient  nuit  et  jour  dans  sa  demeure*. 
Des  informations  nouvelles  lui  firent  craindre  que 
cela  même  ne  suffît  pas.  On  lui  donna  des  détails 
plus  précis  sur  le  plan  nouveau  qu'avait,  disait-on, 
adopté  Glocester;  il  s'agissait  toujours  de  l'enlever 
lui-même  et  de  le  transporter  avec  la  jeune  reine  en 
un  château,  où  il  «  serait  mis  et  enclos  courtoise- 
ment sous  bonne  garde.  »  Le  comte  de  la  Marche 
ayant  refusé  de  tenir  de  Glocester  la  couronne,  Glo- 
cester  avait  imaginé  d'y  substituer  un  gouvernement 
à  quatre,  où  il  intéressait  ses  deux  frères  Lancastre 
et  York,  en  leur  faisant  une  part.  On  se  partageait 
le  gouvernement  par  régions  :  Lancastre  et  York  de- 
vaient avoir  le  nord,  de  la  Tamise  aux  frontières 
d'Ecosse;  Glocester,  Londres,  le  comté  d'Essex  et 
tout  le  pays  au  nord-est  jusqu'à  l'Humber;  et  Arun- 
del,  toute  la  partie  occidentale  depuis  Londres^  en 
deçà  de  la  Tamise  et  de  la  Saverne.  Le  nouveau  gou- 
vernement devait  commencer  par  renouveler  la 
guerre  contre  la  France.  C'était  par  là  que  la  révo- 
lution voulait  faire  appel  au  sentiment  populaire,  et 
elle  pouvait  compter  en  outre  sur  l'esprit  qui  do- 

1.  Message  de  Londres  au  roi.  Froissart,  IV,  56.  —  Garde  de  deux 
mille  archers  du  comté  de  Chester.  M.  Evesh.,  p.  133.  —  Thomas  de 
Holland,  comte  de  Kent,  mourut  le  26  avril  1397.  C'est,  depuis 
lors,  son  fils,  nommé  aussi  Thomas,  qui  porte  ce  titre.  Voy. 
Dugdale,  Baronage^  t.  II,  p.  75. 


[1397]  GLOCESTER.  159 

minait  dans  une  partie  du  pays  et  notamment  dans 
Londres.  Il  y  avait  dans  le  pays  cet  esprit  de  révolte 
contre  l'autorité,  répandu  par  la  doctrine  de  Wicleff 
et  manifesté  par  les  progrès  de  la  secte  des  lollards; 
il  y  avait  toujours  à  Londres  cette  populace  qui  avait 
accueilli  Wat-Tyler,  et  qui  s'était  sentie  vaincue  dans 
sa  défaite.  Richard  savait  tout  le  crédit  dont  jouissait 
Glocester  parmi  les  mécontents.  Tous  ses  efforts  pour 
se  gagner  son  oncle,  pour  s'attacher  sa  capitale  étaient 
demeurés  inutiles*. 

Informé  du  plan  de  Glocester,  il  s'adressa  résolu- 
ment à  ses  deux  autres  oncles,  à  qui,  selon  ce  rap- 
port même,  Glocester,  sans  les  avoir  consultés  sans 
doute,  y  voulait  faire  une  part  :  «  Mes  beaux  oncles, 
leur  dit-il,  pour  Dieu  conseillez-moi.  Je  suis  tous  les 
jours  informé  de  vérité  que  votre  frère  mon  oncle  de 
Glocester,  le  comte  d'Arundel  et  leurs  complices  me 
veulent  prendre  et  mettre  en  un  château^  diviser 
mon  royaume  et  séparer  de  moi  ma  femme,  qui  est 
une  enfant  et  fille  du  roi  de  France.  Mes  beaux  oncles, 
ce  sont  cruelles  choses,  et  qui  ne  sont  pas  à  souffrir 
tant  qu'on  y  peut  obvier.  Vous  m'avez  fait  hommage 
et  juré  foi  tenir,  présent  votre  seigneur  de  père,  le 
roi  Edouard,  de  bonne  mémoire  mon  grand  seigneur; 
je  vous  prie  donc,  en  nom  d'amour  et  de  charité,  et 
par  votre  serment,  que  vous  me  conseilliez  :  car  à 
ce  que  je  puis  voir,  mon  oncle  de  Glocester  ne  de- 

1.  Nouveaux  projets  attribués  a  Glocester.  Froissart,  IV,  56. 


160  LIVRE  NEUVIEME.  [1397^ 

mande  autre  chose,  sinon  que  la  guerre  se  renou- 
velle entre  France  et  Angleterre  ^  » 

Les  deux  princes,  ne  jugeant  point  sans  doute  les 
choses  aussi  avancées ,  s'efforcèrent  de  rassurer  le 
roi:  ce  Monseigneur,  lui  disaient-ils,  souffrez-vous 
(contenez-vous);  laissez  le  temps  couler  aval;  nous 
savons  bien  que  notre  frère  de  Glocester  a  la  pire 
tête  et  la  plus  périlleuse  d'Angleterre;  mais  il  n'a  que 
le  pouvoir  d'un  homme  ;  s'il  charpente  d'un  côté;, 
nous  charpenterons  de  Tautre.  Tant  que  vous  vou- 
drez demeurer  en  notre  conseil,  vous  n'aurez  rien  à 
craindre  de  notre  frère.  Il  dit  bien  des  choses  dont 
il  n'est  rien  :  il  ne  peut  tout  seul  rompre  ni  briser  les 
trêves;  et  de  vous  enclore  en  un  château,  nous  ne  le 
souffrirons  jamais,  ni  que  vous  soyez  séparé  de  la 
reine  d'Angleterre  votre  femme.  Apaisez-vous  donc  : 
les  choses  tourneront  à  bien;  tout  ce  qu'on  dit  et 
compte  faire  ne  vient  pas  à  effet.  »  Ainsi  parlaient  les 
deux  princes  ;  mais  voyant  les  choses  s'aigrir  entre 
le  roi  et  le  duc  et  ne  voulant  pas  être  mêlés  à  la  que- 
relle, ils  se  retirèrent,  sous  prétexte  de  chasse,  dans 
leurs  châteaux.  C'était  priver  le  roi  de  la  garantie 
qu'ils  lui  donnaient  par  leur  présence  ;  c'était  le  lais- 
ser seul  devant  le  péril,  et  devant  les  résolutions  que 
le  sentiment  du  péril  lui  pouvait  inspirera 

Tout  annonçait  une  crise  prochaine.    Ceux   qui 
avaient  quelque  raison  pour  n'en  point  courir  l'a- 

1.  Froissart,  IV,  56. 

2.  Froissart,  ibid. 


[1397J  GLOGESTER.  161 

venture,  Thomas  Percy,  par  exemple,  sénéchal  de 
l'hôtel,  faisaient  comme  Lancastre  et  York,  et  cher- 
chaient une  excuse  pour  se  retirer.  Mais  il  y  en  avait 
qui  étaient  nécessairement  compromis  dans  le  parti 
du  roi.  La  cause  du  roi  était  leur  propre  cause,  et  ils 
avaient  un  intérêt  personnel  à  épier,  à  découvrir  et 
à  réprimer  le  complot.  Si  le  Religieux  de  Saint-Denys 
n'a  pas  été  trompé  par  de  fausses  rumeurs,  ce  fut  le 
comte  maréchal,  l'ancien  complice  de  Glocester^  qui 
le  fit  connaître  au  roi.  Selon  ce  rapport,  Glocester 
et  Arundel  avaient  appelé  la  religion  elle-même  à 
consacrer  leur  conspiration.  Toutes  choses  étant  con- 
venues, l'archevêque  de  Canterbury  avait  célébré  la 
messe  devant  eux^  et  leur  avait  donné  la  communion 
comme  gage  du  lien  qui  les  unissait  et  du  secret 
qu'ils  s'étaient  promis  l'un  à  l'autre.  (Warvvick,  leur 
ancien  complice,  y  avait  été  encore  cette  fois  asso- 
cié.) La  scène  est  suspecte,  le  complot  même  a  pu 
être  révoqué  en  doute  dans  ses  détails;  mais  ce  qui 
est  moins  contestable,  c'est  que  le  bruit  en  était  ré- 
pandu autour  du  roi.  Richard^  délaissé  de  ses  deux 
oncles,  se  trouvait  donc  seul  en  présence  de  cette 
menace  nouvelle  et  de  ses  anciens  souvenirs;  après 
ce  que  Glocester  avait  osé  déjà,  il  avait  tout  à  crain- 
dre. Il  résolut  de  ne  pas  se  laisser  surprendre  une 
seconde  fois,  et  de  prévenir  ses  ennemis  (a). 

Lui-même  y  voulut  prendre  le  principal  rôle.  Il 
s'entendit  avec  le  comte  maréchal  :  il  se  dirigea  vers 
Havering  comme  pour  chasser  aux  daims,  et  de  là, 

n—  Il 


162  LIVRE  NEUVIÈME.  [1397] 

un  jour  après  dîner,  il  se  rendit  au  Plessis.  Glo- 
cesler  avait  déjà  fini  de  souper  :  il  était  sobre  et 
restait  peu  à  table.  Il  vint  à  la  rencontre  du  roi^  et 
lui  fit,  avec  la  duchesse,  les  honneurs  de  son  château. 
On  dressa  une  table,  on  servit  le  roi;  mais  à  peine 
avait-il  goûté  aux  mets  :  «  Bel  oncle,  dit-il,  faites 
seller  vos  chevaux,  non  pas  tous,  mais  cinq  ou  six; 
il  convient  que  vous  me  teniez  compagnie  à  Londres; 
car  ceux  de  Londres  doivent  demain  me  présenter 
rec^uête;  nous  y  trouverons  mon  oncle  de  Lancastre 
et  mon  oncle  d'York,  et  j'en  ordonnerai  par  votre 
conseil.  Dites  à  vos  gens  de  vous  suivre  et  de  venir 
vous  retrouver  demain.  »  Le  duc  obéit  sans  défiance; 
le  roi  prit  congé  de  la  duchesse  et  de  ses  enfants,  et 
monta  à  cheval  avec  Glocester,  qui  prit  avec  lui 
quatre  écuyers  et  quatre  varlets.  Quand  on  arriva 
près  de  la  Tamise,  le  comte  maréchal  sortit  tout  à 
coup  d'une  embuscade  et  se  jeta  sur  Glocester, 
disant  :  «  Je  vous  arrête  de  par  le  roi!  »  Le  duc  se 
vit  trahi;  il  appela  le  roi,  mais  le  roi  avait  pris  les 
devants.  Il  y  avait  là  un  bateau  à  l'ancre  :  le  comte 
maréchal  y  mit  Glocester  et  y  monta  lui-même  avec 
tous  ses  gens;  puis,  gagnant  la  mer,  il  mena  son 
prisonnier  à  Calais  (a). 

Le  lendemain  le  comte  de  Warwick,  impliqué  dans 
les  desseins  de  ses  anciens  complices^,  était  arrêté;  le 
comte  d'Arundel,  qui  aurait  pu  se  sauver  et  même 
en  appeler  à  la  force  pour  tenter  de  délivrer  Glocester 
et  Warwick,  se  laissa  tromper  par  de  flatteuses  pa- 


[1397]  GLOGESTER  16*3 

rôles  et  envoyer  dans  l'île  de  Wiglit,  où  on  le  mit  en 
prison.  En  même  temps,  le  roi  faisait  annoncer  par 
tout  le  royaume  qu'ils  étaient  arrêtés  comme  traîtres  ; 
qu'ils  l'avaient  été  de  l'aveu  du  comte  de  Rutland, 
son  cousin,  du  comte  de  Huntingdon  (J.  de  Holland), 
son  frère,  et  du  comte  de  Kent,  son  parent;  du 
comte  maréchal,  du  comte  de  Salisbury  (Jean  de  Mon- 
taigu),  du  sire  le  Despenser  et  de  W.  le  Scrop  :  c'est 
avec  eux,  selon  toute  apparence,  qu'il  s'était  con- 
certé pour  cette  arrestation.  Et  il  voulait  qu'on  pro- 
clamât qu'elle  avait  eu  lieu  aussi  avec  l'assenti- 
ment de  ses  oncles  de  Lancastre  et  d'York  et  de  son 
cousin  de  Derby  :  il  comptait  bien  qu'ils  n'oseraient 
le  désavouer.  En  outre,  de  peur  que  leurs  anciens 
partisans,  se  croyant  menacés^  ne  recourussent  au 
soulèvement  pour  échapper  au  péril,  on  déclarait  que 
les  trois  lords  n'étaient  point  poursuivis  pour  la  prise 
d'armes  de  la  onzième  année  (1387)^  que  les  griefs 
étaient  d'autre  nature,  et  seraient  exposés  dans  le 
prochain  parlement.  Le  roi  cherchait  donc  à  rassurer 
les  esprits  et  à  prévenir  les  troubles;  il  ordonnait 
aussi  de  les  réprimer  en  arrêtant  quiconque  tenterait 
la  moindre  chose  contre  les  faits  accomplis.  De  plus, 
il  introduisait  dans  sa  garde  des  hommes  de  Chesler, 
le  pays  dont  il  était  le  plus  sûr,  et  il  convoquait  à 
Kingston,  pour  l'accompagner  à  Westminster,  tous 
ceux  qui  portaient  sa  livrée  et  ses  armes  :  le  cerf  à 
la  couronne  (a). 

Pour  prévenir  lu  conjuration,  Richard  avait  cm* 


164  LIVRE  NEUVIÈME.  [1397] 

prunté  aux  conjurés  leurs  anciens  procédés.  Ce  fut 
aussi  sur  eux  que,  pour  la  frapper,  il  prit  exemple. 
Dans  un  grand  conseil,  tenu  à  Nottingham  (5  août), 
on  vit  se  porter  appelants  contre  Glocester  et  ses  deux 
complices,  les  premiers  personnages  de  l'État,  les 
princes  mêmes  de  la  famille  royale  :  Edmond,  comte 
de  Rutland,  fils  du  duc  d'York;  Jean  de  Beaufort, 
comte  de  Sommerset,  fils  légitimé  du  duc  de  Lancastre; 
Thomas  de  Holland,  comte  de  Kent,  neveu  de  Richard, 
et  Jean  de  Holland;  comte  de  Hûntingdon,  son  frère  ; 
Thomas  Mowbray,  comte  de  Nottingham,  lord  ma- 
réchal; le  nouveau  comte  de  Salisbury,  le  jeune 
Thomas  le  Despenser  et  W.  le  Scrop,  déjà  cités  dans 
la  proclamation  du  roi  comme  ayant  donné  leur  avis 
à  l'arrestation  des  accusés.  Le  parlement  fut  convoqué 
pour  les  juger*. 


m 

LE   PARLEMENT   DE   LA   XXI«   ANNÉE   (1397). 

La  disparition  de  Glocester,  l'arrestation  si  brusque 
de  Warwick  et  d'Arundel  avaient  jeté  la  consterna- 
tion dans  leurs  familles  et  dans  le  pays.  Mais  la  du- 
chesse de  Glocester  comptait  que  Lancastre  et  York 
n'abandonneraient  pas  leur  frère,  et  les  habitants  de 

1.  Wals  ,  p.  354.  L'acte  d'appel  est  donné  en  tête  des  procès- 
verbaux  du  procès.  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  374,  $  2. 


[1397]  GLOCESTER.  165 

Londres  eux-mêmes  s'étaient  rassurés  en  voyant  l'af- 
faire renvoyée  au  parlement  Ils  ne  savaient  où  ils 
fondaient  leurs  espérancesM 

Le  parlement  s'étant  réuni  à  Westminster  au  jour 
marqué  (17  septembre  1397),  le  chancelier,  évêque 
d'Exeter,  prit  pour  texte  ces  paroles  d'Ézéchiel  :  «  Il 
n'y  aura  qu'un  seul  roi  pour  tous  :  Rex  unus  erit  om- 
nibus y  ))  et  son  discours  reposa  tout  entier  sur  les 
droits  du  pouvoir  royal.  Le  pays,  disait-il,  ne  peut 
être  bien  gouverné  que  par  un  roi.  Or,  pour  que  le 
roi  gouverne,  il  faut  trois  choses  :  l*'  qu'il  soit  puis- 
sant; 2"  qu'il  soit  attentif  à  la  garde  et  à  l'exécution 
des  lois;  3"  qu'il  soit  obéi,  ainsi  que  la  loi.  Pour  que 
le  roi  soit  puissant,  il  faut  qu'il  ait  les  libertés  et  les 
prérogatives  qui  lui  ont  été  données  et  qu'il  a  juré  de 
maintenir  au  temps  oii  ila  reçu  la  couronne  :  en  telle 
sorte  que  si  l'une  d'elles  a  été  aliénée  sous  la  foi  du 
serment,  la  loi  tient  cette  aliénation  pour  nulle  et 
délie  du  serment.  Les  droits  de  la  couronne  avaient- 
ils  été  aliénés  ou  amoindris?  Le  parlement  était  con- 
voqué pour  s'en  enquérir  et  y  porter  remède,  afin 
que  le  pouvoir  royal  fût  rétabli  et  qu'il  y  eût_,  selon 
le  texte  de  l'Écriture,  un  roi  pour  tous  :  Rex  erit 
unus  omnibus.  Ce  premier  point  était  déjà  tout  un 
sermon  portant  sa  conclusion,  et  aurait  pu  dispenser 
l'orateur  de  développer  les  deux  autres.  C'était  dire 


1.  Confiance  de  la  duchesse  de  Glocester  dans  les  ducs  de  Lancasire 
et  d'York.  Froissait,  IV,  61  ;—  Parlement  du  lundi  après  l'Exoltalion 
de  la  Sainte-Croix  (17  septembre  1397).  Rut.  Parl.^  t.  III,  p.  3^*7. 


166  LIVRE  NEUVIÈME.  [1397] 

assez  au  parlement  que  le  roi  ne  laisserait  pas  chô- 
mer les  lois  répressives  :  et  l'évêque  citait  l'exemple 
du  père  qui  châtie  son  enfant;  c'était  dire  comment 
il  entendait  que  le  roi  fût  respecté  et  la  loi  obéie. 
Mais  le  discours  avait  une  conclusion  plus  explicite. 
Le  cliancelier  annonçait  que  le  roi,  considérant  les 
autres  offenses  dont  le  peuple  s'était  jadis  rendu  cou- 
pable, voulait  lui  rendre  le  calme  et  la  sécurité  par 
une  amnistie  générale,  sauf  des  points  qui  seraient 
expliqués;  hormis  aussi  cinquante  personnes  et  ceux 
qui  seraient  accusés  dans  ce  parlement*. 

Les  communes  allèrent  au-devant  de  tout  ce  qu'on 
voulait.  Après  avoir  fait  agréer  du  roi  leur  speaker, 
J.  Bussy,  et  réclamé,  selon  Tusage,  pour  l'Église,  les 
prélats  et  les  cités  la  confirmation  de  leurs  libertés, 
elles  en  usèrent,  quant  à  elles,  en  demandant  d'abord 
que  les  prélats  nommassent  un  procureur  pour  les 
représenter  dans  le  cas  où  ils  ne  pourraient  siéger  en 
raison  de  leur  caractère,  et  faire  ainsi  que  leur  ab- 
sence ne  pût  être  invoquée  comme  invalidant  les 
jugements.  Les  prélats  nommèrent  Thomas  Percy. 
Après  cela ,  les  communes  demandèrent  que  l'on 
abolît ,  comme  arraché  par  la  contrainte ,  le  statut 
de  l'an  x  de  Richard  (19  novembre  1386),  qui  avait 
donné  à  Glocester,  à  Ârundel  et  à  plusieurs,  commis- 
sion pour  gouverner  le  royaume;  et  il  fut  résolu,  du 
consentement  des  lords  et  des  communes  ,  qu'on  ne 

1.  liol.  ParL,  t.  III,  p.  3kl. 


[1397]  GLOCESTER.  167 

pourrait  plus  ni  établir  ni  tenter  d'établir  pareil  pou- 
voir sous  la  peine  des  traîtres.  Cette  interdiction 
était  légitime,  bien  que,  hélas!  singulièrement  im- 
puissante. Mais  l'autre  mesure  ne  tendait  à  rien 
moins  qu'à  frapper  rétrospectivement  d'illégalité  tous 
les  actes  du  gouvernement  de  Glocester(fl). 

Ce  ne  futpoint  assez  :  le  mêmejour  (mardi,  18  sep- 
tembre) on  révoqua  le  pardon  que  le  roi  avait  accordé 
à  Glocester,  à  Arundel  et  à  Warwick,  et  qu'il  avait 
sanctionné  par  sept  années  de  faveur  et  de  grâces;  en 
sorte  que  les  trois  complices  se  trouvaient,  de  plein 
droit,  rétablis  dans  cet  état  de  trahison  et  de  révolte 
qui  venait  d'être  déftni  par  la  précédente  résolution. 
Mais  le  comte  d'Arundel  aurait  pu  alléguer  une  autre 
charte  de  pardon  qui,  obtenue  le  30  avril  de  la  dix- 
septième  année  (1394)  pour  un  acte  de  peu  d'impor- 
tance, rappelait  néanmoins,  selon  le  protocole  ordi- 
naire, toutes  les  trahisons,  félonies,  etc.,  dont  il 
avait  pu  se  rendre  coupable,  pour  l'en  décharger  en 
môme  temps.  Ici  on  ne  pouvait  alléguer  la  contrainte: 
en  1394,  le  roi  était  autant  que  jamais  en  pleine 
liberté  d'action.  On  allégua  son  ignorance,  et  la 
charte  fut  révoquée  tout  aussi  bien  que  l'autre  (6). 

Le  champ  était  donc  libre.  Avant  de  procéder,  le 
surlendemain  jeudi  20  septembre,  les  communes  dé- 
clarèrent qu'elles  étaient  prêtes  à  traiter  de  diverses 
choses,  mais  qu'elles  avaient  plusieurs  accusations 
à  soutenir;  et  elles  demandaient  à  le  faire  dans  le  temps 
et  aussi  souvent  qu'elles  le  voudraient,  sous  réserve 


168  LIVRE  NEUVIÈME.  [1397] 

de  tous  leurs  droits.  Ce  point  accordé  et  enregistré  dans 
les  rôles,  elles  commencèrent  par  rarchevêque  de  Gan- 
terbury,  Thomas  Arundel.  Elles  Taccusaient  de  tra- 
hison parce  qu'étant  chancelier,  il  avait  traîtreusement 
aidé  à  former  le  conseil  de  la  dixième  année  (1386), 
conseil  dont  il  s'était  fait  nommer  membre  avec  Glo- 
cester,  Arundel,  etc.;  et  parce  que,  dans  la  onzième 
année  (1387-1388),  avec  les  membres  de  ce  conseil, 
il  avait  entrepris  de  s'emparer  de  l'autorité  royale, 
fait  arrêter  et  condamner  à  mort  les  loyaux  sujets  de 
Sa  Majesté,  Simon  Burley,  J.  Berners.  Elles  priaient 
le  roi  d'ordonner  que  l'archevêque  fût  mis  sous 
bonne  garde.  L'archevêque,  dit  le  moine  d'Evesham, 
voulait  se  lever  pour  répondre,  mais  le  roi  le  retint  : 
«  Vous  répondrez  demain  »,  lui  dit-il;  et  il  déclara 
au  parlement  que,  vu  la  haute  dignité  de  l'accusé,  il 
prendrait  conseil*. 

Les  communes  avaient  pris  sur  elles  la  mise  en 
accusation  de  l'archevêque.  Sans  plus  attendre  la 
décision  du  roi,  les  lords  appelants  qui  s'étaient  mis 
en  avant  au  conseil  de  Nottingham  contre  Glocester, 
Arundel  et  Warwick,  présentèrent  à  leur  tour  leur 
acte  d'accusation  devant  le  parlement.  Ils  reprenaient 
dans  leurs  articles  toute  l'histoire  de  la  dixième  et  de 
la  onzième  année  de  Richard  II:  la  commission  de  gou- 
vernement imposée  au  roi  par  menace  en  la  dixième 


1.  Déclaration  des  communes.  Rot.  Parl.^  t.  III,  p.  351,  g  14;  — 
Accusation  de  Thomas  Arundel,  archevêque  de  Canterbury ,  ibid.j 
S  15;  cf.  M.Evesh.,  p.  133. 


[1397]  GLOCESTER.  169 

année  (19  novembre  1386),  sous  l'impulsion  de  Glo- 
cester  et  d'Arundel,  et  tout  spécialement  : 

1"  Le  complot  formé  l'année  suivante  par  les 
mêmes  seigneurs  pour  s'emparer  du  pouvoir  royal, 
complot  oii  ils  avaient  entraîné  Warwick  et  Thomas 
Mortimer;  la  prise  d'armes  de  Haringhay-Park;  la 
conférence  de  Westminster,  où  le  roi  avait  été  con- 
traint de  faire  tout  selon  leur  bon  plaisir  ; 

2"  L'arrestation  et  le  procès  des  plus  fidèles  amis 
du  roi,  et,  entre  autres,  de  Simon  Burley;  sa  con- 
damnation contre  l'avis  du  roi  et  en  l'absence  d'un 
grand  nombre  de  pairs  du  parlement. 

On  les  accusait  encore  : 

3"  D'avoir  voulu,  le  12  décembre  1387,  attirer  le 
roi  en  un  lieu,  comme  pour  lui  rendre  hommage,  dans 
l'intention  réelle  de  le  déposséder  :  projet  dont  Henri 
de  Lancastre,  comte  de  Derby,  et  Thomas  Mowbray, 
comte  de  Nottingham,  associés  jusque-là  à  leurs  ac- 
tes, empêchèrent  seuls  l'exécution.  Mais  c'est  à  peine 
si  l'on  peut  dire  qu'ils  aient  renoncé  à  leur  dessein; 
ils  avaient  osé  tenir  la  menace  suspendue  sur  la  tête 
de  Richard  :  le  décret  de  la  déposition  d'Edouard  II 
avait  été  tiré  des  archives,  lu  au  roi  au  parlement,  et 
ils  avaient  osé  lui  dire  qu'ils  avaient  raison  suffisante 
pour  le  déposer  de  la  même  sorte,  et  que,  s'ils  le  lais- 
saient sur  le  trône,  c'était  par  respect  pour  son  père 
et  son  aïeul,  dans  l'espoir  qu'il  gouvernerait  mieux*. 

\.  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  37^  {Placita  ccyronœ,  $  3-7). 


170  LIVRE  NEUVIÈME.  [1397] 

Ainsi  nulle  allusion  aux  griefs  qui  avaient  poussé 
le  roi  à  ce  parti  désespéré  contre  Glocester.  Les  actes 
de  la  onzième  année  ayant  été  déclarés  crimes,  et  le 
pardon  révoqué,  on  trouvait  tout  simple  de  s'en  tenir 
à  des  faits  publiquement  établis,  au  lieu  de  se  jeter 
dans  le  dédale  d'un  procès  nouveau  qu'il  eût  fallu 
instruire.  Les  articles  lus,  les  lords  appelants  décla- 
rèrent qu'ils  étaient  prêts  à  les  prouver,  et  ils  prièrent 
le  roi  de  faire  comparaître  les  accusés  devant  le  par- 
lement pour  y  répondre. 

Le  lendemain,  21  septembre,  lord  Nevil,  constable 
de  la  Tour  de  Londres,  amena  le  comte  d'Arundel. 
C'était  à  l'aîné  de  ses  oncles,  au  duc  de  Lancastre, 
sénéchal  d'Angleterre,  que  le  roi  avait  remis,  en  cette 
qualité^  ia  charge  bien  lourde  de  présider  à  ce  pro- 
cès monstrueux. 

Selon  le  moine  d'Evesham,  lorsque  Arundel  fut 
amené  à  la  barre,  revêtu  de  sa  robe  de  comte  et  de 
son  chaperon  d'écarlate,  le  duc  de  Lancastre  dit  au 
sire  de  Nevil  :  «  Otez-lui  la  ceinture  et  le  chaperon;  » 
et  il  lui  lit  connaître  les  articles  de  l'appel.  Le  comte 
nia  avec  force  qu'il  fût  un  traître,  et  il  invoqua  le  bé- 
néflce  de  son  pardon,  protestant  qu'il  n'avait  jamais 
voulu  manquer  à  la  grâce  du  roi;  et,  comme  Lan- 
castre lui  disait  que  ce  pardon  avait  été  révoqué, 
l'appelant  traître  :  «  Vous  mentez!  s'écria  le  comte, 
jamais  je  ne  fus  traître. 

—  Pourquoi  donc,  reprit  le  duc,  avez-vous  demandé 
pardon  ? 


[1397]  GLOCESTER.  171 

—  C'est,  répliqua  le  comte,- pour  fermer  la  bouche 
à  mes  envieux,  dont  vous  êtes  un;  et  certes,  en  fait 
de  trahison,  vous  avez  plus  besoin  de  pardon  que 
moi.  )) 

Le  roi,  voulant  couper  court  à  cette  querelle,  dit 
au  comte  :  «  Répondez  à  l'accusation.  » 

Et  le  comte  :  «  Je  vois  bien  qu'ils  m'accusent  de 
trahison;  ils  mentent  tous  :  jamais  je  ne  fus  traître! 
Mais  je  réclame  le  bénéfice  du  pardon  que  vous 
m'avez  accordé  il  y  a  moins  de  six  ans,  de  votre 
propre  mouvement,  dans  la  plénitude  de  votre  âge 
et  de  votre  libre  volonté. 

—  Je  l'ai  octroyé,  dit  le  roi,  sous  condition  que 
cela  ne  tourne  pas  contre  moi. 

—  L'octroi  en  est  donc  nul,  »  ajouta  Lancastre. 
Arundel  insistait,  montrant  que  ce  pardon  avait 

été  de  la  part  du  roi  si  vraiment  spontané,  qu'il  se 
trouvait  alors  au  delà  des  mers.  Mais  s'il  n'était  pas 
nul  de  soi,  il  avait  été  annulé  :  pour  plusieurs,  c'était 
la  même  chose;  et  J.  Bussy,  l'orateur,  crut  fermer  la 
bouche  à  l'accusé,  en  lui  alléguant  cette  dernière  ré- 
solution du  roi,  des  seigneurs  et  des  fidèles  com- 
munes. Le  comte,  se  tournant  vers  lui  :  «  Où  sont 
ces  fidèles  communes?  Je  vous  connais,  toi  et  tes 
compagnons;  je  sais  que  vous  avez  été  réunis,  non 
pour  faire  acte  de  fidélité,  mais  pour  verser  mon 
sang.  Les  fidèles  communes  du  royaume  ne  sont 
point  ici  :  si  elles  étaient  ici,  elles  pourraient  bien 
combattre  pour  moi  afin   que  je  ne  fusse  pas  livré 


172  LIVRE  NEUVIÈME.  [1397] 

entre  vos  mains  :  car  je  sais  qu'elles  ont  grand'- 
peine  de  moi ,  et  je  sais  que  tu  as  toujours  été 
faux.  » 

Bussy  et  les  gens  des  communes  s  écrièrent  avec 
force  :  «  Voyez^  sire  roi,  comme  ce  traître  cherche 
à  exciter  sédition  entre  nous  et  les  nôtres  demeurés 
au  pays! 

—  Vous  mentez  tous!  leur  répondit  le  comte  :  je 
ne  suis  point  traître.  » 

Henri^  comte  de  Derby,  se  leva  à  son  tour,  et,  d'un 
ton  plus  bénin  :'  «  Ne  m'avez-vous  pas  dit,  à  Hun- 
tingdon,  où  nous  nous  étions  réunis  avant  de  nous 
insurger,  qu'il  serait  mieux  de  prendre,  avant  tout, 
le  roi?  )) 

Le  comte,  furieux  de  cette  attaque  inattendue  : 
«  Toi,  s'écria-t-il,  Henri,  comte  de  Derby,  tu  mens 
par  ta  tête!  Jamais  je  n'ai  rien  dit  de  monseigneur  le 
roi^  ni  à  toi,  ni  à  aucun  autre,  qui  ne  fût  à  son  bien 
et  à  son  honneur.  >> 

Mais  le  roi,  intervenant  de  sa  personne  :  «  N'avez- 
vous  pas  dit,  au  temps  de  votre  parlement,  dans  la 
salle  de  bain,  derrière  la  salle  blanche,  que  Simon  de 
Burley  était  coupable  de  mort  pour  plusieurs  causes? 
et,  quand  je  répondais  que  je  ne  savais  ni  ne  trou- 
vais en  lui  aucune  cause  de  mort,  quand  nous  vous 
priions  et  suppliions  pour  lui,  moi  et  la  reine  mon 
épouse,  vous  et  vos  compagnons,  au  mépris  de 
nos  prières,  vous  l'avez  traîtreusement  fait  mou- 
rir! » 


[1397]  GLOCESTER.  173 

Le  fait  n'était  que  trop  vrai.  Arundel  se  tut,  et  le 
duc  de  Lancastre  prononça  la  sentence  ^ 

Cette  scène  ne  peut  être  regardée  comme  suppo- 
sée :  le  moine  d'Evesham  n'aurait  point  inventé  ni 
accepté  à  l'aveugle  un  récit  où  le  comte  de  Derby, 
l'objet  de  ses  prédilections,  remplit  un  rôle  de  dénon- 
ciateur. Mais  si  rien  de  cette  lutte  de  l'accusé  contre 
ses  accusateurs  et  ses  juges  n'est  demeuré  dans  les 
actes  officiels,  l'attitude  plus  calme  qu'ils  lui  prêtent 
n'a  pas  un  caractère  moins  imposant.  Selon  le  texte 
du  procès- verbal,  Arundel,  comme  dans  le  récit  du 
chroniqueur,  répondit  à  l'accusation  par  une  fin  de 
non-recevoir;  il  allégua  l'amnistie  générale  accordée 
par  le  roi  dans  sa  onzième  année  (1388),  et  la  charte 
particulière  de  pardon  qu'il  avait  obtenue  plus  récem- 
ment. On  lui  dit  que  le  parlement  avait  annulé  l'am- 
nistie, comme  obtenue  par  violence,  et  la  charte  de 
pardon  comme  surprise  à  la  religion  du  roi.  On  lui 
demanda  s'il  n'avait  rien  d'autre  à  dire  pour  sa  dé- 
fense; et_,  comme  il  se  taisait,  William  Clopton,  chef 
du  banc  du  roi,  lui  déclara,  par  commandement  de 
Richard,  que  la  loi  le  tiendrait  pour  coupable  s'il  ne 
s'expliquait  davantage.  Il  persista  à  invoquer  le  bé- 
néfice de  Tamnislie;  mais  on  passa  outre,  et  les  lords 
appeJants  prièrent  le  roi  de  le  condamner,  comme 
suffisamment  convaincu*. 


1.  M.  Evesh.,  p.  136-138.  On  y  lit  plusieurs  fois  pro(/<7/o,  où  il 
faut  lire  pardunatio. 

2.  liot.  Par/.,  t.  III,  p.  377. 


174  LIVRE  NEUVIÈME.  [1397] 

Le  lord  sénéchal,  au  nom  du  roi,  de  l'avis  des  lords 
temporels  et  du  procureur  du  clergé,  prononça  donc 
la  sentence.  Le  comte  d'Arundel  était  déclaré  traître, 
et  condamné  à  être  traîné  sur  la  claie,  pendu,  déca- 
pité et  mis  en  quartiers,  et  ses  biens  confisqués.  On 
reportait  l'effet  de  la  sentence  au  19  novembre  de 
l'an  X,  époque  du  fameux  statut  de  réforme  :  ce  qui 
annulait,  non  les  acquisitions  (le  fisc  y  eût  perdu), 
mais  les  aliénations  qu'il  eût  pu  faire  postérieure- 
ment à  cette  époque.  Le  roi  crut  se  montrer  généreux 
en  bornant  la  peine  à  la  décapitation,  et  en  restrei- 
gnant l'interprétation  de  l'arrêt  sur  les  biens  con- 
fisqués (a). 

Le  comte  d'Arundel  entendit  son  jugement  sans 
pâlir,  et  montra  la  même  fermeté  quand  il  eut  à  su- 
bir la  sentence.  On  avait,  dit-on,  choisi  pour  prési- 
der à  l'exécution  les  comtes  de  Huntingdon  et  de 
Kent,  ce  dernier,  neveu  du  condamné!  «  Vraiment, 
leur  dit-il,  vous  auriez  bien  fait  de  vous  soustraire  à 
cette  besogne;  mais  un  jour  viendra  où  vos  infor- 
tunes ne  causeront  pas  moins  d'étonnement  que  les 
miennes.  »  Il  pardonna  au  bourreau,  lui  recommanda 
de  ne  le  point  manquer,  et,  tâtant  du  doigt  le  tran- 
chant du  glaive  :  «  Il  est  bien  aiguisé,  dit-il,  fais 
vite  ce  que  tu  as  à  faire.  »  Un  seul  coup  fit  tomber 
sa  tête  (21  septembre  1 397)  (a). 

Cette  fermeté  du  patient  et  cette  iniquité  du  sup- 
plice firent  dans  le  peuple  une  profonde  impression. 
Le  comte,  sans  doute,  n'était  pas  un  saint,  mais  on 


[1397J  GLOGESTER.  175 

vit  en  lui  un  martyr.  On  divsait  que,  dans  la  tombe, 
sa  tête,  injustement  coupée,  s'était  réunie  à  son 
corps.  Le  roi  lui  même,  poursuivi  par  le  remords, 
fut  ému  de  ce  bruit.  Il  fit  ouvrir  le  cercueil  \ 

Le  même  jour  qu'Arundel  était  jugé  et  mis  à  mort 
(21  septembre) ,  le  roi  expédia  l'ordre  au  comte  ma- 
réchal,  gouverneur  de  Calais,  d'envoyer  Glocester 
pour  qu'il  répondît  aux  articles  dirigés  contre  lui  ; 
mais  le  comte  maréchal  répondit  (24  septembre)  que 
cela  n'était  plus  possible,  que  Glocester  était  mort. 
Comment  était-il  mort?  L'événement  était  assez  su- 
bit, et,  de  sa  nature,  assez  suspect  pour  donner  lieu 
à  une  enquête.  Nul  ne  s'y  arrêta.  Bien  plus,  cette 
mort  n'arrêta  rien.  Les  lords  appelants  demandèrent 
que  le  duc  fût  déclaré  traître  et  ses  biens  confisqués, 
et  les  communes  les  appuyèrent.  Les  lords  temporels 
et  Th.  Percy,  le  fondé  de  pouvoirs  du  clergé,  leur 
donnèrent  toute  satisfaction.  Avec  l'assentiment  du 
roi,  ils  déclarèrent  Glocester  coupable,  et  confisqués 
tous  les  biens  qu'il  avait  le  13  novembre  de  l'an  xi 
(1387)  (date  de  la  prise  d'armes  de  Haringhay-Park), 
ou  qu'il  avait  acquis  depuis.  On  ne  touchait  point  à 
sa  dépouille  mortelle;  mais  on  le  poursuivait  dans  ses 
enfants.  Défense  leur  était  faite  de  porter  les  armes 
d'Angleterre,  et  ils  étaient  déclarés  inhabiles  à  suc- 
céder à  la  couronne  (a). 

La  précipitation  à  rendre  cet  arrêt  fut  telle,  que  le 

1.  Wals.,p.  35^. 


I 


176  LIVRE  NEUVIÈME.  [1397] 

lendemain  seulement  (25  septembre),  les  appelants 
se  demandèrent  s'il  n'y  avait  point  quelque  pièce 
émanant  de  Glocester  et  pouvant,  à  défaut  de  sa  per- 
sonne, figurer  au  procès.  Ils  vinrent  donc  au  parle- 
ment, et  requirent  la  production  de  tout  acte  de  ce 
genre  relatif  à  l'appel  ou  à  l'un  des  appelés,  si  quel- 
qu'un en  était  consigné  aux  registres.  Sur  cette  re- 
quête, le  roi  ordonna  que  Ton  produisît  un  rapport 
de  W.  Rickhill,  un  des  juges  du  banc  du  roi,  envoyé 
par  commission  le  17  août  passé,  pour  interroger 
Glocester,  Or,  on  y  trouvait  une  chose  de  la  plus 
haute  importance. 

C'est  une  déclaration  de  Glocester  lui-même,  en 
date  du  8  septembre,  où  l'accusé  fait  l'aveu  des  torts 
dont  il  se  reconnaît  coupable,  afin  de  les  réduire  et 
de  rejeter  du  même  coup  ceux  qu'on  lui  voudrait  im- 
puter au  delà.  Il  reconnaît  qu'il  a  concouru  au  statut 
de  1 386  et  à  la  nomination  du  conseil,  acte  par  lequel 
il  a  restreint  la  liberté  du  roi  et  mis  la  main  sur  son 
autorité,  sans  toutefois  qu'il  ait  eu  conscience  d'at- 
tenter par  là  à  la  royauté  :  il  en  a  demandé  pardon 
au  roi,  et  il  l'a  obtenu.  S*il  est  venu  en  armes  devant 
le  roi,  c'est  par  crainte  pour  sa  vie  :  mais  il  avoue 
qu'il  a  fait  mal,  et  demande  grâce.  Mêmes  aveux, 
même  demande  de  pardon  pour  les  lettres  des  messa- 
gers du  roi,  ouvertes  sans  sa  permission,  et  pour  des 
paroles  irrespectueuses  adressées  au  roi  en  présence 
d'autres  personnes.  A-t-il,  avec  d'autres,  demandé 
à  des  gens  d'église  si,  pour  sauver  leur  vie,  ils  pou- 


[1397]  GLOCESTEK.  177 

valent  renoncer  à  leur  hon^mage?  il  n'en  a  pas 
bien  nettement  souvenir.  Quant  au  projet  de  déposer 
Richard,  il  reconnaît  qu'il  a  bien  donné  consente- 
ment à  le  faire  pour  deux  ou  trois  jours,  mais  il  vou- 
lait ensuite  lui  rendre  son  hommage  et  le  rétablir  en 
tout  pouvoir  :  entreprise  déloyale,  il  le  confesse,  et  en 
demande  humblement  pardon  au  roi.  Mais  pour 
toutes  les  choses  qu'on  pourrait  l'accuser  d'avoir  sues 
ou  connues,  ordonnées  ou  agréées  contre  la  volonté 
du  roi,  depuis  le  jour  où  il  lui  prêta  serment  à  Lan- 
gley  (en  l'an  xi,  1387-1388),  il  affirme,  sur  le  corps 
du  Seigneur,  qu'il  en  est  innocent.  Dans  les  cas  mêmes 
dont  il  a  fait  l'aveu  à  W.  Rickhill,  et  où  il  reconnaît 
qu'il  a  offensé  le  roi,  il  ne  voulait  pourtant  agir  que 
pour  le  plus  grand  bien  de  son  État  et  de  sa  per- 
sonne. Il  l'atteste,  comme  il  en  doit  répondre  devant 
Dieu  au  jour  du  Jugement.  C'est  pourquoi  il  prie  le 
roi,  son  souverain  seigneur,  de  le  prendre  à  merci  : 
se  remettant  à  sa  volonté,  vie,  corps  et  biens,  aussi 
humblement  que  peut  faire  une  créature  à  son  souve- 
rain maître;  le  priant  par  Celui  qui  a  souffert  sur  la 
croix  pour  tous  les  hommes,  par  la  compassion  qu'il 
montra  à  sa  mère,  et  la  pitié  qu'il  eut  de  Marie- 
Madeleine,  d'avoir  compassion  et  pitié  de  lui,  et  de  le 
prendre  en  miséricorde,  quoique  indigne. 

Après  la  lecture  de  cette  déclaration,  qui,  en  bien 
ou  en  mal,  ne  pouvait  plus  avoir  d'effet,  Rickhill 
reçut  Tordre  du  roi  de  faire  connaître  comment  elle 
avait  été  recueillie.  Il  dit  qu'il  était  venu  un  malin 

ir—  12 


178  LIVRE  NEUVIÈME  [1397] 

trouver  Glocester  au  château  de  Calais  et  lui  avait 
présenté  sa  commission,  l'invitant  à  lui  donner  par 
écrit  ce  qu'il  avait  à  dire.  Il  l'avait  laissé  alors  ;  et, 
quand  il  revint  le  soir,  le  duc  lui  donna  lecture  de  sa 
confession  et  la  lui  remit  écrite  de  sa  propre  main. 
{(  N'avez-vous  rien  à  ajouter  (lui  avait  dit  le  juge) 
pour  la  satisfaction  du  roi  et  l'entière  manifestation 
de  la  vérité? —  Jai,  reprit  Glocester,  omis  une 
chose  qui  me  revient  en  mémoire  :  c'est  qu'autrefois 
j'ai  dit  au  roi  que  s'il  voulait  être  roi,  il  ne  devait 
point  prier  pour  sauver  Simon  Burley  de  la  mort.  Je 
désire  que  vous  le  répétiez  au  roi  (a).  « 

Il  y  avait  un  autre  rapport  que  Ton  devait  attendre 
avec  plus  d'impatience  :  c'est  celui  du  comte  maré- 
chal sur  la  mort  de  son  prisonnier.  De  celui-là  pas  un 
mot;  et  sans  doute  on  ne  prit  pas  la  peine  de  le  lui 
faire  écrire.  Mais  ce  silence  autorisait  toutes  les 
suppositions.  Nul  doute  que  cette  mort  n'ait  été  vio- 
lente. Le  roi  en  a-t-il  donné  l'ordre,  ou  fut-il  prévenu 
par  le  zèle  de  serviteurs  peu  scrupuleux?  Le  comte 
maréchal  était  assez  compromis  dans  les  anciennes 
machinations  de  Glocester,  les  seules  qu'on  évoquât, 
pour  tâcher  de  faire  oublier  son  passé  à  force  de  ser- 
vices. Mais  si  lui-même  ne  fut  qu'un  instrument,  le 
jeune  roi  n'a  peut-être  pas  été  le  seul  qui  l'ait  fait 
agir.  Si  l'on  on  croit  le  Religieux  de  Saint-Denys,  ce 
fut  le  parlement  qui,  craignant  la  puissance  de  Glo- 
cester, opina  qu'il  ne  fallait  point  le  faire  périr  d'une 
mort  vulgaire,  et  ce  fut  sur  cet  avis  que  le  roi  le  fit 


[1397J  GLOCESTER.  179 

étrangler  à  Calais  \  Sans  y  faire  intervenir  le  parle- 
ment en  séance  et  en  corps,  il  est  moins  interdit  de 
croire  que  les  principaux  dans  une  délibération  se- 
crète purent  donner  au  roi  ce  funeste  conseil.  On  put 
lui  dire  que  le  crime  était  constant  et  le  châtiment 
mérité;  qu'en  cet  état  de  choses,  devancer  le  juge- 
ment c'était  épargner  à  Glocester  l'infamie  du  sup- 
plice. N'y  a-t-il  dans  l'histoire  aucun  exemple  de  ces 
exécutions,  suicides  ou  assassinats,  qui,  pour  sauver 
l'honneur  d'une  famille  ou  d'un  corps ,  ont  prévenu 
le  cours  de  la  justice?  La  chose  ainsi  conduite  répu- 
gnerait moins  à  l'idée  qu'on  a  pu  se  faire  du  carac- 
tère de  Richard,  et  ne  serait  pas  inconciliable  avec 
ce  que  l'on  sait  de  ce  parlement.  On  comprendrait 
alors  qu'il  eût  eu  ses  raisons  pour  procéder  sans 
autre  enquête,  dès  la  nouvelle  de  la  mort  de  Glo- 
cester, à  la  condamnation  de  sa  mémoire. 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  roi  seul  en  dut  répondre  de- 
vant le  public.  Le  bruit  courut  que,  par  son  ordre,  le 
comte  maréchal  avait  fait  étouffer  Glocester;  etFrois- 
sart  en  fait  un  récit  qui,  sans  nommer  personne,  ac- 
cuse suffisamment  l'un  et  l'autre.  Il  dit  qu'au  mo- 
ment où  le  duc  se  mettait  à  table,  quatre  hommes  se 
jetèrent  sur  lui  tout  à  coup,  lui  enveloppèrent  la  tête 
d'un  drap  et  l'étranglèrent;  puis  lui  ôtant  ses  vête- 


1.  «  Nonnulli  verentes  auctoritatcm  ducis  Gloeesti'iœ,  non  cen- 
suerunteum  morte  vuljj^aripuniendum.  Hac  de  causa  eum  rex  apud 
Galesium  mi^it,  ubi,  ut  publiée  ferebatur,  clandestine  slrangulalus 
interiit.  »  (Uelig.  de  Saint-Denys,  XVIII,  5.) 


180  LIVRE  NEUVIÈME.  [1397] 

menls,  le  couchèrent  dans  son  lit  et  Vinrent  dire 
qu'il  était  mort  d'apoplexie.  Mais  il  y  a  un  docu- 
ment d'une  autre  sorte^  qui  implique  bien  plus  di- 
rectement dans  le  crime  et  le  comte  maréchal  et  le 
roi  lui-même. 

Au  début  du  règne  suivant,  on  amena  devant  le 
parlement  un  certain  John  Halle,  ancien  domestique 
du  comte  maréchal  devenu  duc  de  Norfolk,  et  on 
donna  lecture  d'une  déclaration  qu'il  avait  faite  de- 
vant le  clerc  de  la  couronne,  en  présence  du  nouveau 
connétable  d'Angleterre.  Selon  ce  qu'il  déposa,  le 
lord  maréchal  le  venant  prendre  au  lit,  l'avait  forcé 
sous  peine  de  mort  à  l'assister  dans  l'exécution  du 
duc  de  Glocester.  Il  l'avait  conduit  avec  un  de  ses 
écuyers  à  l'église  Notre-Dame,  où  se  trouvaient  sept 
autres  personnes  :  quatre  de  la  maison  du  comte, 
William  Série,  valet  du  roi;  François,  valet  du 
comte  de  Rutland,  et  un  autre,  attaché  au  même  sei- 
gneur. On  dit  à  John  Halle  qu'ils  y  étaient  venus 
s'obliger  au  secret,  et  on  lui  fit  prêter  le  même  ser- 
ment. Puis  le  comte  les  mena  à  un  hôtel  nommé 
«  l'auberge  du  Prince;  »  et  peu  après,  plusieurs 
écuyers  du  gouverneur  y  amenèrent  Glocester  et  le 
remirent  aux  mains  du  valet  du  roi  et  de  celui  du 
comte  de  Rutland.  «  Comment  se  porte  monsei- 
gneur? dit  Glocester  au  premier.  —  Fort  bien,  et  il 
vous  salue.  »  Et  tous  les  deux,  emmenant  le  duc 
dans  une  chambre  retirée,  lui  déclarèrent,  par  ordre 
du  roi,  qu'il  devait  mourir.  «  Si  c'est  la  volonté  de 


[1397]  GLOGESTER.  181 

monseigneur,  dit-il ,  qu'elle  soit  la  bienvenue.  »  On 
lui  offrit  de  faire  venir  un  prêtre.  Il  se  confessa; 
puis  les  deux  valets  le  firent  coucher  sur  un  lit  et 
l'étouffèrent  sous  un  matelas,  en  présence  du  reste 
de  la  troupe,  les  uns  tenant  les  côtés,  d'autres  étant 
à  genoux,  pleurant  et  priant^  et  J.  Halle,  qui  dé- 
pose, gardant  la  porte.  Après  quoi,  le  comte  ma- 
réchal vint  s'assurer  qu'il  était  bien  mort,  et  s'en 
alla  disant  :  «  Bien  habile  serait  qui  maintenant  le 
ferait  vivre  (a).  » 

Rien  ne  manque  au  récit,  ni  la  précision  des 
détails,  ni  la  compétence  de  l'auteur:  c'est  un  té- 
moin qui  s'accuse.  Mais  ce  témoignage  se  produi 
sit-il  dans  des  conditions  qui  dissipent  tous  les 
doutes?  Sur  cette  déclaration,  sans  plus  d'enquête, 
sans  qu'on  prît  la  peine  de  confronter  Taccusé  avec 
ceux  qu'il  impliquait  à  des  titres  divers  dans  le  crime, 
il  fut  amené  devant  le  parlement,  condamné  et  exé- 
cuté le  jour  même.  Eût-on  agi  avec  tant  de  hâte, 
si  l'on  n'eût  craint  qu'il  ne  rétractât  on  ne  modifiât 
ses  aveux  ?  La  pièce  écrite,  on  ne  lui  demande  rien 
autre  chose;  et  des  sept  autres  personnes  qu'il  avait 
dénoncées,  nulle  ne  fut  alors  poursuivie.  C'était  trop 
dire  que,  dans  toute  cette  affaire,  on  avait  surtout 
pour  objet  de  flétrir  la  mémoire  de  Richard.  Fatal 
égarement  du  despotisme!  il  s'ôte ,  par  sa  manière 
d'agir,  le  bénéfice  de  la  vérité  quand  il  la  pourrait 
invoquer  dans  sa  cause.  Richard  pouvait  frapper  Glo- 
cester  par  le  glaive  de  la  loi  :   il  donne  le  droit  de 


182  LIVRE  NEUVIÈME.  [1397] 

dire  qu'il  l'a  fait  périr  par  un  meurtre.  Henri  IV 
aurait  pu  constater  judiciairement  les  circonstances 
de  ce  meurtre  :  il  éteint  autant  qu*il  est  en  lui  la  lu- 
mière par  la  mort  précipitée  du  dénonciateur  (a). 

Le  jour  même  oii  l'on  communiquait  au  parlement 
le  rapport  de  W.  Rickhill  et  la  déclaration  de  Glo- 
cester  (25  septembre),  les  communes  reprirent  l'af- 
faire de  l'archevêque  de  Canterbury,  et  demandèrent 
au  roi  d'en  faire  justice.  L'archevêque  n'avait  pas 
essayé  de  faire  tête  à  l'orage  amassé  contre  lui, 
ni  de  braver  le  coup  qui  avait  frappé  son  frère.  Le 
roi  dit  que  le  prélat,  devant  plusieurs  seigneurs,  lui 
avait  confessé  la  part  qu'il  avait  prise  à  la  commis- 
sion de  l'an  x,  et  s'en  était  remis  à  sa  merci.  Là-des- 
sus les  lords  prononcèrent  que  les  actes  avoués  par 
Tarchevêque  constituaient  le  crime  de  trahison.  Ils  le 
déclarèrent  traître  et  le  condamnèrent  au  bannisse- 
ment, à  la  saisie  de  son  temporel  et  à  la  confiscation 
de  ses  biens  et  de  ses  châteaux.  Le  roi,  laissé  maître 
de  fixer  le  moment  de  son  exil,  lui  donna  un  délai 
de  six  semaines  à  partir  de  la  Saint-Michel;  et  le  pape 
(singulières  représailles!)  pour  lui  ôter  son  siège,  fit, 
à  la  prière  du  roi,  ce  qu'il  avait  fait  sur  la  requête 
du  parti  de  Glocester^  à  l'ancien  archevêque  d'York, 
quand  il  s'était  agi  de  donner  ce  siège  à  Thomas 
Arundel  lui-même,  alors  évêque  d'Ély  :  il  le  nomma 
archevêque  de  Saint- André  en  Ecosse,  in  partibus 
infidelium  (b)  \ 

Restait  Warwick.  On  l'amena  le  28  septembre  de- 


[1397J  (ILOGESTER.  183 

vant  le  parlement.  Le  duc  de  Lancastre  lui  fit  con- 
naître sur  quels  chefs  il  était  accusé  de  haute  trahi- 
son. AYarwick  n'imita  point  la  constance  d'Arundel. 
il  ne  chercha  même  pas  dans  Tamnistie  qui  le 
couvrait,  une  défense  que  le  droit  lui  donnait,  mais 
que  lui  avait  retirée  à  l'avance  la  résolution  de  ses 
juges.  Il  s'avoua  coupable  pour  avoir  partagé  les  en- 
treprises de  Glocester,  et  dit  qu'il  s'en  remettait  à  la 
merci  dujroi.  On  le  condamna  à  mort^  avec  confisca- 
tion des  biens,  comme  les  autres;  mais  le  roi,  à  la 
prière  des  lords  temporels  et  des  prélats,  lui  fit  grâce 
de  la  vie,  et  le  relégua  pour  toujours  dans  l'île 
de  Man,  sous  la  garde  de  William  le  Scrop,  sei- 
gneur de  l'île,  et  d'Etienne  le  Scrop,  qui  en  de- 
vaient répondre  corps  pour  corps.  Il  y  mettait 
cette  condition,  digne  de  toute  cette  procédure  : 
que  si  l'on  cherchait  par  quelque  moyen  à  le  faire 
rentrer  en  faveur,  ou  s'il  tentait  de  s'échapper,  la 
grâce  serait  annulée  de  plein  droit  et  la  sentence 
exécutée  (a). 

On  avait  compris  dans  l'accusation  Thomas  Mor- 
timer;  mais  comme  il  était  en  Irlande,  il  s'était  enfui 
dans  les  montagnes  parmi  les  Irlandais  rebelles,  où 
les  sergents  du  roi,  chargés  de  l'arrêter,  n'eussent 
guère  trouvé  main-forte.  Les  communes ,  dès  le 
commencement  du  procès,  demandaient  qu'on  le  con- 
damnât sans  plus  attendre;  mais  le  roi  voulut  qu'on 
rajournât  encore  par  une  proclamation.  Roger  Mor- 
timer,  comte  de  la  Marche,  lieutenant  d'Irlande,  et, 


\Sk  LIVRE  NEUVIÈMK.  [1397] 

par  surcroît  de  précaution,  chacun  des  \icomies 
d'Angleterre,  reçurent  l'ordre  de  la  publier  dans 
toutes  les  villes  de  leur  ressort.  On  sommait  l'accusé 
de  se  rendre  en  Angleterre  dans  les  trois  mois,  sous 
peine  d'être  déclaré  traître  et  de  voir  ses  terres  et  ses 
biens  confisqués  (a). 

Au  milieu  de  ces  procès,  le  parlement  avait  cru 
bon  de  rédiger  en  statut  ce  qu'il  appliquait  par  sen- 
tence. Il  y  déclarait  que  quiconque  formerait  le  des- 
sein de  tuer  le  roi,  ou  de  le  déposer,  ou  de  lui  retirer 
son  hommage,  ou  de  soulever  le  peuple  et  de  marcher 
contre  lui,  serait  jugé  comme  coupable  de  haute  tra- 
hison et  frappé  dans  sa  personne  et  dans  ses  biens, 
la  confiscation  remontant  au  jour  du  crime;  et  il  dé- 
cidait que  ce  statut  atteindrait  ceux  qui  étaient  jugés 
dans  ce  parlement,  comme  ceux  qui  le  seraient  à 
l'avenir.  Le  lendemain  de  la  condamnation  de  Glo- 
cester  et  avant  celle  de  Warwick,  on  ordonna  que 
quiconque  tenterait  d'annuler  ou  de  casser  les  juge- 
ments ou  les  statuts  de  ce  parlement,  seraient  réputés 
traîtres.  Pour  plus  de  sûreté,  on  décida  que  les  pré- 
lats et  les  seigneurs  temporels  jureraient  sur  la  fierté 
(la  châsse)  de  saint  Edouard  de  les  observer  sans  ma- 
lice et  sans  fraude;  que  cet  engagement  solennel  se- 
rait enregistré  à  la  chancellerie,  et  que  désormais, 
avant  de  recevoir  son  temporel,  ou  de  faire  hommage 
et  de  prendre  livraison  de  ses  terres,  tout  prélat,  tout 
seigneur  prêterait  pareil  serment  ;  enfin ,  pour  y  donner 
plus  de  force  encore,   que  les  prélats  excommunie- 


[1397^  GLOC.KSTER.  185 

raient  et  frapperaient  des  censures  de  l'Église  qui- 
conque irait  à  l'encontre  de  ces  jugements  et  de  ces 
ordonnances ^ 

On  avait  frappé  les  accusés  dans  leur  personne; 
on  les  frappa  dans  leur  race.  Sur  la  requête  des  com- 
munes, leurs  héritiers  mâles,  de  père  en  fils,  furent  à 
jamais  exclus  du  parlement  et  des  conseils  du  roi. 
Quant  à  leurs  biens,  la  sentence  en  avait  décidé,  et 
l'on  a  vu  qu'avant  comme  après  la  décision  des 
communes,  on  avait  fait  remonter  le  statut  qui  les 
atteignait  au  jour  même  de  l'acte  pour  lequel  ils 
étaient  mis  en  cause  :  ce  qui  annulait  les  aliénations 
qu'ils  avaient  pu  faire  depuis  ce  jour-là,  sans  leur 
oter  la  faculté  d'acquérir;  car  le  fisc,  en  reprenant 
les  biens  aliénés,  voulait  garder  les  biens  acquis.  Le 
parlement  régla  en  particulier  plusieurs  applications 
de  ce  principe  :  les  redevances  consenties  à  leur 
charge  depuis  le  jour  de  leur  trahison  furent  déclarées 
nulles;  les  bénéfices,  dont  ils  avaient  la  collation  et 
auxquels  ils  avaient  nommé  depuis  cette  môme 
époque,  furent  remis  entre  les  mains  du  roi,  à  moins 
que  les  bénéficiaires  n'en  eussent  obtenu  confirma- 
tion du  prince'. 

On  avait  incriminé  le  statut  de  l'an  x  comme  at- 
tentant au  pouvoir  royal  ;  mais  d'autres  que  Glocester, 
Arnndel,  Warwick  et  l'archevêque  Thomas  avaient 
été  membres  de  ce  conseil,  et  pouvaient  craindre 

1.  liot.  Pari,  t.  III,  p.  351  et  352,  g  18,  20  et  21. 

2.  Rot.  Pari,  t.  III,  p.  352,  §  22,  23,  2^». 


186  LIVRE  NEUVIÈME.  [1397] 

d'être  poursuivis  à  ce  litre^  un  jour  ou  l'autre.  Les 
communes  demandèrent  au  roi  de  les  tenir  pour 
excusés,  tant  ceux  qui  vivaient  encore  (le  duc  d'York, 
Tévêque  de  Winchester,  Richard  le  Scrop)  que  ceux 
qui  étaient  morts,  mais  dont  les  héritiers  pouvaient 
être  compromis  (W.  Courtney,  ancien  archevêque  de 
Canterbury,  Alexandre  Nevil,  ancien  archevêque 
d'York,  l'évêque  d'Exeter  et  l'abbé  deWaltham);  et 
le  roi  les  déclara  quittes  de  toute  charge,  défendant 
qu'on  les  inquiétât  jamais  pour  cette  cause,  et  vou- 
lant que  cette  déclaration  fût  publiée  et  eût  force  de 
statut.  Il  y  avait  deux  autres  hommes  bien  plus  com- 
promis que  ceux-là  :  c'étaient  ceux  qui,  avec  Gloces- 
ter,  Arundel  et  Warwick,  avaient  été  lords  appelants 
en  la  onzième  année  de  Richard,  complices  du  mou- 
vement de  Haringhay-Park  et  de  la  plupart  des  actes 
de  l'Admirable  Parlement  :  Henri  de  Lancastre,  comte 
de  Derby,  et  Thomas  de  Mowbray,  comte  de  Nottin- 
gham;  mais  ces  deux-là  figuraient  alors  parmi  les 
accusateurs,  les  bourreaux  ou  les  juges!  Les  com- 
munes invoquant  la  déclaration  du  roi  en  faveur  des 
membres,  ci-dessus  nommés,  du  conseil  de  Fan  x,  im- 
plorèrent une  distinction  pareille  à  la  décharge  des 
deux  comtes.  Ils  alléguaient  qu'ils  s'étaient  séparés 
de  leurs  collègues,  lorsqu'ils  avaient  reconnu  la  dé- 
loyauté de  leurs  desseins.  Le  roi^  d'accord  avec  les 
communes  pour  ne  point  trop  approfondir  la  matière, 
déclara  qu'il  était  à  sa  connaissance  que  Derby  et 
Nottingham  avaient  fait  leur  devoir  envers  lui,  qu'ils 


[1397]  GLOCESTER.  187 

avaient  rompu  avec  les  rebelles  pour  se  rattacher  à  sa 
cause.  En  conséquence,  il  voulait  qu'on  les  tînt,  eux 
et  ceux  de  leur  compagnie,  pour  sujets  loyaux  et 
fidèles^  et  que  jamais  à  l'avenir  ils  ne  fussent  recher- 
chés ou  molestés  à  cette  occasion  (samedi,  22  sep- 
tembre) :  déclaration  qui,  à  la  demande  des  com- 
munesy  fut  aussi  convertie  en  statut,  comme  on  le  fit 
de  toutes  les  ordonnances  et  de  tous  les  jugements 
rendus  alors  (a). 

Une  chose  eût  manqué  à  la  honte  de  ce  parlement 
s'il  n'eût  reçu  le  salaire  de  ses  complaisances.  Le  sa- 
medi 29^  fête  de  la  Saint-Michel,  Richard  déclara  que 
pour  fortifier  son  sceptre,  honorer  son  sang  et  les 
personnes  qui  avaient,  par  leurs  exploits  ou  leurs 
services,  travaillé  à  la  gloire  du  roi  et  du  royaume, 
il  les  voulait  élever  en  dignité;  et,  siégeant  en  sa 
majesté,  la  couronne  sur  la  tête,  la  verge  royale  à  la 
main,  il  créa  Henri  de  Lancastre  (comte  de  Derby), 
duc  de  Ilereford  ;  Edouard  Plantagenet  (comte  de 
Hutland),  fils  du  duc  d'York,  duc  d'Aumarle  ; 
Thomas  de  HoUand  (comte  de  Kent),  son  neveu, 
duc  de  Surrey;  Jean  de  Holland  (comte  de  Hunting- 
don),  son  frère,  duc  d'Exeter;  Thomas  de  Mowbray 
(comte  de  Nottingham,  comte-maréchal),  duc  de 
Norfolk;  Jean  de  Beaufort  (comte  de  Sommerset),  fils 
naturel  de  Lancastre,  marquis  de  Dorset;  Thomas 
le  Despenser,  comte  de  Glocesler;  Raulf  do  Nevil, 
comte  de  Westmoreland  ;  Thomas  Percy,  le  fondé  de 
pouvoirs  du  clergé  dans  les  dernières    poursuites, 


188  LIVRE  NEUVIÈME.  [13971 

comte  de  Worcester;  et  W.  le  Scrop,  chambellan, 
comte  de  Wiltshire.  Quant  aux  députés  des  com- 
munes, ils  applaudirent  à  ces  élévations  comme  ils 
avaient  fait  aux  sentences.  Un  mot  explique  leur  ser- 
vilité :  «  Ils  avaient  été  choisis,  dit  Otterbourne, 
non  par  les  communes,  selon  le  droit  et  l'usage, 
mais  par  les  shériffs^  agents  du  roi  (a).  » 

Le  parlement  fut  ajourné  à  la  quinzaine  de  la 
Saint-Hilaire;  mais  avant  de  se  séparer,  le  lendemain 
dimanche ,  une  messe  fut  célébrée  en  l'église  de 
Westminster,  pour  l'accomplissement  de  la  céré- 
monie ordonnée  à  la  requête  des  communes;  et  les 
prélats  comme  les  seigneurs  vinrent,  l'un  après  l'au- 
tre, devant  la  châsse  de  saint  Edouard,  prêter  le  ser- 
ment dont  la  formule  était  dressée  : 

«  Vous  jurez  que  bien  et  loyalement  tiendrez  et 
soutiendrez,  sans  fraude  et  mal  engin,  les  statuts, 
ordonnances  et  jugements  faits  en  ce  parlement,  sans 
jamais  aller  à  l'encontre;  et  que  jamais  vous  ne  les 
rappellerez ,  révoquerez ,  casserez  ni  annulerez ,  ni 
jamais  souffrirez  qu'on  les  rappelle,  révoque,  casse 
ni  annule  à  la  vie  et  à  la  mort.  » 

La  formule  jurée  par  les  lords  contenait  en  outre 
l'obligation  de  poursuivre  comme  traître  quiconque 
tenterait  de  les  enfreindre. 

Ce  serment  prêté,  les  chevaUers  des  comtés  d'An- 
gleterre, présents  au  parlement,  furent  interrogés 
s'ils  voulaient  le  tenir  de  même,  ils  répondirent  à 
haute  voix  et  en  levant  la  main;  et  Thomas  Percv, 


[1397]  GLOCESTEH.  189 

procureur  du  clergé,  s'engagea  au  nom  des  prélats 
pour  le  point  que  la  formule  des  évêques  ne  com- 
portait pas.  Alors  le  roi,  les  prélats  et  les  seigneurs 
s'éloignant  de  la  châsse  vinrent  devant  l'autel,  et  les 
évêques  prononcèrent  l'excommunication  des  contre- 
venants (a). 

Tel  fut  le  procès  odieux  qui  marqua  les  débuts  de 
Richard  dans  la  tyrannie.  Faut-il  croire  que  le  prince 
n'ait  songé  qu'à  tirer  vengeance  des  actes  de  sa  on- 
zième année;  qu'une  fois  revenu  au  pouvoir,  il  n'ait 
fait  que  ruminer  sa  haine,  ajournant  pendant  huit  ans 
entiers  les  représailles?  Mais  si  le  sentiment  de  la 
vengeance  était  si  fort  en  lui,  jamais  il  n'avait  dû 
parler  plus  haut  qu'à  l'heure  où  il  brisa  le  joug  de 
Glocester,  et  pour  le  satisfaire  nul  moment  n'était 
plus  propice  :  l'usurpation  était  flagrante,  les  esprits 
mécontents  de  Glocester  revenaient  au  roi  avec  em- 
pressement; rien  ne  lui  était  si  aisé  que  de  faire 
agréer  du  parlement,  non  l'amnistie,  mais  la  con- 
damnation de  ces  crimes.  Toute  la  conduite  de  Ri- 
chard, dans  ces  dernières  années,  prouve  qu'en  par- 
donnant à  son  oncle,  en  le  rappelant  au  conseil,  en 
lui  donnant  tant  de  marques  de  déférence  et  de 
faveur,  il  était  sincère  :  il  n'eût  pas  élevé  en  honneur, 
en  pouvoirs,  les  anciens  partisans  de  Glocester,  s'il 
eût  nourri,  au  fond  de  son  âme,  la  pensée  de  les  châ- 
tier un  jour.  Avec  les  droits  qu'il  tenait  de  sa  nais- 
sance et  la  légitime  influence  qu'il  avait  reconquise 
dans  le  parlement  comme  dans  le  pays,  il  ne  voulait 


190  LIVRE  NEUVIÈME.  [1397J 

ptus  qu'une  seule  chose  :  l'union  de  tous  les  esprits 
(car  cette  union  faisait  sa  force),  et  le  développement 
des  destinées  de  TAngleterre  dans  la  carrière  plus 
vaste  et  plus  heureuse  que  la  paix  lui  devait  ouvrir. 
Mais  cette  tendance  vers  la  paix  avait  réveillé,  avec 
les  haines  du  commun  de  la  nation  contre  la  France^ 
toute  l'ambition  de  Glocester.  Employé  par  Richard 
aux  négociations  de  la  paix,  il  s'était  appliqué  tout 
entier  à  les  faire  échouer,  et,  le  traité  conclu,  à  en 
tirer  parti  pour  soulever  contre  le  roi  le  préjugé 
national,  qu'il  n'avait  point  cessé  d'aigrir.  Ses  intri- 
gues allèrent-elles,  comme  on  Ta  dit^  jusqu'à  la  con- 
juration? Tous  les  antécédents  de  Glocester  l'en 
accusent,  mais  tout  son  procès  l'en  absout.  Au  lieu 
de  mettre  ce  complot  en  plein  jour,  Richard  avait 
trouvé  plus  aisé^  au  sein  d'un  parlement  prêt  à  lui 
complaire  en  toutes  choses,  de  reprendre  et  de  re- 
mettre en  jugement  le  passé,  malgré  l'amnistie  dont 
il  l'avait  couvert  :  et  par  là  il  a  donné,  en  quelque 
sorte,  le  droit  de  dire  qu'il  n'avait  pas  d'autre  grief 
contre  Glocester;  que  toutes  les  faveurs  dont  il  l'avait 
comblé  depuis  lors  n'avaient  été  que  de  perfides 
amorces,  et  que  l'arrestation  du  prince  fut  un  guet- 
apens  sans  motif;  par  là  il  a  transformé  un  acte  de 
justice  en  un  acte  de  vengeance.  Ce  procès  juste- 
ment entrepris,  peut-être,  pour  la  défense  des  droits 
de  la  couronne^  il  l'avait  ouvert  par  un  parjure  pour 
le  finir  par  un  assassinat  !  Ainsi  la  servilité  du  par- 
lement a  pour  premier  effet  d'imprimer  une  tache  de 


[1397]  GLOGESTER.  »  191 

sanor  sur  la  figure  jusque-là  si  belle  du  jeune  prince. 
Elle  en  aura  d'autres  encore  :  en  l'introduisant 
dans  la  tyrannie,  elle  lui  ouvre  le  chemin  de 
rabîme(a). 


c^ 


LIVRE    DIXIEME. 


DESPOTISME  DE  RICHARD. 


SESSION  DE   SHREWSBURY. 


La  violence  entraîne  la  violence.  C'est  la  commis- 
sion de  la  dixième  année  de  Richard,  c'est  le  fameux 
statut  de  138G  qui,  dix  ans  plus  tard,  au  seul  mot  de 
réforme  de  l'iiutel,  par  les  souvenirs  d'usurpation 
que  ce  mot  faisait  naître,  provoqua  le  procès  de 
Ilaxey  :  procès  inoffensif  pour  la  personne,  mais 
mortel  déjà  pour  la  constitution.  Cest  la  prise 
d'armes  de  Gloccsler,  en  1387,  qui  détermina  son 
arrestation  en  1397,  par  la  crainte  bien  ou  mal  fondée 
de  semblables  complots.  C'est  le  parlement  de  la  on- 
zième année,  c'est  l'Admirable  Parlement,  qui  amena 
le  parlement  de  la  vingt-unième  année;  et  les  san- 

11  —  13 


194  LIVRE  DIXIÈME.  [13981 

glants  procès  qu'on  vil  à  la  première  des  deux  épo- 
ques, eurent  pour  pendants  à  la  seconde  le  procès  et 
la  mort  ou  l'exil  des  hommes  qui  en  avaient  été  les 
promoteurs. 

Dans  la  session  dernière  on  n'avait  mis  en  cause 
que  les  personnes,  et  il  y  avait  eu  une  sorte  d'affec- 
tation à  ménager  les  actes  du  parlement  de  la  onzième 
année  et  des  lords  appelants.  Le  nouvel  appel  se  ré- 
duisait à  quatre  articles  :  la  violence  faite  à  Richard 
pour  le  contraindre  au  statut  de  l'an  x,  la  prise 
d'armes  de  Haringhay-Park,  la  menace  de  déposer  le 
roi,  et  la  condamnation  de  Simon  Burley,  choisie 
entre  toutes  les  autres  comme  rendue  malgré  le  roi  et 
en  l'absence  d'un  grand  nombre  de  lords.  On  s'était 
donc  borné  à  des  actes  purement  personnels  aux 
accusés;  on  n'avait  point  incriminé  le  parlement. 
Loin  de  le  répudier,  on  n'avait  fait  que  l'imiter  jusque- 
là  :  procès  arbitraires,  lois  de  circonstances,  confir- 
mation des  jugements  rendus  pour  un  avenir  dont 
on  ne  disposait  pas  ;  serments^  excommunications^ 
pour  suppléer  à  ce  que  ces  actes  violents  avaient  de 
faiblesse  en  eux-mêmes  :  tout  était  pour  ainsi  dire  à 
l'exemple  de  l'Admirable  Parlement.  Mais  on  pouvait 
pousser  l'imitation  plus  loin  :  on  pouvait  se  tourner 
contre  ce  parlement  même^  et  après  en  avoir  frappé 
les  principaux  chefs,  en  atteindre  les  actes;  et  au 
fond^  si  Ton  s'était  borné  à  frapper  les  actes,  respec- 
tant les  personnes,  la  chose  eût  été  bien  autrement 
acceptable. 


[1398]  LE  DESPOTISME  DE  RICHARD.  195 

Ce  fut  l'œuvre  de  la  session  nouvelle  qui  s'oUvrait 
à  Shrewsbury  le  lundi  28  janvier  1398'. 

A  l'ouverture,  le  chancelier  rappela  les  objets  de 
la  convocation  qu'il  avait  exposés  à  Westminster  :  le 
maintien  des  libertés,  l'unité  du  commandement  su- 
prême, l'observation  et  Texécution  des  lois,  la  défense 
des  frontières;  et  après  la  protestation  d'usage  de 
l'orateur  J.  Bussy,  le  comte  de  La  Marche,  absent  à 
la  dernière  session,  prêta  le  serment  qu'avaient  juré 
les  autres  seigneurs.  Tout  aussitôt  les  lords  appe- 
lants, comme  si  c'était  une  suite  naturelle  de  leur 
appel,  s'attaquèrent  à  l'Admirable  Parlement.  Ils  de- 
mandèrent qu'on  l'annulât  dans  ses  jugettients,  ses 
statuts  et  ses  ordonnances,  et  que  tous  les  biens  con- 
fisqués en  vertu  de  ses  sentences  fussent  rendus  aux 
condamnés  ou  à  leurs  héritiers.  Les  communes  se 
joignirent  à  la  prière  des  appelants;  et  les  seigneurs 
tant  spirituels  que  temporels  dirent  que  c'était  leur 
vœu  formel'. 

Pour  ne  rien  précipiter  et  procéder  par  ordre,  on 
lut  dans  l'assemblée  la  fameuse  consultation  de  Nol- 
tingham,  les  questions  posées  par  le  roi,  les  ré- 
ponses faites  par  les  juges;  puis  on  demanda  aux 
trois  États  ce  qu'ils  en  pensaient  :  et  tous,  prélats, 
lords  et  communes,  opinèrent  que  les  juges  avaient 


1.  Les  lettres  de  convocation  sont  du  15  octobre  1397,  Rymer, 
t.  VIII,  p.  21. 

2.  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  357,  §  ^5-^7;  cf.  le  moine  d'Evesham, 
p.  l'*2-U5,  qui  rend  un  compte  fort  détaillé  de  ce  parlement. 


196  LIVRE  DIXIÈME.  [1398] 

répondu  conformément  à  la  loi  et  à  leur  devoir.  On 
ne  s'en  tint  pas  à  cette  première  déclaration  :  les 
principaux  jurisconsultes,  les  chefs  de  la  magistra- 
ture furent  consultés  ;  ils  dirent  que  les  réponses 
étaient  bonnes,  qu'ils  auraient  eux-mêmes  répondu 
de  la  même  manière.  La  consultation  de  Noltingbam 
fut  donc  approuvée,  et  alors  le  roi,  accédant  à  la 
requête  des  lords  et  des  communes,  ordonna  que  le 
parlement  tenu  en  sa  onzième  année  fût  réputé  nul, 
comme  tenu  sans  autorité,  contre  la  volonté  et  la  - 
liberté  du  roi  et  le  droit  de  sa  couronne;  que  tous 
les  jugements,  statuts  et  ordonnances  faits  en  ce  par- 
lement fussent  révoqués  et  abolis;  toutes  les  terres, 
fiefs  et  autres  possessions  dont  la  saisie  avait  eu  lieu 
par  suite  de  ces  jugements^  restitués  aux  condamnés 
et  à  leurs  héritiers  ou  ayants  cause,  avec  les  libertés, 
franchises  et  privilèges  qui  s'y  rattachaient  au  jour 
de  la  condamnation.  Pour  rendre  toutefois  cette  dé- 
cision praticable,  il  fut  dit  que  les  ayants  droit  se 
contenteraient  des  terres  sans  réclamer  les  meubles 
ni  les  revenus  des  terres  ;  et  à  l'égard  des  biens  ac- 
quis, on  devait  tenir  compte  du  prix  ou  des  condi- 
tions de  l'achat,  pour  en  traiter  de  bonne  foi  avec  les 
acquéreurs  (a). 

Avant  le  parlement  de  la  onzième  année,  il  y  avait 
eu  déjà  des  violences.  Le  procès  de  xMichel  de  la 
Pôle,  comte  de  Suffolk,  en  1386,  n'avait  été  que  le 
prélude  des  actes  de  1387-1388.  Les  lords  appelants 
voulurent  aussi  lui  faire  rendre  justice.  Ils  reprirent  la 


[1398]  LE  DESPOTISME  DE  RIGHARD.  197 

question  posée  parTrésilian  aux  juges  deNottingham 
et  la  réponse  que  les  juges  y  avaient  faite^  et  deman- 
dèrent que  cette  réponse  fût  approuvée.  Le  parlement 
y  adhéra.  En  conséquence,  la  sentence  rendue  contre 
Suffolk  au  parlement  de  la  dixième  année  fut  abolie, 
tout  aussi  bien  que  celle  qui  avait  été  rendue  contre 
lui  au  parlement  de  la  onzième  année;  et  il  fut  or- 
donné que  toutes  ses  terres  et  possessions  confis- 
quées alors  fussent  rendues  à  ses  héritiers,  sauf  les 
revenus  de  ces  biens  pendant  le  temps  de  la  confis- 
cation (même  jour,  lundi  28  janvier')» 

Une  réhabilitation  qui  remontait  bien  plus  haut 
fut  réclamée  et  prononcée  dans  le  même  parlement; 
et  les  considérants  qui  l'appuyèrent  marquent  jus- 
qu'où l'assemblée  était  disposée  à  étendre  les  droits 
de  l'inviolabilité  royale. 

Thomas  le  Despenser,  petit-fils  et  arrière-petit-fils 
des  deux  favoris  d'Edouard  II,  réclama  la  révocation 
des  peines  d'exil  et  de  confiscation  portées  contre  ces 
deux  personnages.  Le  parlement  fit  droit  à  sa  de- 
mande pour  les  raisons  suivantes,  savoir:  1**  que  les 
deux  accusés  n'avaient  pas  été  appelés  à  répondre, 
et  que  le  procès  était  vicieux  dans  la  forme;  2"  que  les 
prélats  qui  étaient  pairs  du  royaume  n'avaient  point 
donné  leur  assentiment;  S"*  qu'il  est  contraire  à  la 
grande  charte  que  nul  soit  exilé  ou  mis  à  mort  sans 
le  jugement  de  ses  pairs.  Et  comme  l'abrogation  de 

1.  Rot.  Pari,  t.  111,  p.  359,  ^  48. 


198  LIVRE  DIXIÈME.  [1398J 

la  sentence  obtenue  déjà  par  les  deux  condamnés  en 
la  quinzième  année  d'Edouard  II  avait  été  déclarée 
nulle  dans  la  première  année  d'Edouard  III,  le  parle- 
ment, à  la  requête  du  même  seigneur,  frappa  ce  der- 
nier acte  de  nullité,  non- seulement  pour  les  raisons 
susdites  qui  touchaient  au  fond  du  procès,  mais  en- 
core «  considérant  que  cette  révocation  avait  été  faite 
par  le  roi  Edouard  III  au  temps  où  son  père  Edouard  II 
était  encore  en  vie,  toujours  roi^  quoique  en  prison, 
et  hors  d'état  d'y  faire  résistance  \  » 

Une  restitution  de  biens,  et  de  tant  de  biens,  au 
bout  de  près  d'un  siècle,  eût  remis  en  question  toutes 
les  grandes  fortunes  d'Angleterre.  Il  fut  stipulé  dans 
la  nouvelle  sentence  qu'il  ne  s'agissait  que  d'une  ré- 
habilitation toute  morale;  et  Thomas  le  Despenser, 
content  de  la  réparation  faite  à  la  mémoire  de  ses 
ancêtres,  vint  librement  jurer  entre  les  mains  du  roi, 
sur  la  croix  de  Ganterbury,  qu'il  renonçait  à  l'héri- 
tage dont  il  aurait  pu  revendiquer  les  débris  épars 
en  vertu  de  l'annulation  de  leur  jugement  (a). 

Le  parlement  ne  se  borna  point  à  supprimer  d'an- 
ciens jugements.  Il  en  rendit  aussi  de  nouveaux^  et  le 
comte  de  Wiltshire  (W.  le  Scrop)  reçut  pour  cette 
fois  du  clergé  les  pouvoirs  dont  Thomas  Percy  avait 
été  revêtu  à  la  session  de  Westminster.  On  s'occupa 
tout  d'abord  de  Thomas  Mortimer^  compris,  comme 
on  l'a  vu,  par  les  lords  appelants,   dans  leur  pour- 

1.  Mercredi,  30  janvier.  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  360,  g  55. 


[1398]  LE  DESPOTISME  DE  RICHARD.  199 

suite  contre  Glocester,  Arundel  et  Warwick,  et  qui, 
n'ayant  pas  comparu  au  dernier  parlement,  avait  été 
ajourné  à  trois  mois,  avec  cette  clause  que  s'il  ne  se 
présentait  pas  dans  ce  délai,  il  serait  atteint  et  con- 
vaincu des  crimes  dont  il  était  accusé,  et  tenu  pour 
traître.  Gomme  il  ne  se  présentait  point  davantage, 
il  fut  déclaré  que  le  jugement  rendu  aurait  son  plein 
effet  :  il  se  trouva  donc  définitivement  condamné 
à  la  peine  des  traîtres,  la  confiscation  de  ses  biens 
remontant  au  13  novembre  de  l'an  xi,  conformé- 
ment à  la  proclamation  qui  l'avait  assigné  (mardi 
29  janvier*). 

11  en  était  un  autre  que  les  communes  avaient  en 
leur  propre  nom  mis  en  jugement  à  Westminster,  et 
que  l'on  avait  sous  la  main  :  c'était  J.  de  Gobham, 
chevalier.  On  l'accusait  d'avoir  pris  part  au  statut  de 
Tan  X,  aux  jugements  de  l'an  xi,  et  notamment  à 
ceux  de  Simon  de  Burley  et  de  James  Berners,  traî- 
nés, pendus  et  décollés  sans  l'assentiment  et  contre  la 
volonté  du  roi,  et  quand  une  partie  des  lords  avaient 
refusé  de  siéger  en  pareil  procès.  Mandé  ce  même 
jour  devant  l'assemblée,  il  fut  amené  par  le  duc  de 
Surrey;  et  le  duc  de  Lancastre,  par  commandement 
du  roi,  lui  dit  de  répondre  aux  accusations  qui  pe- 
saient sur  lui.  Pour  la  commission  de  l'an  x,  il  dé- 
clara qu'il  ^''^    "vîiit  point  pris  part,  et,  s'il  avait 


1.  Le  comte  de  Wiltshire^  fyrocureur  du  clergé.  Rot.  Parl.^  t.  III, 
p.  359,  §  60.  —  L'arrêt  de  Th.  Mortimer  déclaré  définitifs  ibid., 
p.  380.  [Placita  corome,  ^  9.) 


200  LIVRE  DIXIÈME.  [1398] 

siégé  dans  le  conseil  qu'elle  avait  établi;,  il  affirma 
qu'il  s'y  était  refusé  d'abord  et  ne  l'avait  fait  que  par 
commandement  du  roi;  et  il  l'en  prenait  à  témoin. 
—  «  J'étais  soumis,  dit  le  roi  à  un  tel  gouvernement, 
que  je  ne  pouvais  parler  d'autre  manière;  et  vous 
saviez  bien  que  cette  commission  avait  été  faite 
contre  ma  volonté.  »  —  J.  de  Gobham  ne  le  nia  point; 
mais  le  roi  ne  niait  pas  lui-même  que  Gobham  eût 
agi  sur  son  ordre.  Quant  à  Simon  Burley  et  à  James 
Berners,  «  il  m'avait  été  déclaré,  dit  l'accusé,  par 
ceux  qui  alors  étaient  maîtres,  que  telle  était  la  vo- 
lonté du  roi.  » 

Sans  tenir  compte  de  cette  excuse,   non  plus  que 
de  l'autre,  plus  valable  assurément,  les  communes 
prièrent  le  roi  de  le  condamner  comme  atteint  et  con- 
vaincu des  deux  crimes;  et  le  duc  de  Lancastre,  par 
délégation  du  prince  et  au  nom  de  tous,  prononça  la 
sentence.  J.  de  Cobliam  devait  être  traîné  sur  la  claie, 
pendu,  décollé  et  mis  en  quartiers,  et  l'on  confisquait 
tous  les  biens  qu'il  avait  au  19  novembre  de  l'an  x. 
Mais  le  roi  lui  fit  grâce  de  la  vie,  et  l'envoya  à  Jersey 
pour  y  être  détenu  jusqu'à  la  fin  de  ses  jours,  avec 
cette  clause,  ajoutée  déjà  à  la  grâce  de  Warwick, 
comme  pour  efîacer  toute  trace  d'humanité  de   la 
grâce  même,  que  si  personne  n'intercédait  pour  lui 
ou  s'il  tentait  de  fuir,  sa  grâce  fût  tenue  pour  nulle  et 
son  jugement  de  mort  exécuté  (mardi  29  janvier)*. 

1.  Rot.  Pari ,  t.  III,  p.  381.  {PlacitacoronsB^  %  10.) 


[1398]  LE  DESPOTISME  DE  RICHARD.  201 

Les  suppressions  que  Ton  avait  prononcées,  l'abo- 
lition d'un  parlement  entier  dans  ses  jugements,  ses 
statuts  et  ses  actes,  pouvaient  donner  des  craintes  à 
l'assemblée  présente  sur  ce  qu'elle  venait  de  faire  : 
elle  avait  trop  bien  montré  par  son  exemple  com- 
ment les  actes  d'un  parlement  pouvaient  être  abolis. 
Elle  voulut  chercher  quelque  sanction  plus  forte  à 
son  œuvre;  Le  lendemain  de  la  condamnation  de 
Cobham  (mercredi  30  janvier) ,  J.  Bussy,  l'orateur 
des  communes,  qui,  dans  toutes  ces  affaires,  semble 
être  plutôt  l'avocat  du  roi,  remontra  que  bien  sou- 
vent les  lois  rendues  en  parlement  avaient  été  abro- 
gées par  diversité  d'opinions  et  autres  raisons  sub- 
tiles ;  et  il  demanda  qu'il  fût  ordonné  que  quiconque 
recourrait  à  semblable  moyen  pour  détruire  ce  que 
le  parlement  avait  fait,  fût  déclaré  traître  au  roi  et 
au  royaume.  Mais  cela  n'était  pas  nouveau  et  n'avait 
jamais  rien  empêché.  Que  faire  donc?  Le  roi  invita 
les  trois  États  à  chercher  s'il  n'y  avait  pas  quelque 
sanction  plus  inviolable.  Les  lords  spirituels  et  tem- 
porels dirent  qu'ils  avaient  juré  d'observer  les  actes 
du  parlement,  et  ne  savaient  rien  qui  les  pût  lier  da- 
vantage; les  gens  de  justice  et  sergents  du  roi,  qu'il 
n*y  avait  pas  de  force  plus  grande  que  les  décrets  du 
parlement.  On  revint  au  serment  sous  une  forme 
nouvelle  :  il  devait  être  prêté  devant  le  roi  en  parle- 
ment, sur  la  croix  de  Canterbury.  Il  le  fut  en  elYet 
par  chacun  des  prélats  et  des  lords,  par  les  procu- 
reurs du  clergé  et  les  chevaliers  des  comtés,  le  reste 


202  LIVRE  DIXIÈME.  [1398] 

des  communes  levant  la  main.  Mais  le  roi,  qui  obli- 
geait ses  sujets,  ne  pouvait  lier  ses  successeurs  ;  et  la 
perpétuité  qu'il  rêvait  pour  son  œuvre  lui  échappait. 
Il  se  demanda  s'il  n'y  pourrait  point  remédier  en 
s'adressant  au  pape  pour  donner  une  sentence  qui, 
survivant  à  son  règne,  frappât  même  après  lui  qui- 
conque voudrait  abolir  ces  jugements.  11  résolut  d'en 
délibérer  en  conseil,  et  voulut  auparavant  prendre 
l'avis,  non  pas  seulement  du  parlement,  mais  pour 
ainsi  dire  de  la  nation.  Il  en  fit  donc  proclamation 
«  en  audience  de  tout  le  peuple;  »  et  tous,  levant  la 
main,  haussant  la  voix,  crièrent  qu'il  leur  plaisait  et 
qu'ils  y  donnaient  leur  plein  assentiment  (a). 

Pour  consommer  l'œuvre  de  despotisme  inaugurée 
par  ces  procédures  et  ces  résolutions  illégales,  une 
seule  chose  restait  à  faire  au  parlement  :  c'était  de  se 
frapper  soi-même;  de  supprimer  les  entraves  salu- 
taires que  la  constitution  et  la  coutume  avaient  mises 
au  pouvoir  royal  ;  de  laisser  le  roi  libre  de  s'affran- 
chir désormais  de  tout  contrôle,  en  lui  donnant  les 
moyens  de  se  passer  de  son  concours. 

Le  jeudi,  31  janvier,  le  roi  venait  d'annoncer  qu'il 
commettait  au  duc  de  Surrey  (Thomas,  comte  de 
Kent)  l'office  de  maréchal,  et  au  marquis  de  Dorset 
(J.  de  Beaufort,  comte  de  Sommerset),  l'office  d'ami- 
ral, ajoutant  que,  bien  que  le  choix  de  ses  officiers 
ne  fût  point  du  ressort  du  parlement,  il  lui  plaisait 
que  cela  fût  connu  des  trois  États.  C'était,  sous  les 
dehors  d'un  acte  de  déférence,  trancher  à  son  avan- 


[1398]  LE  DESPOTISME  DE  RICHARD.  203 

tage  une  question  qui  avait  été  bien  souvent  débattue. 
Le  parlement,  loin  de  réclamer,  lui  concéda  bien 
autre  chose.  Sous  le  prétexte  que  plusieurs  pétitions 
n'avaient  pu  être  encore  ni  lues  ni  répondues,  et  que 
divers  autres  points  restaient  à  résoudre  (la  session 
durait  depuis  trois  jours,  et  ce  jour  même  elle  allait 
finir  !),  les  communes  prièrent  le  roi  de  désigner  un 
certain  nombre  de  lords  et  de  personnages,  qu'elles 
nommaient,  avec  plein  pouvoir  pour  examiner,  ré- 
soudre et  expédier  toutes  ces  sortes  d'afiPaires.  Le  roi 
y  consentit,  comme  on  le  pense.  On  désigna  parmi 
les  lords  les  ducs  de  Lancastre,  d'York,  d'Aumarle 
(Rutland),  de  Surrey  (Kent)  et  d'Exeter  (J.  de  Holland, 
comte  de  Huntingdon),  le  marquis  de  Dorset  (J.  de 
Beaufort),  les  comtes  de  la  Marche  (Roger  Mortimer), 
de  Salisbury  (J.  de  Montaigu),  de  Northumberland 
(H.  Percy),  de  Glocester  (W.  le  Scrop),  de  Wiltshire 
(Th.  le  Despenser),  de  Winchester;  et  parmi  les  che- 
valiers députés  des  communes,  J.  Bussy,  H.  Green, 
.1.  Russell  et  trois  autres  (Rob.  Teye,  H.  Chelmswike 
et  J.  Golofre).  Chose  digne  de  remarque,  pas  un 
homme  d'église  n'y  figura.  Cette  commission  pouvait 
exercer  tous  les  droits  qui  appartenaient  au  parle- 
ment.  C'était  à  elle  de  recevoir  les  pétitions,  à  elle 
de  les  débattre  :  simples  requêtes,  sans  doute;  mais 
sous  leur  humble  l'orme,  ces  prières  ayant  derrière 
soi  le  vote  de  l'impôt,  se  faisaient  recevoir  comme  la 
loi  du  royaume.  \jx  commission  en  devait  désormais 
décider  seule  et  sans  contrainte;  et  il  n'était  pas  be- 


204  LIVBE  DIXIÈME.  [1398] 

soin  qu'elle  lut  au  complet  :  six  des  premiers  et  trois 
des  autres,  voilà  toute  la  représentation  nationale 
dont  le  roi  devait  s'appuyer  désormais  pour  gouver- 
ner le  pays  (a)  ! 

Mais  ces  pouvoirs,  si  grands  qu'ils  fussent,  n'au- 
raient été  que  temporaires,  si  les  besoins  du  trésor 
eussent  forcé  le  roi  de  réunir  le  parlement  comme 
par  le  passé  pour  en  obtenir  de  Targent.  L'assem- 
blée ne  pouvait  pas  aller  jusqu'à  supprimer  le  prin- 
cipe du  vote  de  l'impôt,  principe  qui,  plus  ou  moins 
respecté,  était  au  fond  des  coutumes,  je  ne  dis  pas 
seulement  de  l'Angleterre,  mais  de  tous  les  peuples 
du  moyen  âge  :  et  en  Angleterre  il  était  sacré.  Le 
parlement  ne  donna  donc  point  au  roi  toute  liberté 
en  cette  matière  ;  il  ne  remit  pas  davantage  à  la  com- 
mission le  pouvoir  de  voter  aucune  aide.  Mais  il  pou- 
vait allouer  au  roi,  pour  un  temps  plus  ou  moins  long, 
le  subside  dont  le  vote  annuel  remettait  chaque  année 
le  gouvernement  en  présence  de  la  nation.  Il  y  avait 
l'impôt  du  dixième  et  du  quinzième,  impôt  excep- 
tionnel et  de  sa  nature  temporaire,  que  Richard  n'a- 
vait pas  demandé  au  dernier  parlement,  et  dont  il 
faisait  espérer  alors  qu'il  pourrait  se  passer.  On  le 
lui  vota  pour  une  période  qui  l'étendait  à  deux  an- 
nées, un  dixième  et  demi  et  un  quinzième  et  demi  à 
lever  en  trois  termes  de  la  Saint-Michel  1398  à  la 
Saint -Michel  1399.  Il  y  avait  en  outre  le  subside 
des  peaux  et  des  laines,  subside  fondamental  qui, 
avec  les  revenus  de  la  couronne,  devait,  en  temps 


[1398]  LE  DESPOTISME  DE  RICHARD.  205 

ordinaire,  suffire  à  tous  les  besoins  :  on  le  lui  accorda 
pour  toute  sa  vie  !  Et  le  roi  sut  trouver  à  ce  vote  une 
sanction  considérable.  Dès  le  second  jour  de  la  ses- 
sion, mardi  29,  Bussy,  pour  rassurer  la  multitude 
plus  ou  moins  mêlée  aux  troubles  dont  on  venait  de 
frapper  les  promoteurs,  avait  demandé  un  pardon 
général;  mais  le  roi  avait  répondu  qu'auparavant  il 
voulait  voir  comment  les  communes  se  comporte- 
raient envers  lui.  Après  un  vote  aussi  libéral,  il  ne 
pouvait  plus  refuser  l'amnistie.  11  la  publia  donc, 
sauf  quelques  réserves  et  sous  certaines  conditions; 
et  la  rattachant  à  son  tour  à  l'octroi  du  subside,  afin 
de  rendre  cette  résolution  irrévocable,  et  d'y  retenir 
par  la  crainte  les  parlements  qui  pourraient  encore  se 
réunir,  il  déclarait  que  si,  par  la  suite^  les  seigneurs 
ou  les  communes  réunis  en  parlement  y  voulaient 
apporter  quelque  obstacle,  l'amnistie  accordée  serait 
nulle  de  plein  droit  (a). 

Après  cela,  le  chancelier  congédia  le  parlement. 
F.a session,  ouverte  le  28  janvier,  était  close  le  31  ; 
mais  l'assemblée  n'avait  pas  perdu  son  temps.  En 
quatre  jours  elle  avait  rainé  la  constitution  du  pays^ 
•Ce  parlement  qui,  avant  de  se  retirer,  légua  à  la 
nation  le  despotisme,  vit,  ce  même  jour,  éclater  dans 
son  sein  une  querelle  où  était  en  germe  toute  une 
révolution. 

1.  7^)/.  Pari,  t.  III,  p.  369,  g  79. 


206  LIVRE  DIXIÈME.  11398 


II 


LE  COMTE  DE  DERBY  ET  LE  COMTE  MARECHAL. 

Henri  de  Bolingbroke,  comte  de  Derby,  fils  de 
Lanças tre,  et  Thomas  de  Mowbray,  lord  maréchal, 
comte  de  Nottingham,  avaient  été,  on  Ta  vu,  avec 
Glocester,  Warwick  et  Arundel,  lords  appelants  et 
chefs  de  l'insurrection  de  la  xi^  année  du  roi  (1387- 
1 388)  ;  et  non-seulement  ils  n'avaient  pas  été  com- 
pris dans  la  ruine  de  leurs  trois  complices,  mais  ils 
avaient  aidé  (Nottingham  surtout)  à  les  renverser, 
et  ils  en  avaient  reçu  la  récompense  :  Derby  par  le 
duché  de  Hereford,  et  Nottingham  par  le  duché  de 
Norfolk.  Gela  ne  s'était  point  passé  sans  quelques 
moments  d'inquiétude  pour  eux-mêmes.  Les  faveurs 
dont  ils  avaient  été  l'objet  (l'exemple  des  autres  en 
était  la  preuve)  ne  suffisaient  point  pour  les  rassurer^ 
et  un  jour,  le  nouveau  duc  de  Norfolk,  rencontrant 
le  duc  de  Hereford,  s'était  ouvert  à  lui  de  ses  crain- 
tes. Hereford  les  partageait,  sans  doute.  Que  fit-il? 
Il  alla  trouver  le  roi,  et  lui  fit  connaître  ce  que  le 
comte  maréchal  lui  avait  dit.  Le  roi  voulut  avoir  une 
déclaration  solennelle  qui  confondît  publiquement 
l'accusé,  et,  quoi  qu'il  en  fût  de  ce  dernier,  mît  le  dé- 
nonciateur à  sa  merci.  Hereford  s'était  trop  avancé 
pour  reculer.  L'avant-dernier  jour  du  parlement,  tous 
les  États  se  trouvant  réunis,  il  se  présenta  devant 


[1398]  LE  DESPOTISME  DE  RICHARD.  207 

le  roi,  une  cédule  à  la  main,  et  il  exposa  la  chose  à 
sa  guise.  Le  roi  l'avait  mandé  à  Haywood  ;  il  lui  avait 
dit  qu'il  savait  que  le  duc  de  Norfolk  lui  avait  tenu 
des  propos  injurieux  envers  sa  personne,  et  il  l'avait 
sommé  comme  étant  son  homme  lige  de  les  lui  révé- 
ler. Pour  obéir  à  ce  commandement,  et  nullement 
par  malice  ni  par  aucune  autre  cause,  il  avait  mis 
par  écrit  les  paroles  du  duc  de  Norfolk,  aussi 
exactement  qu'il  s'en  souvenait;  et  il  déposa  la  cé- 
dule (a). 

Cet  écrit  portait  en  substance  qu'au  mois  de  dé- 
cembre de  la  vingt-unième  année  du  règne  de  Ri- 
chard (1397),  le  duc  de  Hereford,  allant  deBrainford  à 
Londres,  avait  rencontré  le  duc  de  Norfolk  suivi  d'une 
grande  troupe^  et  s'était  entretenu  avec  lui  de  diverses 
matières.  Dans  la  conversation,  le  duc  de  Norfolk 
lui  dit  :  «  Nous  sommes  à  la  veille  d'être  tous  perdus. 
—  Pourquoi  cela  ?  répliqua  le  duc.  —  A  cause  du 
fait  de  Redecot-bridge.  —  Comment  est-ce  possible, 
puisque  le  roi  nous  a  témoigné  sa  faveur,  nous  dé- 
clarant devant  le  parlement  qu'il  nous  tenait  pour 
bons  et  loyaux  envers  lui  ? —  Malgré  tout  cela,  reprit 
le  duc  de  Norfolk,  il  en  sera  de  nous  comme  il  en  a 
été  auparavant  des  autres  ;  il  annulera  cet  acte.  — 
Mais,  dit  Hereford,  ce  serait  chose  incroyable,  qu'un 
engagement  pris  devant  tout  le  peuple  fût  ainsi  ré- 
voqué par  le  roi.  —  Le  monde  où  nous  vivons,  conti- 
nua Norfolk,  est  bien  étrange  et  peu  sûr;  car  je  sais 
bien  que  sans....  (nom  illisible  dans  le  registre),  mi- 


208  LIVRE  DIXIÈME.  [1398J 

lord  votre  père  et  vous-même  vous  auriez  été  pris  et 
tués  quand  vous  allâtes  à  Windsor  après  la  session  du 
parlement.  Les  ducs  d'Aumarle  et  d'Exeter,  le  comte 
de  Worcester  (Th.  Percy)  et  moi,  nous  nous  sommes 
engagés  à  ne  jamais  perdre  aucun  lord  sans  une  juste 
et  raisonnable  cause.  Les  auteurs  de  ce  coupable  pro- 
jet étaient  le  duc  de  Surrey,  les  comtes  de  Wiltshire 
(W.  le  Scrop)  et  de  Salisbury,  et  le  comte  de  Glocester 
(Th.  le  Despenser)  qu'ils  ont  attiré  à  eux.  Il  ont 
juré  de  faire  périr  six  lords,  à  savoir  :  les  ducs  de 
Lancastre,  de  Hereford,  d'Aumarle^  d'Exeter,  le  mar- 
quis de  Dorset  et  moi-même  ;  ils  se  proposent  en  ou- 
tre d'annuler  la  condamnation  de  Thomas,  comte  de 
Lancastre,  par  quoi  nous  et  plusieurs  autres  serions 
déshérités.  —  Dieu  nous  garde!  s'écria  Hereford  ;  ce 
serait  grande  honte  que  le  roi  consentît  à  ces  des- 
seins; car  c'est  avec  la  meilleure  contenance  qu'il  a 
promis  d'être  bon  seigneur  pour  moi  et  pour  les  au- 
tres, et  il  Ta  juré  par  saint  Edouard.  —  Il  m'en  a  fait 
autant  bien  des  fois,  dit  Norfolk  ;  il  a  juré  par  le  Corps - 
Dieu  :  et,  malgré  tout  cela,  il  ne  faut  pas  s'en  fier  à 
lui  davantage  ;  il  cherche  à  faire  entrer  le  comte  de 
la  Marche  et  d'autres  dans  le  complot  des  quatre  lords 
que  j'ai  dits,  pour  faire  périr  tous  les  autres.  —  S'il 
en  est  ainsi,  dit  Hereford,  nous  ne  pouvons  plus  nous 
fiera  eux.  —  Non,  certainement,  répliqua  Norfolk; 
car,  s'il  ne  leur  est  pas  possible  d'accomplir  leurs 
desseins  à  présent,  ils  réussiront,  avant  qu'il  soit  dix 
ans,  à  nous  faire  périr  dans  nos  maisons  (a).  )> 


[1398]  LE  DH3P0TISME  l)K  RICHARD.  209 

Telle  est  la  pièce  que  Derby,  par  un  acte  insigne 
de  perfidie,  sous  ombre  de  loyauté,  lut  devant  le  roL, 
et  les  lords.  Cette  scène,  convenue  ou  non  à  Tavance, 
semblait  achever  de  mettre  aux  mains  de  Richard  les 
deux  derniers  des  cinq  lords  appelants  :  l'un  des  deux 
livrait  l'autre,  et  se  liait  lui-même  au  roi  par  cette 
solennelle  dénonciation.  Le  roi  ne  voulut  rien  préci- 
piter :  avec  l'assentiment  des  différents  or3res,  il  dé- 
clara qu'il  examinerait  et  terminerait  cette  affaire  sur 
l'avis  des  commissaires  déjà  désignés  par  le  parle- 
ment. C'était  le  premier  usage  qu'il  comptait  faire  de 
cet  instrument  mis  par  le  parlement  lui-même  au 
service  de  son  autorité  absolue  \ 

Derby  avait  pris  ses  précautions  avant  de  se  lancer 
dans  cette  affaire.  A  la  veille  de  l'ouverture  de  la  ses- 
sion, il  avait  obtenu  du  roi  pleine  amnistie;  et, 
comme  si  cela  ne  suilisait  pas,  le  jour  qu'elle  Unit, 
quand  l'examen  de  sa  dénonciation  eut  été  renvoyé 
au  nouveau  conseil,  il  vint  au  parlement,  et,  se  met- 
tant humblement  aux  genoux  de  Richard,  il  rappela 
les  troubles  où  il  s'était  trouvé  mêlé  avec  d'aulres, 
sans  mauvaise  intention,  disait-il,  ni  dessein  d'of- 
fenser le  roi.  Néanmoins,  confessant  sa  faute,  il  lui 
criait  merci,  et  lesuppliait  de  lui  pardonner  :  pardon 
que  Richard  lui  renouvela  de  bonne  grâce,  et  fit  en- 
registrer dans  les  r«Mos  du  parlement.  Quant  à  Nor- 

1.  Jeudi,  31  janvier.  Hot.  ParL,  t.  III,  p.  360,  g  54,  et  382,  §  11. 

C'est  ce  môme  jour  quo  le  const'i!  avait  été  composé,  iUid.^  p.  378, 
§74.' 

II  —  14 


210  LIVRE  DIXIÈME.  [1398] 

folk,  il  n'était  pas  là  :  c'est  un  absent  que  Derby  avait 
ainsi  chargé!  Et,  tandis  que  le  fils  de  Lancastre  se 
prémunissait  contre  lui  des  témoignages  de  la  faveur 
royale^  nul  des  assistants  ne  prenait  sa  défense.  Cette 
absence  même,  cette  sorte  de  parti  pris  de  ne  point 
paraître  à  une  assemblée  dont  le  roi  s'était  promis 
tant  de  services,  était  un  grief  qui  devait  tourner 
contre  lui.  Il  fallait  bien  pourtant  qu'il  fût  mis  en 
présence  de  son  accusateur;  et  une  lettre  du  roi, 
adressée  à  tous  les  shériffs ,  l'assigna  à  comparaître 
dans  les  quinze  jours,  à  peine  de  forfaiture.  Il  compa- 
rut avec  son  adversaire,  le  23  février,  à  Os waldstree; 
mais  on  les  ajourna  au  28  avril  à  Windsor,  avec  dé- 
fense de  quitter  le  royaume  dans  l'intervalle  :  Derby 
eut  permission  de  se  retirer,  donnant  caution  ;  quant 
à  Norfolk,  pour  les  derniers  jours  du  moins,  ordre 
fut  donné  de  le  retenir  sous  bonne  garde  en  quelque 
maison  du  roi. 

Cependant  le  roi  réunit  son  conseil  parlementaire 
à  Bristol  (19  mars),  et  il  fut  décidé  que  si  l'on  ne 
trouvait  aucune  preuve  sutïisante  pour  résoudre  judi- 
ciairement ce  débat,  on  recourrait  aux  lois  de  la  che- 
valerie. Au  jour  dit,  les  deux  rivaux  se  retrouvèrent 
à  Windsor  (dimanche  28  avril).  Grand  nombre  de 
seigneurs  et  de  gens  de  loi  étaient  rassemblés  pour 
les  entendre  ;  et,  comme  aucune  preuve  n'était  pro- 
duite, *le  roi ,  ainsi  qu'on  l'avait  arrêté,  ordonna  la 
bataille^  et  assigna  les  deux  champions  pour  le  1G  sep- 
tembre, à  Coventry  (a). 


[1398]  LE  DESPOTISME  DE  RICHARD.  211 

Ils  acceptèrent  Tépreuve,  et  profitèrent  du  délai 
pour  se  munir  des  meilleures  armes.  Hereford  députa 
au  duc  de  Milan,  qui  mit  à  sa  disposition  et  ses 
armes  et  ses  ouvriers  les  plus  habiles.  Le  lord  maré- 
chal envoya  en  Allemagne,  où  il  comptait  sur  l'aide 
de  nombreux  amis.  L'annonce  de  ce  combat  produisit 
partout  une  grande  émotion.  En  France,  on  en  pre- 
nait aisément  son  parti  ;  «  Qu'on  les  laisse  se  battre, 
disaient  quelques-uns,  ces  chevaliers  d'Angleterre 
sont  trop  orgueilleux  ;  qu'on  les  laisse,  ils  finiront 
par  se  détruire  les  uns  les  autres.  »  Mais  d'autres, 
considérant  les  liens  nouveaux  qui  unissaient  les 
deux  couronnes,  ne  voyaient  pas  sans  inquiétude  le 
roi  d'Angleterre,  si  ami  de  la  France^  laisser  éclater 
de  pareilles  haines  entre  les  plus  grands  personnages 
de  sa  famille  ou  de  sa  cour.  Il  aurait  dû,  à  leur  avis, 
étouffer  la  querelle  dès  l'origine,  et  dire  aux  deux 
adversaires  :  «  Vous  ,  comte  Derby,  et  vous ,  comte 
maréchal,  vous  êtes  tous  deux  de  mon  sang  et  de 
mon  lignage,  et  aussi  fort  prochains- l'un  à  l'autre  : 
je  vous  commande  la  paix,  et  ne  veux  que  nulle  haine 
ni  rancune  s'engendre  et  nourrisse  entre  vous.  Soyez 
amis  et  bons  cousins  ;  s'il  vous  ennuie  de  séjourner 
('n  ce  pays,  allez  en  pays  étranger,  au  royaume  de 
Hongrie  ou  ailleurs,  quérir  les  armes  ou  les  aven- 
tures. »  Et  Charles  VI,  plein  de  sollicitude  envers  un 
prince,  son  gendre  et  son  allié,  qu'il  aimait  pour  sa 
lille  et  pour  les  bons  rapports  établis  entre  les  deux 
pays,   lui  dépêchait  un  ambassadeur,  le   suppliant 


212  LIVRE  DIXIEME.  [1398] 

d'apaiser  la  querelle,  au  nom  de  la  parenté  qui  unis- 
sait les  deux  rivaux  à  la  couronne,  et  de  l'intérêt 
qu'il  portait  lui-même  à  la  paix  de  l'Angleterre  (a). 

En  Angleterre,  le  sentiment  public  se  prononçait 
de  plus  en  plus.  On  ne  voyait  pas  ce  qu'il  y  avait 
d'odieux  dans  l'hypocrite  dénonciation  dirigée  contre 
le  lord  maréchal.  Norfolk  étant  regardé  comme  le 
meurtrier  de  Glocester,  c'est  sur  Derby  que  se  repor- 
tait toute  la  faveur  publique;  et  Ton  ne  s'arrêtait 
point  à  maudire  son  rival  !  Le  vieux  Lancastre,  vive- 
ment ému  d'une  décision  qui  lui  faisait  craindre  de 
perdre  son  fils  encore  après  son  frère,  pouvait  déjà 
pressentir  que  cette  double  injure  ne  demeurerait  pas 
impunie  :  il  ne  fallait  que  prêter  l'oreille  aux  mur- 
mures des  habitants  de  Londres.  Ils  ne  cachaient  plus 
leurs  antipathies  contre  le  roi^  et  reprenant  au  profit 
du  fils  de  Lancastre  cette  question  de  légitimité  que 
Lancastre  lui-même,  impopulaire  comme  il  l'était 
jadis,  n'avait  point  osé  agiter  à  l'avènement  de  Ri- 
chard :  «Monseigneur  Derby,  disaient-ils,  soyez  tout 
conforté  que  de  cette  emprise,  comment  que  la  besogne 
se  tourne,  vous  en  istrez  (sortirez)  à  votre  honneur, 
veuille  le  roi  ou  non  et  tous  ses  marmousets.  Et  nous 
savons  bien  comment  les  choses  se  portent  ;  ce  qui 
en  est  fait,  c'est  matière  pourvue  et  maçonnée  par 
envie  et  pour  vous  mettre  hors  de  ce  pays,  pourtant 
qu'on  voit  et  sent  que  vous  êtes  bien  aimé  de  tous  et 
de  toutes.  Et  s'il  convient  que  vous  en  istiez  en 
trouble,  vous  y  entrerez  en  joie;  car  mieux  y  devez 


[1398]  LE  DESPOTISME  DE  RICHARD.  213 

être  que  ne  fait  Richard  de  Bordeaux  (ils  ne  disaient 
plus  le  roi  Richard).  Et  qui  voudroit  aller  jusques  au 
parfond,  et  bien  sentir  et  connoître  d'oii  vous  venez 
et  d'où  il  vient  aussi,  on  vous  trouveroit  plus  pro- 
chain de  l'héritage  et  couronne  d'Angleterre  qu'on 
ne  dût  faire  Richard  de  Bordeaux;  quoique  nous  lui 
ayons  fait  foi  et  hommage,  et  le  tenons  et  avons  tenu 
plus  de  vingt  ans  à  roi  ^  » 

Richard  n'était  pas  sans  trouble  à  l'approche  de 
ce  jour  solennel.  Les  révélations  de  Derby  avaient 
jeté  une  lueur  sinistre  sur  une  situation  dont  il 
n'avait  point  soupçonné  les  dangers.  Il  avait  cru 
que  la  mort  de  Glocester  l'affranchissait  de  tout 
péril  ;  et  le  concours  qu'il  avait  trouvé  pour  le  frap- 
per dans  les  communes  et. dans  les  lords,  semblait 
lui  donner  un  gage  du  plus  aveugle  dévouement. 
Le  parlement,  pour  le  venger  du  passé,  avait  foulé 
aux  pieds  toutes  les  lois;  bien  plus,  pour  lui  livrer 
l'avenir  il  s'était  en  quelque  sorte  supprimé  lui- 
même,  lui  votant  l'impôt  des  laines  pour  toute  sa  vie, 
et  remettant  tous  les  pouvoirs  de  rassemblée  à  une 
commission  placée  sous  sa  main.  Et  voilà  que  cette 
puissance  agrandie  semblait  chanceler  sur  ses  bases, 
et  que  tout  ce  qu'on  avait  fait  pour  l'étendre  conspirait 
à  l'ébranler  1  Pour  mieux  être  sûr  que  Glocester  et 
Arundel  ne  seraient  pas  vengés,  Richard  retenait  leurs 
lu'i'ilitTs  près   (h^   lui:   ;iii    nom   du  ilroit  de  i.'ai'<I»v  'I 

1.  Froissait,  IV,  63. 


214  LIVRE  DIXIÈME.  [1398] 

avait  fait  venir  et  faisait  surveiller  leurs  enfants  à  sa 
cour  :  mais  l'héritage  de  Glocester  lui  échappait;  la 
popularité  dont  le  prince  avait  joui  de  son  vivant,  et 
qui  n'avait  fait  que  s'accroître  par  sa  mort,  passait 
à  celui  qui,  en  luttant  contre  le  lord  maréchal,  sem- 
hlait  appelé  à  tirer  de  sa  mort  une  première  ven- 
geance. Ce  redoutable  personnage  que  le  roi  pensait 
avoir  supprimé  de  la  scène  se  relevait  devant  lui 
dans  le  fils  de  Lancastre. 

Richard  avait  des  appuis,  sans  doute.  Il  pouvait 
compter  sur  le  dévouement  de  son  frère  utérin  (Jean 
de  Holland,  duc  d'Exeter),  de  son  neveu  (Thomas, 
duc  de  Surrey);  et  parmi  ceux  que  le  sang  rappro- 
chait de  lui,  mais  aussi  de  Glocester,  il  paraissait 
avoir  le  duc  d'Aumarle,  fils  du  duc  d'York,  grâce 
au  titre  de  connétable,  repris  en  sa  faveur  de  la  suc- 
cession de  Glocester,  et  peut-être  à  la  jalousie  du 
nouveau  dignitaire  pour  son  cousin  de  Derby.  Mais 
Lancastre  et  York  se  tenaient  à  Técart.  Ces  deux 
princes  qui,  du  vivant  de  Glocester,  couvraient  de 
leur  approbation  la  politique  du  roi,  irrités  de  la 
mort  de  leur  frère,  semblaient  maintenant  revenir  à 
des  idées  qii'ils  ne  partageaient  point  jadis.  Le  vide 
se  faisait  donc  autour  de  Richard,  et  les  faveurs  qu'il 
avait  prodiguées  ne  suffisaient  point  pour  le  com- 
l)ler.  Nul  dévouement  n'était  plus  sûr,  nul  gage  assez 
fort  pour  commander  la  foi,  si  le  comte  maréchal,  lié 
à  lui  par  sa  complicité  dans  la  mort  de  Glocester 
comme  par  les  grâces  qui  en  avaient  été  la  récom- 


[1398]  LE  DESPOTISME  DE  RICHARD.  215 

pense,  songeait  à  prendre  ses  garanties  contre  lui- 
même.  Ainsi  le  doute  avait  pénétré  dans  l'âme  du 
roi,  et  s'y  était  d'autant  plus  étendu  que  sa  sécurité 
avait  été  plus  complète.  Par  un  étrange  contraste, 
jamais  il  ne  s'était  trouvé  moins  rassuré  que  depuis 
qu'il  pouvait  tout.  Au  lendemain  de  son  triomphe, 
dans  cette  terreur  universelle  qu'il  inspirait,  il  avait 
peur.  Il  avait  doublé  sa  garde;  il  l'avait  composée 
d'hommes  tirés  du  comté  le  plus  reculé  et  le  plus 
sauvage  (Chester),  comme  pour  les  rendre  moins 
pénétrables  à  l'esprit  qui  régnait  à  Londres  et  aux 
alentours*. 

C'était  donc  avec  une  vive  anxiété  qu'il  attendait 
le  dénoûment  d'un  combat  où  peut-être  il  devait 
trouver  le  secret  de  la  situation  présente,  et  voir  clai- 
rement parmi  ces  lords,  en  apparence  si  dévoués  à  sa 
personne,  qui  était  ami  ou  ennemi.  Quelle  ne  fut  pas 
sa  surprise  et  sa  déconvenue,  quand  des  hommes 
dont  il  ne  pouvait  suspecter  les  sentiments,  le  duc 
d'Exeter,son  frère,  le  comte  de  Salisbury^  l'archevêque 
d'York,  le  vinrent  détourner  de  consentir  à  cette 
épreuve  :  «  Le  peuple,  disaient-ils,  et  notamment  les 
habitants  de  Londres,  murmuraient  qu'en  ordonnant 
la  bataille  le  roi  avait  voulu  perdre  Derby  ;  qu'après 
Glocester  il  s'attaquait  à  la  branche  de   Lancastre; 


1.  Aumarle,    cnrinetahle.  Il    ic'joit  un  crdre  (;n  C(!ltc  (juulité   If 
10  septembre  1398;  Hymer,  t.  VIII,  j).  kk.  —  Mesures  de  précau 
lions,  etc.  Froissait,  IV,  61;  cf    Hardyng,  Chron.,  cité  par  Tur 
ner,  t.  II,  p.  312. 


216  LIVRE  DIXIÈME.  [1398] 

qu'il  voulait  ainsi  détruire  toute  sa  famille  :  on  se 
disait  résolu  à  ne  le  point  souffrir.  »  A  ces  paroles, 
le  roi  changea  de  couleur;  il  se  retira  à  l'écart,  et, 
s'accoudant  sur  une  fenêtre,  il  y  demeura  quelque 
temps  pensif.  Quand  il  revint  à  ses  conseillers  ^  il 
était  décidé,  et  leur  déclara  qu'il  tiendrait  compte 
de  leur  avis\ 

Le  jour  venu  (16  septembre  1398),  comme  les  deux 
adversaires  s'étaient  rendus  à  Coventry,  où  les  sei- 
gneurs éîaient  assemblés  pour  être  témoins  de  cet 
émouvant  spectacle  :  au  moment  qu'ils  allaient  enga- 
ger la  bataille,  le  roi  déclara  qu'il  la  prenait  en  main  ; 
et,  de  l'avis  du  parlement,  c'est-à-dire  de  la  commis- 
sion qui  lui  en  tenait  lieu,  il  ordonna  a  que  pour  la 
paix  et  la  tranquillité  du  roi  et  du  royaume,  pour  pré- 
venir les  querelles  qui  pouvaient  éclater  soit  entre  les 
deux  ducs,  soit  entre  leurs  amis,  le  duc  de  Hereford 
(Derby)  serait  banni  du  royaume  pour  dix  ans,  avec 
obligation  de  partir  avant  le  13  octobre  prochain, 
sous  peine  de  trahison.  »  Quant  au  duc  de  Norfolk, 
«  comme  il  avait  confessé  à  Windsor,  le  29  avril 
dernier,  devantleroi,  certains  points  de  l'accusation 
qu'il  avait  niés  le  23  février  précédent ,  et  qui  pou- 
vaient engendrer  le  trouble  dans  le  royaume,  le  roi, 
voulant  punir,  selon  son  devoir  de  justice,  tous  au- 
teurs de  troubles,  quels  qu'ils  fussent,  et  en  préve- 
nir   les    occasions ,    ordonnait   qu'il    quitterait    le 

1.  B^roissart,  IV,  63. 


[1398]  LE  DESPOTISME  DE  RICHARD.  217 

royaume  pour  toute  sa  vie,  et  en  partirait  le  20  octo- 
bre prochain  pour  aller  habiter  la  Germanie,  la  Bo- 
hême, la  Hongrie,  et  nulle  autre  partie  de  la  chrétienté, 
sous  peine  de  haute  trahison.  »  Il  lui  retirait  toutes  les 
terres  qu'il  lui  avait  données  en  considération  de  ses 
derniers  services,  le  suspendait  de  toutes  ses  char- 
ges, lui  ôtait  toutes  les  garanties  qu'il  pouvait  tenir 
des  rois  ses  ancêtres,  et  plaçait  le  reste  de  ses  biens 
en  séquestre  jusqu'au  payement  de  mille  livres  dont 
il  était  redevable  pour  son  gouvernement  de  Calais. 
L'exil  pouvait  éteindre  les  haines  des  deux  adversaires, 
et  les  rapprocher  en  un  même  sentiment  contre  l'au- 
teur de  leur  condamnation.  On  avait  songé  à  y  pour- 
voir. Défense  leur  était  faite,  sous  peine  de  haute 
trahison,  de  se  rencontrer  ou  de  communiquer  par 
message^  soit  entre  eux,  soit  avec  Thomas  Arundel. 
Que  si  les  deux  ducs,  ou  l'un  d'eux,  faisaient  rien  de 
contraire  à  la  présente  ordonnance,  ils  devaient  en- 
courir la  peine  de  haute  trahison,  comme  s'il  eût  été 
contrevenu  à  quelque  loi  du  parlement  tenu  soit  à 
Westminster,  soit  à  Shrewsbury.  Enlin  s'ils  tentaient 
de  quelque  manière  d'obtenir  leur  grâce  et  la  permis- 
sion de  rentrer  dans  leur  patrie,  ils  encourraient  la 
même  peine  de  par  la  môme  autorité  (a). 

Cette  double  sentence  par  manière  d'arbitrage, 
renversait  toutes  les  notions  de  la  justice.  Dans  le 
doute,  on  renvoie  les  parties  :  ici,  le  roi  les  con- 
damnait au  contraire.  11  disait  à  Derby  qu'il  accusait 
lin  innocent,  et  au  comte  maréchal  qu'il  était  coupa- 


218  LIVRE  DIXIÈME.  [1398] 

ble  :  les  frappant  l'un  et  l'antre,  comme  pour  être 
plus  sûr  de  ne  pas  se  tromper.  Il  y  avaitpourlant  dans 
la  peine  des  différences  qui  prouvaient  que  le  roi, 
contrairement  peut-être  à  son  penchant  naturel,  mais 
selon  les  conseils  qu'il  avait  reçus,  inclinait  vers  l'ac- 
cusation. Le  comte  maréchal  était  exilé  pour  toujours; 
Derby  pour  dix  années  :  et  encore  ne  fut-ce  point  le 
dernier  mot  de  la  sentence.  Quand  il  vint  prendre 
congé  du  roi  àEltham,  nul  ne  l'eût  pris  pour  un  con- 
damné; ce  fut  comme  une  réception  d'apparat.  Les 
ducs  de  Lancastre  et  d'York  se  tenaient  auprès  du 
roi;  Derby  était  suivi  des  plus  grands  seigneurs  de 
la  cour;  le  comte  de  Salisbury  et  le  duc  d'Exeter  s'é- 
taient rangés  eux-mêmes  dans  son  cortège.  Le  roi  lui 
fit  bon  visage,  s'excusa,  en  quelque  sorte,  de  la  sen- 
tence, disant  qu'il  avait  été  fort  contristé  de  la  que- 
relle, et  qu'il  n'avait  pas  cru  la  pouvoir  terminer 
autrement  pour  le  bien  du  pays ,  et  il  réduisit  son 
exil  de  dix  à  six  ans.  A  son  départ,  il  lui  remit  des 
lettres  qui  devaient  lui  assurer  partout  bon  accueil, 
en  témoignant  qu'on  le  pouvait  recevoir  selon  son 
rang,  sans  offenser  celui  qui  l'avait  banni  ^ 

Le  comte  maréchal  partit  au  jour  fixé,  mal  récom- 
pensé de  ses  criminelles  complaisances  :  traître  en- 
vers son  roi,  traître  envers  ses  complices,  et  trahi  à 
son  tour  par  le  complice  de  ses  deux  trahisons,  il 
quittait  l'Angleterre,  emportant  la  haine  de  tout  un 


1.  Froissart,  IV,  65. 


[I398I  LE  DESPOTISME  DE  RICHARD.  219 

peuple.  Il  passa  par  Calais  dont  il  avait  été  gouver- 
neur, prit  congé  des  habitants,  et,  après  un  court  sé- 
jour en  Flandre,  alla  en  Allemagne,  puis  à  Venise, 
où  il  ne  tarda  point  à  mourir.  Quant  à  Derb}',  trois 
fois  traître  déjà,  une  trahison  de  plus  liii  devait  mé- 
nager une  tout  autre  fortune.  Son  départ  lui  pouvait 
donner  comme  un  avant-goût  d'un  retour  triomphal. 
Lorsqu'il  monta  à  cheval  et  quitta  Londres,  plus  de 
quarante  mille  hommes  et  femmes  étaient  dans  les 
rues,  criant  et  pleurant  après  lui  :  «  Ah  !  gentil  comte 
Derby,  disaient-ils,  nous  laisserez-vous  donc?  ja- 
mais il  n'y  aura  joie  ni  bien  en  ce  pays  tant  que 
vous  n'y  serez  revenu.  Mais  les  jours  du  retour  sont 
trop  longs  :  c'est  par  envie  et  trahison  qu'on  vous  met 
hors;  vous  y  devriez  mieux  demeurer  que  nul  autre!  » 
Il  y  avait  déjà  toute  une  révolution  en  germe  dans  ces 
démonstrations  de  la  foule  ;  les  amis  de  Derby  le 
voyaient  bien,  mais  ce  n'était  pas  l'heure.  La  présence 
seule  et  le  silence  du  vieux  Lancastre  eût  entravé  lo 
mouvement;  avec  le  temps  la  chose  devait  mûrir.  Le 
maire  de  Londres  et  les  principaux  de  la  ville  accom- 
]>agnèrent  Derby  jusqu'au  delà  deDartford,  quelques- 
uns  même  jusqu'à  Douvres  et  jusqu'au  vaisseau  qui 
lemmena  à  Calais  (a). 


220  LIVRE  DIXIÈME.  113981 


m 


MORT   DU   DUC  DE  LANCASTRE. 


Richard  venait  de  faire  un  pas  de  plus  dans  l'arbi- 
traire; mais  c'est  en  vain  qu'il  espérait  avoir  donné 
par  là  une  garantie  de  plus  à  son  pouvoir.  Il  se  voyait 
délivré  des  cinq  personnages  qui  avaient  joué  le 
premier  rôle  devant  le  Parlement  impitoyable,  dans 
le  grand  drame  de  1388:  Glocester  et  Arundel  étaient 
morts;  Warwick,  relégué  dans  une  île;  le  comte 
maréchal  et  Derby,  après  avoir  aidé  à  la  condamna- 
tion des  trois  premiers,  frappés  à  leur  tour  et  exilés 
sur  le  continent.  Mais  la  défense  qui  leur  était  faite 
de  se  rencontrer  et  de  communiquer  entre  eux,  mar- 
quait assez  que  le  roi  ne  comptait  point  absolument 
pour  lestenir  séparés,  sur  les  haines  dont  ils  venaient 
de  donner  le  spectacle;  elle  trahissait  ce  qu'il  y  avait 
d'impolitique  dans  cet  acte  de  despotisme.  Ces  deux 
hommes  en  Angleterre,  divisés  par  l'injure  publique 
que  l'un  avait  reçue  de  l'autre,  n'auraient  pas  manqué 
de  s'observer  mutuellement;  bannis  tous  les  deux,  et 
déjà  rapprochés  par  la  communauté  de  leur  sen- 
tence, ils  devenaient  suspects  de  conspirer! 

Le  roi,  débarrassé,  comme  il  le  croyait,  de  ses 
ennemis,  trouvait  dans  cette  sécurité  même  un  autre 
péril  ;  il  ne  songeait  plus  qu'à  user,  selon  son  caprice. 


[1398]  LE  DESPOTISME  DE  RICHARD.  221 

des  pouvoirs  que  le  parlement  lui  avait  abandonnés. 
Son  comité  était  près  de  lui,  n'ayant  de  vertu  que 
pour  le  seconder  en  toutes  choses.  Richard  voulut, 
dès  le  principe,  donner  la  plus  haute  sanction  à  ses 
pouvoirs.  Par  un  acte  du  15  octobre  1398,  de  l'avis 
des  membres  de  ce  comité  même,  il  décréta  que  toute 
personne  qui  contreviendrait  aux  statuts  rendus  par 
lui,  avec  leur  assentiment,  encourrait  la  peine  de 
trahison,  exactement  comme  ceux  qui  violeraient  les 
statuts  rendus  pendant  la  session  du  dernier  parle- 
ment. Pour  les  mieux  consacrer  encore,  un  autre  acte 
modifia  la  formule  du  serment  que  prêtait  tout  évê- 
que  ou  tout  seigneur,  prenant  possession,  soit  de  son 
temporel,  soit  de  son  fief;  il  y  joignait  cette  clause, 
qu'on  jurait  d'observer  les  statuts,  ordonnances  et 
jugements  du  parlement  de  la  vingt  et  unième  année 
de  Richard,  et  aussi  les  statuts  faits  après  le  parle- 
ment, et  de  ne  jamais  tenter,  ni  souffrir  qu'on  tentât 
de  les  révoquer  ou  annuler.  Les  lords  laïques  devaient 
s'engager  spécialement  à  dénoncer  et  à  poursuivre 
toute  entreprise  de  ce  genre  (a). 

Ces  nouveautés  furent  commentées,  et  l'on  prêta 
au  roi  bien  d'autres  mesures  dont  il  n'y  a  point  de 
trace  dans  les  actes  publics.  On  disait  qu'outre  ce 
serment,  scellé  du  sceau  de  ses  hommes  liges,  il 
avait  exigé  d'eux  des  blanc-seings  qu'il  put  remplir 
à  volonté  alin  de  les  compromettre  et  de  les  perdre 
selon  son  caprice.  On  disait  même,  selon  Otler- 
bourne,  qu'il  voulait  s'en  servir  pour  vendre,  comme 


222  LIVRE  DIXIÈME.  [1398] 

de  leur  aveu,  au  roi  de  France,  tout  ce  qu'il  avait 
sur  le  continent!  On  dit  aussi,  et  cela  est  plus  vrai- 
semblable, qu'il  fît  prêter  à  tous  les  vicomtes  du 
royaume  ces  serments  nouveaux  :  ils  s'engageaient  à 
obéir  à  tous  ses  ordres,  tant  aux  lettres  scellées  du 
grand  sceau  qu'aux  lettres  marquées  de  son  simple 
signet;  et  s'ils  apprenaient  qu'un  de  leurs  baillis,  de 
quelque  condition  qu'il  fût,  avait  tenu,  publiquement 
ou  en  secret,  un  langage  injurieux  pour  la  personne 
royale,  ils  devaient  le  mettre  en  prison  jusqu'à  ce  que 
le  roi  en  eût  autrement  décidé.  «  Cela  fit,  ajoute 
Walsingham ,  qu'un  grand  nombre  de  seigneurs, 
malicieusement  accusés  d'avoir  mal  parlé  du  roi, 
furent  pris,  mis  en  prison,  menés  devant  le  conné- 
table ou  le  maréchal  d'Angleterre,  et  contraints  de 
se  justifier  par  la  lutte  en  champ  clos,  sans  égard  si 
leurs  accusateurs  étaient  jeunes  et  forts,  et  eux-mêmes 
vieux,  impotents  et  infirmes \  » 

Le  peuple  était  désormais  disposé  à  tout  prendre 
du  roi  en  mauvaise  part.  Dans  les  affaires  de  l'Église, 
Richard  avait  toujours  fermement  soutenu  devant  la 
cour  de  Rome  les  droits  de  son  clergé  et  de  sa  cou- 
ronne; et  alors  même  que  le  parlement  lui  avait 
donné  tout  pouvoir  pour  suspendre  ou  modifier  l'exé- 
cution des  statuts  en  cette  matière,  il  n'en  avait  ja- 


1.  Wals.,  p.  357  ;  M.  Evesh.,  p.  147  ;  Otterbourne,  p.  200  :  «  Qui- 
dam tamen  dicunt  eum  taies  albas  cartas  machinatum,  ut  ostenderet 
in  eis  consensum  totius  populi  Angliœ  régi  Franciae,  ad  vendilionem 
ecclesiae  et  terrarum  ultramarinarum.  » 


[1398]  LE  DEbFUUbJME  DL  RICHARD.  223 

mais  ébranlé  le  principe.  Le  statnt  des  proviseurs 
demeurait  toujours  loi  de  l'État.  Le  pape,  croyant 
sans  doute  les  circonstances  plus  favorables,  lui  en 
fit  demander  la  révocation  :  le  roi  accueillit  bien  l'en- 
voyé de  Rome,  le  congédia  avec  des  présents,  mais 
maintint  le  décret.  La  cour  de  Rome,  par  voie  de 
translation,  disposait  trop  souvent  des  sièges  épisco- 
paux  au  détriment  des  chapitres  :  le  roi  convoqua  le 
clergé  et  lui  demanda  s'il  approuvait  ces  choses;  et 
l'assemblée  l'ayant  prié  de  transmettre  au  pape  sa 
désapprobation,  il  lui  jura  que  si  TÉglise  anglicane 
voulait  résister  en  cette  affaire,  elle  trouverait  tout 
appui  en  lui.  C'était,  on  le  voit^  pousser  l'esprit  d'in- 
dépendance presque  jusqu'à  la  menace.  Dans  une 
autre  circonstance,  il  voulait  même  aller  plus  loin. 
La  France,  lassée  du  schisme  et  ne  pouvant  con- 
traindre l'inflexible  Aragonais  Benoît  XIII  à  entrer  en 
arrangement  avec  le  pape  de  Rome,  menaçait  de  le 
laisser  là  et  de  se  déclarer  neutre  :  elle  eût  voulu  qu'on 
en  fît  autant  d'autre  part,  croyant  que  les  deux  papes, 
ainsi  abandonnés  de  toute  la  chrétienté,  seraient  bien 
forcés  de  s'entendre,  Charles  VI  comptait  entraîner  à 
cette  résolution  les  rois  d'Ecosse  et  d'Espagne,  liés 
comme  lui  à  la  cour  d'Avignon,  et  il  avait  écrit  dans 
le  même  sens  aux  adhérents  de  Rome  :  en  Allemagne, 
en  Bohême,  en  Italie.  Il  avait  écrit  en  Angleterre,  et 
Richard  consulta  les  évêques  et  l'université  d'Oxford. 
Mais  les  prélats  et  les  docteurs  anglais  repoussèrent 
cette  invitalion  connue  une  insulte:  si  la  France  re« 


224  LIVRE  DIXIÈME.  [1398, 

nonçait  à  son  schisme,  ce  n'était  point  une  raison 
pour  en  faire  en  quelque  sorte  un  autre,  en  renon- 
çant à  l'obédience  de  Rome  qu'on  avait  toujours  re- 
connue. La  démarche  de  Richard  ne  fit  que  le  com- 
promettre vis-à-vis  du  clergé  :  «  Ce  roi  est  tout 
François,  murmurait-on  ;  il  ne  vise  qu'à  nous  désho- 
norer et  détruire.  Nous  veut-il  donc  mettre  hors  de 
notre  croyance?  Il  pourra  bien  tant  faire  que  mal  lui 
en  prendra.  »  Et  les  habitants  de  Londres,  sachant 
quel  avait  été  l'objet  de  cette  convocation  du  clergé, 
exhalaient  leur  indignation  en  termes  non  moins 
amers  :  «  Ce  Richard  de  Bordeaux,  disaient-ils,  hon- 
nira tout,  si  on  le  laisse  faire  à  sa  guise  ;  il  est  de 
cœur  si  François  qu'il  ne  le  peut  celer.  Il  est  fort, 
mais  il  sera  un  de  ces  jours  payé  si  étrangement  qu'il 
n'aura  pas  le  temps  de  s'en  repentir,  et  aussi  feront 
ceux  qui  le  conseillent  (a).  » 

A  l'intérieur,  le  peuple  avait  bien  d'autres  occa- 
sions de  murmurer  et  de  se  plaindre.  Les  revenus  de 
la  couronne  étant  devenus  insuffisants  vu  le  progrès 
des  charges,  on  y  suppléait  par  des  subsides;  et  l'on 
a  vu  ce  que  le  dernier  parlement,  avant  de  se  dis- 
soudre, avait  voté  au  roi.  Le  roi,  n'ayant  point  la 
ressource  de  s'adresser  à  son  comité  pour  cela,  recou- 
rait à  d'autres  moyens,  il  empruntait,  il  tirait  de 
l'argent^  sous  forme  d'amende  ou  de  rachat,  pour  la 
part  qu'on  avait  pu  prendre  aux  actes  de  Glocester, 
de  Warwick  ou  d'Arundel  ;  quand  il  s'agissait  de  fixer 
ces  espèces  de  rançons,  le  chancelier,  le  trésorier 


[1398]     -  LE  DESPOTISME  DE  RICHARD.  225 

(W.  le  Scrop),  le  garde  du  sceau  privé  et  les  trois 
autres  principaux  agents  du  nouveau  gouvernement 
de  Richard  (J.  Bussy,  H.  Green  et  W.  Bagot)  étaient 
seuls  admis  au  conseil.  Et  l'on  ne  se  bornait  pas  à 
frapper  ainsi  les  particuliers  :  si  Ton  en  croit  Walsin- 
gham  et  ses  copistes,  seize  ou  dix-sept  comtés  furent 
soumis  en  masse  à  des  exactions  de  cette  sorte  :  «  Ils 
furent  jugés  et  condamnés,  »  dit  le  moine  d'Evesham. 
Walsingham  prétend  même  que  le  roi  les  voulait 
exécuter  en  les  envahissant  à  main  armée  comme  des 
ennemis  publics,  et  qu'il  en  tira  beaucoup  d'argent: 
«  1000m.  des  uns,  10001. des  autres,  «ajoute le  moine 
d'Evesham.  Les  exécutions  en  bloc  sont  difficiles  à 
croire,  après  l'amnistie  prononcée  en  parlement  et 
confirmée  indirectement  plus  tard  par  plusieurs 
actes  du  conseil.  L'amnistie  était  accordée  à  la  con- 
dition qu'on  la  demandât  dans  un  temps  déterminé, 
et  le  délai,  qui  expirait  à  la  Saint-Jean  1398,  fut,  par 
un  acte  du  25  juin,  prorogé  à  la  Toussaint.  La  déli- 
vrance des  lettres  de  grâce  donnait-elle  lieu  à  quel- 
que redevance  envers  le  trésor?  et  est  ce  ainsi  qu'il 
faut  entendre  ces  déclarations  et  ces  aveux  arrachés, 
dit  Walsingham,  par  k'  roi,  et  qu'on  se  faisait  ensuite 
pardonner  moyennant  finance?  Si  les  imputations 
(le  l'historien  ont  quelque  fondement,  cest  là  qu'il 
le  faut  chercher.  Il  y  avait  des  déclarations  de  cette 
sorte  à  la  chancellerie:  elles  furent  brûlées  par  ordre 
de  Henri  IV,  dès  son  avènement,  avec  un  éclat  dont 
l'objet  était,  on  le  peut  croire,  beaucoup  moins  de 

II  —  15 


226  LIVRE  DIXIÈME.  [1398] 

rassurer  les  auteurs  de  ces  écrits,  que  d'accuser  la 
mémoire  de  Richard  (a). 

Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  griefs  dont  Richard  est 
innocent  peut-être,  mais  qu'il  accréditait  par  sa  ma- 
nière de  gouverner,  on  ne  peut  s'en  prendre  qu'à  lui 
si,  tenant  le  parlement  à  l'écart,  il  se  privait  des 
moyens  d'accroître  ses  ressources  par  voie  légitime, 
en  un  moment  où  les  circonstances  en  rendaient  la 
nécessité  plus  pressante.  L'Angleterre  était  en  paix 
avec  ses  anciens  ennemis,  la  France  et  l'Ecosse.  Mais 
l'Irlande,  sa  vieille  conquête,  remuaittoujours,  mal- 
gré la  dernière  expédition  de  Richard.  Ses  rois,  que 
l'honnête  chevalier  Crvstède  s'était  donné  tant  de 
mal  à  façonner  aux  usages  d'Angleterre,  n'en  avaient 
pris  que  les  habits,  et,  selon  toute  apparence,  ne  les 
avaient  pas  gardés  longtemps.  Ils  avaient  recom- 
mencé leurs  attaques  contre  les  Anglais  de  race  ;  et 
Roger  Mortimer,  fils  d'Edmond,  comte  de  la  Marche, 
héritier  désigné  de  Richard  et  son  lieutenant  en  Ir- 
lande, avait  péri  en  les  combattant.  Richard  envoya 
tout  d'abord  à  sa  place  le  jeune  duc  de  Surrey,  et  ré- 
solut de  l'aller  venger  par  lui-même.  Tous  les  vais- 
seaux de  vingt-cinq  tonneaux  et  au-dessus,  appar- 
tenant à  la  côte  septentrionale  de  l'Angleterre,  de 
Golchester  à  Newcastle,  eurent  ordre  de  se  rendre 
dans  les  ports  de  Milford  et  de  Bristol,  tout  appa- 
reillés, huit  jours  après  Pâques.  On  fit  de  même  la 
presse  des  matelots  ;  et  dans  tout  le  pays,  dans  les 
couvents  surtout,  on  prenait  les  chevaux,  les  cha- 


[1398].  LE  DESPOTISME  DE  RICHARD.  227 

riols,  les  objets  nécessaires  au  voyage,  sans  mar- 
chander et  sans  payer  :  réquisitions  qui  achevèrent 
de  surexciter  les  esprits  en  Angleterre  (a). 

Un  acte  récemment  accompli  par  le  roi,  en  bles- 
sant vivement  le  sentiment  de  la  nation  comme  les 
droits  de  la  justice,  allait  être  l'écueil  de  ce  despo- 
tisme. 

Le  vieux  duc  de  Lancastre  était  mort  (février  1 399)  : 
son  héritage  revenait  à  Henri,  son  fils,  comte  de 
Derby;  et  le  roi,  en  l'exilant,  lui  avait  reconnu  le 
droit  de  recueillir,  par  procureur,  toutes  les  succes- 
sions qui  lui  pourraient  écheoir  en  son  absence. 
Mais  Richard  se  déGait  de  Derby,  et  les  marques  de 
bienveillance  qu'il  lui  avait  données ,  à  contre-cœur 
sans  doute,  au  moment  de  son  départ,  n'avaient  point 
tardé  à  se  démentir,  quand  il  avait  pu  voir  combien 
le  prince  avait  peu  perdu  à  cet  exil.  A  peine  arrivé  à 
Calais,  l'exilé  s'était  vu  l'objet  de  toute  sorte  de  pré- 
venances. Le  comte  d'Ostrevant,  son  cousin,  s'était 
empressé  de  lui  envoyer  ses  chevaliers  pour  l'inviter 
à  venir  en  Hainaut.  Mais  il  avait  été  devancé  par  le 
roi  de  France,  par  le  duc  d'Orléans  et  par  les  oncles 
de  ces  deux  princes.  On  l'alla  prendre  à  Calais,  on 
l'amena  à  Paris  :  tous  les  seigneurs,  les  ducs  de  Berri, 
de  Bourgogne  et  de  Bourbon  en  tête,  sortirent  de  la 
ville  pour  le  recevoir  et  lui  faire  escorte,  et  ils  le 
conduisirent  à  l'hôtel  Saint-Paul,  où  le  roi  lui  fit 
grand  accueil;  puis,  on  le  ramena  à  son  hôtel,  et  les 
seigneurs  rivalisai«'ni  «Mifrc  <mi\  pour  lui  Wûn^  Pt»»  ««t 


228  LIVRE  DIXIÈME.  [1399] 

dissiper  ses  ennuis.  Derby  avait  eu  un  instant  la 
pensée  d'illustrer  son  exil,  en  allant  en  Hongrie  dé- 
fendre la  chrétienté  contre  les  vainqueurs  de  Nico- 
polis.  Mais  son  père,  qu'il  avait  consulté,  l'avait  dé- 
tourné de  s'éloigner  autant,  et  ceux  qu'il  avait 
envoyés  en  Angleterre  lui  avaient  rapporté,  de  la 
santé  du  vieillard,  des  nouvelles  qui  le  devaient  bien 
plus  encore  faire  renoncer  à  ce  lointain  voyage.  Il  de- 
meura donc  en  France,  où  le  roi  et  les  princes  mon- 
traient toujours  la  même  sollicitude  à  lui  plaire,  si 
bien  qu'il  ne  pouvait  se  retenir  de  dire  au  roi  : 
w  Monseigneur,  vous  rae  faites  tant  d'honneur  et  de 
courtoisie,  que  je  ne  sais  comment  je  le  pourrai  jamais 
desservir  (reconnaître);  et,  moi  retourné  en  Angle- 
terre, madame  la  reine^  votre  fille,  en  vaudra  gran- 
dement mieux  ^  » 

C'est  alors  qu'on  apprit  en  France  la  mort  du 
duc  de  Lancastre\  Le  roi  d'Angleterre  l'écrivit  non 
pointa  soncousin  Derby,  héritier  du  défunt,  mais  au 
roi  de  France.  Gela  déjà  devait  inspirer  de  la  défiance 
sur  les  dispositions  de  Richard.  Jusque-là  on  avait 
cru  en  Angleterre  que  la  mort  de  Lancastre  serait 
pour  le  roi  une  occasion  de  faire  rentrer  en  grâce 
l'exilé  :  s'il  l'eût  rappelé,  s'il  lui  eût  rendu,  avec 
l'accès  de  la  patrie,  tous  les  honneurs  de  son  rang, 

1.  Froissart,  IV,  66  et  68. 

2.  Mort  de  Jean  de  Gand,  duc  de  Lancastre,  vers  la  fête  de  la  Pu- 
rification (2  février  1399).  Wals.,  p.  375  et  Hypodigma  Neustriœ, 
p.  553;  le  moine  d'Rvesham  (p.  147),  la  rapporte  aux  environs  de 
Noël  1398. 


[1399]  LE  DESPOTISME   DE  RICHARD.  229 

il  pouvait  effacer  encore  la  fâcheuse  impression  de 
son  exil,  le  regagner  lui-même  peut-être  et  du  moins 
désarmer  son  parti.  Il  n'en  fît  rien.  Derby  lui  sem- 
blait trop  à  craindre,  s'il  prenait  la  place  de  son 
père,  quand  la  mort  de  Roger  Mortimer  le  laissait  si 
près  de  lui  sur  les  marches  du  trône  :  c'était  l'appeler 
à  s'y  asseoir. 

On  sut  bientôt,  en  effet,  les  résolutions  violentes 
prises  par  le  roi.  Le  18  mars  il  réunit  le  conseil  qui 
remplaçait  les  communes  et  les  lords,  et  au  nom 
du  parlement,  comme  on  disait,  révoqua  les  lettres 
patentes  que  ce  même  conseil  avait  accordées  à 
Derby  au  jour  de  son  exil.  Pour  qu'il  n'y  eût  pas 
deux  mesures,  on  fit  de  même  des  lettres  semblables 
accordées  au  duc  de  Norfolk  :  les  unes  et  les  autres 
furent  déclarées  nulles,  comme  obtenues  par  surprise 
et  contrairement  à  la  loi.  Le  sort  donc  en  était  jeté; 
et  le  roi  parut  sentir  la  gravité  de  la  décision  qu'il 
venait  de  prendre.  Le  jour  oiî  il  fit  cette  déclaration 
fatale,  il  requit  les  évêques  et  les  lords  de  jurer  pu- 
bliquement, sur  la  croix  de  Ganterbury,  l'observation 
des  statuts  et  ordonnances  faits  à  Coventry  ou  ail- 
leurs par  l'autorité  de  ces  dix  ou  douze  hommes  qu'on 
appelait  le  parlement.  Les  lords,  les  prélats  firent 
devant  la  relique  le  défilé  et  le  serment  qu'on  avait 
déjà  vus  tant  de  fois.  Puis  le  chancelier  invita  le 
peuple  présent  à  lever  la  main  en  signe  d'adhésion; 
et  toutes  les  mains  se  levèrent  ;  vaine  garantie,  qui 
faisait  illusion  au  roi,  sans  rien  diminuer  du  péril! 


230  LIVRE  DIXIÈME.  [1399] 

Il  voulut  même  donner  à  cet  arrêt  comme  une  sanc- 
tion de  plus.  Le  conseil  qui  lui  tenait  lieu  des  trois 
États,  se  croyait  le  droit  de  décider  de  la  vie  des 
citoyens  comme  des  lois  du  royaume  ;  et  ce  jour 
même  il  avait  condamné  comme  traître  un  chevalier 
accusé,  au  dernier  parlement,  de  complicité  dans  l'af- 
faire de  Glocester  :  jugement  qui  ne  fut  pas  exécuté 
en  ce  qui  touchait  la  personne  du  condamné  :  il  était 
mort;  mais  ses  biens  furent  confisqués.  Le  23  avril, 
le  roi  fit  comparaître  devant  le  même  tribunal  un 
clerc  (Henri  Bowet)^  accusé  d'avoir  suggéré  au 
comte  de  Derby  l'idée  de  sa  pétition,  et  de  l'avoir 
aidé  à  obtenir  ses  lettres  patentes  de  ce  conseil  même 
qui  jugeait,  et  du  roi.  Il  fut  déclaré  traître,  et  con- 
damné à  être  traîné  sur  la  claie,  pendu,  décollé  et 
mis  en  quartiers;  mais ,  comme  il  était  chapelain  du 
roi,  le  roi  lui  fit  grâce  de  la  vie  :  on  se  borna  à 
l'exiler  pour  le  reste  de  ses  jours  (a). 

Cette  éclatante  confiscation  excita  en  Angleterre 
une  émotion  générale.  Prendre  à  Derby  son  héritage, 
c'était  trop  dire  que  le  temps  de  son  exil,  loin  de  se 
réduire,  comme  on  en  avait  l'espoir,  ne  finirait  pas. 
En  France  aussi^  quelque  aimé  que  fût  Richard,  la 
nouvelle  fut  mal  accueillie  ;  «  Le  roi  d'Angleterre, 
disait-on,  montre  trop  de  haine  pour  le  comte  de 
Derby ,  son  cousin  germain  et  le  plus  grand  en 
Angleterre  après  lui.  Il  est  pourtant  gracieux  che- 
valier, doux,  courtois  et  traitable,  et  il  fait  bon  le 
voir  et  lui  parler.  Ou  le  roi  d'Angleterre  sait  de  lui 


[1399]  LE  DESPOTISME  DE   RICHARD.  231 

autre  chose  que  nous  ne  savons,  ou  il  est  mal  con- 
seillé; et  c'est -merveille  que  le  roi  de  France,  son 
frère  et  ses  oncles  n'y  mettent  attrempance  (adoucis- 
sement) :  car  il  est  tous  les  jours  avec  eux,  et  ils  y 
devraient  pourvoir  mieux  que  nul  autre;  nul  ne 
serait  mieux  écoulé  du  roi  d'i\ngleterre,  pour  l'amour 
de  sa  femme  qui  est  fille  du  roi  de  France.  »  Le  roi 
de  France  partageait  bien  les  mêmes  sentiments  à 
l'égard  de  Derby.  Il  ne  renonçait  point  à  l'aider  en 
cette  afYaire;  il  songeait  même  à  se  l'attacher  de  plus 
près,  comptant  par  là  le  rapprocher  plus  sûrement 
du  roi  d'Angleterre  :  il  pensait  à  le  marier  à  la  lille 
du  duc  de  Berri ,  déjà  deux  fois  veuve,  bien  qu'âgée 
de  moins  de  vingt-trois  ans.  Mais  Richard^  instruit  de 
ce  projet,  envoya  le  comte  de  Salisbury  en  France  pour 
le  faire  échouer.  Charles  VI  reçut  avec  grand  chagrin 
ce  message.  Toutefois,  ni  lui,  ni  ses  oncles  ne  vou- 
lurent aller  contre  les  intentions  de  Richard.  On  sup- 
posa que  le  roi  d'Angleterre  avait  sans  doute  quelque 
grande  raison  secrète;  et  l'on  rompit  avec  Derby. 
Le  roi  lâcha  d'adoucir  ce  qu'il  y  avait  de  blessant 
dans  la  rupture,  en  lui  disant  que  le  projet  n'était 
qu'ajourné  jusqu'au  temps  où  il  aurait  pris  pos- 
session du  duché  de  Lancastre.  Mais  quel  espoir 
de  lui  faire  donner  l'investiture  de  ce  duché,  après 
l'acte  de  Richard  et  après  la  démarche  qui  avait 
ajouté  à  la  confiscation  cette  injure  nouvelle?  On  ne 
putenctTetdissinmler  à  Derby  que  l'obstacle  au  ma- 
riage était  venu  d'Angleterre,  et  ce   nouveau  grief 


232  LIVRE  DIXIÈME.  [1399] 

accrut  le  ressentiment  du  iils  de  Lancastre_,  comme 
l'indignation  du  peuple  anglaise 

La  disgrâce  du  fils  de  Lancastre  l'avait  désigné 
comme  chef  à  tous  les  mécontents;  et  d'abord  il  avait 
paru  se  dérober  à  ce  rôle  au  milieu  des  distractions 
et  des  plaisirs  de  la  cour  de  France.  Mais  ces  plaisirs 
étaient  comme  un  voile  qui  dérobait  ses  desseins  à 
ses  hôtes.  Qui  eût  soupçonné  un  homme  si  bien 
accueilli  de  Charles  VI,  de  méditer  une  révolution  qui 
était  le  renversement  de  la  fille  de  ce  prince  et  la 
rupture  de  tout  lien  entre  la  France  et  l'Angleterre  ? 
Après  le  coup  qu'il  avait  reçu  de  l'Angleterre  et  le 
refus  qu'il  avait  essuyé  de  la  France,  il  était  tout  à 
la  fois  plus  en  butte  aux  sollicitations  des  siens  et 
plus  porté  à  agir.  Les  circonstances  étaient  singuliè- 
rement favorables.  Le  roi  s'en  allait  en  Irlande,  au 
moment  où  l'Angleterre  se  montrait  plus  que  jamais 
irritée.  En  dehors  de  son  entourage  le  plus  étroit, 
Richard  ne  voyait  plus  personne  qui  s'intéressât  à  sa 
cause.  Les  barons  étaient  en  défiance  :  Texil  aussi  les 
pouvait  atteindre,  au  bon  plaisir  du  prince,  et  en- 
traîner la  spoliation  de  leurs  enfants.  Le  roi  put 
avoir  un  signe  de  ces  dispositions  de  la  noblesse 
dans  un  tournoi  qu'il  donna  devant  la  jeune  reine, 
à  Windsor,  peu  de  temps  avant  son  départ  :  presque 
personne  n'y  vint;  et  l'on  ne  s'en  tenait  point  à  cette 
opposition  muette.  Quelques-uns  des  plus  importants 

1.  Froissart,  IV,  68  et  69. 


[1399]  LE  DESPOTISME  DE  RICHARD.  233 

personnages,  le  comte  de  Northumberland  et  son  fils 
Henri  Percy  ne  se  taisaient  pas  sur  la  conduite  du 
prince  :  «  Notre  roi,  disaient-ils,  se  gouverne  trop 
follement  et  croit  mauvais  conseil.  »  On  les  dénonça; 
et  Ton  suggéra  au  roi  un  moyen  de  mettre  leur  fidélité 
à  l'épreuve  :  c'était  de  les  convoquer  à  l'expédition 
d'Irlande.  Les  deux  seigneurs,  prévenus  que  Richard 
était  instruit  de  leurs  discours,  ne  vinrent  pas^  et 
ils  furent  menacés  de  l'exil.  Cette  menace,  que  le  roi 
n'avait  plus  le  temps  d'exécuter  par  lui-même,  ne 
faisait  que  mettre  en  péril  la  frontière  de  l'Angleterre 
du  côté  de  l'Ecosse,  et  préparer  dans  le  nord  un 
redoutable  auxiliaire  au  nouveau  duc  de  Lancastre. 
Quant  au  peuple,  il  n'était  pas  moins  irrité  que  les 
grands,  et  ce  mécontentement  était  plus  difficile  à 
atteindre.  Si  l'on  en  croit  les  bruits  du  temps,  re- 
cueillis par  Froissart,  cette  tyrannie  d'un  an  à  peine 
avait  déjà  tourné  en  anarchie.  On  disait  (disait-on 
vrai?  le  despotisme,  en  voulant  étouffer  la  vérité, 
provoque  au  mensonge  et  le  fait  croire),  on  disait 
que  le  cours  de  la  justice  était  partout  suspendu  ;  que 
le  pays  était  livré  au  brigandage  ;  que  les  marchands 
n'osaient  plus  s'aventurer  sur  les  routes;  qu'on  leur 
prenait  leur  argent  dans  leurs  ceintures;  qu'on  en- 
trait même  impunément  chez  les  laboureurs  pour 
leur  enlever  blé,  avoine,  bœufs,  vaches,  porcs  et 
brebis.  On  se  reportait  au  prédécesseur  de  Richard, 
qui  devenait  le  bon  Edouard.  Rien  de  semblable 
n'avait  jamais  eu  lieu  sous  son  règne;  nul  n'eût  été 


234  LIVRE  DIXIÈME.  [1399) 

si  hardi  que  de  prendre  en  Angleterre  une  poule  ni 
un  mouton  sans  payer.  De  Richard  tout  était  mal, 
tout  devenait  suspect.  Le  roi,  ne  pouvant  plus  guère 
se  fier  qu'en  ses  proches  et  ses  amis  les  plus  dévoués, 
leur  avait  remis  la  garde  des  places  les  plus  impor- 
tantes. Nouveau  grief  :  car  c'était  d'eux  que  le  peuple 
se  défiait  le  plus.  Il  avait  donné  le  commandement 
du  château  de  Calais  à  W.  le  Scrop  :  on  disait  qu'il 
l'avait  mis  là  pour  livrer  la  place  aux  Français  et  leur 
rendre  ainsi  les  clefs  de  la  France  (a). 

Tout  marchait  donc  vers  une  révolution,  et  les 
esprits,  pour  s'y  enhardir,  évoquaient  les  plus  som- 
bres souvenirs  du  passé.  A  Londres  on  rappelait 
Edouard  II  et  les  Despenser,  sans  reculer  devant  le 
dénoûment  de  cet  horrible  drame,  a  Nos  pères ,  di- 
saient-ils, ont  jadis  bien  su  remédier  aux  maux  de 
l'Angleterre,  et  jamais  ils  n'ont  été  plus  grands 
qu'aujourd'hui  :  car  si  on  laisse  ce  méchant  roi 
Richard  de  Bordeaux  faire  ses  volontés,  il  hunnira 
tout.  Il  montre  bien  que  le  prince  de  Galles  n'est  pas 
son  père.  Loin  de  suivre  son  exemple,  il  n'a  cherché 
que  le  repos,  les  plaisirs  et  la  compagnie  des  dames, 
amassant  des  trésors  et  ruinant  l'Angleterre.  Ce 
vaillant  homme,  le  duc  de  Glocester,  qui  y  voyait 
clair  et  disait  que  les  affaires  allaient  mal,  les  traîtres 
qui  entourent  le  roi  l'ont  fait  périr.  Ils  ont  fait  périr 
Arundel,  chassé  du  royaume  Mgr  Henri  deLancastre, 
comte  Derby.  On  exile  le  père^,  on  déshérite  les 
enfants  ;   on  bannit  les  chevaliers  qui  osent  parler 


[1399]  LE  DESPOTISME  DE  RICHARD.  235 

raison,  comme  le  comte  de  Northumberland  et  son 
fils.  Bientôt  il  n'y  aura  plus  homme  de  vaillance  en 
Angleterre.  11  faut  mander  le  comte  Derby  qui  perd 
son  temps  en  France  :  Qu'on  lui  donne  le  gouverne- 
ment de  l'Angleterre,  et  qu'on  mette  Richard  de 
Bordeaux  à  la  Tour.  Quand  on  aura  mis  tous  ses  faits 
par  articles,  et  qu'on  les  aura  examinés,  on  verra 
qu'il  n'est  pas  digne  de  porter  la  couronne  :  «  car  ses 
w  œuvres  le  condamneront,  qui  sont  infâmes  \  » 

Tels  étaient,  au  rapport  de  Froissart,  les  murmures 
du  peuple  anglais;  telle  fut  la  résolution  dans  laquelle 
ceux  de  Londres  les  traduisirent.  On  s'occupa,  sans 
plus  tarder,  de  rappeler  Henri  de  Lancastre,  et  l'an- 
cien archevêque  de  Ganterbury,  Thomas  Arundel, 
eut  mission  de  l'aller  chercher.  Qu'il  ait  eu  cette 
mission  ou  qu'il  n'ait  pris  conseil  que  de  lui-même, 
il  vint  de  Flandre  sous  un  habit  de  moine,  et  fut 
reçu  par  le  prince  hors  Paris,  au  château  de  Bicêtre. 
Il  ne  pouvait  point  se  cacher  des  Anglais  :  il  dit  qu'il 
venait  en  pèlerinage,  et,  prenant  Henri  à  part,  il  lui 
exposa  l'état  des  esprits  en  Angleterre,  et  le  pressa  de 
répondre  aux  voix  qui  l'y  rappelaient  (a). 

Henri  savait  dissimuler,  même  avec  ses  plus  dé- 
voués partisans.  U  écouta  l'archevêque  en  silence,  et 
quand  il  eut  lini  de  parler,  il  demeura  quelque 
temps  encore  sans  lien  dire,  accoudé  à  la  fenêtre  et 
comme  plongé  dans  ses  réilcxions.  Enfin  il  lui  dit  : 

1.  Kroi.ssai 


236  LIVRE  DIXIÈME.  [1399] 

<(  Sire,  vos  paroles  me  donnent  bien  à  penser.  J'ai 
peine  à  les  suivre  et  j'ai  peine  à  m'en  défendre;  car 
je  sais  que  de  longtemps  je  ne  puis  retourner  en 
Angleterre.  Mais  il  m'en  coûte  de  m'y  rendre,  car  les 
Français  me  font  bon  accueil,  et  si  je  pars  sur  les 
promesses  de  ceux  de  Londres,  il  faudra  que  je  me 
conforme  à  leur  volonté  et  que  le  roi  Richard  soit 
pris  et  détruit  :  chose  dont  on  m'accusera;  et  je  ne 
le  ferais  pas  volontiers,  s'il  se  pouvait  faire  autre- 
ment. 

—  Sire,  dit  l'archevêque,  assemblez  votre  conseil  : 
je  m'expliquerai,  et  je  crois  qu'il  ne  vous  donnera 
point  avis  contraire  \  « 

L'archevêque  ne  se  trompait  pas,  et  Henri  non 
plus  n'en  doutait  guère.  On  le  pressa  d'accepter;  on 
lui  rappela  ses  droits,  les  torts  de  Richard;  on  s'en- 
llammait,  on  s'indignait  de  ses  hésitations.  C'était 
où  il  les  voulait  amener  :  «  Je  ferai  donc  ce  que  vous 
me  conseillez,  leur  dit-il;  »  et  on  ne  songea  plus 
qu'à  préparer  le  départ  et  à  en  dérober  l'objet  au 
roi  de  France.  Henri  le  vint  trouver,  lui  dit  qu'il  ' 
voulait  aller  voir,  soit  sa  sœur  d'Espagne,  soit  son 
oncle  de  Bretagne  ;  il  distribua  des  présents  aux 
seigneurs  qui  lui  avaient  rendu  le  séjour  de  Paris  si 
agréable.  Il  avait^,  sans  lui  rien  révéler  de  ses  des- 
seins, fait  une  alliance  secrète  avec  le  duc  d'Orléans, 
Il  prit  congé  de  tous,  et  bientôt,  changeant  de  route, 

1.  Froissart,  IV,  71  ;  Hall  (p.  6)  dit  que  l'entrevue  eut  lieu  à  l'hôtel 
de  Gluny. 


[1399]  LE  DESPOTISME  DE  RICHARD.  237 

il  se  dirigea  vers  Boulogne,  où  il  s'embarqua  pour 
TAngleterre  avec  l'ancien  archevêque  de  Canterbury, 
Thomas  Arundel,  le  comte  d'Arundel,  fils  du  comte 
mis  à  mort,  et  tout  au  plus  quinze  lances  (environ 
100  personnes)  (a). 

Richard  venait  d'en  partir  (29  mai)  emmenant  avec 
lui  sa  commission  parlementaire,  ou  du  moins  ce  qu'il 
fallait  de  membres  pour  en  valider  les  actes  :  entre 
autres  les  ducs  d'Aumarle  (Rutland)  et  d'Exeter  (J.  de 
HoUand),  le  comte  deSalisbury,  et  avec  eux  plusieurs 
évêques  :  ceux  de  Carlisle ,  de  Saint-David  et  de 
Lincoln  (Henri  de  Beaufort,  depuis  cardinal  et  évêque 
de  Winchester),  et  plusieurs  personnes  de  sa  suite  or- 
dinaire, notamment  ses  deux  chapelains,  Maudelein 
et  Ferriby,  qu'il  avait  plusieurs  fois  employés  à  des 
missions  de  confiance.  Il  avait  aussi  avec  lui  les  fils 
de  Glocester  et  de  Henri  de  Lancastre,  gages  précieux 
dont  il  ne  voulait  pas  se  dessaisir,  et  son  trésor  et  les 
joyaux  de  la  couronne.  Mais  le  royaume,  il  l'aban- 
donnait au  hasard;  car  il  le  confiait  à  la  garde  du  duc 
d'York,  son  oncle,  prince  incapable^  et  d'un  conseil 
qui  réunissait  les  hommes  les  plus  compromis  dans 
sa  cause,  W.  le  Scrop,  comte  de  Wiltshire,  devenu 
lord  trésorier  d'Angleterre,  H.  Green ,  J.  Bagot, 
J.  Bussy,  le  speaker  du  dernier  parlement,  et  John 
Russell,  chevalier.  En  partant,  il  pensait  bien  qu'il 
pouvait  mourir,  comme  il  arrive  quand  on  alïronle  les 
périls  de  la  guern»,  et  il  avait  fait  un  testament 
(16  avril)  où,  tout  en  disposant  d'une  partie  de  ses 


238  LIVRE  DIXIÈME.  [1399] 

joyaux  et  de  ses  biens  pour  ses  amis,  pour  son  suc- 
cesseur, il  demandait  qu'on  le  déposât  auprès  de  la 
reine  Anne,  à  Westminster^  avec  les  insignes  de  sa 
royauté,  la  robe  de  velours,  l'anneau,  le  sceptre  et  la 
couronne.  Mais  au  fond  il  n'avait  qu'une  seule  in- 
quiétude; et  si  elle  n'ôte  rien  de  l'idée  qu'on  se  peut 
faire  de  son  aveuglement,  elle  montre  ce  qu'il  y  avait 
de  tendresse  et  de  pureté  dans  son  âme  :  il  s'inquié- 
tait de  la  petite  reine  qu'il  laissait  derrière  lui.  Ses 
adieux  à  la  pauvre  enfant  destinée  à  être  veuve  avant 
le  temps  d'être  sa  femme,  font,  dans  le  récit  de  ceux 
qui  furent  les  témoins  de  ces  tragiques  années,  un 
étrange  contraste  avec  les  scènes  qui  vont  suivre. 
Après  l'avoir  vivement  recommandée  au  duc  d'York;, 
mis  près  d'elle  un  médecin  habile,  ordonné  sa  mai- 
son, il  la  mena  par  la  main  à  la  chapelle  de  Saint- 
Georges,  oii  il  devait  revêtir  le  manteau  du  saint  patron 
de  l'Angleterre;  et  là,  quand  il  eut  reçu  le  manteau, 
fait  sa  prière,  et  déposé  ses  offrandes  selon  l'usage, 
«  il  prit  la  royne  entre  ses  bras  très-amoureusement 
et  la  baisa  plus  de  quarante  fois,  en  disant  piteuse- 
ment :  «  Adieu  ma  damC;,  jusques  au  revoir.  Je  me 
«  recommande  à  vous.  »  Et  adonc  commença  la 
royne  à  plourer,  disant  au  roy  :  «  Hélas!  monseigneur, 
«  me  laissez-vous  donc  icy?  »  Adonc  le  roy  eust  les 
yeux  chargés  de  larmes  et  estoit  sur  le  point  de 
plourer,  et  dit  :  «  Nennil,  ma  dame,  mais  j'iray 
«  devant  et  vous  viendrez  après.  »  Adonc  le  roy  et 
la  royne  prindrent  vin  et  espèces  (épices)  ensemble 


[t399]  LE  DESPOTISME  DE  RICHARD.  239 

droit  à  l'uys  (la  porte)  de  l'église^  et  chascun  qui 
en  vouloit  prendre.  Et  après,  le  roy  se  baissa  et 
print  la  royne,  et  la  leva  de  terre  et  la  tint  bien  lon- 
guement entre  ses  bras  et  la  baisa  bien  dix  fois,  disant 
tous  jours  :  «  Adieu^  ma  dame,  jusques  au  revoir;  » 
et  puis  la  mist  à  terre  et  la  baisa  encore  trois  fois.  » 
—  «  Et,  par  nostre  Dame,  continue  le  chroniqueur, 
je  ne  vis  oncques  si  grand  seigneur  faire  si  grant 
feste,  ne  monstrer  si  grant  amour  à  une  dame,  comme 
fist  le  roy  Richart  à  la  royne,  et  estoit  bien  grant 
pitié  de  leur  départie  :  car  oncques  puis  ne  virent 
l'ung  l'autre  (a).  » 


^ 


1 


LIVRE   ONZIÈME. 


HENRI  DE  LANGASTRE. 


RICHARD   EN   IRLANDE.    HENRI   EN  ANGLETERRE. 

L'expédition  de  Richard  en  Irlande  et  la  révolution 
qui  la  suivit  ont  eu  pour  historien  un  gentilhomme 
français,  nommé  Creton,  venu,  avec  la  permission 
du  roi  de  France,  en  compagnie  d'un  chevalier  de 
même  nation,  à  la  cour  d'Angleterre,  et  qui,  témoin 
de  ces  émouvantes  vicissitudes,  a  voulu  en  transmet- 
tre le  souvenir.  La  fidélité  au  malheur  est  le  propre 
d'une  âme  élevée,  et  la  foi  en  la  bonté  d'une  cause 
fait  qu'on  s'attache  à  la  vérité  comme  à  son  plus  ferme 
appui.  A  tous  ces  titres,  ce  récit  a  une  suprême  au- 
torité. On  y  trouve  une  droiture,  une  candeur,  une 
sincérité  qui,  sans  étouffer  la  légitime  indignation 
d'un  noble  cœur  pour  la  lâcheté  et  la  perfidie,  maî- 

II  —  16 


242  LIVRE  ONZIÈME.  [1399J 

trise  sa  passion  et  ne  le  laisse  point  aveugle  sur  les 
torts  de  ceux  dont  il  déplore  l'infortune.  L'auteur  ra- 
conte ce  qu'il  voit;  pour  le  reste,  ou  il  s'abstient,  ou 
personnellement  il  s'efface  :  et  cette  réserve  donne 
d'autant  plus  de  valeur  à  ce  qu'il  dit  comme  l'ayant 
vu  lui-même.  Son  récit  est  en  vers:  forme  plus  pro- 
pre à  le  répandre  et  à  le  faire  retenir,  mais  qui  laisse 
parfois  au  chroniqueur  plus  de  liberté  que  n'en  com- 
porte l'histoire,  soit  qu'il  parle  en  son  nom,  soit  qu'il 
rapporte  les  paroles  d'autrui.  Il  est  donc  permis  de 
ne  pas  prendre  tout  ce  qu'il  dit  comme  paroles  de  té- 
moin, là  où  sa  chronique  est  moins  un  récit  des  faits 
qu'une  traduction  libre  des  sentiments  inspirés  par 
les  faits  eux-mêmes  aux  personnages  mis  en  scène  : 
et  lui-même  sent  et  avoue  ce  que  la  forme  poétique 
a  d'imparfait  à  cet  égard.  Aussi,  quand  il  arrive  au 
point  de  sa  narration  oii  les  paroles  deviennent  des 
actes,  il  laisse  le  vers  et  reprend  le  langage  que  ré- 
clame la  rigueur  de  l'histoire.  Il  ne  revient  à  l'autre 
mode  que  pour  achever  sa  chronique,  en  y  joignant 
les  événements  qu'il  n'a  appris  que  par  ouï-dire,  après 
son  retour  (a). 

Ce  récit,  mi-partie  de  prose  et  de  vers,  est,  avec 
Tautre  chronique  en  prose  dont  nous  avons  repro- 
duit tout  à  l'heure  un  tableau  pris  sur  le  vif,  la  plus 
sûre  l3ase  d'une  histoire  qui  a  d'ailleurs,  jusqu'à  un 
certain  point,  son  contrôle  comme  elle  a  son  dénoû- 
ment,  dans  les  actes  publics.  On  a,  du  reste,  pour 
compléter  le  dire  de  nos  deux  témoins,  la  chronique 


[1399]  HENRI  DE  LAXGASTKE.  243 

(Je  Froissart,  qui,  n'ayant  pas  vu  les  choses,  peut  en 
donner  imparfaitement  la  suite,  mais  qui  a  conversé 
avec  plusieurs  des  personnages  mêlés  au  drame ,  et 
recueilli  de  leur  bouche  des  renseignements  précieux. 
On  a  enfin  les  historiens  anglais,  dont  les  récits  nous 
offrent  en  traits  beaucoup  plus  secs,  une  autre  face 
des  événements  :  car  ils  écrivent  sous  la  nouvelle 
dynastie ,  et  s'ils  n'eussent  pas  servi  ses  intérêts, 
leurs  livres  auraient  eu  le  sort  de  ceux  qui  ont  été  si 
rigoureusement  recherchés  et  détruits  par  elle.  Ils  ne 
laissent  pas  pourtant  que  de  reproduire  l'ensemble 
des  faits,  et,  quant  à  l'appréciation  qu'ils  en  font, 
leur  jugement  même  les  juge. 

Nous  avons  dit  la  situation  de  l'Irlande,  au  moment 
où  Richard  y  aborda.  La  sauvage  Irlande  était  en 
armes;  et  le  jeune  duc  de  Surrey  n'y  pouvait  faire 
face  avec  des  troupes  qui,  ne  recevant  presque  rien 
du  roi,  ne  trouvaient  guère  plus  à  prendre  à  l'ennemi. 
Son  arrivée  avait  même  été  pour  l'un  des  principaux 
chefs  irlandais  un  grief  de  plus.  On  lui  avait  donné 
unebaronnie  que  Mac-Morogh ,  roi  de  Leinster,  pré- 
tendait être  sienne.  Mac-Morogh,  refusant  tout  ar- 
rangement, ravageait  le  Sud,  tandis  quO'Neil  et 
O'Brien  pillaient,  chacun  pour  sa  part,  les  autres 
possessions  des  colons  anglais.  Richard,  débarqué 
à  Waterford  (31  mai),  se  porta  vers  Kilkenny,  où  il 
perdit  deux  semaines ,  attendant  en  vain  le  duc 
d'Aumarle  (Rutland)  son  connétable,  qu'il  avait 
laissé  derrière  lui  au  départ.  Mais  la  plus  grande 


244  LIVRE  ONZIÈME.  [1399] 

difficulté  n'était  pas  de  rallier  ses  forces;  c'était  de 
joindre  l'ennemi.  Lorsque  le  roi  prit  le  parti  d'entrer 
en  campagne  (23  juin),  il  ne  rencontra  pas  de  résis- 
tance. On  s'avançait  par  des  forêts  qu'il  fallait 
éclaircir,  et  des  plaines  dont  le  sol  se  dérobait  sous 
les  pas;  quant  à  l'ennemi,  il  ne  se  montrait  qu'à 
l'avant-garde  pour  l'accabler  de  flèches,  ou  aux  four- 
rageurs  pour  les  exterminer.  Mac-Morogh  se  faisait 
un  jeu  d'attirer  ainsi  Richard  en  avant,  pour  l'amener 
à  consommer  ses  provisions  dans  un  pays  où  il 
n'avait  pas  le  moyen  de  les  refaire.  Il  lui  envoya  son 
oncle,  qui  se  présenta  la  corde  au  cou,  implora  la 
grâce  du  roi  et  laissa  croire  que  Mac-Morogh  traiterait 
volontiers  lui-même:  déclaration  que  ce  dernier  con- 
firma par  un  message.  On  convint  d'une  entrevue  où 
le  comte  de  Glocester  (Despenser)  devait  représenter 
le  roi.  Mais  l'Irlandais  n'accepta  point  les  conditions; 
et  Richard ,  à  qui  Rutland  venait  enfin  d'amener  des 
renforts,  jurait  (Je  ne  point  quitter  l'Irlande,  qu'il  ne 
l'eût,  mort  ou  vif,  quand  de  bien  autres  nouvelles 
vinrent  rompre  ce  serment  (a). 

11  y  avait  déjà  plusieurs  semaines  que  Henri  de 
Lancastre  était  débarqué  en  Angleterre. 

Bien  qu'il  fût  appelé  dans  le  pays,  le  prétendant 
n'avait  rien  voulu  mettre  à  l'aventure.  Il  se  dirigea 
d'abord  vers  le  Nord,  où  étaient  les  principaux  do- 
maines de  sa  maison,  et  où  il  avait  dans  les  deux 
Percy,  le  comte  de  Northumberland  et  Henri  Hotspur^ 
son  fils,  deux  alliés  assurés.  L'exil  dont  on  les  avait 


[1399|  HENRI  DE  LANCASTRE.  245 

naguère  menacés,  les  rangeait  nécessairement  du 
parti  de  celui  qui  venait  lui-même  rompre  son  ban. 
Tout  en  côtoyant  le  rivage,  il  s'en  rapprocha  sur 
plusieurs  points,  afin  de  s'assurer  qu'il  n'était  pas 
gardé,  et  choisit  pour  prendre  terre  un  lieu  où  nul 
n'avait  débarqué  avant  lui^  Ravenspur,  entre  Hull 
et  Brindlington,  dans  le  comté  d'York  (vers  la  Saint- 
Martin  d'été,  4  juillet  1399).  Si  l'on  en  croit  la 
chronique  française  anonyme  (ms.  3884),  avant  de 
descendre  lui-même  sur  cette  plage,  il  y  envoya 
quelques  hommes  en  bateau  pour  y  planter  sa  ban- 
nière. Un  pêcheur  accourut,  ne  sachant  ce  que 
voulait  dire  ce  signal,  et  le  duc  lui  ordonna  d'al- 
ler annoncer  à  la  ville  voisine  qu'il  venait  réclamer 
l'héritage  de  son  père.  Les  gens  des  environs  accou- 
rurent aussitôt,  au  nombre  de  huit  mille,  et^  tout 
d'une  voix,  ils  le  pressèrent  de  venir  à  terre  hardiment, 
promettant  de  le  recevoir  comme  leur  seigneur. 

Qu'il  réclamât  son  héritage,  c'était  son  droit;  mais 
ce  n'était  point  assez  pour  soulever  tout  le  pays. 
Il  fallait,  pour  réussir,  en  remuer  les  passions,  les 
préjugés,  se  montrer  non  pas  seulement  comme  un 
proscrit  qui  invite  les  peuples  à  venger  sa  cause, 
mais  comme  un  chef  que  la  cause  populaire  trouve  à 
point  nommé  pour  la  mener  à  la  victoire.  C'est  bien 
à  ce  titre  aussi  qu'il  voulut  se  faire  accueillir.  Ce- 
pendant un  exilé  si  bien  fêté  en  France  aurait  pu 
perdre  vis-à-vis  des  Anglais  tout  le  prestige  de  son 
exil.  Henri  avdit  trouvé  moyen  d'écarter  de  lui  tout 


246  LIVRE   ONZIÈME.  [1399] 

soupçon  :  c'était  de  faire  appel^  lui,  l'hôte  des  Fran- 
çais, à  toute  la  haine  de  TAngleterre  pour  la  France. 
De  son  château  de  Pomfret,  où  il  se  rendit  tout 
d'abord^  il  envoya  des  lettres  aux  principales  com- 
munes et  aux  lords  d'Angleterre.  Il  y  évoquait  tout  à 
la  fois  et  les  terreurs  inspirées  par  le  despotisme  de 
Richard,  et  les  défiances  qu'avaient  répandues  les 
bons  rapports  du  roi  avec  son  beau-père,  Charles  VI. 
Le  bon  accueil  qu'il  en  avait  lui-même  reçu,  loin  de 
lui  nuire,  servait  à  ses  desseins.  II  en  prenait  occasion 
de  dénoncer  plus  hautement  ces  prétendus  complots, 
comme  si  l'intimité  où  il  avait  vécu  à  la  cour  de 
France  donnait  à  sa  parole  plus  d'autorité.  Il  disait 
donc  aux  communes  que  Richard  allait  faire  venir 
des  seigneurs  de  France,  de  Bretagne  et  d'Allemagne, 
pour  se  rendre  plus  maître  et  tenir  les  vilains  en  plus 
grande  sujétion;  que  tous  les  shériffs  qui,  depuis 
son  avènement,  lui  avaient  été  contraires,  seraient 
arrêtés  et  mis  à  mort;  qu'à  son  retour  d'Irlande,  il 
se  proposait  de  donner  une  grande  fête  où  il  invite- 
rait les  principaux  habitants  et  magistrats  des  villes, 
pour  les  saisir  et  leur  faire  voter  autant  de  subsides 
qu'il  voudrait  :  à  cette  nouvelle,  lui-même  était  re- 
venu de  France,  bravant  tout  pour  leur  offrir  ses 
services.  Aux  seigneurs,  il  disait  que  Richard  avait 
traité  avec  la  France;  qu'il  lui  devait  rendre  toutes 
les  villes  appartenant  encore  à  l'Angleterre  soit  en 
Picardie,  soit  en  Guyenne,  moyennant  une  somme 
payable  par  année  en  dix  ans.  Et  les  seigneurs,  dit 


[1399]  HENRI  DE  LANGASTRE.  247 

la  clironique,  se  rappelant  la  restitution  de  Brest  et 
de  Cherbourg,  donnèrent  toute  foi  à  ces  paroles'. 
Brest  et  Cherbourg  avaient  été  jadis  reçus  en  gage, 
et  il  était  de  toute  justice  qu'on  les  rendît  contre  l'ar- 
gent prêté.  Mais  on  ne  s'arrêtait  pas  à  ces  considéra- 
tions. Brest  et  Cherbourg  convenaient  à  l'Angleterre  : 
qui  les  avait  rendus  paraissait  capable  de  livrer  tout 
le  royaume. 

Ces  lettres  produisirent  partout  la  plus  vive  émo- 
tion. Les  seigneurs  accouraient  vers  Henri;  le  peuple 
se  soulevait;  les  shériffs,  convoquant  les  bourgeois, 
leur  avaient  lu  le  message  de  Lancastre;  et  la  foule, 
devançant  les  prétentions  secrètes  de  Henri,  ou  sui- 
vant le  mot  d'ordre,  criait  :  «  Vive  Henri!  à  bas 
Richard!  »  Les  gens  et  les  officiers  de  Richard  étaient 
tués  partout  où  on  les  pouvait  rencontrer.  L'ancien 
archevêque  de  Canterbury  (Thomas  Arundelj  tirant 
de  son  propre  arsenal  les  armes  dont  il  pouvait  user, 
et  s'en  forgeant  au  besoin,  faisait  prêcher  dans  les 
églises  que  le  pape  avait  reconnu  le  bon  droit  de 
Henri,  et  promis  des  indulgences  à  ceux  qui  se  ras- 
sembleraient pour  sa  cause  \ 

Henri,  du  reste,  en  liant  sa  cause  à  celle  de  la  na- 
tion et  provoquant  un  mouvement  populaire,  n'avait 


1.  Mss  388^,  l'ol.  126-U8. 

2.  Lettres  lues  aux  bourgeois^  ibid.^  fol.  127.  Le  manuscrit  publié 
par  Biichon  ne  reproduit  ni  les  lettres  ni  rien  de  cette  scène,  mais 
l'éditeur  les  a  données  en  variantes,  t.  XV,  p.  66.  —  Uarchevéqae 
de  Canttrbury  Creton,  ap.  Huchoii,  t.  XIV,  p.  3^*0. 


248  LIVRE  ONZIÈME.  [1399] 

eu  i];ar(lo  de  dire  tout  haut  jusqu'où  il  le  voulait 
pousser.  Autant  les  seigneurs  et  le  peuple  en  général 
étaient  hostiles  au  gouvernement  de  Richard,  autant 
la  personne  du  roi  leur  était  sacrée.  S'attaquer  de 
prime-abord  à  la  couronne,  c'était  risquer  de  mettre 
contre  soi  le  sentiment  traditionnel  de  loyauté  dont 
le  peuple  anglais  était  fier.  Henri  déclara  bien  haut 
qu'il  n'en  voulait  qu'aux  ministres  de  Richard.  11 
s'agissait,  non  de  déposséder  le  roi,  mais  de  lui  don- 
ner d'autres  conseillers;  de  faire  une  de  ces  révolu- 
tions que  le  règne  de  Richard  avait  déjà  vues,  de 
renouveler  les  actes  de  sa  dixième  et  de  sa  onzième 
année,  par  exemple.  Henri  le  jura  sur  PÉvangile, 
devant  les  seigneurs  réunis  autour  de  lui  à  Don- 
castre,  devant  le  comte  de  Northumberland  et  son 
fils  Henri  Hotspur,  venus  à  lui  parmi  les  premiers, 
et  qui  plus  tard  lui  rappelèrent  sa  foi  jurée  et  par- 
jurée. Dans  ces  termes^  le  soulèvement  demeurait 
populaire  et  ne  provoquait  aucun  scrupule.  Aussi, 
en  peu  de  jours^  Henri  eut-il  une  armée  de  soixante 
mille  hommes,  avec  laquelle  il  put  s'avancer  vers  les 
comtés  du  sud.  Tous  les  châteaux  du  roi  se  rendaient 
à  lui  (a). 

Le  duc  d'York  était  loin  de  se  douter  de  l'entre- 
prise. Il  venait  de  charger  William  le  Scrop,  comte 
deWiltshire,  trésorier,  d'une  missionpour  la  France. 
Le  comte,  en  arrivant  à  Douvres,  trouva,  dit-on,  tous 
les  vaisseaux  partis  pour  se  joindre  à  Lancastre,  et  il 
vint  en  apporter  la  nouvelle  au  malencontreux  lieu- 


[1399]  HENRI  DE  LANGASTRE.  249 

tenant  du  roi.  Le  prince  convoqua  aussitôt  les  grands 
officiers  et  les  membres  de  son  conseil.  Il  fit  publier 
dans  Londres  qu'on  s'armât  le  lendemain  pour  le 
suivre,  réunit  trois  mille  chevaux  et  sortit  comme 
pour  combattre  Lancastre.  Henri  était  au  nord;  le 
duc  d'York  s'en  alla  vers  l'ouest  et  rentra  dans  Lon- 
dres au  bout  de  trois  jours.  Ce  n'était  point  avec 
trois  mille  hommes,  après  tout,  qu'il  pouvait  rien 
tenter  de  sérieux.  On  fit  un  nouvel  appel  :  on  pro- 
mettait vingt-quatre  deniers  par  jour  à  ceux  qui 
viendraient  se  mettre  aux  ordres  du  lieutenant  du 
roi  à  Saint-Alban.  On  réunit  ainsi  mille  lances  et 
soixante  mille  archers  ;  mais  ces  hommes  déclarèrent 
qu'ils  ne  voulaient  faire  aucun  mal  au  duc  de  Lan- 
castre, un  si  bon  duc,  si  injustement  traité  par  le 
roi.  Marcher  avec  de  telles  troupes  contre  lui,  c'était 
les  lui  conduire.  York  se  dirigea  vers  le  pays  de 
Galles,  pays  plus  sûr  et  oii  l'on  était  plus  à  portée  de 
rejoindre  Richard.  Il  s'arrêta  à  Berkley,  tandis  que  le 
trésorier  et  les  chevaliers  du  conseil,  W.  le  Scrop, 
Green,  Bussy,  J.  Russel^  se  rendaient  à  Bristol.  Y  al- 
laient-ils d'eux-mêmes  ou  envoyés  par  lui?  et,  s'il 
les  y  envoyait,  voulait-il  s'assurer  de  ce  port,  ou  se 
débarrasser  d'hommes  trop  compromis  pour  n'être 
pas  déterminés  à  risquer  plus  qu'il  ne  convenait  à  sa 
politique?  Il  est  difficile  de  le  dire.  Il  est  des  cas  oii 
la  faiblesse  est  une  trahison  et  peut  bien  passer  pour 
(elle.  Il  resta  donc  à  la  tête  de  l'armée,  tandis  que 
ses  conseillers  allaient  mettre  Bristol  en  défense  et 


250  LIVRE  ONZIÈME.  [1399] 

qu'on  les  accusait  d'y  fuir  :  il  resta,  mais  pour  jouer 
ce  personnage  que  Shakespeare  a  immortalisé  comme 
un  type  dont  les  exemplaires  n'ont  jamais  fait  défaut 
aux  révolutions  politiques.  A  peine  ses  conseillers 
partis,  moins  rassuré,  ou  plus  libre  d'agir  dans  le 
sens  de  la  peur,  il  envoya  un  message  à  Henri  pour 
lui  demander  s'il  était  venu  avec  des  sentiments  hos- 
tiles au  roi  et  au  royaume.  Henri  protesta  de  son  dé- 
vouement au  roi  :  «  Je  ne  veux,  disait-il,  que  le  dé- 
barrasser des  ministres  qui  l'égarent;  »  et  il  vint  à  la 
tête  de  ses  soixante  mille  hommes  pour  donner  à  son 
oncle  d'autres  explications,  s'il  le  voulait.  Une  décla- 
ration si  nette,  et  si  bien  appuyée,  ne  pouvait  man- 
quer d'être  agréée  du  duc  d'York.  11  eut  avec  son 
neveu  une  entrevue  dans  une  église  aux  portes  de 
la  ville.  Lancastre  lui  renouvela  des  assurances  qu'on 
ne  lui  demandait  sans  doute  plus;  et  York  se  rangea 
de  son  parti  (a). 

Le  duc  d'York  était  sans  nulle  valeur,  de  sa  per- 
sonne; mais  il  était  l'oncle  et  le  lieutenant  du  roi. 
Ceux  qui  ne  voulaient  qu'un  prétexte  pour  passer  à 
Henri,  purent  se  dire  qu'il  avait  avec  lui  le  pouvoir 
institué  par  le  roi  lui-même  pour  gouverner  le  pays 
en  son  absence.  Henri  en  usa  comme  si  dès  lors 
c'était  à  lui  qu'il  fallût  obéir.  Chaque  jour  avait  vu 
de  nouveaux  adhérents  lui  arriver.  Ceux  qui  ne  ve- 
naient pas  furent,  sans  plus  attendre,  traités  de  re- 
belles et  punis  par  la  confiscation  de  leurs  biens. 
Quoi  qu'on  pût  dire  du  droit,  il  avait  la  force,  et, 


[1399]  HENRI  DE  LANGASTRE.  251 

SOUS  l'empire  de  cette  menace,  un  plus  grand  nombre 
accouraient  auprès  de  lui  (a). 

Dès  le  lendemain  de  son  accord  avec  York,  il  se 
porta  vers  Bristol  :  il  avait  déjà  cent  mille  hommes 
sous  la  main.  Que  pouvaient  faire  contre  une  pareille 
force  les  conseillers  retranchés  dans  ce  château?  Le 
capitaine  cependant  refusait  de  se  rendre  aux  som- 
mations de  Henri  ;  mais  il  ouvrit  ses  portes  sur  Tordre 
du  régent.  Les  conseillers  de  Richard  furent  donc  li- 
vrés à  Lancastre.  On  leur  fit  sommairement  leur  pro- 
cès. William  le  Scrop  fut  déclaré  coupable  d'avoir 
vendu  Calais  au  roi  de  France;  Green  etBussy,  d'avoir 
conseillé  au  roi  des  taxes  trop  lourdes  et  prêté  leur 
concours  à  ses  exactions.  On  les  décapita;  et  Henri 
envoya  leurs  têtes  aux  habitants  de  Londres  avec  ses 
plus  humbles  compliments  (se  eis  humiHter  commen- 
dans),  J.  Russel  échappa  pour  un  temps  en  con- 
trefaisant le  fou  furieux.  Bagot,  qui  était  allé  non 
à  Bristol  mais  dans  le  comté  de  Ghester,  passa  en 
Irlande.  Ge  fut  lui,  dit-on,  qui  vint  y  porter  la  nou- 
velle que  l'Angleterre  était  aux  mains  du  préten- 
dant (a). 

L'entreprise  de  Lancastre  était  connue  de  l'armée, 
(jue  Richard  n'en  savait  rien  encore  :  triste  condition 
d'un  roi  entouré  de  flatteurs;  nul  n'osait  le  lui  dire. 
On  vit  que  la  fortune  l'abandonnait,  t't  plusieurs 
firent  comme  elle.  «  Ils  s'en  allaient,  dit  l'roissart, 
sans  prendre  congé  ni  dire:  «  Je  m'en  vais;  »  les 
uns   regagnant  leur  logis,  les  autres  au   [)liis  droil 


252  LIVRE   ONZIÈME.  [1399] 

qu'ils  pouvaient,  venant  auprès  du  comte  Derby  et  se 
mettant  en  sa  compagnie  \  » 

Le  roi  apprit  enfin  le  retour  menaçant  de  l'exilé  : 
«  Ah  !  s'écria-t-il,  bel  oncle  de  Lancastre,  Dieu  vous 
fasse  merci  à  l'âme  ;  car,  si  je  vous  eusse  cru^  cet 
homme-ci  ne  me  courroucerait  pas  maintenant.  Vous 
me  disiez  bien  que  je  faisais  mal  de  lui  tant  pardon- 
ner. Je  lui  ai  pardonné  trois  fois,  et  le  voilà  qui  re- 
commence! M  II  avait  emmené  avec  lui  en  Irlande  les 
fils  de  Henri  et  de  Glocester,  et  il  avait  tout  récemment 
armé  lui-même  chevalier  le  fils  de  Henri,  qui  était 
son  filleul.  «  Mon  fils  Henri,  dit-il  au  jeune  prince 
qui  sera  le  vainqueur  d'Azincourt,  vois  ce  que  fait 
ton  père!  Il  a  envahi  mon  royaume  en  ennemi  et  y 
porte  la  captivité  et  la  mort,  sans  pitié  et  sans  misé- 
ricorde. J'en  gémis  pour  toi,  car  cette  malheureuse 
entreprise  te  fera  peut-être  perdre  ton  patrimoine. 

—  Mon  gracieux  seigneur,  dit  le  jeune  prince,  ces 
nouvelles  m'affligent,  mais  vous  voyez  bien  que  je 
suis  innocent  du  fait  de  mon  père. 

— Je  le  sais,  ditRichard,  et  je  t'en  tiens  pour  excusé.» 

Tout  en  écartant  la  pensée  d'user  de  représailles  sur 
des  innocents,  le  roi  trouvait  dans  les  deux  princes 
des  gages  qui  lui  pouvaient  servir  par  la  suite.  Il 
ordonna  qu'on  les  gardât  soigneusement  au  château 
de  Trym,  et,  de  l'aveu  de  son  conseil,  il  résolut  de 
partir  le  surlendemain,  sans  plus  de  retard  (a). 

1.  Froissart,  IV,  73. 


[1399]  HENRI  DE    LANXASTRE.  253 

Mais  il  n'y  avait  pas  à  Dublin  assez  de  vaisseaux 
pour  transporter  toute  l'armée.  Le  roi  devait-il  partir 
avec  les  premiers  ou  attendre?  Le  conseil  voulait 
qu'il  partît;  Rutland  fut  d'avis  qu'il  restât.  Il  con- 
seillait d'envoyer  Salisbury,  avec  tous  ceux  qu'on 
pourrait  transporter,  dans  le  pays  de  Galles,  pour  y 
rallier  les  Gallois  et  tenir  la  campagne  ;  le  roi  l'y  de- 
vait rejoindre  après  être  allé  avec  le  reste  de  l'armée 
prendre  la  flotte  à  Waterford.  Ce  fut  le  plan  qu'on 
adopta.  Résolution  fatale  !  Pour  Tavoir  fait  prévaloir, 
Rutland  est  accusé  par  notre  chroniqueur  d'avoir  dès 
ce  moment  travaillé  au  succès  de  la  cause  embrassée 
déjà  par  son  père,  et  bientôt  par  lui-même*. 

Salisbury  partit,  emmenant  le  chroniqueur-poëte 
et  son  compagnon 

Avecques  lui,  pour  rire  et  pour  chanter. 

Il  devait  avoir  bien  autre  chose  à  faire  !  Il  aborda 
à  Conway,  où  il  apprit  les  effrayants  progrès  de  Lan- 
castre.  On  disait  qu'il  avait  conquis  presque  toute 
l'Angleterre,  pris  ou  plutôt  reçu  en  obéissance  les 
villes  et  les  châteaux,  destitué  les  officiers  du  roi, 
établi  d'autres  juges,  et  qu'il  faisait  mourir  sans  pitié, 
comme  seigneur,  tous  ceux  qui  avaient  encouru  son 
indignation.  Henri,  en  effet,  avait  mis  le  temps  à 
profit.  Dès  le  lendemain  de  la  prise  de  Bristol,   il 

1.  Grêlon  (Buchon,  t.  XV,  p.  342). 


±'^k  LIVRE  ONZIÈME.  [139yJ 

avait  confié  la  place  au  duc  d'York,  et  regagnant 
Berkley^  il  s'était  dirigé  par  Glocester  et  Shrewsbury 
vers  les  pays  où  il  savait  que  Richard  avait  mis  ses 
dernières  espérances.  Maître  des  bouches  de  la  Sa- 
verne  et  des  passages  du  South-Wales,  il  voulait  aussi 
prendre  position  au  nord  de  la  principauté  et  préve- 
nir les  mouvements  du  Cheshire.  On  sait  l'appui  que 
Richard,  dans  les  derniers  temps,  avait  trouvé  dans 
ce  pays.  Il  en  avait  tiré  sa  garde;  il  avait  chargé  les 
ducs  d'York  et  de  Lancastre  et  le  comte  de  Derby  lui- 
même  (son  rival  actuel),  d'y  lever  des  troupes  à  cette 
fin.  Il  traitait  ces  hommes  familièrement,  souffrant 
qu'ils  lui  parlassent  en  leur  propre  langue,  dit  la 
chronique  de  Kenilsvs^orth;  et  au  parlement  de  1397, 
pour  reconnaître  l'attachement  de  ce  comté  et  se 
l'assurer  encore  davantage,  il  en  avait  accru  les  pri- 
vilèges et  l'avait  érigé  en  principauté,  voulant  qu'il 
fût  l'apanage  de  son  fils  aîné,  s'il  avait  des  enfants. 
Mais  Henri  y  devançait  Richard,  grâce  aux  délais  que 
Rutland,  de  connivence  avec  lui,  on  le  peut  croire, 
avait  fait  mettre  au  retour  du  roi  ;  et  les  forces  qu'il 
amenait  ne  laissaient  aux  gens  les  mieux  disposés 
aucun  espoir  d'arrêter  une  marche  jusque-là  triom- 
phale. Dès  son  arrivée  à  Shrewsbury,  il  avait  donc 
reçu  les  députations  de  Chester  qui  venaient  faire 
acte  de  soumission.  Il  s'était  porté  bientôt  lui-même 
devant  la  ville  avec  toute  son  armée,  et  il  avait  vu 
tout  le  clergé  venir  en  procession  dans  son  camp  : 
Chester  était  à  lui  comme  tout  le  reste. 


[1399]  HENRI  DE  LANCASTRE.  255 

V^oilà  un  en  étaient  les  choses  quand  arriva  Salis- 
bury.  Le  noble  comte  ne  se  découragea  point.  Il  fit 
appel  à  tous  les  hommes  du  pays  de  Galles  et  même 
de  Ghester  ;  et  ils  accoururent,  croyant  trouver  Ri- 
chard à  Conway.  En  moins  de  quatre  jours  il  s'y 
rassembla  quarante  mille  hommes  prêts  à  tout  ris- 
quer pour  le  roi.  Mais  leur  étonnement  fut  extrême, 
quand  ils  surent  que  Richard  n'était  pas  là  ;  et  l'éton- 
nement  fit  bientôt  place  à  la  crainte.  Le  bruit  se 
répandait  dans  l'armée  que  le  roi  était  mort  :  on  se 
trouvait  dès  lors  comme  en  état  de  révolte  contre 
Lancastre,  dont  on  avait  appris  les  succès  et  qu'on 
savait  au  voisinage.  Salisbury  en  pleurait  de  dou- 
leur. Il  se  multipliait  parmi  les  troupes,  les  conjurant 
de  rester,  de  combattre  avec  lui;  il  affirmait  que 
Richard  allait  venir,  qu'il  lui  avait  promis  de  le 
suivre  avant  qu'il  fût  une  semaine.  Il  réussit  à  les 
retenir  quatorze  jours  ainsi,  toujours  confiant  en 
public,  et  se  désolant,  à  l'intérieur,  de  ces  inexplica- 
bles retards.  Mais  il  ne  put  les  garder  davantage  : 
ils  se  dispersèrent;  ce  fut  à  peine  s'il  en  retint  une 
centaine  avec  lui  à  Conway,  où  il  se  renferma 

Plain  de  douleur,  de  tristesse  et  d'esmay  (d'émoi)  (a). 

Richard  ne  se  mit  en  mer  que  dix-huit  jours  après 
Salisbury.  En  deux  jours  il  abordait  ù  Milford  (du 
25  juillet  au  13  août),  car  le  temps  était  favorable. 
Mais  les  circonstances  ne  l'étaient  plus,  et  ces  retards, 


256  LIVRE  ONZIEME.  [1399] 

qui  avaient  perdu  l'armée  de  Salisbury,  n'avaient 
guère  produit  moins  de  ravage  parmi  ses  troupes. 
Ce  qu'on  avait  oui  dire  en  Irlande,  ce  que  Ton  sup- 
posait par  conjectures,  était  déjà  singulièrement  dé- 
passé par  les  nouvelles  que  l'on  trouvait  au  retour. 
La  plupart,  une  fois  débarqués,  n'en  usèrent  que 
pour  s'en  aller  au  plus  vite^,  quittant  le  roi  et  même 
courant  au  duc.  Un  matin  Richard  s'étant  levé  et 
s'approchant  de  la  fenêtre,  fut  étonné  de  ne  voir 
presque  plus  personne  dans  le  camp  :  sur  trente-deux 
mille  hommes  qu'il  avait  ramenés,  six  mille  à  peine 
lui  étaient  restés,  et  c'étaient,  pour  la  plupart,  de  ces 
étrangers  qui  n'avaient  de  refuge  qu'auprès  de  sa 
personne.  Alors  les  yeux  lui  furent  ouverts,  et  il  put 
mesurer  dans  toute  sa  profondeur  l'abîme  creusé 
sous  ses  pas.  Ce  n'était  plus  comme  au  temps  où  la 
plus  formidable  insurrection  ayant  éclaté  par  toute 
l'Angleterre  et  envahi  la  capitale,  il  avait,  lui,  enfant 
de  quatorze  ans,  abordé  la  masse  des  révoltés,  mis  la 
main  sur  leur  chef,  contenu  par  l'ascendant  de  son 
courage  ceux  qui  le  voulaient  venger,  et  sauvé  par  là, 
au  péril  de  sa  vie  même,  sa  couronne  et  son  pays. 
Il  sentait  tout  son  peuple  derrière  lui,  quand  alors  il 
affrontait  seul  les  menaces  de  l'émeute;  et  maintenant 
il  était  seul  devant  une  révolution. 

Il  en  fut  atterré  :  et,  si  l'on  en  croit  les  chroni- 
queurs anglais,  pour  se  déclarer  vaincu,  il  n'attendit 
point  que  la  lutte  s'engageât.  Selon  leur  version,  il 
aurait  pu  encore  combattre  :  car  il  avait  avec  lui 


[1399]  HENRI  DE  LANCASTRE.  257 

non-seulement  les  seigneurs  qu'il  avait  associés  à 
son  pouvoir  et  compromis  par  ses  faveurs  mêmes, 
mais  une  troupe  que  le  moine  d'Evesham  porte 
encore  à  vingt  mille  hommes  :  vingt  mille  hommes 
liés  à  sa  cause,  par  les  sympathies  qui  s'attachent 
aux  grands  malheurs  jusqu'à  couvrir  même  les 
grandes  fautes,  surtout  quand  ces  fautes  ont  pour 
excuse  la  jeunesse,  et  qu'elles  ont  trouvé  dans  ces 
premiers  coups  de  la  fortune  un  commencement 
d'expiation.  Mais  Richard,  dit  le  chroniqueur,  ne 
voulut  point  tenter  ces  chances  qui  lui  restaient. 
Vainement  l'armée  insista^  jurant  de  le  suivre  jusqu'à 
la  mort  pour  repousser  l'invasion  de  Lancastre.  Il 
refusa  de  se  jeter  sous  de  pareilles  auspices  dans  la 
guerre  civile.  Il  pria  les  soldats,  par  son  sénéchal 
Thomas  Percy,  de  se  réserver  pour  des  temps  meil- 
leurs; et,  afin  de  se  dérober  à  de  nouvelles  instances, 
il  partit  pendant  la  nuit  avec  une  suite  peu  nom- 
breuse (a). 

Selon  les  chroniqueurs  français ,  les  choses  se 
passèrent  autrement.  Au  rapport  de  Froissart,  quand 
les  seigneurs  vinrent  apprendre  à  Richard  les  pro- 
grès de  Henri,  il  en  fut  d'abord  stupéfait,  et  tous  ses 
esprits  en  frémirent;  mais  aussitôt  il  se  remit  de  ce 
trouble,  et  s'écria  :  «  Or  tôt!  faites  appareiller  nos 
gens,  archers  et  gens  d'armes,  car  je  ne  veux  pas 
fuir  devant  mes  sujets.  —  Par  Dieu  !  dirent  les  che- 
valiers, sire,  la  besogne  va  mal,  car  vos  gens  vous 
laissent  et  fuient,  et  vous  en  avez  déjà  bien  perdu  la 

11  —  17 


258  LIVRE    ONZIÈME.  [1899] 

moitié;  et  encore  voyons -nous  le  demeurant  tout 
ébahi  et  perdre  contenance.  —  Que  voulez-vous  donc 
que  je  fasse?  «  dit  le  roi.  Et  ils  lui  conseillèrent  de 
se  renfermer  dans  quelque  château,  en  attendant  que 
de  nouvelles  forces  fussent  rassemblées.  La  chronique 
anonyme  présente  la  délibération  sous  une  forme 
différente.  Richard,  devant  cet  abandon  d'un  si 
grand  nombre  de  ses  troupes,  tint  conseil,  et  l'un 
des  seigneurs  (elle  dit  que  c'était  Salisbury)  proposa 
de  se  retirer  à  Bordeaux.  Jean  de  Holland ,  duc 
d'Kxeter,  frère  de  Richard,  fut  d'avis  contraire,  et 
opina  pour  que  le  roi  s'en  allât  à  Conway.  «  Il  y  sera 
sûrement,  dit-il;  il  y  sera  en  son  royaume  et  en  son 
droit  héritage.  —  Mais  Bordeaux  aussi  est  de  mon 
royaume,  dit  le  roi.  —  Oui,  reprit  le  duc,  mais  si 
vous  allez  à  Bordeaux,  tout  le  monde  dira  que  vous 
avez  fui  sans  y  être  forcé,  et  que  par  là  vous  vous 
avouez  coupable  ;  si  vous  êtes  au  château  de  Conway, 
vous  y  serez  soutenu  contre  tout  le  monde;  et,  à  la 
face  de  Henri  de  Lancastre  et  de  tous  ses  amis,  vous 
pourrez,  quand  il  vous  plaira,  reprendre  la  mer  et 
aller  en  quelque  part  que  vous  voudrez,  et,  par 
aventure,  pendant  que  vous  serez  là  vous  pourrez 
faire  quelque  bon  accord  avec  votre  ennemi*.  » 

Mais  l'auteur  n'était  point  à  cette  conférence,  ni 
probablement  sur  les  lieux.  Il  y  donne  à  Salisbury^ 
un  rôle  que  tout  repousse  :  Salisbury  était  à  Conway. 

1.  Froissart,  IV,  74;  •—  Ms.  3884,  fol.  131. 


[1399]  HENRI  DE  LANCASTRE.  259 

Et  c'était  là  que  tout  appelait  Richard  ;  car  c'était  là 
qu'il  comptait  trouver  l'armée  ralliée  par  ce  seigneur. 
Or,  il  n'est  pas  probable  qu'il  ait  été  question  de 
Bordeaux,  avant  qu'on  sût  ce  qu'il  en  était  de  cette 
armée. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  ce  conseil,  dont  le  chroni- 
queur le  mieux   instruit  des  faits^  n'y  étant  pas, 
s'abstient  de  parler^,  il  fallait  que  le  roi  rejoignît  au 
plus  vite  l'armée  de  Salisbury  :  on  ne  pressentait  que 
trop  combien    sa   présence   y   était  nécessaire.    Se 
mettre  en  marche  avec  le  reste  des  troupes,  c'était 
s'exposer  à   de  nouveaux  retards  ;  c'était  de  plus 
donner  l'éveil  à  Henri,  avant  qu'on  fût  en  nombre 
pour  le  combattre.  Le   roi  résolut  donc  de  partir 
secrètement  pendant  la  nuit,  emmenant  avec  lui  ses 
principaux  compagnons  :  les  ducs  d'Exeter  et   de 
Surrey,  le  comte  de  Glocester  (Despenser),  les  évê- 
ques  de  Carlisie,   de   Saint -David   et  de  Lincoln, 
Etienne  le  Scrop,  ses  chapelains  Maudelein  etFerriby, 
un  écuyer  gascon  nommé  Jénico,  en  tout  quatorze 
personnes.  Il  n'entendait  pas  abandonner  son  armée;  " 
_et  loin  de  la  vouloir  licencier,  comme  le  disent  les 
chroniques  anglaises,  il  comptait  sur  Rutland,  son 
connétable,  et  sur  Thomas  Percy,  son  sénéchal,  pour 
la  retenir  sous  les  armes,  en  attendant  qu'elle  pût  se 
joindre  à  celle  qu'il  allait  chercher.  Mais  Rutland 
trouvait  là  une  trop  bonne  occasion  de  partir  pour 
n'en   point  user  au   plus  vite.  Le   matin  ,  le  bruit 
s'étant  répandu  que  le  roi  avait  quitté  l'armée,  il 


260  LIVRE  ONZIÈME.  [1399] 

donna  lui-même  le  signal  du  départ;  et  les  soldats 
se  dispersèrent,  pillant  le  trésor  et  les  objets  précieux 
que  le  roi  leur  avait  laissés  en  garde  :  ce  qui  ne  leur 
servit  guère,  car  les  Gallois,  témoins  de  cette  défec- 
tion, se  mirent  à  la  poursuite  des  fuyards  et  leur 
prirent,  avec  ce  qu'ils  avaient  volé,  tout  ce  qu'ils 
possédaient  par  eux-mêmes.  Rutland  et  Thomas  Percy 
vinrent^  sans  plus  attendre,  rejoindre  Henri  de  Lan- 
castre  qui  parut  les  vouloir  punir  d'avoir  tant  différé  ; 
mais  on  crut  généralement  qu'il  ne  voulait  que  voiler 
leur  défection  par  cette  apparence  de  disgrâce  :  il  ne 
tarda  point  à  leur  rendre  toute  sa  faveur,  et  dès  ce 
moment  les  retint  auprès  de  sa  personne  (a). 


II 


CONWAY,   FLINT   ET   CHESTER. 

Ce  fut  en  arrivant  à  Gonway  que  Richard  connut 
enfin  toute  l'étendue  de  son  malheur.  Salisbury  l'ac- 
cueillit avec  larmes;  il  lui  dit  ses  premiers  succès, 
l'empressement  des  gens  du  pays  à  prendre  les  armes 
pour  le  défendre^  et  ses  inutiles  efforts  pour  les  re- 
tenir. Le  roi  éclata  en  plaintes.  Il  s'adressait  au  ciel, 
il  invoquait  son  droit,  oubliant  trop  de  quelle  ma- 
nière il  en  avait  usé  :  comme  si  la  bonne  intention 
lui  tenait  lieu  de  tout  le  reste,  et  qu'on  puisse  se 


;i399]  HENRI  DE  LANCASTRE.  261 

rendre  témoignage  d'avoir  fait  justice  à  chacun,  quand 
on  a  violé  le  droit  de  tout  un  peuple  (a)  ! 

Jl  fallait  prendre  un  parti  :  attaquer  était  impos- 
sible; résister,  difficile.  Henri,  d'ailleurs,  avait  bien 
réclamé  son  droit  et  celui  de  la  nation;  mais,  au 
milieu  même  de  ce  soulèvement  populaire  et  des  cla- 
meurs qui  insultaient  à  Richard  ou  Texaltaient  lui- 
même,  il  n'avait  rien  dit  qui  fût  comme  une  déclara- 
tion de  guerre  à  son  souverain.  Jean  de  HoUand 
(Exeter)  fut  d'avis  de  députer  vers  lui  pour  savoir  ce 
qu'il  voulait.  On  lui  devait  remontrer  que  son  père 
avait  consenti  à  son  exil;  et  de  quelle  honte  ne  serait-il 
point  couvert  si  l'on  pouvait  dire  qu'il  avait  voulu 
renverser  son  roi!  L'avis  fut  goûté,  et  lui-même, 
-«vec  Surrey,  son  neveu,  fut  chargé  du  message \ 

Chaque  jour  qui  s'écoulait  frappait  le  roi  d'un 
nouveau  coup.  En  quittant  les  débris  de  son  armée  à 
Milford,  il  avait  cru  en  trouver  une  autre  à  Gonway  ; 
et  l'on  vient  de  voir  quelle  fut  sa  déception.  Aban- 
donné presque  seul  à  Conway,  il  se  proposait  d'y 
appeler  ses  troupes  de  Milford,  lorsqu'il  apprit  qu'à 
leur  tour  elles  s'étaient  dispersées.  «  Hélas!  s'écria- 
t-il,  ils  n'ont  pas  bien  fait  leur  devoir  envers  nous, 
qui  leur  avons  toujours  fait  du  bien  :  Dieu  sera  leur 
juge!  »  Parole  qui,  rapportée  par  un  témoin,  met 
hors  de  doute  la  vraie  conduite  de  Richard  à  Milford, 
et  détruit  les  allégations  des  chroniques  anglaises 

1.  Cieton,  p.  361-36^. 


262  LIVRE  ONZIÈME.  [1399] 

sur  le  prétendu  licenciement  de  l'armée  par  lui- 
même.  A  si  peu  de  monde,  il  était  difficile  de  garder 
Conway.  En  attendant  le  retour  d'Excter,  le  roi  alla 
visiter,  sur  la  côte  de  l'île  d'Anglesey,  Beaumaris, 
fort  château  qui,  bien  pourvu  de  vivres,  aurait  pu 
soutenir  un  long  siège.  11  alla  voir  ensuite  Caer- 
narvon,  excellente  place,  baignée  aussi  par  la  mer 
et  touchant  à  de  vastes  bois;  mais  le  lieu  ne  lui 
convint  pas  davantage.  Nulle  part  il  ne  se  pouvait 
trouver  bien,  dans  l'angoisse  où  était  son  âme;  il 
revint  à  Conway,  maudissant  l'heure  où  il  était  parti 
pour  l'Irlande,  implorant  le  ciel,  et  comptant  aussi 
sur  les  rois  de  la  terre  pour  venger  la  dignité  royale 
outragée  dans  sa  personne.  Ses  plaintes  étaient  si 
vives,  sa  douleur  si  amère,  qu'il  arrachait  des  larmes 
à  ceux  qui  l'entouraient  (a). 

Cependant  les  ducs  d'Exeter  et  de  Surrey  étaient 
arrivés  à  Chester,  où  était  Henri  de  Lancastre.  Ce 
fut  grande  joie  autour  de  Henri  :  on  croyait  qu'ils 
venaient  faire  leur  soumission,  comme  tant  d'autres; 
et  qui  aurait  tenu  encore  pour  Richard,  quand  son 
frère  et  son  neveu  l'auraient  abandonné?  Henri  aussi 
leur  fit  grand  accueil,  particulièrement  au  duc 
d  Exeter,  dont  il  était  beau -frère,  et  il  les  pria  de  lui 
exposer  leur  message  Us  le  firent  avec  fermeté,  et 
pressèrent  Henri  d'y  répondre,  afin  qu'ils  pussent 
Rejoindre  Richard  au  plus  vite.  Mais  Henri  leur  dit 
qu'ils  ne  partiraient  point  de  sitôt,  déclarant  que  si 
Richard  aventurait  de  tels  messagers,  il  ne  voulait 


[1399]  HENRI  DE  LANGASTRE.  263 

pas,  quant  à  lui^  se  priver  de  tels  gages.  Vainement 
Exeter  insista,  disant  que  ce  séjour,  dont  on  ne  saurait 

^es  motifs,  serait  pris  pour  trahison.  Cette  raison 
n'était  pas  de  nature  à  toucher  Lancastre,  ni  ceux  qui 
étaient  là.  Henri,  qui  souhaitait  fort  que  le  mari  de 
sa  sœur  fût  de  son  côté,  ou  du  moins  parût  Têtre,  lit 
ôter  à  Exeter  les  insignes  de  Richard  et  lui  donna  les 

_siens  :  ce  que  le  duc  n'osa  refuser,  de  peur  d'enve- 
nimer les  choses.  Et  comme  il  pleurait  et  gardait  le 
silence  :  «  Beau  cousin,  lui  dit  Rutland,  dont  la  paix, 
comme  on  sait,  était  faite,  ne  vous  courroucez  pas; 
car,  s'il  plaît  à  Dieu,  les  choses  iront  bien.  »  Surrey 
avait  échappé  à  ces  honneurs  et  à  ces  ignominies  : 

JHenri»  l'avait  envoyé  prisonnier  dans  le  château  de 
Chester  (a). 

C'était  peu  que  de  tenir  les  deux  plus  chers  parents 
du  roi  :  on  voulait  le  roi  lui-même;  et,  pour  l'avoir, 
on  le  devine  aux  procédés  naguère  mis  en  usage,  tout 
moyen  devait  être  bon.  Henri  avait  cent  mille  hommes 
sous  ses  ordres,  et  Richard  était  presque  seul;  mais 
il  n'était  pas  si  facile  de  le  prendre  de  vive  force  : 
car  le  château  de  Conway  touchait  à  la  mer,  *et  la  mer 
était  ouverte  à  sa  fuite.  C'est  ce  que  représenta  dans 

-4e  conseil  l'ancien  archevêque  de  Canterbury.  Il  opi- 
nait donc  que  l'on  promît  au  prince  une  bonne  paix, 
qu'on  lui  offrît  une  entrevue,  et  qu'on  en  profilât 

-pour  s'emparer  de  sa  personne.  Cet  avis  plut  à  tout 
le  monde,  et,  pour  le  mener  à  bonne  fin,  on  fit  choix 
d'un  seigneur  qui,  par  son  âge  et  sa  gravité,  inspirât 


264  LIVRE  ONZIÈME.  [1399] 

au  jeune  roi  toute  confiance  :  le  vieux  comte  deNor- 
thumberland.  On  lui  donna  ses  instructions,  et  il 
partit  avec  quatre  cents  lances  et  mille  archers,  pro- 
mettant de  ramener  celui  à  qui  on  l'envoyait.  Sur  la 
route,  il  se  fit  remettre,  au  nom  de  Henri,  le  château  de 
Flint;  il  reçut  aussi,  par  capitulation,  celui  de  llliud- 
dlan  :  c'étaient  autant  de  stations  qui  lui  semblaient 
nécessaires  à  l'accomplissement  de  son  dessein  \ 

Il  ne  pouvait  prendre  le  château  de  Gonway  de  la 
même  sorte;  ceux  qui  s'y  tenaient  renfermés  avec 
Richard  lui  étaient  trop  fidèles,  et  toute  tentative 
pour  l'y  forcer  n'eût  abouti  qu'à  l'en  faire  évader. 
Northumberland  le  savait  bien  :  on  le  lui  avait  assez 
dit  au  départ.  Il  recourut  donc  à  la  ruse;  iliaissa 
tout  son  monde  caché  derrière  les  roches  d'un  défilé, 
et  s*en  alla,  suivi  de  cinq  compagnons,  vers  le  roi. 
Avant  de  passer  la  rivière  qui  baignait  le  château,  il 
fit  demander  à  Richard  un  sauf-conduit,  et,  l'ayant 
obtenu,  il  entra  dans  la  place.  Il  avait,  dit  la  chro- 
nique en  prose,  des  lettres  (vraies  ou  fausses)  de- 
Jean  de  Holland,  qui  l'accréditaient  auprès  du  roi. 
Il  trouva  Richard  ayant  à  ses  côtés  le  comte  de  Salis- 
bury  et  l'évêque  de  Carlisle.  «  Sire,  lui  dit-il,  le 
duc  Henri  m'a  envoyé  vers  vous,  afin  qu'il  y  ait 
accord  entre  vous  deux  et  que  vous  soyez  désormais 
bons  amis.  Il  demande  que  vous  lui  rendiez  le  titre 
de  grand  juge  (sénéchal),  comme  l'avait  son  père  et 

1.  Greton,  p.  381-386. 


[1399]  HENRI  DE  LANGASTRE.  265 

—toute  sa  parenté  depuis  cent  ans,  et  que  vous  convo- 
quiez le  parlement,  pour  y  faire  comparaître  plusieurs 
de  votre  conseil.  »  Et  il  nomma  le  frère  et  le  neveu 
du  roi  (Exeter  et  Surrey),  Salisbury,  Tévêque  de  Gar- 

lisle  et  le  chapelain  Maudelein,  signalés  comme  cou- 
pables d'avoir  conseillé  le  meurtre  de  Glocester.  Il 
disait  que,  dans  ce  parlement  réuni  pour  les  juger, 
)  le  roi  serait  couronné  de  nouveau,  et  que  Henri  sié- 
gerait comme  grand  juge.  De  plus,  il  priait  Richard 
de  prendre  jour  pour  se  rencontrer  avec  Henri. 
«  C'était  la  chose  que  le  duc  Henri  désirait  le  plus  au 
monde.  ^)  Le  duc  venait  réclamer  sa  terre,  sans  rien 
vouloir  de  ce  qui  était  au  roi;  car  il  le  reconnaissait 
pour  son  souverain  seigneur,  et  avait  une  peine  ex- 
trême de  tous  les  maux  qui  étaient  arrivés  sous  son 
règne  par  la  funeste  inspiration  de  Tennemi  du 
genre  humain.  «  Je  vous  prie  donc,  ajoutait-il,  par 
celui  qui  est  mort  pour  nous  sur  la  croix,  soyez  bon 
pour  mon  seigneur,  qui  est  si  affligé,  et  lui  remettez 
encore  tout  votre  courroux;  et  il  viendra  humblement 
se  mettre  à  genoux  à  vos  pieds  et  vous  demander 
merci.  Vous  irez  ensuite  à  Londres,  soit  ensemble^ 
soit  par  des  chemins  divers,  et  vous  y  convoquerez 
le  parlement.  Je  jurerai  sur  le  corps  de  Jésus-Christ, 
sacré  de  main  de  prêtre,  que  le  duc  Henri  tiendra 

_tout  ce  que  j'ai  dit  :  car  il  me  Ta  juré,  à  mon  départ, 
sur  le  corps  de  mon  Dieu  (a).  » 

C'était  un  piège,  et  d'autant  plus  habile  que,  sous 
les  dehors  du  respect  et  de  la  déférence,  le  duc  faisait 


266  LIVRE  ONZIÈME.  [1399] 

au  roi  d'assez  dures  conditions  pour  qu'on  pût,  sans 
défiance,  les  croire  sincères.  Northumberlaud  ayant 
fini^  Richard  l'invita  à  se  retirer,  pour  être  libre 
d'en  délibérer  en  conseil;  et,  quand  il  fut  seul  avec 
ses  conseillers,  il  ne  put  maîtriser  son  emportement. 
Ce  que  Henri  lui  offrait  en  ces  termes  humblement 
impérieux,  c'était  le  rétablissement  de  l'ancien  gou- 
vernement de  Glocester,  sans  même  lui  faire  grâce 
du  procès  et  de  la  mort  de  ses  derniers  amis.  Y  con- 
sentir, il  ne  le  voulait  pas.  Mais  que  faire?  Résister 
n'était  plus  possible;  fuir  à  Bordeaux,  c'était  perdre 
son  royaume  :  c'était,  à  ce  prix,  sauver  sa  personne, 
sans  doute,  et  ses  amis  menacés;  mais  c'était  aban- 
donner à  Lancastre  son  neveu  et  son  frère,  re- 
tenus par  lui  malgré  leur  caractère  d'ambassadeurs. 
Dans  cette  extrémité,  il  ne  vit  plus  qu'un  seul 
parti  à  prendre  :  ce  fut  de  répondre  à  la  trahison 
par  la  ruse  ;  d'accepter  :  «  Mais,  je  vous  le  jure, 
dit-il  à  ses  amis  pour  qui  ce  consentement  sem- 
blait être  un  arrêt  de  mort,  je  vous  le  jure,  il 
en  mourra  !  Ne  redoutez  rien  du  parlement  qu'il 
voudrait  réunir  à  Westminster.  Je  ne  vous  laisse- 
rai point  traduire  par  lui  devant  ces  juges;  car  je 
sais  ce  qu'il  vous  ferait  souffrir  :  vos  jours  seraient 
trop  en  péril.  En  dépit  d'eux  vous  serez  toujours  mes 
bons  amis.  »  Et,  avisant  aux  moyens  d'échapper  qui 
lui  pouvaient  rester  encore,  avec  l'ardeur  fébrile 
d'une  âme  longtemps  accablée  qui  se  réveille  à  l'es- 
pérance ;  «   J'assemblerai   secrètement,  dit-il,    des 


[1399]  HENRI  DE  LANGASTRE.  267 

hommes  dans  le  pays  de  Galles  :  nous  trouverons  un 
prétexte  pour  prendre  par  là  notre  chemin.  Henri  n'y 
fera  point  opposition;  le  comte  nous  l'a  juré.  Et 
quand  nous  rencontrerons  nos  gens,  nous  déploierons 
nos  bannières,  et  nous  nous  porterons  hâtivement 
contre  lui.  A  la  vue  de  nos  armes,  la  moitié  des 
siens  le  quitteront;  ils  accourront  à  nous  :  car  ils 
ont  le  cœur  honnête;  ils  savent  que,  moi  vivant,  ils 
n'ont  point  d'autre  seigneur.  Le  droit  est  pour  nous  : 
croyons  en  Dieu ,  et  il  nous  aidera.  Fussions-nous 
moins  nombreux,  ils  ne  laisseront  pas  que  d'avoir 
bataille.  S'ils  sont  vaincus,  nous  les  mettrons  à  mort  : 
il  y  en  a  tels  que  je  ferai  écorcher  vifs;  tout  l'or  du 
monde  ne  les  rachètera  pas  M  » 

Les  conseillers  n'essayèrent  pas  de  lutter  contre 
ces  transports,  et,  s'en  remettant  de  leur  sort  à 
Richard,  ils  ne  demandaient  qu'une  chose,  c'est  que 
Northumberland  prêtât  le  serment  qu'il  avait  offert. 
Le  vieux  comte  fut  rappelé.  Le  roi  lui  dit  qu'il  accep- 

,  tait  l'accord;  qu'il  le  savait  prud'homme  et  incapable 
de  se  parjurer  pour  rien  au  monde  :  en  se  parjurant 
il  se  damnait  de  sa  propre  bouche  !  Northumberland 
renouvela  ses  assurances.  La  messe  fut  dite,  et,  à  la 

^consécration,  il  monta  à  l'autel  et  jura  la  main  sur 
riiostie.  Ainsi,  dit  le  chroniqueur  : 

Ainsi  firent  entre  eux  leur  compromis  : 
L'un  pensoit  mal  et  l'aultre  encore  pisT" 

1.  Crt'ton,  p.  39l>-'^^'.    '^'hronique  anonyme, ms.  388^,  fol.  135. 


268  LIVRE  ONZIÈME.  [1399] 

Mais  quant  au  roy, 
Il  ne  fist  pas  si  grand  mal  ne  desroy  ; 
Car  on  dit  bien  souvent  :  force  vHa  loy.  / 
Et  si  ne  fist  serement  ne  ottroy 

Gomme  le  comte. 


A  la  parole  que  le  comte  lui  avait  donnée,  il  répon- 
dait en  se  donnant  lui-même,  risquant  sa  tête  pour 
sa  couronne  et  pour  la  vie  de  ses  plus  fidèles  servi- 
teurs (a). 

Le  comte  avait  hâte  de  partir  et  d'entraîner  Ri- 
chard après  lui.  Il  le  suppliait  de  répondre  à  l'impa- 
tience de  Lancastre  :  «  le  duc  mourait  d'envie  de 
savoir  si  la  paix  était  faite.  »  Il  prit  les  devants,  sous 
le  prétexte  d'aller  à  Rhuddlan  commander  le  repas  : 
il  voulait  s'assurer  si  ses  gens,  en  ce  moment  décisif, 
étaient  à  l'embuscade.  Il  partit  donc,  et,  quittant  le 
roi,  il  le  pressait  encore  de  le  suivre  :  w  Hâtez-vous, 
lui  disait-il,  car  il  est  près  de  deux  heures.  »  Et  il 
vint  porter  aux  siens  la  bonne  nouvelle  que  leur 
proie  venait  se  jeter  dans  leurs  mains. 

Richard  sortit  de  Conway,  suivi  des  hommes  les 
plus  attachés  à  sa  personne^  au  nombre  de  vingt  au 
plus,  et  dans  ce  nombre  était  l'auteur  que  nous 
prenons  pour  guide.  Il  passa  l'eau,  et  il  avait  che- 
vauché quatre  milles  environ  lorsque,  à  la  descente 
d'une  montagne,  il  aperçut  les  gens  du  comte.  «  Je 
suis  trahi!  »  s'écria-t-il;  mais  il  n'y  avait  point  de 
retraite.  Reculer,  c'était  donner  à  cette  troupe  le 
signal  de  l'attaque  :  elle  eut  infailliblement  rejoint  le 


[1399]  HENRI  DE  LANCASTRE.  269 

roi  avant  qu'il  pût  repasser  l'eau  ;  et  Richard  eût 
—rougi  de  fuir  ainsi.  II  marcha  en  avant.  Dès  qu'il 

approcha,  le  comte  vint  au-devant  de  lui,  et  se  mit  à 

ses  genoux,  disant  :  «  Je  vous  allais  quérir,  mon 
_droit  seigneur;  n'ayez  nul  déplaisir  :  le  pays,  vous 

le  savez,  est  en  révolte;  J'ai  voulu  vous  mettre  en 

sûreté. 

—  Je  fusse  bien  venu^  répondit  le  roi,  sans  tant  de 
gens  que  vous  m'avez  amenés.  Ce  n'est  pas  là  ce  que 
vous  m'avez  promis.  Vous  me  disiez  que  vous  étiez 
venu  avec  cinq  compagnons.  Vous  avez  faussé  votre 
foi!  Je  retournerai  à  Conway  aujourd'hui  même. 

—  Non,  dit  le  comte,  saisissant  la  bride  de  son 
cheval.  Par  le  corps  de  Jésus,  je  vous  tiens  et  je 
vous  mènerai  au  duc  Henri;  car  je  le  lui  ai  promis.  » 

Déjà  les  hommes  du  comte  l'entouraient,  faisant 
grand  bruit  de  trompettes.  I.e  roi  ne  tenta  point  de 
résistance;  mais,  se  tournant  vers  Northumberland  : 
«  Le  Dieu  sur  qui  tu  as  mis  la  main,  dit-il,  te  le  veuille 
rendre  au  jour  du  Jugement,  à  toi  et  à  tes  complices  !» 
Puis  il  regarda  ses  compagnons  qui  pleuraient,  et 
leur  dit  en  soupirant  :  «  Ah  !  mes  bons  et  loyaux 
amis,  nous  sommes  trahis  et  mis  entre  les  mains  de 
I  nos  ennemis  sans  juste  cause.  Pour  Dieu^  sachez 
soulîrir,  et  qu'il  vous  souvienne  de  Notre  Seigneur, 
qui  fut  vendu  et  mis  aux  mains  de  ses  ennemis  sans 
l'avoir  mérité. 

—  Très-cher  seigneur,  dit  Salisbury,  nous  souf- 
frirons avec  vous,  s'il  plaît  à  Dieu  (a).  » 


270  LIVRE  ONZIÈME.  [1399] 

On  s'arrêta  à  Rhuddlan  pour  prendre  quelque 
nourriture,  et,  à  peine  le  repas  fini,  le  comte^  sans 
perdre  un  instant,  mena  le  roi  et  ses  compagnons  à 
Flint  ;  car  il  avait  hâte  de  les  y  mettre  en  sûreté,  afin 
d'aller  raconter  à  Lancastre  le  succès  de  sa  per- 
fidie \ 

Richard  et  ses  compagnons  avaient  été  renfermés 
dans  le  château.  Toute  illusion  était  perdue  pour 
eux  :  après  un  tel  outrage,  le  roi  ne  doutait  plus 
qu'on  ne  le  voulût  faire  mourir.  Dans  les  angoisses 
de  cette  nuit,  qui  pouvait  être  pour  lui  la  dernière, 
sa  pensée  se  reportait  sur  ceux  qu'il  n'espérait  plus 
revoir;  sur  cette  fille  de  France,  qu'il  élevait  avec  la 
sollicitude  d'un  père  et  chérissait  déjà  avec  la  ten- 
dresse d'un  époux.  Rien  de  plus  touchant  que  les 
plaintes  que  lui  prête  notre  chroniqueur  ; 

Mon  très  doux  cœur,  ma  sœur,  adieu  vous  di  : 
Pour  votre  amour  suy  démené  ainsi  : 
Car  a  mes  gens  oncques  ne  deservy 

De  me  destruire 
Si  laidement;  maiz  s'il  plait  que  je  muire, 
Ah  !  Jesus-Grist  m'âme  veuille  conduire 
En  paradis,  car  eschapper  ne  fuire 

Je  ne  puis  maiz. 
Hélas  I  beau  père  de  France,  jamaiz 
Ne  vous  verray  ;  votre  fille  vous  laiz 
Entre  ces  gens  qui  sont  faulx  et  mauvaiz 

Et  sans  fiance; 
Par  quoy  je  suis  près  de  désespérance  ; 
Car  elle  estoit  ma  joyeuse  plaisance. 

l.  Creton,  p.  Wl,  402;  Ghron.  anon.,  ms.  3884,  fol.  137. 


[1399]  HENRI  DE  LANCASTRE.  271 

Et  i!  léguait  à  Charles  VI  le  soin  de  les  venger  tous 
les  deux'. 

Cependant,  dès  le  soir  même,  Northumberland 
avait  envoyé  à  Henri  un  courrier  qui,  au  point  du 
jour,  lui  apporta  la  nouvelle.  Ce  fut  pour  lui  grande 
joie;  car  il  n'avait  rien  plus  à  cœur.  Toute  son  armée 
était  campée  autour  de  Chester.  Il  ordonna  que  cha- 
cun se  tînt  prêt  à  le  suivre,  et  les  trompettes  donnè- 
rent le  signal  du  départ.  Mais  notre  trouvère  ne 
s'arrête  point  à  faire  une  de  ces  descriptions  où  se 
complaît  la  poésie.  Au  moment  de  retracer  cette  so- 
lennelle entrevue,  il  renonce  même  aux  formes  poéti- 
ques, et  il  en  dit  la  cause  :  il  veut  émonder  son  récit 
des  superfluités  de  la  rime;  il  veut  redire  les  paroles 
qu'il  a  ouïes,  exactement  comme  il  les  a  gardées  dans 
sa  mémoire  (a). 

Ce  fut  le  19  août  1399  que  Henri  partit  de  Chester, 
emmenant  avec  lui  plus  de  cent  mille  hommes, 
rangés  comme  s'il  allait  livrer  une  grande  bataille. 
Ce  jour  même,  le  roi  s'était  levé  dès  l'aurore,  en 
proie  à  la  plus  vive  douleur.  Il  entendit  la  messe  avec 
ses  bons  amis ,  Salisbury ,  l'évêque  de  Carlisle , 
Etienne  le  Scrop,  Ferriby,  ces  cœurs  fidèles,  à  l'épreuve 
de  l'adversité  :  ajoutez,  parmi  plusieurs  autres,  l'é- 
cuyer  gascon  Jénico,  qui  ne  le  céda  à  personne  en 
loyauté  et  en  dévouement.  Après  la  messe,  il  monta 
sur  les  murs  du  château,  et  il  vit  l'armée  de  Lan- 

1.  Creton,  p.  ^03;  cf.  Chron.  anon.,  ms.  3884,  fol   137-138. 


272  LTVRE  ONZIÈME.  [1399] 

castre  qui  s'avançait  le  long  de  la  grève  à  grand 
bruit  d'instruments  de  musique  et  de  trompettes. 
Cette  vue  raviva  toute  sa  douleur  :  «  Hélas  !  s'écria- 
t-il,  je  vois  bien  que  la  fin  de  mes  jours  approche, 
puisqu'il  faut  que  je  sois  livré  aux  mains  de  mes 
ennemis,  qui  me  haïssent  à  mort  sans  que  je  l'aie  ( 
mérité.  Certes,  comte  de  Northumberland,  vous  devez 
avoir  grand  peur  au  fond  de  1  ame,  que  notre  sire 
Dieu  ne  prenne  vengeance  du  péché  que  vous  fîtes^ 
quand  vous  le  parjurâtes  aussi  vilainement  pour 
nous  tirer  hors  de  Conway,  où  nous  étions  en  sûreté. 
Dieu  vous  en  rende  la  récompense  !  »  Et  il  mêlait  ses 
larmes  à  celles  de  Salisbury  et  de  Tévêque  de  Car 
lisle.  En  ce  moment,  ils  virent  se  détacher  de  l'armée 
de  Henri  nombre  de  gens,  chevauchant  à  force 
d'éperons  pour  arriver  plus  vite  au  château.  En  tête 
se  trouvait  l'ancien  archevêque  de  Canterbury,  et 
avec  lui  les  deux  chefs  de  l'armée  royale  à  Milford, 
Thomas  Percy  et  le  comte  de  Rutland,  ralliés  main- 
tenant à  la  cause  de  Lancastre  :  ils  venaient,  portant 
les  insignes  de  leur  nouveau  maître.  L'archevêque 
entra  le  premier,  et  monta,  suivi  des  autres,  au  donjon 
du  château.  Le  roi  venait  de  descendre  des  murs;  il 
releva  le  prélat,  qui  s'était  agenouillé  devant  lui,  le 
prit  à  part,  et  ils  parlèrent  longuement  ensemble. 
«  Ce  qu'ils  dirent,  je  ne  sais,  dit  notre  historien  ; 
mais  le  comte  de  Salisbury  me  dit  après ,  qu'il 
l'avoit  reconforté  moult  doucement,  disant  qu'il  ne 
fût  ébahi  et  qu'il  n'auroit  nul  mal  de  son  corps.  Le 


[1399]  HENRI  DE  LANCASTRE.  273 

comte  de  Rutland,  continue-t-il,  ne  parla  point  au  roi 
à  cette  heure;  il  s'éloignoit  de  lui  le  plus  qu'il  pou- 
Yoit,  comme  s'il  eût  été  honteux  de  se  voir  devant 
lui.  »  Ils  remontèrent  à  cheval,  et  s'en  retournèrent 
vers  Henri^  qui  s'avançait  toujours  à  la  tête  de  ses 
troupes.  «  Et  sachez,  ajoute  notre  chroniqueur^  à 
qui  la  vue  de  cette  belle  armée  fait  oublier  en  quelque 
sorte  pourquoi  elle  vient,  sachez  qu'il  les  faisoit  bel 
voir  venir;  car  ils  étoient  très-bien  ordonnés,  et  en  si 
grande  quantité,  que,  quant  à  moi,  je  ne  vis  oncques 
tant  de  gens  ensemble  (a).  » 

Richard  était  remonté  aux  murailles.  Quand  il  vit 
que  l'armée  de  Henri  ne  se  trouvait  plus  qu'à  deux 
traits  d'arc,  il  laissa  de  nouveau  éclater  toute  sa 
douleur.  Il  prononçait  encore  le  nom  de  la  pauvre 
petite  reine,  et,  plus  résigné  toutefois,  il  louait  notre 
Seigneur  Jésus-Christ,  disant  :  «  Beau  sire  Dieu,  je 
me  recommande  en  ta  sainte  garde,  et  te  crie  merci 
que  tu  me  veuilles  pardonner  tous  mes  péchés,  puis- 
qu'il te  plaît  que  je  sois  livré  aux  mains  de  mes 
ennemis  ;  et,  s'il  me  faut  mourir,  je  prendrai  la  mort 
en  patience,  comme  tu  le  fis  pour  nous\  » 

L'armée  était  déjà  près  du  château,  et  Tenvironnait 
de  toutes  parts  jusqu'à  la  mer.  Northumberland  avait 
rejoint  Henri,  qui  se  tenait  avec  ses  gens  au  pied  de  la 
montagne,  et  il  conversa  longuement  avec  lui.  Le  roi 
avait  jeûnécejour-là;  on  voulaitattendre  qu'il  eûtdîné. 

1.  Crelon,  p.  409. 

ir— 18 


274  LIVRK  0>;ZIÎ':ME.  1^399^ 

Depuis  que  Richard  avait  accepté  son  sort,  il  avait 
banni  de  son  âme  ces  sentiments  violents  que  la  vue 
de  la  révolte  et  les  propositions  respectueusement 
menaçantes  de  Henri  lui  avaient  d'abord  inspirés  ;  et 
il  y  a  dans  ses  paroles  et  dans  ses  actes  comme  un 
reflet  de  la  douceur  et  de  la  résignation  de  Celui  à  la 
passion  duquel  il  désirait  conformer  ses  souffrances. 
S'étant  mis  à  table,  il  voulut  que  ses  principaux 
conseillers  prissent  place  à  ses  côtés,  comme  si  le 
malheur  et  leur  fidélité  dans  le  malheur  eussent  effacé 
dès  lors  toute  distinction  de  rang  de  lui  à  eux. 
«  Mes  bons,  vrais  et  loyaux  amis,  leur  dit-il,  vous 
vous  êtes  mis  en  péril  de  mort  pour  me  garder  votre 
toi  :  asseyez- vous  avec  moi.  »  Ils  n'étaient  plus 
pour  lui  des  sujets,  mais  des  compagnons  d'infor- 
tune (a). 

Cependant  les  troupes  qui  entouraient  le  château 
célébraient  leur  triomphe  par  le  bruyant  retentisse- 
ment des  trompettes;  et  plusieurs,  chevaliers,  écuyers, 
archers  même,  entraient  insolemment  jusque  dans  la 
salle  oià  le  roi  était  à  table  avec  ses  compagnons,  l'ou- 
trageant de  leur  curiosité,  de  leurs  menaces  et  de 
leur  joie  féroce:  «  Mangez,  mangez,  disaient-ils; 
demain  on  vous  coupera  la  tête.  »  Et,  se  répandant 
dans  le  château,  ils  disaient  en  présence  des  amis 
consternés  de  Richard,  qu'on  ne  savait  pas  si 
le  roi  échapperait.  «  Quant  à  moi,  dit  notre  histo- 
rien, je  ne  pense  pas  que  jamais  j'aie  si  grand'peur 
comme  j'eus   pour  lors,    considéré  la  grande  déri- 


[1399;  HENRI  DE  LANC ASTRE.  275 

sion  d'eux,  et  le  lion  vouloir  entetidre  droit,  raison 
ni  loyauté'.  » 

Le  roi  prolongeait  ce  triste  repas,  non  qu'il  man- 
geât, mais  il  savait  qu'en  se  levant  de  table  il  devait 
tomber  aux  mains  de  Henri.  L'heure  en  vint  pourtant. 
Henri  entra  au  château  suivi  de  douze  seigneurs.  Il 
était  armé  de  toutes  pièces^  excepté  le  bassinet,  et  te- 
nait un  bâton  blanc  en  sa  main.  On  fit  descendre  le  roi. 
fln'avaitplusaucun  des  insignes  de  son  rang,  pasmême 
l'habit  de  chevalier  :  on  l'eût  pris  pour  uù  clefc!  mais 
ÉtienneleScropmarchaitencore  devant,  portantTépée. 
Le  duc  ne  l'eut  pas  plutôt  aperçu  qu'il  s'incHna  assez 
bas,  et  faisant  quelques  pas  vers  lui,  il  s'inclina  une 
seconde  fois,  le  chapeau  à  la  main.  Le  roi  ôta  son  cha- 
peron, et  prenant  le  premier  la  parole  :  «  Beau  coii^ 
sin  de  Lancastre,  dit-il,  soyez  le  bienvenu. 

—  Monseigneur,  répondit  le  duc  s'inclinanl  de 
nouveau,  je  suis  venu  plus  tôt  que  vous  ne  m'avez 
mandé,  et  je  vous  dirai  pourquoi.  La  commune  re- 
nommée de  votre  peuple  est  que  vous  l'avez,  par  l'es- 
pace de  vingt  ou  vingt^deux  ans,  très  mauvaiseriient 
et  très -rigoureusement  gouverné,  dételle  sortel  qu*oti 
n'en  est  pas  bien  content;  mais  s'il  plaît  à  Notre  Sei- 
gneur, je  vous  aiderai  à  le  mieux  gouverner  qu'il  ne 
l'a  été  le  temps  passé. 

—  Beau  cousin  de  Lancastre,  dit  Richard,  puis- 
qu'il vous  plaît,  il  nous  plaît  bien  (a).  « 

1.  Ciclon.  p.  410;  (Jhron  ••■!-"  •  '  '  .^  vfrso,  et  Huchon,  !'</- 
riantes,  p.  76. 


276  LIVRE  ONZIÈME.  [1399] 

Après  cela,  Henri  adressa  la  parole  à  Tévêque  de 
Carlisle,  à  Etienne  le  Scrop  et  au  chapelain  Ferriby  ; 
mais  il  ne  dit  pas  un  mot  au  comte  de  Salisbury,  et 
il  eut  soin  qu'il  en  sût  la  cause.  Il  lui  fit  dire  par  un 
de  ses  chevaliers  :  «  Comme  vous  n'avez  point  dai- 
gné parler  à  monseigneur  le  duc  deLancastre,  quand 
vous  étiez  avec  lui  à  Paris  au  Noël  dernièrement 
passé,  de  même  il  ne  vous  parlera  pas;  »  déclara- 
tion qui  remplit  de  terreur  le  comte  :  il  voyait  bien 
que  le  duc  le  haïssait  mortellement.  Alors  Henri  dit 
très-haut  d'une  voix  fière  et  dure:  «  Amenez  les  che- 
vaux du  roi  !  »  Et  on  lui  amena  deux  petits  chevaux 
de  chétive  apparence.  Le  roi  monta  sur  l'un,  le  comte 
de  Salisbury  sur  l'autre;  les  autres  suivirent,  «  et 

jious  partîmes,  dit  le  chroniqueur,  environ  deux 
heures  après  midi  (a).  » 

Le  cortège  se  mit  en  marche  pour  Ghester,  avec 
tant  de  bruit  de  cors  et  de  trompettes,  qu'à  grand'- 
peine,  dit  le  naïf  historien  de  ce  voyage,  on  eût  en- 
tendu Dieu  tonner.  Les  compagnons  de  Richard 
étaient  saisis  de  terreur;  et  ceux  de  Henri  ne  les  ras- 
suraient guère  quand  ils  leur  montraient  dans  ce  qui 
arrivait  l'accomplissement  des  prophéties,  un  peu 

^arrangées  sans  doute,  de  Merlin  (on  en  avait  pour 
toutes  les  circonstances)  annonçant  la  fin  du  règne 
de  Richard.  Le  duc  entra  dans  la  ville  aux  acclama- 
lions  du  menu  peuple,  qui  mêlait  à  ses  applaudisse- 
ments pour  le  vainqueur  des  insultes  pour  le  vaincu  : 
le  roi,  en  entrant,  avait  pu  voir  exposée  sur  le  haut 


[1399]  HENRI  DE  LANGASTRE.  277 

de  la  porte,  la  tête  de  Perkin  a  Legh,  un  de  ses  plus 
fidèles  serviteurs.  Le  duc  mena  son  prisonnier  au 
château  et  choisit  pour  l'y  garder  le  fils  du  duc  de 

•Glocester,  rappelé  d'Irlande,  et  le  fils  du  comte 
d'Arundel,  revenu  de  France  avec  lui-même,  comme 
les  deux  hommes  qui  le  haïssaient  le  plus  au  monde, 
pour  la  mort  de  leurs  pères.  Richard  y  vit  Jean  de 
Ilolland,  duc  d'Exeter,  son  frère,  mais  il  n'osa  ni  ne 
put  lui  adresser  la  parole.  Jean  de  Holland,  à  la  suite 
de  cette  courte  entrevue,  allait  (contraint  sans  doute) 
prendre  place  à  la  table  de  Henri  avec  Th.  Percy  et 
Rutlandfa)! 

Richard  fut  enfermé  dans  le  donjon  du  château 
avec  ses  bons  amis  le  comte  de  Salisbury^  l'évêque  de 
Carlisle,  Etienne  le  Scrop  ^„Fêrribj.  Les  autres  en 
étaient  dès  lors  séparés  pour  toujours  :  «  Et  de  là  en 

jivanl,  dit  notre  chroniqueur,  nous  ne  le  pouvions 
voir,  si  ce  n'était  aux  champs  en  chevauchant,  et 
nous  fit-on  défendre  que  nous  ne  parlissions  plus  à 
lui  ni  à  nuls  des  autres.  »  Si  l'on  en  croit  l'autre 
chronique  française ,  la  rigueur  fut  même  poussée 
plus  loin  à  l'égard  de  Richard.  Conduit  au  château 
avec  les  quatre  amis  fidèles  qui  recevaient  tous  les 
épanchements  de  sa  douleur,  il  espérait  jouir  au 
moins  detleur  présence;  mais  le  jeune  duc  de  Gloces-'" 
ter  s'y  opposa  :  «  Par  saint  Georges,  s'écria-t-il,  il 
n'y  aura  nul  de  vos  compagnons  avec  vous,  ne  vous 
en  déplaise,  fors  que  nous  et  nos  gens,  car  monsei- 
gneur ne  le  veut  pas.  » 


278  LIVRE  ONZIÈME.  [1399] 

l.es  adieux  de  Richard  et  des  siensfurent  déchirants. 
L'évêqpe  de  Carlisle  s'était  jeté  à  ses  genoux,  le  comte 
de  S^lisbury  le  serrait  dans  ses  bras,  et  les  autres  se 
lamentaient,  disant  :  w  Adieu,  très-cher  seigneur, 
nous  voyons  bien  que  le  temps  est  venu  qu'il  nous 
faut  départir,  »  Richard  était  tellement  accablé  de 
tristesse,  qu'il  demeura  une  demi-heure  sans  ouvrir 
la  bouche.  On  le  fit  lever  enfin,  et  ceux  qui  en  avaient 
la  garde  l'emmenèrent  au  donjon  du  château.  Quant 
aux  autres,  les  seigneurs  du  parti  de  Lancastre,  inté- 
ressés à  ne  pas  laisser  trop  de  portée  au  contre-coup 
des  révolutions,  demandèrent  grâce  pour  eux,  disant 
qu'ils  avaient  fait  comme  bonnes  gens  devaient  faire. 
Le  duc  leur  pardonna,  excepté  toutefois  à  l'écuyer 
gascon  Jénico,  qui,  ni  pour  prières,  ni  pour  menaces, 
ne  consentit  à  déposer  les  insignes,  du  roi  Richard. 
Le  duc  le  fit  jeter  en  prison,  en  attendant  qu'on  lui 
coupât  la  tête;  on  l'épargna  pourtant,  ou,  pour 
le  moment,  on  l'oublia.  «  Mais  je  sais  bien,  »  dit 
notre  historien,  témoin  des  faits,  qu'il  fut  le  dernier 
portant  l'ordre  du  roi  Richard  en  Angleterre;  et 
il  montra  bien  par  là,  ajoute-t  il  avec  une  fierté  toute 
nationale,  qu'il  n'étoit  pas  de  leur  race  :  car,  pour 
eux,  ils  sont  de  nature  trop  enclins  à  la  faveur,  s'at- 
tachant  toujours  au  plus  fort  et  à  qui  a  meilleur  sem- 
blant, sans  garder  droit,  loi,  raison  ni  justice;  et  ce 
n'est  pas  de  maintenant,  car  plusieurs  fois  ils  ont  dé- 
fait et  détruit  leur  roi  et  seigneur,  comme  on  le  peut 
savoir  par  les  chroniques  (a).   » 


[1399]  HENRI  DE  LANCASTRE.  279 

Notre  chroniqueur  lui-même  et  son  compagnon, 
moins  attachés  à  la  personne  du  prince,  purent 
échapper,  sans  rien  faire,  d'ailleurs,  qui  contredît 
leurs  généreux  sentiments.  Le  jour  que  Henri  vint  à 
Fiint  prendre  Richard,  ils  avaient  été  présentés  au 
vainqueur  comme  venus  de  France  avec  la  permis- 
sion de  leur  roi,  et  comme  ayant  suivi  Richard  en 
Irlande  «  pour  ébattre  et  pour  voir  le  pays.  «  Henri 
les  rassura  et  leur  dit  en  français  :  «  Mes  enfants, 
n'ayez  peur  ni  frayeur  des  choses  que  vous  voyez,  et 
vous  tenez  près  de  moi,  et  je  vous  garantirai  la  vie.  » 
Ils  le  suivirent  ;  et  notre  gentilhomme,  sans  commu- 
niquer davantage  avec  Richard,  put  au  moins  ache- 
ver avec  lui  et  décrire  jusqu*au  bout  ce  douloureux 
chemin  de  la  croix  \ 

Richard  demeura  donc  enfermé  au  château  sans 
compagnie.  «  De  ses  complaintes  et  gémissements 
nul  n'en  sait  rien ,  dit  le  chroniqueur  anonyme, 
fors  ceulx  qui  le  gardoient;  »  et  il  s'en  tait,  don- 
nant ainsi  plus  de  valeur  aux  paroles  qu'il  a  recueil- 
lies en  tant  d'autres  lieux  de  cette  triste  histoire. 
Quant  à  Henri,  ayant  le  roi  sous  la  main,  il  n'avait 
plus  qu'à  prendre  son  nom  pour  tout  faire  légale- 
ment dans  le  royaume.  Dès  le  19  août,  le  jour  qu'il 
vint  à  Flint,  il  expédia,  au  nom  de  Richard,  des  lettres 
de  convocation  au  parlement  qui  le  devait  déposer. 
Le  20,  il  publiait  un  ordre  où  Richard  s'adressant 


I       Crctr.n 


280  LIVRE  ONZIÈME.  [1399] 

aux  vicomtes  leur  rappelle  les  rassemblements  faits  à 
Tentour  de  son  très-cher  cousin  Henri,  duc  de  Lan- 
caslre^  venu  dans  le  royaume  pour  réformer  le  gou- 
vernement, et  porter  remède  à  divers  abus;  et  de  l'avis 
du  vénérable  père  Thomas,  archevêque  de  Canterbury, 
de  son  susdit  cousin,  de  Henri,  comte  de  Northumber- 
land^  de  Raulf,  comte  de  Westmoreland  (en  un  mot 
de  tous  les  chefs  de  la  rébellion),  leur  commande 
de  mettre  fin  aux  hostilités. — Henri  avait  vaincu  (a). 
Après  trois  jours  passés  à  Chester,  Henri  congédia 
la  moitié  de  ses  gens,  estimant  que  trente  ou  qua- 
rante mille  hommes  suffisaient  bien  pour  mener  le 
roi  à  Londres.  Il  partit  le  22  août,  et  arriva  le  lende-__ 
main  à  Nev^castle,  où  le  comte  de  Warwick,  naguère 
exilé  dans  l'île  de  Man,  vint  tout  joyeux  se  joindre  à 
son  cortège.  Il  continua  par  Stafîord,  par  Lichfield, 
s'éloignant  au  plus  tôt  du  pays  de  Galles,  dont  il  con- 
naissait l'attachement  pour  Richard;  et  ce  n'était  pas 
sans  raison  :  tant  qu'il  avait  été  dans  les  montagnes 
du  voisinage,  les  Gallois  rôdaient  autour  de  son 
armée,  n'épargnant  aucun  de  ceux  qu'ils  pouvaient 
prendre,  et  venant  même  parfois  mettre  le  feu  jusque 
dans  ses  logis.  «  Et  certes,  dit  notre  Français,  que  la 
grâce  de  Henri  n'a  point  détaché  de  la  cause  de  Ri- 
chard, j'en  avois  très-grand'joie.  »  Rarement  les  An- 
glais pouvaient  user,  à  leur  égard,  de  représailles  ; 
mais,  quand  il  leur  arrivait  d'en  saisir,  ils  les  liaient 
de  cordes  à  la  queue  de  leurs  chevaux,  et  les  traî- 
naient parmi  les  pierres  des  chemins,  jusqu'à   la 


[1399]  HENRI  DE  LANGASTRE.  281 

mort.  On  s'arrêta  tout  un  jour  à  Lichfield  pour  y  cé- 
lébrer le  dimanche  (24  août).  C'était  un  lieu  oii  Ri- 
chard naguère,  se  rendant  au  parlement  de  Shrews- 
bury,  avait  séjourné  avec  toute  sa  cour  pour  y  fêter 
la  Noël  par  des  joules  magnifiques.  Cette  fois  il  était 
seul,  enfermé  dans  une  tour;  et  si  son  nom  y  est  pro- 
duit encore  avec  le  titre  de  roi,  c'est  au  bas  d'un  acte 
publié  par  Lancastre,  «  pour  rétablir  le  règne  de  la 
loi,  et  raffermir  le  cours  de  la  justice,  »  c'est-à-dire 
pour  réprimer  et  pour  punir  ceux  qui  avaient  encore 
les  armes  à  la  main  dans  Tespoir  de  le  délivrer.  11 
tenta  lui-même  d'échapper  à  ses  geôliers,  et  déjà  il 
s'était  glissé  par  la  fenêtre  jusque  dans  un  jardin, 
quand  il  fut  aperçu  et  ramené  brutalement  dans  sa 
prison.  Cette  tentative  manquée  aggrava  son  état  : 
dorénavant,  à  toutes  les  heures  de  la  nuit,  il  eut  avec 
lui  dix  ou  douze  hommes  armés  qui  le  gardaient  sans 
fermer  l'œil,  a  II  fut  gardé,  dit  Tautre  chroniqueur, 
aussi  étroitement  qu'un  larron  et  un  meurtrier  (a).  » 
Dès  qu'on  sut  à  Londres  l'arrestation  du  roi,  on  fit 
partir  en  toute  hâte  cinq  ou  six  des  principaux  bour- 
geois, qui  eurent  bientôt  rejoint  Henri.  La  ville,  si 
empressée  qu'elle  fût  d'avoir  le  roi  et  les  amis  du  roi 
entre  ses  mains,  se  serait  contentée,  cette  fois  encore, 
de  ne  recevoir  que  leurs  têtes.  Les  envoyés,  disait- 
_gn,  venaient  prier  Lancastre  de  mettre  à  mort  Ri- 
chard, sans  le  mener  plus  avant.  Mais  lienri  trouvait 
trop  de  bonne  volonté  partout^  pour  ne  pas  mettre  de 
-  son  côté  les  formes  de  la  justice.  «  Beaux  seigneurs, 


282  LIVRE  ONZIÈME.  [1399] 

leur  dit-il,  ce  seroit  trop  grand  blâme  à  jamais  pour 
nous,  si  nous  le  faisions  ainsi  mourir.  Nous  le  mè- 
nerons à  Londres,  et  il  sera  jugé  par  le  parlement.  » 
Il  continua  donc  sa  route  par  Coventry,  Daventry, 
Northampton,  Dunstable  et  Saint-Alban.  Le  malheu- 
reux roi  suivait  son  vainqueur  dans  le  plus  triste 
équipage,  monté  sur  son  mauvais  cheval,  et  vêtu  de 
l'humble  costume  qu'il  avait  quand  il  parut  devant 
lui  ;  car^  pendant  tout  le  voyage,  dit  le  moine  d'Eves- 
ham,  on  ne  lui  permit  pas  de  changer  une  seule  fois 
de  vêtement  (a). 

Lorsque  Henri  fut  à  cinq  ou  six  milles  de  Londres, 
les  gens  de  la  ville  vinrent  au-devant,  à  grand  bruit 
d'instruments  et  de  trompettes ,  rangés  par  métiers 
avec  le  costume  de  leur  confrérie,  ayant  en  tête  le 
maire,  devant  lequel  on  portait  Tépée  comme  devant 
le  roi.  Ils  saluèrent  le  duc;  ils  le  reçurent  comme  roi 
ne  l'avait  jamais  été,  criant  «  d'une  voix  haute  et 
épouvantable  :  Vive  le  bon  duc  de  Lancastre!  » 
C'était  Dieu  qui  Favait  envoyé;  c'est  par  sa  grâce 
qu'en  m.oins  d'un  mois  il  avait  conquis  tout  le 
royaume;  quel  bon  roi  devait  être  qui  ainsi  savait 
conquérir!  Et  ils  rendaient  grâces  à  Dieu,  adorant 
dans  le  succès  la  marque  irrécusable  de  sa  volonté 
même.  Après  cette  prétendue  conquête  de  l'Angle- 
terre, les  Anglais  s'estimaient  trop  pour  douter  qu'il 
ne  conquît  le  monde  :  déjà  on  le  comparait  à  Alexan- 
dre  le  Grand. 

Quand  on  se  fut  arrêté,  le  duc  fit  signe  au  comte 


[1399;  HENRI  DE  LANGASTRE.  283 

d'Arundel  et  à  ceux  qui  avaient  Richard  en  garde  de 
l'amener  devant  lui  ;  et  ils  amenèrent  le  roi,  «  comme 
si  ce  fût  un  larron.  »  Le  duc  descendit  de  son  cheval, 
s'approcha  de  Richard,  et  ôta  son  chapeau  en  disant: 
«  iMonseigneur,  descendez  ;  voici  vos  bons  amis  de 
Londres  qui  vous  viennent  voir.  »  Richard  obéit;  et 
il  avait  le  visage  si  couvert  de  larmes,  qu'à  peine  le 
pouvait-on  reconnaître.  Henri  alors,  le  montrant  à  la 
foule,  dit  :  w  Beaux  seigneurs,  voici  votre  roi  ;  regar- 
dez ce  que  vous  en  voulez  faire.  »  Ils  répondirent: 
«  Nous  voulons  qu'il  soit  mené  à  Westminster!  » 
(c'était  là  que  le  parlement  devait  se  réunir);  et  le 
duc  le  leur  livra.  «  A  cette  heure,  dit  notre  historien, 
il  me  souvint  de  Piiate,  lequel  fit  battre  Notre  Sei- 
gneur Jésus-Christ  à  l'estache  (colonne),  et  après  le 
fit  mener  devant  la  turbe  des  Juifs,  disant  ;  «  Beaux 
«  seigneurs,  voici  votre  roi  ! . . .  »  Assez  semblablemon  t 
fit  le  duc  Henri  quand  il  livra  son  droit  seigneur  à  la 
turbe  de  Londres,  à  fin  telle  que,  s'ils  le  faisoient 
mourir,  il  pût  dire:  «  J'en  suis  innocent*.  » 

Pendant  qu'on  menait  Richard  à  Westminster, 
Henri  se  dirigeait  vers  la  principale  porte  de  la  ville 
(Ald-(iate),  pour  faire  son  entrée  par  la  grande  rue  de 
Londres,  qu'on  appelait  Gheap-Street  (Cheapside);  et 
il  marcha,  au  bruit  des  cloches  et  des  trompettes, 
vers  l'église  Saint-Paul,  à  travers  les  flots  de  la  mul- 


1.  Greton,  p.  416,  417;  Chron.  anon.,  ms.  38H4,  toi.  u;-i,  ou  Bu- 
chon,  Variantes,  p.  78;  cf.  le  moine  d'Evesh.,  p.  156;  Wals.,  p.  358; 
Gontin.  Croyl.,  1. 1,  p.  494. 


284  LIVRE  ONZIÈME.  [1399] 

titude  qui  criait:  «  Vive  le  bon  duc  de  Lancaslrel  )> 
et  le  couvrait  de  bénédictions,  montrant  une  telle 
joie,  que  si  Notre  Seigneur  fût  descendu  parmi  eux, 
ils  ne  l'eussent  pas  mieux  accueilli.  Il  descendit  à  la 
porte  de  Téglise,  et  alla  tout  armé  devant  le  maître- 
autel  faire  ses  oraisons;  puis  il  vint  au  tombeau  de 
son  père,  riche  monument  élevé  dans  le  sanctuaire^ 
et  on  le  vit  verser  des  larmes  (a). 

Le  lendemain,  le  peuple  de  Londres  eut  un  autre 
spectacle.  Richard,  après  avoir  entendu  la  messe  à 
Westminster,  fut  conduit  à  la  Tour  par  les  deux  jeunes 
seigneurs  qui  le  gardaient  avec  toute  la  soUicitude  de 
leur  haine.  On  le  fit  monter  sur  son  pauvre  petit  che- 
val, et  on  le  menait  par  les  rues  de  la  ville,  en  mé- 
nageant une  grande  place  autour  de  lui  afin  que  cha- 
cun le  pût  voir.  Quelques-uns  en  avaient  pitié,  mais 
la  plupart  témoignaient  cruellement  leur  joie,  mêlant 
l'insulte  à  leurs  malédictions,  et  prenant  plaisir  à  le 
dégrader  jusque  dans  sa  race:  «  Or,  disaient-ils^ 
nous  sommes  bien  vengés  du  petit  bâtard  qui  nous 
a  si  mauvaisement  gouvernés  :  »  —  comme  s'ils  ne 
pouvaient  lui  ôter  sa  couronne  sans  lui  ravir  le  noble 
sang  de  son  père! 

C/est  sous  de  tels  auspices  qu'il  traversa  la  capi- 
tale et  fut  introduit  dans  la  Tour. 


c^ 


LIVRE  DOUZIEME. 

LA  DÉPOSITION  DE  RICHARD. 


Henri,  dès  son  arrivée  à  Londres,  avait  invité  les 
seigneurs  à  congédier  leurs  troupes.  Richard  était 
en  lieu  sûr;  et  pour  ce  qui  allait  suivre,  le  vain- 
queur ne  se  souciait  pas  d'en  traiter  avec  les  lords 
si  bien  accompagnés  :  il  les  aimait  mieux  seuls  au 
parlement  qu'il  allait  réunir.  Ce  parlement,  il  l'avait 
convoqué  dès  le  19  août  au  nom  de  Richard,  et  ses 
agents  avaient  reçu  en  même  temps  l'ordre  de  bien 
choisir  les  députés  des  communes.  Il  l'avait  convoqué 
à  Westminster  pour  le  30  septembre.  Mais  ce  n'é- 
taient point,  comme  il  avait  été  dit,  les  conseillers 
du  roi  (ils  avaient  retrouvé  grâce,  ou  du  moins  re- 
pris rang  auprès  du  vainqueur  parmi  les  autres), 
c'était  le  roi  lui-même  qu'on  y  voulait  produire.  Tou- 
tefois il  sembla  plus  §ûr  encore  de  ne  l'y  point  ame- 
ner. Richard  avait  montré  comme  il  savait  soutenir 


286  LIVRE  DOUZIÈME.  [1399] 

les  droits  de  sa  couronne  :  on  ne  pouvait  pas  dire  ce 
qui  arriverait,  s'il  paraissait  devant  une  assemblée 
accoutumée  à  sa  domination,  et  qui  peut-être  ne 
s'attendait  pas  à  sa  chute.  On  pouvait  craindre  quel- 
que coup  de  théâtre,  comme  celui  qui,  au  sein  de 
son  propre  conseil,  avait  fait  rentrer  dans  l'ombre 
le  tout-puissant  Glocester.  Henri,  en  réunissant  le 
parlement,  résolut  donc  de  le  mettre  en  présence  non 
d'un  roi  sur  le  trône,  mais  d'un  trône  vide;  de  pré- 
luder aux  actes  qu'il  attendait  de  sa  complaisance 
par  une  mesure  qui  ne  laissât  pas  d'autre  issue  à  ses 
résolutions  :  l'abdication  de  Richard. 

Si  Ton  ne  savait  par  l'expérience  des  révolutions, 
tout  ce  qu'il  y  a  d'audace  et  d'impunité,  en  pareil  cas, 
dans  le  mensonge,  on  s'expliquerait  à  peine  les  té- 
moignages consignés  dans  les  documents  contempo- 
rains. On  a  vu  comme  Richard  avait  été  tiré  de 
Conway.  On  sait  comme  il  avait  frémi  à  la  seule 
pensée  d'accepter  le  duc  de  Lancastre  pour  protec- 
teur sous  le  nom  de  sénéchal,  et  de  livrer  ses  con- 
seillers au  jugement  du  parlement.  L'explosion  de  sa 
colère,  quand  il  fut  seul  avec  ses  amis,  et  la  candeur 
avec  laquelle  le  témoin  de  ces  faits  avoue  la  pensée 
coupable  qui  traversa  trn  moment  l'esprit  du  roi, 
montrent  assez  combien  l'idée  d'une  abdication  lui 
était  étrangère;  et  ce  n'est  pas  Henri  qui  eût  risqué 
de  la  lui  proposer  alors  :  c'eût  été  mettre  sur  ses 
gardes  celui  qu'il  voulait  tenir,  et,  pour  le  moins, 
lui  donner  le  signal  de  la  fuite.  C'est  cependant  cette 


[1399]  LA  DÉPOSITION  DE  RICHARD.  287 

prétendue  abdication  qui  devient  la  base  de  tout  ce 
qui  va  suivre.  Les  historiens  anglais  n'en  doutent 
pas.  Walsingham  la  met  à  sa  place  dans  la  suite  des 
faits  qu'il  raconte  :  et  comment  en  aurait-il  douté? 
Il  en  lisait  l'attestation  dans  un  acte  public,  dans  un 
procès-verbal  inscrit  aux  rôles  du  parlement*. 

Mais  cela  même  nous  révèle  dans  quel  esprit  et 
sous  quelle  influence  cette  pièce  fut  rédigée.  Richard 
abdiqua  :  le  fait  n'est  pas  niable.  L'acte  est  là,  signé 
de  son  nom.  Mais  comment  celte  abdication  a-t-elle 
été  amenée?  fut-elle  libre,  spontanée,  ou  du  moins 
complètement  volontaire?  C'est  un  fait  que  Henri 
avait  besoin  d'établir^  et  qu'il  a  perdu  le  droit  do 
faire  croire  après  le  mensonge  historique  dont  il  l'a 
voulu  étayer. 

On  ne  saura  jamais  bien  ce  qui  s'est  passé  dans  la 
Tour,  depuis  que  le  roi  y  fut  mené  sous  la  garde  des 
plus  assurés  de  ses  ennemis.  On  n'a  plus  auprès  de 
lui  ces  fidèles  témoins  qui  l'ont  suivi  pas  à  pas  jus- 
qu'à Londres,  et  qui  réduisent  à  néant,  par  leurs 
déclarations  formelles,  les  assertions  contraires,  fus- 
sent-elles consignées  dans  un  procès-verbal.  Si  quel- 
que chose  leur  en  est  revenu,  on  ne  peut  dire  par 
quel  intermédiaire;  et  dès  lors  ils  sont  suspects  d'avoir 
mêlé  eux-mêmes  aux  paroles  qu'ils  prêtent  à  Richard 
l'expression  de  leurs  propres  sentiments.  Au  rapport 
de  la  chronique  anonyme  (ms.  3884),  le  lendemain 

1.  Scène  de  Conway.  Voy.  ci-dessus,  p.  2^».  —  l'rocés-verbal  de 
Vabdicatiun.  llut.  Parl.^  t.  III,  p.  ^16. 


288  LIVRE  DOUZIÈME.  [1399] 

de  son  arrivée,  le  duc  de  Lancastre  se  rendit  avec 
le  duc  d'York  et  Rutland  à  la  Tour,  et  ordonna  au 
comte  d'Arundel  de  faire  venir  Richard.  Richard  se 
révolta  de  cet  ordre  :  «  Si  Henri  de  Lancastre  veut 
me  parler,  qu'il  vienne,  »  dit-il.  Henri  vint  avec  les 
autres.  Ceux-ci  à  la  vue  du  roi  ne  lui  firent  aucune 
révérence;  Henri  seul  se  découvrit,  et  saluant  hum- 
blement Richard  : 

a  Monseigneur,  dit-il,  voici  le  duc  d'Armale  (Au- 
marle),  votre  cousin  et  le  mien,  et  son  père,  votre 
oncle,  qui  veulent  vous  parler.  Vous  plaît-il  de  les 
ouïr?  » 

A  la  vue  de  ces  princes,  qui  le  devaient  défendre, 
et  qui,  l'ayant  trahi,  venaient  comme  pour  le  braver 
dans  sa  prison  et  l'insulter  de  leur  contenance,  Ri- 
chard ne  put  maîtriser  sa  colère  : 

ce  Que  me  veux-tu  dire,  vilain?  dit-il  à  York,  et 
toi,  traître  de  Rutland,  comment  oserais-tu  me  par- 
ler? Tu  n'es  pas  digne  de  porter  le  nom  de  duc,  de 
comte,  ni  de  chevalier,  toi  et  le  vilain  qui  est  ton  père, 
car  vous  m'avez  mauvaisement  trahi,  vous  deux.  Mau- 
dite l'heure  où  vous  êtes  nés!  C'est  par  toi  et  par  ton 
faux  conseil  que  mon  oncle  Glocester  a  été  mis  à  mort. 
Ah!  je  puis  bien  dire,  hélas!  que  jamais  il  n'y  eut 
si  faux  traître  :  car  par  toi  sera  le  noble  royaume 
d'Angleterre  détruit,  j'en  suis  certain. 

—  Vous  mentez!  »  s'écria  Rutland. 

Et  il  Jeta  son  chaperon  aux  pieds  du  roi  en  signe 
de  défi. 


a 399]  LA  DÉPOSITION  hK  RICHARD.  289 

ce  Je  suis  roi  et  ton  seigneur,  répondit  Richard  se 
redressant  devant  l'outrage,  et  encore  demeurerai-je 
roi  et  serai-je  plus  grand  seigneur  que  ne  fus  oncques, 
en  dépit  de  tous  mes  ennemis.  C'est  pourquoi  tu  n'es 
pas  digne  de  me  parler.  » 

Lancastre  effrayé  de  cette  scène,  qui  allait  contre 
tous  ses  projets,  enjoignit  à  Rutland  de  ne  plus  être 
si  hardi  que  de  parler  au  roi,  le  menaçant  de  le  faire 
arrêter  par  le  connétable  et  le  maréchal.  Mais  le  roi, 
se  tournant  vers  lui  à  son  tour  et  l'interpellant  avec 
hauteur  : 

«  Cousin  de  Lancastre,  dit-il,  pourquoi  me  tenez- 
vous  de  si  près  et  me  faites-vous  garder  de  gens  d'ar- 
mes? Je  veux  savoir  de  vous  si  vous  me  tenez  pour 
votre  serviteur  ou  pour  votre  roi,  et  quelle  chose  vous 
me  voulez  faire? 

—  Je  vous  tiens  pour  roi  et  pour  seigneur,  dit 
Lancastre;  mais  il  est  ordonné  par  tout  le  conseil  du 
royaume  de  vous  retenir  et  garder  jusqu'au  jugement 
en  parlement.  » 

11  demanda  qu'on  lui  fît  venir  la  reine;  le  duc  ré- 
pondit : 

«  Pardonnez,  monseigneur,  il  est  défendu  par  le 
conseil.  » 

Lapauvre  petite  princesse,  une  enfant  de  dix  ans, 
était  gardée  elle-même  comme  un  ennemi  public! 

Le  roi  fut  si  ému  de  cette  réponse  qu'il  en  resta 
muet.  Il  parcourut  la  salle  de  long  en  large,  par  trois 
fois,  en  silence.  Quand  il  reprit  la  parole,  ce  fut  pour 

II—  19 


290  LIVRE  DOUZIÈME.  [1399] 

donner  un  libre  cours  à  ses  plaintes.  11  accusait  ses 
geôliers  d'être  des  traîtres;  il  offrait  de  le  soutenir  en 
champ  clos  contre  quatre  des  meilleurs  de  leur 
troupe,  et  il  jetait  son  gage  de  bataille.  Lancastre, 
voulant  le  calmer,  se  mit  à  ses  genoux,  le  priant  de 
demeurer  en  paix  jusqu'à  la  réunion  du  parlement  : 
là  chacun  exposerait  son  droit. 

a  Eh  bien!  dit  Richard,  au  moins,  beaux  sei- 
gneurs, que  je  paraisse  devant  le  parlement,  et  que  je 
sois  ouï  en  mes  raisons  et  puisse  répondre  à  tout  ce 
que  l'on  voudra  dire  contre  moi. 

—  N'ayez  pas  peur,  dit  Lancastre,  on  ne  vous  fera 
que  raison.  » 

Et  il  prit  congé  du  roi.  Nul  des  seigneurs  n'osait 
plus  souffler  mot  devant  lui  (a). 

Cette  scène  aurait  suffi  pour  indiquer  à  Henri  sa 
ligne  de  conduite  :  Richard  devait  être  jugé  sans  être 
entendu.  Que  se  passa- t-il  dans  l'intervalle?  La  pre- 
mière pièce  qui  prétende  en  faire  officiellement  l'his- 
toire, c'est  le  procès-verbal  de  l'abdication  de  Richard 
cité  plus  haut. 

C'était  le  jour  de  la  Saint-Michel  (29  septembre 
1399);  le  parlement  se  réunissait  le  lendemain.  Plu- 
sieurs lords  spirituels  et  temporels  ou  personnes  no- 
tables, l'archevêque  d'York,  l'évêque  de  Hereford,  les 
comtes  de  Northumberland  et  de  Westmoreland,  le 
prieur  de  Canterbury,  l'abbé  de  Westminster,  deux 
juges,  deux  docteurs,  deux  chevaliers,  deux  notaires 
publics  se  présentent  à  la  Tour  devant  Richard,  au 


[1399]  LA  DÉPOSmON   DE  RICHARD.  291 

nom  du  conseil  du  royaume;  et  le  comte  de  Nor- 
thumberland  lui  lit  un  acte  qui  rappelle  comment  à 
Conway,  en  sa  pleine  liberté,  il  a  promise  Tarcheve- 
que  de  Canterbury  et  à  lui-même,  de  renoncer  à  la 
couronne   d'Angleterre   dans  les   meilleures   formes 
qu'on  pourra  trouver,  confessant  toute  son  inhabileté 
et  son  insuffisance.  Le  roi  répond  avec  bonté  (béni- 
gne) qu'il  veut  bien  faire  ce  qu'il  a  promis.  Mais  il  té- 
moigne le  désir  de  voir  auparavant  le  duc  de  Lancastre 
et  l'archevêque  de  Canterbury,  et  demande  copie  de 
l'acte  d'abdication  (qui  est  tout  rédigé),  pour  y  réflé- 
chir dans   l'intervalle.  On  y  consent.  Dans  l'après- 
midi  le  duc  de  Lancastre  arrive  avec  Tarchevêque  et 
les  commissaires  déjà  nommés.  Le  roi  prend  le  duc 
et  le  primat  à  part,  cause  avec  eux  d'un  air  gai  (viilih 
hilari),  puis  il  revient  aux  autres  et  leur  dit  qu'il  est 
fout  prêt  à  faire  sa  renonciation.  On  lui  donne  l'acte 
écrit  sur  parchemin.  On  lui  dit  toutefois  que  rien 
n'empêche  qu'il  ne  se  serve  de  l'organe  d'un  autre, 
pour  s'épargner  la  fatigue  de  la  lecture.  Mais  le  roi 
remercie  avec  grâce  (gratanter)^  et  tenant  la  cédule  à 
la  main  d'un  air  gai  {hilari  vultu,  toujours),  il  dit  qu'il 
veut  lire  lui-même  et  lit  en  effet  distinctement.  Il  dé- 
charge ses  sujets  de  leurs  obligations,  abdique,  jure 
et  signe  de  sa  propre  main  (a). 

Voici  ce  qu'il  a  lu  et  signé  : 

In  nomine  Dei.  Amen. 

(f  Je,  Richard,  par  la  grâce  de  Dieu  roi  d'Angleterre 
et  de  France,  etc.,  délie  de  leur  serment  tous  les  ar- 


292  LIVRE  DOUZIÈME.  [1399J 

chevêques,  ducs,  etc.,  ecclésiastiques  ou  séculiers,... 
eux  et  leurs  héritiers,  je  les  libère  de  toute  obliga- 
tion;... je  renonce  à  tous  les  droits....  et  au  gouver- 
nement desdits  royaumes, ...  au  nom,  à  l'honneur  et  à 
la  dignité  royale,  purement  et  simplement,  spontané- 
ment et  absolument,  en  la  manière,  voie  ou  forme 
qui  peuvent  être  les  meilleures  (pure,  sponte^  simpli- 
citer  et  absolute,  melïoribus  modo^  via^  et  forma  quibus 
poterit)  :  réservant  tous  les  droits  de  mes  succes- 
seurs rois  d'Angleterre.  Je  me  reconnais  véritable- 
ment et  de  science  certaine  absolument  incapable  du 
gouvernement  et  digne  d'être  déposé  pour  mes  démé- 
rites notoires  ;  et  je  j  ure  par  les  saints  Évangiles  que  je 
touche,  que  je  n'attaquerai  ni  ne  ferai  attaquer  jamais 
par  personne,  publiquement  ou  secrètement,  cette 
abdication ,  mais  la  tiendrai  pour  irrévocable,  comme 
Dieu  me  soit  en  aide  et  ces  saints  Évangiles  de  Dieu. 

Ego  Richardus  rex  antedicius  propria  mea  manu  h  ic 
subscribo\ 

La  fausseté  de  l'abdication  de  Richard  à  Conv^ay 
est  prouvée,  non  pas  seulement  par  l'ensemble  de  tous 
les  faits  contraires  que  l'on  sait  d'ailleurs,  et  qui  la 
repoussent,  mais  par  les  faits  mêmes  allégués  ici 
pour  l'établir.  L'archevêque  de  Ganterbury,  l'un  des 
prétendus  médiateurs  de  son  abdication  volontaire, 
n'alla  point  àConway.  C'est  à  Fiint  qu'il  vit  Richard. 
Mais  à  Flint,  Richard  n'était  déjà  plus  libre  ;  le  faire 

1.  Rot.  Pari,  t.  III,  p.  416,  §  13,  et  Knighton,  p.  2744. 


[1399J  LA  DÉPOSITION  DK  UU ;hARD.  293 

abdiquer  là,  autant  valait  dire  qu'il  ne  le  fit  que  dans 
la  Tour.  Le  procès-Yerbal  avait  donc  ses  raisons  pour 
placer  la  scène  à  Conway  :  mais  en  le  faisant,  il  se 
convainc  lui-même  de  mensonge.  Et  que  dire  du  ton 
qui  règne  dans  cette  scène  d'abdication?  Peut-on 
croire,  quand  on  a  lu  l'acte  où  elle  se  résume,  que 
Richard  ait  montré  tant  de  gaieté  en  lisant  lui- 
même  pareille  chose?  Ou  de  quelles  tortures  morales 
n'aura-t-on  point  usé,  pour  contraindre  cette  âme 
fière,  qui  se  montrait  naguère  à  nous  dans  tout  l'em- 
portement de  sa  nature,  à  s'assouplir  au  rôle  de  com- 
plaisant aimable  qu'on  lui  fait  jouer  ici^? 

Ces  tortures  ne  lui  furent  pas  épargnées  sans 
doute,  puisque  enfin  il  abdiqua.  Et  il  courut  à  ce 
propos  des  bruits  de  diverses  sortes. 

Froissart  raconte  que  Lancastre,  ne  voulant  d'a- 
bord autre  chose  que  la  dégradation  de  Richard, 
fit  rédiger  contre  lui  un  acte  d'accusation  en  vingt- 
huit  articles,  et  puis  se  rendit  à  la  Tour  avec  plu- 
sieurs de  son  conseil.  Ils  entrent  dans  la  chambre 
du  roi  sans  lui  donner  nul  signe  de  révérence,  et 
lisent  les  articles.  Richard  ne  conteste  point,  mais  il 
déclare  qu'il  n'a  rien  fait  que  de  l'avis  de  ses  con- 
seillers, et  il  en  nomme  quatre.  Le  maire  assemble 
le  peuple  à  Guildhall,  lit  les  articles  comme  avoués 
du  roi,  nomme  les  conseillers  :  ce  sont  eux  qui  ont 
supprimé   toute   justice  en   Anirleterre  et  formé   le 

1.  Voyez  les  observations  judici<juse.s  de  la  note  de  rArch<eol  , 
t.  XX,  p.  138. 


294  LIVRE  DOUZIÈME.  [1399] 

dessein  de  livrer  Calais  à  la  France.  On  crie  ven- 
geance :  séance  tenante,  un  tribunal  est  dressé  et  le 
jugement  rendu.  Les  quatre  conseillers,  tirés  de 
la  Tour  et  attachés  sur  la  claie  aux  yeux  de  Richard 
et  de  ses  autres  officiers,  sont  traînés  par  les  rues  de 
Londres,  jusqu'à  une  place  où  on  leur  coupe  la  tête 
sur  un  étal  de  poissonnier.  C'est  alors  que  les  autres 
amis  de  Richard,  enfermés  avec  lui  et  craignant  un 
sort  pareil,  le  supplient  de  sauver  sa  vie  et  la  leur, 
en  désarmant  Lancastre  par  l'abdication ^ 

Il  est  facile  de  relever  les  inexactitudes  de  ce  récit. 
Richard  n'a  sacrifié  aucun  de  ses  conseillers,  et  il  n'y 
en  avait  pas  non  plus  que  son  refus  d'abdiquer  pût 
compromettre.  Dans  la  Tour,  il  n'avait  personne  au- 
près de  lui.  De  ses  conseillers  les  plus  intimes,  les 
uns  avaient  été  décapités  à  Bristol,  les  autres,  sauf 
un  seul,  étaient  déjà  dans  le  cortège  de  Henri  de 
Lancastre.  Il  faut  donc  laisser  là  cet  appareil  d'une 
exécution  populaire,  dont  on  ne  trouve  point  trace 
ailleurs  :  c'est  la  scène  de  Bristol  transportée  à  Lon- 
dres. Mais  on  a  pu,  par  d'autres  moyens,  faire  com- 
prendre à  Richard  que  s'il  ne  cédait  pas  sa  couronne 
de  bon  gré,  on  pourrait  bien  la  lui  prendre  avec  sa 
tête;  et  le  comte  de  Northumberland,  qui  le  premier 
s'était  rallié  à  Henri  de  Lancastre,  qui  lui  avait  mis 
Richard  entre  les  mains,  et  qui,  entraîné  par  le  mou- 
vement, suivit  Henri  plus  loin  peut-être  que  d'abord 

1.  Froissart,  IV,  76. 


[1399]  LA  DÉPOSITION  DE  RICHARD.  295 

il  ne  l'eût  voulu,  a  constaté  le  fait  de  violence  quand 
plus  tard,  prenant  les  armes  contre  le  nouveau  roi, 
il  s'écriait  dans  sa  proclamation  :  «  Vous  nous  aviez 
juré  sur  l'Évangile  de  ne  réclamer  que  votre  héritage 
et  de  laisser  Richard,  notre  seigneur  et  roi,  régner 
jusqu'à  la  fm  de  ses  jours  avec  le  bon  conseil  des 
seigneurs  spirituels  et  temporels;  et  vous  l'avez  em- 
prisonné dans  la  Tour  de  Londres,  jusqu'à  ce  que, 
cédant  à  la  peur  de  la  mort,  il  ait  abdiqué  les  cou- 
ronnes d'Angleterre  et  de  France  (a)î  » 

Outre  la  violence  qui  résulte  déjà  du  fait  de  la  cap- 
tivité, il  ne  serait  point  impossible  qu'on  eût  recouru 
à  d'autres  moyens  auprès  de  Richard;  de  telle  sorte 
qu'au  lieu  de  lui  être  imposée  de  haute  lutte  (ce  qui 
eût  pu  révolter  sa  fierté),  l'abdication  lui  ait  été  sug- 
gérée comme  devant  venir  de  lui-même,  ce  qui  sau- 
vait sa  dignité  du  moins.  La  suite  du  récit  de  Frois- 
sart  peint  Henri  sous  des  traits  si  frappants,  qu'on 
est  tenté  de  le  croire  ici  mieux  informé, 

Richard  mande  le  duc  de  Lancastre  à  la  Tour,  et 
cette  fois,  l'accueillant  avec  douceur:  k  Cousin,  lui 
dit-il,  je  vois  que  mon  état  est  en  petit  point,  et  tant 
qu'à  gouverner  le  peuple  et  porter  la  couronne,  je 
n'ai  que  faire  d'y  penser.  Je  voudrais  être  mort  et 
que  le  roi  de  France  eût  sa  fille,  car  nous  n'avons 
pas  pris  ni  eu  trop  grand'joie  ensemble.  Cousin,  tout 
considéré,  je  reconnais  que  je  me  suis  mépris  envers 
vous  et  envers  plusieurs  nobles  de  mon  sang,  et  je 
sens  bien  que  je  ne  viendrai  jamais  à  paix  et  à  par- 


296  LIVRE  DOUZIÈME.  [1399] 

don.  C'est  pourquoi,  de  bonne  et  libérale  volonté,  je 
vous  veux  résigner  l'héritage  et  la  couronne  d'An- 
gleterre, et  vous  prie  que  vous  l'acceptiez.  » 

Ce  langage  fut-il  celui  de  Richard?  On  admettrait 
beaucoup  plus  facilement  celui  que  l'auteur  prête  à 
Henri  :  car  c'est  bien  son  âme  qui  se  peint  dans  ses 
paroles.  Il  reste  froid  devant  ces  épanchements  et  cet 
abandon.  Il  ne  se  croit  pas  le  pouvoir  d'accepter; 
mais  il  trouve  que  Richard  a  toute  raison  d'offrir  : 

«  Il  convient,  dit-il^  que  cette  parole  soit  soumise 
aux  trois  États  d'Angleterre.  J'ai  écrit  aux  prélats  et 
aux  nobles  de  ce  pays  et  aux  conseillers  des  bonnes 
villes.  Dans  trois  jours  il  y  en  aura  assez  pour  rece- 
voir dûment  la  résignation  que  vous  voulez  faire. 
Par  là,  vous  apaiserez  grandement  et  adoucirez  l'ire 
de  plusieurs  hommes  d'Angleterre  :  car  pour  obvier 
aux  maléfices  qui  s'étaient  trop  fort  accrus  en  Angle- 
terre par  défaut  de  justice,  j'ai  été  mandé  d'au  delà 
la  mer  et  le  peuple  me  veut  couronner.  »  Et  s'élevant 
par  l'insulte  au-dessus  du  don  que  Richard  croit  lui 
faire  :  «  Il  court  voix  et  renommée  par  toute  TAn- 
gleterre,  que  j'ai  eu  toujours  à  la  couronne  d'Angle- 
terre plus  de  droit  que  vous  n'avez  eu.  Quand  notre 
aïeul,  le  roi  Edouard,  de  bonne  mémoire,  vous  éleva 
et  couronna,  il  lui  fut  bien  dit  et  remontré  :  mais  il 
avoit  tant  aimé  le  prince  de  Galles,  son  fils^  que  nul 
ne  lui  put  briser  son  propos.  Encore,  ajoute-t-il,  en- 
fonçant plus  avant  la  pointe  envenimée  de  son  injure, 
encore  si  vous  eussiez  pris  exemple  sur  les  œuvres 


[1399]  LA  DÉPOSITION  DK  RICHARD.  297 

du  prince,  comme  un  fils  doit  faire  à  l'égard  de  son 
père,  vous  fussiez  demeuré  roi  et  en  votre  État! 
Mais  vous  avez  toujours  fait  du  contraire,  et  tant  que 
commune  renommée  court  par  toute  l'Angleterre  et 
ailleurs  que  vous  n'êtes  pas  le  fils  du  prince  de 
Galles,  mais  d'un  clerc  ou  d'un  chanoine,  jj  Le  prince 
de  Galles,  continuait-il,  avait  des  scrupules  de  son 
mariage  ;  sa  femme  était  cousine  du  roi  Edouard, 
et  il  avait  tenu  deux  fois  sur  les  fonts  de  baptême 
les  enfants  qu'elle  avait  eues  de  Thomas  de  HoUand 
(  —  autre  argument  :  si  Richard  n'est  bâtard  adultérin, 
il  est  au  moins  illégitime).  Le  prince,  qui  n'en  avait 
pas  encore  d'enfants,  songeait  donc  à  rompre  cette 
union,  quand  la  princesse  «  fit  tant  qu'elle  fut  grosse 
et  vous  eut  et  encore  un  autre  devant  vous.  Du  pre- 
mier on  ne  sut  que  dire  :  mais  de  vous,  après  qu'on 
a  vu  vos  dispositions  et  vos  actes  si  contraires  aux 
vaillances  et  prouesses  du  prince,  on  dit  que  vous 
fûtes  fils  d'un  clerc  ou  d'un  chanoine  :  car  pour  le 
temps  que  vous  fûtes  engendré  à  Bordeaux  il  y  en 
avoit  moult  déjeunes  et  de  beaux  en  l'hôtel  du  prince. 
C'est  la  renommée  de  ceux  de  ce  pays;  et  vous  l'avez 
bien  confirmée  par  vos  œuvres.  Vous  avez  toujours 
incliné  au  bon  plaisir  des  François  et  à  vouloir  faire 
paix  avec  eux,  au  déshonneur  du  royaume  d'Angle- 
terre. Mon  oncle  de  Glocestre  et  le  comte  d'Arundel 
qui  vous  remontroient  sagement  et  vouloient  garder 
l'honneur  et  imiter  les  œuvres  de  leurs  pères,  vous 
les  avez  traîtreusement  fait  mourir.  Tant  qu'à  moi, 


298  LIVRE  DOUZIÈME.  [1399] 

ajouta- t-il,  prenant  un  air  de  protection  qui  aggravait 
l'outrage,  je  vous  ai  pris  sus,  et  vous  défendrai  et 
allongerai  votre  vie,  par  pitié,  tant  que  je  pourrai,  et 
prierai  pour  vous  les  Londriens  et  les  héritiers  de 
ceux  que  vous  avez  fait  mourir.  —  Grand  merci,  dit 
le  roi,  je  me  confie  plus  en  vous  qu'en  tout  le  de- 
meurant de  l'Angleterre.  —  Vous  avez  bien  raison^ 
reprit  Lancastre  :  car  si  je  n'allois  devant  la  volonté 
du  peuple,  vous  seriez  pris  du  peuple,  dégradé  à 
grand'confusion  et  mis  à  mort  pour  vos  maies  œuvres 
qui  vous  font  avoir  cette  peine  et  ce  danger  \  w 

«  Le  roi  Richard,  dit  l'historien,  entendoit  bien 
toutes  ces  paroles  et  ne  savoit  que  dire  et  répondre  à 
rencontre  ;  car  bien  voyoit  que  force  et  argument  ne 
lui  valoient  rien,  fors  que  douceur,  amour  et  sim- 

plesse »  Mais   si   le  jeune  roi   se  tut   vraiment 

devant  ces  outrages,  il  faut  qu'on  ait  brisé  tous  les 
ressorts  de  son  âme.  Il  se  survivait  à  lui-même  : 
c*était  Tombre  de  Richard  que  l'on  allait  découronner. 

C'est  bien  aussi  de  cette  sorte  que  Froissart  s'est 
figuré  et  qu'il  présente  l'abdication  de  Richard  II. 
Les  seigneurs,  prélats  et  barons,  les  chevaliers  et  les 
notables  de  Londres  se  sont  réunis  à  la  Tour.  Ri- 
chard est  amené  avec  tous  les  insiones  du  pouvoir 


»• 


poi 


ro;yal,  le  manteau,  le  sceptre  et  la  couronne;  et  quand 
ses  gardes,  ou  plutôt  ses  gardiens  se  sont  rangés 
à  l'écart  :  «  J'ai  été,  dit-il,  roi  d'Angleterre,  duc 

1.  Froissart,  IV,  77. 


[1399]  LA  DÉPOSITION  DE  RICHARD.  299 

d'Aquitaine  et  sire  d'Irlande  environ  vingt -deux 
ans  :  royauté,  seigneurie,  je  résigne  tout  mon  hé- 
ritage à  mon  cousin  Henri  de  Lancastre,  et  le  prie 
devant  tous  qu'il  prenne  le  sceptre  en  cause  de  pos- 
session. »  Il  lui  tend  le  sceptre,  ôte  de  sa  tête  la 
couronne  qu'il  dépose  devant  lui;  et,  tandis  que 
Henri  en  demande  acte  au  notaire,  Richard,  dépouillé 
de  tout  par  lui-même,  regagne  en  silence  la  prison 
d'où  il  est  sorti.  Cette  scène  est  imposante  dans  sa 
simplicité  :  elle  a  été  mise  en  action  par  Shakespeare, 
et  elle  convient  à  la  façon  dont  le  grand  tragique  a 
conçu  le  personnage  de  Richard  H  :  mais  elle  est 
l'ausse.  Le  vrai  drame  s'est  passé  dans  l'ombre.  Pour 
ce  qui  s'est  joue  en  public,  c'est  le  génie  d'un  autre 
théâtre  qui  l'eût  pu  seul  évoquer  et  flétrir  :  mais 
alors  le  héros  de  la  pièce  n'eût  pas  été  Richard  ;  il  se 
lût  nommé  Henri  :  j'allais  l'appeler  d'un  autre  nom\ 
On  a  vu  comment  le  procès-verbal  raconte  l'abdi- 
cation dans  la  prison.  Ce  n'est  pas  tout.  Le  trône 
vacant,  on  pouvait  se  demander  à  qui  il  revenait. 
Richard,  n'ayant  pas  d'enfant,  avait  fait  reconnaître 
du  parlement  pour  son  futur  successeur,  Roger  Mor- 
timer,  petit-fils  de  Lionel,  frère  aîné  de  Jean  de  Gand, 
duc  de  Lancastre  :  et  Roger,  récemment  tué  en  Ir- 
lande, laissait  un  lils  héritier  de  ses  droits.  Richard, 
au  rapport  du  procès-verbal,  ayant  lu  et  signé  l'acte 
de  son  abdication,  dit  aux  commissaires  que,  s'il 

1.  Froibsart,  IV,  77.  —  Shakespeare,  Hicliard  //,  acte  IV,  scène  3. 


300  LIVRK  DOUZIEME  [1399! 

était  en  sa  puissance,  le  duc  de  Lancastre  lui  succé- 
derait au  trône  ;  mais  que,  n'ayant  point  ce  pouvoir, 
il  priait  les  deux  évêques,  en  même  temps  qu'ils 
annonceraient  en  son  nom  son  abdication  aux  trois 
États  du  royaume,  de  faire  connaître  son  vœu  au 
peuple;  et,  en  témoignage  de  cette  intention,  il 
détacha  de  sa  main  l'anneau  qui  portait  son  signet  et 
le  mit  au  doigt  du  duc  de  Lancastre,  demandant  que 
cet  acte  même  fût  rapporté  aux  États  ^ 

Rien  ne  retenait  plus  ni  Lancastre  ni  les  commis- 
saires à  la  Tour.  Ils  prirent  congé  de  Richard. 

Le  lendemain  mardi,  30  septembre,  était  le  jour 
où  le  parlement  devait  se  réunir,  selon  les  lettres  de 
convocation.  La  grande  salle  de  Westminster  était 
pompeusement  parée,  le  trône  recouvert  de  drap 
d'or.  Tous  les  lords  spirituels  et  temporels  vinrent  se 
ranger  à  droite  et  à  gauche  selon  leur  titre  :  d'un 
côté  les  prélats^  de  l'autre  les  seigneurs,  Lancastre 
en  tête  ;  puis  York,  et  Aumarle  (Rutland),  fils  d'York  ; 
Surrey  et  Exeter,  le  neveu  et  le  frère  de  Richard  par  sa 
mère;  le  marquis  de  Dorset  (J.  de  Reaufort)  ;  et  après 
lui  les  comtes  dans-  leur  ordre  :  Arundel,  Norfolk, 
Pembroke,  Salisbury  (le  fidèle  ami  de  Richard!)  et 
Devonshire.  Les  comtes  de  Norlhumberland  et  de 
Westmoreland,  récemment  nommés  au  nom  de  Ri- 
chard, en  récompense  de  leurs  services  envers  Henri, 
Tun  connétable,  et  l'autre  maréchal,  allaient  çà  et  la 

1.  Hot.  Pari,  i.  m,  p.  ^17,  §  1^,  elKnighton,  p.  2745. 


;i399]  LA  DÉPOSITION   DE  RICHARD.  301 

selon  les  besoins.  Les  députés  des  communes,  et 
même  quelques  hommes  du  peuple»  remplissaient  le 
reste  de  la  salle.  Un  seul  siège  était  vide  :  le  trône 
(absque  présidente  quocunque).  (a) 

La  session  fut  ouverte  comme  à  Tavénement  de 
Richard,  par  un  discours  «  en  forme  de  sermon.  » 
L'archevêque  de  Canterbury  prêcha  sur  ce  texte  : 
Habuit  Jacob  henedicHonem  a  paire  suo  : 

Gomment  Jacob  avoit  eu 
Benison  en  lieu  d'Ésaii. 

Ésati,  c'était  Richard  :  tout  le  monde  savait  qui 
était  Jacob. 

Hélas  !  reprend  le  chroniqueur  : 

Hélas  !  quel  texte  de  sermon  ! 
Pour  montrer  en  conclusion 
Le  faisoit,  que  le  roi  Richart 
Ne  devoit  avoir  nulle  part 
A  la  couronne  d'Engleterre. 

Après  quoi,  en  vertu  des  pouvoirs  spéciaux  qu*il 
avait  reçus  de  Richard,  le  primat  déclara,  et  l'évêque 
deHereford  avec  lui,  que  Richard  avait  abdiqué,  signé 
Tacte  de  sa  main,  et  remis  son  anneau  à  Lancastre  : 
et  la  pièce  fut  lue  en  latin,  puis  en  anglais.  L'arche- 
vêque de  Canterbury,  reprenant  la  parole,  demanda 
aux  États  assemblés  s'ils  acceptaient  cette  abdication. 
La  réponse  fut  unanime.  Mais  une  abdication  volon- 
taire rompt-elle  irrévocablement  tout  lien  entre  le  roi 


302  LIVRE  DOUZIÈME.  [1399] 

et  le  peuple?  et  que  serait-ce,  si  l'on  prouvait  un 
jour  qu'elle  avait  été  forcée?  C'est  un  doute  que  plu- 
sieurs avaient  eu;  et  si  Ton  amena  Richard  à  signer 
son  abdication  par  l'espoir  d'échapper  ainsi  à  une 
déposition  dégradante,  c'est  un  mensonge  de  plus 
dans  la  série  de  ces  mensonges  :  car  la  difficulté  avait 
été  prévue  d'avance,  et  le  remède  était  tout  préparé. 
«  Pour  lever  tous  les  scrupules,  »  comme  dit  le  procès - 
verbal,  on  avait  rédigé  contre  Richard  un  acte  d'ac- 
cusation en  trente  articles^  dont  on  donna  immédia- 
tement lecture  au  peuple.  Comme  Richard,  dans 
son  abdication,  reconnaissait  qu'il  avait  mérité  de 
perdre  la  couronne,  ce  dernier  acte  servait  de  fonde- 
ment à  l'autrey  et  les  faits  contenus  dans  ces  trente 
articles  devenaient  autant  de  crimes  avoués  par  le 
roi  (a)  ! 

Nous  ne  relèverons  point  dans  le  détail  tous  les 
griefs  imputés  à  Richard,  griefs  pour  la  plupart  exa- 
gérés par  la  haine,  privés  de  leurs  excuses,  ou  pour 
le  moins  dénués  de  toute  preuve  :  qu'il  a  dissipé 
en  dons  les  biens  de  l'État  (art.  1);  mangé  en  fêtes 
ses  revenus,  et  endetté  le  pays  malgré  les  trêves  pro- 
longées (art.  15);  emprunté  sans  remboursement 
(art.  14)  ;  emporté  le  trésor  en  Irlande,  au  risque  de 
le  perdre  (art.  24),  et,  à  l'occasion  de  cette  guerre, 
fait  aux  diverses  abbayes  des  réquisitions  de  chevaux, 
voitures  ou  autre  chose  :  ce  qui  est  contraire  aux 
libertés  de  l'Égiise  anglicane  {in  derogationem  liber- 
tatis  ecclesiasticce  manifestam,  art.   22).    Nous   nous 


[1399]  LA  DÉPOSITION  DE  RICHARD.  ?03 

arrêterons  moins  encore  sur  les  faits  de  la  résistance 
du  roi  à  l'usurpation  de  Glocester  :  la  consultation 
de  Nottingham  opposée  à  la  commission  de  l'an  x 
(art.  2)  ;  les  troupes  levées  dans  le  Cheshire  pour  at- 
taquer Glocester  dans  son  triomphe  (art.  3).  —  Mais 
après  que  Richard  eut  triomphé,  il  fut  loin  d'être 
sans  reproche;  et  ici  l'accusation  n'a  qu'un  tort,  c'est 
d'amoindrir  par  l'entassement  des  petites  choses  im- 
putées au  roi  les  faits  plus  graves  dont  il  était  cou- 
pable :  le  procès  de  Glocester,  conduit  contre  toutes 
les  formes  de  la  justice,  et  ne  se  fondant,  malgré  les 
proclamations  contraires,  sur  aucun  fait  nouveau 
(art.  6);  l'amnistie  supprimée,  et  en  conséquence 
Glocester  mis  à  mort  sans  jugement,  Arundel  déca- 
pité, Warwick  exilé  dans  une  île,  et  tous  ceux  qui, 
de  près  ou  de  loin,  avaient  eu  part  à  leur  entreprise, 
forcés  de  se  racheter  à  prix  d'argent  (art.  4,  6,  7, 
32).  On  insistait  davantage  et  avec  plus  de  raison 
encore,  sur  la  période  de  despotisme  inaugurée  par 
le  procès  de  Glocester  :  les  pouvoirs  obtenus  du  par- 
lement à  Shrewsbury  pour  créer  un  comité  qui  tînt 
lieu  de  parlement;  la  bulle  demandée  au  pape  pour 
sanctionner  ces  nouveaux  statuts,  au  risque  de  sa- 
crifier l'indépendance  de  la  couronne  à  une  puissance 
étrangère;  l'intervention  illégale  du  roi  dans  la  no- 
mination ou  le  maintien  des  vicomtes  et  dans  les 
libres  élections  au  parlement  (art.  19),  et  divers 
autres  abus  de  pouvoir  plutôt  affirmés  d'ailleurs 
qu'établis  (a). 


304  LIVRE  DOUZIEME.  [1399] 

Tels  furenl  les  griefs  allégués  contre  le  roi.  Vrais 
ou  faux,  ils  ne  (levaient  être  tenus  pour  constants 
qu'après  avoir  été  débattus  et  prouvés  devant  lui.  On 
lui  avait  promis  qu'il  paraîtrait  devant  ses  juges,  et 
c'est  le  droit  de  tout  accusé,  fût-il  souverain  ;  mais 
on  ne  tint  compte  ni  de  ce  droit  ni  de  cette  pro- 
messe. Les  crimes  de  Richard  furent  censés  établis 
par  ses  prétendus  aveux,  sans  que  personne  fût  admis 
à  représenter  l'accusé  ni  à  exposer  sa  défense \ 

On  dit  pourtant  que  l'évêque  de  Carlisle ,  indigné 
de  cette  iniquité,  ne  put  se  contenir  davantage,  et, 
se  levant  de  son  siège,  réclama  la  parole.  Il  osa  sou- 
tenir qu'aucun  des  membres  présents  n'avait  le  droit 
de  juger  le  roi;  que,  dût-il  être  jugé^  il  y  avait  des 
formes  à  suivre;  qu'il  n'était  si  mauvais  meurtrier 
ni  si  faux  traître  qu'on  n'amenât  du  moins  devant  le 
juge  pour  ouïr  son  jugement  :  qu'on  ne  pouvait  donc 
condamner  le  roi  Richard  sans  avoir  sa  réponse  et 
sans  qu'il  fût  présent.  Et,  s'enhardissant  à  mesure 
qu'il  parlait,  il  soutint  que  le  duc  de  Lancastre  avait 
plus  failli  contre  le  roi  Richard  que  n'avait  fait  le 
roi  contre  lui  :  «  Car,  dit-il^  on  peut  bien  savoir  que 
Mgr  le  duc  fut  banni  pour  dix  ans  par  le  conseil  du 
royaume  et  par  le  jugement  de  son  propre  père,  et  il 
est  revenu  au  pays  sans  la  volonté  du  roi  ;  il  a  fait 
pis  :  il  est  assis  en  la  chaise  de  justice,  où  nul  sei- 
gneur ne  doit  être  assis  sinon  le  droit  roi  couronné 

1.  Rot.  Pari,  t.  III,  p.  422,  §  51;  Knighton,  p.  2756. 


l?^99]  LA  DÉPOSITION  DE  RICHARD.  305 

d'Angleterre.  Pour  ce,  je  dis  que  vous  devez  faire 
venir  le  droit  roi  couronné,  le  roi  Richard,  en  pré- 
sence du  plein  parlement,  pour  lui  laisser  montrer 
sa  raison  et  son  droit,  et  pour  ouïr  s'il  voudroit 
donner  sa  couronne  au  duc  ou  non  (a).  » 

Le  duc  répondit  en  ordonnant  au  maréchal  de 
mettre  la  main  sur  l'évêque  et  de  le  conduire  prison- 
nier à  Saint-Alban.  Nul  autre  n'essaya  de  relever  une 
cause  si  périlleuse  pour  le  défenseur.  On  désigna  des 
commissaires  qui,  séance  tenante,  rédigèrent  et  pro- 
noncèrent la  sentence  de  déposition;  ce  furent  eux 
aussi  que  l'on  chargea  de  l'aller  signifier  à  Richard, 
et  de  lui  retirer  l'hommage  de  la  nation  (6). 

Aussitôt  Henri  de  Lancastre  se  leva  de  sa  place,  et 
se  tenant  droit  pour  être  vu  de  tout  le  peuple,  il  fit 
le  signe  de  la  croix  sur  son  front  et  sur  sa  poitrine, 
invoqua  le  nom  de  Jésus,  et  réclama  la  couronne 
d'Angleterre  en  ces  termes,  dont  le  procès-verbal  a 
donné  le  texte  même  en  anglais  : 

«  Au  nom  du  Père,  du  Fils  et  du  Saint-Esprit  Je, 
Henri  de  Lancastre,  réclame  ce  royaume  d'Angleterre 
et  la  couronne,  avec  toutes  ses  dépendances  et  appar- 
tenances, au  nom  du  sang  royal  que  je  tiens  direc- 
tement du  roi  Henri,  et  par  le  droit  que  Dieu,  de  sa 
grâce,  m'a  donné  avec  l'aide  de  mes  parents  et  de 
mes  amis  pour  le  recouvrer,  quand  le  royaume  était 
au  point  de  se  perdre  par  défaut  de  gouvernement  et 
violation  des  lois  (c).  » 

Les  seigneurs  spirituels  et  temporels  et  le  peuple 

11  —  20 


306  LIVRE  DOUZIÈME.  [1399J 

tout  entier  répondirent  unanimement  qu'ils  l'accep- 
taient pour  roi;  et  alors  Henri  leur  montra  l'anneau 
de  Richard,  comme  un  signe  que  le  dernier  roi  y 
avait  adhéré  lui-même.  Puis  l'archevêque  de  Canter- 
bury,  le  prenant  par  la  main,  le  mena  au  trône. 
Henri  s'agenouilla  sur  les  degrés,  fit  une  courte 
prière;  après  quoi,  les  deux  archevêques  (de  Ganter- 
bury  et  d'York)  le  firent  asseoir  sur  le  siège  royal, 
aux  applaudissements  de  tout  le  peuple  (a). 

Quand  le  silence  se  fut  rétabli,  l'archevêque  de 
Canterbury  prêcha  sur  ce  texte  :  «  Un  homme  com- 
mandera au  peuple,  Vir  dominabitar  populo.  »  Ces 
paroles  dites  par  le  Roi  des  rois  à  Samuel,  il  montrait 
qu'elles  pouvaient  s'appliquer  au  nouveau  roi,  et 
que,  bien  méditées,  elles  devaient  remplir  de  conso- 
lation. «  Dieu,  disait-il,  ne  nous  menace  plus,  comme 
il  menaçait  les  Juifs  par  Isaïe,  disant  :  «  Je  leur  don- 
ce  nerai  des  enfants  pour  princes.  »  Ce  n'est  plus 
un  enfant  qui  nous  gouverne,  mais  un  homme,  Vir 
dominabitur  populo.  On  pouvait  dire  autrefois  des 
chefs  de  ce  royaume  ces  paroles  de  l'Apôtre  :  «  Lorsque 
«  j'étais  enfant,  je  parlais  en  enfant,  je  sentais  en 
«  enfant,  je  jugeais  en  enfant,  Cum  essem  parvulus, 
«  loquebar  ut  parvulus,  sapiebam  ut  parvulus,  cogi- 
«  tabam  ut  parvulus.  »  Et  l'orateur  commentait  cha- 
cune de  ces  propositions  pour  rabaisser  le  dernier 
roi  et  relever  Tautre  :  «  Ce  ne  sera  plus  un  enfant 
qui  régnera,  mais  un  homme,  un  homme  de  qui  on 
pourra  dire  :  «  Heureux  l'homme  qui  n'a  point  failli 


[1399]  LA  DÉPOSITION  DE  RICHARD.  307 

c(  dans  son  langage,  Beatus  vir  qui  non  est  lapsus  in 
a  lingua;  heureux  l'homme  qui  demeurera  dans  la 
«  sagesse,  Beatus  vir  qui  in  sapientia  morabitur-,  »  un 
homme  qui  n'agira  pas,  comme  un  enfant,  selon  son 
caprice,  mais  qui  fera  la  volonté  de  Dieu  :  Non  veni 
facere  volimtatem  meam^  sed  ejus  qui  misit  me;  un 
homme  enfin  dont  on  dira  ;  «  Le  roi  régnera,  et  il 
«  fera  régner  1  e  droit  et  la  justice  sur  la  terre,  Regnabit 
«  reœ,  et  sapiens  erity  et  faciet  judicium  et  justitiam  in 
i<  terra\  » 

Après  ce  discours,  Henri  se  leva,  et  pour  confirmer 
les  heureux  présages  de  l'archevêque,  il  dit  (le 
procès-verbal  garde  encore  les  paroles  en  anglais)  : 

«  Messieurs,  je  remercie  Dieu,  et  vous  tous,  lords 
spirituels  et  temporels,  et  tous  les  États  du  pays,  et 
je  vous  fais  savoir  que  ce  n'est  pas  ma  volonté  que 
personne  puisse  penser  que  par  voie  de  conquête  je 
veuille  priver  personne  de  son  héritage,  franchise 
ou  autre  droit  qu'il  peut  avoir,  ni  le  mettre  hors  de 
ce  qu'il  a  ou  a  gagné  selon  les  bonnes  lois  et  cou- 
tumes du  royaume  :  excepté  les  personnes  qui  ont 
agi  contre  le  bon  propos  et  le  commun  profit  du 
royaume".  » 

Richard  déposé,  tous  les  pouvoirs  émanés  de  lui 
devenaient  caducs  :  plus  de  parlement,  plus  de  jus- 
tice. Pour  ne  point  laisser  chômer  la  justice,  Henri 
renouvela  Tinslitution  de  tous  les  officiers  et  reçut  le 

1.  Rot.  Pari. A.  III,  p.  423,  S  55. 

2.  Ibid.,  ^  56. 


308  LIVRE  DOUZIÈME.  [1399] 

serment  des  grands  dignitaires  et  des  juges;  quant 
au  parlement,  il  annonça  qu'il  le  convoquerait  pour 
le  lundi  suivant,  et  que  le  lundi  d'après,  jour  de  la 
Saint-Edouard,  il  serait  couronné  lui-même  à  West- 
minster. Convoquer  le  parlement  à  si  court  terme, 
c'était  supprimer  le  droit  d'élire  à  l'égard  de  tous 
ceux  qui  n'y  venaient  que  par  élection.  Les  mêmes, 
en  effet,  y  étaient  appelés,  et  ils  s'étaient  trop  bien 
montrés  pour  que  Henri  se  souciât  d'en  appeler  d'au- 
tres :  on  ne  fit  que  renouveler  au  nom  du  nouveau 
roi  les  lettres  qui  avaient  été  expédiées  au  nom  de 
Tancien.  Mais  Henri  déclara  qu'il  n'entendait  point 
par  là  porter  préjudice  aux  États  du  royaume,  ni  en 
tirer  exemple  pour  la  suite;  que  parce  bref  délai,  il 
ne  recherchait  qu'une  chose,  l'utilité  commune,  en 
épargnant  à  ses  sujets  un  surcroît  de  peine  et  de  dé- 
pense^ et  en  portant  remède  le  plus  vite  possible  aux 
maux  dont  le  peuple  souffrait  \ 

Henri  alors  se  leva  de  son  trône,  salua  le  peuple 
d'un  air  gracieux  au  milieu  des  acclamations  de  la 
foule,  et  passa  dans  la  salle  blanche,  où  un  grand 
festin  réunit  tous  les  principaux  seigneurs  du 
royaume  (a). 

Le  lendemain  s'accomplissait  une  autre  cérémonie  : 
les  commissaires  désignés  par  le  parlement  vinrent 
à  la  Tour  signifier  à  Richard  l'arrêt  de  sa  déchéance, 
et  lui  retirer  l'hommage  et  le  serment  de  fidélité  qu'il 

1.  Bot.  Pari,  t.  III,  p.  423,  §  57. 


[1399]  LA  DÉPOSITION  DE  RICHARD.  309 

avait  reçu.  L'acte  est  encore  donné  en  anglais,  et  il 
termine  l'extrait  du  procès-verbal  de  ce  parlement 
qui  avait  fait  tant  de  choses  en  une  journée.  Devant 
cette  sorte  de  défi  ajouté  à  sa  déposition,  Richard, 
dit-on,  se  borna  à  répondre  qu'il  ne  prétendait  plus 
à  ces  honneurs,  et  qu'il  espérait  que  son  cousin  vou- 
drait être  bon  seigneur  envers  lui  (a). 


II 


LE   SACRE   DE   HENRI   IV.    —   LA  CONDAMNATION   DE    RICHARD   II. 

Le  parlement  se  réunit,  comme  il  était  convoqué, 
le  lundi  G  octobre.  Le  nouveau  roi  siégeait  sur  son 
trône;  et  l'archevêque  de  Ganterbury,  après  avoir  rap- 
pelé l'objet  de  la  convocation,  fit  un  nouveau  dis- 
cours dont  il  prenait  le  texte  au  livre  des  Machabées  : 
«  C'est  à  nous  d'ordonner  le  royaume^  Incumbit  nobis 
ordinare  pro  regno.  »  Il  annonça  que  Henri  serait 
couronné  le  lundi  suivant,  et  invita  le  parlement  à 
s'ajourner  jusqu'au  lendemain  de  la  cérémonie.  Ce 
premier  jour  n'était  point  d'ailleurs  perdu  :  la  nou- 
velle assemblée  s'était  constituée  ;  on  y  lui  le  procès- 
verbal  de  la  déposition  de  Richard,  et,  en  l'adoptant, 
les  trois  Étals  consacraient  comme  parlement  de  la 
première  année  de  Henri  IV,  ce  qu'ils  avaient  lait 
comme  parlement  de  la  dernière  année  deRichard  II  (a). 

Le  couronnement  de  Henri  se  fit  avec  une  solennité 


310  LIVRE  DOUZIÈME.  [1399] 

extraordinaire.  Dès  la  veille,  il  avait  fait  quarante  ou 
cinquante  nouveaux  chevaliers.  Ils  figuraient  dans  son 
cortège  avec  les  ducs,  les  comtes  et  les  barons  d'Angle- 
terre, lorsque  de  la  Tour  où  il  avait  pris  sa  demeure, 
il  alla  en  grand  appareil,  la  devise  de  roi  de  France  au 
col_,  le  a  bleu  gertier  »  à  la  jambe  gauche,  tout  vêtu  d'or 
et  monté  sur  un  cheval  blanc,  s'établir  à  Westminster 
pour  se  préparer  à  la  cérémonie  du  lendemain.  Ce 
jour  donc,  fête  de  Saint-Edouard,  le  roi  s'étant  con- 
fessé (car  il  en  avait  bien  métier  (besoin)  dit  l'ancien 
manuscrit  de  Froissart)  ouït  trois  messes  selon  sa 
coutume,  puis  il  vint  prendre  sa  place  dans  le  cor- 
tège qui  l'attendait.  C'était  d'abord  le  clergé  venu  en 
procession  de  l'église  au  palais  pour  le  prendre  :  il 
marchait  devant  le  roi,  les  évêques,  mitres  en  tête,  et 
l'évêque  de  Londres  portant  le  Saint-Sacrement.  Le 
roi,  vêtu  de  l'habit  royal,  mais  sans  couronne,  s'avan- 
çait sous  uu  dais  de  drap  de  soie  soutenu  par  quatre 
bâtons  d'argent  à  clochettes  d'or  que  tenaient  quatre 
bourgeois  de  Douvres.  Près  de  lui  étaient  portées  les 
deux  épées:  à  droite,  l'épée  de  Saint-Edouard,  l'épée 
émoussée  (curtana),  signe  de  la  clémence;  à  gauche, 
l'épée  de  justice  :  la  première  dans  les  mains  de  son 
fils  aîné^  Henri;  la  seconde  dans  celles  du  comte 
de  Northumberland,  connétable;  le  comte  de  West- 
moreland,  maréchal,  portait  le  sceptre.  Derrière  ve- 
naient les  ducs,  comtes  et  barons,  vêtus  de  longues 
houppelandes  d'écarlate  avec  de  longs  manteaux  et  de 
grands  chaperons  fourrés  de  menu  vair. 


[1399]  LA  DÉPOSITION  DE  RICHARD.  311 

Quand  on  fut  dans  l'église,  le  roi  alla  occuper  le 
trône  couvert  de  drap  d'or  qu'on  avait  élevé  sur  une 
estrade,  et  l'évêque  de  Londres  officia.  Au  temps 
marqué  par  le  cérémonial,  Tarchevêque  de  Ganter- 
bury  s'adressant  au  peuple ,  dit  que  Dieu  leur  avait 
donné  un  roi,  et  demanda  s'ils  voulaient  qu'il  fût 
sacré  et  couronné. 

«  Oui!  »  répondirent-ils  en  tendant  les  mains. 

Sur  cette  acclamation,  on  procéda  au  sacre.  Après 
le  sacre  et  la  vêture,  on  apporta  la  couronne,  la  cou- 
ronne de  saint  Edouard.  Quatre  ducs,  les  premiers 
du  royaume,  la  soutenaient  pendant  la  bénédiction 
sur  la  tête  du  roi.  Puis,  l'évêque  de  Londres  ayant 
dit  la  messe,  le  cortège  royal  sortit  de  l'église  et  ra- 
mena le  roi  au  palais,  le  connétable  et  le  maréchal 
d'Angleterre  faisant  faire  place  devant  lui.  Au  ban- 
quet solennel  qui  suivit,  le  roi  siégeait,  ayant  à  sa 
droite  son  fils  aîné,  Henri,  et  à  sa  gauche  le  conné- 
nétable,  avec  les  deux  épées  que  l'on  a  vues  et  deux 
sceptres,  un  de  chaque  coté.  A  la  seconde  table 
étaient  d'un  côté,  les  représentants  des  cinq  ports; 
de  Tautre,  le  maire  et  les  aldermen  de  Londres;  et 
les  grands  officiers  remplissaient  auprès  du  roi  les 
devoirs  de  leur  charge  :  le  comte  de  Warwick  comme 
panetier,  Arundel  comme  grand  bouteillier,  le  mar- 
quis de  Dorsct  comme  grand  écuyer  tranchant,  le 
duc  d'Aumarle  comme  échanson.  Au  milieu  du  repas, 
le  chevalier  Dymock ,  armé  de  pied  en  cap,  l'épée 
nue  et  la  dague  au  côté,  entra  dans  la  salle  sur  son 


312  LIVRE  DOUZIÈME.  [1399] 

cheval  de  bataille,  défiant  à  outrance  quiconque  sou- 
tiendrait que  Henri  n'était  pas  roi  légitime,  —  exacte- 
ment comme  son  père,  au  sacre  de  Richard  :  c'était 
la  charge  de  sa  maison  I  II  fit  trois  fois  le  tour  de  la 
salle ,  et  personne  ne  relevant  son  défi ,  il  sortit 
comme  il  était  venu  (a). 

Cette  question  de  légitimité  ne  laissait  pas  que  de 
toucher  Henri  ;  et  il  n'avait  garde  de  se  résigner  à  la 
tenir  pour  contraire  à  sa  cause.  Dans  sa  réclamation 
devant  le  parlement ,  faisant  valoir  son  droit  au 
trône,  il  avait  remonté  à  Henri  III,  sans  tenir  compte 
des  Edouard!  comme  s'il  eût  craint  que  le  nom  du 
dernier  ne  rappelât  qu'après  Richard  II  il  y  avait  un 
prince  plus  proche  héritier  de  son  sang  :  Tenfant  du 
comte  de  la  Marche,  petit-fils  d'une  fille  de  Lionel, 
duc  de  Glarence,  frère  puîné  du  prince  de  Galles. 
C'était,  de  plus,  évoquer  tacitement  cette  fable  du 
prétendu  droit  d'aînesse  d'Edmond  Crouchback,  dont 
il  descendait  par  sa  mère,  sur  Edouard  P*"  chef 
de  sa  ligne  paternelle  :  droit  qu'il  avait  soin  de  ne 
pas  exposer  au  grand  jour;  mais  lequel  de  ces  lords 
songeait  à  dissiper  ces  ombres,  et  à  lui  demander  la 
production  des  chroniques  où  le  vieux  Jean  de  Gand 
avait,  dit-on,  enfoui  ce  mensonge,  dans  l'espoir 
qu'avec  le  temps  il  germerait  pour  sa  postérité?  C'eût 
été  pourtant  chose  difficile,  que  de  faire  rejeter  avec 
Richard  tous  ses  ancêtres  jusqu'à  Henri  III,  à  com- 
mencer par  le  prince  de  Galles  et  par  le  vainqueur 
de  Crécy.  Le  droit  de  succession  était  donc  bien  dou- 


[1399J  LA  DÉPOSITION  DE  RICHARD.  313 

teux,  et  le  droit  populaire  est  incertain  de  sa  nature  : 
il  peut  détruire  ce  qu'il  édifie.  Porté  au  trône  par 
une  révolution,  Henri  aurait  voulu  élever  sa  dynastie 
au-dessus  dépareilles  vicissitudes;  et  sentant  bien  ce 
qui  manquait  à  la  légitimité  de  sa  branche,  il  entre- 
prit d'y  suppléer  par  une  autre  sorte  de  droit  divin. 

On  se  rappelle  avec  quelle  dévotion  il  avait  pro- 
cédé en  toute  cette  affaire.  C'était  en  se  signant  au 
front  et  à  la  poitrine,  c'était  au  nom  de  la  sainte 
Trinité  qu'il  avait  demandé  la  couronne  de  Richard. 
Acclamé  par  le  peuple,  il  s'était  agenouillé  aux 
marches  du  trône,  et  ne  s'y  était  assis  qu'après  avoir 
fait  une  prière.  Il  avait  choisi  pour  son  couronne- 
ment le  jour  de  la  Saint-Edouard,  comme  pour  se 
placer  sous  le  patronage  du  saint  anglais  si  cher  à  la 
nation.  Il  s'était  confessé  ce  jour-là,  il  avait  ouï  trois 
messes  avant  la  messe  du  sacre  :  jamais  on  ne  vit 
plus  saint  homme  d'usurpateur!  C'est  à  la  Religion 
qu'il  demanda  d'imprimer  à  sa  race  un  caractère  qui 
la  consacrât  à  jamais;  et  pour  cela  il  imagina  de  se 
faire  oindre  d'une  huile  miraculeuse  :  une  huile  que 
la  sainte  Vierge  elle-même  avait  donnée  à  saint  Tho- 
mas de  Canterbury  pendant  son  exil,  en  promettant 
les  plus  grandes  choses  des  rois  qui  en  seraient 
sacrés'. 

Mais  d'où  lui  venait  celte  huile,  et  comment  n'en 
avait-on  pas  usé  plus  tôt?  il  y  a\ait  sur  ce  point 

1.  Walb.,  \K  360  et  361. 


3U  LIVRE  DOUZIÈME.  [1399] 

toute  une  histoire.  Cette  huile,  contenue  dans  une 
ampoule  de  pierre  renfermée  elle-même  dans  un 
aigle  d'or,  Henri,  premier  duc  de  Lancastre,  l'avait 
reçue  jadis^  pendant  ses  guerres  de  France,  d'un  saint 
homme  qui  l'avait  découverte  par  révélation.  Le  duc 
la  remit  loyalement  au  Prince  Noir,  et  celui-ci  la  dé- 
posa à  la  Tour,  dans  un  coffre  scellé,  comptant  bien 
s'en  servir  à  scn  sacre;  mais  le  Prince  Noir  mourut 
avant  son  père,  et  Richard  fut  sacré  sans  que  le 
précieux  dépôt  fût  connu  de  personne.  Ce  fut  seu- 
lement en  1399  qu'il  retrouva  et  l'aigle  et  l'huile 
sainte,  avec  une  lettre  écrite  de  la  propre  main  de 
Thomas  Becket  (aucune  garantie  n'y  manque).  Ri- 
chard, connaissant  alors  la  vertu  de  cette  huile, 
demanda  à  l'archevêque  de  Canterbury  de  l'en  sa- 
crer de  nouveau;  mais  l'archevêque  refusa,  disant 
qu'on  ne  pouvait  être  oint  plus  d'une  fois.  Le  roi  la 
garda  donc,  et  il  l'avait  emportée  avec  lui  en  Irlande. 
Revenu  en  Angleterre^  et  tombé  entre  les  mains  de 
Henri,  il  l'avait  rendue  à  l'archevêque,  disant  qu'il 
voyait  bien  que  la  Providence  divine  l'avait  réservée 
pour  un  autre  ^ 

Voilà  ce  qu'on  répandait  dans  le  peuple,  le  jour  du 
sacre,  et,  pour  que  nul  n'en  doutât,  on  publiait  la 
lettre  de  saint  Thomas  de  Canterbury.  Le  Religieux 
de  Saint-Denis,  que  ses  affections  ne  portent  guère  à 
y  croire,  se  fait  pourtant  scrupule  de  la  rejeter,  et 

1.  Wals.,  p.  361. 


[1399]  LA  DÉPOSITION  DE  RICHARD.  315 

renregislre  dans  sa  chronique  pour  que  la  postérité 
juge  si  le  poi  sacré  de  cette  huile  tiendra  tout  ce  qui 
en  est  promis.  Ce  n'est  point  saint  Thomas  seule- 
ment, c'est  la  sainte  Vierge  qui  parle  dans  la  lettre. 
«  Une  nuit,  fait-on  dire  au  saint,  que  j'étais  en 
prière  dans  Téglise  de  Sainte-Colombe,  je  demandai 
à  la  Reine  des  vierges  d'inspirer  au  roi  d'Angleterre 
et  à  ses  héritiers  le  désir  et  le  ferme  propos  de  s'a- 
mender, et  je  la  priai  d'obtenir  de  la  miséricorde 
de  Jésus-Christ  que  ce  prince  traitât  l'Église  avec 
plus  de  respect  et  d'amour.  Aussitôt  la  sainte  Vierge 
m'apparut,  ayant  en  son  sein  cet  aigle  d'or  et  tenant 
à  la  main  une  petite  ampoule  de  lapis.  Elle  tira 
l'aigle  de  son  sein,  y  enferma  l'ampoule,  et,  me  met- 
tant ces  deux  objets  dans  la  main,  m'adressa  les  pa- 
roles suivantes  :  «  Voici  l'onction  dont  doivent  être 
«  sacrés  les  rois  d'Angleterre ,  non  pas  ceux  qui 
«  régnent  maintenant,  mais  ceux  qui  régneront; 
V  car  ceux  qui  régnent  sont  et  seront  méchants,  ils 
«  ont  perdu  et  perdront  beaucoup  à  cause  de  leurs 
«  péchés.  Mais  les  rois  d'Angleterre  à  qui  cette  onc- 
«  tion  est  réservée  seront  débonnaires  et  se  feront 
«  les  champions  de  l'Église.  Ils  ne  recouvreront 
w  pacifiquement  le  pays  perdu  par  leurs  prédéces- 
«  seurs,  que  lorsqu'ils  auront  en  leur  pouvoir  celte 
«  ampoule  et  cet  aigle.  Celui  d'entre  eux  qui  le  pre- 
u  mier  recevra  cette  onction  recouvrera  paciCifue- 
«  ment  et  sans  rfforl  lo  pays  perdu  par  ses  prédéces- 
«  seurs,  <•''•-•   Vfliro  l-i  Normandie  ot  l'Aquifaino.  Cv? 


316  LIVRE  DOUZU^ME.  [1399] 

H  roi  sera  le  plus  grand  des  rois;  il  bâtira  des  églises 
«  enterre  sainte,  il  chassera  tous  les  païens  de  Babylone 
c(  et  construira  des  temples  dans  cette  ville.  Toutes  les 
«  fois  que  le  roi  portera  cet  aigle  sur  son  sein,  il  ob- 
«  tiendra  la  victoire  sur  ses  ennemis  ;  son  royaume  ira 
«  toujours  s'agrandissant.  Pourtoi,  tu  seras  martyr*.  » 

Thomas  fut  martyr  :  comment  douter  que  Henri 
ne  dût  être  ce  conquérant  prédit  (a)? 

Le  parlement,  qui  s'était  ajourné  au  lendemain 
du  sacre,  ayant  donné  la  couronne  à  Henri,  ne  lui 
marchanda  point  le  reste.  Il  lui  vota  tout  d'abord  le 
subside  des  laines,  non  plus  à  vie,  sans  doute,  mais 
pour  trois  ans;  puis  il  reprit  les  questions  qui 
avaient,  en  sens  divers,  tant  agité  le  règne  de  Ri- 
chard. On  annula  le  dernier  parlement,  le  parle- 
ment de  la  vingt  et  unième  année  :  c'était  supprimer 
ce  qu'il  avait  établi  et  rétablir  ce  qu'il  avait  sup- 
primé. Mais  de  plus  on  confirma  expressément  le 
parlement  révolutionnaire  de  Tan  xi,  aboli  par  l'as- 
semblée de  l'an  xxi.  On  réhabilita  ceux  qu'il  avait 
condamnés,  on  leur  rendit,  à  eux  ou  à  leurs  héri- 
tiers, tout  ce  qu'ils  avaient  perdu  par  l'effet  de  la 
condamnation;  et  comme  pour  engager  plus  expressé- 
ment le  roi  dans  ces  décisions,  prises  d'ailleurs  avec 
son  concours,  on  l'interrogea  en  assemblée  générale 
sur  les  deux  parlements,  on  le  pria  d'en  dire  son 
avis  :  et  il  répondit  dans  le  sens  que  l'on  pouvait 

1.  Reli,y:ieux  de  Saint-Denys,  XX,  13,  t.  H,  p.  729,  delà  traduction 
de  M.  Bellaf^uet. 


[1399]  LA  DÉPOSITION  DE  RICHARD.  317 

attendre.  Il  déclara  en  outre  (ce  qui  avait  plus  d'im- 
portance) que  les  pouvoirs  donnés  à  un  comité  pour 
résoudre,  en  l'absence  et  par  l'autorité  du  parlement, 
les  questions  pendantes^  lui  semblaient  contraires 
aux  statuts  du  royaume.  Il  ajouta  que  sa  volonté  était 
que  rien  de  pareil  ne  se  fît  à  l'avenir,  et  que  nul  ne 
fut  jugé  comme  traître,  si  ce  n'est  conformément  au 
slatut  d'Edouard  III  :  déclaration  accueillie  avec  en- 
thousiasme comme  une  sauvegarde  contre  l'arbitraire, 
mais  qui  jamais  n'avait  su  ni  ne  pouvait  sauver  per- 
sonne de  la  violence  des  passions  politiques  (a). 

Henri  se  fit  donner  ce  jour  même  un  nouveau 
gage  du  dévouement  du  parlement,  et  comme  une 
sanction  nouvelle  de  la  révolution  qui  transférait  la 
couronne  à  sa  race.  Depuis  le  temps  d'Edouard  P'", 
l'héritier  du  trône  était  prince  de  Galles.  Le  roi  fit 
demander  au  parlement  par  l'archevêque  de  Canter- 
bury,  s'il  approuvait  qu'il  conférât  à  son  fils  les  titres 
ordinairement  donnés  au  fils  aîné  du  roi  (prince  de 
Galles,  duc  de  Cornouailles  et  comte  de  Chester)  et 
s'il  le  voulait  reconnaître  pour  héritier  de  la  cou- 
ronne ;  ce  que  l'assemblée  vota  par  acclamation. 
Alors  Henri,  siégeant  sur  son  trune,  posa  une  cou- 
ronne ouverte  sur  la  tête  de  son  fils  ;  il  lui  mit  au  doigt 
un  anneau,  une  verge  d'or,  dans  la  main  le  baisa  et 
le  fit  asseoir  selon  le  cérémonial  de  l'investiture'. 

1.  Rot.  Pari,  t.  III,  p.  426,  §  17  (15  octobre);  cf.  Rymer,  t.  VIII, 
p.  94  (14  octobre)  pour  la  principauté  de  Galles.  Le  duché  de  Cor- 
nouailles et  le  comté  do  Chester  lui  sont  donnés  par  un  acte  du 
lendemain.  {Ibid.,  p.  91,  92.) 


318  LIVRE  DOUZIÈME.  [1399] 

La  nomination  sur  laquelle  il  consultait  le  parlement 
était  signée  de  lui  dès  la  veille  : 

Il  ly  donna  la  terre, 

dit  Creton; 

Mais  je  cuide  bien  que  conquerre 
Ly  fauldra,  s'il  la  veult  avoir, 
Car  les  Gallois  pour  nul  avoir 
Ne  le  tenroient  à  seigneur  \ 

Ces  mesures  prises,  les  communes  voulurent  re- 
venir en  particulier  sur  plusieurs  des  actes  du  mau- 
vais parlement,  comme  on  appelait  le  parlement  de  la 
vingt  et  unième  année  de  Richard  ;  et  elles  insistaient 
sur  les  cinq  articles  suivants  :  T  Henri  banni  sans 
motif,  lorsqu'il  était  prêt  à  répondre  à  l'appel  du  duc 
de  Norfolk;  2^^  l'archevêque  de  Canterbury  jugé  sans 
être  entendu  ;  3"  le  duc  de  Glocester  mis  à  mort  sans 
être  jugé;  4"  le  comte  d'Arundel  condamné^  bien 
qu'il  invoquât  les  chartes  de  pardon  ;  Ô""  tous  les  pou- 
voirs du  parlement  remis  aux  mains  de  quelques 
personnes.  Et  comme  les  choses  dont  on  se  plaignait 
n'avaient  pu  se  faire  sans  l'avis  de  ceux  qui  étaient 
du  conseil,  elles  demandaient  qu'on  les  mît  en  ar- 
restation, ou  qu'on  exigeât  d'eux  caution  jusqu'à  plus 
ample  informé  {a). 

La  mort  de  Glocester  était  de  ces  cinq  articles 
celui  qui  devait  le  plus  émouvoir  l'assemblée  et  pro- 
voquer ses  vengeances. 

1.  Creton,  p.  435.  Le  pays  de  Galles,  en  effet,  fut  bientôt  en  ré- 
volte. Voyez  ci-après. 


[1399]  LA  DÉPOSITION  DE  RICHARD.  319 

ïl  y  avait  alors  dans  les  prisons  de  Londres  un 
homme  dont  les  révélations  pouvaient  éclairer  sur 
cette  tragique  affaire  :  c'était  William  Bagot,  l'un 
des  quatre  principaux  conseillers  de  Richard,  qui, 
n'ayant  pas  été  avec  les  trois  autres  à  Bristol,  avait 
échappé  aux  premières  exécutions.  Mais  depuis  il 
avait  été  pris,  et  il  semblait  qu'il  ne  dût  point  tarder 
à  rejoindre  ses  collègues,  s'il  est  vrai  que  Henri  ait 
dit  de  lui,  parlant  de  tous  les  quatre  :  «  Desquels 
j'envoyai  trois  têtes  à  Londres,  et  la  quarte  nous 
avons  en  nos  prisons.  »  La  quatrième!  Le  prisonnier 
n'était  plus  qu'une  tête  comme  les  trois  autres,  aux 
yeux  du  roi  :  il  en  parlait  comme  si  elle  était  déjà 
au  bout  d'une  pique,  ou  sur  le  pont  de  Londres. 
Comme  elle  n'était  encore  qu'à  la  Tour,  on  voulut 
l'entendre  en  ce  débat  sur  la  mort  de  Glocester,  et 
le  prisonnier  fut  amené  devant  le  parlement  \ 

Bagot  n'avait  à  ménager  personne,  et  moins  que 
personne  ceux  qui,  comme  le  duc  d'Aumarle  (Rut- 
land),  avaient  si  tôt  abandonné  Ricliard  pour  le  pré- 
tendant. Il  remit  une  déposition  écrite  dont  on  donna 
lecture  au  parlement,  et  où  le  duc  était  singulièrement 
compromis  sur  les  questions  les  plus  graves.  Il  té- 
moignait de  la  grande  affection  que  Richard  portait 
au  dûc  d'Aumarle;  il  lui  avait  entendu  dire  que  s'il 
devait  renoncer  au  gouvernement  du  royaume,  c'est 
à  Aumarle  qu'il  le  voudrait  laisser  comme  au  plus 

l.  Chron.  anon.  uf).  LJuchon,  t.  XV,  p.  31. 


320  LTVRE  DOUZIÈME.  [1399] 

capable;  car  bien  qu'il  préférât  le  duc  deHerefbrd,  il 
craignait  que  ce  dernier,  s'il  était  roi,  ne  fût  un  tyran 
pour  l'Église.  Bagot  arrivait  ensuite  à  l'affaire  de 
Glocester.  Il  disait  qu'ayant  un  jour  rencontré  le  duc 
de  Norfolk  (Thomas  Mowbray,  comte  maréchal)  dans 
une  rue  de  Londres,  le  duc  lui  demanda  ce  qu'il  sa- 
vait de  la  manière  dont  Glocester  était  mort.  «  Je  n'en 
sais  rien,  avait  répondu  Bagot^  mais  on  vous  accuse 
de  l'avoir  fait  mourir.  »  Le  duc  jura  ses  plus  grands 
serments  que  cela  n'était  "pas  vrai;  qu'il  avait  gardé 
Glocester  en  vie  pendant  trois  semaines  et  plus,  contre 
la  volonté  du  roi  et  de  certains  lords  ;  et  que  jamais  il 
n'avait  tant  craint  pour  ses  jours,  que  quand,  reve- 
nant de  Calais,  il  reparut  en  présence  du  roi  sans  lui 
avoir  obéi.  Bagot  ajoutait  que  le  roi  l'avait  alors  en- 
voyé lui-même  à  Calais,  donnant  mission  à  l'un  de 
ses  serviteurs  et  à  des  serviteurs  d'autres  lords,  d'al- 
ler avec  lui  pour  être  témoins  de  la  mort  de  Glocester; 
pour  sa  part,  il  jurait,  comme  il  en  pouvait  répondre 
devant  Dieu,  que  jamais  il  n'avait  donné  son  assen- 
timent à  ce  que  le  duc  mourût  de  la  sorte;  qu'il  y 
était  allé  uniquement  par  crainte  du  roi  et  pour  sau- 
ver sa  propre  vie.  Il  affirmait  qu'il  n'y  avait  personne 
dans  tout  le  royaume  à  qui  Richard  fût  plus  redevable 
qu'au  duc  d'Aumarle  ;  car  c'était  celui  qui,  pour  lui 
complaire,  avait  amené  tout  ce  qui  avait  été  fait  contre 
Glocester  et  les  autres  lords  ^ 

1.  Jeudi   16  octobre.  Ghron.  Ms.  Bodl.,  2376,  f  207'^  et  suiv. 
Archaol^  t.  XX,  p.  278. 


[1399]  LA  DÉPOSITION  DE  RICHARD.  321 

Dans  ce  bill,  qui  contenait  plus  d'un  aveu  compro- 
mettant pour  lui,  Bagot  avait  eu  soin  de  se  ménager 
des  excuses,  non  sans  incriminer  Richard  (mais  cha- 
cun se  déchargeait  sur  lui  sans  scrupule).  Il  parlait 
des  intrigues  secrètes  du  dernier  roi  contre  le  nou- 
veau^ quand  celui-ci  était  encore  en  exil,  intrigues 
dont  il  se  vantait  d'avoir  instruit  le  prince  en  France 
par  un  intermédiaire  qu'il  nommait.  Il  finissait  par 
un  dernier  trait  contre  le  duc  d'Aumarle  ;  celui-ci 
avait  dit  qu'il  voudrait  pour  20  000  l.  que  le  duc  de 
Hereford  fût  mort,  non  qu'il  le  craignît,  mais  pour 
épargner  au  pays  le  trouble  où  le  duc  le  devait 
jeter  (a). 

Après  la  lecture  de  ce  bill  accusateur,  le  duc  d'Au- 
marle se  leva,  dit  que  tout  ce  qu'on  venait  d'entendre 
était  faux,  et  s'engagea  à  le  prouver  corps  pour  corps 
ou  de  toute  autre  manière.  Le  duc  d'Exeter  (Jean  de 
llolland)  se  leva  ensuite  et  somma  Bagot,  s'il  avait 
quelque  chose  à  dire  contre  lui,  de  le  faire  publi- 
quement. Bagot  répondit  qu'il  n'avait  rien  à  dire  : 
«  Mais  il  y  a,  dit-il,  à  Newgate  un  certain  John  Halle 
qui  pourra  parler. 

—  Eh  bien!  dit  le  duc,  j'ai,  moi,  quelque  chose  à 
dire  sur  vous.  » 

Et  il  raconta  qu'un  jour  que  le  roi  était  à  Wood- 
stock,  il  fut  mandé  près  de  lui  dans  la  chapelle  où  il 
le  trouva  avec  Norfolk  et  Bagot;  et  là,  les  portes  étant 
fermées,  on  le  requit  de  jurer  sur  Tautel  qu'il  garde- 
rait secret  ce  qui  lui  serait  comnmniqué.  Le  roi  (mais 

II  —  21 


322  LIVRE  DOUZIÈME.  [1399] 

est-ce  bien  Jean  de  Holland  son  frère  qui  a  parlé 
ainsi?)  le  roi  donc  lui  dit  qu'ils  n'arriveraient  jamais 
à  leurs  fins  tant  que  vivrait  le  duc  de  Lancastre.  11 
proposait  de  tenir  un  conseil  à  Lichfield,  d'y  arrêter 
le  prince,  et,  sous  prétexte  de  résistance,  de  se  dé- 
barrasser de  sa  personne,  «  C'est  ainsi,  s'écria  le  duc 
d'Exeter,  que  vous  avez  machiné  sa  mort.  »  Quant  à 
lui-même,  dans  cette  conjoncture,  il  s'était  borné  à 
trouver  bon  que  le  roi  réunît  le  conseil,  disant  que 
si  le  projet  était  agréé,  il  ne  s'y  opposerait  pas,  et 
il  était  parti. 

Bagot,  ainsi  interpellé,  ne  fit  pas  de  réponse*. 

Mais  c'est  l'affaire  de  Glocester  qu'on  voulait  éclair- 
cir  avant  tout.  Bagot  avait  nommé  J.  Halle.  Le  roi 
ordonna  aux  lords  Berkeley  et  Lowel  d'aller  ce 
jour  même  l'interroger  dans  sa  prison.  J.  Halle  fit 
une  déclaration  qui  fut  recueillie  par  le  clerc  de  la 
couronne  (elle  porte  la  date  du  lendemain,  vendredi 
47  octobre);  et  le  jour  suivant  (samedi  18),  il  fut, 
ainsi  que  Bagot,  amené  à  la  barre  du  parlement.  On 
fit  quelques  questions  nouvelles  à  Bagot,  et  on  donna 
lecture  de  la  confession  de  J.  Halle.  Il  y  disait  que  le  roi 
et  le  duc  d'Aumarle^,  alors  comte  de  Rutland,  avaient 
envoyé  leurs  valets  pour  assister  à  l'exécution;  et  c'é- 
taient ces  derniers^  on  l'a  vu,  qui  avaient  le  principal 
rôle  dans  le  récit  qu'il  faisait  du  crime.  Gomme  le  duc 
d'Aumarle  niait  encore,  lord  Fitz-Walter  se  leva  et 

1.  Holinshed,  t.  II,  p.  511,  et  la  Chronique  du  Ms.  BodI.,  qui  re- 
prend au  dernier  trait.  ^ 


[1399]  LA  DÉPOSITION  DE  RICHARD.  32;i 

affirma  qu'il  était  coupable,  l'accusaat  pour  cela  de 
trahison  : 

t<  Je  le  prouverai,  dit-il,  corps  pour  corps,  et  voici 
mon  gage  !  » 

Il  jeta  son  gant,  et  vingt  autres  lords  ou  barons 
donnèrent  aussi  gage  contre  Aumarle. 

«  Vous  mentez  faussement,  s'écria  le  duc,  et  voici 
mon  gage!  » 

Et  il  jeta  son  chaperon  par  manière  de  défi. 

Le  duc  de  Surrey  s'était  levé  seul  comme  défenseur 
d'Aumarle  :  c'était  aussi  au  fond  sa  propre  cause. 

«  Vous  soutenez,  dit-il^  que  les  appelants  ont  été  les 
auteurs  de  la  mort  de  Glocester.  J'affirme  que  nous 
avons  été  forcés  de  poursuivre  cet  appel,  de  la  même 
manière  que  vous  avez  été  forcés  de  prononcer  le 
jugement  :  cette  poursuite  n'a  donc  pas  été  libre.  Si 
vous  dites  le  contraire,  vous  mentez!  » 

Et  il  jeta  son  gage.  Fitz-Walter  répliqua  qu'il  n'a- 
vait point  donné  jugement,  qu'il  n'était  point  à  ce 
parlement;  et  il  en  appela  au  témoignage  des  autres 
lords  :  mais  ceux-là  y  étaient,  et  l'argument  de  Sur- 
rey les  atteignait  sans  qu'ils  s'en  pussent  défendre. 
Aumarle,  reprenant  la  parole  sur  un  des  points  de  la 
confession  de  J.  Halle,  dit  que  si  le  duc  de  Norfolk 
(on  ne  connaissait  probablement  pas  encore  sa  mort) 
Taccusait  d'avoir  envoyé  deux  valets  à  Calais  pour 
faire  périr  le  duc  de  Glocester,  il  mentait  faussement  : 

H  Je  le  prouverai,  ajontn-t-iK  rorps  pour  corps,  et 
voici  mon  gage  !  |^ 


324  LIVRE  DOUZIÈME.  [1399] 

El  il  jeta  en  manière  de  défi  un  autre  chaperon  qu'il 
s'était  fait  donner  à  l'heure  même.  Le  gage  fut  ra- 
massé comme  les  autres  et  remis  au  connétable  et  au 
maréchal;  et  le  roi  déclara  qu'il  autoriserait  le  duc  de 
Norfolk  à  rentrer  dans  le  royaume  pour  répondre  au 
défi,  permission  dont  le  duc,  eût-il  été  vivant,  n'eût 
guère  usé,  sans  aucun  doute.  Mais  Henri  ne  voulait 
point  perdre  Aumarle.  Le  duc  d'York,  son  oncle,  père 
du  prince  accusé,  l'avait  accueilli,  dès  son  arrivée, 
loin  de  le  combattre.  Aumarle  lui-même  n'avait  pas 
attendu  la  chute  de  Richard  pour  venir  à  lui  :  il  avait 
hâté  la  ruine  du  malheureux  roi  en  le  quittant  pour 
rejoindre  son  rival.  Henri  ne  se  souciait  donc  point 
que  personne  relevât  ce  défi,  et  il  laissa  tomber  les 
autres.  Il  n'avait  garde  de  remettre  une  cause  déjà 
gagnée  pour  lui  au  hasard  de  ces  batailles  (a). 

Bagot  fut  ramené  à  la  Tour.  Le  parlement  lui  sa- 
vait gré  d'avoir  chargé  le  duc  d'Aumarle,  Henri 
d'avoir  chargé  Richard  :  c'était  motif  d'indulgence, 
quand  bien  même  l'ancien  ministre  du  roi  déposé 
n'eût  pas  racheté  ses  fautes  auprès  du  nouveau  roi 
par  des  révélations,  faites  à  temps,  sur  les  intrigues 
dont  ce  prince  avait  été  l'objet  jusque  dans  son  exil. 
Le  prisonnier  ne  tarda  pas  longtemps  à  être  mis  en 
liberté,  et  le  parlement  suivant  demanda  qu'il  fût 
rétabli  dans  ses  biens.  Quant  à  J.  Halle,  il  paya  pour 
tous  les  autres.  Vraie  ou  fausse,  sa  confession  ne  lui 
servit  guère,  et  on  ne  lui  laissa  pas  le  temps  de  se 
raviser.  Les  seigneurs,  consultés  sur  la  peine  qu'il 


{ 


[1399]  LA  DÉPOSITION   DE  RICHARD.  325 

méritait,  déclarèrent  qu'il  n'y  en  avait  point  de  trop 
grave  pour  son  crime.  Il  fut  condamné  au  supplice 
des  traîtres,  et,  le  jour  même,  traîné  de  la  Tour  jus- 
qu'aux fourches  de  Tibourne  :  on  l'éventra,  on  prit 
de  ses  entrailles  que  Ton  brûla  devant  lui;  après 
quoi  il  fut  pendu,  décapité  et  mis  en  quartiers.  Sa 
tête  fut  envoyée  à  Calais,  lieu  du  crime,  et  les  quar- 
tiers où  il  plut  au  roi  (a). 

Les  communes  ne  se  tenaient  point  pour  satisfaites 
d'une  telle  victime.  Aumarle  leur  avait  échappé  sur 
la  question  du  meurtre  de  Glocester;  mais  il  y  avait 
d'autres  moyens  de  le  reprendre^  lui  et  d'autres  en- 
core.  Elles  prièrent  le  roi  de  faire  arrêter  tous  les 
seigneurs  spirituels  ou  temporels  qui  avaient  été  du 
conseil  de  Richard  :  «  Car  il  y  avait,  disaient-elles, 
certains  prélats  ou  seigneurs  qui  avaient  prédit  à 
Richard,  par  nécromancie,  qu'il  périrait  si  d'autres 
n'étaient  mis  à  mort;  »  ils  étaient  donc  coupables  de 
l'avoir  poussé  à  les  faire  mourir.  Le  roi  se  refusa  à 
donner  un  ordre  qui,  conçu  en  termes  généraux,  pou- 
vait mettre  trop  de  monde  en  péril.  Il  dit  qu'il  ne  le 
ferait  que  si  les  noms  étaient  produits.  Elles  deman- 
dèrent alors  que  les  registres  du  «  mauvais  parle- 
ment »  fussent  apportés  :  on  y  devait  voir  les  noms 
des  coupables  (samedi  18  octobre)'. 

En  conséquence,  le  mercredi  22  octobre,  les  re- 


1.  Chron.  Ms.  Bodl.  Archxol.,  t.  XX,  p.  279.  Le  lundi  était  l'oc- 
tave de  la  Saint-Edouard;  le  mardi,  le  roi  fut  retenu  avec  les  am- 
bassadeurs de  France.  Le  mercredi  fut  le  premitr  jour  libre. 


326  LIVRE  DOUZIÈME.  [1399] 

gistres  demandés  turent  produits.  On  y  lut  les  ap- 
pels (ou  accusations)  portés  contre  Glocester  et  ses 
amis,  la  commission  donnée  aux  Douze  pour  tenir 
lieu  du  parlement  en  son  absence.  Divers  noms 
étaient  compromis  dans  ces  actes,  voire  celui  de 
Henri  lui-même,  qui  maintenant  présidait  à  ces  re- 
présailles. Mais  il  en  était  un  qui  dominait  tous  les 
autres  et  se  trouvait  partout  :  celui  de  Richard.  L'an- 
cien roi  n'était-il  pas  couvert  par  son  tUre  ?  et  le 
parlement  n'avait-il  pas  épuisé  son  droit  sur  lui  en 
le  déposant?  La  question  était  simple,  et,  pour  la 
résoudre,  il  n'était  pas  besoin  des  deux  juriscon- 
sultes que  les  communes  s'étaient  fait  adjoindre; 
mais,  quel  qu'ait  été  l'avis  de  ces  derniers,  elles  déci- 
dèrent que  le  roi,  après  son  abdication  et  sa  déposi- 
tion, étant  ramené  au  niveau  commun,  il  pouvait 
répondre  de  ses  actes  comme  tout  autre  homme ,  et 
elles  entendaient  parler  des  actes  qui  avaient  précédé 
sa  déchéance  !  Elles  insistèrent  donc  pour  qu'on  le 
jugeât  et  qu'on  publiât  la  sentence,  afin  que  le 
royaume  ne  fût  pas  mis  en  trouble.  Henri  devait  être 
touché  de  cette  dernière  raison.  Il  voyait  la  cou- 
ronne décernée  à  lui  et  à  sa  race;  mais  Richard  était 
là,  et  pouvait  provoquer  la  sympathie  maintenant 
qu'il  était  tombé  :  car  plusieurs  avaient  été  entraînés 
plus  loin  qu'ils  ne  l'eussent  voulu,  et  cette  sorte  d'en- 
traînement laisse  après  soi  plus  d'un  regret.  La  de- 
mande des  communes  allait  donc  au-devant  de  ses 
vœux,  et  peut-être  ne  faisait  que  les  suivre.  H  l'agréa, 


[1399]  LA  DÉPOSITION  DE  RICHARD.  327 

et  ce  fut  le  lendemain  jeudi,  23  octobre,  que  le  sort 
de  Richard  fut  soumis  au  jugement  des  seigneurs*. 

La  délibération  s'entoura  d'un  mystère  qui  peut 
donner  matière  à  plus  d'une  conjecture. 

Selon  le  texte  même  des  procès-verbaux,  l'arche- 
vêque de  Canterbury^  ouvrant  la  séance,  somma,  au 
nom  du  roi,  les  lords  spirituels  et  temporels  de  s'en- 
gager sur  leur  foi  d'hommes  liges  à  ne  révéler  à  nul 
être  vivant  ce  qui  leur  serait  communiqué.  Puis  le 
comte  de  Northumberland  leur  demanda  de  quelle 
manière  ils  entendaient  que  l'on  gardât  Richard  pour 
la  sûreté  du  roi  et  du  royaume,  sans  toucher  à  sa 
vie,  «  car  le  roi,  dit-il,  voulait  en  toutes  manières 
qu'elle  fût  sauvée.  »  Chacun  des  prélats  et  des  lords 
fut  interrogé  séparément;  et  tous  souscrivirent  à  cette 
résolution  :  «  que  Richard  fût  tenu  en  garde  dans  un 
lieu  solitaire,  sous  la  surveillance  de  gens  sûrs;  que 
nul  de  ceux  qui  lui  avaient  été  familiers  n'approchât 
de  sa  personne,  et  que  cela  se  fît  le  plus  secrètement 
possible.  » 

La  décision  étant  prise,  les  prélats  et  les  lords  la 
signèrent.  On  est  heureux  de  ne  trouver  dans  la  liste 
des  signataires,  enregistrée  aux  rôles,  ni  l'évêque  de 
Carlisle,  ni  le  frère,  ni  le  neveu  du  roi  (Jean  de  Rol- 
land et  Thomas,  comte  de  Kent),  ni  Salisbury,  ni 


1.  La  chronique  citée  est  d'accord,  pour  cette  date  et  pour  celle 
de  la  sentence ,  avec  les  registres  du  parlement.  Le  conseil  des 
Douze,  comme  elle  l'appelle  ici  (p.  280),  comptait,  on  Ta  vu,  plus 
de  douze  membres.  (Voyez  ci-dessus,  p.  203.) 


328  I.IVRE  DOUZIÈME.  [1399] 

même  aucun  de  ceux  qui  avaient  été  fidèles  à  la  cause 
de  Richard  jusqu'à  sa  chute.  On  n'y  trouve  même  pas 
Rutland.  Mais  on  a  le  regret  d'y  lire,  parmi  d'anciens 
serviteurs  de  Richard,  le  nom  de  Richard  le  Scrop*. 

Cette  résolution  secrète  tenait  lieu  de  jugement  : 
ii  ne  s'agissait  plus  que  de  lui  donner  forme  de  sen- 
tence. Le  lundi  27  octobre,  le  roi  vint  en  la  grande 
salle  de  Westminster,  et  là,  du  consentement  des 
prélats  et  des  lords,  Richard,  naguère  roi  d'Angle- 
terre, fut  condamné  à  la  prison  perpétuelle ^ 

La  délibération  et  le  jugement  sont  consignés  dans 
les  procès-verbaux,  et  la  sentence  fut  rendue  dans 
la  grande  salle  de  Westminster,  en  plein  parlement. 
Quel  était  donc  Tobjet  de  ce  secret  absolu  exigé 
préalablement  de  chacun  des  seigneurs  sur  leur  foi 
d'hommes  liges?  et  à  quoi  servait-il  de  les  y  obliger, 
si  la  matière  de  la  délibération  devait  être  inscrite 
dans  les  registres,  et  le  jugement  qui  la  résume,  pu- 
blié dans  le  pays?  Aussi  a4-on  supposé  que  tout  n'a 
pas  été  mis  par  écrit,  et  que  la  résolution  prise  alors 
allait  plus  loin  que  ne  le  portait  la  sentence.  Le  pro- 
cès-verbal dit  que  le  roi  voulait  que  la  vie  de  Richard 
fût  sauvée  en  toutes  manières.  La  chronique  française 
anonyme  reconnaît  que  la  sentence  réduisait  la  peine 
à  la  prison  ;  mais  elle  prétend  qu'il  fut  convenu  que, 

1.  Délibération  sur  le  sort  du  roi  (jeudi  23  octobre).  Rot.  Pari., 
t.  III,  p.  424,  §  73.  —  Liste  des  lords  qui  ont  signé.  Ibid.,  $  74.  Cf. 
Ghron.  Ms.  Bodl.  ArchœoL,  t.  XX,  p.  280. 

2.  Rot.  Pari.,  t.  lil,  p.  427,  §  76,  et  Ghron.  Ms.  Bodl.  Ârchxol., 
t.  XX,  p.  280. 


[1399]  LA  DÉPOSITION  DE  RICHARD.  329 

si  quelque  mouvement  éclatait  en  faveur  du  prison- 
nier, il  serait  le  premier  mis  à  mort.  La  chose  fut- 
elle  dite,  en  effet?  est-elle  de  celles  qui  se  disent?  et 
Henri  avait-il  besoin  qu'on  la  dît?  Dans  tous  les  cas, 
on  comprend  fort  bien  qu'on  ne  l'ait  pas  écrite;  et  le 
secret  commandé  au  conseil  autorise  le  soupçon, 
quoique  peut-être  il  ne  le  justifie  pas\ 


m 


SATISFACTIONS   ET  REPRÉSAILLES. 

Le  roi  condamné,  les  communes  demandèrent  que 
les  seigneurs  compromis  dans  les  actes  du  «  mauvais 
parlement  »  fussent  appelés  à  se  justifier.  C'étaient 
les  principaux  amis  de  Richard,  tous  ralliés  à  Henri, 
ou  du  moins  reçus  en  grâce  :  mais  on  n'en  était  que 
plus  ardent  aies  poursuivre.  Le  parlement  se  réunit  le 
mercredi  29  octobre,  et  on  commença  à  donner  lec- 
ture des  procès.  Parmi  les  condamnés  était  le  comte 
deWarwick,  accusé  de  même  queGlocester  et  Arun- 
del ,  et  condamné  comme  traître,  mais  qui,  s'étant 
reconnu  coupable  et  ayant  demandé  merci,  avait  vu 
sa  peine  commuée  en  exil.  Il  était  revenu  de  Texil; 
il  avait  assisté  à  la  déposition  de  Richard,  à  lavéne- 
ment  de  Henri  :  il  siégeait  là  parmi  les  lords.  War- 

1.  Hésolution  secrète  sur  la  vie  de  Hichard,  selon  la  Chronique  ano- 
nyme. Buchon,  t.  XV,  p.  33. 


330  LIVRE  DOUZIÈME.  [1.399] 

wick ,  à  la  lecture  des  actes  de  son  jugement,  pro- 
testa qu'ils  étaient  faux;  qu'il  n'avait  ni  avoué  le 
crime ,  ni  demandé  grâce.  Comment  donc  avait-il 
échappé  au  sort  du  comte  d'Arundel  ?  C'est  une  ques- 
tion que  personne  ne  hasarda.  Warwick  niait,  jetait 
le  défi  à  quiconque  soutiendrait  le  contraire  ;  et  son 
gage  ne  fut  point  relevé  \ 

Mais  ce  n'était  point  Warwick  que  l'on  voulait  re- 
mettre en  cause  :  on  n'évoquait  sa  condamnation  que 
pour  en  demander  compte  à  ses  accusateurs.  Les 
ducs  d'Aumarle,  de  Surrey,  d'Exeter,  le  marquis  de 
Dorset,  les  comtes  de  Salisbury  et  de  Glocester  furent 
successivement  invités  à  répondre  ^ 

Aumarle  parla  le  premier.  Il  n'était  plus  indirec- 
tement pris  à  partie  comme  dans  l'enquête  sur  la  mort 
de  Glocester.  Il  avait  à  s'expliquer  sur  des  faits  précis, 
sur  un  acte  signé  de  son  nom.  Il  reprit  néanmoins  en- 
core l'autre  affaire,  qui,  dans  la  pensée  de  ses  juges, 
n'en  était  pas  séparée.  Il  protesta  qu'il  était  entière- 
ment étrangère  la  mort  du  duc,  son  oncle;  qu'il  ne 
l'avait  pas  conseillée,  qu'il  n'y  avait  pas  consenti.  Il 
soutint  même  qu'il  n'était  pas  davantage  l'auteur  de 
l'accusation  portée  contre  le  prince  et  les  autres,  et  que 

• 

1.  Les  lords  appelants  de  la  2P  année  de  Richard  invités  à  se  jus- 
tifier. Chron.  Ms.  Bodl.  Ârchœol.^  t.  XX,  p.  280.  —  Protestation  de 
Warwick.  Ibid. 

2.  Qu'on  n'oublie  pas  qu'Aumarle  est  Edmond  d'York,  comte  de 
Rutland;  Surrey,  Thomas  de  Holland,  comte  de  Kent;  Exeter,  Jean 
de  Holland,  comte  de  Huntingdon  ;  Dorset,  Henri  de  Beaufort,  comte 
de  Sommerset;  Salisbury,  Jean  de  Montaigu;  et  Glocester,  Thomas 
le  Despenser. 


[1399]  LA  DÉPOSITION  DE  RICHARD.  331 

ce  qu'il  avait  fait,  c'était  par  le  commandement  du 
roi,  à  qui  il  ne  pouvait  désobéir.  Quant  à  l'exil  du 
Henri  et  à  Tacte  qui  l'avait  voulu  priver  de  son  héri- 
tage, cela  avait  été  entièrement  contre  sa  volonté.  Il 
défiait  qu'on  soutînt  le  contraire,  et  en  appelait  au 
témoignage  de  divers  lords.  —  Le  duc  de  Surrey  pria  le 
roi  d'avoir  égard  au  jeune  âge  qu'il  avait  au  temps  de 
cette  accusation;  il  avait  cédé  à  la  crainte  en  y  don- 
nant son  nom,  mais  n'avait  trempé  en  rien  dans  la 
mort  de  Glocester.  Pour  ce  qui  touchait  Henri,  il  di- 
sait n'avoir  connu  sa  condamnation  à  Texil  que  quand 
déjà  le  prince  était  entré  dans  la  lice  pour  combattre 
le  duc  de  Norfolk;  enfin,  au  temps  de  la  révocation 
des  lettres  patentes  qui  garantissaient  les  droits  de 
l'exilé,  il  était  en  Irlande.  —  Leduc  d'Exeter  s'excusa 
comme  le  duc  d'Aumarle.  Il  ajouta  seulement  qu'il 
avait  entendu  dire  au  roi  Richard  que  le  duc  de  Glo- 
cester devait  être  mis  à  mort.  —  Le  marquis  de  Dorset 
donna  les  mêmes  assurances,  sauf  l'assertion  relative 
à  la  mort  de  Glocester,  dont  il  n'avait  rien  su  de  son 
vivant.  —  Le  comte  de  Salisbury  dit  qu'il  avait  pris 
part  à  Taccusation,  de  même  que  les  autres  seigneurs 
(ceux  qui  maintenant  étaient  ses  juges)  avaient  con- 
senti au  jugement,  c'est-à-dire  sous  l'empire  de  la 
crainte.  Quant  à  l'imputation  d'avoir  voulu  tuer  le 
duc  de  Lancaslre,  imputation  rapportée  à  Norfolk 
dans  le  bill  déposé  par  Henri  lui-même  devant  Ri- 
chard au  parlement  de  Shrewsbury,  le  comte  la  re- 
poussait énergi(iuemenl,  disant  que  si  Norfolk  était 


332  LIVRE  DOUZIÈME.  [1399] 

là,  ou  quelqu'un  en  son  nom,  il  saurait  bien  s'en  défen- 
dre en  gentilhomme,  de  telle  façon  que  voudrait  Henri . 
Mais  pour  ce  qu'il  avait  fait  par  crainte  de  la  mort,  il 
en  demandait  merci  à  Dieu  et  au  roi.  —  C'était  aussi 
par  contrainte,  et  quand  déjà  Faccusation  était  signée 
de  tous  les  autres,  que  le  comte  de  Glocester  (Despen- 
ser) disait  y  avoir  donné  son  nom.  Il  était  étranger  à 
tout  le  reste,  et  il  se  mettait  en  la  grâce  du  roi. 

Le  roi  avait  dit  qu'après  les  explications  données, 
si  quelqu'un  y  voulait  contredire,  il  serait  entendu  : 
et  le  procès-verbal  ne  constate  aucun  débat  de  cette 
sorte.  Mais  le  texte  du  jugement  prononcé  en  anglais 
par  le  président  du  banc  commun,  W.  Thirnyng,  rap- 
pelle pourtant,  dans  le  résumé  qu'il  fait  de  la  procé- 
dure, que  deux  lords  s'élevèrent,  l'un,  Morley,  contre 
Salisbury,  et  l'autre,  Fitz-Walter,  contre  Aumarle: 
soit  que  Fitz-Walter  ait  repris  la  parole,  soit  que  le 
juge  fasse  allusion  au  débat  que  la  chronique  ma- 
nuscrite a  placé  avec  plus  de  précision,  quant  aux 
dates,  lorsque  l'occasion  s'en  présenta  pour  la  pre- 
mière fois  dans  l'enquête  ouverte  sur  la  mort  du 
duc  de  Glocester. 

La  chronique  est  d'accord  avec  l'exposé  du  juge 
Thirnyng,  pour  placer  ici  l'accusation  de  lord  Mor- 
ley contre  Salisbury.  Morley  lui  reprochait  d'avoir  été 
tout  à  la  fois  dans  les  conseils  de  Glocester  et  dans 
ceux  de  Richard,  et  d'avoir  dénoncé  le  duc  au  roi  : 
c'est  pourquoi  il  l'accusait  de  trahison  envers  son 
maître,  offrant  de  le  prouver  en  champ  clos  ;  et  les 


[1399]  LA  DÉPOSITION  DE  RICHARD.  333 

gages  (le  bataille,  jetés  de  part  et  d'autre,  furent 
remis  au  connétable  et  au  maréchal  jusqu'au  jour  du 
combat.  Dans  la  présente  affaire,  c'était  Salisbury  que 
l'on  soupçonnait  d'être  le  promoteur  de  l'acte  incri- 
miné; et  le  roi,  qui  ne  l'aimait  pas,  n'eût  pas  été  fâché 
de  l'en  convaincre,  afin  d'attirer  sur  sa  tête  toutes  les 
rigueurs  des  juges.  La  chose  étant  renvoyée  à  l'exa- 
men des  lords,  ils  se  réunirent  le  lendemain  matin, 
et,  appelant,  l'un  après  l'autre,  les  accusés,  moins 
Salisbury,  ils  leur  demandèrent  qui  leur  avait  parlé 
pour  la  première  fois  de  cet  acte^  où  ils  n'avaient,  di- 
saient-ils, pris  part  qu'à  Tinstigation  d'autrui  et  par 
contrainte.  Mais  on  ne  put  tirer  d'eux  que  la  promesse 
de  le  dire  si  la  mémoire  leur  en  revenait.  On  prit  donc 
le  parti  d'en  finir  par  une  sorte  de  compromis,  où, 
tout  en  alléguant  les  rigueurs  du  droit  strict,  on  fe- 
rait, pour  l'honneur  du  roi,  une  grande  part  à  la 
grâce.  C'est  pourquoi  le  lendemain  vendredi  (31  oc- 
tobre), sur  l'avis  conforme  des  lords  spirituels,  il  fut 
déclaré  que,  si  l'on  observait  les  statuts  de  l'an  xi  de 
Richard  touchant  la  trahison,  trop  de  monde  y  serait 
impliqué  avec  les  appelants.  Le  roi  y  renonçait,  ai- 
mant mieux  faire  miséricorde  :  mais,  comme  il  fallait 
une  satisfaction,  la  sentence  condamnait  les  lords  ap- 
pelants, devenus  accusés  à  leur  tour,  à  perdre  les  ti- 
tres et  les  biens  qu'ils  avaient  reçus  à  l'occasion  de 
cet  appel,  ou  depuis.  Tout  en  gardant  ce  qu'ils 
avaient  auparavant,  ils  redevenaient  ce  qu'ils  étaient 
alors  :  le  duc  d'Aumarlc,  comte  de  Kutland ,  le  duc 


334  LIVRE  DOUZIÈME.  [1399] 

de  Surrey,  comte  de  Kent;  le  duc  d'Exeter,  comte 
de  Huntingdon  ;  le  marquis  de  Dorset,  comte  de 
Sommerset;  le  comte  de  Glocester,  sir  le  Despenser; 
Salisbury  gardait  son  titre^  qui  lui  était  venu  par 
héritage.  Défense  leur  était  faite  de  donner  leur  livrée 
à  personne,  et  de  retenir  dans  leur  compagnie  plus 
d'hommes  que  ne  l'exigeait  le  service  de  leur  hôtel. 
Que  si  l'un  d'eux  tentait  jamais  de  prendre  en  main 
la  cause  de  Richard,  soit  par  conseil,  soit  par  quel- 
que entreprise  contre  les  actes  qui  l'avaient  déposé 
et  condamné,  il  devait  être  réputé  traître.  Pour  offrir 
une  autre  satisfaction  au  public,  comme  on  les  accu- 
sait d'avoir  abusé  de  la  faveur  du  roi  au  détriment 
du  peuple,  on  devait  publier  que  si  quelqu'un  avait 
à  se  plaindre  d'eux,  il  le  fît,  et  qu'il  obtiendrait 
justice  (a). 

En  provoquant  ces  jugements,  les  communes,  in- 
struites par  l'expérience  de  tant  de  décisions  prises 
et  cassées,  de  tant  d'accusateurs  devenus  accusés  à 
leur  tour,  et  de  juges  condamnés ,  semblent  avoir 
voulu  se  mettre  en  garde  contre  les  suites  possibles 
d'une  révolution  en  sens  contraire. 

Le  jour  qu'elles  rentrèrent  en  séance  après  les  fêtes 
de  novembre  (3  novembre),  elles  renouvelèrent  leur 
protestation  et  insistèrent  sur  ce  point  :  que  les  ju- 
gements en  parlement  sont  l'affaire  du  roi  et  des 
seigneurs,  et  non  des  communes^  si  ce  n'est  en  tant 
que  le  roi  veut  bien  les  leur  communiquer.  Elles  de- 
mandaient donc  qu'il  fût  bien  constaté  dans  les  re- 


[1399]  LA  DÉPOSITION  DE  RICHARD.  335 

gistres  qu'elles  étaient  étrangères  aux  jugements 
rendus  ou  à  rendre;  et  l'archevêque  de  Canterbury 
déclara,  au  nom  du  roi,  qu'en  effet  le  droit  de  péti- 
tion était  le  propre  des  communes,  et  le  droit  de  ju- 
gement, du  roi  et  des  lords*. 

Telle  fut  la  suite  des  actes  judiciaires  qui  occupè- 
rent le  premier  parlement  de  Henri  IV.  On  avait 
commencé  par  le  fait  qui  s'était  accompli  en  dehors 
du  parlement  :  la  mort  du  duc  de  Glocester.  W.  Ba- 
got  et  J.  Halle  y  avaient  impliqué  le  comte  de  Rut- 
land  ;  mais  le  roi  avait  fait  tomber  la  chose  en  ce  qui 
touchait  un  prince  dont  la  défection  l'avait  tant  servi. 
Quant  aux  deux  dénonciateurs^  ils  avaient  eu  un 
sort  fort  divers.  L'un,  soupçonné  d'être  du  conseil, 
avait  été  remis  en  prison,  d'où  l'on  finit  par  le  tirer; 
et  l'autre,  simple  témoin  de  l'exécution,  puni  du 
supplice  des  traîtres.  Puis  on  avait  repris  les  actes 
du  parlement  de  l'an  xxi  de  Richard  (1397).  Mais, 
dans  cette  revue  du  passé,  le  premier  coupable,  celui 
qui  se  trouvait  au  premier  rang  sur  tous  les  points 
incriminés,  c'était  le  roi  ;  et  maintenant  qu'il  était 
déposé,  les  communes  avaient  trouvé  tout  simple  de 
le  remettre  en  cause  :  c'était  donner  un  nouveau 
gage  à  la  main  qui  les  avait  choisies.  Henri  n'avait 
eu  garde  d'y  résister;  et,  dans  ce  second  jugement 
de  faits  déjà  jugés,  il  paraissait  encore  user  de  grâce. 
Il  avait  demandé  que  Richard  eût  la  vie  sauve  :  c'est 

1.  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  ^27,  §  79,  et  Chron.  Ms.  Bodl.  ArchœoL, 
t.  XX,  p.  231.  Le  jour  en  nst  donni'î  dans  los  deux  toxfps. 


336  LIVRE  DOUZIÈME.  [1399] 

par  mesure  de  salut  public  et  pour  le  bien  du 
royaume,  qu'on  le  reléguait  en  prison  pour  toujours. 
—  Après  Richard,  ses  conseillers;  et  Henri  n'eût  pas 
été  fâché  de  trouver  parmi  eux  une  victime  :  Salis- 
bury,  par  exemple^  celui  qui  avait  été  envoyé  à  la 
cour  de  France  pour  combattre  la  faveur  dont  il  y 
jouissait  dans  son  exil.  Mais  aucun  d'eux  n'ayant 
aidé  à  ce  dessein,  il  s'était  vu  dans  l'alternative  de 
l'épargner  comme  les  autres,  ou  de  frapper  égale- 
ment des  seigneurs,  les  plus  grands  du  royaume,  et 
plusieurs  même,  ses  parents,  ralliés  à  lui.  Il  avait 
mieux  aimé  le  premier  parti;  et  on  s'était  contenté  de 
les  ramener  à  leur  ancien  état,  en  leur  retirant  des 
titres  et  des  biens  reçus  pour  prix  de  leur  complai- 
sance criminelle. 

Henri^  dans  toutes  ces  affaires,  avait  donc  pris  le 
rôle  le  plus  habile  :  ne  refusant  point  toute  satisfac- 
tion aux  sentiments  qu'il  avait  provoqués  pour  ren- 
verser Richard,  et  se  faisant  donner;,  par  la  condam- 
tion  du  roi  déchu  à  la  prison,  une  nouvelle  garantie; 
mais  bornant  là  toutes  représailles,  et,  en  ce  qui 
touchait  les  amis  de  l'ancien  roi ,  prenant  à  tâche  de 
contenir  plutôt  que  d'exciter  le  zèle  de  ses  partisans. 
Il  s'était  montré,  du  reste,  aussi  libéral  envers  ces 
derniers,  qu'ils  l'avaient  été  eux-mêmes  pour  lui  et 
pour  sa  propre  famille.  Henri,  fils  aîné  du  roi,  avait 
déjà  été  nommé  prince  de  Galles,  duc  de  Gornouailles, 
comte  de  Chester.  Le  jour  même  oii  l'on  convenait  de 
reléguer  Richard  en  prison,   il  fut  nommé  duc  de 


[1399]  LA  DÉPOSITION  DE  RICHARD.  337 

Guyenne;  et,  un  peu  après,  le  roi  lui  conférait  en- 
core le  duché  de  Lancastre,  voulant  maintenir  à 
l'héritier  du  trône  le  titre  de  sa  maison.  L'archevêque 
de  Canterbury,  le  principal  agent  de  la  révolution,  et 
l'intermédiaire  du  roi  auprès  des  communes  ou  des 
communes  auprès  du  roi  pour  les  honneurs  conférés 
au  jeune  prince,  eut  à  son  tour  sa  récompense.  Dès 
sa  rentrée  en  Angleterre,  il  avait  comme  par  un  droit 
de  retour  {jus  postliminn)  qui  se  relevait  du  droit  de 
la  victoire,  repris  possession  de  son  siège,  aux  dé- 
pens de  Roger  de  Walden  que  Richard  lui  avait  sub- 
stitué. Mais  Tintrus  lui  avait  fait  tort  pendant  son 
court  passage.  A  la  demande  du  duc  d'York,  du 
comte  de  Northumberland  et  de  plusieurs  autres  sei- 
gneurs, le  roi  l'autorisa  à  en  poursuivre  toute  satis- 
faction, ajoutant  qu'il  n'y  avait  personne  à  qui  il 
se  crût  plus  obligé  de  faire  justice,  et  de  se  montrer 
favorable.  Le  comte  de  Northumberland  et  le  comte 
de  Westmoreland,  outre  les  titres  de  connétable  et 
de  maréchal,  obtinrent  encore,  le  premier  l'île  de 
Man  qu'avait  possédée  W.  le  Scrop;  le  second,  le 
comté  de  Richmond  que  le  duc  de  Bretagne  perdait 
encore,  après  l'avoir  si  longtemps  réclamé  \ 


1.  Le  prince  de  Galles,  duc  de  Guyenne,  Hot.  Pari,  t.  III,  p.  427, 
J^  75  ;  —  duc  de  Lancastre^  Ibid.y  p.  428,  S  81.  —  Demande  de  plu- 
sieurs  lords  en  faveur  de  l'archevêque  de  Canterburtj  (30  octobre). 
rbid.,  p.  427,  S  78,  et  p.  434,  ,S  109.  —  Ufle  de  Man  au  comte  de 
Northumberland;  —  le  comté  de  Richmond  au  comte  de  Westmore- 
land. Wals.,  p.  361;  Otterbourne,  p.  223.  Cf.  liot.  Pari,  t.  III, 
p.  427, S  77. 

Il  —  22 


338  LIVRE  DOUZIÈME.  [1399] 

Dans  cette  réciprocité  de  bons  sentiments,  s'il 
fallait  à  l'autorité  du  nouveau  roi  quelque  sanction 
de  plus,  le  parlement  ne  pouvait  que  s'y  prêter  de 
bonne  grâce.  Il  en  était  une  que  devait  désirer  sur- 
tout celui  qui  avait  paru  attacher  tant  d'importance 
à  la  sainte  ampoule  de  Thomas  Becket  :  c'était  celle 
du  saint-siége.  Afin  de  lui  rendre  les  négociations  de 
ce  côté  plus  faciles,  le  parlement  mit  à  sa  discrétion 
le  fameux  statut  des  proviseurs  :  non  point,  comme 
dans  les  dernières  années  de  Richard,  pour  l'inter- 
valle de  deux  parlements,  et  avec  l'obligation  de 
rendre  compte  des  modifications  qu'il  y  aurait  fait 
subir  ;  mais  avec  le  droit  de  le  suspendre,  de  le  sup- 
primer même,  et  sans  réserve.  Les  communes  lui  don- 
nèrent une  autre  preuve  de  leur  entier  abandon. 
Comme  au  temps  de  Richard ,  elles  exprimèrent  le 
vœu  qu'il  fût  aussi  libre  qu'aucun  de  ses  prédéces- 
seurs :  vœu  dangereux  après  l'abus  que  Richard 
venait  d'en  faire;  aussi  avaient-elles  soin  de  rappeler 
que  c'était  à  tort  qu'il  s'était  cru  par  là  autorisé  à 
changer  les  lois.  Henri^  content  de  cet  acte  de  défé- 
rence, s'empressa  de  les  rassurer,  protestant  qu'il 
n'en  voulait  faire  usage  que  pour  maintenir  les  sta- 
tuts et  les  coutumes  du  pays  (a). 

Le  roi  en  devait  user  surtout  pour  donner  satis- 
faction aux  demandes  diverses  des  communes. 

Le  rôle  des  pétitions  était  naturellement  fort  chargé, 
à  la  suite  de  la  révolution  qui  venait  de  s'accomplir. 
Il  y  avait  beaucoup  à  réparer  dans  le  passé;  et  pour 


[1399]  LA  DÉPOSITION  DE  RICHARD.  339 

l'avenir,  des  garanties  à  prendre.  Dans  la  double 
liste  de  pétitions  qui  fut  soumise  au  roi,  les  com- 
munes demandent  la  suppression  des  actes  de  despo- 
tisme, la  révocation  des  dons  abusifs,  la  réparation 
des  dommages  soufferts  par  les  comtés  ou  même  par 
les  personnes  :  indemnités  aux  condamnés  ou  à  leurs 
héritiers,  indemnités  plus  spécialement  à  l'arche- 
vêque de  Ganterbury;  elles  intercèdent  même  en  fa- 
veur des  juges  qui  avaient  signé  jadis  la  fameuse 
consultation  de  Nottingham,  en  faveur  de  la  duchesse 
d'Irlande,  répudiée  par  Robert  de  Vère,  et  du  jeune 
comte  d'Oxford,  neveu  de  Robert  :  c'était,  il  est  vrai, 
faire  leur  cour  à  Henri,  dont  la  duchesse  d'Irlande  et 
la  comtesse  d'Oxford  étaient  parentes.  Elles  deman- 
dent l'amnistie  pour  tout  ce  qui  a  été  fait  dans  la 
dernière  révolution;  et^  d'autre  part,  que  l'on  con- 
firme, nonobstant  les  décrets  postérieurs,  les  ventes 
ou  donations  de  biens  confisqués  par  suite  des  juge- 
ments de  l'an  xi.  Quant  au  présent  et  à  l'avenir,  elles 
veulent  des  mesures  qui  garantissent  la  paix  publique 
à  l'intérieur,  et  la  défense  du  pays;  des  grands  offi- 
ciers à  qui  il  soit  interdit  d'accepter  des  présents; 
des  juges  qui  ne  laissent  point  violer  la  loi  sous  pré- 
texte que  leur  vie  serait  compromise  à  la  défendre  ; 
des  juges  de  paix  choisis  dans  chaque  comté  parmi 
les  plus  vaillants  et  les  meilleurs;  une  enquête  sé- 
vère en  tout  ce  qui  regarde  les  finances  ;  la  suppres- 
sion des  pénalités  qui  pouvaient  compromettre  le» 
franchises  de  Londres,  mais  aussi  la  suppression  de 


340  LIVRE  DOUZIÈME.  [1399] 

l'inique  tribut  exigé  par  la  ville  au  marché  de  Smith- 
field  (a). 

Le  roi  répondit  généralement  à  ces  demandes  selon 
que  les  communes  le  désiraient.  Il  promit  de  bons 
juges,  des  officiers  incorruptibles,  le  redressement 
des  torts,  la  répression  des  désordres.  Tout  en  réta- 
blissant le  parlement  de  l'an  xi,  il  abolit,  à  la  de- 
mande  des  communes  elles-mêmes,  comme  un  anté- 
cédent périlleux ,  l'article  qui  tenait  pour  traître 
quiconque  tenterait  la  moindre  chose  contre  les  actes 
de  ce  parlement.  Il  avait  déjà  déclaré  que  le  crime  de 
trahison  ne  pourrait  être  recherché  en  dehors  des 
définitions  du  statut  d'Edouard  III  :  sur  la  demande 
des  communes  que  les  accusations  en  cette  matière 
ne  fussent  plus  portées  au  parlement,  mais  aux  cours 
du  royaume,  il  promit  de  les  renvoyer  à  la  juridiction 
en  usage  chez  ses  prédécesseurs.  Il  prononça  en  par- 
lement la  suppression  des  livrées  qui  se  liaient  aux 
abus  de  la  maintenance,  reconnut  aux  vicomtes  de 
Londres  le  droit  de  tenir  leurs  assises,  même  en  l'ab- 
sence du  coroner,  si,  dûment  convoqué,  il  négligeait 
de  s'y  rendre  ;  régla  la  question  de  l'étaple,  gardant 
à  Calais  son  privilège  pour  les  grosses  marchandises 
(laines,  plomb  et  étain),  et  laissant  au  chancelier  le 
soin  de  régler  ce  qui  concernait  les  autres  (beurre, 
fromage,  miel,  etc.),  ce  qui  promettait,  sur  ce  second 
point,  la  liberté.  Il  abolit  les  blancs  seing  exigés  des 
comtés  par  Richard,  et  ordonna  qu'ils  fussent  brûlés 
sur  les  places  publiques  des  cités  et  des  bourgs;  il 


:1399^  LA  DÉPOSITION  DE  RICHARD.  341 

confirma  toutes  les  anciennes  chartes  de  pardon  : 
mais  quant  à  l'amnistie  qu'on  le  priait  de  rendre  gé- 
nérale (à  l'exception  des  meurtriers  de  Glocester)  sans 
qu'on  eût  besoin  de  la  demander,  il  ne  l'accorda  que 
dans  les  anciennes  formes,  fixant  un  délai,  pour  la 
demande  de  pardon,  afin  de  tenir  par  ces  déclarations 
les  amnistiés  sous  le  contrôle  de  sa  police;  et  les  dif- 
férences pétitions  qui  intéressaient  le  Trésor^  motivè- 
rent aussi  des  distinctions  dans  ses  réponses.  Les 
communes  demandent-elles  qu'on  paye  au  nouveau 
roi  ce  qui  était  dû  à  Richard?  le  roi  le  veut;  s'agit-il 
de  payer  au  contraire  les  sommes  que  Richard  a  em- 
pruntées, les  réquisitions  qu'il  a  faites,  les  vivres 
qu'on  lui  a  fournis?  le  roi  s  avisera.  Faut-il  réparer 
les  torts  de  Richard  à  l'égard  des  partisans  de  Henri  ? 
le  roi  le  veut^  mais  s'agit-il  d'indemniser  les  comtés 
qui,  tout  en  adhérant  à  la  cause  du  nouveau  roi, 
ont  souffert  du  passage  de  ses  troupes?  le  roi  s'avisera; 
et  ce  n'est  qu'avec  des  réserves  analogues  qu'il  ré- 
pond aux  réclamations  des  communes  contre  les 
dons  excessifs  de  son  prédécesseur  ou  de  lui-même  (a). 
Avant  de  se  séparer,  le  parlement  eut  à  revenir 
encore,  par  un  incident,  sur  les  débats  judiciaires 
qui  avaient  marqué  les  premiers  jours  de  sa  session. 
Il  fil  paraître  devant  lui  W.  Rickhill,  ce  juge  envoyé 
à  Calais  pour  interroger  Glocester,  et  qui  en  avait 
rapporté  sa  confession,  que  l'on  a  vue  (mardi,  1S  no- 
vembre). Mais  Rickhill  avait  si  bien  su  mettre  toutes 
les  formes  de  la  loi  de  son  côté  dans  cette  mission 


342  LIVRE  DOUZIÈME.  [1399] 

délicate,  que  les  esprits  les  plus  mal  disposés  n'y 
virent  rien  à  reprendre  :  il  n'avait  agi  que  selon  un 
mandat  exprès,  n'avait  rien  fait  que  devant  témoin, 
ni  rien  rapporté  que  Glocester  n'eût  écrit.  De  l'aveu 
de  tout  le  monde^  le  président  du  banc  du  roi  le  dé- 
clara sans  reproche  \ 

Une  scène  pénible  marqua  le  dernier  jour  de  ce 
parlement. 

W.  le  Scrop,  H.  Green  et  J.  Bussy  avaient  été  dé- 
capités à  Bristol  :  mais  cette  exécution  sommaire  pou- 
vait n'avoir  aucun  effet  légal  en  ce  qui  touchait  leur 
état  civil  et  leur  succession.  Les  communes  deman- 
dèrent que  cette  sentence  fût  sanctionnée  par  le  parle- 
ment, afin  qu'elle  eût  son  plein  effet.  Là-dessus,  le  vieux 
Richard  le  Scrop  se  leva  et  demanda  que  ce  que  l'on 
ferait  ne  tournât  point  à  l'exhérédation  de  ses  enfants. 

a  Reconnaissez-vous  que  ce  jugement  et  ce  qui 
s'ensuivit  fut  bon,  oui  ou  non? 

—  Oui,  dit-il,  et  que  mon  fils  soit  un  des  con- 
damnés, c'est  là  ce  qui  me  fait  peine.  » 

De  tels  procédés  relevaient  pourtant  bien  plus  de  la 
violence  de  la  guerre,  que  du  règne  de  la  justice.  Henri 
craignit  que  les  conséquences  n'en  fussent  exagérées^ 
et  que,  parce  qu'il  avait  pris  possession  du  royaume 
les  armes  à  la  main^  on  ne  pensât  qu'il  voulût  par  la 
suite  en  user  selon  le  droit  de  la  conquête.  Il  protesta 
qu'il  entendait  laisser  à  tous  ce  qu'ils  tenaient  selon 

1.  Mardi  18  novembre.  Rot  Pari,  t.  III,  p.  430-432,  S  92. 


[1399]  LA  DÉPOSITION  DE  RICHARD.  343 

la  loi,  sans  excepter  personne  que  ceux  qui  avaient 
combattu  le  bien  du  royaume;  et  il  bornait  l'exception 
aux  trois  suppliciés.  Sur  quoi,  les  lords  temporels 
interrogés  déclarèrent  que  le  jugement  était  bon. 
Mais  le  roi  rassura  ceux  qui  tenaient  des  fiefs  de 
ces  seigneurs;  et  il  voulut  particulièrement  consoler 
R.  le  Scrop.  Il  lui  dit  qu'il  ne  revendiquait  aucune 
des  terres  appartenant  à  lui  ou  à  ses  enfants  vivants, 
qu'il  le  tenait  et  avait  toujours  tenu  pour  loyal  cheva- 
lier; et  pour  finir  par  une  déclaration  plus  générale, 
il  dit  que  le  statut  «  que  nul  ne  forfasse  (perde  ses 
biens  par  confiscation)  après  sa  mort,  »  gardait  toute 
sa  force.  Et  les  communes  le  remercièrent,  rendant 
grâces  à  Dieu  «  qui  leur  avait  envoyé  tel  roi  et  gou- 
verneur (a)  I  » 

Ce  sentiment  n'était  pourtant  pas  général;  et  les 
anciens  amis  de  Richard,  au  moins,  avaient  plus 
d'une  raison  d'y  faire  leurs  réserves.  Le  procès  qu'on 
ieur  avait  suscité,  la  violence  du  débat,  et,  quelle  qu'ait 
été  la  modération  de  la  sentence,  cette  dégradation 
partielle  qu'ils  avaient  subie  de  la  part  de  celui  même 
qu'ils  avaient  proclamé,  tout  leur  disait  en  quel  rang 
ils  devaient  être  à  la  cour  nouvelle  parmi  les  sei- 
gneurs :  et  le  peuple  de  Londres  ne  leur  montrait 
pas  plus  de  sympathie.  Il  avait  éclaté  en  murmures 
contre  le  roi  lui-même  et  contre  les  lords,  en  appre- 
nant que  l'enquête  provoquée  par  les  communes 
sur  les  accusateurs  de  Glocester  avait  eu,  pour  toute 
conclusion,  une  sim[)le  dimiiintion  de  titres,  qui  ne 


344  LIVRE  DOUZIÈME.  [1399] 

les  faisait  guère  déchoir,  les  ramenant  à  leur  ancien 
état.  Les  amis  de  Richard  n'avaient  donc  plus  de 
soutien  que  Henri  lui-même  :  et  dans  cette  dispo- 
sition des  esprits^  ils  pouvaient  craindre  que  le  nou- 
veau roi  ne  finît  par  être  entraîné.  Ainsi  ils  étaient 
amenés  à  reporter  leurs  espérances  sur  celui  qui 
était  toujours  l'objet  de  leurs  regrets.  Si  quelques- 
uns,  en  effet,  comme  Rutland  et  Thomas  Percy, 
avaient  couru  au-devant  de  la  fortune  de  Henri  de 
Lancastre,  les  autres  n'avaient  fait  que  la  subir  et  la 
suivre.  C'est  en  vaincus  qu'ils  étaient  entrés  dans 
Londres  derrière  lui;  c'est  la  douleur  dans  l'âme 
qu'ils  avaient  assisté  aux  scènes  de  la  déposition  de 
Richard  et  du  couronnement  de  son  rival.  Or  la  si- 
tuation de  ce  dernier  était  loin  d'être  telle  qu'on  dût 
rejeter  comme  une  folie  toute  pensée  de  rien  entre- 
prendre contre  sa  fortune  \ 
Ils  résolurent  de  le  tenter. 


1.  Murmures  du  peuple  contre  la  modération  de  la  sentence  des  lord$ 
appelants.  Wals.,  p.  362. 


CC^ 


LIVRE  TREIZIEME 


LA  MORT  DE  RICHARD. 


CONJURATION    CONTRE     HENRI     IV. 

Richard,  dans  les  deux  dernières  années,  avait  eu 
bien  des  lorts  :  mais  ces  torts  étaient  déjà  en  quelque 
sorte  couverts  par  les  perfidies  et  les  violences  dont 
il  venait  d'être  victime.  Londres  était  contre  lui  : 
Londres  était  déjà,  en  partie  du  moins,  contre  lui 
lorsqu'il  vainquit,  en  Wat-Tyler,  une  insurrection 
menaçante  pour  la  société  tout  entière.  Quant  au 
pays,  s'il  s'était  soulevé  avec  Henri  de  Lancastre, 
ce  n'était  point,  on  le  peut  croire,  pour  détrôner  le 
roi;  la  plupart  n'avaient  voulu  que  chasser  son 
conseil  et  s'emparer  du  gouvernement,  en  ap- 
puyant un  droit  qui  se  trouva  tout  à  coup  changer 
d'objet  et  de  nature,  quand  Henri  eut  Richard  dans 


346  LIVRE  TREIZIÈME.  [1399] 

les  mains,  et,  pour  disposer  de  son  sort,  un  parlement 
lié  à  lui  par  la  complicité  de  plusieurs  seigneurs  et 
par  le  choix  des  députés  des  communes.  La  révolu- 
tion avait  donc  dépassé  le  but  qu'on  lui  avait  mar- 
qué. Henri  n'avait  pas  seulement  renversé  les  mi- 
nistres de  Richard^  il  avait  déposé  le  roi  et  pris  sa 
place.  En  pareil  cas,  il  était  obligé  par  son  élévation 
même,  à  prendre  le  contre-pied  de  la  politique  qu'il 
avait  si  vivement  attaquée  ;  et  il  est  un  point  sur  le- 
quel  le   sentiment  public  avait  été  principalement 
ému  :  je  veux  parler  des  relations  de  l'Angleterre 
avec  la  France,  de  cet  abaissement  où  l'on  accusait 
Richard  d'avoir  laissé  tomber  le  royaume,  et  de  ce 
nouvel  âge  de  conquêtes  et  de  gloire  que  son  vainqueur 
Henri   avait  promis  de  rouvrir.   Or,  sur  ce  point, 
qu'y  avait-il  de  changé,  et  que  pouvait-on  attendre? 
A  l'égard  de  la  France,  le  ressentiment  populaire 
n'avait  eu  qu'une  satisfaction  :  on  avait  maltraité  la 
petite  reine,  on  avait  chassé  d'Angleterre   les   sei- 
gneurs et  les  dames  de  sa  suite,  réduit  sa  maison  à 
quelques  serviteurs  anglais;  on  l'avait  reléguée  dans 
une  entière  solitude,  sans  lui  permettre  de  recevoir, 
ni  en  public,  ni  en  secret,  personne  de  sa  nation  : 
«  Exemple,  dit  naïvement  le  Religieux  de  Saint-De- 
nys,  qui  montre  combien  les  nobles  dames  de  France 
doivent  craindre  d'épouser  les  Anglais!  »  Henri,  sans 
doute,  n'avait  pas  commandé  ces  actes  de  brutalité; 
on  peut  même  croire  que,  tout  en  refusant  de  laisser 
l'enfant  royale  rejoindre  le  roi^  il  rendit  moins  dure 


[1399]  LA  MORT  DE  RICHARD.  347 

sa  condition;  car,  à  peine  roi,  il  avait  senti  qu'il 
avait  besoin  de  ménager  les  Français.  Au  festin  du 
sacre,  quand  le  héraut  fit  le  cri  que  tout  étranger 
sortît  de  la  cour  et  de  la  salle  du  roi,  on  excepta, 
par  ordre  du  prince,  les  gens  du  duc  de  Berri  et  du 
duc  d'Orléans,  «  et  commanda  le  roi  qu'on  leur  fît 
très-bonne  chère  et  qu'ils  fussent  servis  après  le  roi  et 
après  ceux  de  Londres,  et  avant  que  les  autres  (a).  » 
L'attitude  de  Henri  n'était  donc  pas  celle  de  ce 
conquérant  du  monde  que  son  sacre  avait  promis. 
Dès  son  avènement  au  trône,  il  s'était  empressé  d'en- 
voyer des  explications  à  toutes  les  puissances  de 
l'Europe;  et  la  révolution,  loin  de  rendre  à  l'Angle- 
terre ce  qu'elle  avait  déjà  perdu  en  France,  faillit  lui 
faire  perdre  le  reste.  En  efliet,  la  nouvelle  du  renver- 
sement de  Richard  avait  produit  partout,  et  en  France 
plus  que  partout  ailleurs,  la  plus  vive  émotion.  Le 
duc  de  Bourgogne  proposa  de  faire  entrer  le  conné- 
table de  France  en  Guyenne,  et  de  marcher  sur  Bor- 
deaux; et  il  n'était  même  pas  besoin  de  soldats  :  car 
Bordeaux  aimait  Richard,  qui  était  de  la  ville,  et  qui 
toujours  s'en  était  bien  souvenu,  la  traitant  avec  une 
faveur  extrême.  Les  Bordelais  ressentirent  une  vive 
peine  de  sa  chute,  et  ils  se  montraient  disposés  à 
rompre  avec  l'homme  qui  l'avait  renversé.  Ce  qui  les 
en  empêcha,  ce  ne  fut  point  Henri  ni  les  troupes 
qu'il  s'empressa  d'envoyer  à  Bordeaux,  ce  fut  le  mau- 
vais gouvernement  de  la  France.  Les  Bordelais  avaient 
député  au  duc  de  Bour^o^i^ne,  qui  s'était  transporté 


348  LIVRE  TREIZIÈME.  [1399] 

à  Agen  pour  traiter  avec  eux  ;  i!s  en  avaient  reçu 
de  grandes  promesses  :  mais,  toute  réflexion  faite, 
ils  ne  donnèrent  pas  suite  à  leur  projet.  Ils  se  repré- 
sentèrent les  tailles,  fouages  et  exactions  de  toutes 
sortes,  familières  à  la  France  :  «  Si  les  François, 
disaient-ils,  dominoient  sur  nous,  ils  nous  tiendroient 
en  ces  usages.  Encore  nous  vaut-il  mieux  être  aux 
Anglois,  quand  nous  sommes  ainsi  nés,  qui  nous 
tiennent  francs  et  libéraux,  qu'en  la  subjection  des 
François.  »  Et  puis  leur  ville  était  marchande,  et  ils 
professaient  la  morale  de  la  fable  :  Pourvu  qu'ils 
eussent  un  roi!  Richard  ou  Henri,  c'était  tout  un 
pour  le  commerce.  Or  le  commerce  les  rattachait  plus 
étroitement  à  l'Angleterre  :  «  Nous  avons,  disaient-ils, 
plus  de  marchandises,  de  vins,  de  laines  et  de  draps 
aux  Anglois,  que  nous  n'avons  aux  François;  et  si 
(de  plus)  nous  y  inclinons  par  nature  mieux.  Gar- 
dons que  nous  fassions  traité  nul  dont  nous  nous 
puissions  repentir  (a).  » 

Ainsi  la  haine  du  despotisme  qui  régnait  en 
France  (car  nous  voulons  croire  que  Froissart  a  forcé 
l'autre  trait)  avait  été  jusqu'à  étouffer  dans  Bordeaux 
les  sympathies  que  l'on  y  portait  à  Richard.  On 
n'était  pas  en  mesure  d'enlever  la  ville  aux  Anglais 
malgré  elle;  et  Charles  YI  d'ailleurs,  à  la  nouvelle  de 
ces  événements  imprévus,  avait  été  tellement  frappé, 
qu'il  était  retombé  dans  sa  folie.  On  renonça  donc 
en  France  à  toute  idée  de  rupture  immédiate;  mais 
on  n'avait  guère  plus  à  craindre  que  l'Angleterre  en 


[1399]  LA  MORT  DE  RICHARD.  349 

prît  rinitiative  :  et  les  ambassadeurs  qu'on  y  envoya 
pour  examiner  au  préalable  la  situation,  purent  bien- 
tôt s'en  convaincre. 

Henri,  dont  les  proclamations  avaient  été  si  bruyam- 
ment hostiles,  s'était  empressé  de  leur  expédier  un 
sauf-conduit;  et  il  leur  députa  des  seigneurs  de  la 
cour  pour  les  recevoir  à  l'arrivée  et  les  amener  à 
Londres.  Il  leur  fit  lui-même  le  plus  gracieux  accueil, 
s'enquérant  avec  sollicitude  de  la  santé  du  roi,  de  la 
reine,  et  de  chacun  des  ducs  de  France;  et  pendant 
quatre  jours  il  leur  donna  de  somptueux  festins.  Le 
jour  de  la  Toussaint,  il  les  mena  dans  les  apparte- 
ments secrets  de  son  palais,  leur  fit  voir,  avec  un  em- 
pressement affable,  ses  trésors,  ses  joyaux,  et  enfin 
lé  fameux  aigle  d'or  qu'il  leur  vantait  comme  un  pré- 
sent du  ciel.  Pour  cet  aigle,  il  ne  le  montra  qu'à 
genoux ,  et  il  leur  raconta  comment  il  avait  été 
trouvé,  selon  le  récit  de  saint  Thomas.  «  Les  ambas- 
sadeurs, continue  le  Religieux  de  Saint-Denys,  racon- 
tèrent que  le  roi,  qui  était  superstitieux  comme  le 
sont  les  Anglais,  avait  une  merveilleuse  confiance 
dans  cet  aigle,  et  il  avait  résolu  de  le  porter  toujours 
sur  lui  pour  remporter  la  victoire  sur  ses  ennemis,  m 
Ils  revinrent  en  France  comblés  de  présents,  mais  ne 
rapportant  guère  autre  chose.  On  leur  avait  permis 
de  visiter  la  petite  reine,  à  la  condition  de  ne  lui  rien 
dire  de  Richard.  Quant  aux  dispositions  de  Henri 
envers  Richard  et  envers  la  fille  de  France  détrônée 
avec  lui,    il<   n'.ivnîpnf    ri<Mi   h   ou   din»,    sinon   que 


350  LIVRE  TREIZIÈME.  [1399] 

Henri  allait  faire  partir  une  ambassade  pour  répon- 
dre à  tous  les  points  dont  il  avait  été  parlé.  Mais  si 
l'union  fondée  sur  le  mariage  de  la  fille  de  Charles  VI 
avec  Richard  pouvait  paraître  ébranlée,  Henri,  pour 
la  raffermir,  se  montrait  tout  prêt  à  former  d'autres 
liens  de  même  sorte.  Il  ne  tarda  point,  en  effet,  à  en- 
voyer à  la  cour  de  France  des  ambassadeurs.  Il  leur 
avait  donné  des  pouvoirs  pour  traiter  du  mariage  de 
Henri,  son  fils  aîné,  ou  de  ses  autres  enfants,  avec 
les  enfants  de  son  très-cher  cousin  de  France;  et  les 
considérants  des  instructions  qu'il  leur  donna,  expri- 
maient avec  emphase  combien,  en  vue  de  Talliance 
des  nations,  il  souhaitait  de  former  ces  nœuds  d'un 
indissoluble  amour  (a). 

Telle  était  la  situation  de  l'Angleterre  :  le  calme  qui 
régnait  n'était  guère  qu'à  la  surface.  Les  amis  de 
Richard,  reçus  en  grâce  par  le  vainqueur^  voyaient 
les  haines  des  partisans  de  ce  dernier  faire  violence 
même  à  sa  politique  :  ils  craignaient  pour  eux;  et  ils 
voyaient  Henri,  assez  peu  affermi  lui-même,  forcé  de 
ménager  la  France  de  peur  qu'elle  n'intervînt,  et 
risquant  de  s'aliéner  le  peuple  par  une  conduite  aussi 
contraire  aux  engagements  qu'il  semblait  avoir  pris. 

Un  acte  où  se  manifestaient  les  défiances  du  nou- 
veau roi,  précipita  la  marche  des  événements. 

Pendant  que  Henri  recevait  avec  tant  de  cordiahté 
et  de  bonne  grâce  les  ambassadeurs  français,  Richard, 
le  principal  objet  de  cette  ambassade,  était  enlevé  de 
la  Tour  de  Londres.  Trois  jours  après  l'arrêt  du  parle- 


[1399]  LA  MORT  DE  RICHARD.  351 

ment,  la  veille  de  la  Toussaint,  Henri,  dit-on,  lui  fit 
porter  un  vêtement  noir  qu'il  devait  prendre  pour 
aller  au  lieu  de  sa  détention.  Richard  le  refusa^  disant 
qu'il  ne  monterait  pas  à  cheval  s'il  ne  portait  habit  de 
chevalier;  et  on  dut  se  rendre  à  sa  demande.  C'étaient 
des  hommes  de  Kent,  les  plus  hostiles  à  sa  personne, 
qu'on  avait  chargés  de  l'escorter.  Ils  le  menèrent  à 
Leeds,  d*t)ù  il  fut  ensuite  transféré  de  château  en 
château,  comme  si  l'on  eût  voulu  faire  perdre  sa 
trace,  jusqu'au  château  de  Pomfret,  un  des  domaines 
de  la  maison  de  Lancastre,  où  Henri  était  venu  tout 
d'abord  en  arrivant  de  France.  Il  avait  vu  le  com- 
mencement du  drame,  il  en  devait  voir  la  fin  (a). 

Ces  précautions  prises  pour  cacher  sa  retraite, 
montrent  que  Richard  n'était  peut-être  pas  si  géné- 
ralement impopulaire;  et  l'excès  même  où  l'on  avait 
poussé  le  mouvement  pouvait  lui  ramener  les  esprits. 
On  faisait  courir  des  prédictions  qui,  tout  en  dési- 
gnant Richard  sous  le  nom  insultant  d'Asinus  qu'on 
lui  donnait  dans  les  prédictions  de  sa  chute,  disaient 
que  la  taupe  (Henri)  ne  garderait  pas  longtemps  la 
terre,  et  que  la  terre  retournerait  à  son  premier 
maître  *.  Ses  amis  s'entendirent  pour  y  prêter  la 
main.  Ce  fut,  dit-on,  dans  Tabbaye  de  Westminster, 


1 .  .1  véniel  talpa, 

iledicta. 
«  iiiwiLia  cddet  super  eam. 
Terra  revertetur  ad  asinum. 

Voy.  sur   les  prédictions  de   Merlin,  Archœol.,   t.   XX,  p.  259 
app.,  n»  IV. 


352  LIVRE  TREIZIÈME.  [1399] 

et  dans  la  chambre  de  l'abbé,  que  le  complot  se  forma. 
Jean  de  Holland,  comte  de  Huntingdon,  et  Thomas 
comte  de  Kent,  le  comte  de  Salisbury  et  le  sire  Despen- 
ser, l'évêque  de  Carlisle  et  le  chapelain  Maudelein, 
qui  avait  une  ressemblance  frappante  avec  Richard, 
le  médecin  Pol  et  Thomas  Blount  en  furent  les  prin- 
cipaux complices.  Au  premier  rang,  il  faut  encore 
nommer  le  fils  du  duc  d'York,  le  comte  de  Rutland, 
qui,  malgré  l'éclat  de  sa  défection,  marqué  par  le 
sang  de  Glocester  à  toutes  les  haines  du  parti  vain- 
queur, se  trouvait  par  là  rejeté  vers  ceux  dont  il  s'é- 
tait séparé  un  des  premiers.  C'était  pour  les  perdre 
encore,  et  cette  fois  sans  remède  (a). 

La  fête  de  Noël  était  proche.  Le  roi  la  devait  célé- 
brer au  château  de  Windsor.  Les  conjurés  convinrent 
de  donner  des  joutes  au  voisinage,  à  Kingston,  dans 
la  quinzaine  de  la  solennité,  à  la  fête  de  l'Epiphanie. 
Sahsbury  et  Kent  publiaient  qu'ils  soutiendraient  la 
lutte  contre  tout  venant.  Un  si  brillant  tournoi  atti- 
rait naturellement  un  grand  concours  d'hommes 
d'armes.  Les  amis  de  Richard  devaient  y  venir  en 
nombre,  profiter  de  la  sécurité  générale  pour  se 
porter  rapidement  sur  Windsor,  occuper  le  palais, 
faire  main-basse  sur  le  roi  et  sur  ses  enfants,  puis 
proclamer  Richard  ;  et,  pour  mieux  dissimuler  leur 
dessein,  ils  vinrent  à  Windsor  faire  leur  cour  au  roi 
avec  les  autres  au  renouvellement  de  l'année  (1400). 

A  cette  occasion  la  chronique  anonyme  rapporte 
une  chose  qui,  si  l'on  y  pouvait  croire,  aurait  dû 


[1399]  LA  MORT  DE  RICHARD.  353 

singulièrement  aiguillonner  leur  ardeur,  elles  dégager 
de  leurs  derniers  scrupules.  Elle  dit  qu'après  le  dîner 
où  le  roi  les  avait  réunis,  l'archevêque  de  Canterbury, 
le  duc  d'York,  les  comtes  de  Norlhumberland,  de 
Westmoreland,  de  Warwick  et  d'Arundel  supplièrent 
le  roi  de  mettre  Richard  à  mort,  alléguant  qu'ils  en 
avaient  sa  parole.  Henri  s'y  refusa;  mais  son  refus 
était  gros  de  menaces  :  il  promettait  que  si  quelque 
armée  se  levait  pour  le  roi  captif,  Richard  mourrait 
le  premier.  La  scène  est  peu  probable,  il  le  faut  dire. 
Ni  le  duc  d'York,  ni  le  comte  de  Northumberland 
lui-même  (la  suite  le  fera  voir)  n'ont  pu  jouer  le  rôle 
qu'on  leur  y  prête;  et  le  fait  qu'elle  présuppose  est 
lui-même  fort  douteux  :  Henri  à  cet  égard  n'avait, 
selon  toute  apparence,  donné  aucune  parole.  Mais 
quel  était  le  fond  de  ses  pensées?  Le  mystère  de 
Tenlèvement  de  Richard,  le  secret  oij  on  le  gardait, 
tout  excitait  les  craintes  ;  et  la  complaisance  avec 
laquelle  les  lords  et  les  communes  avaient  souscrit  à 
tous  les  actes  du  nouveau  roi,  n'était  pas  propre  à 
les  dissiper.  Les  conjurés  n'avaient  donc  pas  besoin 
du  stimulant  que  lefîr  suppose  le  chroniqueur,  pour 
croire  que,  s'ils  ne  se  hâtaient,  la  vie  de  Richard  était 
en  péril.  Ils  furent  d'autant  plus  résolus  à  commencer 
leur  mouvement  par  Henri  lui-même.  Ils  prirent 
congé  de  lui  comme  pour  se  préparer  à  la  fête,  et 
s'en  allèrent,  chacun  dans  son  pays,  pour  revenir  en 
force  comme  ils  s'y  étaient  engagés'. 

1.  La  Noël  à  Windsor.  Ghron.  anon.,  f«  152,  et  Buchon,  p.  38. 

II  —  23 


354  LIVRE  TREIZIÈME.  [1400] 

Lorsque  Jean  de  Holland,  comte  de  Huntingdon; 
quitta  sa  femme,  sœur  du  roi  Henri,  à  la  vue  de  tant 
de  gens  armés  elle  eut  un  sinistre  pressentiment  et 
ne  put  retenir  ses  larmes.  «  Madame,  lui  dit-il, 
pleurez-vous?  et  pourquoi?  Vous  faisiez  si  grand' 
chère  quand  le  roi  mon  très-cher  seigneur  et  moi 
vînmes  en  déplaisance  de  votre  frère!  Quand  votre 
frère  fut  couronné,  et  que  monsieur  mon  frère  fut 
déposé  de  la  couronne,  laquelle  il  avoit  portée  vail- 
lamment par  vingt-deux  ans,  il  eut  grand  deuil  alors, 
et  vous,  madame,  faisiez  grande  fête.  Pourquoi  pleu- 
rez-vous maintenant  ?  »  La  dame  était  si  émue  qu'elle 
ne  savait  parler.  Mais  ce  départ,  en  si  nombreuse 
compagnie,  ne  semblait  point  mener  à  une  fête;  elle 
craignait  pour  son  frère,  elle  craignait  pour  son 
mari.  Le  duc  eut  peur  de  lui  avoir  fait  de  la  peine. 
Il  la  baisa  elle  et  ses  deux  filles,  disant  :  «  Je  me 
recommande  à  vous,  priez  Dieu  pour  moi  \  » 

J.  de  Holland,  Kent  etSalisbury  amenaient  environ 
huit  mille  archers  et  trois  cents  lances.  Hs  voulaient 
être  sûrs  que  Rutland  ne  serait  pas  moins  exact  au  jour 
dit  :  car  un  pareil  armement  n'aurait  pu  bien  long- 
temps cacher  son  objet.  Ils  lui  écrivirent.  Rutland 
craignait-il  déjà  d'être  allé  trop  avant,  et  voulait-il 
racheter  ce  commencement  de  trahison  envers  le  roi 
en  lui  livrant  ses  complices  ?  Plusieurs  le  disent  :  un 
autre  récit  enlève  au  moins  à  sa  perfidie  la  circon- 

1.  Ghron.  anon.,  f»  152. 


[1400]  LA  MORT  DE  RICHARD.  355 

stance  acçgravante  de  la  préméditation.  Rutland,  dit 
la  chronique  française  anonyme,  (et  c'est  la  tradition 
suivie  presque  de  point  en  point  par  Shakspeare), 
Rutland,  ce  jour-là,  dînait  avec   son  père,  le  duc 
d'York.  Le  duc  vit  la  lettre  et  voulut  savoir  ce  que 
c'était.  Il  la  prit,  ou  se  la  fit  donner,  et  y  trouva  le 
secret  de  la  conjuration  :  «  Ah  !  s'écria-t-il,  saisi  de 
colère  et  de  p^eur  ;  ah  I  faux  traître,  tu  as  été  faux  au 
roi  Richard,  tu  dois  être  faux  et  traître  à  ton  cousin 
le  roi  Henri.  Tu  sais  bien  que  je  suis  piège  (caution) 
pour  toi,  et  que  j'ai  engagé  mon  corps  et  mon  héri- 
tage pour  toi  devant  le  parlement.  Je  vois  bien  que  tu 
me  veux  faire  mourir;  mais,  par  saint  Jean!  j'aime 
mieux  que  tu  sois  pendu  que  moi.  »  Et  le  duc  monta 
à  cheval  'pour  aller  à  Windsor  en  porter  la  nouvelle 
au  roi  et  lui  montrer  la  lettre.  Rutland  menacé  résolut 
de  prévenir  le  coup.  Il  devança  son  père  à  la  rési- 
dence royale,  fit  fermer  les  portes  du  château,  et,  alla 
se  jeter  aux  genoux  du  roi,  criant  merci.  —  «  Mais, 
beau  cousin,  dit  Henri,  vous  ne  m'avez  rien  fait  de 
mal.  ))  —  Rutland  lui  fit  connaître  alors  tous  les  sei- 
gneurs qui  étaient  du  complot,  le  plan  de  la  conju- 
ration, comment  Henri  devait  être  pris  avec  ses  en- 
fants et  Richard  rétabli  avec  la  reine.  Il  avoua  qu'il 
était  de  leur  conseil  et  en  demandait  pardon  au  roi. 
—  «  Si  ce  que  vous  dites  est  vrai,  je  vous  le  par- 
donne, dit  Henri;  mais  si  je  le  trouve  autrement,  par 
ma  foi  vous  vous  en  repentirez!  »  En  ce  moment,  le 
duc   d'York   arrive,  apportant  la   lettre  qu'il  avait 


356  LIVRE  TREIZIÈME.  [1400] 

enlevée  à  son  fils.  Le  roi  vit  bien  qu'il  n'avait  point 
de  temps  à  perdre  :  il  fit  seller  huit  chevaux  et  courut 
à  Londres.  Il  rencontra  en  chemin  le  maire,  qui 
venait  en  toute  hâte  lui  annoncer  qu'on  avait  vu  les 
seigneurs  en  campagne  avec  six  mille  combattants; 
et  le  roi  n'était  pas  dans  la  cité,  que  les  principaux 
conjurés,  devançant  l'heure  marquée  pour  l'attaque, 
avaient  déjà  envahi  le  château  de  Windsor.  Qu'on 
juge  de  leur  consternation,  quand  ils  virent  que  leur 
proie  leur  avait  échappé  (5  janvier  1 400)  (a)  ! 

Tandis  que  Henri ,  arrivé  à  Londres ,  expédiait 
Tordre  d'arrêter  les  comtes  de  Kent,  de  Huntingdon 
et  leurs  complices,  et  faisait  crier  par  la  ville  qu'on 
s'enrôlât  pour  le  servir  pendant  quinze  jours,  les 
conjurés  revenaient  de  Windsor  au  lieu  où  leurs 
troupes  étaient  réunies.  N'ayant  pu  prendre  Henri,  il 
leur  fallait  de  toute  nécessité  Richard,  pour  opposer 
roi  à  roi  dans  la  lutte  qu'ils  avaient  engagée.  Ils 
répandirent  le  bruit  qu'il  était  sorti  de  prison.  Le 
comte  de  Kent,  passant  à  Sunning,  le  dit  à  la  petite 
reine,  qui  en  fut  bien  joyeuse,  et  sa  joie  devait  accré- 
diter la  nouvelle  parmi  ceux  qui  l'entouraient.  Pour 
elle^  le  roi  était  à  Pomfret,  où  déjà  il  avait  cent  mille 
hommes  sous  ses  ordres;  pour  les  autres,  les  conjurés 
firent  plus  :  ils  dirent  qu'ils  l'avaient  avec  eux  et  ils 
le  montraient;  le  chapelain  Maudelein,  si  fameux  par 
sa  ressemblance  avec  Richard,  avait  été  revêtu  de 
l'habit  royal,  et  jouait  le  rôle  du  roi  prisonnier  (b). 

Le  6  janvier,  dès  le  matin,  Henri  ayant  rallié  cin- 


[1400]  LA  MORT  DE  RICHARD.  357 

quante  lances  et  six  mille  archers,  sortit  de  Londres 
pour  se  mettre  en  bataille,  en  attendant  que  la  milice 
de  la  cité  le  vînt  rejoindre.  Seize  mille  s'étaient 
fait  inscrire,  mais  à  trois  heures  aucun  n'était  encore 
arrivé.  Henri  craignait  déjà  une  défection  de  la  ville, 
quand  il  aperçut  la  bannière  de  Londres,  suivie  de 
huit  mille  cavaliers.  11  reprit  dès  lors  confiance  en 
sa  fortune.  Pour  mettre  à  l'épreuve  la  sincérité  de 
Rutland^  et,  sans  doute,  pour  tirer  parti  de  son  art 
consommé  dans  la  trahison,  il  l'envoya  comme  en 
éclaireur  vers  les  conjurés.  Deux  fortes  avant-gardes 
le  devgiient  suivre,  sous  la  conduite  du  comte  de  Som- 
merset(J.  de  Beau  fort),  et  d'un  autre  baron,  pour  agir 
selon  le  besoin  \ 

Rutland  vint  trouver  les  seigneurs  qui  le  tenaient 
toujours  pour  leur  complice;  il  leur  annonça  que 
Henri  était  sorti  de  Londres  pour  les  combattre,  mais 
il  leur  disait  qu'il  n'avait  pas  plus  de  deux  mille 
archers.  Ce  n'était  pas  de  quoi  les  inquiéter  beau- 
coup. Néanmoins  ils  prirent  la  résolution  d'aller  vers 
le  pays  de  Galles  et  le  comté  de  Chester  pour  se 
faire  une  armée  plus  capable  de  tenir  la  campagne; 
et  Rutland  s'en  vint  avec  eux,  comme  voulant  par- 
tager en  tout  leur  fortune.  Ils  marchaient  donc  sans 
défiance,  quand,  après  le  passage  de  la  Tamise,  ils 
virent  paraître  sur  leurs  derrières  la  tète  des  avant- 
gardes  dont  Henri  s'était  fait  précéder.  Dès  qu'elles 

1.  Ghron.  anon.,  f"  105,  et  Huchoii,  p.  ^7. 


358  LIVRE  TREIZIÈME.  [1400] 

lurent  proches,  Rutland  se  retourna,  et,  courant 
comme  pour  les  attaquer  :  «  Ils  fuient,  ils  fuient  !  » 
s'écria-t-il,  et  il  entra  et  se  perdit  bientôt  dans  leurs 
rangs.  Le  comte  de  Kent  vit  bien  qu'ils  étaient  trahis. 
Il  rallia  quelques  hommes,  courut  à  la  tête  du  pont, 
et  le  défendit  vigoureusement  jusqu'à  ce  que  tous 
ceux  dont  il  avait  le  commandement  eussent  passé  en 
sûreté  avec  armes  et  bagages;  puis,  rejoignant  le  gros 
de  sa  troupe,  il  se  dirigea  vers  Girencester.  Jean  de 
Ilolland,  à  ce  qu'il  paraît,  était  allé  propager  le  mou- 
vement ailleurs,  ou  avait  pris  un  autre  chemin.  Les 
comtes  de  Kent  et  de  Sahsbury,  Despenser,  Blount 
et  Maudelein,  qu'on  faisait  toujours  passer  pour 
Richard,  se  logèrent  dans  la  ville,  avec  une  trentaine 
de  chevaliers  de  leur  suite,  laissant  leurs  troupes  dans 
la  campagne  (a). 

C'est  ce  qui  fit  leur  perte.  Le  chroniqueur  ano- 
nyme raconte  qu'un  archer  de  Henri  étant  venu  dans 
la  ville,  le  comte  de  Kent  l'arrêta  comme  espion,  et 
le  livra  au  constable  du  lieu  pour  être  pendu.  Mais 
cet  homme  fit  connaître  au  magistrat  que  le  roi  arri- 
vait en  forces;  et  le  constable  réunissant  les  gens 
de  la  ville ,  prit  avec  lui  soixante  archers ,  vint  à 
l'hôtel  où  étaient  les  seigneurs,  et  prétendit  les  y  re- 
tenir jusqu'à  ce  qu'il  sût  s'ils  étaient  amis  ou  ennemis 
du  roi.  Le  comte  de  Kent  indigné  le  frappa  au  visage. 
Le  constable  appela  les  habitants  à  son  aide,  et  la 
lutte  commença.  Séparés  de  leurs  troupes,  les  sei- 
gneurs, quelle  que  fût  leur  bravoure,  ne  pouvaient 


[1400]  LA  MORT  DE  RICHARD.  359 

que  succomber  sous  le  nombre.  Kent,  Salisbury  pé- 
rirent en  combattant;  Thomas  Despenser,  Maudelein, 
réussirent  à  s'échapper  par  une  fenêtre,  et  mirent  le 
feu  en  deux  ou  trois  points  de  la  ville  pour  faire  di- 
version à  l'attaque  pendant  qu'ils  allaient  rallier  leurs 
gens;  mais  les  troupes,  voyant  les  flammes  s'élever 
de  la  ville,  avaient  cru  que  Henri  y  était  entré  en 
forces,  et  elles  s'étaient  dispersées.  Il  n'y  avait  plus 
rien  à  faire.  Thomas  Despenser  s'enfuit  dans  le  pays 
de  Galles,  sa  patrie;  Maudelein,  vers  l'Ecosse;  quant 
à  ceux  qui  étaient  restés  dans  la  ville,  ils  se  défen* 
dirent  vaillamment  encore  jusqu'au  lendemain  matin, 
et  finirent  par  se  rendre.  Les  habitants  coupèrent  les 
têtes  des  comtes  de  Kent  et  de  Salisbury,  les  mirent 
au  bout  de  longues  perches  et  les  portèrent  au  roi 
Henri  à  Oxford,  amenant  à  la  suite  sir  Thomas  Blount, 
sir  Benoît  Sely  (ou  Shelly)  et  trente  autres  chevaliers 
ou  écuyers  faits  prisonniers  avec  eux  (a), 

Henri  ordonna  qu'on  les  mît  à  mort.  Thomas 
Blount  et  Benoît  Sely  furent  traînés^  selon  l'usage,  au 
lieu  de  l'exécution,  pour  être  punis  du  suppHce  des 
traîtres.  On  les  pendit,  puis  aussitôt  on  coupa  la 
corde,  de  peur  qu'ils  n'échappassent  au  supplice  par 
la  mort,  et  on  les  fit  asseoir  devant  un  grand  feu  ;  on 
leur  fendit  le  ventre,  on  leur  coupa  les  intestins,  que 
Ton  ce  noua  d'une  lanière  afin  que  le  vent  du  cœur  ne 
partît  hors,  »  et  on  leur  donna  le  spectacle  de  leurs 
entrailles  jetées  au  feu.  Le  sir  d'Erpingham,  qui  pré- 
sidait à  ces  horreurs,  insultait  encore  aux  victimes  : 


360  LIVRE  TREIZIÈME.  [1400] 

«  Or,  allez,  leur  disait-il,  allez  quérir  un  maître  qui 
vous  puisse  guérir!  M 

Thomas  Blountjoignit  les  mains,  disant:  «  TeDcum 
laudanius,  et  bénie  soit  1  heure  où  je  suis  né;  béni 
soit  ce  jour,  car  je  mourrai  au  service  de  mon  sou- 
verain seigneur  le  noble  roi  Richard. 

—  Quels  sont,  lui  dit  Erpingham,  les  seigneurs 
qui  sont  de  votre  accord  et  de  votre  trahison?  w 

Adonc  répondit  le  bon  chevalier  au  ventre  ou- 
vert ;  «  Toi,  traître  Erpingham,  tu  es  plus  faux  et  plus 
traître  que  je  ne  fus  oncques;  et  par  la  mort  qu'il  me 
convient  souffrir,  je  ne  parlerai  jamais  de  nul  sei- 
gneur ni  de  nulle  créature  au  monde.  Par  toi  et  par 
le  faux  traître  le  comte  de  Rutland,  est  détruite  la 
noble  chevalerie  d'Angleterre.  Maudite  soit  Theure  où 
vous  êtes  nés!  Je  crie  merci  à  Dieu  de  mes  péchés; 
et  toi,  traître  de  Rutland,  et  toi^  faux  Erpingham, 
entre  vous  deux  je  vous  appelle  devant  la  face  de 
Jésus-Christ,  pour  la  grande  trahison  qu'entre  vous 
deux  a\ez  faite  contre  notre  souverain  seigneur  le 
noble  roi  Richard.  »  Le  bourreau  lui  demanda  s'il 
voulait  boire:  «  Non,  dit -il  amèrement;  tu  m'as 
ôté  le  lieu  où  je  le  devais  mettre;  »  et  il  demanda 
qu'on  le  délivrât  de  ce  monde,  disant  :  «  Il  me  fait 
grand  mal  de  voir  les  traîtres  qui  sont  présents.  »  Le 
bourreau  se  mit  à  genoux  devant  lui,  le  baisa  très- 
humblement,  et  lui  coupa  la  tête;  puis  on  l'écartela,  et 
on  jeta  les  quartiers  dans  la  chaudière.  Ainsi  fit-on  de 
sir  Benoît.  Les  autres  seigneurs  furent  décapités  (a). 


[1400]  LA  MORT  DE  RICHARD.  361 

Le  16  janvier,  Londres  fut  en  grande  fête.  On  y 
.recevait   le    don    que   Henri    faisait  à   sa  capitale , 
c'est  à  savoir  les  huit  têtes  et  les  quartiers  des  sei- 
gneurs ci-dessus  nommés,  et  de  plus  douze  gentils- 
hommes vivants  réservés  à  pareil  supplice.  La  tête  du 
comte  de  Kent  venait  la  première,  sur  le  plus  haut 
bâton,  et  c'était  devant  elle  qu'il  y  avait  le  plus  de 
ménétriers  et  de  trompettes.  L'archevêque  de  Canter- 
bury,  dix-huit  évêques,  trente-deux  abbés  à  mitres, 
sans  compter  les  autres  prélats,  allèrent  en  proces- 
sion, avec  leurs  mitres  et  leurs  crosses,  et  revêtus  de 
leurs  ornements    pontificaux,  à  la  rencontre  de  ce 
présent  du  roi  Henri  à  sa  bonne  ville  de  Londres,  ils 
chantaient  le  Te  Deum,  et  la  multitude  criait  d'une 
seule   voix  :   «  Dieu   garde  et  bénisse  le   noble  roi 
Henri,  notre  souverain  seigneur  !  »  L'archevêque  ra- 
mena  son   cortège  à  Saint-Paul,  où  il  entonna  un 
nouveau  Te  Deum,  et  prêcha  devant  tout  le  peuple. 
Henri,  si  bien  précédé,  fit  son  entrée  le  lendemain, 
et  fut  reçu  comme  l'avaient  été  les  sanglants  trophées 
de  la  veille.  Si  l'on  en  croit  le  même  chroniqueur, 
à  l'entrée  de  Saint-Paul,  quand  l'archevêque  lui  eut 
donné  de  l'eau  bénite,  le  prince,  droit  sur  son  che- 
val, dit  d'une  voix  forte  aux  prélats  assemblés:  «  Par 
saint  Georges,  c'est  belle  chose  de  nous  voir  tous  en- 
semble, au   cas  que  nous  serons  bons   l'un  envers 
l'autre;  maisjesai»  certainement  qu'il  y  a  des  traîtres 
entre  nous  ,  et  pour  ce,  je  promets  à  Dieu  et  à  vous 
aussi,  qii'  *'"  "'ciM.ilIriMi  les  mauvaises  lierlM'<  <'i  l«'s 


362  LIVRE  TREIZIÈME.  [1400] 

tirerai  hors  de  mon  jardin,  et  les  détruirai  tellement 
que  plusieurs  de  vous  s'en  repentiront;  et  les  bonnes, 
herbes,  je  garderai  et  ferai  garder  tellement,  que  mon 
jardin  sera  bel  et  net.  »  (a) 

Ceux  qui  n'avaient  point  péri  dans  le  désastre  de 
Cirencester  ne  purent  longtemps  échapper  au  vain- 
queur. Jean  de  Holland  qui,  selon  toute  apparence, 
n'était  point  en  ce  lieu  fatal,  surpris  par  la  nouvelle 
de  cette  déroute  et  voyant  son  parti  perdu,  ne  son- 
geait plus  qu'à  fuir  du  royaume.  Il  avait  gagné  la 
mer  ;  mais  le  vent  contraire  le  repoussant  au  rivage, 
il  traversait  le  comté  d'Essex  et  s'était  arrêté  près  du 
lieu  où  demeurait  la  sœur  du  feu  comte  d'Arundel, 
la  comtesse  de  Hereford,  dont  les  deux  filles  avaient 
épousé,  l'une  Glocester,  et  l'autre  Henri  lui-même. 
La  comtesse  le  sut;  elle  ameuta  le  peuple,  fit  arrêter 
le  fugitif  et  le  tint  au  château  du  Plessis,  d'oii  Glo- 
cester avait  été  jadis  tiré  par  trahison.  Henri  demanda 
qu'elle  le  lui  remît  au  plus  tôt,  et  déjà  il  avait  signé 
l'ordre  de  le  recevoir  à  la  Tour;  mais,  selon  le  récit 
de  la  chronique  anonyme,  la  comtesse  répondit  qu'elle 
en  voulait  sa  part,  et  elle  lui  laissa  le  choix  :  ou  le 
corps  ou  la  tête.  Elle  priait  le  roi  de  lui  envoyer  le 
jeune  comte  d'Arundel  :  elle  voulait  que  le  jeune  sei- 
gneur tirât  lui-même  vengeance  de  la  mort  de  son  père. 

La  suite  de  ce  récit  est  tellement  atroce,  qu'on  est 
tenté  d'y  voir  l'écho  d'une  légende  populaire  plutôt 
que  l'expression  de  la  vérité.  Le  jeune  comte ,  dit  le 
chroniqueur,  arriva  et  n'épargna  à  son  prisonnier 


[1400]  LA  MORT  DE  RICHARD.  363 

aucune  insulte.  Il  lui  demandait  s'il  ne  se  repentait 
point  en  ce  jour  d'avoir  fait  périr  son  père,  envahi  ses 
biens,  réduit  à  la  pauvreté  et  sa  sœur  et  lui-même  : 
«  Or  maintenant,  dit-il,  j'en  aurai  vengeance;  »  et  il 
le  fit  conduire,  les  mains  liées,  devant  la  troupe  des 
paysans,  pour  l'abandonner  à  leur  fureur.  Mais  ceux- 
ci  ne  témoignèrent  que  de  la  pitié  pour  cette  grande 
infortune.  La  comtesse  s'en  irrita  :  «  Maudits  soyez- 
vous  entre  vous  tous,  vilains,  dit-elle,  qui  n'osez  met- 
tre un  homme  à  mort!  »  et  elle  fit  venir  un  écuyer 
armé  d'une  hache  :    mais  il  fut  ému  lui-même  des 
plaintes  touchantes  du  prisonnier,  et  il  revint  dire  à 
la  comtesse  que  pour  tout  For  du  monde  il  ne  met- 
trait le  duc  à  mort.  «  Tu  feras  ce  que  tu  as  promis, 
s'écria-elle,  ou  je  te  ferai  couper  la  tête!  »  Il  revint 
tremblant  au  prisonnier:  «  Monsieur,   je  vous  crie 
merci,  pardonnez-moi  votre  mort!  »  Le  frère  du  roi 
Richard  se  mit  à  genoux,  disant  :  «  Hélas  !  n'y  a-t-il 
point  de  remède?  Me  convient-il  mourir?   »  Il  de- 
manda pardon  à  Dieu  de  ses  péchés,  et  pria  l'écuyer 
de  le  délivrer  de  ce   monde;  mais  celui-ci  était  si 
tremblant  que,  levant  sa  hache,  il  le  frappa  à  l'épaule  : 
«  Hélas!  dit  le  duc,  se  relevant,  hélas  !  homme,  com- 
ment fais-tu  ce  que  tu  me  fais?  Pour  Dieu,  délivre- 
moi  légèrement.  »  Ce  ne  fut  qu'au  huitième  coup  que 
le  malheureux  l'acheva.  La  tête  fut  mise  au  bout  d'une 
[)erche;  et,  le  29  janvier,  le  comte  d'Arundel  l'ap- 
{)orta  à  Londres,   précédé  de  ménétriers  et  de  trom- 
pettes (a). 


364  LIVRE  TREIZIÈME.  [1400] 

Presque  en  même  temps  entrait  à  Londres  le  comte 
de  Rutland,  faisant  porter  devant  lui  la  tête  de  Tho- 
mas Despenser,  mis  à  mort  sans  plus  de  jugement. 
Le  jeune  seigneur,  fuyant  de  Circenster,  s'était  retiré, 
on  l'a  vu,  dans  le  pays  de  Galles,  où  les  conjurés 
avaient  compté  se  rallier  de  nombreux  partisans. 
Mais  il  ne  pouvait  plus  songer  à  soulever  le  pays 
quand  il  y  venait  en  fugitif  ;  et,  ne  s'y  trouvant 
point  en  sûreté,  il  avait  songé  à  gagner  le  continent. 
Le  maître  du  bateau  à  qui  il  se  confia  était  un  traître, 
résolu  à  le  perdre.  Quand  on  eut  mis  à  la  voile  : 
«  Où  voulez-vous  aller,  monseigneur?  lui  dit-il. 

—  Au  delà  de  la  mer. 

—  Non,  lui  répondit  l'autre,  c'est  à  Bristol  qu'il 
faut  aller. 

—  Garde-t'en  bien  !  s'écria  Thomas  ;  tu  périrais 
plutôt  de  cette  épée.  » 

Mais  le  marinier:  «  N'insistez  pas  davantage;  bon 
gré,  mal  gré,,  c'est  là  que  vous  irez.  » 

Et  en  même  temps  il  fit  sortir  de  leur  cachette 
vingt  hommes  qu'il  avait  emmenés  et  qui  finirent 
par  s'emparer  de  lui,  malgré  sa  résistance.  Il  fut 
mené  à  Bristol  et  remis  au  maire  de  la  ville.  Le 
peuple  Payant  su,  se  prit  à  crier:  «  Faites  sortir  ce 
traître  au  roi  et  au  royaume;  qu'il  soit  mis  à  mort!  » 
Ils  s'emparèrent  de  lui,  malgré  les  efforts  du  maire,  et 
l'entraînèrent  jusqu'à  la  croix  du  marché,  où  ils  lui 
coupèrent  la  tête  (a). 

C'est  le  présent  que  le  comte  de  Rutland,  au  rap- 


[1400]  LA  MORT  DE  RICHARD.  365 

port  de  notre  chroniqueur,  venait  offrir  aux  habi- 
tants de  Londres,  le  même  jour  que  le  comte  d'Arun- 
del  apportait  la  tête  du  comte  de  lluntingdon. 
Rutland  se  faisait  précéder  des  ménétriers  et  trom- 
pettes d'usage,  et  traînait  après  lui  deux  charrettes 
de  prisonniers.  Le  peuple  de  Londres  accueillit  les 
deux  cortèges  avec  ses  acclamations  accoutumées  : 
«  Dieu  bénisse  notre  seigneur  le  roi  Henri!  »  Il  sem- 
blait qu'après  tant  de  succès,  rien  ne  devait  résistera 
ses  armes.  «  Nous  voulons,  criaient-ils,  faire  la  gucirre 
à  tous  ceux  du  monde,  fors  (excepté)  aux  Flamands*.  » 
On  avait  tiré  de  l'abbaye  de  Westminster,  malgré 
les  franchises  du  lieu,  Tancien  primat  Walden^  qui 
avait  passagèrement  pris  la  place  de  Thomas  Arun- 
del  à  Canterbury,  l'évêque  de  Carlisle  et  Tabbé  de 
Westminster  lui-même,  et  on  les  avait  enfermés  à 
la  Tour.  On  y  détenait  aussi  le  chapelain  Maudelein, 
qui  avait  fait  le  personnage  de  Richard  dans  la  der- 
nière insurrection  :  il  avait  été  arrêté  par  un  pâtre, 
et  mené  à  Londres  ainsi  que  cet  autre  chapelain  de 
Richard  qui  l'avait  également  suivi  dans  sa  mauvaise 
fortune,  W.  Ferriby.  Le  mercredi  après  la  Chande- 
leur^ les  trois  prélats,  Maudelein,  probablement  aussi 
Ferriby,  et  deux  ou  trois  autres^,  furent  traduits  par 
le  comte  d'Arundel  au  banc  du  roi.  Si  l'on  en  pou- 
vait croire  notre  chroniqueur,  les  juges  déclarèrent 
qu'ils  ne  voyaient  en  eux  aucune  cause  de  mort;  et 

1.  Ghroi)    ;n.nn   Ms  ■\><^U.  r»  167,  et  Buchon,  p.  61. 


366  LIVRE  TREIZIÈME.  Ll^OO] 

le  comte  d'Arundel,  irrité,  en  appela  au  peuple,  qui 
s'écria  :  «  Faites-les  tous  mourir  I  »  Le  comte,  ajoute 
le  chroniqueur,  fit  grâce  à  l'ancien  archevêque  de 
Canterbury  (Walden),  envoya  l'évêque  de  Carlisle  et 
l'abbé  de  Westminster  en  prison,  et  réserva  les  autres 
pour  le  supplice.  Tel  fut  sans  doute  l'arrêt  des  juges. 
On  dit  même  que  Tévêque  de  Carlisle  fut  condamné 
à  la  peine  des  traîtres,  et  ne  garda  la  vie  que  par 
grâce.  Pour  les  autres,  leur  jugement  s'exécuta.  Il 
était  tard  ;  néanmoins  on  voulut  accomplir  ce  jour 
même  la  sentence.  On  les  traîna  au  lieu  du  supplice, 
à  la  lueur  des  torches  ;  on  les  pendit,  puis  aussitôt 
on  coupa  les  cordes,  et,  dans  ce  répit  de  la  mort,  on 
leur  demanda  de  nommer  leurs  complices;  ils  gar- 
dèrent le  silence,  excepté  Maudeléin,  qui  dit  au 
maire:  «  Hélas!  serai-je  écartelé?  —  Non,  dit  le 
maire,  on  vous  coupera  la  tête.  »  Il  joignit  les 
mains,  et  remercia  Dieu  de  ce  qu'il  mourait  au  ser- 
vice de  son  maître.  Et  tous  furent  décapités  (a). 

Il  était  tempB  néanmoins  de  mettre  lin  à  ces  exécu- 
tions. Le  peuple,  qu'on  y  avait  convié,  commençait  à 
s'y  mêler  plus  qu'on  ne  l'eût  voulu.  C'était  la  guerre 
aux  suspects  :  le  voisin  dénonçait  son  voisin;  la 
multitude  se  faisait  juge,  et  le  plus  souvent  se  passait 
de  procédure.  Le  sang  versé  l'avait  mis  en  goût  d'en 
versQT  encore,  et  la  répression  de  la  révolte  n'y  était 
plus  peur  rien.  Dans  cette  effervescence  populaire,  les 
amis  du  roi  n'étaient  pas  plus  en  sûreté  que  les  au- 
tres ;  aussi  le  conseil  en  prit  l'alarme.  Pour  ôter  à  ces 


[1400]  LA  MORT  DE  RICHARD.  367 

massacres  tout  prétexte,  il  sollicita  l'aninistie,  sauf 
des  exceptions  qui  mettaient  le  roi  fort  à  l'aise.  Bien 
plus,  pour  réprimer  le  mouvement  avant  qu'il  fût 
trop  tard,  il  demanda  qu'on  se  tournât  contre  les 
massacreurs,  et  qu'on  mît  les  juges  en  mesure  de  tenir 
tête  a  à  la  fierté  des  communes^  qui  ne  sont  de  bon 
vouloir  d'être  sous  étroite  gouvernance  ;  »  et  ce  fut 
l'objet  d'une  ordonnance  publiée  par  le  roi  le  24  fé- 
vrier (a). 

Vers  ce  même  temps  expirait  une  dernière  victime, 
celle  pour  laquelle  avaient  péri  toutes  les  autres  :  le 
roi  Richard. 


Il 


MORT   DE  RICHARD. 

Selon  un  témoignage  que  Ton  a  vu  plus  haut,  les 
lords,  en  condamnant  Richard  à  la  prison  perpétuelle, 
avaient  décidé  que  si  quelque  tentative  était  faite  en 
sa  faveur  il  serait  le  premier  mis  à  mort.  Que  cela  ait 
été  décidé,  la  chose  est  contestable;  mais  ce  qui  est 
certain,  c'est  que  la  prise  d'armes  des  amis  de  Richard 
fut  son  arrêt  de  mort. 

La  chronique  française  anonyme  dit  que  le  jour 
des  Rois,  quand  Henri  sortit  de  Londres  pour  aller 
combattre  les  seigneurs,  il  donna  ordre  à  son  écuyer, 
Pierre  d'Exton,  d'aller  sur  l'heure  au  château  où  Ri- 


368  LIVRE  TREIZIÈME.  [1400] 

cbard  était  enfermé,  et  de  le  ((  faire  délivrer  de  ce 
monde.  >»  Pierre  d'Exton  entra  dans  la  chambre  du 
prince  avec  sept  compagnons,  tous  armés  de  haches, 
au  moment  oià  il  s'apprêtait  à  manger.  Richard  re- 
poussant la  table,  se  jeta  au  milieu  des  huit,  en  dé- 
sarma un  et  en  tua  quatre;  mais  comme  les  autres  le 
serraient  de  près,  Pierre  d'Exton  se  glissa  dans  le  coin 
où  il  allait  être  acculé ,  le  frappa  par  derrière  et  lui 
brisa  la  tête*. 

Tel  est  le  bruit  recueilli  par  notre  chroniqueur  et 
reproduit  par  le  Religieux  de  Saint-Denys.  C'est  celui 
-qui  eut  le  plus  de  cours  en  France,  et  qui,  revenu  do 
"^à  peut-être  en  Angleterre,  a  été  popularisé  par 
Shakspeare.  Ce  qui  en  fait  douter,  c'est  qu'on  n'en 
trouve  nulle  trace  dans  ceux  des  actes  du  temps  oià, 
si  le  fait  eût  été,  je  ne  dis  pas  constant,  mais  seule- 
ment répandu  dans  le  public,  il  n'eût  pas  manqué 
d'être  allégué  :  je  veux  dire  la  lettre  de  défi  des  Percy, 
devenus  ennemis  de  Henri  IV,  avant  la  bataille  où  se 
décida  leur  querelle,  et  le  manifeste  de  l'archevêque 
d'York,  R.  le  Scrop,  et  des  insurgés  de  l'Yorkshire 
deux  ans  après;  actes  qui,  en  accusant  Henri  du 
meurtre  de  Richard,  le  présentent  d'une  tout  autre 
manière.  L'exposition  du  corps  de  Richard  après  sa 
mort,  l'examen  récent  de  ses  restes  quand  son  cercueil 
fut  ouvert  à  Westminster,  sont  une  preuve,  à  certains 
égards  contestable,  mais  dans  tous  les  cas  surabon- 

1.  Ghron.  anon.,Ms.  3884,  f»»  162,  163,  et  Buchon,  p.  53-55.  Re- 
ligieux de  Saint-Denys,  XX,  17. 


[1400]  LA  MORT  DE  RICHARD.  369 

dante,  à  l'appui  de  celte  première  induction.  Le  bruit 
qui  courut  tout  d'abord  en  Angleterre  et  qui  passa 
ensuite  en  France  (car  on  le  retrouve  de  même  dans 
le  Religieux  de  Saint-Denys),  c'est  que  Richard  mou- 
rut de  faim.  Mais  comment  est-il  mort  de  faim?  C'est 
ici  que  les  contradictions  se  produisent  (a). 

Walsingham  raconte  que  «  Richard,  en  apprenant 
les  infortunes  des  siens,  en  fut  tellement  consterné 
qu'il  se  laissa  volontairement,  dit-on  (lU  fertur)^ 
mourir  de  faim.  »  C'est  ce  que  répètent  le  moine 
d'Evesham  (mais  nous  verrons  ce  qu'il  y  ajoute), 
Otterbourne  et  le  continuateur  de  la  chronique  de 
Croyland.  C'est  le  bruit  officiel  :  et  Walsingham,  si 
passionné  qu'il  se  montre  partout  contre  Richard,  si 
dévoué  qu'il  soit  à  la  dynastie  sous  laquelle  il  écrit, 
n'ose  même  pas  l'affirmer  en  son  nom;  il  le  laisse 
sur  le  compte  de  ceux  qui  le  rapportent,  iit  fertur,  La 
chose,  en  effet,  est  exposée  tout  autrement  dans  des 
écrits  qui  datent  presque  du  lendemain  delà  mort  du 
roi.  Quand  les  Percy  ont  rompu  avec  celui  qu'ils  ont 
tant  aidé  à  détrôner  Richard,  dans  la  lettre  de  défi 
qu'ils  lui  adressent,  ils  l'accusent  «  d'avoir  fait  périî 
Richard  de  faim,  de  soif  et  de  froid,  après  quinze  jours 
et  quinze  nuits  de  souffrances  inouïes  parmi  les  chré- 
tiens; »  et  c'est  ce  que  répète  deux  ans  après,  en  allé- 
guantle  bruit  public,  ui  vulgariter  dicilur,  l'archevêque 
R.  le  Scrop,  dans  la  révolte  de  TYorkshire.  Ce  sont  des 
manifestes  et  des  actes  d'ennemis  ;  et  l'on  ne  peut  pas, 
sans  doute,  ranger  dans  un  autre  camp  le  chroni- 

II  —  24 


370  LIVRE  TREIZIÈME.  [1400] 

queur  Hardyng  qui  combattait  avec  les  Percy  à 
Shrewsbury,  ni  le  Religieux  deSaint-Denys  qui^  dans 
toute  cette  histoire,  montre  où  étaient  les  sympathies 
de  la  France.  Mais  Hardyng  en  parle  sans  aucun  des 
détails  où  se  révélerait  l'hostilité  :  «  On  dit  qu'il  périt 
par  la  faim  :  Meîi  sayde  forhungered  he  was;  »  et  l'hos- 
tilité du  Religieux  de  Saint-Denys  se  montre,  non 
quand  il  reproduit  sommairement  le  même  bruit  ((  que 
Richard  était  mort  à  la  Tour  de  Londres  après  avoir 
longtemps  souffert  de  la  faim,  »  mais  quand  il  raconte 
au  long  le  récit  du  meurtre  accompli,  disait-on,  par 
Pierre  d'Exton  et  par  sa  bande.  Ces  témoignages  ont 
donc  ici  tout  le  caractère  de  l'impartialité,  et  ils  sont 
corroborés  par  un  auteur  fort  partial,  je  le  confesse, 
mais  qui  ne  l'a  jamais  été  que  contre  Richard  (a). 

Je  veux  parler  du  moine  d'Evesham,  dont  on  ne 
cite  pas  la  déclaration  tout  entière,  lorsqu'on  le  range 
parmi  ceux  qui  rapportent  la  mort  de  Richard  à  un 
acte  de  sa  volonté  :  «  Le  roi  Richard,  dit-il,  étant  dé- 
posé et  détenu  au  château  de  Pomfret,  un  bruit  dou- 
loureux parvint  à  ses  oreilles,  le  bruit  de  la  mort  des- 
dits seigneurs;  car  il  avait  placé  en  eux  tout  son  es- 
poir, confiant  que  par  eux  et  par  leur  secours  il  se- 
rait ramené  à  son  ancien  état.  Mais  quand  il  se  vit 
trompé  dans  son  espérance,  il  en  vint  à  ce  point  de 
tristesse,  de  langueur  et  d'abattement,  que,  ne  comp- 
tant plus  s'échapper,  il  tomba  sur  son  lit,  et  refusant 
de  prendre  nourriture,  boisson,  ni  quoi  que  ce  soit,  il 
expi  ra  dans  sa  prison ,  le  jour  de  Saint-Valentin ,  xvii  des 


[1400]  LA  MORT  DE  RICHARD.  371 

kalendes  de  mars  (14  février),  l'an  de  grâce  1399,  et 
de  son  règne  23.  »  Voilà  bien  la  mort  de  faim  volon- 
taire. Mais  Pauteur  continuant  :  «  On  raconte  pour- 
tant autrement  et  d'une  manière  plus  vraie,  dit-il, 
qu'il  y  périt  misérablement  par  la  faim  :  Aliter 
tamen  dicitur  et  verius,  quod  ibidem  famé  miserabiliter 
interiit,  »  Si  cette  manière  est  autre,  il  s'agit  donc 
d'une  mort  violente  :  et  Fauteur  déclare  que  c'est  la 
tradition  la  plus  vraie  (a). 

Le  témoignage  du  moine  d'Evesham  n'est  pas  sus- 
pect :  c'est  un  ennemi  de  Richard;  et  il  confirme 
avec  éclat  Popinion  de  Hardyng  et  la  tradition  re- 
cueillie par  le  Religieux  de  Saint-Denys.  Ajoutons  que 
cette  tradition  a  tous  les  caractères  de  la  vraisem- 
blance. Ce  n'est  point  après  les  péripéties  nombreuses 
et  si  brusques  du  court  règne  de  Richard,  au  lende- 
main d'un  mouvement  que  l'on  propageait  en  faisant 
croire  à  sa  délivrance  et  qui  échoua  surtout  parce 
que  la  fraude  fut  reconnue;  ce  n'est  pas  quand  cette 
épreuve  même,  comme  le  souvenir  du  passé,  mon- 
trait tout  ce  qu'il  y  avait  de  ressources  encore,  lui 
vivant,  et  de  bonnes  chances  pour  sa  cause,  qu'un 
roi  de  trente-trois  ans,  qu'un  prince  qui,  dans  les 
^moments  les  plus  périlleux  avait  montré  tant  d'é- 
nergie, pouvait  se  laisser  aller  au  désespoir.  Quant 
à  Henri,  on  a  vu  ce  qu'il  faut  croire  de  sa  droiture 
et  de  sa  modération,  et  si  cette  prétendue  longanimité 
s'est  soutenue  à  l'égard  des  amis  de  Richard  en  ce 
moment  mrme.  Si  Richard  ost  mort  de  faim,  c'est 


372  LIVRE  TREIZIÈME.  [1400] 

qu'on  l'a  fait  mourir  ainsi.  Henri  en  a-t-il  donné 
l'ordre?  Je  croirais  volontiers  qu'il  ne  la  pas  fait; 
car  il  avait  pour  s'épargner,  aux  yeux  des  hommes 
du  moins,  l'odieux  d'un  assassinat,  des  traditions 
(  dans  sa  race.  Froissart,  dont  nul  ne  soupçonne 
I  la  haute  impartialité  dans  le  récit  des  derniers 
temps  de  cette  histoire,  rapporte  que,  comme  on 
redoutait  en  Angleterre  l'intervention  de  la  France, 
et  qu'on  prenait  ombrage  de  ses  armements,  Henri 
était  assailli  de  ces  conseils  dont  la  liberté  sert  si 
bien  de  masque  à  la  plus  basse  flatterie  :  «  Sire,  lui 
disait-on,  tant  que  Richard  de  Bordeaux  vivra,  ni 
vous  ni  le  pays  ne  serez  en  sûreté.  —  Je  crois  que 
vous  dites  vérité,  répondait  Henri  ;  mais  tant  qu'à 
moi,  je  ne  le  ferai  point  mourir  :  car  je  l'ai  pris  sous 
ma  garde,  et  je  lui  tiendrai  parole,  tant  qu'il  ne  me 
sera  pas  démontré  qu'il  m'a  trahi.  —  Il  vous  vaudroit 
mieux  mort  que  vif,  répliquaient  ces  chevaliers  ;  car 
tant  que  les  François  le  sauront  en  vie,  ils  s'efforce- 
ront toujours  de  vous  guerroyer,  et  auront  espoir  de 
le  rétablir  en  son  état,  parce  qu'il  a  la  fille  du  roi  de 
France.  »  Le  roi  d'Angleterre  ne  répondit  point  à  ce 
propos,  et  les  laissant  parler  ensemble  il  vint  à  ses 
fauconniers,  mit  un  faucon  sur  son  poing,  et  «  s'ou- 
blia à  le  paître.  ?>  —  «  Depuis,  continue  Froissart, 
ne  demeura  longs  jours  que  renommée  véritable  cou- 
roit  parmi  Londres  que  Richard  de  Bordeaux  étoit 
mort.  La  cause  comme  ce  fut,  ni  par  quelle  incidence, 
point  ne  le  savois  au  jour  que  j'écrivis  ces  chroni- 


[1400]  LA  MORT  DE  RICHARD.  373 

ques.  »  Et  il  passe  à  la  cérémonie  des  funérailles. 
Mais  on  voit  assez  jusque  dans  sa  réserve,  ce  qu'il 
pense  de  l'événement;  et  quelques  lignes  plus  bas  il 
marque  bien  qu'il  n'était  imprévu  pour  personne  : 
«  Nouvelles  s'épartirent  partout  que  le  roi  Richard 

-étoit  mort.  On  n'en  atlendoit  autre  chose  :  car  bien 
pouvoient  savoir  et  concevoir  toutes  gens  que  jamais 

-du  chastel  de  Londres  ne  sortiroit  en  vie  ^  « 

Henri  n'a  donc  point  ordonné  la  mort  de  Richard, 
mais  il  s'est  laissé  dire  et  il  est  convenu  lui-même 
que  ce  serait  une  bonne  chose  pour  le  pays,  se  défen- 
dant, quant  à  lui ^  de  l'ordonner,  à  cause  de  sa 
parole,  souffrant  d'ailleurs  qu'on  insistât,  sans  y 
contredire  davantage,  et  s'en  allant  à  ses  faucons, 
tandis  que  ses  courtisans  continuaient  le  propos 
commencé.  Richard  dès  lors  fut-il  privé  de  toute 
nourriture,  de  telle  sorte,  comme  on  le  dit  plus  tard, 
qu'il  en  mourut  après  quatre  ou  cinq  jours  ?  C'eût 
été  une  véritable  exécution  et  chose  trop  violente  : 
on  sut  s'y  prendre  autrement;  et  l'accusation  des 
Percy,  dans  ce  qu'elle  a  semblé  avoir  d'impossible 
par  son  exagération  même,  paraît  se  rapprocher  le 
plus  de  la  vérité.  On  ne  refusa  point  à  Richard  toute 
nourriture,  mais  on  la  lui  mesura  de  telle  sorte  que 
ses  jours  étaient  comptés;  et  quand,  après  quinze 
jours  et  quinze  nuits  de  ce  supplice  prudemment 
tempéré,  il  rendit  l'âme,  on  put  dire  qu'il  était  mort 

1.  Froissant,  IV,  81  et  82.  Henri  II  n'avait  pas  non  plus  donné 
Tordre  df  '•'"""  >■'•'•!''  'riiom:!^  l'icrl-.t 


374  LIVRE  TREIZIÈME.  [1377-1400] 

de  mort  naturelle  :  on  Tavait  fait  mourir  naturelle- 
ment (14  février  1400)  (a). 


m 


CONCLUSION. 

Ainsi  périt  ce  jeune  roi  qui,  appelé  par  la  mort 
prématurée  de  son  père,  à  recueillir,  âgé  de  onze  ans, 
la  succession  de  son  aïeul,  avait  éveillé  dès  son 
avènement  toutes  les  espérances  de  la  nation  :  comme 
si  son  règne  devait  faire  renaître  les  beaux  jours 
depuis  longtemps  passés  du  Prince  Noir  et  d'E- 
douard 111.  Il  ne  s'était  pas  montré  indigne  du  sang 
qui  coulait  dans  ses  veines  :  c'était  bien  le  fils  et  le 
petit-fils  des  vainqueurs  de  Poitiers  et  de  Grécy  qu'on 
avait  retrouvé  en  cet  enfant  le  jour  où,  faisant  tête  à 
l'émeute,  il  reprenait,  par  un  coup  d'audace,  sa  capi- 
tale à  une  insurrection  triomphante.  Mais  il  était 
difficile  de  répondre  à  tout  ce  qu'on  attendait  de  lui  : 
comment  rendre  à  l'Angleterre  ce  qu'elle  avait  con- 
quis et  perdu  en  France,  quand  ces  conquêtes  elle 
les  devait  surtout  aux  fautes  des  rois  de  France,  et 
que  la  royauté  française,  instruite  enfin  par  ses  fautes 
mêmes,  avait  reçu  de  Charles  V  une  direction  qui  se 
soutenait  encore  pendant  la  minorité  de  Charles  VI, 
et  promettait  de  réparer  ses  revers? 

A  ces  difficultés  du  dehors  s'étaient  jointes  celles 


[1377-1400]  LA  MORT  DE  RICHARD.  375 

du  dedans.  Les  appuis  naturels  de  Richard,  c'étaient 
ses  trois  oncles  :  or  les  deux  premiers  détournaient 
l'Angleterre  vers  des  entreprises  particulières  qui 
Taffaiblissaient  vis-à-vis  de  la  France;  et  le  troisième 
profitait  de  ces  échecs  et  des  tentatives  d'accommode- 
ment qui  les  devaient  suivre,  pour  soulever  l'esprit 
public  contre  le  roi.  Richard,  si  mal  servi  par  ses 
oncles,  et  tenu  dans  une  dépendance  de  plus  en  plus 
étroite  par  le  parlement^  avait  été  amené  à  mettre  sa 
confiance  en  des  hommes  que  sa  faveur  combla  trop^ 
peut-être,  et  qu'en  élevant  elle  rendit  odieux.  C'est 
dans  ses  ministres,  et  dans  le  plus  digne  de  tous,  le 
comte  de  Suffolk,  Michel  de  la  Pôle,  qu'il  fut  d'abord 
attaqué  ;  et  l'on  sait  avec  quelle  insulte  pour  la 
dignité  royale,  privée  de  ses  attributs  et  mise  en 
tutelle.  On  se  rappelle  comment,  fort  de  son  droit,  il 
entreprit  de  s'en  faire  une  arme  pour  rétablir  sa 
prérogative,  et  ne  réussit  qu'à  perdre  ses  amis  les 
'plus  dévoués,  et  à  retomber  absolument  sous  le  joug 
de  Glocester.  11  s'en  affranchit  pourtant,  sans  autre 
appui  que  lui-même,  par  un  acte  de  décision  qui 
faisait  retrouver  dans  l'adulte  tout  ce  (|ue  l'enfant 
avait  promis.  Et  alors  avait  commencé  cette  période^ 
de  sage  administration  et  de  force,  que  l'on  supprime, 
que  l'on  abrège  au  moins  dans  les  histoires,  pour  se 
dispenser  d'y  rendre  hommage,  pendant  laquelle  le 
roi,  sans  refuser  à  son  règne  l'éclat  des  fêtes,  sut 
travailler  à  guérir  les  maux  de  son  pays.  Nul  remède 
n'était  Bérieusement  praticable,  s'il  ne  le  tirait  de 


376  LIVRE  TREIZIÈME.  [1377-1400] 

cette  guerre  de  France,  où  l'Angleterre  s'était  vue 
engagée  à  sa  gloire,  sans  doute,  mais  aussi  au  prix 
de  bien  des  misères,  et  qui,  comme  toute  occupation 
contre  nature,  devait  un  jour  ou  l'autre  finir  par  des 
revers.  Mais  c'était  toucher  à  ce  qu'il  y  avait  de  plus 
aveugle  et  de  plus  vivace  dans  l'amour-propre  natio- 
nal :  nulle  paix  n'était  possible  sans  concession,  et 
toute  concession  était  tenue  pour  trahison.  Ne  pou- 
vant faire  ces  sacrifices,  Richard  n'avait  pas  fait  la 
paix;  il  s'en  était  tenu  aux  trêves,  les  continuant  de 
traité  en  traité,  et  les  prolongeant  jusqu'à  un  terme 
que  la  paix  même  n'atteint  pas  d'ordinaire  (la  trêve 
de  vingt-huit  ans).  Par  là  il  avait  affranchi  son  pays 
des  maux  de  la  guerre,  sans  abdiquer  aucune  de  ses 
prétentions;  il  avait,  en  ajournant  des  débats  sans 
solution  possible,  ramené  les  deux  peuples  à  se  rap- 
procher et  à  s'unir  dans  l'intérêt  de  leur  suprématie 
en  Europe,  et  pour  le  bien  de  la  chrétienté  tout 
entière  :  et,  afin  de  donner  plus  de  garantie  à  ces 
bons  rapports,  il  les  avait  consacrés  par  une  union 
de  famille.  C'en  fut  assez  pour  qu'il  se  vît  en  butte  à 
toutes  les  calomnies,  à  toutes  les  intrigues,  et  peut- 
être  à  de  nouveaux  complots.  Il  les  voulut  prévenir 
et  étouffer  à  jamais  par  uii  coup  d'éclat,  l'arrestation 
et  le  jugement  de  Glocester  et  de  ses  amis  :  mais  il  y 
procéda  avec  un  emportement  qui  ne  trouvait  qu'ex 
citation  autour  de  lui,  sans  rencontrer  nulle  part  de 
résistance,  pas  même  dans  cette  assemblée  des  trois 
États,  aussi  docile  maintenant  à   le  servir  qu'elle 


[1377-1400]  LA  MORT  DE  RICHARD.  377 

s'était  montrée  jadis  audacieuse  à  le  dominer.  C'est 
ainsi  qu'il  entra,  par  l'adhésion  même,  et  l'on  pour- 
rait presque  dire  par  l'abdication  du  parlement,  dans 
cette  voie  du  despotisme   où   il    devait  trouver  sa 
perte.  Dès    ce  moment ,  Glocester  avait  beau   être   ' 
mort,  il  devait  renaître  vTngt  autres  Glocester  :  Ri-   j 
chard  en  trouva  un  dans  sa  propre  famille,  et  parmi   | 
ceux  qui  avaient  donné  les  mains  à  la  chute  de  son 
oncle  :  le  comte  de  Derby,  devenu  duc  de  Hereford, 
fils  du  duc  de  Lancastre.  La  disgrâce  qui  le  frappa 
à  son  tour  ne  fit  que  le  donner  pour  chef  aux  mé-  ! 
contents. 

On  vient  d'en  voir  le  résultat.  Richard  n'avait  pas 
seulement  froissé  le  préjugé  populaire,  il  avait  touché 
aux  libertés  publiques;  il  n'avait  pas  seulement 
donné  prise  aux  ambitieux,  il  avait  irrité  les  honnêtes 
gens;  et  la  nation,  déjà  fatiguée  après  un  an  de  des- 
potisme ,  s'était  ralliée  à  Henri  de  Lancastre  pour  y 
mettre  un  terme.  ^Mais  était-ce  dans  la  pensée  de  ren- 
verser le  roi?  C'est  ici  que  le  doute  commence;  car 
vainement  alléguerait-on  la  décision  du  parlement  : 
autant  vaudrait  dire  que  le  pays  voulait  un  an  plus 
tôt  le  despotisme,  pour  la  raison  que  le  parlement 
l'avait  établi,  soit  par  ses  actes  dans  le  procès  de 
Glocester,  soit  par  l'abandon  de  ses  droits  aux  com- 
missaires donnés  pour  conseil  à  Richard. 

Ce  sont  les  fautes  de  Richard  qui  ont  préparé,  mais 
c'est  surtout  l'ambition  de  Henri  qui  a  consommé  hi 
révolution;  et  la  preuve  que  la  nation  ne  le  poussait 


378  LIVRE  TREIZIÈME.  [1400-1413] 

point  à  cela,  n'est  pas  seulerïient  dans  les  assurances 
qu'il  donna  à  ses  premiers  adhérents,  ou  dans  la  ré- 
serve qu'il  parut  garder  jusqu'à  la  veille  de  la  réunion 
du  parlement  à  Westminster  :  elle  est  dans  les  faits 
qui  suivirent.  A  peine  Richard  est-il  tombé,  que  ses 
amis  se  relèvent  et  provoquent  une  révolte  en  faisant 
croire  qu'il  est  délivré,  en  produisant,  pour  entraîner 
le  peuple,  un  faux  Richard!  A  peine  est-il  mortpayr< 
qu'un  semblable  mouvement  se  manifeste  dans  l'opi- 
nion publique.  Les  uns,  et  ils  sont  dans  le  vrai,  crient 
à  l'assassinat;  les  autres  refusent  d'y  croire,  mais  ils 
prétendent  que  Richard  vit  toujours  :  et  il  faut  que, 
pour  combattre  les  imputations  des  premiers  comme 
les  suppositions  des  seconds,  Henri  rende  à  sa  victime 
des  honneurs  pubUcs.  Le  corps  enterré  d'abord  sans 
appareil  à  Pomfret,  fut  exhumé  pour  être  amené 
à  Londres  et  y  recevoir  les  obsèques  les  plus  magni- 
Cques.  Le  cortège  prit  son  chemin  par  les  principales 
villes;  il  s'arrêtait  dans  les  lieux  les  plus  fréquentés. 
Il  s'arrêta  plus  de  deux  heures  dans  la  grande  rue  de 
Cheapside,  à  Londres,  où  plus  de  vingt  mille  per- 
sonnes, hommes  et  femmes,  vinrent  voir  le  roi  dé- 
funt qui  gisait  là,  la  tête  sur  un  oreiller  noir,  le 
visage  découvert;  et  il  demeura  pendant  deux  jours 
ainsi  exposé  dans  l'église  de  Saint-Paul,  avant  la  cé- 
rémonie des  funérailles.  Gomment  ne  pas  croire, 
après  cela,  sinon  qu'il  était  mort  sans  violence  (on 
avait  aussi  exposé  jadis  le  corps  d'Edouard  II),  au 
moins  qu'il  était  mort  (a)  ? 


[1400-1413]  LA  MORT  DE  RICHARD.  379 

Cette  démonstration  pourtant  ne  suffit  pas.  On  con- 
tinua de  croire  Richard  en  vie.  On  prétendit  que 
Henri  avait  produit  un  faux  Richard,  et  qu'il  n'avait 
recouru  à  cette  exhibition  du  mort  que  parce  que  le 
vivant  lui  avait  échappé.  On  disait  que,  sorti  de  Pom- 
fret  par  la  connivence  de  ses  gardiens,  Richard  avait 
gagné  les  îles  occidentales  d'Ecosse.  Il  y  avait  été  dé- 
couvert, ou  par  une  dame,  belle-sœur  de  Donald, 
lord  des  Iles,  sous  Thabit  de  pauvre  qu'il  avait  pris, 
ou  par  un  fou  de  ce  seigneur  parmi  les  serviteurs  de 
sa  cuisine.  Il  avait  été  reconnu,  présenté  à  Donald, 
qui  chargea  lord  Montgommery  de  le  conduire  au  roi 
Robert.  Il  est  vrai  que  le  prétendu  réfugié  niait  qu'il 
fût  Richard  :  mais  il  ne  s'en  fit  croire  de  personne. 
On  supposa  que  le  malheur  l'avait  frappé  de  démence, 
ou  qu'il  se  cachait  par  crainte  de  trahison.  Quoi  qu'il 
pût  dire,  il  fut  mené  à  la  cour,  logé  au  château  de 
Stirling,  entretenu,  servi,  et,  quand  il  mourut,  dix- 
neuf  ans  plus  tard,  enterré  avec  tous  les  honneurs  dus 
à  un  roi  d'Angleterre.  Et  aujourd'hui  encore,  un  des 
meilleurs  historiens  de  l'Ecosse  adopte  cette  opinion, 
qu'il  prétend  justifier  par  les  chroniques  du  temps, 
les  monuments  et  les  actes  olliciels  :  il  trouve,  en  ef- 
fet, dans  les  registres  publics  la  mention,  plusieurs 
fois  répétée,  de  ce  que  coûtait  au  trésor  le  séjour  de 
Richard  (a)  ! 

La  nouvelle,  comme  on  le  peut  croire,  ne  se 
renferma  point  en  Ecosse,  et  de  l'Ecosse  elle  arriva 
lii.ri  viU'.'ii  ri:Mir<»    Km  F»  Micc,  Ic  bruit  Uc  la  uiort 


380  LIVRE  TREIZIÈME.  [1400-1413] 

de  Richard  avait  suivi  de  près,  devancé  même  peut- 
être  l'événement.  Dans  un  acte  du  29  janvier  relatif 
à  la  trêve,  Charles  VI  rappelait  qu'elle  avait  été  con- 
clue «  vivant  lors  feu  notre  très-chier  et  très-amé  fils 
Richard,  naguère  roi  d'Angleterre  (que  Dieu  assoille) 
(absolve).  »  Si  Richard  n'était  pas  mort  encore,  il  se 
mourait  (on  a  vu  comment)^  et  lïenri  laissait  volon- 
tiers courir  le  bruit  que  la  chose  était  faite.  Pendant 
les  premiers  mois  de  cette  année,  les  dépêches  de 
Charles  VI  portent  toutes  la  trace  de  la  même  croyance. 
On  n'en  fut  pas  moins  prompt  à  accueillir  la  nouvelle 
qu'il  était  vivant.  Creton,  qui  avait  déjà  soupçonné 
quelque  supercherie  dans  la  cérémonie  de  Londres, 
pousse  un  cri  de  triomphe.  Il  adresse  une  longue  épî- 
tre  à  Richard,  et  il  lui  cherche  des  vengeurs,  recou- 
rant encore  au  rythme  poétique  pour  entraîner  à  Fac- 
tion les  princes  du  sang  royal  de  France.  Mais,  tout 
en  se  livrant  à  l'espoir,  il  fallait  savoir  s'il  était  fondé; 
et  le  roi  de  France  avait  un  intérêt  tout  particulier  à 
s'en  enquérir  :  il  avait  dans  Richard  non-seulement 
un  allié,  mais  un  gendre.  Il  envoya  donc  en  Ecosse; 
et  il  y  envoya  l'homme  le  plus  désigné  pour  une  sem- 
blable mission,  Creton,  devenu  son  valet  de  chambre, 
le  témoin  et  l'historien  de  la  chute  de  Richard.  Disons 
tout  de  suite  que  notre  gentilhomme  ne  le  retrouva 
pas  comme  il  l'espérait.  On  n'a  point  son  rapport  ; 
mais  on  en  a  pour  témoignage  l'appel  qu'il  adressa 
vers  ce  temps-là  au  duc  de  Bourgogne  pour  ven- 
ger le  sang  de  Richard,  et,  ce  qui  n'est  pas  moins 


à 


[1400-1413]  LA  MORT  DE  RICHARD.  381 

significatif,  le  mariage  d'Isabelle,  veuve  du  jeune 
roi,  avec  le  fils  du  duc  d'Orléans  :  mariage  conclu 
le  6  juin  1404,  peu  de  temps  après  le  retour  de  Ten- 
voyé  (a). 

La  France  fut  donc  désabusée,  mais  non  l'Ecosse; 
et  l'Angleterre  pas  davantage.  Dès  1402,  le  bruit  y 
court  que  Richard  est  vivant,  qu'il  est  en  Ecosse _, 
qu'il  va  revenir  en  force  ;  et  ce  bruit  prend  tant  de 
consistance,  que  Henri  IV,  au  risque  de  le  propager 
Ini-même,  envoie  dans  tous  les  comtés  une  procla- 
mation où  il  accuse  les  Écossais  «  de  ne  pas  se  borner 
à  porter  le  ravage  en  Angleterre ,  mais  d'y  répandre 
de  fausses  nouvelles,  comme,  par  exemple,  que  Ri- 
chard vit  encore,  qu'il  va  rentrer  dans  le  royaume, 
enseignes  déployées,  avec  une  armée  d'Écossais  auxi- 
liaires :  quand  tout  le  monde,  dit  la  pièce  officielle, 
sait  qu'il  est  mort  et  mis  au  tombeau.  Le  roi  donc, 
considérant  qu'ils  pourraient  bien  produire  un  faux 
Richard,  et,  par  là,  jeter  la  division  dans  le  pays  et 
amener  peut-être  la  destruction  du  royaume  (quel 
aveu  !),  donne  ordre  anx  vicomtes  de  faire  en  sorte 
que  personne  n'y  croie,  et  d'arrêter  les  propa- 
gateurs de  ces  mensonges  (5  juin  1402).  »  Plusieurs 
avaient  déjà  été  pris  et  mis  à  mort;  entre  autres  Ro- 
ger Clarendon,  fils  naturel  du  Prince  Noir,  et  neuf 
frères  franciscains;  et  tant  de  gens  étaient  compro- 
mis, que  le  roi,  pour  éviter  que  la  crainte  des  pour- 
suites ne  les  poussât  à  la  révolte,  fit  publier  partout 
qu'on  '■''  1" •  ''-chercherait  pas  (8  juin).  Mais  cette 


382  LIVRE  TREIZIÈME.  [1400-1413] 

indulgence  forcée  ne  réussit  pas  mieux  que  les  ri- 
gueurs. On  disait  toujours  que  Richard  allait  venir: 
on  ajoutait  que  Henri,  se  sentant  perdu^  ramassait  ar- 
gent et  joyaux,  et  se  disposait  à  passer  en  Bretagne 
pour  épouser  la  duchesse  douairière  (mariage  qui  al- 
lait se  faire  en  effet),  et  y  vivre  avec  elle;  et  ces  bruits 
trouvaient  des  gens  pour  les  accueillir,  les  propager^ 
payant  d'ailleurs  de  leur  personne  :  on  s'armait,  on 
se  recrutait  les  uns  les  autres,  on  s'en  allait  en  des 
lieux  de  rassemblement  pour  attendre  Richard  I  L'an- 
née suivante  (1403)  le  mouvement  qu'on  pouvait 
pressentir  éclate.  Les  Percy  prennent  les  armes  ;  et, 
sans  se  soucier  de  démentir  le  défi  où  ils  accusent 
Henri  de  la  mort  de  Richard,  ils  répandent  parmi  les 
populations  le  bruit  que  Richard  est  revenu,  qu'il  est 
dans  le  Chester.  La  victoire  de  Henri  n'y  fait  rien. 
En  1404,  nouvelle  rumeur  que  Richard  va  venir  : 
W.  Série,  son  chambellan,  l'a  vu  et  en  rapporte  des 
lettres;  le  jeune  roi  a  même  paru,  dit-on  (un  certain 
Th.  Wardo  se  faisait  passer  pour  lui)  ;  et  la  vieille 
comtesse  d'Oxford  met  un  zèle  extrême  à  lui  faire 
des  partisans  jusque  dans  les  monastères  où  l'on 
avait  tant  crié  contre  son  despotisme.  Série  est 
arrêté,  et,  avant  de  subir  sa  sentence,  promené  de 
ville  en  ville  jusqu'à  Londres  pour  démentir  ce  qu'il 
avait  annoncé.  Mais  le  bruit  survit  à  ses  désaveux 
et  à  sa  mort;  et,  en  1406,  l'orateur  des  communes 
demande  un  statut  contre  ceux  qui  disent  que  Ri- 
chard est  en  vie,  et  que  «  ce  fol  qui  est  en  Ecosse  est 


[1400-1413]  LA  MORT  DE  RICHARD.  383 

le  roi  Richard.  •>  Vain  expédient!  En  1407,  on  ré- 
pond au  statut  par  des  placards  affichés  dans  Lon- 
dres même,  annonçant  que  Richard  va  reprendre  pos- 
session de  son  royaume.  C'est  au  nom  de  Richard 
que  le  vieux  Northumberland  avait  repris  les  armes 
en  1405,  et  qu'il  revenait  d'Ecosse,  en  1408,  pour  li- 
vrer un  dernier  combat.  Mais  quoi  !  Richard  survit  à 
Henri  lui-même.  Son  nom  est  prononcé,  et  paraît 
avoir  été  le  vrai  signe  de  ralliement  dans  la  révolte 
du  comte  de  Cambridge  contre  Henri  V,  en  1415;  et, 
en  1 41 7,  l'héritier  du  nom  de  Cobham,  John  Oldcastle, 
chef  des  loUards,  au  moment  où  on  le  va  condamner 
au  feu  comme  hérétique ,  récuse  l'autorité  des  lords 
du  parlement,  en  déclarant  qu'il  ne  les  peut  recon- 
naître pour  juges,  tant  que  vit  en  Ecosse  son  seigneur 
lige  le  roi  Richard  ! 

Ainsi  l'ombre  de  Richard  se  redressait  devant  son 
meurtrier,  non  pas  seulement  telle  queleremords  peut 
révoquer  dans  l'âme  du  coupable  ;  elle  reprenait  vie 
dans  l'opinion  publique  et  remuait  le  pays  contre  le 
nouveau  roi.  Mais,  quand  il  serait  parvenu  à  chasser 
ce  fantôme,  les  armes  dont  il  avait  usé  pour  arriver 
à  ses  fins  eussent  toujours  pu  se  tourner  contre  lui. 
n  avait  marché  contre  Richard  pour  lui  demander 
compte  des  violences  de  son  gouvernement  et  de  ses 
relations  d'amitié  avec  la  France;  dès  les  commence- 
ments de  son  règne,  après  la  sanglante  répression 
de  la  révolte,  devant  les  têtes  des  amis  de  Richard 
exposées  sur  le  pont  de  Londres,  il  avait  promis  d'ef 


384  LIVRE  TREIZIÈME.  [1400-1413] 

facer  les  exploits  du  prince  de  Galles,  et  de  mourir 
ou  de  faire  des  conquêtes  dont  il  serait  parlé  dans 
tout  l'univers.  Il  s'engageait  donc  à  rompre  avec  la 
France  :  or,  dès  ses  premières  démarches,  on  l'avait 
vu  solliciter  l'amitié  de  Charles  VI;  chercher  à  se 
rattacher  à  lui  par  de  nouveaux  liens  de  famille,  en 
lui  demandant  pour  son  fils  aîné  quelqu'une  des 
princesses  de  France;  répondre  aux  refus  par  des 
lettres  pleines  de  rparques  de  sollicitude  et  de  témoi- 
gnages d'affection,  et  ne  se  résigner  à  renvoyer  la 
jeune  reine  Isahelle,  que  quand  il  eut  perdu  l'espoir 
de  reformer  par  elle  l'union  qu'elle  étabhssait  entre 
les  deux  couronnes  avant  la  déposition  de  Richard  II. 
Il  avait  accusé  le  gouvernement  intérieur  de  Richard  : 
et  voici  qu'au  bout  de  trois  ou  quatre  ans,  les  deux 
hommes  qui  l'ont  accueilli  les  premiers  et  assuré 
par  tous  moyens,  bons  ou  mauvais,  son  triomphe,  le 
vieux  comte  de  Northumberland ,  le  parjure  de 
Conway,  Henri  Hotspur,  le  héros  populaire,  lui  re- 
prochent, dans  un  défi  public,  non  seulement  les  vio- 
lences et  les  fraudes  de  son  usurpation,  savoir  :  le  ser- 
ment de  ne  réclamer  que  son  héritage;  la  couronne 
arrachée  à  Richard  par  la  crainte  de  la  mort,  et  posée 
sur  sa  tête  aux  cris,  aux  vociférations  de  la  multitude 
ramassée  par  ses  complices  (n'en  étaient-ils  pas  eux- 
mêmes?);  enfin,  le  jeune  roi  traîtreusement  relégué 
à  Pomfret,  mis  à  mort  par  le  supplice  le  plus  cruel  : 
— ils  lui  reprochent  d'avoir  violé  lui-même  toutes  les 
promesses  de  son  couronnement  :  maintenant   les 


I 


m 


[1400-1413]  LA  MORT  DE  RICHARD.  385 

dixièmes  et  les  quinzièmes  qu'il  s'était  engagé  à  sup- 
primer; dissipant  les  ressources  de  l'État  en  prodiga- 
lités nouvelles  au  profit  d'autres  favoris^  et  se  faisant, 
par  le  choix  des  vicomtes  substitué  au  libre  choix 
des  comtés,  des  cités  et  des  bourgs,  un  parlement  à 
sa  convenance.  »  Il  faut  donc  que  le  nouveau  roi  com  - 
batte  ses  propres  partisans.  Il  lutte  contre  Henri  Hots- 
j)ur,  qui  succombe  victime  de  sa  bravoure,  laissant 
son  oncle,  Thomas  Percy,  aux  mains  du  vainqueur, 
cest-à-dire  aux  mains  du  bourreau  (Shrewsbury, 
21  juillet  1403).  Il  lutte  contre  le  vieux  Northum- 
berland,  qui,  éloigné  du  premier  combat  par  la  ma- 
ladie, épargné  pour  cette  cause  et  dépouillé  en 
partie  de  ses  charges,  nourrit  la  pensée  de  la  ven- 
geance, et  trouve  pour  l'assouvir  des  auxiliaires  dans 
les  familles  des  anciens  amis  de  Richard  :  car  la  dé- 
faite ne  les  décourage  pas.  Thomas  Mowbray,  fils  du 
duc  de  Norfolk,  se  jette  avec  ardeur  dans  cette  guerre 
déclarée  à  l'ennemi  de  son  père;  Richard  le  Scrop, 
archevêque  d'York,  lils  de  l'ancien  chancelier,  y  ap- 
porte l'autorité  de  son  caractère  avec  la  popularité 
de  son  nom;  et  il  reprend  dans  son  manifeste  tous  les 
points  du  déû  des  Percy,  depuis  l'intronisation  de 
Henri  par  surprise,  jusqu'à  la  mort  de  Richard  par 
le  plus  lâche  des  assassinats.  Ainsi  le  procès  recom- 
mence :  la  cause  gagnée  est  remise  en  question;  et 
ce  sont  de  nouvelles  perfidies  pour  triompher  et  de 
nouveaux  supplices,  i.e  jeune  iMowbray  et  l'arche- 
vêque  d'York  sont   arrêtés   par  trahison   et   mis  à 

II  -—  25 


386  LIVRE  TREIZIÈME.  [1400-1413J 

mort  (1405)  :  mais  le  peuple  tiendra  l'archevêque 
pour  un  martyr.  Le  vieux  Northumberland  échappe, 
et  pendant  deux  ans  encore,  errant  le  long  des  Mar- 
ches dont  il  était  le  gardien  autrefois,  il  tient  l'An- 
gleterre sous  la  menace  d'une  invasion  à  laquelle  il 
convie  FÉcosse  et  la  France,  n'épargnant  rien  qu'il 
n'ait  expié  de  son  propre  sang  le  parjure  qu'il  a 
fait  (a). 

Henri  triomphe  à  la  fin;  mais  s'il  garde  le  pouvoir, 
ce  n'est  qu'à  la  condition  d'en  céder  chaque  jour 
quelque  chose  aux  réclamations  des  communes  : 
non  qu'il  ait  prétendu  renouveler  le  despotisme  des 
deux  dernières  années  de  Richard;  mais  il  s'était 
engagé  à  des  réformes,  et,  sur  tous  les  points  où  l'on 
avait  le  plus  attaqué  Richard,  les  dépenses  de  l'hôtel, 
les  emprunts,  même  sur  la  sincérité  des  élections, 
seule  garantie  d'un  gouvernement  libre,  le  parlement 
trouvait  toujours  beaucoup  à  redire,  et  finit  par  faire 
éclat.  Au  milieu  de  ces  tiraillements  et  de  ces  luttes, 
ses  embarras  sont  tels,  que  les  circonstances  les  plus 
favorables  à  lui  rouvrir  la  voie  des  conquêtes,  la  ri- 
valité d'Orléans  et  de  Bourgogne  rendue  plus  âpre 
par  l'avènement  de  Jean-Sans-peur,  l'assassinat  du 
duc  d'Orléans,  la  réaction  des  Armagnacs,  la  guerre 
civile,  et  dans  cette  guerre  dénaturée  les  deux  partis 
lui  tendant  les  mains  tour  à  tour^  ne  provoquent  de 
sa  part  que  des  tentatives  avortées  ou  des  interven- 
tions stériles;  et  au  moment  où  le  désordre  est  le 
plus  grand  en  France,  où  il  paraît  être  plus  libre 


[1400-1413,  i.\  MORT  DE  RICHARD.  3S7 

(l'agir,  épuisé  par  ses  luttes  iatérieures,  rongé  par  les 
inquiétudes  et  les  soucis,  frappé  pour  ainsi  dire  coup 
sur  coup  par  le  plus  terrible  mal ,  il  meurt  à  l'âge 
de  quarante-six  ans ,  sans  avoir  rien  tenu  des  pro- 
messes qui  avaient  rendu  son  avènement  populaire. 
On  raconte  que  dans  l'une  de  ses  crises,  comme 
on  le  croyait  mort,  et  que  déjà  on  lui  avait  voilé  la 
face,  son  fils  Henri  prit  la  couronne  qui  était  placée 
sur  un  coussin  auprès  de  son  lit,  et  l'emporta.  Le 
roi  revenant  à  lui  et  ne  la  trouvant  plus,  voulut  savoir 
qui  l'avait  enlevée;  il  fit  appeler  son  fils  et  lui  de- 
manda pourquoi  il  l'avait  prise  :  «  Monseigneur,  dit 
le  prince,  voici  en  présence  ceux  qui  m'avaient  donné 
à  entendre  et  affirmé  que  vous  étiez  trépassé;  et 
pour  ce  que  je  suis  votre  fils  aîné  et  qu'après  vous 
votre  couronne  me  doit  appartenir,  je  l'avais  prise.  » 
Le  roi  soupira  et  dit  ;  «  Beau  fils,  quel  droit  y  avez- 
V0U8  quand  vous  savez  que  je  n'y  eus  jamais  droit? 
—  Vous  l'avez  acquise  et  gardée  par  l'épée,  dit  le 
jeune  Henri,  et  je  la  garderai  par  l'épée.  »  Le  roi  de- 
meura quelque  temps  en  silence,  puis  il  reprit  :  «  Or, 
faites-en  comme  bon  vous  semblera,  je  m'en  rapporte 
à  Dieu  du  surplus,  et  je  le  prie  qu'il  ait  merci  de  moi.  » 
Et  peu  après,  sans  ;iioiit,ei'  un  mot.  il  rcndil  l'âne  (a). 

Henri  V  tint  parole,  et  par  lui  l'Angleterre  vit  s'ac- 
complir les  plus  audacieuses  promesses  de  Henri  IV. 
La  France  lui  fut  livrée,  et  à  la  couronne  qu'il  tenait 
de  son  père  s**  joignit  sur  la  tète  de  son  (ils  celle  (ju'il 


388  LIVRE  TREIZIÈME.  [1400-1413] 

venait  de  conquérir.  Mais  l'éclat  de  la  journée  d'Azin- 
court  ne  défendra  pas  mieux  le  roi  doublement  cou- 
ronné, que  la  gloire  de  Crécy  et  de  Poitiers  n'avait 
protégé  le  fils  du  prince  de  Galles.  Henri  VI  succombera 
comme  Richard  à  de  si  grands  souvenirs;  comme 
Richard  il  sera  condamné  lorsque,  renonçant  à  des 
conquêtes  dont  le  temps  était  passé  pour  toujours,  il 
voudra  par  des  trêves  et  par  un  mariage  se  rap- 
procher de  la  France.  Dès  ce  jour-là,  la  race  d'York 
qui  maintenant  rampe  aux  pieds  du  vainqueur,  sera 
prête  à  donner  un  vengeur  à  ce  roi  qu'elle  a  trahi!  — 
Quant  au  peuple  qui  n'est  jamais  désintéressé  en  de 
pareils  débats,  jeté  par  ces  révolutions  dans  la  plus 
acharnée  des  guerres  de  dynasties,  il  y  laissera,  avec 
le  meilleur  de  son  sang,  l'esprit  de  ses  institutions, 
n'en  gardant  que  les  formes  vides,  et  il  subira  deux 
siècles  de  despotisme  avant  de  revenir  à  la  liberté. 


^ 


NOTES 


NOTES, 


LIVRE    SEPTIÈME. 


Page  4,  note  a. 


Parlement  de  Cambiidge,  9  septembre  1388  (xir  année).  Le 
procès-verbal  n'en  est  pas  dans  les  rôles;  et  Gotton,  dans  son 
Abrégé,  p.  3i7,  se  borne  à  donner  les  noms  des  pairs  convo- 
qués. Mais  indépendamment  du  statut  iSlat.  of  Healm,  t.  Il, 
p.  55,  et  Kuijihton,  p.  2729-2734),  il  y  en  a  plusieurs  traces 
dans  les  actes  des  parlements  postérieurs,  notamment  du  sui- 
vant. Walsingham  en  a  aussi  parlé  avec  plus  de  détails  et  de 
précision  que  de  o  (p.  335;  cf.  M.  Evesh.,  p.  105.) 

Proclamation  s.  Stat.  of  Realm,  t.  II,  p.  bh.  — Mer- 

sures  pour  r  nreurs.  IbicL^  c.  m.  Quiconque  était 

trouvé  hors  <  us  lettres  scellées  du  roi,  était  arrêté 

et  mis  à  la  ge(51e,  jusqu'à  ce  qu'il  eût  donné  caution  de  retour- 
ner au  lieu  d'où  il  venait.  Un  acte  du  roi,  du  8  mars  1391,  or- 
donne de  fabri(jutr  des  sceaux,  conformément  au  statut  de  Cam- 
bridge (ÏÏo^  Pari.,  i.  III,  p.  405.  Append.,c.  xxxiv.)  —  Loi  de 
maximum  Stut.  of  Healm,  l.  II,  p.  56,  c.  iv.  —  Loi  sur  les 
enfants  formes  aux  travaux  de  la  campagne.  Ibid.^  c.  v.  — 
fxs  vag^i^'Of^'''^  "'  /''">  ini'tuliiiMtv    ff>id,,  p.  58,  r  v  ^>\  vn?;  — 


392  LIVRE  SEPTIÈME. 

V exécution  confiée  aux  baillis ,  etc.  Ihid.y  c.  ix.  —  Les  juges  de 
paix.  La  loi  voulait  qu'ils  ne  fussent  pas  plus  de  six  par  com- 
mission. Ils  devaient  tenir  leurs  sessions  quatre  fois  par  an. 
{Ibid.,  c.  X.)  - 

Page  6,  note  a. 

Les  livrées  des  seigneurs.  La  mesure  n'est  pas  écrite  dans  le 
statut.  Mais  elle  avait  été  réclamée  par  les  communes,  et  con- 
sentie par  le  roi,  comme  on  le  voit  par  la  pétition  des  commu- 
nes au  parlement  suivant.  (Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  265,  §  27.) 
—  Défense  des  armes  et  des  jeux.  (Stat.  of  Realm,  t.  II,  p.  57, 
c.  VI.)  Les  armes  devaient  être  saisies  et  transportées  au  chef- 
lieu  de  canton.  —  Défense  de  mal  parler  des  grands  officiers^ 
etc.  Ibid.,  p.  59,  c.  xi;  —  Choix  des  officiers  inférieurs,  ibid., 
p.  55,  c.  ii;  —  Statut  des  proviseurs,  ibid.,  p.  60,  c.  xv. 

Nomination  de  Vévèque  d'Ely  à  l'archevêché  d'York,  en  rem- 
placement de  l'ancien  archevêque,  nommé  au  èié^e  de  Saint- 
André  :  a  Urbanus  Ep.,  servus  servorum  Dei,  Carissimo  filio 
«  Ricardo,  régi  Angliœ  illustri,  salut,  et  apost.  benedict.  — 
«  Gratiœ  divinae  prsemium  et  humanœ  laudis  praeconium  acqui- 
«  ritur,  si  per  seculares  principes  prœlatis,  praesertim  eccle- 
«  siarum  cathedralium  regimini  prgesidentibus  ,  opporluni 
a  favoris  pree^idium  et  honor  debitus  impendatur.  Ecclesia 
«  Eboracensi  ex  eo  pastoris  regimioe  destituta,  quod  nos  hodie 
ff  venerabilem  fratrem  nostrum  Alexandrum,  Episcopum  Sancti 
«  Andreae,  tune  archiepiscopum  Eboracensem,  licet  absentem, 
«  a  vinculo,  quo  dictce  Eboracensi  ecclesiœ,  cui  praîerat,  teneba- 
<r  tur,  de  fratrum  noslrorum  consilio  et  apostoliiu  potestatis 
a  plenitudine,  absolventes,  ipsum  ad  exinde  ecclesiam  Sancti  An- 
«  dreœ  tune  vacantem  duximus  transferendum  :  Nos,  etc.  3  non. 
«  april.,  Pontif.  an.  xi  (3  avril  1388).  »(Rymer,  t.  YII,  p.  573.) 

Promotion  des  autres  évêques,  même  date,  ibid.,  p.  574-577; 
cf.  Knighlon,  p.  2728.  Les  autres  prélats  étaient  :  l'évêque  de 
Durham  transféré  à  Ely  ;  Tévêque  de  Bath,  à  Durham  ;  l'évê- 
que de  Salisbury  à  Bath;  et  Richard  le  Scrop,  fils  de  l'ancien 
chancelier,  nommé  à  Ghester.  Ils  reçurent  leur  temporel,  le 
13  septembre.  (Rymer,  t.  YII,  p.  605.)  L'évêché  de  Salisbury 
fut  donné  à  J.  de  Waltham,  garde  du  sceau  privé  (voy.  Godwin, 
de  Prsesulibus  Angliœ,  p.  348). 

Le  statut  de  Cambridge  ordonnait  en  outre,  conformément 
à  une  demande  déjà  faite  au  précédent  parlement,  que  l'étaple 


NOTES.  39:3 

(les  laines  fût  reportée  le  f  décembre  de  Middelbourg  à  Ca- 
lais (Stat.  of  Realm,  t.  II,  p.  60,  c.  xvi),  et  donnait  de  nouvelles 
garanties  k  l'indemnité  des  députés,  en  voulant  que  les  terres 
sur  lesquelles  pesait  cette  contribution,  continuassent  d'en  êtie 
f^revées,  même  après  avoir  été  achetées  par  des  seigneurs  ou 
des  prélats  (ibid.,  p.  59,  c.  xii).  Les  communes  avaient  aussi 
renouvelé  leur  réclamation  touchant  les  fermes  des  vicomtes, 
surchargées  aux  dépens  des  communes  par  les  divers  retranche- 
ments faits  au  ressortdes  comiés. {Rot. Parl.,X. III, p.  266, n°3I .) 
Loi  somptuaire.  Knii:hton,  p.  2729.  —  Inexécution  des  lois. 
Wals.,  p.  335. 

Page  7 ,  note  a. 

Subside.  Knighton  (p.  2729)  dit  un  demi-dixième  et  un  demi- 
quinzième;  Walsingham  (p.  335)  et  le  moine  d'Evesham  (p. 
105),  un  dixième  et  un  quinzième.  L'archevêque  de  Ganter- 
bury  avait  été  invité  à  réunir  le  clergé  de  sa  province  pour 
voter  le  subside,  dans  le  temps  même  que  siégeait  le  parlement 
14  septembre)  :  la  convocation  est  du  28  juillet.  (Ry mer,  t.  YII, 
p.  593.) 

Page  8,  note  a. 

Affaires  de  Bretagne.  Froissart,  III,  64-66,  71,  1U3,  105, 
108,  110;  Relig.  de  Saint-Denys,  VIII,  4-7;  IX,  1  ;  —  Jean 
de  Blois  racheté  par  Clisson.  (Voy  Dom  Morice,  Histoire  de 
hretayne,  Preuves,  t.  II,  p.  529;  cf.  Dom  Lobineau,  t.  II,  p. 
683.)  On  a  des  reçus  du  duc  d'Irlande  postérieurement  à  sa 
fuite  d'Angleterre  (6  novembre  1388).  «  Et  me  fut  dit  que  les 
60  000  fr.  qu'il  avoit  reçus  pour  la  rédemption  des  enfants  de 
Bretagne  et  spécialement  de  Jean  de  Bretagne  [de  Blois],  car 
(»uy  étoit  mort,  il  les  trouva  tout  appareillés  deçà  la  mer.  Et 
encore  lui  en  devoit  le  connétable  do  France  à  payer  en  trois 
ans  soixante  mille.  »  (Froissart,  III,  80.)  —  Jugement  du  roi 
qui  termine  le  différend  du  duc  de  Bretagne  et  de  Clisson 
(20  juillet  1388).  D.  Morice,  Preuves,  t.  II,  p.  552-555. 

Le  comte  d'Arundel.  Il  avait  été  fait  amiral  après  le  parle- 
ment de  1386,  et  avait  remporté  divers  avantages.  (Voy.  Knigh- 
ton, p.  2692  et  2693;  Wals.,  p.  326.  Cf.  Rymer,  t.  VII,  p. 
554,  et  ci-de8sus,  t.  I,  p.  321.)  —  Ckdleaude  Brest  à  Arundel, 
9  avril  1388.  Ryraer,  t.  VII,  p,  579.  —  Expédition  du  comte 
d'Aruiuiel.  Froissart,  III,  105,  112,  113,  129,  134,  Wals., 
p.  334;  M.  Evesh.,  p.   103.  Walsingham  et  le  moine  d'E- 


394  LIVRE  SEPTIÈME. 

vesham  disent  qu'il  partit  après  la  Pentecôte,  qui  fut  le  1 7  mai  ; 
Froissart,  le  20  mai. 

Page  10,  note  a. 

Affaires  d'Espagne.  Lancastre  à  Brest,  Wals.,  p.  321; 
M.  Evesh,  p.  71;  Knighton,  p.  2677,  2678;  Froissart,  III, 
23;  Relig.  de  Saint-Denys,  VII,  4  et  5.  —  Lancastre  en  Espa- 
gne.  Knighton,  1.  1.;  Wals.,  p.  342;  M.  Evesh.,  p.  71  et  118; 
Froissart,  III,  33-35;  38,  40-44;  50,  55-61;  68-70;  82-89, 
109,  130,  134,  136.  —  Traité  de  Lancastre  et  du  roi  de  Cas- 
tille.  (Voyez  les  auteurs  cités.)  La  principale  difficulté  du  traité 
conclu  était  l'argent  promis  à  Lancastre.  Le  roi  Jean  P""  réunit, 
à  cet  effet ,  les  États  à  Briviesca  au  commencement  de  1 388. 

Le  roi  de  Gastille  ne  croyait  point  acheter  cette  paix  trop 
cher  :  il  terminait  sa  querelle  avec  l'Angleterre,  et  se  mettait  en 
garde  contre  un  autre  péril  du  côté  de  la  France  :  car  le  duc  de 
Berri  sollicitait  pour  lui-même  la  main  de  la  jeune  princesse, 
qui  allait  épouser  Henri  de  Gastille  ;  et  le  roi  de  ce  pays  n'eût 
pas  été  en  sûreté,  si  le  prince  français,  gouverneur  du  Langue- 
doc, s'associait,  par  ce  mariage,  aux  prétentions  de  Lancastre. 
La  France,  de  son  côté,  pouvait  craindre  que  la  dynastie  éta- 
blie par  elle  en  Espagne  ne  se  liât  aux  intérêts  de  l'Angleterre  ; 
et  Charles  VI  députa  k  ce  propos  Jean  de  Vienne  auprès  du  roi 
de  Gastille.  Mais  ce  dernier,  satisfait  d'en  finir  avec  les  préten- 
tions des  Anglais,  n'avait  garde  de  se  tourner  contre  la  France. 
Il  donna  sur  ce  point  toute  assurance  à  l'envoyé  français. 
(Voy.  Froissart,  II,  130  et  134.)  Les  conventions  eurent  donc 
leur  effet.  Au  printemps  de  1388,  la  duchesse  de  Lancastre 
amena  sa  fille  en  Espagne;  et  les  fiançailles  de  la  jeune  prin- 
cesse avec  le  fils  du  roi,  qui  n'avait  pas  dix  ans,  furent  célé- 
brées à  Palencia.  —  Le  jeune  Henri  fut  à  cette  occasion  créé 
a  prince  des  Asturies,  »  titre  qui  dès  lors  fut  affecté  à  l'héri- 
tier du  trône  de  Gastille.  Après  les  fiançailles,  la  duchesse  de 
Lancastre  alla  à  Montiel,  où  Pierre  le  Gruel  avait  péri  :  elle  y 
recueillit  les  restes  de  son  père  qu'elle  ensevelit  à  Séville  avec 
de  magnifiques  funérailles;  puis  elle  vint  à  Médina  del  Gampo 
qui  lui  avait  été  donnée  par  le  traité  (Froissart,  III,  136.). 

Le  duc  de  Lancastre  était  resté  en  Guyenne.  Un  acte  du  26 
mai  le  fait  lieutenant  du  roi  dans  cette  contrée  ;  et  le  l*""  juin,  il 
reçut  des  pouvoirs  pour  traiter  avec  l'Espagne,  non  plus  seu- 
lement en  son  nom,  mais  au  nom  du  roi  d'Angleterre  :  né- 


NOTES.  395 

gociation  qui  n'aboutit  point  pour  le  moment.  (Rymer,  t.  VII, 
p.  584  et  587.)  Lancastre  y  est  encore  qualifié  de  roi  de  Castille 
et  de  Léon,  et  de  même  dans  un  acte  relatif  aux  otages  reçus  à 
propos  de  la  convention  faite  entre  lui  et  Jean  détenteur  de  la 
Castille,  26  août  1388.  (Rymer,  t.  VII,  p.  603.)  Ce  n'est  qu'en 
1389  qu'on  cesse  de  lui  donner  ce  titre,  auquel  lui-même 
avait  renoncé  depuis  plus  d'un  an.  (Voy.  Rymer,  t.  VII, 
p.  641.)  Quant  au  roi  de  Castille,  appelé  V intrus ^  VinjuMc 
occupeur  et  détenteur  schismatique  du  royaume  de  Castille, 
dans  la  publication,  faite  par  le  roi  d'Angleterre,  des  bulles  du 
pape  en  faveur  de  Lancastre  (11  avril  1386),  et  simplement 
détenteur  de  Castille  dans  l'acte  cité  plus  haut,  il  n'est  plus  que 
V adversaire  de  Castille  dans  les  actes  suivants. 


Page  12,  note  a. 

Le  duc  de  Gueldre.  Pouvoirs  pour  traiter  avec  luif  13  mai  1837; 
pension  de  1000  L,  13  juin;  traité^  10  juillet  (Rymer,  t.  VII, 
p.  535-538  et  556).  —  Défi  au  roi  de  France,  12  juillet  1387. 
Froissart,  III,  103,  et  Relig.  de  Saint-Denys,  IX,  106.  L'original 
est  aux  archives  (Trésor  des  Chartes,  J,  522,  n"*  16).  —  Campagne 
de  Gueldre  (1388).  Froissart,  III,  116-118,  126-128;  Relig.  de 
Saint-Denys,  IX,  6-9;  Wals.,  p.  334.  N.  Roulland,  qui  s'était 
chargé  des  approvisionnements  de  l'expédition  d'Angleterre,  fit 
de  même  pour  la  campagne  de  Gueldre.  Il  envoya  des  agents 
avec  100  000  écus  d'or  sur  les  bords  du  Rhin  pour  amasser  des 
vivres  (Relig..  de  Saint  Denys,  IX,  7). 

IJ Ecosse.  Wals.,  p.  335;  M.  Evesh.,  p.  105;  Knightou, 
p.  2734;  Froissart,  III,  119-125.  Walsingham  avoue  que  les 
pertes  des  Anglais  furent  considérables,  tout  en  disant  que  les 
Écossais  éprouvèrent  un  dommnge  irréparable  par  la  mort  des 
plus  puissants  d'entre  eux.  Froissart,  qu'il  y  eut,  des  Anglais, 
mille -quarante  pris,  dix-huit  cent  soixante  tués,  et  plus  de 
mille  blessés;  et  des  Kcossais,  cent  morts,  et  deux  cents  pris. 
C'est,  il  le  faut  dire,  la  version  des  Écossais  qu'il  nous  rap- 
porte :  «  Il  me  fut  dit  par  la  partie  des  Escots  qui  furent  à  la 
bataille,  »  etc.  (III,  124,  vers  la  fin);  et  plus  haut  {ibid.y  121, 
vers  la  fin)  :  «  Je  chevauchai  tout  partout  le  royaume  d'Kscosse, 
et  fus  bien  quinze  jours  en  l'hôtel  du  comte  de  Douglas,  père 
de  ce  comte  James  dont  je  parle  présentement.  »  Mais  Frois- 
sart n'avait  pas  négligé  de  consulter  aussi  les  Anglais  : 


396  LIVRE  SEPTIKMK. 

«  Si  fus  informé  des  deux  parties,  et  tout  en  la  saison  que  la 
bataille  avoit  été  :  et  bien  se  concordoient  les  uns  et  les  autres. 
Mais  ils  me  dirent  que  ce  fut  une  aussi  dure  besogne  et  aussi 
bien  combattue  que  nulle  bataille  ne  put  oncques  être;  et  je 
le  crois  bien,  car  Anglois  d'un  côté  et  Escots  d'autre  côté  sont 
très-bonnes  gens  d'armes;  et  quand  ils  se  trouvent  ou  en- 
contrent  en  parti  d'armes,  c'est  sans  s'épargner.  » 

Et  il  continue  en  relevant  des  traits  qui  montrent  comme  la 
chevalerie  savait  tempérer,  au  plus  fort  des  batailles,  les  ri- 
gueurs de  la  guerre  : 

«  Tant  que  lances,  haches,  épées  ou  dagues,  et  haleine  peu- 
vent durer,  ils  fièrent  et  frappent  l'un  sur  l'autre  ;  et  quand  ils 
se  sont  bien  battus  et  assez  combattus,  et  que  l'une  partie  ob- 
tient, ils  se  glorifient  si  en  leurs  armes  et  sont  si  réjouis,  que 
sus  les  champs,  ceux  qui  sont  pris  et  fiancés  ils  sont  rançonnés  ; 
et  savez-vous  comment?  Si  très  tôt  et  si  courtoisement,  que 
chacun  se  contente  de  son  compagnon,  et  que  au  département 
ils  disent  grand  merci .  Mais  en  combattant  et  en  faisant  armes 
l'un  sur  l'autre,  il  n'y  a  point  de  jeu  ni  d'épargne,  ainçois  est 
tout  acertes;  et  bien  le  montrèrent  là,  ainsi  que  je  vous  dirai 
avant  que  je  me  départe  de  la  besogne;  car  ce  rencontre  fut 
aussi  bien  démené  au  droit  d'armes  que  nulle  chose  pût 
oncques  être.  »  (III,  121.) 

Il  reproduit  les  mêmes  observations  avec  plus  de  vivacité 
dans  le  beau  récit  qu'il  fait  de  cette  bataille  : 

«  Et  sachez  que  cette  bataille  fut  durement  bien  combattue 
et  vaillamment  maintenue;  et  fut  pour  les  Anglois  moult  in- 
fortunée, car  ils  étoient  trois  fois  plus  de  gens  que  les  Escots; 
mais  ce  que  d'Escots  il  y  avoit,  c'étoit  toute  la  fleur  de  leur 
royaume;  et  bien  le  montrèrent,  car  ils  avoient  plus  cher  à 
mourir  que  reculer,  par  défaut  de  courage,  un  arpent  de  terre  ; 
et  sachez  que  Anglois  et  Escots,  quand  ils  se  trouvent  en  ba- 
taille ensemble,  sont  dures  gens  et  de  longue  haleine,  et  point 
ne  s'épargnent;  mais  s'entendent  de  eux  mettre  à  outrance.  Ils 
ne  ressemblent  pas  les  Allemands  qui  font  une  empeinte,  et 
quand  ils  voient  qu'ils  ne  peuvent  vaincre  et  entrer  en  leurs 
ennemis  ils  s'en  retournent  tout  à  un  fait;  nennil  Anglois  et 
Escots,  mais  ils  sont  d'une  autre  opinion  :  car  en  combattant  ils 
s'arrêtent  sur  le  pas,  et  là  fièrent  et  frappent  de  haches  ou 
d'autres  armures  sans  eux  ébahir,  tant  que  haleine  leur  dure. 
Et  quand  par  armes  ils  se  rendent  l'un  à  l'autre,  ils  font  bonne 


NOTES.  397 

compagnie  sans  eux  trop  travailler  de  leur  finance,  mais  sont 
très  courtois  l'un  à  l'autre.  »  {Ibîd.,  123.) 

Il  y  a,  sur  la  bataille  d'Olterbourne,  une  ancienne  ballade 
d*un  poëte  anglais,  et  par  conséquent  en  l'honneur  de  l'Angle- 
terre, dans  les  Reliques  of  ancient  english  poetry,  publ.  par 
Thomas  Percy,  évêque  de  Dromore.  (Lond.,  1844,  t.  I,  p.  22 
et  suiv.) 

Page  13,  note  a. 

Négociations  avec  la  France.  Le  duc  de  Lancastre,  nommé 
lieutenant  du  roi  en  Guyenne,  comme  on  l'a  vu  (26  mai  1388), 
conclut  une  trêve  séparée  pour  sa  province  (27  août  1388. 
Rymer,  t.  VII,  p.  595).  Un  acte  du  13  août  le  charge  de  lever 
les  hommes  de  son  duché  contre  les  Ecossais  :  mais  la  lettre 
est  adressée  à  lui  ou  à  son  chancelier  (Rymer,  t.  YII,  p.  594), 
et  ne  doit  point  faire  croire  qu'il  fût  alors  en  Angleterre.  Les 
négociations  pour  une  trêve  générale  recommencent  après  que 
Charles YI  es!  revenu  de  son  expédition  de  Gueldre  :  Sauf-con- 
duit aux  envoyés  de  France,  16  novembre  1388;  pouvoirs  pour 
traiter  avec  la  France  soit  d'une  trêve,  soit  de  la  paix  finale, 
26  novembre.  L'évêque  de  Durham,  W.  de  Beauchamp,  capi- 
taine de  Calais,  et  J .  Devereux,  sénéchal  de  l'hôtel,  sont  les 
négociateurs  désignés.  Des  pouvoirs  leur  sont  donnés  séparé- 
ment pour  traiter  avec  le  comte  et  les  prudhommes  de  Flandre 
(même  jour).  —  Garantie  aux  ambassadeurs  français  qui  doivent 
venir  en  Picardie,  5  février  1389;  sauf-conduit  valable  jus- 
qu'au 1"  mai  (4  mars).  (Rymer,  t.  YII,  p.  608,  610,  611,  613 
et  614.) 

Le  roi  de  France  et  ses  oncles.  Le  roi,  dès  son  arrivée  à 
Reims,  annonça  l'intention  de  gouverner  par  lui-même.  Il  prit 
pour  ses  principaux  conseillers,  dès  son  retour  h  Paris,  Bureau 
de  la  Rivière,  J.  de  Noviant  et  J.  de  Montaigu.  (Relig.  de 
Saint-Denys,  IX,  10,  li,  14.  —  Dlf/icullés  pour  les  trêves; 
nouvelle  invasion  des  Écossais.  Wals.,  p.  336;  M.  Evesh., 
p.  107.  Le  comte  de  Norlhumberland  (H.  Percy),  Raulf  de 
Nevil,  J.  de  Roos,  et  Roger  de  Gliflbrd  étaient  chargés  spéciale- 
ment de  la  garde  des  marches.  (Rotuli  Scotiie^  t.  II,  p.  94, 
96,  etc.)  Le  8  mars  1388,  la  marche  orientale  fut  confiée  au 
comte  maréchal  U  partir  du  I'"''  juin  suivant,  en  même  temps 
que  J.  de  Roos  et  R.  de  Nevil  ('tainnl  r.onuiiis  ;i  1m  marche  oc- 
cidentale. {Ihid.y  p.  96  ) 


398  LIVRE  SEPTIEME. 

Page  14,  note  a. 

Déclaration  de  Richard.  Wals.,  p.  337;  M.  Evesh.,  p.  108; 
Knighton,  p.  2735;  Otterbourne,  p.  177.  Walsingham  dit  que 
le  roi  ayant  repris  les  sceaux  à  l'archevêque  d'York,  les  mit 
dans  son  sein,  pais  sortit,  et  rentrant  peu  après,  les  donna  à 
W.  de  Wickham,  évêque  de  Winchester.  Le  Mémorandum  de 
la  remise  des  sceaux  prouve  que  le  roi  les  reprit  le  3,  et  les 
donna  le  lendemain  seulement  à  l'évêque  de  Winchester  :  l'ar- 
chevêque de  Ganterbury,  le  duc  d'York,  le  comte  de  Derby,  fils 
de  Lancastre,  et  le  comte  de  Nortlmmberland  figurent  parmi  les 
témoins  de  la  cérémonie.  (Rymer,  t.  VII,  p.  617.)  J.  de  Hol- 
land  reçut  le  gouvernement  de  Brest  pour  trois  ans,  le  P*"  juin 
1389.  (Ihid.,^.  622.) 

Assentiment  général.  «  Et  non  erat  quis  qui  régis  voluntatem 
«  infringere  conaretur,  sed  omnes  Deum  glorificaverunt  qui  sibi 
a  talem  regem  sapientem  futurum  providere  curavit.  »  (Knigh- 
ton,  p.  2735.) 

L'évêque  d'Exeter  (Jean  de  Brentingham),  jmis  Vévêque  de 
Saint-David  (J.  Gilbert),  trésorier.  G-odwin,  de  Prxsulihus  An- 
gliœ,  p.  411,  note,  et  p.  489.  L'évêque  de  Saint-David  figure 
comme  trésorier  dans  une  séance  du  conseil  du  10  décembre. 
{Proceedings,  1. 1,  p.  17.) 

Page  15,  note  a. 

W.  de  Wickham.  Voyez,  sur  ce  personnage  important,  An- 
glia  Sacra  (t.  II,  p.  318);  Fr.  G-odwin,  de  Prœsulihus  Angliœ 
(p.  226-230),  et  W.  Godwin,  Life  of  Chaucer  (t.  III,  p.  128). 

Proclamation  du  roi.  <t  De  avisamento,  assensu  et  consilio 
a  prœlatorum,  procerum  et  inagnatum  ejusdem  regai  nostri, 
«  integrum  regimen  ac  plenam  gubernationem  regni  nostri 
«  prœdicti  super  personam  nostram  propriam  sumpsimus  et 
«  suscepimus.  »  Il  confirme  les  pardons  de  l'an  xi,  et  veut 
qu'aucun  ne  soit  recherché  :  «  Volentes  semper  quod  omnes  et 
«  singulae  gratise,  pardonationes  et  remissiones  in  parliamento 
«  nostro  apud  Westmonasterium,  anno  regni  nostri  xr,  per  nos 
«  factse  et  concessae,  in  omnibus  suis  articulis  inviolatae  et  in- 
«  concussœ  permaneant  et  existant....  Et  quod  nullus  eorum, 
«  cui  hujusmodi  gratiœ  et  pardonationes  et  remissiones  factœ 
«  fuerunt,...  per  nos  vel  per  haeredes nostros  futuris  temporibus 


NOTES.  39y 

«  impetalur,  molesletur  in  aliquo,  vel  gravetur.  »  II  ordonne 
en  même  temps  d'empêcher  les  rassemblements  illicites.  (West- 
minster, 8  mai  1389.  Rymer,  t.  YII,  p.  618). 

Page  17,  note  a. 

Accusation  contre  Glocester  repoussée.  Wals.,  p.  337. 

Démarche  du  comte  de  Northumberland  au  nom  de  Glocester ^ 
de  Warivick  et  d'Arundel.  «  Item  fut  r[eprésenté  par]  le  counte 
de  Northumberland  de  par  le  duc  de  Gloucester  et  le  counte 
Darundel  comment  ils  désirent  grandement  que  bon  amour 
unitee  et  agrée  puissent  estre  establiez  parentre  le  Roy  et  les 
seigneurs  de  son  counseil  d'une  part  et  les  dits  duc  de  Gloucester 
le  counte  Darundel  et  le  counte  de  Warwyk  d'autre  part.  Et 
que  nulle  partie  eit  l'autre  en  suspicion  ou  agait.  Et  aussi  comme 
desirount  estre  certifie  de  la  volentee  du  roi  et  de  son  counseil.  «> 
(13  septembre  1389.  Proceedinys ,  t.  I,  p.  12.)  Il  n'y  eut  pas 
de  réponse  formelle  sur  l'heure  ;  mais  Glocester  et  Arundel 
figurent  au  conseil  le  10  décembre  suivant.  {Ibid,  p.  17.) 
Warwi'-k  n'y  est  pas  nommé.  Derby  s'y  retrouvait  déjà  le 
13  septembre.  {Ibid.^ip.  11.) 

Le  comte  maréchal.  Sur  son  commandement  de  Berwick,  voyez 
ci-après,  p.  21  et  401.  Un  ordre  en  conseil  veut  qu'on  lui  paie 
«  1000  1.  de  regard  (récompense)  pour  ses  coustages  pour  le 
temps  qu'il  avoit  la  marche  d'Escosse,  «  13  septembre  1389 
(cf.  22  novembre),  et  il  était  ordonné  en  même  temps  que  l'on 
traiterait  avec  lui  «  sur  l'office  du  capitaine  de  la  ville  de  Ca- 
lais. »  (ProceedingSj  t.  I,  p.  12  et  14*=).  — Mort  de  Michel  de  la 
Pôle.  Walsingham  prend  cette  occasion  pour  épancher  sur  sa 
mémoire  tout  le  fiel  de  sa  haine  :  «  Hac  œstate  (1389)  perfidia* 
a  promptuarium,  sentina  avaritiœ,  auriga  proditionis,  area  ma- 
«  litiœ,  odii  seminator,  mendacii  fabricator,  susurro  nequissi- 
»  mus,  dolo  prœstantissimus,  artificiosus  detractor,  patriaeque 
«  delator,  Michael  Atte  Pôle,  quondam  comes  Southfolchiae,  re- 
«  gnique  cancellarius,  sed  nequam  consiliarius,  coucessit  in 
«  fata  Parisius,  merito  perfidum  evomens  spiritum  in  terra 
«  peregriua.  »  (Wals.,p.  339.)  Le  moine  d'Evesham  n'a  garde 
de  retrancher  un  seul  mot  de  cette  étrange  oraison  funèbre. 
(P.  113.) 

Alexandre  Nevil,  ancien  archevêque  d'York.  Voyez  Godwin, 
De  Prœsulibus  Anglix,  p.  688.  —  Hobert  de  Vère.  11  s'était 


400  LIVRE  SEPTIÈME. 

d'abord  retiré  en  Hollande.  Invité  à  quitter  Dordrecht,  il  alla 
à  Utrecht,  ville  franche  :  c'est  de  là  qu'il  vint  en  France  où 
l'appelait  Charles  VI.  (Froissart  IV,  4.)  —  Sa  mort.  Wals., 
p. '352.  —  Remise  de  la  deuxième  moitié  du  dixième  et  du 
quinzième  votés  au  dernier  parlement,  16  mai  1389.  Rymer, 
t.  VII,  p.  620. 

Page  20,  note  a. 

Négociations  avec  la  France.  Richard  y  employa  les  hommes 
déjà  mis  en  avant  par  Glocester  :  l'évêque  de  Durham  ,  W.  de 
Beauchamp  ,  capitaine  de  Calais  ;  Jean  Devereux ,  sénéchal  de 
l'hôtel,  etc.  Du  côté  de  la  France  figurent  l'évêque  de  Bayeux, 
Waleran,  comte  de  Ligny  et  de  Saint-Pol,  Raoul  de  Rayneval, 
chambellan  du  roi,  etc.  —  Sauf-conduit  aux  envoyés  de  France 
prorogé  jusqu'au  15  juillet  (5  mai  1389.  Rymer,  t.  VII,  p.  666). 
—  Pleins  pouvoirs  aux  ambassadeurs,  4  mai.  (ibid.  p.  638.) 

L'Espagne  :  voyez  ci-dessus,  p.  394. 

VÈcosse.  Froissart,  III,  138;  Wals.,  p.  337;  M.  Evesh., 
p.  MO-111.  —  «  Et  se  sont  là  tenus  (les  négociateurs  de  Leu- 
linghem)  plus  d'un  mois,  les  uns  à  Boulogne,  les  autres  à  Calais, 
attendant  ambassadeurs  du  royaume  d'Escosse.  Et  a  le  roi  de 
France  envoyé  devers  le  roi  d'Escosse  et  son  conseil  pourquoi 
il  prît  trêves;  car  les  Anglois  ne  veulent  donner  nulles  trêves  si 
les  Escots  ne  sont  enclos  dedans.  -»  (Froissart,  IV,  1 .) 

Trêve  de  Leulinghem,  18  juin  1389;  Rymer,  t.  VII,  p.  623 
et  suiy.  (L'original  est  aux  Archives  de  TEmpire,  J,  642,  n°  23.) 
Pour  la  Guyenne  et  les  pays  en  deçà  de  la  Loire,  la  trêve  courait 
du  V  août  1389  au  l*''  août  1392.  Aucune  ville  ou  forteresse 
ne  devait  être  bâtie  ou  réparée  à  la  distance  de  sept  lieues 
d'une  ville  de  l'autre  partie,  sans  congé  de  l'adversaire.  {Ibid., 
p.  627.) 

Actes  divers  relatifs  à  la  trêve  :  Commissaires  nommés  pour 
recevoir  le  serment  du  roi  d'Éeosse,  3  juillet.  (Rymer,  t.  VII, 
p.  630.)  —  Sauf-conduit  pour  les  envoyés  écossais,  même  date. 
{Ibid.,  p.  631»)  —  Envoyés  français  allant  en  Ecosse,  même 
date.  {Ibid.,^.  631,  et  Rot.  Scot.,  1. 11,^.  98.)  —  On  cherchait  à 
attirer  les  Ecossais  aux  écoles  d'Angleterre  :  on  trouve,  à  la  date 
du  5  octobre  1389,  un  sauf-conduit  à  des  Écossais  qui  viennent 
y  étudier.  {Rot.  Scot.,  t.  II,  p.  100).  —  Ordre  pour  la  procla- 
mation de  la  trêve,  8  juillet.  (Rymer,  t.  VJI,  p.  634.)  —  Sauf- 
conduit  aux  envoyés  français  venant  en  Angleterre  pour  recevoir 


NOTES.  401 

le  serment  de  la  trêve,  22  juillet.  {Ibid.y  p.  635.)  —  Ratifica- 
tion de  la  trêve,  10  août.  (Ibid.,  p.  637.)  — Commissaires 
nommés  pour  la  conservation  des  trêves,  Il  août.  (/6if/.,  p.  639.) 
—  Serment  de  Richard  pour  la  trêve  devant  les  envoyés  d'Ecosse 
27  septembre.  (Ibid.y  p.  639.)  —  Commissaires  pour  remédier 
aux  infractions  de  la  trêve  (avec  l'Ecosse),  18  décembre  1389. 
(Ibid.,  p.  650.)  —  Le  roi  de  Castille  confirme  la  trêve,  3  sep- 
tembre. {Ibid.,ip.  644.) 

Page  22 ,  note  a. 

Mesures  de  réforme  arrêtées  en  conseil.  «  Qu'aucun  coutumier 
(receveur)  ni  contrôleur  de  coutume  ne  soit  nommé  que  par 
le  trésorier  ;  que  ceux  qui  sollicitent  des  dons  mentionnent  dans 
leurs  requêtes  les  faveurs  qu'ils  ont  déjà  reçues ,  sous  peine 
d'en  être  privés,  »  etc.,  20  août  1389.  (Proceedings,  t.  I, 
p.  9-11. 

Affaires  de  Rome.  A  la  mort  d'Urbain  VI,  le  comte  de  Nor- 
thuraberland  fit  en  conseil  la  motion  que  le  roi  ne  reconnût  pas 
le  nouvel  élu,  avant  d'avoir  pu  prendre  l'avis  des  seigneurs  et 
des  communes  ;  et  ce  vœu,  appuyé  du  conseil,  fut  agréé  du  roi, 
20  novembre  1389.  {Froceedings,  t.  I,  p.  14'^.)  —  Négocia- 
tions. Le  duc  de  Bretagne  offrait  d'aider  le  roi  à  recouvrer  ses 
châteaux  en  Guyenne ,  réclamant  de  son  côté  le  comté  de 
Richmond.  Le  roi  répondit  qu'il  ne  pouvait  songer  à  recouvrer 
ces  châteaux  à  cause  des  trêves;  mais  que,  dès  qu'il  le  pourrait 
faire  sans  violer  les  trêves,  il  serait  prêt  à  accomphr  le  désir 
exprimé  par  le  duc.  (Ibid.,  p.  6.)  Au  conseil  de  Reading,  10  dé- 
cembre 1389,  il  fut  résolu  «  par  cause  que  la  besogne  est  bien 
chargeante,  »  d'attendre,  avant  de  lui  donner  d'autre  suite,  la 
réunion  du  parlement.  (Ibid.,  p.  17.)  De  même,  à  l'égard  de  la 
France  on  ajourna  le  départ  des  messagers  qui  devaient  traiter 
de  la  paix,  afin  d'attendre  qu'il  y  eût  un  plus  grand  nombre  do 
seigneurs  pour  en  débattre  les  articles,  et  que  Lancaslre  fût  re- 
venu en  Angleterre  (13  septembre,  ibid.,  p.  11). 

Le  roi  et  le  conseil  à  propos  du  comte  maréchal.  Procec- 
dingSy  t.  I,  p.  12. 

Page  22,  note  b. 

La  chambre  des  lords  en  1388  et  en  1390.  Go  sont  les  mêmes 
noms,  sauf  celui  de  Derby,  et  celui  de  Guy  de  Rrian,  pour  le- 

11  —  26 


402  LIVRE  SEPTIEME. 

quel  on  ne  voit  pas  plus  de  motif  d'exclusion;  et  quelques  noms 
déplus  en  1390.  Voy.  Gotton's  Abridgm.,  p.  320  et  328. 

Le  duc  de  Lancastre.  Ordre  de  retenir  des  vaisseaux  pour  le 
ramener  de  Guyenne  en  Angleterre,  11  août  1389.  Rymer, 
t.  YII,  p,  641.  —  Invité  à  revenir.  On  trouve  dans  les  actes 
du  conseil  le  rapport  du  message  envoyé  à  Lancastre,  la  réponse 
de  Lancastre,  et  la  résolution  du  conseil  pour  hâter  son  retour 
(28  novembre  1389.  Proceedings,  t.  I,  p.  14<=).  — Lettre  du 
roi.  «  Quia  multum  peroptamus  prœsentiam  vestram  in  Regno 
a  nostro  obtinere,  tum  ad  consulendum  nos  super  bono  régi- 
a  mine  status  ejusdem....  »  (30  octobre  1389,  Rymer,  t.  VII, 
p.  648.)  Knighton  (p.  2677),  Walsingham  (p.  342)  et  le  moine 
d'Evesham  (p.  118),  disent  qu'il  revint  en  novembre.  Ils  le 
font  intervenir  comme  pacificateur  entre  le  roi  et  les  lords  dans 
le  conseil  tenu  à  Reading  (décembre).  Les  actes  du  conseil 
constatent  la  présence  de  Lancastre,  mais  ne  renferment  rien 
qui  justifie  le  dire  de  Walsingham  et  de  son  copiste.  {Pro- 
ceedings,  t.  I,  p.  18.) 

Page  27 ,  note  a. 

Lettres  de  protection.  Rot.  Pari,  t.  III,  p.  265,  §  25.  Grand 
nombre  de  lettres  de  ce  genre  avaient  été  données  à  des  cheva- 
liers qui  suivaient  ou  allaient  rejoindre  Lancastre  en  Espagne. 
(Voy.  Rymer,  t.  VII,  p.  490,  499  et  508).  La  fin  de  son  expé- 
dition leur  avait  permis  de  rentrer  en  Angleterre,  et  peut-être 
continuaient-ils  d'user  et  d'abuser  des  lettres  qu'ils  avaient  re- 
çues. Plusieurs  aussi,  qui  recevaient  ces  lettres  pour  aller  à  la 
guerre,  restaient  chez  eux.  Les  communes  demandaient  qu'elles 
ne  fussent  valables  que  pour  ceux  qui  étaient  à  la  solde  du  roi 
ou  de  ses  capitaines,  à  la  frontière  et  dans  les  pays  où  se  fai- 
sait la  guerre  ;  qu'ils  n'eussent  qu'un  mois  pour  s'y  rendre,  et 
que,  ce  mois  expiré,  les  lettres  fussent  annulées.  — Insignes  et 
livrées.  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  265,  §  27,  et  3«  Statut  de  la 
xiir  année  (12  mai  1390),  Stat.  of  Realm,  t.  II,  p.  74.  —  Loi 
des  laboureurs,  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  268,  §  38;  —  paysans 
et  artisans  à  la  chasse,  ibid.,  p.  273,  §  58.  Des  plaintes  non 
moins  souvent  renouvelées  avaient  rapport  aux  incursions  des 
gens  du  pays  de  Galles  dans  les  comtés  voisins.  Le  roi  dit  qu'il 
avait  chargé  son  conseil  de  se  concerter  avec  les  seigneurs  de 
la  frontière  pour  y  apporter  remède.  {Ibid.,  p.  272,  §  57.) 


NOTES.  ^03 

Page  28,  note  a. 

Ordonnances  du  chancelier  ou  du  conseil.  Bot.  Pari.,  t.  III, 
p.  266,  §  30.  —  Évocation  au  conseil,  ibid.,  p.  267,  §33.  —  Ju- 
ridiction du  sénéchal  et  du  maréchal  de  rhôtel,  ibid.,  §  34.  Le 
statut  de  cette  année  marqua  les  limites  de  leur  ressort  :  il  s'é- 
tendait à  12  milles  autour  de  la  résidence  du  roi  (Stat.  13 
Richard  II,  c.  ii.  Stat  of  Realm,  t.  II,  p.  &2.)  —  Juridiction 
du  clerc  du  marché  :  il  avait  le  droit  de  briser  les  fausses  mesu- 
res et  de  mettre  les  déliquants  en  prison  :  les  communes  se 
plaignaient  qu'il  se  bornât  à  les  mettre  à  l'amende  sans  détruire 
les  fausses  mesures  [Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  267,  §  35).  —  Les 
sergents  d'armes,  ibid.,  p.  265,  §  28.  —  Les  juges  de  paix, 
ibid.,ip.  269,  §40. 

Les  chartes  de  pardon,  ibid.,  p.  268,  §  36.  Gf.  Wals.,  p.  343. 
—  Tarif  des  amendes  selon  les  personnes.  Les  archevêques  ou 
ducs,  1000liv.;les  évêques  ou  comtes,  1000  marcs;  les  abbés, 
prieurs,  barons  ou  bannerets,  500  marcs  ;  les  clercs,  bacheliers 
ou  autres  de  moindre  état,  200  marcs  et  un  an  de  prison. 
L'amende  atteignait  en  outre  ceux  des  officiers  du  palais  qui 
auraient  laissé  la  requête  venir  jusqu'au  roi:  le  chambellan, 
1  000  marcs  ;  le  sous-chambellan,  500  m.,  et  la  charte  accordée 
devait  être  nulle.  {Ibid.)  Ces  chartes  servaient  trop  souvent  à 
sanctionner  des  conventions  qui  transformaient  la  peine  du 
meurtre  en  compensation  pécuniaire,  et  faisaient  revivre  l'usage 
du  weregeld.  Il  parait  même  que  les  intercesseurs  y  trouvaient 
leur  profit.  Pour  les  mieux  atteindre,  les  communes  deman- 
daient que  nulle  charte  ne  fût  reçue  par  le  gardien  du  sceau 
privé,  sans  porter  le  nom  du  requérant;  que  nulle  ne  vînt  au 
chancelier,  sans  avoir  passé  par  le  gardien  du  sceau  privé. 

Page  29,  note  a. 

Réponses  du  roi.  Les  voir  après  chacune  des  pétitions  citées 
dans  la  note  précédente.  Cf.  le  l"  statut  de  la  xiir  année  de 
Richard  II  (16  mai  1390),  c.  i-viii.  Stat  of  Realm,  t.  II,  p.  61- 
65;  et  2*  statut,  c.  i,  ibid.^  p.  68. 

Page  30,  note  a. 

Peines  nouvelles  réclamées  contre  les  proviseurs.  Rot.  Pari., 


404  LIVRE  SEPTIEME. 

t.  III,  p.  266,  §  32  ;  et  aussi  contre  les  porteurs  ou  exécuteurs 
des  sentences  du  pape,  Ibid.,  p.  270,  §  44.  Pour  les  antécédents 
de  la  question,  voyez  ci-dessus,  t.  I,  p.  413,  et  aussi  Lingard, 
Hist.  d'Angleterre  y  t.  IV,  p.  358  et  suiv.  (de  la  traduction.) 
Le  collecteur  du  pape,  ibid.,  §  43. 

Page  31 ,  note  a. 

Protestation  des  deux  archevêques.  Rot.  Pari. y  t.  III,  p.  264, 
§.21.  —  Lettre  du  roi  à  V archevêque  de  Canterbury  contre  les 
taxes  nouvelles  perçues  au  profit  de  Rome,  10  octobre  1389. 
Rymer,  t.  VII,  p.  644  : 

oc  Licet  vos  non  lateat  qualiter  ad  conservationem  jurium  et 
«  consuetudinum  regni  nostri....  vinculo  juramenti  sumus 
a  astricti,  ac  de  jure  et  consuetudine  prœdictis  impositio  aliqua 
«  eidem  populo  nostro,  absque  communi  consilio  et  assensu 
«  ejusdem  regni,  fieri  seu  levari  non  debeat  ab  eodem  quovis 
«  modo  :  supplicante  insuper  nobis  in  parliamento  nostro,  apud 
«  Westm.  nuper  tento,  communitate  ejusdem  regni  contra  impo- 
a  sitiones  clero  regni  nostri  prsedicti  per  summum  Pontificem  eo 
«  tempore  publicatas  et  exactas,  remedium  imponere,  etc.  » 

Un  assez  grand  nombre  de  pétitions  particulières  furent  ac- 
cueillies et  reçurent  réponse  en  ce  parlement.  Voy.  Rot.  Pari, 
t.  III,  p.  259-262,  §  10-17,  et  p.  274-276,  n°^  1  et  suiv. 

Page  31,  note  h. 

Réponses  du  roi  touchant  les  proviseurs .  Voir  aux  lieux  cités 
dans  la  note  précédente,  et  le  2^  statut  de  la  xiir  année,  c.  ii, 
Stat.  ofRealm,  t.  II,  p.  69-74.  — Lettre  du  roi  au  pape.  Après 
un  tableau  de  Tétat  déplorable  de  l'Église  d'Angleterre,  il  rap- 
pelle le  droit  qu'ont  le  roi  de  présenter,  et  les  chapitres  d'élire  : 
«  Modicum  omnino  aut  nullum  sortiuntur  eifectum  ;  immo 
«  quod  a  seculis  inauditum  est,  humanœ  artis  industria  tantum 
«  didicit  avaritiœ  famulari,  ut  si  forte  unicam  ecclesiam  cathe- 
«  dralem  vacare  contigerit,  sex  aut  quinque  translationes  se- 
o:  dium  episcopalium  continue  celebrantur,  non  ut  de  virtute 
a  sit  transitus  in  virtutem,  sed  potius  ut  solvat  uberius  qui  salit 
a  allius,  et  imago  Gœsaris  in  domum  Domini  multipliciter  sed 
«  tamen  abominabiliter  transferatur.  »  Il  signale  l'abus  des 
provisions  et  des  réserves,  la  simonie  qui  pénètre  dans  l'Eglise. 


NOTES.  405 

Il  prie  le  pape  d'arrêter  ces  scandales.  La  lettre  est  signée  du 
roi,  de  ses  trois  oncles  et  des  principaux  barons  d'Angleterre. 
(26  mai  1390,  Rymer,  t.  VII,  p.  672-675.) 

Page  32,  note  a. 

Prieurés  étrangers.  Rot.  Pari,  t.  III,  p.  262,  §  19,  et  p.  276, 
n°  12.  On  voit  dans  les  actesdu  conseil,  à  la  date  du  20  août  1389, 
un  prieuré  donné  à  Ed.  Dalingrugge,  conseiller  du  roi,  pour 
lui  tenir  lieu  d'une  pension  de  100  m.  (Proceedings^  t.I,  p.  9.) 

Page  33 ,  note  a. 

Vétaple  des  laines.  Les  communes  demandaient  qu'elle  ne 
restât  plus  à  Calais  que  juqu'àla  Saint-Michel  (29  septembre)  : 
le  roi  la  prorogea  jusqu'à  la  Saint-André  (30  novembre).  {Rot. 
Pari,  t.  III,  p,  268,  §  37.)  Par  des  lettres  patentes  du  17  dé- 
cembre, il   déclara  que  toute  marchandise  étrangère,  arrivant 
à  Calais,  serait  sous  la  direction  du  maire  de  l'é  tapie  de  la 
ville.   {Francise  Rot.    13  R.   II,  m.    10,  dans  la  collection 
Bréquigny,  t.  LXXVIII,  ï°.  208.) — Vunitè  des  poids  et  me- 
sures.  On  excepte,  d'un  commun  accord,  le  comté  deLancastre, 
qui  avait  des  mesures  plus  grandes.  (Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  270, 
§42.)  —  Les  draps,  etc.,  ibid.,  p.  271,  §47,  49,  53.  —  Retirer 
aux  cordonniers  la  faculté  de  cumuler  le  métier  de  tanneur,  et 
réciproquement.  Ibid.,  §  48,  et  le  V  statut  de  la  xiii*  année, 
c.  ix-xiii.  Stat.  of  Realm,  t.  II,  p.  64,  65.  —  Le  subside  des 
laines.  Au  parlement  de  la  xi"  année  (1388),  le  subside  était, 
par  chaque  sac  de  laine  ou  par  240  toisons  (outre  le  demi-marc 
d'ancienne  coutume)  :  43'  4**  pour  les  indigènes,  et  46'  8*^  pour 
les  étrangers  ;  et  par  last  de  cuir,  outre  le  marc  d'ancienne  cou- 
tume, 6"'  6*  8*^  pour  les  premiers,  et  8*"  pour  les  autres.  Au 
parlement  de  la  xiir  année  (1390):  33'  4*^,  et  36'  8**  pour  la 
laine  et  les  toisons;  5'"  et  5™  1/2  pour  les  cuirs,  outre  l'an- 
cienne coutume,  comme  dans  le  premier  cas.  {YoyezRot.  Pari., 
t.  III,  p.  245,  §  16,  et  p.  262,  §  20.)  Walsingham  dit  que  les 
communes  votèrent  40'  par  sac  de  laine,  dont   10  h  l'usage  du 
roi,  et  30  à  garder  pour  les  besoins  de  la  guerre  (p.  343).  Le 
procès-verbal  du  parlement  le  contredit;  l'impôt  l'ut  moindre, 
et  tout  entier  réservé  à  la  guerre.  Le  moine  d'Evesham(p.  122) 
exagère  plus  encore  le  chiffre  du  subside  (50  et  60'  par  sac  de 
laine  ;  12''  par  livre  sur  les  marchandises). 


406  LIVRE  SEPTIÈME. 

Page  35,  note  a. 

Lancastre  investi  du  duché  de  Guyenne,  2  mars  1390.  Rot. 
Pari.,  t.  III,  p.  263,  §  21  et  22,  et  Rymer,  t.  YII,  p.  659. 
Ordre  à  tous  les  feudataires  d'Aquitaine  de  lui  faire  hommage, 
et  aux  officiers  de  lui  rendre  compte  en  ce  qui  regarde  l'Aqui- 
taine, même  date  {Ibid.,  p.  661).  Par  des  lettres  patentes  du 
23  novembre,  le  roi  déclarait  d'ailleurs  qu'en  donnant  à  vie  le 
duché  de  Guyenne  à  son  oncle,  il  n'avait  point  entendu  porter 
préjudice  à  l'union  de  ce  duché  avec  la  couronne  (Suppl.  Ry- 
mer, Richard  II,  t.  IV,  n°  12,  dans  la  collection  Bréquigny, 
t.  LXXVIII,  f°  277.) 

Le  fils  aîné  du  duc  d'York  créé  comte  de  Rutland,  le  même 
jour  que  Lancastre  recevait  le  duché  de  Guyenne,  2  mars. 
(Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  264,  §  23.)  Il  eut,  en  outre,  la  charge 
d'amiral,  de  la  xvir  à  la  xxi"  année  de  Richard  (1393-1397) 
(ArchœoL,  t.  XX,  p.  24,  note.) 

Domaine  au  duc  de  Glocester.  Ce  don  est  rappelé  et  confirmé 
au  parlement  suivant.  (Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  274,  n^  1.) 

Les  amis  de  l'ancien  évcque  de  Chichester.  Ibid.y  n'*  2.  Cf. 
p.  244,  n°  6,  et  ci-dessus,  t.  I,  p.  369  et  515. 

Garanties  contre  les  libéralités  du  roi.  «  Item  que  nul  doun 
ou  graunt  que  purra  tournîr  à  desencrees  du  profit  du  Roi 
passe  saunz  avys  du  consail  et  Tassent  des  Ducs  de  Guyenne  et 
d'Everwyk  (York),  de  Gloucestre  et  du  chancelier  ou  deux  de 
eux.  »  (Proceedings,  t.  I,  p.  18  c.)  Cette  ordonnance,  entre 
autres  mesures  utiles,  défendait  qu'aucun  sénéchal  ou  juge  fût 
nommé  à  vie,  pouvoir  dont  les  titulaires  abusaient  :  les  com- 
munes n'avaient  pas  cessé  de  s'en  plaindre. 

P?ge  36,  note  a. 

Trêves.  Elles  motivèrent  de  nouvelles  négociations  avec 
l'Ecosse  :  Sauf-conduit  à  W.  Douglas  (20  avril.  Rymer,  t.  YII, 
p.  678);  commissaires  pour  la  réparation  des  infractions  faites 
à  la  trêve  (28  juin.  Ibid.,  p.  679);  confirmation  des  trêves, 
(16  juillet.  Ibid.,Yi.  683.)  —  Pouvoirs  pour  traiter  avec  la  France: 
proroger  les  trêves,  ou  «  venir  à  bonne,  final  et  vraie  paix  et 
accord.  »  (7  avril  1390.  Rymer,  t.  VII,  p.  667  et  669.)  Les 
commissaires  sont  :  l'évêque  de  Durham,  le  comte  de  Norlhum- 
berland,  J.  Devereux,  sénéchal  de  l'hôtel,  etc.  Des  pouvoirs 


NOTES.  407 

leur  sont  donnés  en  même  temps  pour  traiter  avec  la  Flandre. 
(Ibid.,  p.  670.) 

Expédition  du  comte  de  Derby  en  Prusse.  Wals.,  p.  343. 

Le  duc  de  Bourbon  à  Tunis.  Froissart,  IV,  13,  15  et  17  ; 
Relig.  de  Saint-Denys,  XI,  2  et  3.  Le  Religieux  de  Saint-Denys 
dit  que  Derby  était  à  la  croisade  de  Tunis.  Mais,  selon  Wal- 
singham  et  Otterbourne,  il  devait  faire  alors  la  croisade  de 
Prusse.  Le  religieux  paraît  confondre  Derby,  fils  aîné  de  Lan- 
castre,  avec  Jean  de  Beaufort,  fils  naturel  du  même  prince,  que 
Froissart  nomme,  et  nomme  seul  dans  cette  expédition. 

Les  Turcs  en  Hongrie.  En  1389,  Amurath  mourait  vainqueur 
à  la  bataille  de  Gassova,  laissant  le  trône  à  Bajazet. 

Page  38,  note  a. 

Joutes  de  Saint-Inglevert.  «  A  l'entrée  du  joli  mois  de  mai.  » 
(Froissart,  IV,  6  et  12.)  «  Donc  s'en  vinrent  le  comte  de  Hos- 
tidonne  (J.  de  Holland,  comte  de  Huntingdon),  le  comte  maré- 
chal....  et  tous  les  chevaliers,  qui  jouté  avaient  les  quatre  jours, 
en  une  compagnie  devers  les  chevaliers  françois,  et  les  remer- 
cièient  grandement  de  leurs  ébattements  et  leur  dirent  :  «  Tous 
«  chevaliers  et  écuyers  de  notre  compagnie  qui  jouter  vouloient 
a  ont  fait  armes.  Si  prenons  congé  à  vous,  car  nous  retourne- 
«  rons  à  Calais,  et  de  là  en  Angleterre.  Nous  savons  assez  que 
«  qui  voudra  jouter  à  vous  et  faire  armes,  il  vous  trouvera  ici 
oc  les  trente  jours  durans,  selon  la  teneur  de  votre  cri.  Nous 
«  revenus  en  Angleterre,  nous  vous  certifions  que  à  tous  che- 
«  valiers  et  écuyers  que  nous  verrons  et  qui  à  nous  de  ces  armes 
«  parleront,  nous  leur  dirons  et  prierons  que  ils  vous  viennent 
«  voir.  —  Grands  mercis,  répondirent  les  trois  chevaliers,  et 
«  ils  seront  recueillis  de  bonne  volonté  et  délivrés  au  droit 
tt  d'armes,  ainsi  comme  vous  avez  été.  Avec  tout  ce  nous  vous 
a  remercions  grandement  de  la  courtoisie  que  vous  nous  avez 
a  faite.  »  {Ibid.j  vers  la  fin.)  Les  sauf-conduits  donnés  par  le 
roi  d'Angleterre  à  cette  occasion,  sont  du  9  et  du  13  mars  1389. 
(Rymer,  t.  VII,  p.  663  et  ô65.) 

En  1390,  des  joutes  brillanles  eurent  lieu  en  Angleterre.  Un 
acte  du  25  septembre  accorde  un  sauf-conduit  au  comle  do 
Saint-Pol  pour  venir  avec  deux  cents  chevaux  assister  h  ces 
tournois.  (Suppl.  Rymer,  Richard  II,  t.  IV,  n"  6.  Gollect.  Bré- 
quigny,  t.  LXI,  fM4.) 


408  LIVRE  SEPTIÈME. 

Le  chevalier  de  Varmèe  anglaise  devant  Noyon.  «  Là  eut  un 
chevalier  d'Escosse  qui  fit  une  grande  appertise  d'armes  ;  car  il 
se  partit  de  son  conroy,  son  glaive  en  son  poing,  monté  sur 
son  coursier,  son  page  derrière  lui,  et  brocha  des  éperons  tout 
contreval  la  montagne.  Si  fut  tantôt  devant  la  barrière;  et 
appeloit-on  le  dit  chevalier  messire  Jean  Asneton,  hardi 
homme  et  courageux  malement,  et  aussi  avisé  et  arrêté  en 
toutes  ses  appertises,  là  et  ailleurs.  Quand  il  fut  devant  les  bar- 
rières de  Noyon,  il  mit  pied  à  terre  jus  de  son  coursier,  et  dit 
à  son  page  :  «  Ne  te  pars  point  de  ci  ;  »  et  prit  son  glaive  en 
ses  poings,  et  s'en  vint  jusques  aux  barrières,  et  se  écueillit,  et 
saillit  outre  par  dedans  les  barrières.  Là  avoit  de  bons  cheva- 
liers du  pays,  messire  Jean  de  Roye,  messire  Lancelot  de  Lor- 
ris,  et  bien  dix  ou  douze  autres,  qui  furent  tous  émerveillés 
qu'il  vouloit  faire;  néanmoins  ils  le  recueillirent  moult  faiti- 
cement.  Là  dit  le  chevalier  Escot  :  «  Seigneurs,  je  vous  viens 
«  voir:  vous  ne  daignez  issir  hors  de  vos  barrières,  et  je  y  dai- 
a  gne  bien  entrer;  je  veuil  éprouver  ma  chevalerie  à  la  vôtre, 
«  et  me  conquérez  si  vous  pouvez.  »  Après  ces  mots,  il  jeta  et 
lança  grands  coups  à  eux  de  son  glaive,  et  eux  à  lui  des  leurs; 
et  fut  en  cel  état,  lui  tout  seul  sur  eux,  escarmouchant  et  fai- 
sant grands  appertises  d'armes  plus  d'une  heure,  et  navra  un 
ou  deux  des  leurs  ;  et  prenoit  si  grand  plaisir  à  lui  là  combattre, 
que  il  s'entr'oublioit;  et  le  regardoient  les  gens  de  la  ville  et  de 
a  porte,  et  des  guérites,  à  grand'merveille,  et  lui  eussent  porté 
grand  dommage  du  trait  si  ils  eussent  voulu:  mais  nennil,  car 
les  chevaliers  françois  leur  avoient  défendu.  Tant  fut  en  cel 
état,  que  son  page  vint  sur  son  coursier,  moult  près  des  bar- 
rières, et  lui  dit  tout  en  haut  en  son  langage  :  «  Monseigneur, 
«  partez-vous,  il  est  heure;  car  nos  gens  se  partent.  »  Le  che- 
valier, qui  bien  l'entendit,  s'appareilla  sur  ce,  et  lança  depuis 
deux  ou  trois  coups,  et  quand  il  eut  fait,  il  prit  son  glaive  et  se 
relança  à  l'autre  lez  sans  nul  dommage  ;  et  tout  armé  qu'il  étoit, 
il  se  jeta  sur  son  coursier  derrière  son  page.  Quand  il  fut  sus,  il 
dit  aux  François  :  «  Adieu,  adieu,  seigneurs,  grands  mercis.  » 
Si  brocha  des  éperons  et  fut  tantôt  à  ses  compagnons.  Laquelle 
appertise  d'armes  de  monseigneur  Jean  Asneton  fut  durement 
prisée  de  toutes  gens.  »  (Froissart,  I,  part,  ii,  c.  309.) 

Page  39,  note  a. 

Renconlre  des  Français  et  des  Anglais  pendant  les  marches. 


NOTES.  409 

«t  Et  chevauchoient  telle  fois  si  près  l'iin  de  l'autre  que  ils  se 
lussent  bien  trouvés  et  rencontrés  s'ils  voulsissent,  et  parloienl 
à  la  fois  l'un  à  l'autre.  Donc  il  advint  que  messire  Henry  de 
Persy,  un  des  gentils  barons  d'Angleterre ,  chevauchoit  les 
champs  avec  sa  route,  et  messire  Guillaume  des  Bordes  et  mes- 
sire Jean  de  Bueil  faisoient  une  autre,  et  tenoit  chacun  son 
chemin  sans  point  issir  du  frais.  Là  dit  messire  Henry  de 
Persy,  qui  chevauchoit  un  blanc  coursier,  en  regardant  sur 
senestre,  à  monseigneur  Aimery  de  Namur,  fils  au  comte  :  «  H 
«  fait  beau  voler  maintenant  ;  que  ne  volez-vous  quand  vous 
«  avez  ailes  ?  —  Sire  de  Persy,  sire  de  Persy,  dit  messire  Ai- 
a  mery,  qui  un  petit  issit  de  son  conroy  en  frétillant  son  cour- 
«  sier,  vous  dites  voir,  le  vol  est  beau  à  nous,  et  si  j'en  élois 
a  cru,  nous  volerions  jusques  à  vous.  —  Par  Dieu,  Aimery,  je 
«  t'en  crois  bien.  Or,  émeus  tes  compagnons  à  voler;  si  y  aura 
«  bon  gibier.  »  Ainsi,  en  bourdant,  chevaucha  le  sire  de  Persy 
une  espace  de  temps,  cotianl  les  François;  et  le  plus  prochain 
de  lui  à  qui  il  parloit,  c'étoit  Aimery,  le  bâtard  de  Namur,  un 
moult  frique  et  gentil  chevalier  et  bon  homme  d'armes.  » 
(Froissart,  I,  part,  n,  c.  368.) 

Contraste  des  Français  et  des  Anglais  avec  les  Espagnols  et  les 
Allemands.  Ibid.y  c.  343. — Sur  les  Allemands,  voir  encore  ce 
qu'il  en  dit,  après  avoir  montré  combien  les  Anglais  et  les  Écossais 
eux-mêmes  sont  courtois  l'un  à  l'autre,  «  ce  que  les  Allemands 
ne  sont  pas;  car  mieux  vaudroit  un  gentil  homme  être  pris  des 
mécréans,  tous  payens  ou  Sarrasins,  que  des  Allemands;  car 
Allemands  contraignent  les  gentils  hommes  en  double  prison 
de  ceps  de  fer,  de  bois,  de  grésillons  et  de  toutes  autres  prisons 
hors  de  mesure  et  raison,  dont  ils  meshaignent  et  atibiblissent 
les  membres  d'un  homme  pour  estordre  plus  grand'finance  Au 
voire  dire  en  moult  choses.  Allemands  sont  gens  hors  de  rieulle 
de  raison,  et  c'est  merveille  pourquoi  nuls  conversent  avec 
eux  ni  qu'on  les  souflre  à  armer  avec  eux,  comme  François 
et  Anglois,  qui  font  courtoisie,  ainsi  qu'ils  ont  toujours  fait; 
ni  les  autres  ne  le  feroient  ni  le  voudroient  faire.  »  Ibîd., 
m,  123. 

Les  Français  et  les  Anglais  en  Espagne.  Wals.  p.  342  : 
<r  Nempe  mos  est  utrique  genti,  AngliiL'  scilicet  atque  (lallia', 
a  licet  sibimet  in  propriis  sint  infesli  regionibus,  in  remotis 
««  partibus  tanquam  fratres  sibimet  subvenire,  et'fidem  adin- 
«  vicem  inviolabilem  observare.  » 


410  LIVRE  SEPTIÈME. 

Page  42,  note  a. 

Parlement  de  la  xiv  année  (12  novembre  1390).  Exposé  du 
chancelier.  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  277,  §  J .  On  trouve  les  in- 
structions secrètes  qui  avaient  été  données  aux  négociateurs 
(l'évêque  de  Durham,  le  comte  de  Northumberland,  J.  Deve- 
reux,  Ed.  Dalingrugge,  Richard  Stury,  maître  Raymond  Guyl- 
lam,  et  maître  Richard  Rouhal)  dans  les  actes  du  conseil. 
(ProceedingSj  1. 1.  p.  19-22.)  Ils  doivent  réclamer  d'abord  l'exé- 
cution du  traité  de  Calais  (traité  de  Brétigny  du  8  mai,  ratifié 
à  Calais  après  quelques  modifications,  le  24  octobre  1360; 
Rymer,  t.  VI,  p.  229).  Si  les  Français  s'y  refusent,  faire  por- 
ter le  débat  sur  la  question  de  souveraineté  et  de  ressort  des 
pays  en  litige:  point  de  confiscation  de  territoire,  si  ce  n'est  en 
cas  d'attentat  du  roi  d'Angleterre,  duc  de  Guyenne,  contre  la 
personne  da  roi  de  France.  Si  les  Français  n'abandonnent  pas 
la  souveraineté  au  roi  d'Angleterre,  mettre  au  droit  qu'ils  re- 
tiennent les  plus  grandes  restrictions;  réclamer  «  Tentièreté  » 
de  la  Guyenne;  demander  que  l'hommage  prêté  pour  la 
Guyenne  redevienne  ce  qu'il  était  autrefois,  sans  tenir  compte 
de  celui  que  prêta  le  roi  Edouard,  encore  mineur  et  sans  l'as- 
sentiment du  conseil.  Le  roi  d'Angleterre  n'a  pas  l'intention  de 
faire  hommage  en  personne  ;  aucun  service  ne  sera  exigé  que 
des  personnes  qui  tiendront  pour  ce  temps  le  duché  et  autres 
terres.  Si  le  duché  est  tenu  directement  par  le  roi  ou  par  un 
de  ses  fils,  l'hommage  ne  se  fera  que  par  procureur.  Si  les 
Français  veulent  proroger  les  trêves  de  Leulinghem,  le  roi  y 
consent.  Sa  volonté  formelle  est  que  Calais  et  les  forteresses  de 
Picardie  restent  sous  sa  main.  Les  Français  ne  seront  pas 
admis  à  traiter  pour  l'Ecosse  (avril  1390). 

Dans  les  instructions  nouvelles  données,  le  28  avril,  aux  mêmes 
ambassadeurs,  on  leur  prescrit  en  outre  de  réclamer  le  Ponthieu 
et  ses  dépendances,  et  l'arriéré  de  la  rançon  du  roi  Jean.  On  y 
insiste  sur  la  question  de  l'hommage.  On  veut  bien,  si  les  Fran- 
çais l'exigent,  que  ceux  d'Ecosse  et  d'Espagne  soient  compris 
avec  eux  dans  la  paix;  mais  à  la  condition  que  l'Angleterre  assure 
à  ses  alliés  le  même  droit;  et  on  désigne  particulièrement, 
comme  devant  figurer  au  traité,  le  roi  des  Romains,  le  roi  de 
Portugal,  le  duc  de  Gueldre  et  les  Génois. 

Vers  le  même  temps,  des  instructions  avaient  été  données 
pour  réclamer  l'exécution  de  la  trêve  avec  l'Ecosse.  {Procee- 


NOTES.  411 

dings^  t.  I,  p.  27-33.)  Les  pouvoirs  des  commissaires  sont  du 
28  juin.  (Rymer,  t.  VII,  p.  679,  et  Rot.  Scot.,  t.  II,  p.  107.) 
Le  T""  décembre,  la  France,  sans  rompre  pour  cela  avec  l'An- 
gleterre, renouvelait  son  alliance  avec  l'Ecosse  (Rymer,  t.  YII, 
p.  689);  et  dans  le  même  mois,  le  conseil  d'Angleterre  envoyait 
en  Ecosse  deux  nouveaux  commissaires  pour  assurer  l'obser- 
vation des  trêves.  (Proceedings,  t.  I,  p.  33;  cf.  Rot.  Scot.,  t.  II, 
p.  108.) 

Page  43,  note  a. 

Déclaration  du  parlement  en  faveur  de  la  prérogative  royale. 
Rot.  Pari., t.  III,  p.  279,  $\b.  — Subsides  :  50  s,  (pour  les  in- 
digènes) et  4  m.  (pour  les  étrangers)  par  sac  de  laine,  et  par 
lot  de  240  toisons;  7  m.  1/2  (pour  les  indigènes)  et  8  m.  (pour 
les  étrangers)  par  last  de  cuir,  y  compris  l'ancienne  coutume 
de  1/2  m.  et  de  1  m.;  3  s.  par  tonne  de  vin,  et  12  d.  par 
livre  sur  les  marchandises.  (Rot.  Pari.,  t.  III,  ibid.,  §.  16.) 

Page  44,  note  a. 

Règlements  divers.  On  revint  sur  l'étaple,  qui  aurait  dii  êlre 
ramenée  de  Calais  en  Angleterre  le  30  novembre  :  on  en  fixa 
l'époque  au  lundi  après  l'Epiphanie  pour  tout  délai.  (Rot. 
Pari  ,  t.  III,  p.  278,  §  6.)  Les  maires,  constables  et  tous  oiii- 
ciers  ou  ministres  de  l'étaple,  dans  le  lieu  où  on  l'établirait, 
devaient  prêter  serment  au  roi  et  à  l'étaple.  {Ibid.,§  8.)  En 
outre  les  communes  demandèrent  que,  dans  tout  port  où  il  y 
aurait  étaple,  on  nommât  deux  coutumiers  ou  receveurs,  étran- 
gers à  la  ville;  et  le  roi  l'accorda,  ajoutant  que  receveur,  con- 
trôleur ni  peseur  ne  pourraient  avoir  la  charge  à  vie,  conformé- 
ment au  vœu  que  les  communes  avaient  déjà  exprimé.  (Ibid., 
p.  28 1 ,  §  27).  —  Des  mesures  furent  prises  pour  soutenir  le  prix 
des  laines  (p.  278,  g  9),  et  prévenir  les  fraudes  (p.  281 ,  g  26). 
Pour  donner  plus  d'activité  au  commerce,  on  promit  aux  mar- 
chandsétraugers  même  protection  qu'aux  indigènes,  (/^i//. ,  §25.) 

Cuu/irmatiun  des  statuts  relatifs  à  l'usure  {ibid,,  §  24);  —  à 
l'unité  des  mesures  (§  28). 

Autres  rèylcnicnls.  Déleuses  renouvelées  contre  les  moulins 
et  bâtardeaux  interceptant  le  cours  de  la  navigation  ou  nuisant 
au  frai  du  poisson  (p.  282,  §  34).  —  Obligation  aux  marchands 
qui  font  des  échanges  pour  la  cour  de  Rome,  d'acheter  dans 


412  LIVRE  SEPTIEME. 

les  trois  mois  des  marchandises  de  l'étaple  (laine,  plomb, 
beurre,  draps)  (p.  278,  §  7).  —  Ordre  aux  marchands  du 
royaume  de  ne  fréter  que  des  vaisseaux  du  royaume,  pourvu 
pourtant  que  les  possesseurs  de  vaisseaux  n'exigent  qu'un  prix 
raisonnable  (p.  278,  §  11)  :  le  roi  chargea  les  amiraux  de 
veiller  aux  coalitions  de  mariniers,  signalées  comme  tendant  à 
faire  hausser  leur  salaire  (p.  283,  §  37).  La  juridiction  de  ces 
amiraux  était  dénoncée  elle-même  pour  ses  empiétements  :  le 
roi  en  renvoya  l'examen  à  son  conseil  (p.  282,  §  33).  Il  con- 
firma les  statuts  sur  les  juges  de  paix  (p.  279,  §  17),  et,  tout  en 
maintenant  les  privilèges  du  comté  de  Ghester,  promit  de  faire 
droit  aux  plaintes  portées  contre  les  brigandages  de  ses  habitants. 

Remise  d'impôts  aux  co7ntés  du  Nord  y  Rot.  Parl.,X.  III,  p.  280, 
§22;  —  exemption  pour  douze  ans  à  Guernesey,  Jersey^  Auri- 
gnyy  ibid.,  p.  281,  §..30.  —  Vente  des  biens  confisqués,  ibid., 
§  21.  — /.  de  Northampton  (Cf.  Wals.,  p.  288,  308  et  310). 
Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  282,  §  36.  —  Garantie  fut  donnée  aux  ducs 
d'York  et  de  Glocester,  pour  la  rente  de  leur  duché  et  le  paye- 
ment des  arrérages  (p.  278,  §  12). 

Le  comté  de  Richmond,  domaine  du  duc  de  Bretagne,  avait 
été. confisqué  par  jugement,  au  parlement  de  la  huitième  année 
de  Richard  (1384),  pour  le  punir  d'être  revenu  à  l'alliance  de 
la  France  ;  mais  «  pour  certaines  causes  au  roi  et  seigneurs 
bien  connues,  »  on  en  avait  différé  l'enregistrement  jusqu'à  ce 
jour  (on  comptait  toujours  le  regagner).  La  confiscation  fut 
inscrite  aux  rôles  (t.  III,  p.  279,  §  14). 

Page  45,  note  a. 

C/iarnbellan  de  Charles  VI  envoyé  à  Richard.  Relig.  de 
Saint "Denys,  XII,  2  ;  —  message  du  roi  d'Angleterre.  Froissart, 
IV,  18.  Froissart  dit  que  cette  députation  vint  en  France  vers 
la  Chandeleur  (février  1391).  C'est  un  peu  trop  tôt.  Le  Religieux 
de  Saint-Denys  ne  parle  du  message  de  Charles  VI  qu'après 
Pâques  de  cette  année.  Froissart,  il  est  vrai,  attribue  la  pre- 
mière démarche  à  Richard  ;  mais  le  Religieux  de  Saint-Denys 
est  d'accord  avec  Walsingham  et  Otterbourne  pour  la  rapporter 
à  Charles  VI  :  et  elle  honore  celui  qui  ne  craignit  pas  de  la 
faire.  Walsingham  met  dans  la  bouche  des  Français  des  raisons 
qui  montrent  que  l'on  sentait  (et  probablement  de  part  et 
d'autre)  combien  il  était  inutile  et  dommageable  pour  les  deux 


NOTES.  413 

pays  de  continuer  la  guerre  :  a  Asserebant  siquidem  Gallici  se 
'<  peroptime  nosse  fore  insufficientes  ad  reguum  Angli.e  devin- 
«  cendura,  et  Anglicos  nullatenus  fore  tam  fortes  ut  Franciam 
a  subjugarent,  et  in  lalibus  inutilibus  expeditionibus  utrumque 
«  regnum  fore  mullipliciter  onerandum.  »  (p.  344). 

Sauf-conduit  pour  négocier  avec  la  France  et  V Ecosse  (1 1  dé- 
cembre 1390;  Rymer,  t.  YII,p.  691.)  —  Invitation  personnelle 
au  roi  d'Angleterre^  acceptée  :  «  Rex  autem  Angliœ,  licet  mul- 
«  tis  suspectus  foret  omnis  tractatus  Francorum,  illuc  proficisci 
«  decrevit.  »  (Wals.,  p.  344.) 

Page  46,  note  a. 

Le  duc  de  Bretagne  (voyez  ci-dessus,  t.  I,  p.  321).  a  Le  duc 
dessus  nommé  à  bon  gré  ou  à  mal  gré,  du  conseil  du  roi  n'ac- 
comptoit  que  un  trop  petit,  et  faisoit  toujours  pourvoir  ses 
villes,  ses  cités  et  chasteaux  grandement  et  grossement,  et 
montroit  qu'il  avoit  aussi  cher  la  guerre  que  la  paix.  Tout  ce 
que  il  faisoit  étoit  bien  sçu  en  France  et  au  conseil  du  roi;  et 
le  tenoient  ceux  qui  prochains  étoient  du  roi  pour  orgueilleux 
et  présomptueux,  et  le  menaçoient  fort.  Celui  duc  de  leurs  me- 
naces ne  faisoit  compte,  et  disoit  et  promettoit  ;  et  les  appa- 
rences on  en  véoit,  que  il  feroit  au  comte  de  Penthièvre  guerre 
et  à  tous  ses  aidans,  et  sur  forme  de  juste  querelle,  et  disoit  : 
a  Celui  comte  de  Penthièvre,  notre  cousin,  s'écrit  et  nomme 
«  Jean  de  Bretagne,  aussi  bien  comme  s'il  en  fût  héritier.  Nous 
«  voulons  bien  que  il  se  nomme  Jean,  car  c'est  son  nom,  et 
«  comte  de  Penthièvre:  mais  nous  voulons  que  il  mette  jus  les 
a  hermines,  et  s'escrive  Jean  de  Blois,  ou  de  Chastillon,  et  nul- 
«  les  autres.  Et  si  il  ne  le  fait,  nous  lui  ferons  faire,  et  lui  toul- 
«  drons  (ôterons)  sa  terre,  car  il  la  tient  en  foi  et  hommage  de 
«  nous;  et  aussi  k  l'héiitage  de  liretagne  il  n'a  que  faire  jamais 
«  de  penser  que  il  lui  retourne,  car  nous  avons  fils  et  fille  qui 
«  seront  nos  héritiers;  si  se  voise  pourchasser  ailleurs,  car  à 
«  notre  héritage  a-t-il  failli.  »  (Froissart,  IV,  21;  Cf.  I).  Mo- 
«  rice,  Hist.  de  Bretagne^  t.  I,  p.  406  etsuiv.) 

Sauf-conduit  à  Lebègue  de  Vilaine  envoyé  par  Charles  VI  en 
Angleterre.  Suppl.  Uymer,  Richard  II  y  t.  IV,  n"  41  ;  Gollect. 
Bréquigny,  t.  LXXIX,  f"  7.  —  Divers  pouvoirs  pour  Imiter 
avec  la  France.  Suppl.  Bymer,  ibid.y  n"  61  ;  Coll.  Bréquiguy, 
ibid.,  f"  15. 


414  LIVRE  SEPTIÈME. 

Page  48,  note  a. 

Affaires  de  Rome  et  d'Italie.  Wais.,  p.  344,  345.  Ce  que  dit 
Walsingliam  des  vues  de  la  France  sur  les  domaines  du  saint- 
siège  en  Italie  était  fondé.  Voyez  le  curieux  message  de  Char- 
les YI  à  Clément  VU,  à  la  date  du  24  janvier  1393.  (Douet 
D'Arcq,  Pièces  inédites  du  règne  de  Charles  VI ^  t.  I,  p.  112.) 

Contra  impétrantes  huilas  in  curia  romana  :  œ  Quod  omnes  et 
a  singulœ  personee,  ligei  nostri,  in  curia  romana  existentes,  sub 
a  forisfactura  vitœ  et  membrorum,  ac  omnium  aliorum  quse  nobis 
a  forisfacere  poteruut,  versus  idem  regnum  nostrum  se  trahant 
«  et  festinent,  ita  quod  sint  infra  regnum  nostrum  prœdictum 
a  citra  festum  sancti  Martini  in  hyeme  proximo  f uturum ,  ad 
«  ultimum.  »  (3  mai  1391.  Rymer,  t.  VU,  p.  698.) 

Page  51 3  noie  a. 

Subside.  Rot.  ParL,  t.  III,  p.  285,  §  10.  Le  demi-dixième 
et  le  demi-quinzième  étaient  spécialement  destinés  aux  frais  du 
roi,  s'il  allait  en  France  pour  faire  paix  ou  trêve  ;  et  s'il  n'y  allait 
pas,  et  que  la  guerre  suivît,  on  devait  le  réserver  avec  le  quin- 
zième et  le  dixième  entier  pour  les  dépenses  de  la  guerre.  Si  le 
roi  y  allait  de  sa  personne,  le  subside  entier  devait  servir,  tant 
aux  frais  de  son  expédition,  qu'à  la  défense  du  royaume.  S'il 
n'y  allait  pas  et  qu'il  y  eût  paix  ou  trêve,  le  quinzième  et  le 
dixième  ne  devaient  point  être  levés.  Le  clergé  avait  été  con- 
voqué pour  le  1 2  novembre  afin  de  voter  sa  part  dans  le  sub- 
side. (7  octobre  1391.  Rymer,  t.  YII,  p.  707.)  —  Déclaration 
en  faveur  de  la  prérogative  royale.  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  28,  §  1 3 . 

Page  51,  note  h. 

Message  de  Richard  à  Charles  VI .  Froissart,  IV,  24.  Richard 
avait  envoyé  un  sauf-conduit  pour  le  comte  de  Saint-Pol,  qui 
devait  venir  en  Angleterre  au  nom  du  roi  de  France.  (12  no- 
vembre 1391.  Rymer,  t.  VII,  p.  708.)  —  Le  duc  de  Bretagne 
à  Tours.  Froissart,  IV,  24;  Relig.  de  Saint-Denys,  XII,  5  -, 
D.  Morice,  Hist.  de  Bretagne,  1. 1,  p.  409.  Le  duc  de  Bretagne, 
tout  en  négociant  de  si  mauvaise  grâce  avec  la  France,  avait 
renoué  des  négociations  avec  l'Angleterre  qui  persistait  à  rete- 
nir confisqué  son  comté  de  Richmond.  Dans  les  instructions 


NOTES.  415 

données  aux  deux  commissaires  chargés  de  répondre  k  ses 
avances  (22  décembre  1391),  le  roi  ne  refuse  pas  de  lui  rendre 
le  comté  de  Richmond,  et  s'engage  à  ne  pas  marier,  sans  sou 
aveu,  ses  enfants  qu'il  propose  d'envoyer  en  Angleterre  comme 
otages.  Il  y  avait  un  article  où  Ton  promettait  de  soutenir  le 
duc,  en  argent  et  en  soldats,  contre  ses  sujets  qui  pourraient  se 
révolter  et  lui  faire  la  guerre  :  mais  il  fut  barré,  et  une  note 
marginale  dit  que  le  roi  ne  veut  pas  pour  le  moment  s'engager 
sur  ce  point.  {ProceedingSy  t.  I,  p.  36-40.) 

Page  52 ,  note  a. 

Conférences  de  Tours.  Proissart,  IV,  24.  —  Traité  de  Tours 
entre  le  roi  et  le  duc  de  Bretagne,  26  janvier  1392.  D.  Morice, 
Preuves  de  V Histoire  de  Bretagne,  t.  II,  p.  585.  Le  traité  de 
mariage  de  Jeanne  de  France,  seconde  fille  de  Charles  YI,  et 
de  Jean  de  Montfort,  fils  et  héritier  du  duc  de  Bretagne,  est  du 
même  jour  {Ibid.,  p.  590.)  Ce  mariage  fut  célébré  le  19  sep- 
tembre 1396.  (Voyez  ci-après.) — Accord  du  duc  et  du  comte  de 
Penthièvre,  fils  de  l'ancien  prétendant,  Charles  de  Blois  :  le  duc 
lui  cède  plusieurs  terres;  le  comte  ratifie  le  traité  de  Cuérande 
et  fait  hommage  lige  au  duc.  (Même  jour,  i6it/.,  p.  586.)  — 
Traité  entre  le  duc  et  Ctisson.  (Môme  jour,  ibid.)  —  Richard  à 
Douvres.  Froissart,  IV,  27 .  Quoique  investi  du  duché  de  Cuyenne, 
le  duc  de  Lancastre  avait  encore  reçu  de  Richard  le  titre  de 
lieutenant  du  roi,  pour  veiller  à  la  Picardie  (22  février  1392, 
Rymer,  t.  VU,  p.  711).  Richard  l'étabhssait  ainsi,  avec  tousses 
pouvoirs,  sur  le  théâtre  des  négociations.  Walsingham  (p.  347) 
et  Knighton  (p.  2739)  ne  font  pas  figurer  le  duc  d'York  dans 
la  députation.  Le  dernier  nomme  seulement  son  fils,  le  comte 
de  Rutland. 

p.  53,  note  a« 

Entrevue  d'Amiois.  Froissart,  IV,  27;  Relig.  de  Saint- 
Denys,  XII,  7;  Wals.,  p.  347.  (Cf.  Otterbourne,  p.  181.) 
L'historien  anglais  confirme  ce  que  dil  Froissart  de  l'éclat  de 
cette  réception  et  de  la  munificence  qu'y  montra  Charles  VI. 
«  Le  duc  de  Lancastre,  dit-il,  fut  reçu  comme  le  plus  grand 
empereur.  Depuis  son  arrivée  jusqu'à  Amiens,  on  fournit  à  ses 
frais  et  à  l'entretien  des  mille  chevaux  de  sou  escorte,  sans  que 
personne  de  sa  suite  eut  besoin  de  rien  demander,  les  servi- 


416  LIVRE  SEPTIÈME. 

leurs  du  roi  leur  apportant  tout  ce  qui  sembloit  leur  être  né* 
cessaire.  » 

P.  56,  note  a. 

Paroles  de  Charles  VI  au  duc  de  Lancastre.  «Beau  neveu,  lui 
disait-il,  si  paix  pouvoit  être  entre  nous  et  le  roi  d'Angleterre, 
nous  pourrions  ouvrir  un  passage  en  Turquie  en  confortant  le 
roi  d'Honguerie  et  l'empereur  de  Gonstantinople,  auxquels 
l'Amorat-Baquin  (Bajazetj  donne  assez  à  faire,  et  recouvre- 
rions le  royaume  d'Arménie  que  les  Turcs  tiennent.  On  nous 
a  bien  dit  que  l'Amorat-Baquin  est  un  vaillant  homme  et 
de  grand  emprise  ;  et  sur  tels  gens  qui  sout  contraires  à 
notre  créance  et  la  guerroyent  tous  les  jours,  nous  devrions 
incliner  au  vouloir  défendre.  Si  vous  prions,  beau  neveu,  tout 
acertes ,  que  vous  y  veuilliez  entendre ,  et  promouvoir  ce 
voyage  au  royaume  d'Angleterre,  quand  vous  y  viendrez.  » 
(Froissart,  IV,  27.) 

P.  57,  noie  a. 

Grand  conseil  de  Stanford.  «  Tandem  finito  tractatu,  dux  re- 
a  diit  Angliam,treugas  unius  anni  reportans,  ut  per  idem  tem- 
Œ  pus  deliberaret  regni  Angliœ  collecta  potestas,  utrum  expedi- 
«  ret  paci  finali  manus  dare,  potius  quam  négocia  dubia  belli 
«  tractare.  Idcirco  Stanfordiam  accessere  vocati  non  solum 
ce  regni  domini ,  sed  et  de  qualibet  civitate  quidam  ,  prout  ad 
(c  parliamenta  soient  accedere,  deliberaturi  de  tanlo  negolio 
«  qiiod  agendum.  »  (Wals.,  p.  347;  et  Otterbourne,  p.  181.) 

Sentiment  de  Glocester,  Froissart,  IV,  20. 


Sédition  de  Londres  et  châtiment  de  la  ville.  Walsingham, 
p.  347,  et  Knighton,  p.  2740.  Ed.  Dalingrugge  figure  parmi 
les  membres  du  conseil  dans  les  premières  années  de  Richard. 
(Voy.  Proreedings,  t.  I,  p.  6  et  suiv.)  Knighton  ne  parle  pas 
du  meurtre.  Walsingham  prend  cette  occasion  pour  faire  des 
habitants  de  Londres  un  portrait  qui  n'est  guère  plus  flatteur 
que  celui  dont  on  se  souvient  :  «  Erant  quippe  tune  inter  omnes 
«  fere  nationes  gentium  elatissimi,  arrogantissimi  et  avaris- 
a  simi,...  lollardorum  sustentatores,  religiosorum  detractores, 
«  decimarum  detentores,  et  communis  vulgi  depauperatores.  » 


NOTES.  417 

(Wals.,  p.  348).  Rymer  rapporte  à  cette  année  un  acte  du 
1 3  mars,  qui  transfère  la  cour  du  banc  commun  et  celle  de 
l'Échiquier  de  Londres  à  York  (Rymer,  t.  YII,  p.  713).  Wal- 
singham  (p.  349)  rejette  la  mesure  à  l'année  suivante,  et  dit 
qu'elle  lut  prise,  soit  en  haine  de  Londres,  soit  parce  que  le 
chancelier,  archevêque  d'York,  voulait  établir  les  hautes  cours 
de  justice  au  siège  de  son  archevêché.  Mais  cela  ne  dura  point. 
L'acte  qui  suspend  les  libertés  de  Londres  est  du  22  juillet. 
(Rymer,  t.  VII,  p.  730.)  Le  23,  le  nouveau  magistrat,  les  deux 
vicomtes  et  les  vingt-quatre  aldermen  désignés  par  le  roi  prê- 
tèrent serment  en  présence  de  ses  trois  oncles.  {Ibid.  p.  731- 
733.)  Knighton  rapporte  la  citation  du  maire  de  Londres  devant 
le  roi,  et  ce  qui  s'ensuivit  à  un  grand  conseil  tenu  à  Nottingham 
vers  la  Saint-Jean.  Il  ne  faut  pas  prendre  cette  date  à  la  lettre, 
si  on  veut  demeurer  d'accord  avec  les  actes. 

P.  62,  note  a. 

Rentrée  du  roi  à  Londres.  Wals.,  p.  349  ;  Knighton,  p.  2740. 
—  Pardon  à  la  ville.  (Les  mêmes,  ibid.)  Richard  de  Waidstone 
a  célébré  par  un  poëme  en  distiques  latins  cette  réconciliation 
du  roi  et  de  son  peuple.  Il  y  décrit  longuement  l'appareil  de 
la  réception  populaire ,  assez  semblable  aux  entrées  royales 
que  l'on  vit  à  Paris  au  temps  de  Charles  YI,  et  que  Froissart 
se  complaît  à  raconter  :  les  surprises,  les  dons  faits  au  roi,  les 
grâces  qu'il  faisait  sur  la  route,  et  le  pardon  qui  couronna  la 
fête.  (Polit,  poems  andsongs,  t.  I,  p.  282-300.) 

L'acte  qui  confirme  l'amnistie  est  du  19  septembre  1392. 
(Rymer,  t.  YII,  p.  735).  La  quittance  des  1000^  payées  par  la 
ville  au  roi  est  du  28  février  suivant  {ibid.,  p.  739). 

Des  changements  importants  eurent  lieu  en  cette  année  dans 
la  situation  de  quelques-uns  des  principaux  personnages  de  la 
cour  de  Richard.  Aubry  de  Yère,  héritier  de  Robert  de  Yère, 
fut  mis  en  possession  du  comté  d'Oxford.  Jean  Devereux, 
connétable  de  la  Tour  et  sénéchal  de  l'hôtel,  étant  mort  subite- 
ment, Thomas  Percy,  de  vice-chambellan,  devint  sénéchal  de 
l'hôtel;  \V.  de  Beaumont,  connétable  de  la  Tour,  et  William 
le  Scrop,  vice-chambellan.  Ce  seigneur,  que  les  généalogistes 
rattachent  à  la  branche  des  Scrop  de  Masham ,  mais  qui  est 
désigné,  ainsi  que  nous  le  verrons  plus  tard,  comme  fils  de  Ri- 
chard  le  Scrop,  ancien  chancelier,  dans  les  Rôles  du  parlement, 

11—  27 


418  LIVRE  SEPTIÈME. 

ne  tardera  point  à  se  produire  en  première  ligne.  Il  avait  été 
sénéchal  d'Aquitaine  en  1383  {Rot.  Vascon.,  an  6  Rich.  II, 
m.  8.  Gollect.  Bréquigny,  t.  XXI,  f°  113);  en  1386,  capi- 
taine de  Cherbourg  pour  trois  ans  :  (Franc.  Rot.,  an  9 
Rich.  II,  m.  5.  Gollect.  Bréquigny,  t.  XLI ,  f"  123);  il  l'était 
encore  en  1389  (Rymer,  t.  VII.  p.  634),  sans  qu'il  paraisse 
avoir  perdu  le  titre  de  sénéchal  d'Aquitaine  (col! .  Bréquigny, 
t.  XXXVIII,  f**  49).  Il  sera  plus  tard  (1398)  capitaine  du  châ- 
teau de  Calais  et  trésorier  d'Angleterre  (1399).  En  l'année  où 
nous  sommes  (1392),  il  acquit  de  William  de  Montaigu,  comte 
de  Salisbury,  l'île  de  Man  qui  faisait  une  petite  souveraineté 
donnant  le  titre  de  roi  et  le  droit  de  porter  couronne  royale. 
«  Nempe  dominus  hujus  insulae  rex  vocatur,  cui  etiam  fas  est 
«  corona  aurea  coronari.  »  (Wals.,p.  350.  Voyez  Stow,  Ann., 
p.  308;  et  sur  William  leScrop,Dugdale,t.I,p  661  et  Archxol., 
t.  XX,  p.  46. 

Page  62,  note  a  {Us). 

Leduc  de  Gueldre  en  Angleterre.  Walsingham,  p.  347.  — 
Richard  toujours  favorable  à  la  paix.  Froissart,  IV,  31.  — 
Suite  des  négociations  avec  la  France  :  Pouvoirs  pour  traiter 
donnés  à  l'évêque  de  Saint-David,  à  W.  de  Montaigu,  comte  de 
Salisbury,  à  Thomas  Percy,  etc.,  20  juin  1392  (Rymer,  t.  VII, 
p.  721);  sauf-conduit  aux  commissaires  de  France,  22  juin. 
{Ihid.,  p.  723);  prorogation  delà  trêve  jusqu'à  la  Saint-Michel 
de  l'année  suivante  (1393),  15  mai  1392.  (Rymer,  t.  VII, 
p.  714);  confirmation,  20  juillet.  {Ibid.,  p.  729.)  Le  22  mai  le 
roi  avait  donné  à  W.  le  Scrop,  alors  sénéchal  d'Aquitaine,  et  à 
deux  autres  des  pouvoirs  pour  traiter  avec  les  comtes  d'Arma- 
gnac et  de  Foix.  (Ibid.,  p.  712.) 

Par  une  lettre  du  20  août  1392,  dont  on  a  une  copie  aux  ar- 
chives {Trésor  des  Chartes,  J,  644,  n°  35^^),  Richard  fit  savoir  à 
Charles  VI  que  Lancastre  irait  à  Leulinghem  aux  octaves  de 
la  Chandeleur  pour  reprendre  les  négociations  de  la  paix.  Les 
instructions  données  par  Charles  VI  pour  répondre  à  ces  avances, 
témoignent  de  la  cordialité  qui  commençait  à  s'établir  entre  les 
deux  rois.  (Creil,  13  septembre  1392.  Ibid.,  J,  643,  n**  2.) 

Page  64,  note  a. 

Parlement  de  Van  xvi  (20  janvier  1393).  La  question  de  la 
paix  et  celle  des  proviseurs  sont  encore  posées  par  l'archevêque 


NOTES.  419 

d'York,  chancelier,  parmi  les  motifs  de  la  convocation,  dans  son 
discours  d'ouverture.  (Rot.  Pari.,  l.  III,  p.  300,  §  1.)  —  Droit 
(le  modifier  temporairement  le  statut  des  proviseurs.  Ibid., 
§  8.  —  Protestation  de  V archevêque  de  Canterbury.  Ibid., 
p.  304,  §  20.  —  Subside.  Un  demi-quinzième  et  un  demi- 
dixième  à  lever  à  la  Saint-Jean,  s'il  y  avait  paix  ou  trêve  avec 
la  France  et  que  le  roi  voulût  aller  en  Irlande  ou  en  Ecosse; 
un  autre  demi-quinzième  et  un  demi-dixième  à  la  Toussaint, 
et  un  nouveau  demi-dixième  et  demi-quinzième  à  lever  à  la 
Purification  de  l'année  suivante,  avec  cette  clause,  qu'on  ne  le 
lèverait  pas  si  le  roi  n'allait  pas  à  la  guerre.  {Rot.  Pari.,  t.  III, 
p.  301,  §  11.)  Le  parlement  avait  de  plus  accordé  au  roi,  pour 
lui  et  pour  ses  héritiers,  rois  d'Angleterre,  le  droit  de  tester 
librement.  {Ibid:,  p.  300,  §  10.)  Il  proposa  ou  adopta  encore 
plusieurs  autres  mesures  que  l'on  verra  plus  loin.  Il  finit  le 
10  février.  {Ibid.,  p.  308,  §  35,) 

Page  67,  note  a. 

Lancastre.  Opposition  de  l'Aquitaine  à  l'acte  qui  lui  con- 
férait le  duché  et  le  gouvernement  du  pays.  (Froissart,IV,  41.) 
Richard  le  confirme,  7  juillet  1392.  (Rymer,  t.  YII,  p.  728.) 
Selon  Otterbourne  (p.  182),  Henri  Percy  ayant  été  envoyé  à 
Bordeaux,  les  habitants  ne  le  voulurent  recevoir  que  sur  son 
affirmation  qu*il  venait  comme  lieutenant,  non  de  Lancastre, 
mais  du  roi.  — Lancastre,  lieutenant  du  roi  en  Picardie,  22  fé- 
vrier 13U2  {ibid.,  p^  711);  22  février  1393  {ibid.,  p.  737).  Ces 
pouvoirs  lui  furent  encore  continués  l'année  suivante,  10  mars 
1394.  [Ibid.,  p.  766). 

Opposition  de  Glocester  à  la  paix.  Froissart,  IV,  31  ;  —  Sa 
popularité.  Cf.  Wals.,  p.  345,  346.  En  1391,  Glocester  ayant 
voulu  faire  une  campagne  en  Prusse,  ce  fut  grand  deuil  dans 
le  peuple  :  on  craignait,  dit  Walsingham,  qu'eu  son  absence  il 
n'arrivât  quelque  malheur.  Mais  la  tempête  l'ayant  ramené  en 
Angleterre,  la  joie  fut  vive  dans  le  royaume,  et  Walsingham 
n'est  pas  éloigné  d'y  rapporter  le  salut  de  Londres.  Les 
troubles  de  Londres  ayant  éclaté  peu  après,  c'est  h  lui,  on  se 
le  rappelle,  que  l'historien  renvoie  tout  le  int'rito  de  la  grâce 
accordée  k  la  cité  par  Richard. 


42U  LIVRE  SEPTIÈME. 

Page  68,  note  a. 

Nouvelles  conférences  de  Leulinghem.  Religieux  de  Saint- 
Denys,  XIV,  2;  Froissart,  IV,  35;  Wals.,  p.  350. 

En  se  rapprochant  de  la  France,  Richard  n'avait  garde  de 
délaisser  la  Rretagne.  Ses  instructions  prescrivaient  à  Lancastre 
de  faire  comprendre  le  duc  de  Bretagne  dans  les  trêves,  al- 
léguant les  raisons  de  famille  et  les  relations  de  vasselage  (au 
titre  du  comté  de  Richmond)  qui  ne  lui  permettaient  pas  de 
l'abandonner.  Il  veut  l'y  faire  admettre,  de  la  même  sorte  que 
le  roi  de  France  a  fait  comprendre  TEcosse  dans  les  traités  an- 
térieurs (février,  1393.  Proceedlngs,  t.  I,  p.  45).  Le  duc  de 
Bretagne,  à  coup  sûr,  méritait  bien  cette  protection;  et  il  ne 
laissait  pas  que  d'avoir  des  griefs  contre  les  Anglais.  Ce  comté 
de  Richmond,  au  titre  duquel  le  roi  d'Angleterre  se  déclarait 
son  seigneur,  était  toujours  confisqué  depuis  neuf  ans  et  at- 
tribué à  la  reine.  Le  duc  se  plaignait  encore  du  tort  que  lui 
avait  fait  la  mise  en  liberté  de  Jean  deBlois  (en  1387).  De  plus, 
le  château  de  Brest,  donné  en  gage  à  Richard  moyennant  une 
rente  de  700  m.  st.,  devait  être  gardé  aux  frais  du  roi;  et  il 
rétait  :  mais  les  Anglais  établis  là  avaient  levé  plus  de  30  000  fr. 
de  contribution  sur  le  pays  d'alentour.  La  plainte  du  duc  (de 
la  fin  de  mars  au  mois  de  juin,  à  ce  que  l'on  croit),  est  rap- 
portée parmi  les  actes  du  conseil.  {Proceedings,  t.  I,  p.  47-50.) 

Sauf- conduit  aux  ducs  de  Berri  et  de  Bourgogne  et  à 
600  hommes  de  leur  suite,  22  février  et  16  mars  1393;  pro- 
rogé, 24  mai.  (Rymer,  t.  VII,  p.  738,  741.)  Des  pouvoirs 
particuliers  furent  donnés  à  W.  Blount  et  à  deux  autres  pour 
négocier  avec  l'Espagne,  17  avril  1393.  (/^irf.,  p.  743.) 

Rôle  de  Glocester  dans  les  conférences,  a  Le  duc  de  Lancastre 
avoit  répondu  à  ce  (aux  paroles  pacifiques  de  Charles  VI)  (Voyez 
ci-dessus,  p.  416,  noie  de  lap.56),  et  dit  que  tout  son  pouvoir  il 
en  feroit  ;  et  si  fit-il  vraiment,  car  par  lui  et  ses  remontrances  au 
roi  d'Angleterre,  son  cousin,  à  son  frère,  à  tous  les  consaux  du 
pays  et  du  royaume  d'Angleterre,  ce  second  parlement  fut 
remis  ensemble  à  Lolinghen,  l'honneur  d'Angleterre  gardée. 
Son  frère  le  duc  de  Grlocestre  y  étoit  assez  plus  froid  que  lui, 
et  ressoignoit  les  cavillacions  et  déceptions  des  paroles  colorées 
des  François;  et  disoitque  les  François  vouloient  toujours  lutter 
les  deux  bras  dessus,  et  tant  que  les  parties  s'en  perçurent.  Et 
vint,  ce  me  semble,  un  écuyer  d'honneur  françois,   nommé 


NOTES.  421 

Robert  l'Ermite,  et  étoit  du  conseil  et  de  la  chambre  du  roi  de 
France,  devers  le  duc  de  Glocestre  ;  je  ne  sais  s'il  y  fut  envoyé 
ou  s'il  vint  de  lui-même  :  mais  il  dit  ainsi  au  duc  de  Glocestre, 
car  le  dit  duc  me  conta  depuis  toutes  ces  paroles  en  son  hôtel 
à  Plausti  (Plashey  ou  Plessis)  :  «  Monseigneur,  pour  l'amour 
«  de  Dieu,  ne  veuillez  point  briser  les  articles  de  la  paix,  car 
a  vous  véez  comme  nos  seigneurs  de  France  y  mettent  grand' 
«  diligence;  et  vous  ferez  aumône,  car  la  guerre  a  trop  duré; 
«  et  quand  temps  est,  et  que  les  deux  rois  le  veulent,  tous  leurs 
«  sujets  et  prochains  y  doivent  bien  obéir.  »  —  «  Robert,  Ro- 
«  bert,  répondit  le  duc  de  Glocestre,  je  veuil  bien  à  tout  ce 
«  adresser;  et  point  n'y  suis  contraire  ni  rebelle;  mais  entre 
«  vous  de  France  avez  tant  de  paroles  colorées,  lesquelles  nous 
«  sont  obscures  à  notre  entendement,  que,  quand  vous  voulez, 
<c  il  est  guerre,  et  quand  vous  voulez  il  est  paix  ;  et  ainsi  nous 
«  avez-vous  menés  jusques  à  présent;  et  ainsi  vous  détermi- 
«  nerez-vous  toujours,  tant  que  vous  soyez  venus  à  votre  en- 
«  tente.  Et  si  Monseigneur  m'en  eût  cru,  et  la  greigneur  partie 
«  de  ceux  de  son  royaume  qui  taillés  sont  de  le  servir  et  aider, 
«  jamais  paix  n'eût  été  entre  France  et  Angleterre,  sans  que 
«  tout  nous  eût  été  restitué  ce  que  tollu  on  nous  a,  et  sans 
a  cause,  par  caulelles  subtiles,  ainsi  que  Dieu  sait,  et  tous 
«  autres  qui  veulent  raison  connoître  et  entendre.  Et  puisque 
«  Monseigneur  s'incline  à  la  paix,  de  ce  avez-vous  cause  de 
«  parler,  c'est  raison  que  nous  le  veuillions  aussi  ;  et  si  paix 
«  est,  ainsi  que  les  deux  rois  le  désirent,  et  pourquoi  nous 
«  sommes  ci  assemblés,  elle  soit  bien  connue  de  votre  côté,  et 
a  elle  sera  bien  tenue  du  nôtre!  »  Sur  ces  paroles  se  départit 
le  duc  de  Glocestre  de  Robert  l'Ermite,  et  prit  congé,  et  vint 
entre  ses  gens,  et  entra  en  autres  paroles.  »  (Froissart,  IV,  35.) 
Les  rois  consultés.  Froissart,  ibid.j  et  Religieux  de  Saint- 
Denys,  XIV,  2.  Richard  paraît  avoir  eu  l'intention  de  venir 
lui-même  à  Calais.  Une  lettre  du  26  juin  1393  ordonne  d'y 
faire  prendre  des  herbages  et  couper  les  foins  pour  le  service 
du  roi  qui  doit  s'y  rendre.  (Suppl.  Rymer,  Richard  II,  t.  IV, 
n«  104.  Gollect.  Jiréquigny,  t.  LVII,  1«  226.) 

Page  70,  note  a. 

La  tempête.  Relig.  de  Saint-Denys,  XIV,  2. 

Pierre  de  Luna  à  Uulinfjhem.  Froissart,  IV,  35;  Relig.  de 


I 


422  LIVRE  SEPTIÈME. 

Saint-Denys,  XIV,  3.  Ge  n'est  pas  que  les  Anglais  eussent  un 
grand  zèle  pour  le  pape  de  Rome.  Malgré  toutes  les  plaintes 
da  parlement,  et  sans  doute  à  cause  de  cela  même,  le  papeBo- 
niface,  dit  le  Religieux  de  Saint-Denys,  n'avait  point  chez  eux 
grand  profit  ou  honneur  dans  la  collation  des  bénéfices  ou  la 
levée  de  ses  subsides.  Ils  n'étaient  guère  ses  fidèles  que  de 
nom  a  (Quamvis  regno  Anglise  in  beneficiis  conferendis  vel 
«  subsidiis  colligendis  Bonifacius  nil  commoditatis  perciperet 
a  vel  honoris,  sed  sibi  obediretur  solo  verbo).  »  Mais  ils  étaient 
de  nom  et  de  fait  les  adversaires  de  Clément  YII. 

P.  71,  note  a. 

Nouveau  sauf-conduit  aux  ducs  de  Beiri  et  de  Bourgogne, 
5  août  1393;  Pouvoirs  aux  ducs  de  Lancastre  et  de  Glocesîer, 
12  septembre,  Rymer,  t.  YII,  p.  752,  753. 

Brest  et  Cherbourg.  Froissart,  IV,  35.  —  Approvisionnements 
de  Brest,  7  août  1394.  Rymer,  t.  VII,  p.  785.  C'est  toujours 
J.  de  Holland,  comte  de  Huntingdon,  frère  utérin  du  roi,  qui 
en  est  gouverneur.  —  Consentement  à  la  restitution  de  Cher- 
bourg pour  la  Saint-Michel^  \"  mars  1393.  Suppl.  Rymer, 
Richard  II,  t.  IV,  n"  93.  Collect.  Bréquigny  t.  XXXI,  f"  186. 
—  Ordre  de  restitution  de  Cherbourg  au  roi  de  Navarre,  24  oc- 
tobre 1393.  Rymer,  L  VII,  p.  756  et  759.  Cf.  Wals.,  p.  350. 

Les  traités  avec  l'Ecosse  suivaient  toujours,  à  distance,  les 
traités  conclus  avec  la  France.  Dans  l'été  de  1393,  Richard  en 
est  encore  aux  négociations  pour  le  prolongement  de  la  trêve 
jusqu'à  la  Saint-Michel  de  l'année  suivante  (2 7  juin  et  22  août). 
La  trêve  était  finie  avant  que  la  prolongation  en  fut  jurée, 
26  octobre  1393.  (Rymer,  t.  YII,  p.  749,  754,  758.) 

P.  72,  note  a. 

Quittance  de  la  somme  de  25  000  fr.  remboursée  par  le  roi 
de  Navarre,  21  janvier  1394.  Rymer,  t.  VII,  p.  764. 

Parlement  de  la  xvii"  année,  27  janvier  1394.  Rot.  Pari., 
t.  III,  p.  309.  — Accusation  du  comte  d'Arundel  contre  le  duc 
de  Lancastre,  Ibid.,  p.  313,  §  11.  Walsingham  (p.  350),  pré- 
sente autrement  la  dispute.  C'est  le  duc  de  Lancastre  qui 
accuse  Arundel  d'avoir  armé  contre  lui  dans  le  comté  de 
Chester. 


NOTES.  423 


P.  74,  note  a. 


Double  motif  de  la  convocation  du  parlement.  Rot.  Pari. y 
t.  III,  p.  309,  §  1.  —  Question  des  libertés  de  Londres.  Ibid.^ 
p.  324,  n"  2.  La  ville  de  Londres  avait  dû  payer  une  amende 
pour  rentrer  en  grâce  auprès  du  roi  et  obtenir  le  rétablissement 
à  Westminster  des  cours  qu'il  en  avait  éloignées.  Le  clergé, 
les  veuves  de  Londres  se  plaignaient  qu'on  les  eût  fait  contri- 
buer. {Ibid.,  p.  325,  n<*  3  et  4.)  Le  maire  et  les  aldermen  priè- 
rent le  roi,  par  une  autre  pétition,  de  confirmer  cette  mesure 
{ibid.y  n°  5).  —  Suppression  de  r élection  annuelle  des  aldermen^ 
ibid.,  p.  317,  §  25;  —  responsabilité  du  maire  et  des  vicom- 
tes et  aldermen  limitée,  ibid.,  §  26. 

p.  76,  note  a. 

Mesures  diverses  :  La  libre  exportation  du  blé  (Rot.  Pari., 
t.  III,  p.  320,  §  39)  ;  exportation  de  l'étain  par  les  ports  d'Angle- 
terre (p.  319,  §  34).  Nous  reviendrons,  au  chapitre  suivant, 
sur  d'autres  détails  de  l'administration  intérieure  de  Richard. 

Question  de  la  paix.  Assentiment  des  lords ^  Rot.  Pari.,  t.  III, 
p.  315,  §  16.  —  /.  Bussy,  speaker,  ibid.,  p.  310,  §  6.  — 
Assentiment  des  communes,  ibid.,  p.  315,  §  17.  Sur  la  ques- 
tion de  l'hommage,  Richard  avait  été  au-devant  du  vœu  des 
communes.  Une  députation,  composée  des  évêques  de  Durliam 
et  de  plusieurs  clercs  ou  docteurs  en  droit,  avait  reçu  des  pou- 
voirs pour  négocier  avec  les  envoyés  de  France  les  modifica- 
tions à  introduire  dans  les  termes  où  il  serait  rendu,  16  août 
1393.  (Suppl.  Rymer,  Richard  II,  t.  IV,  n"  i08.  Gollect.  Bré- 
quigny,  t.  LXXIX,  1°  37.) 

Page  76)  note  a  (bù). 

Subside.  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  314,  §  12.  Durant  ce  parle- 
ment, dit  le  moine  d'Evesham  (p.  125),  le  roi  donna  un  grand 
banquet  dans  l'hôtel  de  l'évêque  de  Durham,  où  il  réunit  les 
ducs  ses  oncles,  les  prélats,  les  comtes,  les  barons,  et  avec  la 
reine  beaucoup  de  nobles  dames.  Tous  les  seigneurs  invités, 
qu'ils  vinssent  ou  ne  vinssent  pas,  devaient  payer  20  s.  par 
tête.  Nous  voilà  loin  de  la  prodigalité  de  Richard  ! 


424  LIVRE  SEPTIÈME. 


P.  78,  note  a. 


Trêve  de  LeuUnghem.  Froissart,  IV,  44.  Relig.  de  Saint-De- 
nys,XV,  1;  Wals.,p.  350;  Knighton,  p.  2741.  Froissart  donne 
dans  ces  négociations  un  rôle  qui  semble  exagéré  à  Robert  l'Er- 
mite. —  Voyez  les  actes  dans  Rymer  :  Pouvoirs  pour  traiter 
aux  ducs  de  Lancastre  et  d'York,  10  mars  1394.  Suppl.  Ry- 
mer, Richard  II,  t.  IV,  n°  125.  Coll.  Bréquigny,  t.  LXXIX, 
f*  31.  —  Sauf-conduit  aux  ducs  de  Berri  et  de  Bourgogne, 
8  avril  1394,  Rymer,  t,  VII,  p.  766.  —  Traité  signé  le  27  mai 
1394;  confirmé  par  Richard,  le  5  juin,  ibid.,  p.  769.  Les  ori- 
ginaux, et  du  traité  et  de  la  ratification,  scellés  l'un  du  sceau  de 
Lancastre,  l'autre  du  sceau  de  Richard,  sont  aux  Archives,  {Tré- 
sor des  Chartes,  carton  J,  643,  n°*  4  et  5).  —  Sauf-conduit  au 
vicomte  de  Melun,  envoyé  de  France  (qui  doit  recevoir  le  ser- 
ment de  Richard),  23  juin,  Rymer,  t.  VII,  p.  779.  —  Ordre 
de  proclamer  les  trêves  au  dehors  (on  y  lit  les  noms  des  Etats 
divers  pour  lesquels  chacun  des  deux  rois  entend  stipuler) , 
28  juin,i5irf.,  p.  780. 

Voici  dans  son  entier  la  pièce  d'Eustache  Deschamps,  qui  ex- 
prime si  vivement  le  sentiment  national  sur  Calais  : 


Antre  Beau  Raym  et  le  parc  de  Hedin, 
Ou  moys  d'Aoust,  qu'om  soye  les  fromens, 
M'en  aloye  jouer  par  un  matin; 
Si  vi  bergiers  et  bergieres  aux  champs, 
Qui  tenoient  là  leurs  parliers  moult  grans, 
Tant  que  Bochiers  dist  à  Margot  la  broingne , 
Que  l'en  aloit  au  traittié  à  Bouloigne, 
Et  que  François  et  Anglois  feront  paix. 
Elle  respont  :  «  Foy  que  doy  Magueloingne, 
«  Paix  n'arez  jà  s'ilz  ne  rendent  Calays.  » 

Lors  vint  avant  Berthelot  du  Jardin, 

Qui  respondit  :  «  La  paix  suis  desirans; 

a  Car  je  n'ose  descouchier  le  matin, 

a  Pour  les  Anglois  qui  nous  sont  d'?struisans; 

«  Mais  dire  oy,  il  a  passé  dix  ans, 

«  Qu'à  leur  dessoubz  quierent  toudis  aloigne 

ce  Pour  mettre  sus  leur  fait  et  leur  besoigne, 

«  Et  puis  courent  le  règne  à  grans  eslays; 

a  Maint  l'ont  veu,  et  pour  ce  je  tesmoigne, 

H  Paix  n'arez  jà  s'ilz  ne  rendent  Calays.  » 


NOTES.  425 

Après  parla  par  grant  courroux  Robin 
A  Berthelot,  et  lui  dist  :  «  Tu  te  mens, 
«  Car  les  François  et  les  Anglois  enfin 
«  Veulent  la  paix,  il  en  est  dèsor  temps; 
«  Trop  a  duré  la  guerre  et  li  contens, 
a  Ne  je  ne  voy  nul  qui  ne  la  ressoigne.  » 
«  Certes  tout  ce  ne  vault  une  escaloingne,  » 
Ce  lu;  respont  Henris  li  contrefais  : 
«Encorfaulra  chascun  [prengnej  sabroingne; 
«  Paix  n'arez  jà  s'ilz  ne  rendent  Galays. 

«  Car  l'autre  jour  oy  maistre  Martin, 

«  Qui  racontoit  le  Roy  est  mendre  d'ans, 

a  Et  qu'il  estoit  une  loi  en  latin 

«  Qui  deffendoit  rien  vendre  des  enfans. 

tt  En  Guyenne  sont  deux  mille  et  cinq  cens 

a  Villes,  chasteauls,  qu'Anglois  veulent  qu'on  doigne, 

a  Et  grant  tas  d'or,  et  que  le  roi  esloingne 

a  De  roy  en  duc  Tommaige  qui  est  fais.  » 

a  Qui  fera  ce?  respon,  sote  Caroingne! 

a  Paix  n'arez  jà  s'ilz  ne  rendent  Calays.  53 

Guichars  li  bruns,  qui  fu  nez  à  Seclin, 

Dist  que  cilz  faiz  est  doubleux  et  pesans; 

Voire,  et  qu'Englèsy  pensent  mal  engin 

De  retenir  ce  port  qui  est  constans. 

<t  Se  ce  ne  fust,  bien  le  fussent  rendans; 

«  Mais  ils  pensent  barat,  guerre,  et  alloingne 

a  Faire  au  derrain.  Ne  le  duc  de  Bourgoigne 

a  Et  de  Berry  ne  feroient  jamais 

tt  Tel  paix  à  eux.  Qui  voulra?  si  me  perdoingne; 

a  Paix  n'arez  jà  s'ilz  ne  rendent  Calays.  » 

Envoy. 

Princes,  là  fu  Bertrisons,  et  Hersans, 
Et  Alizons,  qui  moult  orent  de  sens; 
Et  jugierent,  quand  li  parlers  fu  fait, 
Que  telle  paix  seroit  orde  et  meschans; 
Et  concluirent  aux  bergiers  eulx  disans  : 
«  Paix  n'arez  jà  s'ilz  ne  rendent  Calays.  » 

{Poésies  morales  et  historiques  (TEustache  Deschamps j  publiées 
par  Grapelet  (Paris,  1832)  p.  71.  La  pièce  est  reproduite  clans 
les  Political  poems  and  songs,  t.  I,  p.  300). 

p.  80,  note  a. 
Négociations  avec  l'Ecosse,  Pouvoirs  pour  traiter  avec  les 


426  LIVRE  SEPTIÈME. 

Ecossais,  27  août  1394,  Rymer,  t.  VII,  p.  786.  — Sauf-con- 
duit à  leurs  envoyés,  même  date,  ibid.,  p.  787.  —  Promesse 
de  mariage,  même  jour,  ibid.  Les  trêves  ne  furent  jurées  par 
le  roi  d'Ecosse  que  l'année  suivante  :  Pouvoirs  pour  recevoir 
son  serment,  13  février  et  6  mai  1395,  Rymer,  t.  YII,  p.  793 
et  800.  —  Humeur  des  Écossois.  Froissart,  IV,  39. 

L'Irlande  :  «  Et  vous  dis  pour  vous  mieux  informer  de  la 
vérité,  que  Irlande  est  un  des  malaisés  pays  du  monde  à 
guerroyer  et  à  soumettre  :  car  il  est  formé  étrangement  et  sau- 
vagement de  hautes  forêts,  de  grosses  yauves  (eaux,  marais),  de 
crolières  (tourbières)  et  de  lieux  inhabitables.  Et  se  recueil- 
lent Irlandois  es  bois  et  forêts;  et  demeurent  en  tranchées 
faites  dessous  arbres,  en  haies  et  en  buissons,  ainsi  comme 
bêtes  sauvages....  Et  ne  peut  nul  homme  d'armes  monté  ache- 
vai si  fort  courir,  tant  soit  bien  monté,  qu'ils  ne  le  atteignent  : 
et  saillent  de  terre  sur  un  cheval  et  embrassent  un  homme  par 
derrière,  et  le  tirent  jus  (à  bas)  ;  car  ce  sont  trop  fortes  gens  de 
bras  ;  ou  tout  en  tenant,  sur  le  cheval,  ils  le  lient  si  fort  de 
bras,  que  cil  qui  est  tenu  d'eux  ne  se  peut  défendre.  Et  ont 
Irlandois  couteaux  aigus  devant,  à  large  allumelle  à  deux  tail- 
lans,  à  la  manière  de  fer  de  darde,  dont  ils  occient  leur  en- 
nemi, et  ne  tiennent  point  un  homme  pour  mort  jusques  à 
tant  qu'ils  lui  ont  coupé  la  gorge  comme  à  un  mouton  ;  et  lui 
ouvrent  le  ventre  et  en  prennent  le  cœur  et  l'emportent;  et  di- 
sent les  aucuns,  qui  connoissent  leur  nature,  qu'ils  le  mangent 
par  grand  délit.  »  (Froissart,  IV,  42.) 

p.  81,  note  a. 

État  de  VIrlande.  Voyez  Archœologia,  t.  XX,  p.  16,  note  b, 
p.  19,  note  d;  et  p.  243  (append.,  n"'  1),  Nous  reviendrons  sur 
la  chronique  française,  publiée  dans  le  recueil  anglais  et  à  la- 
quelle ces  notes  se  rapportent. — La  sauvage  Irlande,  Froissart, 
IV,  42.  —  Mot  de  J.  Davies  .-Discoverie  ofthe  true  causes,  why 
Ireland  was  never  subdued,  1747,  cité  dans  la  note  de  YAr- 
chseologia. 

En  1389  (20  août),  J.  Stanley  avait  été  nommé  gardien 
d'Irlande  pour  trois  ans  {Proceedings,  t.  I,  p.  7).  Après  lui,  le 
gouvernement  fut  confié  au  comte  d'Ormond,  qui  déploya  de 
l'énergie  et  battit  à  Kilkenny  les  Irlandais  rebelles;  mais  il 
réclamait  des  subsides,  et  le  parlement  anglais  murmurait. 


NOTES.  427 

Glocester  offrit  ses  services;  et  il  allait  partir,  quand  le  roi 
déclara  qu'il  prenait  l'Irlande  sous  son  gouvernement  immé- 
diat. {Liber^  muncrum  puhlicorum  Hibernisey  1152-1827,  pré- 
face, t.  I,  p.  25.) 

P.  82,  note  a. 

Subside  du  parlement. Yoirci-dessvLS,  p.  62  et  419.  La  France, 
l'Ecosse  et  l'Irlande  sont  les  trois  pays  où  l'on  suppose  que  le 
roi  peut  aller  de  sa  personne.  —  Préparatifs  de  Richard.  Wals., 
p.  350.  —  Mort  de  la  reine,  Froissart,  IV,  39.  Wals.,  p.  350. 
Knighton,  p.  2744.  L'ordre  pour  sa  sépulture  est  du  10  juin 
1394,  Rymer,  t.  YIl,  p.  776.  —  Deuil  public  :  «  Haec  enim  re- 
«  gina,  quamvis  sine  liberis  decessit,  tamen  graciosa  et  regno 
a  Angliœ,  in  quantum  potuit,  proficua  tenebatur,  unde  proceres 
a  et  plebei  in  ejus  mortem  valde  condolebant.  »  (M.  Evesh.,  p. 
126.)  —  Douleur  du  roi,  ibid.  Walsingham  (p.  350)  dit  à  pro- 
pos de  la  reine  :  «  Gujus  exequise  quanto  celebriores  fuerunt 
«  in  expensis,  tanto  notabiliores  infamiis  :  quia  rex  ipse  pol- 
«  luit  locum  sanguine  comitis  Arundeliœ  in  principio  officii  fu- 
«  neralis.  »  On  ne  devine  pointée  qu'il  veut  dire  par  là  :  on 
verra  que  le  comte  d'Arundel  périt  d'une  manière  tragique  un 
peu  plus  tard.  Dans  VHypodigma  Neustrix,  il  ajoute  à  ces  pa- 
roles une  explication  :  le  roi  se  serait  laissé  emporter  à  cet 
excès  de  colère ,  parce  que  le  comte  n'avait  point  assisté  à  la 
levée  du  corps,  et  à  la  marche  du  cortège  de  Saint-Paul  à  West- 
minster, et  parce  que,  venu  le  dernier,  il  avait  le  premier  de- 
mandé au  roi  la  permission  de  s'en  aller  pour  affaires  urgen- 
tes. Ce  texte,  loin  de  l'expliquer,  contredit  l'autre,  et  n'est 
justifié  par  rien.  On  voit  dans  les  actes  que  le  comte  d'Arundel 
fut  envoyé  à  la  Tour  et  en  sortit  au  bout  d'une  semaine.  (3  et 
10  août  1394.  Rymer,  t.  YII,  p.  784  et  785.)  Gela  se  rapporte- 
t-il  à  ce  que  Walsingham  raconte  des  funérailles  de  la  reine  ? 
On  ne  le  peut  dire. 

A  son  retour  d'Irlande,  Richard  fit  élever  pour  la  reine  Anne 
et  pour  lui-môme  le  tombeau  où  ils  figurent  couchés  l'un  près 
de  l'autre  sur  le  lit  funèbre,  k  Westminster.  Le  contrat  pour 
l'exécution  du  monument  est  du  1"  avril  an  xviii  (1 395)  :  il  de- 
vait être  achevé  dans  les  deux  ans,  à  partir  de  la  Saint-Michel 
suivante.  (Rymer,  t. VII,  p.  795.)  Le  24  avril  un  autre  contrat  a 
pour  objet  l'exécution  des  deux  statues  (ibid.,  p.  797.  Voyez  le 


428  LIVRE  SEPTIÈME. 

monument  et  sa  description  dans  Gough,  Mon,  of  Great  Britain, 
part.  II,  p.  163-170.) 

Proclamation  pour  le  voyage  d'Irlande,  1"  juillet  1394  :  le 
roi  ordonne  d'être  prêt  le  3  août.  —  Pouvoirs  pour  tout  préparer 
en  Irlande^  5  juillet.  —  Ordre  à  J.  Beauchamp,  comme  conné- 
table de  Douvres  et  gardien  des  cinq  ports,  pour  les  services  dus 
au  roi  en  pareille  circonstance,  2  août,  Rymer,  t.  YII,  p.  782 
et  784.  —  Le  duc  d'York  lieutenant  du  roi  d'Angleterre  pendant 
V expédition  d'Irlande,  29  septembre  1394,  ibid.^-p.  789. 

Le  duc  de  Lancastre  en  Aquitaine.  Knighton,  p.  2741,  Otter- 
bourne,  p.  183,  et  Froissart,  IV,  38.  C'est  à  tort  qu'il  lui  fait 
donner  à  cette  date  l'investiture  du  duché.  Lancastre  était  duc 
de  Gruyenne  depuis  1389.  Mais  comme  il  n'avait  pas  encore 
pris  possession,  et  que  les  mauvaises  dispositions  de  la  pro- 
vince étaient  connues,  le  roi,  rappelant  l'acte  de  donation  et 
d'investiture,  enjoignit  par  un  acte  nouveau  du  10  septembre 
1394  à  tous  ses  sujets  d'Aquitaine  de  le  reconnaître  pour  duc. 
(Suppl.  Rymer,  Richard  II,  t.  IV,  n"  144.  Gollect.  Bréqui- 
gny,  t.  LXXIX,  f°  63.) 

Armes  de  saint  Edouard  prises  par  Richard  :  «  Qui  sont  à 
une  croix  potencée  d'or  et  de  gueules,  k  quatre  blancs  colombs 
au  champ  de  Técu  ou  de  la  bannière.  »  (Froissart,  IV,  42.) 

p.  83,  note  a. 

Richard  en  Irlande.  Froissart,  IV,  39  et  suiv.  Le  chroni- 
queur tient  les  détails  qu'il  rapporte,  de  ceux  qui  furent  de  l'ex- 
pédition :  il  arriva  en  Angleterre  comme  le  roi  revenait  d'Ir- 
lande (ibid.,  40). 

Soumission  des  principaux  chefs  irlandais  :  O'Neal,  roi  de 
Meath  ou  plutôt  de  l'Ulster;  Arthur  Mac  Morogh,  roi  de 
Leinster,  qu'on  retrouvera  dans  la  seconde  campagne  de  Ri- 
chard; O'Gonnor,  roi  de  Gonnaught,  et  un  quatrième  que 
Froissart  appelle  roi  d'Arse.  (Voy.  Froissart,  IV,  42,  et  les 
notes  de  Buchon.  Cf.  Wals.,  p.  350  et  351,  Otlerbourne, 
p.  184.)  Il  est  parlé  nommément  de  Mac  Morogh,  d'O'Neal, 
et  des  autres  en  général,  dans  les  lettres  de  félicitation  du 
conseil  au  roi  (février  1395).  «  Goment  vos  rebeaux  Mac  Mo- 
rogh et  le  grand  Onel  et  autres  grantz  capitaines  illoeques  le 
plus  fortz  de  la  terre,  pur  doute  de  vostre  roiale  puissance  sont 
venus  humblement  a  vostre  obéissance  et  soy  ont  sousmys  lour 


NOTES.  429 

gentz  et  lour  terres  en  vostre  noble  disposition  en  haut  et  en 
bas,  et  jurez  destre  vos  foiaux  hges  desore  en  avant.  »  {Procee- 
dings,  1. 1,  p.  57-59.) 

P.  88,  note  a. 

Parlement  de  la  xviir  année  (27  janvier  1395).  Rot.  Pari, 
t.  III,  p.  329.  —  Discours  du  chancelier^  ibid.  §  1.  —  Vote 
du  subside,  ibid.,  p.  330,  §  6.  C'est  à  tort  que  l'auteur  de 
V Histoire  parlementaire  (t.  I,  p.  221),  suivant  à  la  lettre  Wal- 
singham  (p.  351),  applique  la  réserve  des  communes  au  vote 
de  l'impôt  en  général  :  il  ne  s'agit  que  de  l'impôt  appliqué  aux 
guerres  d'Irlande  :  «  Issint  que  mesmes  ses  dits  communes.... 
et  le  dit  royalme  d'Angleterre,  touchant  les  guerres  d'Irlande, 
soient  auxi  franks  comme  ils  furent  avant  cest  présent  granl 
(octroi),  forspris  la  levée  d'icelle.  »  Le  clergé  avait  été  spéciale- 
ment convoqué  à  la  même  fin,  par  un  acte  du  26  novembre 
(Rymer,  t.  YII,  p.  792).  Le  duc  d'York  obtint  en  outre,  par 
voie  d'emprunt,  diverses  sommes  d'argent  de  plusieurs  prélats 
(Proceedings,  t.  I,  p.  60). 

P.  89,  note  a. 

Projet  d'amnistie  en  Irlande.  Le  roi  lui-même,  dans  sa 
lettre  au  duc  d'York  et  au  conseil ,  fait  le  tableau  de  l'état  de 
l'Irlande  :  «Pour  ce  ensement  quen  nostre  terre  Dirland  sont 
trois  maners  de  gens,  cestassavoir  Irrois  savages,  nos  ennemis. 
Irrois  rebelx,  et Engloizobeissantz(l" février  I39b. Proceedings^ 
t.  I,  p.  56.)»  Il  reconnaît  avec  une  remarquable  bonne  foi  les 
torts  de  l'administration  envers  ce  malheureux  pays  :  «  Semble 
a  nous  et  a  nostre  counseil  esteant  entour  de  nous  que  considé- 
rez que  les  ditz  Irrois  rebelx,  se  sount  par  cas  rebellez  pour 
griefs  et  torts  a  eulx  faits  d'une  part  et  par  defaute  que  remédie 
ne  lour  ad  estez  fet  d'autre  part,  et  que  ensement  s'ils  ne  feus- 
sent  sagement  traitez  et  mis  en  bon  espoir  de  grâce  ils  se  ver- 
roient  verisemblablement  joindre  à  nos  ennemis.  »  Il  songe 
donc  au  pardon  :  «  Mes  par  taunt  que  nous  ne  pensoums  fere 
nulle  tiele  ne  si  chargeaunte  chose  saunz  voz  counseil  et  assent, 
nous  avoms  pris  generalment  toutz  les  ditz  Irrois  rebelx  en 
nostre  proteccioun  especiale,  a  durer  tanqa  quinzeine  de  Pas- 
ques  prochein  avenir,  aufin  qenlreci  et  adunque  ils  purront 
venir  ceux  de  eulx  qui  vorront  monstrer  les  causes  de  leur 


430  LIVRE  SEPTIÈME. 

rebellioun,  et  par  especial  qen  le  mesme  temps  nous  pourrons 
avoir  vos  plein  conseil  et  avis,  si  ladite  pardoun  soit  a  estre 
graiintez  ou  non.  »  (Lettre  du  roi  au  duc  d'York  et  au  conseil, 
1"  février  1395,  Proceedings,  1. 1,  p.  56.)  —  Réponse  du  Conseil: 
a  II  nous  souvient  bien  cornent  au  temps  de  vostre  darrein  par- 
lement tenuz  a  vostre  paleys  de  Westminster,  nous  donasmes 
response  a  les  articles  a  nous  baillées  de  par  vostre  roiale  ma- 
gestee  par  vostre  uncle  de  Glocester:  alors  toutes  choses  consi- 
dérées estoit  notre  avys  qil  feusse  expédient  que  procès  se  fer- 
roit  encontre  les  ditz  rebelx,  selon  ce  que  nous  respondismes 
a  la  quinzisme  article  des  articles  susditz.  Mais  desicome  il 
semble  a  la  sage  discrecion  de  vous  et  de  vostre  dit  conseil  esteant 
entour  vostre  noble  persone,  que  pour  les  causes  desus  expres- 
sees  tiele  grâce  seroit  à  granler  par  manner  come  avant  est  dit, 
nous,  considerantz  la  variance  de  temps  et  confiantz  grande- 
ment en  le  sage  avys  et  haute  discrecion  de  vous  et  de  vostre  dit 
conseil  qui  avez  plus  de  connoissance  en  celle  partie  que  nous 
navons,  et  pur  eschuire  les  périls  qui  en  cas  de  le  contraire 
purroient  avenir  a  vostre  terre  susdite,  nosons  ne  ne  devions  dé- 
partir de  vostre  dit  avys,  einz  condescendons  à  ycelle.  Purveu 
toutes  voies  que,  selonc  le  sage  et  haut  avys  de  vous  et  de  vostre 
dit  consail  esteant  entour  vous,  tieux  et  si  hautes  fins  et  ranceons 
soient  faites  par  ceux  qui  enjoieront  la  pardon  susdite,  selon  la 
quantitee  de  leur  forfaiture  et  trespas,  comme  ils  purront  faire 
sanz  outrageouse  destruccion  de  eux,  sique  des  profitz  prove- 
nantz  de  mesmes  les  fins  et  ranceons  et  des  fées  du  seal,  les 
grandes  charges  queux  vous  y  covendra  avoir  a  cause  de  la  sauf 
garde  et  governance  de  vostre  dite  terre,  après  vostre  départir 
hors  dycele,  pourront  bonnement  estre  supportez  sanz  charger 
le  poeple  de  votre  roialme  par  celle  cause,  et  que  du  remenant 
de  mesmes  les  profitz  vous  puissiez  en  partie  estre  relevez  en 
maintenance  de  votre  roial  estât,  si  bien  a  lonur  et  profit  de 
vous  come  au  plaisir  et  aiese  de  vostre  poeple  susdit.  Et  que  con- 
venable temps  soit  limitez  par  votre  sage  discrecion  deinz  quel 
les  ditz  rebelx  devient  (doivent)  pursuire  pur  leur  chartes,  sur 
peine  de  perdre  le  benefite  dy celle.  Escrit  à  Londres  le  xix^  jour 
de  marz.  »  {Proceedings,  t.  I,  p.  62,  63.) 


NOTES.  4:^1 


LIVRE  HUITIÈME 


p.  93,  note  a. 

Administration  de  Richard.  —  Prise  de  possession  de  terres  à 
main  armée.  Rot.  Pari.,  t.  IIÏ,  p.  290,  §  27  (1391),  et  le  stat. 
de  la  xv*^  année  de  Richard  II,  c.  ii,  Stat.  of  Realm,  t.  II,  p.  78. 
Cf.  le  statut  de  la  v^  année,  c.  vu,  ibid.,  p.  20  ;  —  Livrée  des 
seigneurs.  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  307,  §  31  (1393)  ;  — Brigan- 
dage de  ceux  de  Chester  ou  de  Galles  (1391),  ibid.,  p.  295, 
§47;  p.  308,  §  34  (1393.)  —  Malfaiteurs  intimidant  leurs 
dénonciateurs,  ibid.,  p.  306,  §  26  (1393),  et  p.  318,  §  29 
(1394);  —  garantie  contre  la  délivrance  arbitraire  des  cou- 
pables, p.  317,  §24  (1394). 

Jimdiction  des  amiraux,  ibid.,  p.  282,  §  33  (1390),  p.  291, 
§  30  (1391);  de  même  pour  le  constable  de  Douvres,  p.  290, 
§  28  (1391);  tribunaux  des  seigneurs,  p.  285,  §  9  (1391)  ;  — 
agents  forestiers,  p.  295,  §  36  (139IJ,  p.  319,  §  35  (1394);  — 
clercs  dit  banc  du  roi,  du  commun  banc,  ou  des  assises,  se 
faisant  procureurs  des  parties,  p.  306,  §28  (1393). —  Réponses 
confirmatives  du  roi.  (Voir  ces  mêmes  dispositions  dans  les 
statuts  de  ces  années,  Stat.  of  Realm,  t.  II,  p.  76-90). 

Liberté  individuelle  garantie,  a  Le  roy  voet  que  si  ascun  soit 
arestuz  ou  emprisonez  encontre  la  fourme  du  dite  (Grant)  Gharlre, 
qu'il  viegne  à  son  respons  et  que  droit  luy  soit  fait.  »  Rot. 
Pari.,  t.  III,  p.  319,  §  37  {I39k);  — les  juges  de  paix,  p.  290, 
§  27  (1391);  — abus  administratif  réprimés  :  marché  deSinith- 
field,  1^.321,$  45  (1394). 

Dégrèvement  aux  vicomtes.  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  290,  §  29 
(1391);  p.  305,  p.  21  (1393);  p.  321,  §  47  (1394);  p.  330, 
§7  (1395);  — flwa;  comtés  du  Nord,  p.  281,  §22  (1390); 
p.  295,  §  45  (1391);  —  rnarine  :  ne  fréter  que  des  vaisseaux 
anglais,  à  des  conditions  raisonnables,  p.  278,  §  11  (1390); 
p.  296,  §  50  (1391);  Cf.,  p.  283,  §  37  (1390),  et  p.  305,  §  24 
(1393);  —  libre  circulation  des  rivières,  p.  282,  §  34  (1390)  ; 
— unité  des  poids  et  mesures,  p.  281,  §  28  (1390);  p.  291,  §  31 


432  LIVRE  HUITIÈME. 

(1391);  p.  306,  §  25  (1393);  — prise  de  vin  remplacée  par  uîi 
droit  de  2  5.  par  tonneau,  p.  306,  §  29  (1393).  — Mesures  pour 
soutenir  le  prix  du  blé  :  on  en  permet  l'exportation  jusqu'à 
nouvel  ordre,  p.  320  §  39  (1394);  —  pour  soutenir  le  prix  des 
laines,  ibid.,  p.  278,  §  9  (1390).  —  Industrie  :  draps,  etc., 
p.  29^,  §  40  et  43.  —  Restriction  aux  libertés  des  marchands 
étrangers,  sur  la  demande  des  communes^  p.  308,  §  33  (1391), 
et  Stat.  16  Rich.  II  (1393),  c.  i,  Stat.  of  Realm,  t.  II,  p.  81. 
Comparez  sur  tous  ces  points  les  statuts  de  la  xv%  de  la 
xvr  et  de  la  xvii*  année  de  Richard  II,  Stat.  of  Realm,  t.  II, 
p.  78-90. 

Page  96,  note  a. 

Demande  du  parlement  que  Vétaple  soit  transférée  de  Middel- 
bourg  à  Calais  (1388).  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  250,  §  41.  —  Sta- 
tut de  Cambridge  pour  la  translation  de  Vétaple  à  Calais,  an 
V  décembre  suivant  (1388).  Stat.  of  Realm,  t.  II,  p.  60. 

Parlement  du  17  janvier  1390.  Demande  que  l'étaple  reste 
à  Calais  jusqu'à  la  Saint-Michel,  et  soit  alors  ramenée  en  Angle- 
terre. Accordé,  en  reportant  le  terme  de  la  Saint-Michel  (29  sep- 
tembre) à  la  Saint-André  (30  novembre).  {Rot.  Pari.,  t.  III, 
p.  268,  §  37.)  La  trêve  conclue  diminuait  d'ailleurs  les  périls 
de  cette  relégalion  du  grand  marché  national  au  delà  de  la  mer, 
en  donnant  toute  sécurité  aux  marchands  qui  s'y  rendaient.  Les 
communes  demandaient  en  outre  que  l'étaple,  ramenée  en  An- 
gleterre, n'en  pût  être  éloignée  désormais  sans  l'assentiment  du 
parlement,  et  que  nul  Anglais  ne  pût  exporter  ses  laines  après 
l'époque  fixée,  sous  peine  de  confiscation  de  la  marchandise 
(ibid.).  —  Exception  prononcée  en  faveur  des  worsteds  (ibid., 

Parlement  du  12  novembre  1390.  Il  est  accordé  que  l'étaple 
soit  rétablie  pour  l'Epiphanie  (6  janvier  1391)  aux  lieux  mar- 
qués par  le  statut  de  l'an  xxvii  d'Edouard  III  {ibid.,  p.  278, 
§  6).  L'arrêté  figure  dans  le  statut  qui  suivit  le  parlement. 
(Stat.  14  Rich.  II,  c.  t.  Stat.  of  Realm,  t.  II,  p.  76.)  Par 
contre-coup,  selon  la  demande  des  communes  au  dernier  parle- 
ment, il  fut  défendu  aux  Anglais  de  se  livrer  dès  lors  à  l'expor- 
tation des  laines,  sous  peine  de  la  confiscation  de  la  marchan- 
dise. {Ibid.,  c.  V,  p.  77.)  C'est  ce  qu'à  deux  reprises  avait  fait 
Edouard  III,  en  ramenant  l'étaple  en  Angleterre.  Pour  y  faire 
venir  les  étrangers,  on  croyait  nécessaire  de  ne  leur  point  lais- 


NOTES.  433 

ser  h.  craindre  la  concurrence  des  Anglais.  L'étaple  avait  d'ail- 
leurs, dans  ceux  qui  amenaient  en  Angleterre  les  marchandises 
de  leur  pays,  une  clientèle  nécessaire.  Pour  maintenir  quelque 
équilibre  dans  les  échanges,  il  était  ordonné  que  tout  étranger 
qui  appoitait  des  marchandises  en  Angleterre,  emportât,  pour 
la  moitié  au  moins  du  prix  de  sa  vente,  quelqu'une  des  ma- 
tières de  l'étaple.  —  Le  port  de  Darmouth  fut  désigné  pour  le 
passage  de  l'étain.  (IbicL,  c.  vu.)  Le  c.  ix  assure  toute  protec- 
tion aux  marchands  étrangers.  Le  c.  x  interdit  aux  receveurs  et 
contrôleurs  des  ports,  d'avoir  des  vaisseaux  et  d'en  louer  :  ils 
eussent  fait  une  trop  redoutable  concurrence  au  commerce,  et 
l'on  craignait  quelque  connivence  entre  eux  et  les  marchands 
aux  dépens  du  trésor.  (Gf.  Rot.  Pari,  t.  III,  p.  281,  §  27.) 

Parlement  du  3  novembre  1391.  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  285. 
Au  parlement  de  novembre  1390,  on  avait  réglé  l'administra- 
tion de  l'étaple.  Chaque  lieu  d'étaple  devait  avoir  son  maire, 
ses  constables,  etc.  {Rot.  Pari.,  X.  III,  p.  278,  §  10.)  En  1391, 
il  fut  ordonné  que  les  obligations  des  marchands  fussent  passées 
devant  le  maire  et  les  constables,  conformément  au  statut 
d'Edouard  III,  et  l'on  régla  qu'il  y  aurait  à  cette  fin,  dans 
chaque  étaple,  un  sceau  particulier  à  la  garde  du  maire.  (Stat.  1 5 
Rich.  II,  c.  IX,  Stat.  ofRealm,  t.  II,  p.  81.) 

Réclamations  contre  le  privilège  de  Calais.  Au  parlement 
de  1394,  il  y  en  eut  de  très-vives.  Le  marché  de  l'étain  suivait, 
d'après  les  anciens  règlements,  le  marché  des  laines.  (Gf. 
Stat.  15  Rich.  II  (1391),  c.  viii,  Stat.  of  Realm,  t.  II,  p.  81.) 
Les  communes  du  comté  de  Gornouailles  ayant  demandé  que 
ce  produit  de  leurs  mines  fût  vendu  dans  leurs  ports,  et  non 
point  à  Galais,  le  roi  maintint  le  droit  de  Galais,  voulant  d'ail- 
leurs que  le  conseil  accordât  des  autorisations  particulières 
moyennant  le  payement  du  subside.  {Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  319, 
§  34.)  Les  communes  des  comtés  de  Hamp,  Wilts,  Sommerset, 
Dorset  et  Berk,  réclamaient  une  dispense  pareille  pour  leurs 
laines.  Elles  représentaient  que  la  qualité  inférieure  de  ces 
laines  soutiendrait  difficilement  la  concurrence,  s'il  fallait 
ajouter  à  leur  prix  les  frais  de  leur  transport  à  Galais,  et  elles 
demandaient  que  les  marchands  de  Normandie,  aussi  bien  que 
ceux  de  Gênes  et  de  Venise,  pussent  les  venir  prendre  sur  la 
côte  méridionale  de  l'Angleterre,  au  lieu  d'aller  à  Galais. 
Mais  le  roi  maintint  aussi  le  droit  de  Calais.  {Ibid.,  p.  322, 
§51.) 

11  —  28 


434  LIVRE  HUITIÈME. 


P.  99,  note  a. 


Le  duc  de  Lancastre  et  Wicleff.  Voyez  ci-dessus,  t.  I,  p.  49 
et  130.  —  Le  duc  prit  à  la  fin  pour  confesseur  le  carme  Jean 
de  Kyningham,  un  des  principaux  adversaires  de  Wicleff.  Kynin- 
gham  figure  comme  docteur  en  théologie  au  concile  de  Lon- 
dres (17  mai  1382),  et  avec  le  titre  de  confesseur  du  duc  de  Lan- 
castre au  concile  de  Stanford  (28  mai  1392),  où  Grump  fut 
accusé  d'hérésie.  (Vo}^ez  Fasciculi  zizaniorum,  p.  286  et  357.) 

Les lollards  dans  lÉglise.  Voyez  ci-dessus  (t.  I,  p.  130  et 459) 
le  rôle  de  plusieurs  dignitaires  de  l'Université  d'Oxford.  — 
Chapelain  du  pape  prêchant  la  doctrine  de  Wicleff.  Wals., 
p.  329.  —  Prêtres  lollards  :  «  Lolardi  tantam  prœsumpserunt 
«  audaciam,  ut  eorum  presbiteri,  more  pontificum,  novos 
«  crearent  presbiteros,  asserentes,  ut  fréquenter  supra  retuli- 
«  mus,  quemlibet  sacerdotem  tantam  consecutum  potestatem 
«  ligandi  atque  solvendi ,  et  cetera  ecclesiastica  ministrandi, 

«  quantam  ipse  papa  dat  vel  dare  potest Et  qui  taliter  ordi- 

«  nati  sunt  ab  hereticis,  sibi  cuncta  licere  pu  tantes,  missas 
a  celebrare ,  divina  tractare  et  sacramenta  conferre  minime 
timuerunt.  «  (Wals.,  p.  339,  340.) 

Uévêque  de  Norwich,ibid.  On  ne  signale  du  reste  aucune  exé- 
cution qu'il  ait  ordonnée.  Walsingham  dit  que  personne  ne  se 
pressait  d'aller  au  martyre . 

P.  99,  note  b. 

Nouvelles  propositions  des  lollards  (1387).  Knighton,  p.  2707; 
Otterbourne,  p.  185.  Le  parlement  s'en  émut  lui-même  ;  et  le 
roi,  dit  l'historien,  invita  l'archevêque  de  Ganterbury  et  les  di- 
vers prélats  à  faire  soigneusement  leur  devoir,  chacun  dans  son 
diocèse  (Ibid.,  p.  2708.)  Suit  une  commission  royale,  adressée 
à  plusieurs  docteurs,  pour  l'examen  de  livres  de  la  secte,  en 
date  du  23  mai  an  xi  (1388). {Ibid.,  p.  2709.)En  1392,  W.  Gourt- 
ney,  archevêque  de  Ganterbury,  parcourut  plusieurs  diocèses 
et  prononça  diverses  excommunications  contre  les  lollards;  plu- 
sieurs firent  leur  soumission. 

Conclusions  des  lollards  envoyées  au  parlement  (1394-1395). 
Fasciculi  zizaniorum j  p.  360, 

A  ce  mouvement  des  lollards  dans  la  dernière  partie  du  rè- 
gne de  Richard  II,  se  rapporte  un  petit  poëme,  intitulé  Com- 


NOTES.  435 

plainte  du  laboureur.  {The  complaint  of  Uie  Ploughman).  Un 
grand  débat  est  ouvert  :  d'un  côté  le  pape,  les  cardinaux,  pré- 
lats, curés,  moines  et  frères  de  tout  ordre  ;  de  l'autre,  des  gens 
pauvres,  pâles,  les  lollards.  Où  est  le  mensonge  et  qui  a  droit? 
Un  grifton  et  un  pélican  plaident  la  cause  de  chaque  parti.  Le 
pélican  parle  pour  les  lollards,  et  il  fait  le  tableau  le  plus  chargé 
des  excès  qu'on  reproche  aux  gens  d'église  :  c'est  merveille , 
s'écrie-t-il,  que  le  parlement  et  les  lords  de  la  terre  ne  songent 
pas  à  tirer  le  pauvre  peuple  de  leurs  mains  (p.  324).  Quoique 
le  griffon  soit  là  pour  défendre  l'Église,  on  comprend  que, 
dans  le  plan  de  l'auteur,  il  n'abuse  pas  de  la  parole.  Il  se  fâche  : 
il  demande  ce  qu'on  a  à  dire  des  chanoines,  des  moines;  il 
n'ouvre  la  bouche  que  pour  donner  aussitôt  la  réplique  au  pé- 
lican et  fournir  un  texte  à  ses  déclamations.  A  la  fin,  il  s'envole, 
menaçant  de  revenir  pour  le  mettre  en  pièces.  Mais  le  pélican 
s'en  va  aussi  et  ramène  le  phénix,  qui  chasse  et  détruit  tous  les 
oiseaux  de  la  suite  du  griffon.  Le  laboureur  a  recueilli  la  dispute  ; 
il  raconte  la  fin  du  débat,  et  quant  à  lui  se  soumet  à  l'Église, 

To  holy  church  I  will  me  how  : 
Ech  maa  to  amend  him  Christ  send  space  ! 

And  for  my  writing  me  allow 
He  that  is  almighty  for  his  grâce. 

(Polit,  poems  and  songs,  1. 1,  p.  304-346.)  On  trouve  aussi  cette 
pièce  à  la  suite  des  œuvres  de  Ghaucer,  comme  lui  ayant  été 
rapportée.  {Eîigl.  Poet.,  1. 1,  p.  623-634.) 

Mouvements  à  Londres  en  1382.  Wals.,  p.  288.  —  Démon- 
strations publiques  à  Londres  pendant  V absence  du  roi  (1395). 
Wals.,  p.  35 1 .  — Appuis  des  lollards  parm i  les  nobles,  ibid.  Les 
mêmes  personnages  sont  déjà  signalés  au  même  titre  en  1387 
par  Walsingham  (p.  328)  et  par  le  moine  d'Evesham  (p.  82, 
83).  L'historien  et  son  copiste  racontent  de  Jean  de  Montaigu, 
qu'il  poussa  la  haine  contre  les  images,  jusqu  'à  détruire  tous 
les  tableaux  d'un  domaine  dont  il  avait  hérité.  —  Sous  la  date 
du  8  juillet  1395,  on  trouve  dans  Rymer  deux  lettres  du  roi  au 
chancelier  de  l'Université  d'Oxford,  l'une  pour  écarter  les  lol- 
lards de  l'Université,  l'autre  pour  examiner  le  Trialogus  de 
Wicleff.  (Rymer,  t.  VII,  p.  806.) 

P.  102,  note  a. 

Pleins  pouvoirs  h  IHrhard  pour  déroger  au  statut  des  provi- 


436  LIVRE  HUITIÈME. 

seurs  :  Parlement  de  1391.  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  285,  §8; 
parlement  de  1393,  îMrf.,  p.  301,  §  8. — Statut  deVanxvi 
(1393),  c.  V.  Stal.  ofRealm,  t.  II,  p.  84.  —  Permission  à  Vabbé 
de  Beaulieu  d'accepter  Vèvèchè  de  Landaff  dont  il  a  provision 
du  pape:  «  Pourvu  toutefois  que  cet  accord  et  assent  ne  soient 
traits  en  exemple  ne  en  consequencie  en  temps  à  venir.  s>  {Rot. 
Pari.,  t.  III,  p.  317,  §  22.  —  Bénéficiaires  non  résidents  (1391), 
ibid.,  p.  293,  §  38.  —  Prieurs  étrangers  (1390),  ibid.,  p.  262, 
§  19;  (1393),  ibid,,  p,  301,  §7.  Les  communes  s'étaient  plain- 
tes de  l'extension  que  la  propriété  ecclésiastique  avait  prise 
par  diverses  voies,  et  entre  autres  par  le  mariage  de  femmes 
libres,  ayant  des  terres,  avec  des  serfs  de  l'Eglise  :  le  roi  ren- 
voya à  l'application  des  statuts  existants  sur  ces  matières  (1394), 
ibid.,  p.  319,  §  32.  Il  renvoya  aussi  à  l'usage  pour  des  diffi- 
cultés touchant  la  dîme  (1393),  ibid.,  p.  307,  §  30;  (1394), 
ibld.,  p.  318,  §  30. 

Page  104,  note  a. 

Richard  et  le  parlement.  Voir  ci-dessus,  p.  22  et  suiv.  — 
Respect  pour  le  principe  du  vote  des  impôts.  Hallam ,  L'Eu- 
rope au  moyen  dge,  t.  III,  p.  229.  —  Perception  de  Vimpôt 
suspendue  dans  /e6Zoi/ie.  Voyez  ci-dessus,  p.  76.  —  L'Angleterre 
aux  débuts  du  règne  et  sous  le  gouvernement  de  Richard.  Voir 
les  actes  que  nous  avons  cités.  Cf.  Hallam,  t.  III,  p.  193.  — 
Déclarations  du  parlement.  Voyez  ci-dessus,  p.  42,  44  et  50; 
Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  283  (13f^0);  et  les  votes  relatifs  au  main- 
tien de  la  prérogative,  p.  279,  §  15,  et  p.  286,  §  13  (1390, 1391). 

Page  104,  note  h. 

Sharon  Turner  :  «  The  government  and  the  nation  conti- 
nued  for  eight  vyears  in  a  state  of  mutual  dissatisfaction.  »  {Hist. 
of  Engl.,  t.  II,  p.  305.)  Voilà  tout  ce  qu'il  dit  pour  l'histoire  de 
l'Angleterre  de  1389  à  1397!  Pas  un  mot  de  plus  ni  de  Tinté- 
rieur,  ni  de  l'extérieur  :  le  mariage  du  roi,  cet  événement  si 
considérable  dans  la  politique  et  dans  la  suite  des  destinées  de 
Richard,  est  rappelé  en  note  à  la  fin  de  son  règne.  —  Citation 
de  la  Chronique  de  Hardy ng  :  Turner,  t.  II,  p.  276.  God- 
win,  dans  la  vie  de  Ghaucer  (t.  II,  p.  371),  cite  et  entend  de 
même  Hardyng  !  —  On  trouve  dans  l'yintiquarian  repertorij 
(Lond.,  1807,  4  vol.,  in-4''),  t.   I,  p.  78,  une  note  des  appro- 


NOTES.  437 

visionnements  faits  pour  Richard  et  pour  le  duc  de  Lancastre 
au  palais  de  l'évêque  de  Durham  k  Londres,  le  23  septembre 
an  XI,  avec  le  menu  d'un  repas  fort  modeste,  après  tout,  si  on 
le  compare  aux  fameux  banquets  annuels  des  lords  maires  : 
mais  le  23  septembre  de  l'an  xi  ou  1387,  Lancastre  était  en 
Espagne.  La  pièce  est  fausse,  si  la  date  ne  l'est  pas. 

Citation  de  Gower:  Confessio  amantis  (en  anglais),  et  Vox  cla- 
mantis  (en  latin).  Turner,  t.  II,  p.  274,  275  et  344.  On  a  d'au- 
tres déclamations  du  même  poêle  sur  la  corruption  du  temps,  sur 
les  vices  des  différents  ordres  de  la  société,  vers  1396-1397. 
{Polit,  poems  and  songs,  t.  I,  p.  346  et  356.) 

Richard  et  l'archevêque  de  Canterhury .  (Wals.,  p.  315,  et  ci- 
dessus,  t.  I,  p.  274;  — Richard  et  Lancastre^  voyez  ci-dessus, 
1. 1,  p.  245.) 

P.  107 ,  note  a. 

Libéralités  du  roi  envers  ses  anciens  ennemis.  C'est  toute 
l'histoire  de  ces  dernières  années. 

Chaucer;  voyez  ci-dessus,  t.  I,  p,  485.  Richard,' en  1389, 
avait  h  peine  repris  possession  du  pouvoir,  qu'il  lui  donna  en- 
core la  place  lucrative  de  clerc  des  travaux  (intendant  des  bâti- 
monts,  etc.)  (Godwin,  t.  II,  p.  486.)  Par  des  lettres  patentes 
du  13  octobre  de  saxxir  année  (1398),  il  lui  alloua  un  tonneau 
de  vin  par  an.  Henri  IV  confirma  la  donation  l'année  suivante, 
18  octobre  1399.  (Rymer,  t.  VIII,  p.  94).  Chaucer  n'imita  point 
Grower;  il  sut  s'abstenir  de  louer  le  vainqueur  comme  d'insulter 
au  vaincu. 

Gower.  Ce  que  nous  en  disons  est  pris  de  lui-même.  Con- 
fessio amantis^  ap.  English  poets  (Lond.  1810),  t.  II,  p.  3. 

Froissart:  «  Et  avois,  de  pourvéance,  fait  escripre,  grosser  et 
enluminer  et  recueilhr  tous  les  traités  amoureux  et  de  moralité, 
que  au  terme  de  trente-quatre  ans  je  avois,  par  la  grâce  de  Dieu 
et  d'amour,  faits  et  compilés;  laquelle  chose  réveilloit  grande- 
ment mon  désir  pour  aller  en  Angleterre  et  voir  le  roi  Richard 
d'Angleterre,  qui  fils  avoit  été  au  noble  et  puissant  prince  de 
Galles  et  d'Aquitaine  ;  car  vu  ne  l'avois  depuis  qu'il  fut  tenu 
sur  les  fonts  en  l'église  cathédrale  de  la  cité  de  Bordeaux,  car 
pources  jours  je  y  étois....  Lequel  roi  me  reçut  joyeusement  et 
doucement;  et  prit  toutes  les  lettres  que  je  lui  baillai,  et  les 
ouvrit  et  légit  à  grand  loisir;  et  me  dit,  quand  il  les  eut 
lues,  que  je  fusse  le  bien  venu,  et  si  j'avois  été  de  l'hôtel  du 


438  LIVRE  HUITIÈME. 

roi  son  ayeul  et  de  madame  son  ayeule,  encore  étois-je  de  l'hô- 
tel du  roi  d'Angleterre....  Pour  ce  jour  je  ne  lui  montrai  pas  le 
livre  que  apporté  lui  avois,  car  messire  Thomas  de  Percy  me  dit 
que  point  n'étoit  heure, car  il  étoit  trop  occupé  de  grandes  heso- 
gnes.. 

«  Or  avint  le  dimanche  en  suivant  que  tous  ces  consaux  fu- 
rent départis  et  retraits  à  Londres  ou  ailleurs  en  leurs  lieux, 
réservés  le  duc  d'Yorch  qui  demeura  de  lez  le  roi  et  messire 
Richard  Stury,  ces  deux  avec  messire  Thomas  de  Percy,  remi- 
rent mes  besognes  au  roi,  et  voulut  voir  le  roi  le  livre  que  je  fui 
avois  apporté.  Si  le  vit  en  sa  chambre,  ca/  tout  pourvu  je  l'a- 
vois  ;  et  lui  mis  sus  son  lit.  Il  l'ouvrit  et  regarda  dedans  et  lui 
plut  très-grandement  ;  et  plaire  bien  lui  devoit,  car  il  étoit 
enluminé,  escript  et  historié,  et  couvert  de  vermeil  velours  à 
dix  clous  d'argent  dorés  d'or,  et  roses  d'or  au  milieu,  et  à  deux 
grands  fremaulx  dorés  et  richement  ouvrés  au  milieu  de  rosiers 
d'or.  Donc  me  demanda  le  roi  de  quoi  il  traitoit,  et  je  lui  dis  : 
«  D'amours.  »  De  cette  réponse  fut-il  tout  réjoui;  et  regarda 
dedans  le  livre  en  plusieurs  lieux,  et  y  legy,  car  moult  bien 
parloit  et  lisoit  françois  ;  et  puis  le  fit  prendre  par  un  sien  che- 
valier, qui  se  nommoit  messire  Richard  Gredon,  et  porter  eu 
ba  chambre  de  retrait,  et  me  fit  de  plus  en  plus  bonne  chère.  » 
(Froissart,  IV,  40  et  41.) 

La  grande  salie  de  Westminster.  «  That  most  noble  monu- 
ment of  him  and  indeed  of  his  whole  race,  the  Great  Hall  al 
Westminster.  »  (Gough  ISlichols,  ap .  Archâeol. ,  X.  XXIX ,  ]).  40. 
Cf.  Antiq.  Repert.,  1. 1,  p.  377).  Stow  {Ann.  p.  318,  an.  1397; 
dit  que  Richard  en  ht  surtout  les  frais  en  faisant  acheter  aux 
étrangers  bannis  de  leur  pays  la  permission  de  rester  en  An- 
gleterre. Il  y  a  dans  Rymer  divers  actes  relatifs  à  cette  con- 
struction :  dès  1378,  passe-ports  pour  les  navires  qui  doivent 
apporter  des  pierres  de  Gaen.  (Suppl.  Rymer,  Richard  II,  t.  V, 
n°  116.  Coll.  Rréquigny,  t.  LXXYIII,  f°  89)  ;  marché  passé  avec 
les  maçons  pour  l'entablement  des  murailles  (18  mars  1395, 
Rymer,  t.  VU,  p.  794.) 

Respect  du  vote  de  V impôt.  Nous  avons  cité  Hallam,  t.  111, 
p.  239.  Il  ajoute  que  si  Richard  n'eût  été  renversé,  ce  droit  eût 
été  foulé  aux  pieds  comme  tout  le  reste.  Qu'attendre  des  autres 
quand  le  sage  Hallam  parle  ainsi!  —  Douceur  de  Richard  rap  ■ 
portée  à  sa  tacheté.  «  Allhoughthe  was  of  no  cruel  disposition, 
^s  wanting  of  courage,  »  (Hay\yard^  thf  nisinry  nf  Henry  the  IV, 


NOTES.  439 

p.  23.)  On  reproche  aussi  à  Richard  sa  roideur  vis-à-vis  du 
clergé.  {ArchseoL,  t.  XX,  p.  84  et  86.)  Qu'aurait-on  dit  s'il  lui 
avait  montré  de  la  complaisance? 

Page  112,  note  a. 

Lettre  de  Charles  VI  à  Richard.  Elle  est  tirée  de  la  Bibl. 
Gottonienne,  D,  111,  p.  202  et  203,  et  a  été  reproduite  dans  la 
collection  Bréquigny  (t.  LXXVIII,  P*  271  et  279),  et  publiée 
par  M.  GhampoUion-Figeac.  {Lettres  deroiSy  reines,  etc.,  t.  II, 
p.  255,)  sous  la  date  1390,  sans  observation.  La  mention  de 
l'expédition  d'Irlande,  du  retour  triomphant  de  Richard  et  de 
la  soumission  du  pays  sans  combat,  s'oppose  invinciblement  à 
ce  qu'on  la  laisse  rapporter  à  l'année  1390,  date  qui  d'ailleurs 
est  mal  écrite  dans  le  manuscrit  primitif,  comme  on  en  peut 
juger  par  le  soin  du  copiste  français  à  la  reproduire  telle  qu'il 
la  trouve  :  «  l'an  de  grâce  terce  [barré]  et  c''  nonantyme.  »  Au 
contraire  tout  s'accorde  avec  la  date  de  1395,   et  j'en  trouve 
dans  l'indication  du  15  mai  une  preuve  de  plus.  Charles  dit 
à  Richard   qu'il  ^^  attend  et  désire  sa  venue  d'Hibernie  à  vic- 
toire. 3>  La  pacification  de  l'Irlande  est  accomplie  :  Richard  re- 
vient, il  n'est  pas  encore  revenu.  Or  cela  se  rapporte  exacte- 
ment à  ce  qu'on  en  pouvait  savoir  en  France  au  15  mai.  Le 
retour  de  Richard  à  Londres  se  doit  placer  en  effet  entre  le  6  et 
le  20  de  ce  mois.  Le  6  mai,  le  duc  d'York  appose  encore  son 
nom,  comme  lieutenant  du  royaume,  au  bas  d'une  institution 
de  commissaires  pour  l'Ecosse  ;  le  20  mai,  Richard  rend  lui- 
même  une  ordonnance  datée  de  Westminster  (Rymer,  t.  VII, 
p.  800,  801).  La  lettre  ne  saurait  être  rapportée  à  une  année 
plus  reculée  ;  car  alors  il  aurait  été  question  du  mariage  de  Ri- 
chard, dont  les  négociations  datent  de  juillet  1395  :  un  faussaire 
n'aurait  pas  manqué  d'y  faire  allusion.  Quant  à  la  lettre  de  Ri- 
chard que  l'on  trouve  à  la  suite  dans  le  même  manuscrit  et  de 
la  même  écriture,  une  écriture  du  temps  (Bibl.  Golton.,  ibid.y 
p.  203.  Goll.  Bréquigny,  ibid.y  {""  279),  nous  ne  saurions  la 
croire  authentique.  On  ne  voit  pas  pourquoi  Richard  eût  ré- 
pondu en  latin;  ce  n'est  d'ailleurs,  comme  nous  l'avons  dit, 
qu'une  paraphrase   emphatique   et   incolore  de   la   lettre  de 
Gharles  VI.  On  peut  la  voir  dans  le  recueil  de  M.  Gham- 
poUion-Figeac, qui  la  reproduit  sans  observation  (t.  II,  p.  258). 


440  LIVRE  HUITIÈME. 

Page  113,  note  a  (omise). 

La  Guyenne  et  le  duc  de  Lancastre,  Froissart,  IV,  41,  et  ci- 
dessus,  p.  66,  82,  419  et  428).  —  Proposition  du  mariage  de 
Richard  avec  Isabelle,  fdle  aînée  de  Charles  F/,  au  conseil(Ibid). 
Froissart  dit  qu'elle  était  fiancée  au  fils  du  duc  de  Bretagne.  Il 
se  trompe  :  c'est  Jeanne,  seconde  fille  de  Charles  YI,  née  le 
24  janvier  1390,  qui  avait  été  promise  en  mariage  au  fils  aîné 
du  duc  de  Bretagne,  à  l'époque  du  traité  de  Tours.  (Voyez 
ci-dessus,  p.  51  et  415.)  Isabelle,  la  fille  aînée  (nous  ne  comp- 
tons pas  une  première  Jeanne,  née  en  1388  et  morte  en  1390), 
Isabelle,  dont  il  est  question  ici,  avait  été  fiancée  au  fils  aîné 
du  duc  d'Alençon,  le  15  décembre  1391.  (Voyez  le  traité  de 
mariage  dans  les  Mss.  de  Dupuy,  t.  DGLVII,  1°  252,  et  dans 
ceux  de  Harlay,  n°  xi,  t.  III,  f**  7.)  Elle  était  née  le  9  no- 
vembre 1389.  (Anselme,  Hist.  gènéalog.  de  France ^  t.  I, 
p.  114.) 

Page  118,  note  a. 

Actes  relatifs  au  mariage  de  Richard.  Premiers  commissaires 
désignés  :  l'archevêque  de  Dublin,  l'évêque  de  Saint-David,  les 
comtes  de  Rutland  et  de  Nottingham,  J.  de  Beaumont,  W.  le 
Scrop.  (Leeds,  8  juillet  1395,  Bymer,  t.  VII,  p.  802.  —  In- 
structions aux  commissaires  (même  date,  ibid.,  p.  804)  ;  — 
pouvoirs  donnés  par  Charles  VI  aux  quatre  princes  français 
(Orléans,  Berri,  Bourgogne  et  Bourbon)  pour  traiter  du  mariage 
(29  octobre  1395,  Rymer.  t.  VII,  p.  814)  ;  —  pouvoirs  donnés 
par  Richard  II  au  comte  de  Rutland,  au  comte  maréchal  et  à 
W.  le  Scrop  (30  décembre  1395,  ibid.,  p.  816).  —  Déclaration 
de  la  volonté  du  roi  sur  son  mariage  (1"  et  6  janvier  1396, 
ibid.,^.  811  et  812). 

Trcm  de  28  ans,  9  mars  1396.  Rymer,  t  VII,  p.  820- 
830.  Il  reproduit  la  ratification  de  Charles  VI  (11  mars),  qui 
est  en  Angleterre.  L'acte  scellé  du  sceau  des  trois  ambassa- 
deurs anglais  (9  mars)  et  la  ratification  sous  le  sceau  de  Ri- 
chard (9  mai),  sont  aux  Archives  de  l'Empire  [Trésor  des 
Chartes,  cart.  J.,  643,  n"*  15  et  15  6?5.)  —  «  S'il  avenoit  (que 
Dieux  ne  veuille)  que  par  mort  ou  autrement  ledit  mariage 
feust  dissolu  ou  empesché  en  quelque  manière  que  ce  feust 
néantmoins  ces  présentes  trièves  demeureront  en  leur  force  et 


NOTES.  441 

vertue,  ne  pour  aucun  méfait,  attemptat,  ou  entreprise. ...  ne  se- 
ront ces  dites  trêves,  ne  pourront  estre  tenues  ou  réputées.... 
pour  enfreintes,  ne  guerre  pour  ce  estre  faite  d'un*^.  partie  ou 
d'autre....  Mais  seront  réparés  ou  remis  au  premier  et  dû  état 
les  dits  méfaits....  par  les  conservateurs  et  commissaires  que 
Moasire  le  roi  et  ses  dits  alliés  feront  ordonner.  »  (Rymer, 
t.  VII,  p.  828.) 

Le  roi  de  France  stipule  pour  les  rois  de  Castille  et  Léon  ; 
des  Bomains;  d'Ecosse;  d'Aragon;  de  Navarre;  la  duchesse  de 
Brabant;  la  commune  de  Gènes;  le  comte  de  la  Marche  d'E- 
cosse, et  pour  l'île  de  Man.  —  Le  roi  d*Angleterre,  pour  le  roi 
des  Romains;  le  roi  de  Portugal;  le  duc  de  Gueldre;  Jean  des 
Isles;  le  duc  et  la  coînmime  de  Gênes;  et  W.  le  Scrop  au  titre 
de  la  seigneurie  de  Man. 

Convention  de  mariage.  (On  y  relate  les  pouvoirs  indiqués  ci- 
dessus.)  9  mars  1396;  ibid.,  p.  817.  L'original  scellé  des  sceaux 
du  comte  de  Rutland,  du  comte  maréchal  et  de  William  le  Scrop, 
est  aux  Archives  {Trésor  des  Chartes,  cart.  J,  643,  n°  6);  et  aussi 
la  ratification  de  Richard,  en  date  du  9  mai  1396  {ibid.,  n°  7). 

Ratification  du  traité  de  mariage  par  Charles  VI,  à  Paris, 

11  mars  1396.  (Rymer,  t.  VII,  p.  817.)  Les  deux  actes  sont 
donnés  par  le  Religieux  de  Saint-Denys,  XVI,  15  et  16.  — 
Fiançailles  de  la  petite  reine.  Relig.  de  Saint-Denys,  XVI,  22  : 
le  dimanche  de  LœtarCy  dit-il  (quatrième  dimanche  de  carême, 

12  mars  1396). 

Page  119,  note  a. 

L'adversaire  de  France  (voir  tous  les  actes  antérieurs  aux 
négociations);  le  parent  de  France  (8  juillet  1395);  et  le  cher 
père  de  France(yo\r  les  actes  postérieurs,  et  aussi  le  28  avril  1 396, 
Rymer,  t.  VII,  p.  802  et  831).  Le  titre  de  «  parent  de  France  -o 
est  déjà  donné  à  Charles  VI  dans  un  sauf-conduit  pour  ses  en- 
voyés, pendant  que  le  roi  est  encore  en  Irlande  (22  mars  1395; 
ibid.,  p.  794).  On  peut  croire  que  cette  ambassade  a  déjà  trait 
aux  affaires  qui  vont  sceller  le  rapprochement  des  deux  cours. 
Le  roi  de  France,  même  après  le  mariage  de  Richard  II,  est 
encore  appelé  quelquefois  Vadversaire  de  France,  par  exemple 
dans  une  mission  relative  à  la  trêve  (3  octobre  1398,  Rymer, 
t.  VIII,  p.  46)  ;  mais  c'est  toujours  le  cher  père  de  France 
quand  il  s'agit  de  toucher  la  dot.  (Commission  donnée  à  l'évê- 
qiie  de  Carlisle  et  au  comte  de  Salisbury  pour  recevoir  un  terme 


442  LIVRE  HUITIEME. 

de  100000  francs,  et  en  donner  quittance,  19  octobre  1398.  Ry- 
mer,  t.  YIII,  p.  52.) 

Page  120,  note  a. 

Lancastre  revente  de  Guyenne.  Froissart,  VI,  41;  Wals., 
p.  352;  Otterbourne,  p.  186.  Il  se  présenta  devant  le  roi,  à 
LaDgley,  où  Richard  célébrait  la  Noël  (1395).  —  Son  mariage 
avec  Catherine  de  Sivinford.  Wals.,  ibid.,  Froissart,  IV,  50. 

—  Le  duc  d'York  et  le  duc  de  Glocester.  Froissart,  ibid.  —  In- 
quiétudes de  Richard  communiquées  au  comte  de  Saint- Pol. 
Froissart,  ibid. 

Page  121,  note  a. 

Mesures  préliminaires.  Message  du  vicomte  de  Melun.  Sauf- 
conduit  qui  lui  est  envoyé,  3  avril  1396.  (Rymer,  t.  VII,  p.  831.) 

—  Engagement  des  princes  anglais,  Windsor,  l*^""  mai  1396. 
(Dumont,  Corps  diplomat.,  t.  II,  p.  245.)  L'original,  scellé  de 
leurs  sceaux,  est  aux  Archives,  Trésor  des  Chartes  y  J.,  643, 
n°  11.  Avec  les  ducs  de  Lancastre,  d'York  et  de  Glocester, 
oncles  du  roi;  les  comtes  de  Derby  et  de  Rutland,  fils,  le  pre- 
mier de  Lancastre,  et  le  second  d'York  ;  les  comtes  de  Kent  et 
de  Huntingdon,  frères  utérins  du  roi,  il  ne  faut  pas  s'étonner 
de  voir  le  comte  de  Nottingham  (lord  maréchal),  qui  était  aussi 
du  sang  royal,  descendant  par  sa  grand'mère  d'Edouard  I''^ 
(voy.t.  I,  p.  404). 

Instructions  à  W.  le  Scrop,  charï\bellany  pour  le  mariage. 
Le  roi  recommande  que  la  reine  vienne  bientôt  ;  et  que,  si  la 
dot  n'est  pas  prête,  elle  ait  au  moins  la  moitié  de  l'argent  et 
des  joyaux,  avec  sûre  obligation  pour  le  payement  du  reste  à  la 
Saint-Michel  (15  juin  1396,  Rymer,  t.  VII,  p.  834).  Ordre  est 
donné  à  J.  de  Reaumont,  connétable  de  Douvres  et  gardien  des 
cinq  ports,  de  rassembler  les  vaisseaux  que  le  roi  a  le  droit  de 
requérir  de  ces  ports  privilégiés,  pour  son  voyage.  Ils  doivent 
être  à  Douvres  pour  le  l'^'"  août  (18  juin  1396,  Rymer,  ibid., 
p.  834)  :  cela  vient  en  confirmation  du  premier  voyage  dont 
parlent  Froissart  (IV,  10)  et  le  Religieux  de  Saint-Denys 
(XVII,  10).  Froissart  suppose  à  tort  que  les  conventions  de  la 
trêve  furent  débattues  alors  seulement.  Il  s'agissait  des  der- 
nières mesures  relatives  au  mariage,  comme  le  montre  le  Reli- 
gieux de  Saint-Denys.  Ce  qui  fait  croire  que  le  voyage  du  roi, 
dont  il  est  difficile  de  douter  après  le  témoignage  de  Froissart  et 
du  Religieux  de  Saint-Denys,  fut  de  peu  de  durée,  c'est  qu'on 


NOTES.  443 

ne   trouve   aucune    mesure  prise  pour  le   gouvernement  du 
royaume  en  son  absence. 

Le  duc  de  Bretagne.  Nous  avons  signalé  au  traité  de  Tours 
(26  janvier  1392)  le  contrat  de  mariage  de  son  fils  aîné  avec  la 
seconde  fille  du  roi  (voy.  ci-dessus,  p.  51  et  415).  Le  projet 
de  mariage  entre  sa  fille  Marie  et  Henri,  fils  de  Derby,  est  de 
1394.  (D.  Morice,  Hist.  de  Bret.,  Preuves,  t.  II,  p.  644.) 

Bulle  du  pape,  pour  les  dispenses  relatives  au  mariage. 
(27  juillet  1396,  Rymer,  t.  VII,  p.  836.)  —  Nouvel  ordre  de 
retenir  des  vaisseaux  pour  le  voyage  du  roi  (30  août);  de  pré- 
parer des  vivres  pour  le  voyage  (23  septembre),  ibid.,  p.  839 
et  840. 

Page  122,  note  a. 

Le  duc  d'York  nommé  lieutenant  du  roi  en  son  absence  : 
pouvoirs  qui  lui  sont  conférés ,  honneurs  qui  lui  doivent 
être  rendus  (27  septembre,  Rymer,  t.  VU,  p.  841.)  Le  moine 
d'Evesham  (p.  128)  se  trompe  donc  quand  il  fait  rester  Richard 
en  France  depuis  le  7  août  jusqu'à  la  célébration  du  mariage. 

Richard  à  Calais  :  Glocester  à  Saint-Omer*  Froissart,  IV,  51. 
L'historien  dit  qu'on  abrégea  le  temps  du  parlement,  qui 
se  tient  d'ordinaire  à  la  Saint-Michel,  et  que  le  roi  partit  au 
bout  de  cinq  jours.  Il  n'y  eut  point  de  parlement  à  la  Saint- 
Michel  en  cette  année  :  les  trois  derniers  s'étaient  tenus  en 
janvier.  Le  Religieux  de  Saint-Denys  dit  que  Charles  VI  ne 
partit  qu'après  avoir  célébré  dans  cette  abbaye  la  fête  du  saint 
(9  octobre);  mais  déjà  Richard  était  à  Calais.  (Relig.  de  Saint- 
Denys,  XVII,  12.)  Le  conseil  fut  appelé  à  délibérer  sur  la  dé- 
putation  du  duc  de  Rourgogne  à  Richard,  et  la  réception  que 
l'on  devait  faire  au  roi  d'Angleterre.  Il  fut  décidé  qu'il  serait 
reçu  comme  le  roi  Jean  l'avait  été  en  Angleterre  :  «  Quant  à 
la  réception  du  roy  d'Engleterre  c'est  assavoir  comment  il  sera 
reçu  à  l'entrée  des  villes,  il  semble  qu'on  le  devra  recevoir  es 
villes  ou  il  vendra  (viendra)  honorablement  selon  l'ordonnance 
du  roy  et  de  Mons.  de  Rourgogne,  et  appartient  bien  que 
ainsi  soit  fait,  et  sait  bien  Mons.  de  Rourgogne  comment  il  se 
doit  faire,  et  queles  honneurs  furent  faites  en  Engleterre  au 
roy  Jean  quand  il  y  fut;  et  semble  aussi  que  les  gens  des 
bonnes  villes  deveront  aler  au  devant  de  lui  hors  des  villes,  et 
les  processions  de  l'Eglise  jusques  a  l'entrée  des  églises.  » 
{Trésor  des  Charles,  cari.  J,  644,  n"  36.  Sur  papier.) 


444  LIVRE  HUITIÈME. 

Règlement  pour  l'entrevue.  Yoy.  la  pièce  dans  la  collect.  de 
Brienne,  t.  XXXVI,  f"  35  ;  et  au  f°  37,  l'Ordonnance  de  Richard 
sur  la  même  matière,  Calais,  24  octobre  1396  (an  xx),  et  non 
1397  comme  le  dit  par  erreur  M.  Douet  D'Arcq  en  la  publiant 
d'après  l'original.  {Pièces  inédites  du  règne  de  Charles  VI,  t.  I, 
p.  136.)  Cf.  Wals.,  p.  353;  et  Relig.  de  Saint-Denys,  XVII, 
12  et  13. 

Page  125,  note  a. 

Entrevue.  Religieux  de  Saint-Denys,  XVII,  14.  Cf.  Frois- 
sart,  IV,  52;  Wals.,  p.  353.  —  Question  du  schisme.  Il  est 
fait  allusion  aux  conventions  prises  alors  par  les  deux  rois, 
dans  les  instructions  de  Richard  à  ses  ambassadeurs  en  France. 
(27  février  1397,  Rymer,  t.  VII,  p.  86.) 

On  a  aux  Archives  l'original  de  l'acte  par  lequel  Richard 
s'engage  non-seulement  à  maintenir  et  à  faire  observer  la  trêve 
par  les  siens,  mais  à  aider  Charles  VI  contre  tous,  à  régler 
d'un  commun  accord  les  atteintes  que  la  trêve  pourrait  essuyer, 
et  à  tout  faire  pour  arriver  à  une  bonne  paix  définitive  : 

tt  Richard,  par  la  grâce  de  Dieu  roy  d'Angleterre  et  de  France 
et  seigneur  d'Irlande,  a  tous  ceux  qui  ces  lettres  verront  salut. 

a  Savoir  faisons  que  a  l'onneur  et  révérence  de  Dieu  et  de  sa 
benoist  miere  (mère)  et  de  sainte  Eglise,  et  pour  le  bien  univer- 
sel de  toute  la  chrestianitc,  et  pour  l'alliance  amour  et  affection 
quele  nous  avons  et  portons  au  treshaut  et  très  puisant  prince 
nostre  très  chier  et  très  ame  plere  (père)  de  France,  et  que 
semblablement  tenons  de  certain  qu'il  nous  porte  et  auxi  aufin 
que  nos  subgiz  empuissent  le  mieux  et  le  plus  paisiblement  et 
sûrement  vivre  et  servir  Dieu  desous  nostre  obéissance  :  Nous 
pour  les  causes  susdites  et  autres  innumerables,  jurons  et  pro- 
mettons par  la  foi  de  nostre  corps  et  en  parole  du  roi  et  par  la 
vraie  croix  et  saints  évangiles  par  nous  corporelment  touchés, 
que  nous  serrons  en  aide  a  nostre  dit  piere  counlre  tous  autres 
gens  da  monde,  et  que  nous  ne  ferrons  durans  les  trieves  pro- 
mises par  entre  lui  et  nous  nulment  armes  contre  lui  ;  et  avons 
commandé  et  voulons  que  durant  le  dit  terme  nul  de  nos  oncles, 
cest  assavoir  les  ducs  de  Guyenne  et  de  Lencastre,  York,  ne 
Gloucester,  ne  nul  des  autres  de  nostre  sanc  portant  nos  armes, 
ne  soient  nulment  ne  en  nul  lieu  armez  countre  nostre  dit  f  iere, 
ne  countre  le  dauphin,  nostre  très  chier  frère,  ne  ses  autres  en- 
faunts  presens  et  avenir,  ne  countre  ses  oncles  et  les  nostres,  ne 


NOTES.  445 

soun  frère,  uostre  oncle,  ne  coimtre  les  autres  de  son  sanc  et 
de  ses  armes.  Et  voulons  outre  et  promettons  que  se  aucun  at- 
temptat  ou  autre  chose  avenist  durans  les  dites  trieves,  parquoi 
guerre,  débat,  courons  ou  haine  pourroit  aucunement  sourdre, 
que  Dieu  deffende  :  nous  ferrons  par  les  nostres  de  nostre  dit 
sanc  duement  les  amender  et  redresser  par  nous  et  counsail  des 
susdits  du  sanc  de  nostre  dit  piere,  aufm  que  tous  soient  d'un 
counsail  et  d'un  avis.  Toutefois  nous  jurons  et  promettons 
comme  dessus,  et  semblablement  voulons  et  commandons  que 
les  dessus  dits  de  nostre  sanc  et  armes  le  facent,  que  nous  fer- 
rons nostre  loial  devoir  et  entier  povoir  nonobstans  les  liens  et 
jeurements  susditz,  aufm  que  bonne  paix  finale  ce  (se)  puisse 
faire  parentre  lui  et  nous,  et  ce  le  plus  tost  que  faire  le  povons 
bonnement,  tous  cavalacions,  fraudes  et  excusations  faites 
cessans  :  les  trieves  promises  parentre  nous  et  les  alliances 
faites  avecques  les  allies  d'un  coste  et  d'autre  demourans  en  leur 
force  et  vertu,  en  la  fourme  et  manière  que  les  trieves  le  portent. 
Toutes  lesquelles  choses  susdites  et  chescune  par  soi  de  tenir  et 
guarder  et  faire  tenir  et  guarder  nous  jurons  et  promettons 
CQuime  dessus.  En  tesmoigne  de  ce  nous  avons  fait  mettre  nostre 
privé  seal  à  ces  présentes.  Donne  en  nos  tentes  esteaunts  en 
champ  près  du  molin  dAndre  (d'Ardre)  le  xxviii"  jour  de  octo- 
bre l'an  de  nostre  règne  vinglisme.  » 

'<  Par  le  roi  en  son  consail  enquel  les  ducs  de  Guyenne  et  de 
Lencastre  et  de  Glocester,  et  les  comtes  de  Derby,  de  Rulland, 
de  Huntyndon,  mareschall,  et  de  Northumber,  feurent  pre- 
sens.  »  {Trésor  des  Chartes,  carton,  J,  644,  n°  19.) — La  pièce 
est  munie  du  petit  sceau  en  cire  rouge,  sur  double  queue,  por- 
tant l'exergue  :  Sigîllum  Ricardi  régis  Francise  et  Angliœ. 

Page  127,  note  a. 

La  jeune  reine  présentée  à  Richard.  Froissart,  IV,  52;  selon 
Walsingham  (p.  359),  elle  lui  fui  amenée  le  jour  que  Richard 
reçut  chez  lui  Charles  YI,  et  le  repas  commença  après  son  dé- 
part. Le  Religieux  de  Saint-Denys  (XVII,  14)  parle  seulement 
d'une  seconde  rencontre  au  pieu  central,  et  d'une  autre  encore 
dans  la  tente  du  roi  de  France. 

Le  duc  de  Ravière,  dont  on  sait  la  parenté  avec  Charles  VI, 
avait  offert,  en  cette  année,  sa  médiation,  pour  amener  h  une 
paix  définitive  l'Angleterre  et  la  France.  Richard  accepta  ses 


446  LIVRE  HUITIÈME. 

offres.  (Suppi.  Rymer,  Richard  II,  t.  II,  n"  9.  Coll.  Bréauigny, 
t.  LXXIX,  f°  87.) 

Mariage  du  roi.  Froissart,  IV,  52.  On  y  lit  :  le  mardi,  jour 
de  la  Toussaint;  c'est  mercredi  qu'il  faut  lire  :  la  Saint-Jude, 
28  octobre,  étant,  comme  Froissart  l'a  dit  justement,  un  samedi, 
la'  Toussaint  est  le  mercredi.  Le  moine  d'Evesham  (p.  129) 
dit  que  le  mariage  à  Calais  eut  lieu  le  10  novembre,  et  l'entrée 
de  la  reine  à  Londres  le  23.  C'est  une'erreur,  au  moins  quant  au 
mariage  :  le  1"  terme  de  la  dot  (300000  fr.)  ne  devait  être 
payé  qu'après  la  cérémonie;  Richard  constate  qu'elle  a  eu  lieu, 
dans  le  reçu  qu'il  donne  de  l'argent  dès  le  4  novembre  1396. 
(Rymer,  t.  VII,  p.  846.)  L'original  est  aux  archives.  Trésor  des 
Chartes,  J,  643,  n»  12.  On  y  trouve  aussi  une  déclaration  et  un 
reçu  des  joyaux  et  autres  objets  précieux  pour  l'ornement  de 
l'hôtel  et  de  la  chapelle  de  la  princesse,  remis  avec  elle  à  Ri- 
chard, 7  novembre  1386  {ibid.,  n°  13).  Walsingham  (p.  353), 
est  peu  touché  de  cette  dot;  il  se  plaint  que  Richard  ait  dé- 
pensé pour  ce  mariage  plus  de  300000  marcs. 

Fête  de  Londres.  Froissart,  IV,  51.  —  Tempête.  Wals.,  1. 1., 
Otterbourne,  p.  187.  On  trouve  dans  Rymer,  à  la  date  du  4  dé- 
cembre 1396,  une  proclamation  pour  assister  au  couronnement 
de  la  reine,  t.  VII,  p.  848.  La  cérémonie  fut  célébrée  à  West- 
minster par  l'archevêque  de  Ganterbury,  la  veille  de  l'Epipha- 
nie (5  janvier  1397).  (M.  Evesh.,  p.  129.)  Un  peu  après,  «  à  la 
demande  de  sa  très-chère  épouse  Isabelle,  »  et  comme  pour  la 
bienvenue  de  cette  enfant,  il  rendit  à  Londres  toutes  ses  fran- 
chises, 12juin  1397.  (Rymer,  t.  VII,  p.  857.) 


LIVRE  NEUVIEME. 


Page  135,  note  a. 

Glocester.  Départ  pour  la  Prusse  en  1391.  Wals.,  p.  345,  et 
Otterbourne,  p.  180.  —  Mission  dans  le  comté  de  Chester, 
6  mai  1393,  Rymer,  t.  VII,  p.  746. —  Mission  auprès  du  'par- 


NOTES.  447 

lementy  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  329,  §  1  ; —  dans  les  conférences 
pour  la  paix,  voyez  ci-dessus,  p.  67  et  77. 

Page  136,  note  a. 

Le  comte  maréchal, voyez  ci-dessus,  et  Froissart,  IV,  42  et  43  ; 
Rymer,  t.  YII,  p.  844;  cf.  Dugdale,  Baronage,  t.  I,  p.  128. 
En  1392,  à  la  requête  du  comte  maréchal,  capitaine  de  Calais, 
le  roi  accorde  au  maire  de  la  ville  l'honneur  de  faire  porter 
devant  lui  l'épée,  la  pointe  droite  (22  mars.  Rymer,  t.  VII, 
p.  713).  Un  acte  du  6  novembre  de  la  même  année,  nomme  le 
comte  maréchal  lieutenant  du  roi  en  Picardie  (Gollect.  Bréqui- 
gny,  t.  LVII,  f"*  216),  titre  que  l'on  trouve  aussi  donné  k  la 
date  du  22  février  1392,  du  22  février  1393  et  du  10  mars  1394 
au  duc  de  Lancastre.  (Voyez  ci-dessus,  p.  66  et  419.) 

Les  comtes  d'Arundelet  de  Warwich,  voyez  ci-dessus,  et  Dug- 
dale,  Baronage,  t.  I,  p.  319,  et  p.  236,  237. 

V archevêque  d'York,  chancelier,  voyez  ci-dessus,  p.  48;  — 
primat  de  Canterbury.  Il  fut  promu  au  siège  de  Ganterbury, 
le  25  septembre  1396,  et  rendit  les  sceaux  le  surlendemain 
(Douvres,  27  septembre),  au  moment  où  le  roi  allait  passer  la 
mer  pour  son  mariage.  (Dugdale,  Monasticon  anglicanum,  t.  VI, 
p.  1172,  Éd.  1817.  Rymer,  t.  VII,  p.  840;  cf.  Wals..  p.  353.) 

Page  136,  note  h. 

Mariage  de  Lancastre  et  de  Catherine  de  Swinford,  Wals., 
p.  352,  et  Froissart,  IV,  50.  —  Indignation  des  duchesses  con- 
tre la  nouvelle  duchesse  de  Lancastre  :  «  Et  puis  disoient  outre  : 
a  Nous  lui  lairrons  (à  la  reine)  toute  seule  faire  les  honneurs. 
«<  Nous  ne  irons  et  viendrons  en  nulle  place  où  elle  soit,  car  ce 
(c  nous  tourneroit  à  trop  grand  blâme,  que  une  telle  duchesse, 
«  qui  vient  de  basse  lignée  et  qui  a  été  concubine  du  duc  un 
«  moult  long  temps,  en  ses  mariages  et  hors  ses  mariages,  al- 
«  loit  ni  passoit  devant  nous.  Les  cœurs  nous  crèveroient  de 
«  deuil  et  à  bonne  cause.  »  Et  cil  et  celle  qui  le  plus  en  par- 
loient  c'étoit  le  duc  de  Glocestre  et  la  duchesse  sa  femme  ;  et  te- 
noient  le  duc  de  Lancastre  à  fol  et  outre-cuidé ,  quand  il  avoit 
pris  par  mariage  sa  concubine  ;  et  disoient  que  jà  ne  lui  feroient 
honneur  de  mariage  ni  de  nommer  dame  ni  serour.  Le  duc 
d'York  s'en  passoit  assez  brièvement,  car  il  étoit  le  plus  rési- 


448  LIVRP^  NEUVIÈME. 

dent  de  lez  le  roi  et  son  frère  de  Lancastre.  Le  duc  de  Glocestre 
étoit  d'une  autre  matière  et  ordonnance,  car  il  ne  faisoit  compte 
de  nully,  quoique  ce  fût  le  mains-né  de  tous  les  frères  ;  mais  il 
étoit  orgueilleux  et  présomptueux  de  manière,  et  en  ce  s'incli- 
noit  sa  nature,  et  mal  concordant  à  tous  les  consaux  du  roi,  si 
ils  ne  tournoient  à  son  gré.  (Froissart,  IV,  50.)  » 

Légitimation  des  enfants  de  Lancastre.  La  bulle  du  pape,  ren- 
due en  considération  du  roi  et  du  duc  de  Lancastre,  fut  produite 
par  le  chancelier  au  parlement,  et  le  roi  prononça  la  légitima- 
tion. (Rot.  Pari,  t.  III,  p.  343,  §  28.)  —  /.  de  Beau  fort,  l'aîné 
des  enfants,  créé  comte  de  Sommer  set,  ihid.,  §  30.  Le  duc  de 
Glocester  fort  hostile,  on  l'a  vu,  et  au  mariage  de  Lancastre  et 
à  la  légitimation  de  ses  enfants,  ne  figure  point  parmi  les  té- 
moins de  cet  acte.  —  Pouvoirs  et  honneurs  nouveaux  au  comte 
maréchal,  10  février  1397,  ibid.y  p.  343,  §  33.  On  y  rapporte 
le  texte  de  la  charte.  —  Dons  et  faveurs  à  Glocester.  Voyez  ci- 
dessus,  p.  34,  etc. 

Pcige  138,  note  a. 

Grâce  et  réhabilitation  de  Northampton.  Bot.  Pari.,  t.  III, 
p.  282,  §  36  (parlement  de  1390),  et  p.  292,  §34  (1391);  de 
Norhury  et  de  More,  ibid.,  §§  35  et  36  (1391).  —  Biens  des 
condamnés  vendus.  Bot.  Pari.  t.  III,  p.  280,  §  21  (1390). 

Michel  de  la  Pôle  mort  à  Paris  (1389).  On  a  vu  l'oraison  fu- 
nèbre que  lui  font  Walsingham  (p.  339),  le  moine  d'Evesham 
(p.  113)  et  Otterbourne  (p.  177).  —  Alexandre  Aevil.  Voyez 
ci-dessus,  t.  I,  p.  350,  et  t.  II,  p.  16. 

Bobert  de  Yere.  On  lit  dans  Walsingham  qu'il  mourut  à  Lon- 
dres (1392)  :  a  In  Londonia....  in  mentis  angustia  rerumque 
«  penuria  »  (p.  349).  Mais  si  l'on  se  reporte  au  passage  cor- 
respondant de  son  autre  histoire  (HypodigmaNeustriœ,ip.  546), 
on  trouve  la  vraie  leçon,  qui  est  Louvain  :  «  In  Lovania  diem 
«  duxit  extremum.  »  Otterbourne  copie  la  grande  histoire  avec 
tant  de  servihté,  qu'il  dit  Londres  (p.  181),  bien  qu'à  la  page 
suivante,  rappelant  la  promotion  d'Albert  de  Vère  au  titre  de 
comte  d'Oxford,  il  l'appelle  héritier  de  Robert  de  Vère,  mort  à 
Louvain  (p.  182).  Otterbourne  ajoute  pourtant  ce  trait  à  Wal- 
singham, qu'il  périt  à  la  chasse,  blessé  par  un  sanglier.  C'est 
ce  qu'on  voit  aussi,  avec  la  mention  exacte  de  Louvain,  dans  la 
chronique  pubhée  par  Leland.  {Coll.,  t.  I,  p.  186.)  —  Ses  fu- 
nérailles. Wals.,p.  352.  «  Openly  shewing,  »  dit  Stow,  tradui- 


NOTES.  449 

sautWalsingham,  «  his  love  tothedead  carcasse,  which  he  bare 
him  when  he  was  alive  »  (p.  312).  Au  parlement  de  1393,  Ri- 
chard transmit  le  comté  d'Oxford  à  son  oncle  et  héritier  Aubry 
de  Vère.  (Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  303,  §  15.)  H  ht  aussi  accorder 
grâce  à  Jean  de  Lancastre,  chevalier,  qui  était  resté  avec  Ro- 
bert de  Vère  au  delà  de  la  mer,  tant  qu'il  vécut.  {Ibid.,  §  16.) 
Les  juges  relégués  en  IrUXnde  :  leur  grâce  demandée  {I39k). 
Bot,  Pari.,  t.  III,  p.  316,  §  18:  «  Les  communes....  disoient 
qu'ils  furent  bien  contents,...  sauvant  l'Estatut  eut  fait,  et  lour 
consciences  pur  le  serement,  et  qu'ils  n'encourgent  la  peine 
dudit  estatut  en  temps  a  venir.  »  — Leur  grâce  accordée  (1397), 
ibid.,  p.  346,  §41,  et  le  statut  de  l'an  xx,  c.Yi.  Stat.  of  Realm, 
t.  II,  p.  94.  Cf.  Walsing.,  p.  353,  et  Stow,  p.  315. 

Page  139,  note  a. 

Parlement  de  la  xx"  année  (22  janvier  1397).  —  Uévêque 
d'Ëxeter,  chancelier.  Les  sceaux,  rendus  par  Thomas  Arundel, 
le  27  septembre,  au  départ  du  roi  pour  la  France,  ne  furent 
donnés  à  l'évêque  d'Exeter  qu'après  le  mariage  du  roi  et  son 
retour,  le  29  novembre  (Rymer,  t.  VII,  p.  840).  —  Discours 
du  chancelier.  Rot,  Pari.,  t.  III,  p.  337,  §  1.  —  /.  Bussy, 
speaker  (23  janvier),  ibid.,  p.  338,  §  7.  —  Conférence  des 
grands  officiers  avec  les  communes  (24  janvier),  ibld.,  §.8. 
—  Excuses  et  déclaration  des  communes  vis-à-vis  du  roi  (25  jan- 
vier), ibid.,  §  9. 

Page  140,  note  a. 

Exposé  du  roi.  Ce  morceau  exprime  d'une  manière  trop 
nette  sur  un  point  capital  toute  la  politique  de  Richard,  pour 
que  nous  résistions  à  l'envie  de  le  reproduire  textuellement  : 
«  A  quoy  le  Roy  respondi  mesmes  par  son  bouche  propre  en 
plein  Parlement,  et  dist  as  Communes,  Qu'ils  ne  se  deussentes- 
mervailler  de  le  dit  promesse  ;  et  leur  exposa  benignement  cer- 
teins  causes  qui  lui  moerent  (murent)  à  la  promesse  del  ditViage. 
Primeremenl,  le  Roy  considérant  coment  devant  cesheures  ont 
este  très  grandes  meschiefs  et  destructions  de  guerres  intolé- 
rables entre  les  deux  Roialmes  d'Engleterre  et  de  France,  et 
pensant  sur  ce,  que  le  greindre  bienfait  que  ascun  homme 
purra  faire  a  autre  pur  luy  obliger  et  eslre  pluis  tenuz  a  lui,  si 
en  est  pur  luy  eider  et  relever  en  son  meschief  et  nécessite.  Par 

II  —  29 


450  LIVRE  NEUVIÈME. 

quoy  al  bone  entention  pur  peisêr  (apaiser)  et  cesser  les  guerres 
du  Roialme,  et  sauver  les  meschiefs  qui  vindrent  par  la  guerre  à 
êon  Roialme  et  à  son  Poeple,  et  aussi  afyn  que  tiel  grau t  bienfait 
et  promesse  durront  (donneront)  de  reson  moult  occasion  de  pees, 
quiète  et  salvation  a  son  Roialme  et  ses  liges  d'Engle terre, 
et  pur  exciter  son  dit  piere  (père)  de  France  a  la  greindre  af- 
fection de  luy  et  de  son  Roialme  et  ses  gentz  en  temps  a  venir, 
il  fist  la  dite  promesse.  La  secundo  cause  est,  pur  ce  que  son  dit 
piere  est  cosin  à  nostre  Sr  le  Roy,  et  ore  son  piere  par  ceste 
alliance,  il  est  le  pluis  tenuz  de  luy  faire  plesance  et  relèvement 
en  sa  nécessite.  La  tierce  cause  est,  partant  que  son  dit  piere 
de  France  et  luy  mesmes,  qui  sont  tenuz  deux  les  plus  suffi- 
santz  et  vaillantz  Princes  Gristiens  ;  et  partant   s'ils  puissent 
avoir  conissance  de  quelconque  Roy,   Prince,  ou  autre  per- 
sone  qui  que  soit,    qui  par  tiranye  vorra  surmontier  et  des- 
truire  le  Poeple  Gristien  en  quelconques  parties,  ils  sont  de 
droit  tenuz,  a  la  révérence  de  Dieu,  a  destruire  tiel  tirant  et 
destruour,  et  de  restorer  et  recoverer  tielx  oppressez  et  deso- 
latz  a  leur  estât.  »  (25  janvier  1397.)  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  338, 
§10. 

Page  146,  note  a. 

Vote  du  subside.  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  340,  §  18.  Pour  remé- 
dier à  la  diminution  du  numéraire,  il  fut  ordonné  aux  mar- 
chands d'apporter  une  once  pesant  d'or  de  marque  étrangère  à 
la  Tour  de  Londres,  par  chaque  sac  de  laine,  demi-last  de  cuir 
ou  par  lot  de  240  toisons  (ce  sont  les  quantités  équivalentes 
devant  l'impôt),  sinon  de  payer  un  supplément  de  taxe  de  13  s. 
4  d.  (l  marc)  par  chacune  de  ces  quantités.  {Ibld.j$  19.) 

Autorisation  de  modifier  le  statut  des  proviseurs.  Ibid.,  §  21. 
Les  deux  archevêques  de  Ganterbury  et  d'York  firent  suivre  ce 
vote  d'une  protestation  que,  si  le  statut  était  modifié  contraire- 
ment aux  droits  de  la  cour  de  Rome  ou  en  dérogation  à  la 
liberté  de  l'Église,  ils  y  refusaient  leur  assentiment.  {Ibid., 
§  22.)  Défense  fut  faite,  à  la  requête  des  religieux  mendiants, 
qu'aucun  d'eux  allât  sans  autorisation  prendre  sur  le  continent 
ses  grades  en  théologie.  {Ibid.,  §  25.) 

Ordonnances  renouvelées  contre  les  chevauchées  armées.  Rot. 
Pari.,  t.  III,  p.  345,  §  37.  —  Abus  des  livrées.  Ibid.,  §  38. 
—  Présence  des  seigneurs  dans  les  assises.  Ibid.,  §  39.  — 
Réquisition  de  chevaux.  Ibid.,  §  40.  Gf.  Stat.  of  Realm,  t.  II, 


NOTES.  451 

p.  92.  Le  même  statut  renouvelait  la  loi  d'Edouard  III ,  pour 
assurer  toutes  libertés  aux  marchands  étrangers  que  la  tempête 
aurait  forcés  de  relâcher  dans  tel  ou  tel  port  d'Angleterre. 
{Ibid.,  §  5,  et  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  345,  §  40.)  Les  communes 
se  plaignirent  aussi  de  l'abus  des  asiles  :  mais  le  roi  se  refusa  à 
faire  aucune  loi  spéciale,  et  dit  que  l'on  jugerait  les  cas  parti- 
culiers. {Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  345,  §  36.) 

Page  151,  note  a. 

Démarche  de  Glocester  auprès  de  Roger  M  or  limer,  Froissart, 
IV,  56.  Turner  (t.  II,  p.  307)  rapprochant  de  ce  récit  la  décla- 
ration de  Glocester  sur  son  projet  de  suspendre  le  roi  en  1387, 
pense  que  la  conférence  avec  Mortimer  doit  se  rapporter  à 
cette  époque  :  le  jeune  comte,  né  en  1374,  n'aurait  eu 
alors  que  13  ans.  —  Intrigues  de  Glocester  auprès  des  habi- 
tants  de  Londres.  Froissart,  ibid. 

Page  153,  note  a. 

Dèputaîion  de  Londres  vers  le  roi.  Froissart,  IV,  56.  —  Réta- 
blissement des  coutumes  de  Londres,  12  janvier  1397.  Rymer, 
t.  VII,  p.  857.  Quatre  jours  auparavant,  le  maire  étant  mort, 
Richard  en  nommait  un  autre,  mais  en  témoignant  que  ce  n'é- 
tait que  jusqu'au  jour  de  la  prochaine  élection.  {Ibid.,  p.  856.) 

Page  164,  note  a. 

Instructions  aux  ambassadeurs  envoyés  en  France  (comte 
maréchal,  Rutland  et  W.  le  Scrop),  27  février  1397.  (Rymer, 
t.  VII,  p.  850.)  —  Restitution  de  Brest,  le  6  mars  1397.  Le 
conseil  était  réuni  pour  trois  choses  :  le  comté  de  Richmond, 
l'île  de  Ré  et  le  château  de  Rrest.  Pour  l'île  de  Ré,  on  devait 
écrire  au  roi  de  France  ;  pour  le  comté  de  Richmond,  le  con- 
seil crut  qu'il  devait  en  référer  au  parlement.  Quant  au  château 
de  Brest,  l'engagement  était  si  précis,  qu'il  se  borna  à  pres- 
crire des  précautions  pour  la  restitution  de  l'argent  avant  la 
remise  de  la  place.  La  place  devait  être  rendue  trois  semaines 
après  l'argent  reçu.  {Proceedings,  t.  I,  p.  64  et  66.)  —  In- 
structions à  J.  Drax,  chargé  de  reprendre  de  J.  de  HoUand  et 
de  livrer  le  château  (7  avril,  ibid.,  p.  67).  L'ordre  à  l'un  et  à 


452  LIVRE   NEUVIÈME. 

l'autre  est  du  28  mars.  (Rymer,  t.  YII,  p.  852  et  853.)  La 
remise  de  la  place  eut  lieu  le  12  juin.  (D.  Morice,  Histoire  de 
Bretagne^  t.  I,  p.  425;  et  Preuves,  t.  II,  p.  678.)  La  restitu- 
tion du  comté  de  Rictimond  au  duc  de  Bretagne,  restitution 
promise  à  l'époque  du  mariage,  selon  le  religieux  de  Saint- 
Denys,  se  fit  attendre  (D.  Morice,  t.  I,  p.  425)  :  elle  ne  paraît 
pas  avoir  eu  lieu  avant  le  P""  mai  1398,  époque  où  le  roi  lui 
donna  quittance  générale.  (Rymer,  t.  VIII,  p.  38.)  Elle  est 
rappelée  ainsi  que  la  quittance  dans  un  autre  acte  du  24  dé- 
cembre suivant.  {Ibid.j  p.  64.) 

Page  155,  note  a. 

Chron.  manuscrite,  B.  imp.,  fonds  fr.,  3884  {olim  8448), 
f"  110.  Nous  reviendrons  plus  tard  sur  cette  chronique,  dont 
l'auteur  paraît  être  un  témoin  des  derniers  événements  du 
règne  de  Richard.  Il  en  existe  à  la  Bibliothèque  impériale  plu- 
sieurs manuscrits  qui  offrent  des  variantes.  M.  Buchon  à  la 
suite  de  Froissart  (t.  XV,  2"  supplément) ,  en  a  publié  un  qui 
ne  paraît  pas  le  meilleur. 

Page  161,  note  a. 

Conjuration  de  Glocester,  d'Arundel  et  de  l'archevêque  de 
Canterbury.  Relig.  de  Saint-Denys,  XVII,  20.  La  chronique 
du  ms.  3884  renchérit  sur  ce  récit.  L'abbé  de  Saint-Alban  a 
une  vision;  il  mande  le  prieur  de  Westminster  :  ils  ont  fait  le 
même  rêve  :  Richard  perdra  l'Angleterre.  Ils  s'adressent  au  duc 
de  Glocester,  filleul  du  premier,  et  Glocester  leur  dit  «  qu'on  y 
mettra  bien  brief  bon  remède.  »  Il  invite  l'abbé  et  le  prieur  h  se 
rendre  dans  quinze  jours  à  Arundel,  et  y  invite  aussi  le  comte 
de  Derby,  le  comte  maréchal  et  l'archevêque  de  Canterbury. 
Warwick  survient  pendant  le  dîner.  Ils  se  jurent  le  secret.  Le 
lendemain,  l'archevêque  de  Canterbury  chante  la  messe  et  y 
donne  la  communion  aux  conjurés,  Glocester,  Derby,  Arun- 
del, W^arwick  et  comte  maréchal.  Après  la  messe  ,  ils  con- 
viennent d'emprisonner  Richard,  Lancastre  et  York,  et  de 
pendre  les  ministres;  et,  quand  chacun  s'est  retiré,  le  comte 
maréchal  va  tout  dire  au  roi.  (Buchon,  p.  7-8.)  L'invraisem- 
blance est  choquante  dans  les  détails  comme  dans  la  date  de  la 
scène,  qui  est  placée  vers  le  mois  d'août  1396,  c'est-à-dire 
avant  le  mariage  de  Richard  et  la  restitution  de  Brest. 


NOTES.  ,  453 

Page  162,  note  a. 

Arrestation  de  Glocester.  Froissart,  IV,  57;  Hist.  Groyl.  con- 
tin.,  ap.  Rer.  Angl.  Script,  veteres,  1. 1,  p.  493;  Wals.,  p.  354. 
La  chronique  éditée  par  Leland  (t,  I,  p.  384)  dit  que  le  roi 
arrêta  Glocester  de  sa  propre  main,  et  que  le  duc,  lui  deman- 
dant grâce  de  la  vie,  le  roi  lui  répondit  :  «  Je  vous  ferai  la 
grâce  que  vous  avez  faite  à  Simon  Burley,  quand  la  reine  s'est 
agenouillée  pour  lui  devant  vous.  »  Cette  chronique  a  peu  de 
valeur.  —  On  trouve  dans  les  actes  du  conseil  {Proceedings, 
t.  I,  p.  93)  une  réponse  présumée  de  Glocester  à  certaines 
questions  qu'on  lui  aurait  envoyées  par  écrit,  un  peu  avant  son 
arrestation,  en  juillet  1397,  Les  questions  ont  peu  d'impor- 
tance. Il  dit  qu'il  est  prêt  à  se  rendre  au  lieu  et  jour  que  le  roi 
lui  voudra  assigner,  pourvu  que  ce  ne  soit  pas  à  Londres.  Il 
dit  de  ceux  de  Londres  qu'il  les  a  «  oy  souvent  bel  parler  et 
petit  faire.  »  Ce  ne  sont  pas  les  sentiments  ordinaires  de  Glo- 
cester envers  eux. 

Page  163,  note  a. 

Arrestation  de  Warwick  et  d'Arundel.  Froissart,  IV,  61  ; 
Wals.,  p.  354;  Otterbourne,  p.  190;  M.  Evesh.,  p.  130.  Ot- 
terbourne  dit  que,  le  10  juillet,  le  roi  avait  invité  à  un  grand 
festin  Glocester,  Arundel  et  Warwick.  Glocester  s'excuse  sur 
sa  santé,  Arundel  s'abstient  par  défiance;  Warwick  vient  et  est 
arrêté.  La  même  nuit,  pourtant,  Arundel  se  rend  au  château, 
sur  la  parole  donnée  à  son  frère  le  primat,  qu'il  ne  lui  serait 
point  fait  de  mal.  Il  est  arrêté,  et  c'est  le  matin  seulement  que 
le  roi  va  se  saisir  de  Glocester.  Le  moine  d'Evesham  fait  aussi 
l'arrestation  de  Warwick  et  d'Arundel  antérieure  à  celle  de 
Glocester.  Le  récit  de  Froissart  offre  pourtant  plus  de  vraisem- 
blance, et  il  est  confirmé,  en  ce  qui  touche  Glocester,  par  celui 
de  Gower  dans  sa  Chronique  tripartite.  Le  roi  arrête  le  Cygne 
(Glocester),  puis  le  Cheval  (Arundel),  puis  l'Ours  (Warwick). 
{Polit,  poems^  t.  I,  p.  427.)  Le  moine  d'Evesham  a  plusieurs 
erreurs  chronologiques  assez  graves  pour  cette  année.  Il  place, 
par  exemple,  l'élévation  de  Thomas  Arundel  au  siège  de  Can- 
terbury  après  l'arrestation  de  Glocester. 

Proclamation  sur  l'arrestation  de  Glocester  :  «  Sunt  quam- 
«  plures  credentes  nos  arestationem  praedictam  pro  eo  quod 
«  praedicti  dux  et  comités  Arundellae  et  Warw.  nuper  quasdam 


kbk  LIVRE  NEUVIEME. 

«  congrégation  es  et  eqnitationes  infra  regnnm  nostrum  Angliœ 
«  fecerunt  fecisse,  metuentesque  sibi  ex  hac  causa  impetitionem 
a  et  dampnum  posse  evenire.  »  Il  ordonne  de  faire  proclamer 
que  l'arrestation  a  eu  lieu,  tant  de  l'assentiment  des  susdits  que 
de  ses  oncles  de  Lancastre  et  d'York  et  de  son  cousin  de  Derby. 
Ils  ont  été  arrêtés  :  «  Pro  hujusmodi  extorsionibus  et  oppres- 
«  sionibus,...  quœ  in  proximo  parliamento  nostro  plenius  erunt 
«  declaratœ,  et  non  pro  congregationibus  et  equitationibus  hu- 
«  jusmodi;  et  quod  intentio  nostra  non  fuit,  nec  est,quod  aliquis 
«  de  familia  prsedictorum  ducis  Gloucestriae  ac  comitum  Arun- 
««  deilœ  et  Warw.,  seu  illorum  qui  in  comitiva  sua,  tempore 
«  congregationis  et  equitationis  prœdictarum  fu[erunt], ea  occa- 
M  sione  molestetur  aliqualiter  seu  gravetur.  »  (15  juillet  1397, 
Rymer,  t.  YIII,  p.  7.) 

Adhérents  du  roi  dans  V arrestation  de  Glocester.  Jean  de 
Montaigu  était  devenu  héritier  du  comté  de  Salisbury  par  la 
mort  de  son  oncle,  le  3  juin  1397.  Il  avait  figuré  déjà  dans  les 
guerres  de  France.  Il  était,  en  1370,  de  l'expédition  qui  enleva 
dans  son  château  la  mère  du  duc  de  Bourbon.  (Froissart,  I,  ii, 
299.)  —  Thomas  le  Despenser,  avait  été  sous  la  tutelle  du  duc 
d'York,  qui  lui  donna  sa  fille  en  mariage.  (Dugdale,  t.  I, 
p.  397.)  —  J.  de  Beaufort,  comte  de  Sommerset,  fils  naturel 
de  Lancastre,  venait  d'épouser  la  fille  de  J.  de  Holland,  comte 
de  Huntiiigdon. 

Ordre  d'arrêter  ceux  qui  tenteraient  quelque  chose  en  faveur 
de  Glocester,  28  juillet  1397,  Rymer,  t.  YIII,  p.  7  ;  —  Hommes 
de  Chester  dans  la  garde  du  roi.  Wals.,  p.  354.  —  Convocation 
des  gens  de  sa  livrée,  20  août.  Rymer,  t.  VIII,  p.  13.  (Sur  les 
insignes  de  Richard  et  le  grand  nombre  de  personnes  à  qui  il 
les  faisait  porter,  voyez  Gough  Nichols  dans  YArchœol.,t. XXIX, 
p.  39.)  Le  roi  permet  au  duc  de  Lancastre  de  réunir  trois 
cents  hommes  d'armes  pour  venir,  de  son  côté,  à  Westminster 
(28  août,  Rymer,  t.  YIII,  p.  14). 

Page  167  ,  note  a. 

J.  Bussy,  orateur  (i8  septembre).  Rot.  Pari,,  t.  III,  p.  348, 
§  8.  «  Yir  eruditissimus  et  ambitiosissimus.  >>  (Otterbourne, 
p.  191.)  Walsingham  lui  associe  Grreen  et  Bagot  dans  la  con- 
duite du  procès.  —  Th.  Percy,  nommé  procureur  du  clergé 
(même  jour,  Ibid..,  §  9). 


NOTES.  455 

Le  moine  d'Evesham  (p.  133)  place  k  tort  cette  nomination 
après  la  mise  en  accusation  d^Arundel.  Il  fait  entrer  dans  son 
récit  plusieurs  traits  que  les  procès -verbaux  contredisent.  Il 
avait  été  décidé,  dit-il,  que  les  lords  spirituels  ratifieraient  les 
procès  par  leur  consentement.  Ils  se  retirent  fort  tristes.  Déjà 
le  peuple  s'était  ému  de  leur  retraite.  Les  archers  de  Ghester, 
accourant  et  croyant  qu'il  y  avait  querelle  dans  le  palais,  ban- 
daient leurs  arcs  et  tiraient  leurs  flèches  pour  effrayer  ceux  qui 
s'y  trouvaient,  quand  le  roi  les  apaisa  par  sa  présence.  Le  len- 
demain, on  révoque  le  statut  relatif  aux  prélats  ;  mais  on  leur 
enjoint,  sous  peine  de  perdre  leur  temporel,  de  nommer  un 
procureur,  ce  qu'ils  font. 

Révocation  du  statut  de  la  dixième  année  (le  texte  en  est  rap- 
pelé en  cet  endroit) ;  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  349,  §  II. 

Page  167,  note  h. 

Rappel  de  la  prise  d'armes  de  Haringhay,  et  révocation  du 
pardon  que  s'étaient  fait  accorder  Glocester  et  ses  complices. 
Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  350,  §  12.  —  Révocation  de  la  charte  de 
pardon  spécialement  accordée  au  comte  d'Arundel,  le  30  avril 
1394,  Ihi'L,  §  13.  C'est  peut-être  le  pardon  qui  lui  avait  été 
accordé  pour  l'accusation  portée  par  lui  contre  Lancastre  au 
parlement  du  27  janvier  1394,  acte  dont  le  roi  l'avait  contraint 
a  faire  immédiatement  ses  excuses.  {Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  313, 

SU.) 

Page  174,  note  a. 

Condamnation  du  comte  d'Arundel.  Rot.  Pari.,  t.  III, 
p.  377.  Il  fut  déclaré  que  les  biens  donnés  en  fief  au  comte 
d'Arundel,  à  Vusage  d' autrui,  ne  seraient  pas  compris  dans  la 
confiscation.  —  A  la  session  de  Shrewsbury,  on  ordonna  que 
ceux  qui  auraient  la  charte  de  pardon  accordée  au  comte  d'A- 
rundel et  révoquée  en  parlement,  la  rapportassent  avant  la  mi- 
carême,  sous  peine  de  confiscation  de  tous  leurs  biens  (31  janvier 
1398.  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  368,  §  70.) 

Page  174,  note  h. 

Exécution  du  cmnte  d'Arundel,  le  jour  de  la  seritence  (21 
septembre).  Rot.  Pari.,  l.  III,  p.  377.  Pour  les  détails,  voyez 


456  LIVRE  NEUVIÈME. 

Walsingham,  p.  354.  WalsiDgham  et  Froissart  (IV,  61)  font 
intervenir  dans  l'exécution  le  comte  maréchal,  gendre  du  comte 
d'Arundel  ;  mais  le  comte  était  alors  à  Calais,  comme  le  prou- 
vent les  actes  officiels  produits  dans  ce  parlement  même.  Cette 
erreur,  constatée  en  ce  qui  le  touche,  pourrait  même  faire  dou- 
ter de  ce  que  dit  Walsingham  des  comtes  de  Huntingdon  et  de 
Kent.  L'acte  officiel  ne  parle  que  du  lieutenant  du  maréchal 
d'Angleterre,  le  sire  de  Morley.  (Rot.  Parl.^  t.  III,  p.  377.) 

Page  175,  note  a. 

Ordre  au  comte  maréchal  cV envoyer  Glocester.  Rot  Pari., 
t.  III,  p.  377,  et  Rymer,  t.  YIII,  p.  15.  —  Réponse  du  comte 
maréchal.  Rot.  Pari.,  p.  378.  Ces  pièces  sont  données  textuel- 
lement. On  pourrait  se  demander  si  la  réponse  du  comte  maré- 
chal a  été  envoyée  le  24  ou  reçue  le  24  :  «  Le  lundi  le  xxiV 
jour  de  novembre,  le  dit  capitaine  retourna  son  brief  en  le  dit 
parlement  en  la  manière  qu'ensuit.  »  On  doit  croire  que  la 
lettre  a  été  reçue  et  produite  au  parlement  le  24.  Le  procès- 
verbal  date  les  faits  du  jour  où  ils  se  passent  au  parlement.  On 
ne  dut  perdre  de  temps  en  cette  affaire  ni  k  Londres  ni  à  Ca- 
lais. Rien  n'empêche  que  le  messager  du  roi,  parti  de  Londres 
le  21,  n'ait  rapporté  la  réponse  assez  tôt  pour  qu'elle  ait  été  pro- 
duite au  parlement  dès  le  24.  On  a  même  eu  le  temps  de  faire 
périr  Glocester  dans  l'intervalle,  si  Ton  suppose  comme  tout 
semble  le  faire  croire,  que  l'ordre  de  le  mettre  à  mort  accom- 
pagnait l'ordre  menteur  de  l'envoyer  devant  le  parlement. 
Walsingham,  en  parlant  de  l'arrêt  d'exil  du  comte  maréchal 
l'année  suivante  (16  septembre  1398),  dit  qu'il  eut  lieu,  jour 
pour  jour,  douze  mois  après  la  mort  de  Glocester  (p.  356).  Il 
ne  serait  peut-être  pas  bien  sûr  de  prendre  cette  indication  à  la 
lettre,  pour  un  fait  qui  demeura  entouré  de  mystère.  Ainsi  il  y 
en  a  qui  en  fixent  l'époque  au  samedi  après  la  Saint-Barthé- 
lémy (Dugdale,  t.  II,  p.  172),  qui  fut  le  25  août:  mais  on  a  la 
déclaration  écrite  par  Glocester  en  date  du  8  septembre. 

Condamnation  posthume  de  Glocester.  Rot.  Pari.,  t.  III, 
p.  378. 

Page  178,  note  a. 

Commission  de  W.  Rickhill  (17  août  1397).  Rymer,  t.  VIII, 
p.  13. —  déclaration  de  Glocester,  du  8  septembre ^  produite 


NOTES.  457 

le  25  (en  anglais).  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  378.  C'est  en  l'an  xi 
de  Richard  (1387-1388)  que  le  roi,  selon  l'accusation  qui  fut 
plus  tard  portée  contre  lui,  avait,  en  présence  des  ducs  de  Lan- 
castre  et  d'York,  juré,  dans  la  chapelle  du  château  de  Langley, 
de  pardonner  à  son  oncle.  (Voyez  l'acte  d'accusation  contre  Ri- 
chard, art.  49.  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  421.)  Richard,  il  ne  faut 
pas  l'oublier,  était  alors  en  la  puissance  de  Glocester.  Notons 
encore  que  Glocester,  dans  sa  déclaration,  parle  d'un  serment 
qu'il  aurait  prêté  à  Richard  ;  et  l'acte  d'accusation  de  Richard, 
d'un  serment  prêté  par  le  roi  en  faveur  de  Glocester. — Voici  un 
trait  qui  prouve  ce  qu'il  faut  penser  d'Otterbourne  à  son  tour  : 
à  l'en  croire,  Rickhill  aurait  rapporté  la  déclaration  de  Glo- 
cester dans  un  tout  autre  sens  que  ne  le  voulait  le  duc  :  «  Fac- 
tumque  post  quod  ipse  renunciaret  verba  ducis,  sed  in  alia  sen- 
tentia  quam  dux  intenderet,  nec  esset  conveniens  testificalio 
ejus.  »  Or  nous  avons  la  déclaration  textuelle  du  prince  :  et 
Rickhill  se  conduisit  avec  tant  de  droiture  dans  cette  affaire, 
qu'au  jour  des  représailles  il  fut  impossible  de  le  faire  con- 
damner. 

Page  181,  note  a. 

Mort  de  Glocester.  Témoignage  de  Froissart  :  «  Ainsi  que  je 
fus  informé,  sur  le  point  du  dîner  et  que  les  tables  étoient 
mises  au  chastel  de  Calais,  ainsi  qu'il  devoit  laver  ses  mains, 
quatre  hommes  à  ce  ordonnés  issirent  d'une  chambre,  et  lui 
jetèrent  une  touaille  au  col,  et  l'estraignirent  tellement,  les 
uns  d'un  lez  et  les  autres  deux  d'autre,  qu'ils  l'abattirent  à 
terre;  et  là  l'étranglèrent  d'une  touaille,  et  lui  cloirrent  les 
yeux,  et  tout  mort,  ils  l'apportèrent  sur  un  lit  et  le  dévê- 
tirent et  déchaussèrent  tout  mort;  et  le  couchèrent  entre 
deux  linceuils,  et  mirent  son  chef  sur  un  oreiller,  et  le  couvri- 
rent de  manteaux  fourrés  ;  et  puis  issirent  en  la  chambre,  et 
vinrent  en  la  salle  tous  pourvus  de  ce  qu'ils  dévoient  dire  et 
faire,  en  disant  tels  paroles  :  que  une  défaute  de  maladie  de 
popolésie  étoit  prise  au  duc  de  Glocester,  en  lavant  ses  mains, 
et  que  à  grand  peine  on  l'avoit  porté  coucher.  On  tint  ces  pa- 
roles en  public  au  chastel  et  en  la  ville  ;  et  bien  le  crurent  les 
aucuns,  et  les  autres  non.  »  (Froissart,  IV,  61.) 

Témoignage  de  Walsingham  :  «  Interea  (quia  non  videbatur 
tutum  Régi,  ut  dux  Glouverniœ  responsis  astaret)  propter  favo- 
rera  populi  qui  ei  nimis  afficiebatur,  rex  jussit  comiti  mare- 


458  LIVRE  NEUVIÈME. 

scallo  ut  eum  occulte  occideret  :  qui,  missis  iniquitatis  mini- 
stris,  fecit  eum  sufFocari  superjectis  culcitris  et  lectis  pluma 
refertis  super  os  ejus.  »  (P.  355.  Cf.  M.  Evesh.,  p.  161 .) 

Le  continuateur  de  la  chronique  de  Groyland,  qui  rapporte 
aussi  cette  mort  à  l'ordre  du  roi  et  au  conseil  du  comte  maré- 
chal, alors  gouverneur  de  Calais,  ajoute  :  a  Custodes  prsedicti 
Ducis  improvisi  cameram  ejus  dormientis  nocte  intraverunt, 
et  vincientes  eum  manus  ac  pedes,  inter  duo  pulvinaria  magna 
suppressum  eorumque  pedibus  diutius  conculcatum  miserrime 
suffocabant.  »  (Hist.  Croyl.  contin.,  t.  I,  p.  493).  Otterbourne 
(p.  193)  dit  que  le  comte  maréchal  différait,  et  que,  pressé  par 
les  menaces  du  roi,  il  le  fit  venir  au  milieu  de  la  nuit,  comme 
pour  le  rembarquer  pour  l'Angleterre;  puis  on  le  mena  dans 
une  hôtellerie  où  il  fut  étouffé  par  des  valets.  Cela  a  quelque 
rapport  avec  le  témoignage  qui  va  suivre. 

Déposition  de  J.  Halle  (parlement  de  la  première  année  de 
Henri  IV,  1399).  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  452. 

Page  182,  note  a. 

Procès  sommaire  de  J.  Halle,  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  452.  On 
verra  dans  quelles  circonstances  on  le  fit,  quand  nous  parlerons 
du  parlement  de  la  première  année  de  Henri  IV,  où  Richard 
fut  jugé.  De  tous  ceux  que  J.  Halle  nomma  comme  acteurs  ou 
témoins  dans  le  drame  de  Calais,  un  seul,  W.  Série,  fut  arrêté 
quelques  années  après,  comme  il  revenait  d'Ecosse,  cherchant 
à  propager  le  bruit  que  Richard  était  vivant.  Il  se  reconnut, 
dit-on,  coupable  de  la  mort  de  Clocester  :  mais  sa  tentative  en 
faveur  de  Richard  le  désignait  déjà  au  supplice.  On  s'occupa 
moins  d'avoir  des  aveux  sur  le  meurtre  de  Clocester  que  des 
déclarations  contre  la  prétendue  existence  de  Richard.  C'est 
pour  cela  qu'on  le  promena  de  ville  en  ville  avant  de  le  livrer 
au  bourreau.  (Voy.  Walsingham,  p.  371;  Leland,  Coll.,  t.  I, 
p.  390,  et  dans  le  présent  volume,  p.  322.) 

Page  182 ,  note  b. 

Condamnation  de  Thomas  Arundel,  archevêque  de  Canter- 
hury.  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  351,  §  16.  La  condamnation  est 
prononcée,  selon  l'usage,  au  nom  du  roi,  des  lords  et  des  pro- 
cureurs du  clergé.  Le  moine  d'Evesham  (p.  134)  prétend  que 


NOTES.  459 

l'archevêque  voulait  se  présenter  devant  les  lords  au  jour  fixé, 
mais  que  le  roi  l'en  fit  détourner  par  Tévêque  de  Garlisle. 
Walsingham  (p.  354)  dit  que  l'archevêque  de  Ganterbury  s'étant 
éloigné  du  parlement  par  le  conseil  du  roi  qu'on  lui  croyait  tout 
dévoué,  et  sur  la  promesse  qu'on  ne  ferait  rien  à  son  préjudice 
en  son  absence,  fut  condamné,  quoique  absent,  à  l'exil.  Cette 
imputation  ne  s'accorde  pas  avec  les  actes  officiels. 

Translation  de  Th.  Arundel  au  siège  de  Saint-André.  Elle 
est  rappelée  dans  l'acte  qui  institue  Roger  de  Walden  à  sa 
place  (Il  janvier  1398.  Rymer,  t.  VIII,  p.  31.)  Le  pape  ne  se 
montrait  pas  disposé  à  destituer  l'archevêque,  qui  avait  eu  re- 
cours à  lui  ;  ou  du  moins,  en  lui  retirant  son  siège,  il  lui  eût 
voulu  trouver  des  compensations  dans  le  royaume.  Le  roi  lui 
écrit  de  la  manière  la  plus  pressante  et  presque  sur  le  ton  de 
la  menace  :  l'archevêque  est  un  traître;  le  rétablir  dans  le 
royaume  c'est  se  déclarer  pour  les  ennemis  du  roi,  c'est  rom- 
pre avec  lui  :  «  Thomas,  proditionis  non  expers,  nostrae  regiœ 
majestati  insidias  fabricavit....  Quum  jam  intelleximus  eum- 
dem  Thomam  ad  vestrse  sanctitatis  praesentiam  evocatum,  et 
talibus  consolatoriis  sermonibus  ipsum,  ut  dicitur,  animastis, 
quod  ad  eadem  bénéficia  vel  majora,  infra  nostrum  regnum, 
vel  saltem  in  partibus  nostrse  ditioni  subditis,  se  crédit  verisi- 
militer  promoveri,..  vita  comité  nullatenus  tolerabimus,  etsi  to- 
tus  mundus  ad  hoc  quomodolibet  consentiret.  Novimus  etiam 
hune  hominem  ad  medullas.  Novimus  ejus  animum  impa- 
tientem  pacis  cujuslibet....  Prsevideat  igitur  sancli  apostolatus 
vestri  discretio  ne  hac  in  parte  taie  praejudicium....  inferatur, 
per  quod  inter  sacerdolium  et  regnum  scandalorum  materia 
valeat  exoriri....  Ut  cnim  piano,  non  ficto  sermone  loquamur, 
amicus  autem  benevolus  esse  non  poterit,  qui  notoriis  inimi- 
cis  dextras  exhibet  sive  confert.  Alibi  namque,  si  vobis  placue- 
rit,  satis  sibi  providere  poteris,  dum  tamen  nostro  manum  non 
intinxerit  in  catino  (Hœc  ex  contin.  Polychron.,  circa  ann.  D. 
1397).  Wilkins,  Conc.  M.  Britanniœ,  t.  III,  p.  232 

Page  183,  note  a. 

Condamnation  de  Warwick,  et  grâce  de  la  vie.  Bot.  Pari,  y 
t.  III,  p.  379,  §  8.  Cf.  Wals.,  p.  355,  et  le  Ms.  3884,  f°  115. 
La  confiscation,  pour  lui  comme  pour  Glocester,  remonte  au 
13  novembre  an  xi  (1387),  date  de  la  prise  d'armes  de  Harin- 


460  LIVRE  NEUVIEME. 

ghay-Park.  Pour  le  comte  d'Arundel,  on  l'avait  fait  remonter 
au  19  novembre  an  x  (1386),  date  de  la  commission  pour  la 
réforme  du  gouvernement. 

Page  184,  note  a. 

Thomas  Mortimer.  Il  n'est  point  de  la  famille  des  Mortimer, 
comtes  de  la  Marche.  (Voyez  Dugdale,  Baronage,  t.  I,  p.  138 
et  suiv.)  —  Nouvelle  assignation;  elle  doit  être  du  23  sep- 
tembre, puisque  le  délai  de  trois  mois  part  «  du  24  septembre 
prochain  en  suivant.  »  {Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  380,  §  9;  cf.  ibid., 
p.  351,  §  19);  l'ordre  adressé  à  Roger  Mortimer  est  du  24  sep- 
tembre. (Rymer,  t.  YIII,  p.  16.) 

Page  187,  note  a. 

déclaration  en  faveur  de  plusieurs  membres  du  conseil 
de  1386.  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  353,  §  26.  Voir  l'amnistie  pu- 
bliée, suivant  cette  décision,  en  faveur  du  vénérable  R.leScrop 
(29  novembre  1397,  Rymer,  t.  VIII,  p.  26-29):  c'est  toute 
l'histoire  en  résumé  des  événements  dont  il  s'agit.  —  Déclara- 
tion en  faveur  de  Derby  et  du  comte  maréchal.  Rot.  Pari., 
t.  III,  p.  363,  §  27.  Hallam  n'hésite  pas  à  regarder  Henri  de 
Lancastre  comme  un  des  complices  du  procès  de  Glocester 
(t.  III,  p.  221).  —  Force  de  statut  aux  ordonnances  et  aux  juge- 
ments rendus.  Rot.  Pari,  t.  III,  p.  354,  §  32. 

Page  188,  note  a. 

Promotion  des  lords  en  dignité.  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  355, 
§  35.  Marguerite,  fille  et  héritière  de  Thomas  Brotherton, 
et  dont  la  fille  porta  l'office  de  maréchal  aux  Mowbray,  Mar- 
guerite Maréchal,  comme  on  l'appelait,  comtesse  de  Norfolk, 
gi'and'mère  de  Thomas  de  Mowbray,  comte  de  Nottingham 
et  maintenant  duc  de  Norfolk,  fut  élevée,  dans  la  même  promo- 
tion, au  rang  de  duchesse  de  Norfolk. 

Les  députés  des  communes.  «  Non  electi  per  communitatem, 
«  ut  mos  exigit,  sed  per  regiam  voluntatem.  »  (Otterb.,  p.  191.) 

Page  189,  note  a. 

Ajournement  du  parlement.  Rot.  Pari,  t.  III,  p.  355,  §  36. 
—  Serment,  etc.  Ibid.,  §  37-43.  Le  roi  écrivit  à  l'archevêque 


NOTES.  461 

d'York  pour  l'inviter  à  publier  les  excommunications  pronon- 
cées par  les  prélats  en  parlement.  Il  lui  demande,  eu  même 
temps,  de  prier  pour  l'âme  de  Thomas,  duc  de  Glocester,  profi- 
tant de  cette  occasion  pour  lui  parler  des  crimes  qu'il  a,  dit-il, 
avoués,  avant  sa  mort.  (6  octobre  1397.  Rymer,  t.  YIII,  p.  19.) 
L'envoi  de  ces  lettres  aux  deux  archevêques  avait  été  décidé  en 
conseil.  (ProceedingSj  t.  I,  p.  76.)  Le  14  octobre,  le  roi  donna 
ordre  au  duc  de  Norfolk  (  comte  maréchal  )  de  remettre  le 
corps  de  Glocester  à  son  clerc  R.  Maudelein,  chargé  de  le 
rendre  à  Alianor  ,  veuve  du  défunt.  Le  18,  ordre  à  Maudelein 
de  remettre  le  corps  à  la  duchesse  de  Glocester,  afin  qu'elle 
l'ensevelisse  à  Westminster  (Rymer.  t.  YIII,  p.  21);  le  31, 
dans  une  lettre  à  la  duchesse,  il  lui  ordonne  de  le  transporter, 
non  à  Westminster,  mais  au  prieuré  de  Bermondesey.  (Ibid., 
p.  24.)  Bien  qu'il  eût  été  ordonné  de  saisir  tous  les  domaines 
de  Glocester,  une  réserve  fut  faite  en  faveur  de  la  duchesse  : 
elle  s'élevait  à  198  Hv.  (23  décembre  1397,  Ibid.,  p.  30.)  La 
duchesse  avait  d'ailleurs  ses  biens  personnels. 

Page  191,  noie  a. 

Si  Richard  n'a  fait  qu  ajourner  sa  propre  vengeance?  Hallam 
le  croit,  et  y  voit  une  preuve  de  sa  dissimulation.  «  Richard, 
dit-il,  ne  pouvait  pardonner  à  ceux  qui  avaient  pris  part  aux 
événements  de  1388.  Il  n'avait  fait  que  dissimuler  sa  haine.  » 
(t.  III,  p.  214.)  La  dissimulation  serait  grande,  en  effet.  Mais 
comment  la  concilier  avec  ce  qu'il  dit  de  l'emportement  de 
Richard?  A  cette  incroyable  conclusion  de  Hallam,  opposons 
ce  raisonnement  de  Lingard,  qui  paraît  bien  plus  sensé  : 

«  Le  concours  des  princes  du  sang  fournit  de  fortes  pré- 
somptions pour  croire  qu'il  avait  existé  quelque  chose  de  bien 
criminel  et  de  bien  dangereux  dans  la  conduite  de  Glocester. 
Ses  neveux,  les  comtes  de  Sommerset  et  de  Rutland,  étaient 
deux  de  ses  accusateurs;  ses  frères,  les  ducs  de  Lancastre  et 
d'York,  se  réunirent  pour  le  condamner;  et  le  premier  même 
prononça  contre  lui  la  sentence  de  trahison.  Peut-on  supposer 
qu'ils  se  fussent  unis  ainsi  pour  déshonorer  et  punir  leur  propre 
sang,  s'ils  n'eussent  été  entraînés  par  d'autres  motifs  que  le 
ressentiment  du  roi  relatif  à  une  offense  commise  et  pardonnée 
dix  ans  auparavant?  {Hist.  d'Angleterre,  t.  IV,  p.  393.) 


462  LIVRE    DIXIEME. 


^ 


LIVRE  DIXIÈME. 


Page  196,  note  a. 

La  consultation  de  Nottingham  soumise  au  parlement  et  aux 
juges,  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  357,  §  47;  approuvée,  ibid.,\).  358. 
—  Annulation  des  actes  de  V Admirable  Parlement.  Ibid.  Pour 
mieux  abolir  la  mémoire  de  ces  procès,  une  proclamation  du 
roi  ordonna  que  toutes  les  pièces  qui  les  concernaient,  en  quel- 
ques mains  qu'elles  se  trouvassent,  fussent  rapportées  à  la 
chancellerie.  (25  mars  1399,  Rymer,  t.  VIII,  p.  71.) 

•^  Page  198,  note  a. 

Réserve  relativement  aux  biens,  faite  par  le  roi  dans  le  juge- 
ment de  réhabilitation  des  Despenser.  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  367, 
§  66.  —  Renonciation  du  comte  de  Glocester  (Th.  le  Despenser), 
jeudi,  31  janvier.  Ibid.,  p.  368,  §  71.  On  voit  par  le  para- 
graphe suivant  (72)  que  tous  les  princes  et  plusieurs  grands 
seigneurs  y  étaient  intéressés. 

Alice  Perers,  la  fameuse  maîtresse  d'Edouard  III  dans  ses 
dernières  années,  vint  aussi,  en  ces  jours  de  réhabilitation  gé- 
nérale, réclamer  la  restitution  des  biens  qui  lui  avaient  été 
pris  par  confiscation  l'an  r*"  de  Richardll  (1377).  Le  parlement 
accueillit  sa  requête  et  la  renvoya  à  la  décision  du  roi.  {Ibid., 
p.  367,  §  68.) 

Page  202,  note  a. 

Confirmation  des  jugements;  —  proposition  de  J.  Bussy  ; 
avis  des  gens  de  loi; —  serment  prêté.  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  359, 
§51.  Hallam  a  signalé  la  présence  des  procureurs  du  clergé 
(les  prélats  siégeant  d'ailleurs  individuellement)  comme  un 
fait  rare  dont  il  ne  voit  nul  autre  exemple  qu'à  l'avènement  de 
Henri  IV  (t.  III,  p.  3U5).  Dans  ces  deux  circonstances  toutes 
révolutionnaires,  on  voulait  que  le  clergé  fût  lié,  non-seulement 
par  ses  lords,  mais  par  ses  propres  représentants. 


NOTES.  463 

Frojet  du  roi  d'obtenir  sentence  du  pape.  Ibid.,  $  52.  — 
Consultation  et  assentiment  du  peuple.  «  Et  puis  après  procla- 
mation feust  fait  en  audience  de  tout  le  peuple  pour  savoir  s'ils 
vorroient  consentir  a  ceste  manere  de  seuretee.  A  quel  ils 
reponderent,  adresceants  en  haut  leurs  maines  dextres  et 
criants  ove  hautes  voices  qu'il  lour  plest  bien  et  qu'ils  sont  a 
ceo  pleinement  assentuz.  »  {Rot.  Parl.^  t.  III,  p.  360,  §  51.) 
Walsinghamdit  que  le  projet  fut  exécuté,  et  les  lettres  du  pape 
publiées  dans  Londres  à  la  croix  de  Saint-Paul,  et  en  d'autres 
lieux  principaux  du  royaume  (p.  356).  Ge  fut  un  des  griefs  im- 
putés plus  tard  au  roi.  (Voyez  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  419,  §  27.) 

Page  204,  note  a. 

Surrey  chargé  des  fonctions  de  maréchal;  Dorset,  amiral 
(jeudi,  31  janvier).  «  Item,  l'office  de  mareschal  est  commys  a 
duc  de  Surrey.  Item,  l'office  de  Tadmirall  est  commys  a  mar- 
kys  de  Dorset.  Mes  nostre  seignour  le  roy  fist  déclaration  que 
combien  que  cest  fait  n'appartient  au  parlement  mes  a  lui 
mesme  pour  faire  ses  officers  quant  il  plerra,  y  pleust  a  luy 
qu'il  soit  conus  a  toutz  l'Estates  de  parlement.»  {Rot.  Pari., 
t.  III,  p.  368,  §  73.)  Gomment  le  duc  de  Surrey  obtient-il  le 
titre  de  maréchal,  qui  appartenait  à  la  famille  de  Th.Mowbray, 
comte  de  Nottingham,  duc  de  Norfolk,  et  qui  venait  tout  ré- 
cemment de  lui  être  confirmé,  pour  lui  et  pour  sa  race  ?  La 
délégation  n'en  est  que  provisoire,  et  doit  avoir  pour  cause  un 
fait  qui  s'était  passé  la  veille,  et  dont  il  sera  parlé  tout  à  l'heure. 
(Voyez  ci-après  p.  206  et  464.) 

Commission  pour  remplacer  le  parlement  en  son  absence. 
31  janvier,  Rot.  Pari,  t.  III,  p.  368,  §  74. 

Page  205,  note  a. 

Vote  du  subside  des  laines,  pour  la  vie  du  roi.  On  y  ajoutait 
une  surtaxe  de  6'  8*^  par  sac  pour  les  étrangers.  En  votant  ce 
subside  pour  la  vie  du  roi,  le  parlement  stipulait  que  cela  ne 
devait  pas  faire  exemple  pour  ses  successeurs!  {Rot.  Pari.,  t,  III, 
p.  368,  §  75.)  La  surtaxe  levée  sur  les  étrangers  devait,  jusqu'à 
trois  ou  quatre  mille  marcs,  servira  indemniser  ceux  qui  avaient 
été  pillés  à  l'affaire  de  Redecot-bridge  (le  combat  où  les  lords 
défirent  le  duc  d'Irlande  en  1387).  Elle  devait  servir  aussi  à 


464  LIVRE  DIXIÈME. 

indemniser  les  nouveaux  lords  appelants ,  à  l'exemple  des  an- 
ciens. Ces  exemples  ne  se  perdent  pas.  {Ibid.,  p.  369,  §  76.) 

Amnistie  demandée  et  ajournée  (mardi,  29  janvier)  Rot.  Pari., 
t.III,p.359-,§49:— ^ccorrfé?'e(jeudi,  31).  Ibid.,  p.  369,  §§  77 
et  78.  Le  roi  en  exceptait  les  meurtriers,  larrons  et  ravisseurs 
de  femmes,  et  ceux  qui  avaient  conspiré  contre  sa  vie,  et  ne 
rétendait  à  ceux  qui  avaient  pris  part  à  l'aôaire  de  Haringhay, 
Fan  XI  de  son  règne,  qu'à  la  condition  qu'ils  vinssent,  avant  la 
Saint- Jean-Baptiste,  demander  une  charte  de  pardon.  Otter- 
bourne  dit  qu'il  exceptait  de  l'amnistie  cinquante  personnes 
dont  il  refusait  de  dire  les  noms,  afin  d'y  pouvoir  comprendre 
qui  il  voulait  (p.  195.)  Il  n'est  plus  question  ici  de  cette  ré- 
serve dans  les  rôles. 

Page  207  ,  note  a. 

Derby  et  Nottingham.  Hallam  (t.  III,  p.  221)  n'hésite  pas  à 
ranger  le  premier  aussi  bien  que  le  second  parmi  les  complices 
de  la  chute  de  Glocester.  —  Déclaration  de  Derby  au  roi  à 
Haywood.  Voyez  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  360,  §  53,  et  p.  382 
{Placita  coronœ,  §  11.)  Les  deux  procès-verbaux  sont  à  peu 
près  identiques.  Une  chronique  donnée  par  Leland,  chronique 
souvent  mal  renseignée  d'ailleurs,  dit  que  Norfolk  fit  sa  confi- 
dence à  Derby  sous  le  sceau  de  la  confession  ;  que  Derby  le  dit 
à  son  père,  et  Lancastre  au  roi.  (Leland.  Collect.,  1. 1,  p.  384.) 
D'après  la  déclaration  de  Derby  lui-même,  le  roi  n'avait  tout 
au  plus  qu'une  connaissance  vague  de  propos  injurieux  non  dé- 
finis. Derby  reste  donc  responsable  des  détails  précis  qu'il 
donne  dans  son  accusation.  Froissart  (IV,  63)  intervertit  les 
rôles  et  fait  de  Norfolk  le  dénonciateur.  Il  est  contredit  par  les 
actes  officiels. 

Page  208,  note  a. 

Cédule  de  Derby.  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  360,  §  53.  Turner 
trouve  cette  dénonciation  fort  naturelle  :  «  Car,  dit-il,  ou  la 
révélation  du  comte  maréchal  était  vraie,  et  les  projets  du  roi 
ainsi  découverts  devenaient  impossibles  ;  ou  elle  était  fausse,  et 
la  perfidie  de  cette  confidence  méritait  qu'on  la  dénonçât  (t.  II, 
p.  314).  Mais  si  le  fait  révélé  était  vrai,  Derby  commençait 
par  perdre  celui  qui,  en  le  lui  révélant,  l'avait  sauvé,  lui  et  son 
père.  —  Thomas,  comte  de  Lancastre,  dont  il  est  parlé  dans 
cette  pièce,  est  ce  petit-fils  de  Henri  III  qui  prit  part  aux  trou- 


NOTES.  465 

j)les  du  règne  d'Edouard  II,  et  fut  mis  à  mort  l'an  xv  de  ce 
roi  (1322).  (Voy.  Wals.,  p.  116). 

Page  210,  note  a. 

Amnistie  accordée  au  duc  de  Hereford,  25  janvier  1398. 
Rymer,  t.  VIII,  p.  32.  —  Pardon  Im'plorè  et  accordé  en  parle- 
7nent,  31  janvier,  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  367,  §  67.  —  Absence 
de  Norfolk.  On  lui  reproche  dans  la  sentence  qui  le  frappa 
d'exil,  qu'ayant  figuré  parmi  les  lords  appelants  contre  Gloces- 
ter,  et  reçu  des  terres  eu  récompense,  néanmoins  «  il  failla  de 
venir  au  jour  de  la  attermination  de  dit  appel,  sans  mander 
juste  et  leisible  (loisible,  licite)  excusation.  »  (Rot.  Pari.,  t.  III, 
p.  383,  col.  2.)  Dans  la  première  session,  au  procès  de  Glo- 
cester,  il  était  à  Calais  ;  et  ce  n'était  que  trop  pour  le  service 
du  roi  qu'il  ne  put  se  trouver  à  Westminster;  mais  il  ne  vint 
pas  davantage  à  la  session  de  Shrewsbury. 

Proclamation  qui  assigne  Norfolk,  4  février  1398.  Rymer, 
t.  YIII,  p,  32.  Comparution  à  Oswaldstree  (23  février).  — 
Conseil  de  Bristol  (19  mars).  —  Débats  à  Windsor  (28  et  29  avril). 
—  Ajournement  pour  la  bataille  au  1 6  septembre  à  Coventry. 
{Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  383.)  La  version  du  ms.  3884  sur  tous 
ces  points  laisse  beaucoup  à  désirer.  (Voy.  f°  116-1 19). 

Ou  trouve  dans  Rymer,  à  la  date  du  6  février  1398,  une  lettre 
du  roi  aU  gouverneur  du  château  de  Windsor,  qui  lui  ordonne 
de  recevoir  les  ducs  de  Hereford  et^  de  Norfolk,  ou  l'un  d'eux, 
de  celui  qui  les  amènera  (t.  VIII,  p.  35).  —  Ordre  de  tenir 
sous  bonne  garde  Thomas,  duc  de  Norfolk,  dans  la  maison 
nommée  Garderobe,  23  avril  1398  {ibid.  p.  36). 

Page  212,  note  a. 

Dispositions  diverses  des  seigneurs  de  France.  Froissart, 
IV,  63.  —  Message  de  Charles  YI  pour  empêcher  le  combat.  Il 
nous  est  connu  par  les  instructions  que  Charles  VI  donna  à  son 
envoyé  Nicolas  Paynel,  instructions  dont  une  copie  du  temps 
est  aux  Archives,  {Trésor  des  Chartes.  J,  644,  n°  3). 

Page  217,  note  a. 

Journée  du  16  septembre.  Ms  3884,  f"  121.  Hall,  Chron., 

Il  —  30 


466  LIVRE  DIXIEME. 

p.  4,  cité  par  Turner,  t.  II,  p.  315;  Froissart,  IV,  64,  Wals., 
p.  356.  Il  est  très-bref  sur  ces  derniers  événements,  et  de  même 
lemoined'Evesham(p.  146)etOtterbourne(p.  195).  Sur  la  forme 
de  ces  combats  judiciaires,  voyez  un  traité  du  temps,  Modus  fa- 
ciendi  duellum  coram  rege,  BibL,  imp.,  ms.  6049,  f°'  21-24. 
Sentence  contre  les  deux  rivaux.  Rot.  Pari.  t.  III.  p.  383,  cf. 
Froissart,  IV,  64.  Les  fonctions  de  maréchal  avaient  été,  on  l'a 
vu,  conférées  au  duc  de  Surrey,  dès  le  lendemain  du  jour  où 
Norfolk  avait  été  dénoncé  devant  le  parlement  de  Shrewsbury. 
Cet  office  lui  fut  donné  pour  toute  la  durée  de  la  vie  de  Norfolk, 
par  une  ordonnance  rendue  le  lendemain  de  ce  jugement, 
17  septembre  1398,  (Rymer,  t.  VIII.,  p.  44). 

Page  219,  note  a. 

Départ  de  Norfolk,  Froissart,  IV,  65.  On  lui  permet  de  partir 
du  port  qu'il  voudra,  entre  le  port  d'Orwell  et  Scarborough; 
s'il  est  repoussé  par  la  tempête,  on  pourra  l'accueillir  (3  oc- 
tobre 1398,Rymer,  t.  VIII,  p.  47).  —  Permission  d'emmener 
les  gens  de  sa  suite  avec  1000  livres  pour  ses  dépenses,  ses 
meubles,  de  l'argenterie,  etc.,  même  date  {ibid.  p.  47,  48); 
étoffes  à  emporter  à  l'usage  du  duc  de  Norfolk,  14  octobre, 
{ibid.,  p.  51).  —  Lettres  de  procuration  [attornamentum]  kses 
fondés  de  pouvoir,  15  octobre.  (Jbid.,  p.  51.)  Les  habitants  de 
Lewestoft  annoncent  au  roi  et  au  conseil  que  le  samedi  après  la 
Saint-Edouard  (19  octobre),  le  duc  de  Norfolk  s'est  présenté 
pour  s'embarquer  avec  une  suite  de  trente  personnes,  et  qu'il 
est  parti.  {Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  384,  §  12).  —  Départ  du  duc 
de  Hereford.  Froissart,  IV,  65.  —  Permission  d'entrer  dans 
Calais  avec  douze  personnes  et  d'y  demeurer  un  mois  (3  oc- 
tobre 1398.  Rymer,  t.  VIII,  p.  48).  —  Lettres  de  procuration 
à  ses  fondés  de  pouvoir,  (8  octobre  ibid.,  p.  49,  50). 

Page  221 ,  note  a. 

Décision  du  comité  sur  la  valeur  de  ses  actes.  Rot.  Pari.  t.  III, 
p.  371,  §  8.  —  Formule  de  serment.  Ibid.,  p.  372,  §  86.  —Le 
même  jour,  le  comité  avait  eu  à  délibérer  sur  une  réclamation 
faite  au  dernier  parlement  par  des  marchands,  contre  l'ordon- 
nance qui  les  forçait  d'apporter  à  Calais  une  once  d'or  de  mar- 
que étrangère  par  sac  de  laine.  Le  duc  de  Bourgogne  défendait 


NOTES.,  467 

qu'on  exportât  la  monnaie  de  Flandre  :  le  roi  dit  qu'il  écrirait 
au  duc  de  Bourgogne.  {Ibid.,  p.  369,  §  80.)  Une  autre  pétitioii 
des  communes  représentait  que  la  permission  d'acheter  les 
marchandises  partout  ailleurs  ruinait  l'étapJe  de  Calais.  Le  roi 
maintint  le  privilège  de  Calais  pour  les  grosses  marchandises, 
c'est-à-dire  la  laine,  l'étain,  le  plomb,  révoquant  les  dispenses 
qui  avaient  été  accordées.  (Ibid.,  p.  370,  §  82.) 

Page  224,  note  a. 

Députation  du  pape.  Wals.,  p.  356.  Le  roi  se  bornait  à  per- 
mettre, par  des  autorisations  particulières,  d'accepter  des  béné- 
fices du  pape.  (Voir  un  acte  de  ce  genre,  6  février  1398,  Ry- 
mer,  t.  VIII,  p.  34.)  Quant  au  fond  du  débat,  «  on  finit,  dit 
Lingard,  par  abolir  entièrement  les  provisions  en  faveur  des 
étrangers,  à  l'exception  des  cardinaux  ;  et  pour  les  indigènes, 
elles  ne  furent  généralement  accordées  qu'à  des  personnes  qui 
avaient  obtenu  préalablement  la  licence  royale.  »  (Histoire 
d'Angleterre,  t.  IV,  p.  367.)  C'était  à  peu  près  déjà  comme 
nos  concordats. 

Parmi  ces  nominations  directes  d'évêques  en  remplacement 
d'évêques  transférés  ailleurs,  il  en  était  une  qui  devait  plaire 
au  duc  de  Lancastre  :  celle  de  son  fils  Henri  de  Beaufort  au 
siège  de  Lincoln.  Il  devint  plus  tard  évêque  de  Winchester 
et  cardinal  :  c'est  celui  qui  a  joué  un  si  grand  rôle  sous 
Henri  V,  et  surtout  sous  Henri  VI. 

Question  du  schisme.  Froissart,  III,  67.  —  Lettre  de  Richard 
au  chancelier  et  aux  membres  de  V Université  d'Oxford  pour  leur 
communiquer  les  propositions  du  roi  de  France  et  de  VUniver- 
site  de  Paris  et  en  prewlre  leur  avis,  20  novembre  1398.  Ry- 
mer,  t.  VIII,  p.  62. 

Page  226,  note  a. 

Emprunts  de  Richard.  Le  roi  avait  déjà  recouru  à  ces  moyens 
avant  le  parlement  de  1397.  On  trouve  une  longue  liste  de  re- 
connaissances de  cette  sorte,  le  10  août  1397.  (Rymer,  t.  VIII, 
p.  9-12.) 

Ces  nouveaux  emprunts,  selon  Walsingham,  ne  furent  pas 
remboursés.  Faut-il  s'en  prendre  au  roi,  ou  à  sa  chute  et  à  la 
pohtique  de  son  successeur?  Walsingham,  comme  on  le  pense 
bien,  ne  l'impute  qu'à  Richard.  Cette  sorte  d'exaction  n'avait 


468  LIVRE  DIXIEME. 

été  du  resle  que  trop  fréquente  déjà,  au  temps  où  le  conseil, 
sorti  du  parlement,  gouvernait  au  nom  du  roi  mineur.  On  l'a 
vu  par  les  plaintes  inscrites  aux  pétitions  des  communes  en 
]379.  (Voyez  ci-dessus,  t.  I,  p.  32.) 

Exactions.  Wals.,  p.  357;  et  Hypodigma  Neustriœ,  p.  553; 
]M.  Evesh.,  p.  147,  et  Otterbourne,  p.  195  et  199.  Aucun  acte 
autre  que  l'acte  d'accusation,  si  plein  lui-même  de  calomnies, 
ne  justifie  l'assertion  de  Walsingham  et  de  ses  copistes  :  car  il 
faut^  selon  toute  vraisemblance,  voir  des  déclarations  faites  en 
vue  de  l'amnistie,  dans  ces  pièces  (Raggemale)  par  lesquelles 
diverses  personnes  se  reconnaissaient  coupables  de  divers  crimes 
de  trahison  envers  Richard  (ou  bien  s'obligeaient  à  observer 
les  actes  de  Westminster  et  les  ordonnances  ou  jugements  de 
Goventry),  pièces  que  le  condamné  de  Goventry,  devenu  roi,  fit 
brûler  dès  le  commencement  de  son  règne,  30  novembre  1399. 
iRymer,  t.  YIII,  p.  109.) 

Taxation  des  amendes  :  «  Que  nuUui  soit  présent  en  counsail 
a  la  taxation  des  fins  affaire  par  les  personnes  exemptz,  fors- 
pris  les  chancelier,  trésorier,  gardien  du  prive  seel,  Mons.  Je- 
han Bussy,  Mons.  Henri  Grene,  et  Mons.Will.  Bagot.  »  Cette 
décision  du  conseil  suivit  de  près  la  mort  de  Glocester  (sep- 
tembre ou  octobre  1397).  {Proceedings,  t.  I,  p.  76.) 


Page  227,  note  a. 

Ecosse.  Des  actes  nombreux  sont  consacrés  aux  négociations 
avec  l'Ecosse  dans  les  années  1398  et  1399,  et  aboutissent  à  la 
confirmation  des  trêves.  —  Trêve,  16  mars  1398  (en  français). 
Rymer,  t.  YIII,  p.  35.  —  Sauf- conduit  pour  les  envoyés 
cVÉcosse,  29  mai.  Ibid.,  p.  39.  —  Conventions  pour  la  trêvBj 
26  octobre.  Ibid,^  p.  54.  —  Règlements  relatifs  à  la  trêve, 
6  novembre.  Ibid.,  p.  58.  —  Commission  pour  traiter  de  la 
paix,  22  mars  1399.  Ibid.,  p.  69.  —  Pouvoirs  des  commis- 
saires, 23  mars.  Ibid,  —  Instructions  aux  ambassadeurs, 
4  avril.  Ibid.,  p.  72. 

France.  Les  bons  rapports  continuent  :  les  termes  de  la  dot 
sont  régubèrement  payés,  6  novembre  1397,  19  octobre  1398. 
(Rymer,  t.  VIII,  p.  25  et  53.)  —  Commissaires  noynmès  pour 
régler  les  difficultés  ou  transiger  sur  les  infractions,  13  octobre 
1398  et  5  avril  1399.  Ibid.,  p.  46  et  73.—  En  1398  (25  avril), 


NOTES.  469 

Rupert  de   Bavière   vient  faire   hommage  à  Richard  {Ibid., 
p.  37). 

Irlande.  Mort  de  Roger,  comte  de  la  Marche»  Wals.,  p.  356. 
Otterhourne,  p.  197.  La  liste  des  domaines  qu'il  laissait  à  sa 
mort  remplit  vingt-deux  colonnes  dans  le  Calendar.  Inquis. 
post  mortem,  (t.  III,  p.  321-342.)  —  Expédition  d'Irlande  : 
armement  maritime.  Ordre  du  7  février  1399.  (Rymer,  Donat, 
Ms.  V,  107  et  108,  cité  dans  VArchœoL,  t.  XX,  p.  21.)  Plu- 
sieurs actes  relatifs  à  l'expédition  •d'Irlande  marquent  les  pre- 
miers mois  de  cette  année  :  Ordre  du  roi  à  tous  les  hommes  de  sa 
livrée  et  de  sa  solde  de  venir  le  joindre  à  Londres  le  mercredi  de 
la  semaine  de  Pâques  (2  avril),  23  mars  1399;  Lettres  de  pro- 
tection aux  chevaliers  qui  doivent  V accompagner  (30  avril). 
Rymer,  t.  VIII,  p.  70  et  78. 

Réquisitions  et  exactions.  Wals.,  p.  356,  et  Hjjpodigma 
Neustrise,  p.  553;  Otterhourne,  p.  197  et  199,  et  Tardcle  22 
de  l'accusation  de  Richard  :  c'est  aux  couvents  que  Richard 
avait  demandé  des  chevaux;  d'où  on  l'accusa  d'avoir  attenté 
aux  libertés  de  l'Éghse  anglicane.  {Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  420, 
§39.) 

Page  230,  note  a. 

Les  lettres  patentes  délivrées  à  Derby  après  son  jugement,  dé^ 
clarèes  contraires  à  la  loi  et  annulées,  22  mars  1399.  Rot. 
Pari.,  t.  III,  p.  372,  §  87.  —  Révocation  semblable  des  lettres 
accordées  au  duc  de  Norfolk.  Ibid.,  §  88.  —  Serment  des 
prélats  et  des  lords  :  les  noms  de  chacun  sont  inscrits  au  procès- 
verhal.  Les  prélats  sont  les  archevêques  de  Ganterhury  (Roger 
de  Walden)  et  d'York  (Richard  le  Scrop);  les  évêques  de 
Londres  (Rob.  Braybrook),  de  Winchester  (W.  de  Wickham), 
d'Ély  (J.  Fordham),  de  Norwich  (H.  Spenser)  ;  l'évêque  d'Exe- 
ter  (Edm.  Stafford),  chancelier;  les  évêques  de  Rochester(W.  de 
Boltlesham),  de  Hereford  (J.  Trevenant),  de  Salisbury  (R.  Mel- 
ford),  de  Lincoln  (Henri  de  Beaufort,  fils  de  Jean  de  Gand, 
duc  de  Lancastre);  de  Saint-Asaph  (J.  Trevaur),  de  Saint- 
David  (Guide  Mohun),  de  Ghester  (J.  Burghill),  de  Winchester 
(Rob.  Reade),  de  Landaif  (Th.  Peverel),  les  abbés  de  West- 
minster et  de  Saint-Edmond.  Les  seigneurs  sont  :  les  diK-.s 
d'York,  d'Aumarle  (comte  de  Rullaud),  d'Exeter  (J.  de  Rol- 
land); le  marquis  de  Dorset  (J.  de  Beaufort);  les  comtes  de 
Stafford,  de  Salisbury  (J.  de  Montaigu),  de  Northumberland 


470  LIVRE  DIXIÈME. 

(Henri  Percy,  le  père),  de  Glocester  (Despenser),  de  Westmo- 
reland  (Nevil),  de  Worcester  (Th.  Percy),  le  comte  de  Wiltshire 
(W.  le  Scrop)  alors  trésorier,  le  comte  de  Suffolk  (Michel  de  la 
Po!e,  fils  de  l'ancien  chancelier);  les  sires  de  Grrey,  de  Ru- 
thyn,  de  Ferrers  de  Groby,  de  Lovell,  de  Gamoys;  M*".  J. 
Bussy,  M^  H.  Green,  M'.  J.  Riissel,  Robert  Teye.  {Rot.  Pari., 
t.  III,  p.  373,  §  89.)  —  Serment  du  peuple  présent  par  main 
levée  :  «  Quele  chose  feust  faite  et  assentuz  par  tout  le  poeple 
esteantz  en  présence  du  Roy.  {IbicL,  §  90.) 

Condamnation  de  Robert  Plesington,  mort.  Ibid.,  p.  384, 
§  13;  —  rfe  Henri  Bowet.  Ibid.,  p.  384,  §  14. 

Page  234,  note  a. 

Refroidissement  à  Végard  de  Richard.  Tournoi  donné  devant 
la  reine.  Froissart,  IV,  69.  Le  moine  d'Evesham  (p.  148)  parle 
pourtant  d'un  tournoi  très-nombreux  à  la  Noël  de  1398. 

Opposition  ouverte  des  Percy,  ibid.  Froissart  dit  qu'ils  furent 
condamnés,  ibid.^  70;  mais  les  actes  n'en  gardent  aucun  ves- 
tige. On  trouve  encore  à  la  date  du  26  novembre  1398,  des 
lettres  du  roi  qui  nomment  Henri  Percy,  fils  du  comte  de  Nor- 
thumberland,  gardien  de  la  marche  orientale  d'Ecosse,  nomi- 
nation confirmée  le  16  janvier  de  l'année  suivante.  (Rot.  Scot., 
t.  II,  p.  145  et  146.)  Condamnés  ou  menacés,  les  deux  sei- 
gneurs, au  dire  de  Froissart  (ibid.) y  écrivirent  au  roi  d'Ecosse 
pour  se  ménager  un  asile  auprès  de  lui. 

Bruits  répandus  en  Angleterre.  Froissart,  ibid.  Le  chroniqueur 
dit  que  le  roi  avait  envoyé  à  Calais  le  comte  de  Huntingdon  (J. 
de  Holland,  duc  d'Exeter)  :  c'est  W.  le  Scrop  qui,  par  un  acte 
du  24  février  1398,  reçut  pour  quinze  ans  la  garde  du  château 
de  Calais.  (Suppl.  Rymer,  Richard  II,  t.  V,  n"  76.  Coll.  Bré- 
quigny,  t.  LXXIX,  f**  244.)  On  ne  trouve  aucun  acte  qui  ait 
donné  au  comte  de  Huntingdon  autorité  dans  Calais,  et  il  y  en 
a  un  à  la  dalo  du  26  novembre,  qui  lui  donne  la  garde  de  la 
marche  occidendaie  d'Ecosse.  {Rot.  Scot.,  1.  il,  p.  145.)  Dans 
le  cours  des  deux  années  précédentes,  en  même  temps  que  la 
garde  de  la  marche  orientale  est  maintenue  à  Henri  Percy,  tils 
de  iSorthumberland,  on  voit  la  marche  occidentale  confiée  al- 
ternativement au  duc  d'Exeter  et  au  duc  d'Aumarie;  au  pre- 
mier, le  15  septembre  1396,  le  16  lévrier  lc97  et  le  26  n<3- 
vembre  1398;  au  second,  le  10  février  1398  elle  16  mars  1399, 


NOTES.  471 


Page  235,  note  a. 


L'archevêque  de  Canterbury  près  de  Derby.  Froissart,  IV,  71. 
Froissart  croit  que  larchevêque  de  Canterbury  tint  sa  mission 
des  mécontents  ;  et  il  le  fait  partir  de  Londres,  ce  qui  est  ma- 
nifestement une  erreur. 

Page  237,  note  a. 

Henri  de  Lancastre.  Froissart,  IV,  72.  L'historien  dit  que 
Henri  de  Lancastre  alla  par  la  Bretagne,  et  raconte  même  sa  con- 
férence avec  le  duc;  le  récit  du  Religieux  de  Saint-Denys  (XX, 
8)  qui  le  fait  passer  par  Boulogne,  quoique  moins  circonstancié 
est  plus  vraisemblable;  et  il  est  d'accord  avec  Otterbourne, 
(p.  202.)  Ni  W^alsingham  (p.  358  et  554),  ni  le  moine  d'Eves- 
ham  (p.  149)  ne  marquent  le  chemin  qu'il  prit. 

Traité  de  Henri  de  Lancastre  avec  le  duc  d^Orléans.  Paris, 
17  juin  1399.  Dumont.  Corps  diplom.y  t.  II,  p.  271,  et  Douet 
d'Arcq,  Pièces  inédites,  t.  I,  p.  157. 

Page  239,  note  a. 

Départ  du  roi  pour  f  Irlande.  Voyez  ci-après,  livre  XI,  p.  239. 
—  Walsingham  (p.  358)  nomme  l'évêque  de  Londres  au  lieu  de 
l'évêque  de  Saint-David,  parmi  ceux  qui  accompagnèrent  le  roi. 

L'évêque  de  Carlisle,  un  des  prélats  qui  l'accompagnent,  était, 
en  la  18^  année  de  Richard,  docteur  à  Oxford.  11  fut  nommé 
à  l'évêché  de  Carlisle,  malgré  le  chapitre,  lors  de  la  translation 
de  l'évêque  de  ce  siège  au  siège  de  Chichester  (1397.)  On  ne 
voit  point,  quoi  qu'en  dise  Stow  {Annal.,  p.  316),  qu'il  ait  pris 
aucune  part  au  procès  de  Glocester  et  d'Arundel.  Il  ne  figure 
dans  aucune  des  listes  de  ceux  qui  jurèrent  le  maintien  de  ces 
actes.  Il  n'en  fut  pas  moins  attaché  au  roi,  comme  on  le  verra 
par  la  suite.  Plusieurs  missions  lui  furent  confiées  en  1397  et 
en  1398.  (Rymer,  t.  VII,  p.  858,  et  t.  VIII,  p.  52.) 

Les  chapelains  Maudelein  et  Ferriby  dans  la  suite  du  roi, 
Rymer,  t.  VIII,  p.  78,  79.  (On  y  trouve  aussi  un  certain 
nombre  de  ménestrels  :  on  nomme  du  reste  des  ménestrels  avec 
des  trompettes  parmi  les  troupes  en  campagne).  —  Maudelein 
avait  reçu  par  la  faveur  du  roi  une  prébende  dans  l'église  de 
Derby,  diocèse  de  Lichiield  (1390).  (Rymer,  t.  VII,  p.  684.) 


472  LIVRE  DIXIÈME. 

C'est  h  lui  que  fut  confié  la  triste  mission  de  ramener  le  corps 
de  Glocester  à  sa  veuve.  {IblcL,  t.  YIII,  p.  21  et  24.  Voyez  ci- 
dessus,  p.  461.)Ferrihy  avait  été  employé  avecBussy  et  Green, 
comme  commissaires  de  la  trêve  avec  l'Ecosse.  {Rot.  Scot,  t.  II, 
p.  143  etsuiv.  ;  cité  dans  VArchœoL,  t.  XX,  p.  91,  note.)  On 
le  voit,  à  la  date  du  27  mai  1398,  chargé  par  le  roi  de  faire  un 
rapport  au  conseil.  {Proceedings^  t.  I,  p.  80.) 

Testament  de  Richard  i\^d.sn\  1398).  Rymer,  t.  YIII,  p.  75- 
78.  Son  inquiétude  sur  le  maintien  des  actes  de  sa  xxi^  et  de 
sa  xxii^  année,  perce  dans  les  dispositions  de  son  testament.  Il 
léguait  ses  joyaux  à  son  successeur,  à  la  condilion  qu'il  les  con- 
firmât :  sinon,  il  voulait  qu'ils  appartinssent  aux  ducs  de  Surrey, 
d'Aumarle  et  d'Exeter,  et  à  W.  le  Scrop,  comte  de  Wiltshire. 
On  lui  en  fait  un  crime  dans  l'article  31  de  l'accusation  dirigée 
contre  lui. 

Adieux  de  Richard  à  la  petite  reine,  Ms.  3884  (Ambassades), 
f"'  123-125. 


LIVRE  ONZIÈME. 


Page  242,  noie  a. 

Chronique  de  Creton.  Voyez  ce  que  nous  en  avons  dit  en  trai- 
tant des  sources  de  l'histoire  de  Richard  II,  t.  I,  p.  390.  L'au- 
teur témoigne  lui-même  de  l'attention  qu'il  a])portaità  ce  qui 
se  passait  autour  de  lui  dans  la  pensée  d'en  faire  l'histoire  : 

En  cel  estât  avec  eulx  clievauchoie, 
Et  tous  leurs  faiz  assez  je  rogardoie 

A  la  fin  tele 
Qu'en  aucun  temps  j'en  sceusse  nouvelle 
Dire,  et  comment  la  traison  mortelle 
Bien  tost  après  sensuy  moult  cruelle, 

Com  vous  orrez. 

(ArchœoL,  t.  XX,  p.  300,   et  Buclion,  p.  329.)  Son  récit  a  dû 
être  fait  avant  la  bataille  de  Shi-ewsbury  (21  juillet  1403 1:  car 


NOTES.  473 

on  n'y  trouve  aucune  allusion  à  la  mort  de  Thomas  Percy,  qui 
n'eût  pas  manqué  d'y  être  relevée.  L'éditeur  anglais  constate 
que,  sans  cette  chronique  et  celle  du  ms.  des  Ambassades  que 
nous  avons  déjà  citée,  l'histoire  des  derniers  temps  de  Ri- 
chard II  serait  mal  connue,  vu  les  erreurs  de  Froissart  et  la 
sécheresse  des  chroniqueurs  nationaux.  On  pourrait  excepter 
Hardyng.  Mais  Hardyng  (très-bref  d'ailleurs),  attaché  aux  Percy, 
n'a  souvent  raconté  que  d'après  le  dire  de  cette  famille,  et  n'é- 
chappe point  au  soupçon  de  partialité  qui  pèse  sur  les  autres. 
(Voyez  ArchœoL,  t.  XX,  p.  239-241.)  Quant  à  la  Chronique  tri- 
partite  de  Gower  qui  se  rapporte  à  ces  événements,  dans  sa 
Z"  partie,  les  faits  ont  de  la  peine  à  trouver  place  parmi  les  dé- 
clamations et  les  injures  dont  elle  abonde.  En  fait  d'histoire, 
tout  ce  qu'on  y  recueille,  c'est  que  le  roi  alla  en  Irlande,  qu'il 
revint  dans  le  pays  de  Galles  et  qu'il  fut  pris  ;  et,  si  l'on  veut 
savoir  que  penser  des  jugements  de  l'auteur,  voici  un  trait  qui 
en  donne  la  mesure.  Il  dit  que  c'est  en  prévoyant  le  retour  de 
Henri  de  Lancastre,  et  par  peur,  que  Richard  s'en  alla  en 
Irlande  : 

Tune  rex  Ricardus  lepus  est  et  non  leopardus. 
Ouem  timorastrinxit,  alibi  sua  robora  finxit; 
Hic  ducis  adventum  prœscivit  ab  ore  scientum, 
Quo  celer  exivit  et  Hibernica  régna  petivit. 

(Gower,  Chron.  trip.,  part.  m.  Polit,  poems,  t.  I,  p.  443.) 

Il  y  a  dans  le  recueil  des  Political  poems  and  songs,  un 
poëme  anglais  sur  la  Déposition  de  Richard,  écrit  au  moment 
même  de  sa  chute  et  avant  sa  mort,  à  ce  qu'il  semble.  On  y  voit 
l'arrivée  de  Henri,  le  grand  mouvement  qui  se  déclare  en  sa 
faveur;  et,  sous  forme  allégorique,  ou  plutôt  par  manière  de 
jeux  de  mots,  la  mort  des  trois  ministres,  Bussy,  Green  et  le 
Scrop.  Les  fds  de  l'Aigle  (Henri)  ont  battu  les  buissons  {bushes, 
Bussy),  ramassé  du  gibier  sur  le  gazon  {green^  Green),  dispersé 
les  lambeaux  (?)  {aile  the  schroff  and  shroup,  W.  le  Scrop.) 
L'Aigle  venu  par  l'Est  trouve  le  nid  de  la  perdrix  abandonné  : 
les  petits  lui  disent  comme  ils  ont  souffert  depuis  vingt-deux 
ans,  et  s'attachent  à  lui.  Les  partisans  du  Cygne  (Glocester), 
gémissant  de  l'avoir  perdu,  suivent  le  Faucon  (Henri  est  tout  k 
la  fois  le  faucon  et  l'aigle);  ils  déplorent  encore  le  coup  qui  a 
frappé  le  Cheval  (Arundel).  L'Ours  (Warwick)  est  rendu  k  la 
liberté.  Ils  se  réunissent  dans  une  prairie  et  maudissent  le  ma- 


474  LIVRE  ONZIEME, 


i 


réchal  (Thomas  Mowbray).  Puis  Fauteur,  laissant  l'allégorie, 
revient  à  Richard  ;  et  la  fin  comme  le  commencement  est  une 
diatribe  contre  son  mauvais  gouvernement,  ses  exactions,  ses 
injustices,  etc.  (Polit,  poems  and  songs,  t.  I,  p.  368-417.)  L'é- 
diteur a  fait  précéder  ce  petit  poëme  d'une  pièce  en  vers  latins, 
rimes  à  l'hémistiche,  et  où  les  règles  de  la  quantité  ne  sont  guère 
mieux  observées  que  celles  de  la  grammaire.  C'est  une  invoca- 
tion contre  les  ministres  de  Richard  et  un  appel  au  duc  de 
Lancastre.  Si  les  ministres  du  roi  n'ont  pas  encore  été  livrés 
au  supplice,  ils  n'en  sont  pas  loin  : 

Et  fac  tractari  falsos.et  decapitari. 

Scrope,  Bagge,  Ver,  Dumus  tormentorum  parât  humus. 

Dumus  estBussy  {bush^  buisson).  Ver  doit  tenir  lieu  de  Grreen. 
Nous  ne  prétendons  pas  que  Tauteur  ait  cherché  son  jeu  de 
mots  dans  le  français  {green,  vert);  mais  on  ne  voit  pas  trop 
par  quelle  réminiscence  il  se  reporterait  à  l'ancien  favori,  Ro- 
bert de  Vère,  mort  depuis  longtemps.  Il  fait  aussi  allusion 
aux  rapports  si  détestés  du  roi  avec  la  France  : 

Gallica  per  artes  nostras  vult  perdere  gentes. 

Il  est  si  confiant  dans  le  succès,  qu'on  peut  croire  l'affaire  déjà 
bien  engagée  quand  il  écrit  : 

Aquila  duxaustro  salvabit  nos  alabastro: 
*  lUius  csetum  praestet  Christus  fore  lœtum. 

{Politicat.  poems,  t.  I,  p.  366-^68.) 

Page  244,  note  a. 

État  de  VIrlande.  Voyez  ci-dessus,  p.  79,  elArcficeoL,  t.  XX, 
p.  16-19,  note.  —  Forces  du  roi.  Froissart  dit  qu'il  avait 
2000  lances  et  10  000  archers.  La  Chronique  anonyme 
(Ms.  des  Ambassades)  lui  donne  à  son  retour  d'Irlande 
32  000  hommes. 

Arrivée  du  roi  en  Irlande.  Les  divers  chroniqueurs  s'accor- 
dent assez  bien.  Le  roi  est  parti  (de  Londres  sans  doute)  vers  la 
Pentecôte,  selon  Walsiugham  (p.  357)  ;  immédiatement  après  la 
Pentecôte,  selon  le  moine  d'Evesham  (p.  148)  :  (la  Pentecôte 
fut  le    18  mai);  et  Greton  dit  qu'on  resta  dix  jours  à  Milford. 


NOTES.  4  75 

attendant  le  vent  favorable.  On  voit,  en  effet,  par  divers  actes, 
qu'à  partir  du  15  mai,  le  roi  est  aux  environs  du  lieu  d'embar- 
quement :  à  Haverford,  à  Milford  même,  ou  à  Pembroke  ;  il  y  a 
desactesdatésde  Milford  du  27  et  du  28.11  dut  partir  le  jeudi,  29. 
{Rotuli  liUer.  claus.  Introd.  gén.,  t.  I,  p.  15.  Cf.  Ryraer, 
t.  VIII,  p.  82.)  Avant  deux  jours  on  aperçoit  les  tours  de  Wa- 
terford.  On  y  débarque  le  samedi,  comme  le  dit  Holinshed, 
(Hîstory  of  Ireland,  p.  65),  le  31  mai,  et  non  le  V^  juin, 
comme  il  le  porte  par  une  erreur  ou  de  date  ou  de  jour.  (Voyez 
Creton,  dans  les  SuppL  de  Froissart,  t.  XIV,  p.  325,  326.)  On 
y  reste  six  jours,  et  quatorze  à  Kilkenny.  La  veille  de  la  Saint- 
Jean  ,  le  roi  entre  en  campagne  {ibid.,  p.  332-339).  Il  est 
moins  facile  d'accepter  la  chronologie  de  Greton  pour  le  reste. 
L'armée,  s'étant  avancée  dans  le  pays,  reste  onze  jours  sans 
trouver  à  renouveler  ses  provisions.  Le  roi  retournait  à  Du- 
blin, quand  Mac-Morogh  lui  fait  des  propositions  de  paix.  On 
lui  envoie  le  comte  de  Glocester  :  mais  l'accord  ne  peut  se  con- 
clure. Le  roi  reprend  donc  la  route  de  Dublin,  où  le  duc  d'Au- 
marle  (Rutland)  arrive  au  bout  de  quinze  jours  ;  ce  qui  mène 
vers  la  fin  de  juillet.  Greton  dit  ensuite  qu'on  fut  environ  six 
semaines  sans  recevoir  nouvelles  certaines  d'Angleterre.  Ge 
n'est  pas  Rutland  qui  apporte  la  nouvelle  du  débarquement  de 
Henri  de  Lancastre  ;  et  d'autre  part  on  ne  peut  compter  ces  six 
semaines  à  partir  de  son  arrivée,  car  cela  rejetterait  au  moins  à 
la  fin  d'août.  Or,  Richard  dès  le  20,  comme  on  le  verra  plus 
loin,  était  déjà  aux  mains  de  son  rival. 

Page  245,  note  a  {omise). 

Débarquement  de  Henri  de  Lancastre.  Ms.  3884,  f*»  125,  verso. 
Wals.,p.  358,  et  M.  Evesh.,p.  151,  152;  Otterbourne,  p.  203; 
Gontin.  Groyland,  p.  494.  G'esl  Walsingham  (p.  358)  qui  en 
marque  la  date  à  la  Saint-Martin  d'été  (juillet).  Le  moine  d'E- 
vesham  la  fixe  à  la  Saint-Jean  (p.  151).  Un  peu  auparavant 
(p.  149),  il  avait  dit  que  vers  la  Saint- Jean  Richard  apprit 
l'arrivée  de  Henri  de  Lancastre.  Il  faut  évidemment  rapporter 
cette  date  à  l'arrivée  du  prince  en  Angleterre,  et  non  à  la  nou- 
velle qu'on  en  reçut  en  Irlande.  Froissari  n'indique  pas  mieux 
l'itméraire  de  Henri  en  Angleterre,  que  sa  rouie  à  travers  la 
France.  De  Bretagne  il  le  fait  aller  à  Plymouth;  de  Plymoulh 
à  Londres,  et  de  Londres  à  Bristol  (IV,  73). 


476  LIVRE  ONZIEME. 


Page  248,  note  a. 

But  avoué  de  l'entreprise  de  Henri.  «  Ad  petendum  hœredi- 
9  tatem    suam....  Qui  omnes  uno  voto  statuerunt  in  primis 
«  persequiRegis  malos  consiliarios  antedictos.  »  (Wals.,p.  358.] 
—  Ténwignage  des  Percy  dans  leur  manifeste:  «  Quando  tu  posi 
«  exilium  tuum  Angliam  intrasti,   apud  Doncastre  tu  jurastil 
«  nobis  supra  sacra  Evaugelia  corporaliter  per  te  tacta  et  oscu-- 
«  lata  juxta  clamare  regnum,  seu  regium  statum,  nisi  solum- 
«  modo  hœredilatem  tuam  propriam  et   hsereditatem  uxoris 
«  tuœ  in  Anglia,  et  quod  Ricardus  dominus  nosler  rex  ad  tune 
«  regnaret  ad  terminum  vitœ  suœ,  gubernatusper  honum  consi- 
«  lium  dominorum  spiritualium  et  teinporalium.  »  (Extrait  d'un 
Ms.  de  la  chronique  de  Hardyng,  publié  dans  VArchœol.,  t.  XYI, 
p.  140.)  C'est  sans  doute  de  ce  témoignage  que  s'appuie  Har- 
dyng, lorsqu'il  dit,  en  son  propre  nom,  dans  sa  chronique  : 

a  There  swore  the  duke  upon  the  sacrament 
So  claime  no  more,  but  his  mothers  héritage, 
His  fathers  landes  and  his  wifes  in  good  entent; 
And  to  laye  downe  bothe  taxe  and  tallage, 
Whiles  he  might  live,  but  if  the  baronage 
And  ail  the  states,  somonned  in  parliament, 
Thought  it  nedefull  and  therto  whole  assent. 

He  swore  also,  the  Kyng  in  gouvernaunce 

To  be  put  by  good  and  hole  provision, 

And  Chesshyre  men,  for  theyr  mi>governance, 

To  voye  out  of  his  house  of  evvill  condicion, 

And  officers  of  good  disposicion 

To  rule  his  house,  Hke  his  estate  royall. 

Thus  was  his  othe  there  made  in  spécial.  » 

(Hardyng,  Chron.,  ch.  195,  f"  196.)  Mais  quelle  que  soii  la  par- 
tialité de  ces  documents,  on  peut  dire  que,  sur  ce  point  spécial, 
il  sont  conformes  au  témoignage  précédemment  cité  de  Wal- 
singham. 

Progrès  de  Henri.  Wals.,  p.  358;  M.  Evesh.,  p.  151-152. 
Sur  la  marche  de  Henri,  de  Pomfret  à  Rerkley,  par  les  comtés 
de  Derby,  Nottingham,  Warwick  et  Glocester,  voyez  ArchœoL, 
t.  XX,  p.  54  et  62,  notes.  Il  ne  nous  paraît  pas  probable,  qnoi 
qu'en  dise  l'auteur,  revenant  à  Froissart,  qu'il  soit  allé  dès  Jorn 
à  Londres, 


NOTES.  477 

Page  250,  note  a. 

\V.  le  Scrop  à  Douvres.  Relig.  de  Saint-Denys,  XX,  8.  — 
Préparatifs  du  duc  d'York,  Ms.  3884,  f°  128,  129.  Le  ms.  pu- 
blié par  Buchon  (p.  23)  porte  40  000  archers  au  lieu  de  60  000. 
Nul  assurément  ne  les  compta.  —  Mouvements  du  duc  d'York^ 
cf.  Wals.,  p.  358.  M.  Evesh.,  p.  152  ;  Oiterbourne,  p.  203.— 
Accord  du  duc  d'York  et  de  Henri  de  Lancastre.  Ms.  3884, 
f°  128,  129;  Wals.,  p.  358;  M.  Evesh.,  p.  152;  Otterbourne, 
p.  204.  Greton  s'abstient  de  parler  de  cet  événement,  dont  il 
n'a  pas  été  le  témoin. 

Le  chic  d'York  dans  Shakespeare.  Shakespeare  dans  une  scène 
précédente  (II,  2),  a  peint  le  trouble  du  duc  d'York  en  apprenant 
le  débarquement  et  la  marche  de  Henri.  Le  prétendant  arrive  : 

Mon  noble  oncle  !...  (il  met  un  genou  en  terre). 

York.  C'est  ton  cœur,  et  non  ton  genou  qui  doit  fléchir.  Je  ne  vois  là 
qu'un  respect  hypocrite  et  trompeur. 

BoLiNGBROKB  (Henri).  Mon  gracieux  oncle!... 

York.  Bah!  bahl  il  n'y  a  pas  de  grâce  ni  d'oncle  qui  tienne.  Je  ne  suis 
pas  l'oncle  d'un  traître;  et  le  mot  grâce  dans  une  bouche  sacrilège  est  un 
mot  profané.  Comment,  malgré  l'arrêt  qui  te  bannit,  ton  pied  a-t-il  osé 
toucher  la  poussière  du  sol  d'Angleterre?  Comment,  foulant  le  sein  pai-- 
sible  de  la  patrie,  as-tu  osé  venir  si  loin,  effrayant  nos  villages  consternés 
par  l'appareil  de  la  guerre  et  des  démonstrations  hostiles  que  je  méprise? 
Est-ce  l'absence  du  souverain  légitime  qui  t'a  enhardi  à  venir?  Jeune  in- 
sensé, le  roi  est  présent,  et  dans  mon  cœur  loyal  son  autorité  réside.  Si 
j'avais  en  ce  moment  la  vigueur  de  la  jeunesse,  comme  le  jour  où  le  brave 
de  Gand,  ton  père,  et  moi,  nous  dégageâmes  le  prince  Noir,  ce  jeune 
Mars  terrestre,  des  rangs  de  plusieurs  milliers  de  Français,  oh!  comme 
ce  bras,  aujourd'hui  paralysé  par  l'âge,  aurait  bientôt  puni  ton  audace  et 
châtié  ton  offense  ! 

BoLiNGBROKE.  Mou  gracieux  oncle,  faites-moi  connaître  ma  faute.  Quelle 
est  sa  nature  et  en  quoi  consiste-t-elle? 

York.  Elle  est  de  la  nature  la  plus  grave  :  c'est  une  rébellion  au  premier 
chef,  une  trahison  détestable.  Tu  es  banni,  et  voilà  que  tu  viens,  avant 
que  le  temps  de  ton  exil  soit  expiré,  porter  les  armes  contre  ton  sou- 
verain! 

Bolingbroke.  Ce  fut  Hereford  qui  fut  banni  en  ma  personne;  c'est  Lan- 
castre qui  revient  maintenant.  Mon  noble  oncle,  je  supplie  Votre  Altesse 
d'examiner  mes  torts  d'un  œil  impartial.  Vous  êtes  mon  père;  car  il  me 
semble  voir  revivre  en  vous  le  vénérable  de  Gand.  Eh  bien  donc,  ô  mon 
père!  souffrirez-vous  qu'injustement  condamné,  je  ne  sois  qu'un  malheu- 
reux errant  et  vagabond?  qu'on  m'arrache  violemment  mes  droits  et  mes 
titres  souverains  pour  les  donner  à  des  parvenus  indigents?  Pourquoi 
suis-je  né?  Si  mon  cousin  est  roi  d'Angleterre,  eu  vertu  du  même  titre  je 
suis  duc  de  Lancastre.  Vous  ave/  un  fils,  Auraale,  mon  noble  parent.  Si 


478  LIVRE  ONZIÈME. 

vous  étiez  mort  le  premier ,  et  qu'il  eût  été  opprimé  comme  moi,  dans  soi 
oncle  de  Gand  il  eût  trouvé  un  père  qui  eût  épousé  sa  querelle  et  l'eût 
soutenu  jusqu'au  bout.  On  me  défend  de  revendiquer  ici  mon  patrimoine;] 
et  pourtant  j'y  suis  autorisé  par  mes  lettres  patentes.  Les  biens  de  moril 
père  ont  été  saisis  et  vendus,  et  le  prix  en  est  employé  en  dépenses  sans! 
utilité.  Que  vouliez-vous  que  je  fisse?  Je  suis  un  sujet,  et  je  réclame  le 
bénéfice  de  la  loi.  On  me  refuse  des  procureurs;  je  suis  donc  obligé  de 
venir  en  personne  décliner  mes  titres  à  l'héritage  de  mes  pères. 

NoRTHUMBERLAND.  Le  noble  duc  a  été  trop  indignement  traité. 

Ross.  Il  est  de  l'intérêt  de  Votre  Altesse  que  justice  lui  soit  rendue. 

WiLLOiiGHBY.  Des  hommes  de  rien  sont  enrichis  de  ses  dépouilles. 

York.  Lords  d'Angleterre,  écoutez-moi  :  J'ai  ressenti  les  injures  de  mon 
neveu,  et  j'ai  employé  tous  mes  efforts  pour  lui  faire  rendre  justice;  mais 
venir  ainsi,  les  armes  à  la  main,  se  faire  à  lui-même  justice,  et  poursuivre 
un  but  légitime  par  des  moyens  coupables,  cela  ne  se  doit  pas;  et  vous 
qui  le  soutenez  en  ceci,  vous  faites  de  la  révolte,  et  vous  êtes  tous  des 
rebelles. 

NoKTHUMBERLAND.  Le  noble  duc  a  juré  qu'il  vient  seulement  réclamer 
ce  qui  lui  appartient  :  c'est  son  droit,  et  ce  droit,  nous  avons  solennelle- 
ment juré  de  l'appuyer;  et  qu'il  dise  à  jamais  adieu  au  bonheur,  celui  qui 
enfreindra  ce  serment! 

York.  Allons,  je  vois  quelle  sera  l'issue  de  cette  prise  d'armes.  Je  ne 
puis  y  remédier,  je  l'avoue  :  car  les  moyens  qui  m'ont  été  laissés  sont  trop 
faibles;  mais  si  j'en  avais  le  pouvoir,  j'en  jure  par  celui  qui  m'a  donné  la 
vie,  je  vous  ferais  tous  arrêter  et  vous  obligerais  d'implorer  la  clémence 
du  roi.  Mais  puisque  je  n'en  ai  pas  la  force,  sachez  que  mon  intention 
est  de  rester  neutre.  Sur  ce,  adieu,...  à  moins  pourtant  qu'il  ne  vous 
plaise  d'entrer  dans  le  château  et  de  vous  y  reposer  cette  nuit. 

BoLiNGBROKE.  Mou  oncle,  nous  acceptons  votre  offre;  mais  il  faut  que 
Votre  Altesse  consente  à  nous  accompagner  au  château  de  Bristol,  occupé, 
dit-on,  par  Bushy,  Bagot  et  leurs  complices,  ces  chenilles  de  l'État,  dont 
je  veux  purger  le  pays,  et  que  j'ai  juré  de  détruire. 

York.  Il  est  possible  que  j'aille  avec  vous....  Toutefois,  je  veux  y  réflé- 
chir; car  j'hésite  à  enfreindre  les  lois  de  mon  pays.  Vous  n'êtes  pour  moi 
ni  des  amis,  ni  des  ennemis.  Toutefois,  soyez  les  bienvenus.  Le  mal  est 
sans  remède  ;  je  n'y  veux  plus  songer.  (Ils  s'éloignent.) 

Avant  cet  accord,  le  marquis  de  Dorset  (J.  de  Beaufort),  frère 
légitimé  de  Henri,  était  venu  se  joindre  à  sa  cause.  Northum- 
berland  et  Henri  Percy  voulaient,  dit- on,  le  tuer  :  mais  H.  de 
Lancastre intervint,  disant  qu'il  avait  toujours  été  son  ami;  et 
il  montra  les  lettres  qu'il  en  avait  reçues  en  France.  (Ms.  3884, 
f°129.) 

Page  251,  note  a. 

H,  de  Lancastre  agissant  comme  drjà  maître.  M.  Evesh., 
p.  152.  A  Berkley,  il  fît  arrêter  l'évêque  de  Norwich,  sir  W. 
Elmham  et  Burleigh,  chevaliers,  Laurent  Drew  et  J.  Golofre, 


NOTES.  479 

écuyers,  attachés  à  la  maison  du  roi.  (Jbid.,  p.  153,  et  Archwol.^ 
t.  XX.  p.  65,  note.) 

Parg  251,  note  a  (bù). 

Affaire  de  Bristol.  Ms.  3884,  f"  129;  Religieux  de  Saint- 
Denys,  xx,  8;  Wals.,  p.  358, M.  Evesh.,  p.  153;  Otterbourne, 
p.  205;  Gontin.  Groyl.,  p.  494;  Hardyng,  p.  195;  Gower, 
Chron.  trlparî.  (Polit.  Poems,  t.  I,  p.  444)  : 

Ense  repercussi  pereunt  Scrop,  Greueque,  Bussy,  etc. 

Nous  avons  cité  la  pièce  de  vers  latins  sur  l'arrivée  de  Henri  ; 
une  autre,  en  vers  anglais,  épuise  toutes  les  manières  de  jouer 
sur  les  noms,  et  (on  le  peut  dire)  avec  les  têtes  des  conseillers 
de  Richard,  Bussy,  Green,  le  Scrop  et  même  Bagot,  qui  du 
reste  échappa.  (Voy.  Polit,  poems  and  Songs,  1. 1.  p.  363-366.) 

Il  y  a  beaucoup  d'obscurité  sur  les  premiers  actes  de  cette 
lutte.  Les  chroniqueurs  français  qui  ont  raconté  cette  histoire 
sont  en  Irlande.  Le  Religieux  de  Saint-Denys  plus  loin  encore, 
et  les  chroniqueurs  anglais  ne  paraissent  pas  plus  sûrement 
informés.  Walsingham  dit  que  les  conseillers  de  Richard  fuirent 
à  Bristol;  le  Religieux  de  Saint-Denys,  qu'ils  y  furent  envoyés; 
et  le  Ms.  3884,  qu'ils  n'occupèrent  que  la  ville  :  le  capitaine 
du  château  ayant  déclaré  qu'il  le  tenait  pour  Henri.  Le  Religieux 
de  Saint-Denys  ajoute  que  Bristol  était  déjà  pris,  et  les  mi- 
nistres aux  mains  de  Henri,  quand  York  fit  son  accord;  les 
autres,  que  l'accord  d'York  précéda,  et  que  la  ville  se  rendit  à 
la  sommation  de  ce  prince. 

Page  252,  note  a. 

Le  vieux  duc  de  Lancastre  invoqué  contre  son  fils.  Il  avait, 
comme  sénéchal  d'Angleterre,  pris  part  à  sa  condamnation, 
autant  qu'on  en  peut  juger  par  le  manifeste  que  l'archevêque 
d'York  lança  plus  tard  en  se  révoltant  contre  le  même  Henri  : 
«  Per  sententiam  domini  régis  Ricardi ,  domini  Johannis,  ducis 
«  Lancastriœ,  patris  sui,  populorumque  (sic)  dominorum  tem- 
«  poralium  et  regni  procerum  voluntatem,  et  consensum  suum, 
«  saltem  verbo-tenus  ab  eisdem  dominis  expressatum,  juratus 
c<  denonredeundo  vel  remeando  in  regnum  Anglise,  priusquam 
«  gratiam  regiam  obtinuisset  ethabuisset.  »  (Angl.  sacra,  P.  II, 
«  p.  363.)  —  Le  jeune  Henri  fait  chevalier  par  Richard.  Gre- 


^80  LIVRE  ONZIEME. 

ton,  p.  328.  —  Conversation  du  roi  el  du  prince.  OUerboiirne, 
p.  205,  206,  cité  dans  VArchœoL,i.  XX,  p.  31.) 

Page  2.Ô4,  note  a  {omise). 

Départ  de  Salisbury,  emmenant  le  poète  Creton  (p.  345).  Il 
était  poëte  lui-même.  Christine  de  Pisan  l'appelle  «  gracieux 
chevalier  aimant  dictiez  et  lui-même  gracieux  dicteur.  »  Il  éle- 
vait avec  ses  propres  enfants  le  fils  de  celte  femme  célèbre. 
Henri,  après  la  mort  de  Salisbury,  voulait  retenir  le  jeune 
homme  près  de  lui,  et  invita  sa  mère  à  venir  elle-même.  Elle 
déclina  cette  offre.  {Archœol.,i.  XX,  p.  72,  note.) 

Marche  de  Lancastre.  M.  Evesh.,  p.  154,  et  ArchœoL,  t.  XX, 
p.  63,  note.  —  Les  hommes  de  Chester.  Voyez  ci-dessus, 
p.  215,  et  Rymer,  t.  VIII,  p.  14;  M.  Evesh.,  p.  133;  Wals., 
p.  354.  —  Familiarité  de  Richard  avec  eux.  «  In  tantam  fami- 
«  liaritatem  domino  régi  annectebantur,  ut  eidem  in  materna 
•«  lingua  confabularentur.  »  (Suit  un  trait  dans  ce  dialecte.) 
(Ghron.  de  Kenilsworth,  citée  dans  VArchœoLj  t.  XX,  p.  63, 
note.)  —  Le  comté  de  Chester  érigé  en  principauté,  et  réservé  ex- 
clusivement, comme  la  principauté  de  Galles,  aufds  aîné  du  roi. 
(25  septembre  1397)  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  354,  et  stat.  21 
Richard  II,  c.  ix;  Stat.  of  the  Realm,  t.  II,  p.  100.  —  Dépula- 
tion  des  gens  de  Chester  à  Shrewsbury  ;  entrée  de  Henri  à  Ches- 
ter.U.  Èvesh.,  p.  154. 

Page  255,  note  a. 

Salisbury  à  Comvay.  Creton,  p.  345-350.  Le  poëte  saisit 
cette  occasion  pour  rendre  hommage  à  tous  les  mérites  de  Sa- 
lisbury : 

Grand  mal  m'en  fist  certes....  Car  je  l'aimay 
Parfaitement,  pource  que  de  cuer  vray 
Amoit  François; 

Et  si  estoit  humble,  doux  et  courtois, 
En  tous  ses  fais,  et  de  chacun  la  vois 
A  voit  d'estre  loyal  en  tous  endrois, 
Et  bien  preudoms; 

Moult  largement  donnoit,  et  de  preulx  dons; 
Hardi  estoit,  et  fier  comme  lions; 
Et  si  faisoit  balades  et  chançons. 
Rondeaux  et  lais, 


NOTES.  481 

Très-bien  et  bel;  si  n'estoit-i]  qu"boras  lais. 
Non  obstant  ce,  estoïent  tous  ses  fais 
Si  gracieux  que  je  croy  que  jamais 
De  son  pays 

N'istra  homme  où  Dieux  ait  tant  de  biens  mis 
Comme  en  celui  :  son  ame  en  paradis 
Puist  estre  mise  avec  les  sains  tous  dis, 
Car  laidement 

L'ont  fait  mourir  depuis  à  grant  tourment 
Comme  martyr.... 

(Buchon,  t.  XIV,  p.  350,  351.) 

Page  257,  note  a. 

Retour  de  Richard.  Ms,  3884,  f"  133,  et  Relig.  de  Saint- 
Denys,  XX,  9.  Le  moine  d'Evesham  (p.  149)  dit  qu'il  débarqua 
près  du  château  de  Herstool  vers  la  Saint-Jacques  (25  juillet), 
qui  est  le  temps  où  il  fixe  aussi  l'accord  de  Henri  et  d'York 
(p.  152);  la  Chronique  anonyme  (Ms.  3884,  f°  133  recto),  le 
-13  août.  C'est  entre  ces  deux  dates  que  le  jour  doit  être  cher- 
ché. Creton,  sans  fixer  d'époque  précise,  marque  des  inter- 
valles dans  la  suite  des  événements  ;  mais,  dans  cette  seconde 
partie  comme  dans  la  première,  on  est  forcé  de  les  réduire 
pour  renfermer  l'histoire  dans  la  période  dont  les  deux  termes 
nous  sont  fixés  par  les  actes  :  29  mai,  jour  où  Richard  est  en- 
core à  Milford,  prêt  à  partir  pour  l'Irlande;  20  août,  jour  où 
il  est  entre  les  mains  de  Henri. 

Il  y  a  un  acte  qui  semble  témoigner  de  la  présence  du  roi  à 
Wallingford  à  la  date  du  3  août  :  c'est  la  nomination  de  Pierre 
de  Gourtenai  aux  fonctions  de  capitaine  de  Calais  (Rymer, 
t.  YIII,  p.  83).  Il  n'est  pas  possible  d'admettre  que  Richard  fût 
en  ce  lieu  à  cette  date.  Faut-il  lire  «  Milford?  »  ou  faut-il  sup- 
poser que  Henri,  ayant  déjà  rallié  à  lui  le  duc  d'York,  lieute- 
nant du  roi  en  son  absence,  ait  nommé  le  capitaine  de  Calais 
au  nom  de  Richard,  comme  si  Richard  lui-même  était  présent  : 
teste  rege  et  per  ipsum  regem?  Tout  ce  que  l'on  peut  dire, 
c'est  que  Pierre  de  Courtenai  ne  lui  était  point  désagréable  : 
car  il  le  nomma,  en  son  propre  nom,  capitaine  de  Calais  pour 
six  ans  dès  son  avènement  au  trône  le  2  novembre  1399.  (Ry- 
mer, suppl.  Henri  /K,  t.  I,  n°  31  ;  Coll.  Rréquigny,  t.  LXXIX, 
f"  260.) 

On  peut  être  étonné  des  difficultés  que  Richard  trouva  pour 

11  —  31 


482  LIVRE  ONZIEME. 

son  retour.  Comment  la  flotte  qui  l'avait  amené  en  Irlande 
n'a-t-elle  pas  suffi  à  le  ramener  en  Angleterre?  Elle  avait  ét(' 
laissée  à  Waterford,  et  probablement,  selon  l'usage,  la  plupart 
des  vaisseaux,  pris  par  réquisition,  avaient  été  renvoyés  après 
le  débarquement.  Il  fallut  donc  en  recruter  d'autres.  (Voy. 
ArchseoL,  t.  XX,  p.  56,  note.)  —  Bichard  renonce  à  la  lutte. 
Wals.,  p.  358,  et  M.  Evesh.,  p.  150.  Le  moine  d'Evesham  est 

-fort  peu  touché  de  cette  scène  qu'il  raconte.  Il  en  prend  occa- 
sion d'injurier  Richard  :  a  Sed  tu,  Domine  rex,  quid  jam  factu- 
«  ruses?...  Ubi  suntjam  consiliarii,  imo  falsi  deceptores  tui?... 
«  Ubi  sunt  nunc  divitiee  illse  pro  quibus  congregandis  tuum  po- 
cc  pulum  per  regnum  Angliae  ultra  modum  vexasti?  »  (P.  151.) 
A  en  croire  cette  version,  le  sénéchal  Thomas  Percy  n'eut  pas 
même  le  secret  de  sa  retraite.  L'ayant  apprise  le  matin,  il  ras- 
sembla les  troupes,  brisa  devant  elles  le  bâton  de  commande- 
ment, et  les  renvoya  chacun  chez  soi.  On  verra  plus  loin  si  le 
départ  de  Richard  était  vraiment  un  abandon  de  son  armée. 

—Le  même  auteur  dit  à  tort  que  le  duc  de  Surrey  s'en  alla  avec 
Rutland  et  Th.  Percy  rejoindre  Henri  de  Lancastre.  Otter- 
bourne,  contrairement  à  Walsingham,  qu'il  copie  d'ordinaire, 
et  au  moine  d'Evesham,  dit  que  Richard  se  proposait  de  com- 
battre; mais  c'est  pour  ajouter  que,  craintif  comme  il  était,  il 
ne  l'osa,  et  en  remit  le  soin  à  Thomas  Percy  pour  fuir  lui- 
même  :  «  Sed  quia  meticulosus  erat  et  timidus,  etc.»  (P.  206.)- 

Page  260,  note  o. 

Richard  part  pour  Conway.  Greton,  p.  352.  Le  moine  d'E- 
vesham dit  qu'il  vint  à  Flint,  d'où  il  fut  mené  à  Conway  (p.  154); 

^-Walsingham,  qu'il  vint  à  Convvay,  d'où  il  fut  mené  à  Flint.  Le 
Religieux  de  Saint-Denys  suit  le  même  ordre  que  Walsingham. 

_Le  continuateur  de  Croyland  et  Froissart  font  aller  tout  d'abord 
Richard  à  Flint;  mais  c'est  là  qu'ils  placent  son  entrevue  avec 
Lancastre,  et  c'est  de  là  qu'ils  le  font  partir  avec  lui  :  en  sorte 
que  l'on  peut  dire  qu'ils  confirment  la  tradition  de  Walsin-' 

__gham.  On  peut  donc  croire  qu'il  y  a  une  transposition  dans  le 
texte  du  moine  d'Evesham.  —  Si  l'évêque  de  Lincoln,  Henri  de 
Beaufort,  partit  de  Milford  avec  Richard,  il  ne  paraît  point  être 
allé  avec  lui  jusqu'à  Conway,  ou  du  moins  il  n'y  resta  guère. 
On  cesse  de  le  voir.  Il  reparaîtra  à  la  cour  de  Henri  son  frère, 
et  plus  encore  à  celle  du  fils  et  du  petit-fils  de  Henri,  comme 


NOTES.  483 

évêque  de  Winchester,  et  cardinal  d'Angleterre.  L'éveque  de 
Saint -David,  le  comte  de  Glocester,  ne  se  retrouvent  pas  davan- 
tage à  Gonway.  Parmi  ceux  qui  accompagnèrent  Richard,  ou 
compte  encore  les  Gallois  Owen  Glendowr  et  Gwillin  ap  Tii- 
dor.  (Voy.  ArchœoL,  t.  XX,  p.  147,  note.) 

L armée  dispersée.  Selon  le  Ms.  3884,  f°  133,  d'accord  avec 
le  moine  d'Evesham  et  Otterbourne,  ce  fut  non  Rutland,  mais 
Th.  Percy  qui  licencia  l'armée.  —  Pillage  du  trésor  par  les 
soldats,  et  spoliation  des  soldats  par  les  Gallois,  Greton,  p.  358; 
Wals.,  p.  358;  M.  Evesh.,  p.  150.  Une  partie  fut  recouvrée 
par  Henri  de  Lancastre  (4  nov.  1400,  et  4  nov.  1402.  Rymer, 
t.  VIII,  p.  162  et  281).  —Rutland  et  Th.  Percy  auprès  de 
Henri  de  Lancastre.  Greton,  p.  361, 

Page  261 ,  note  a. 
Richard  à  Conway.  Greton,  p.  361. 

Mon  compagnon  et  moi  fûmes  droit  là, 


Car  vrayement 
Nous  ne  fûmes  que  seize  seulement , 
A  compter  tout,  nobles  et  autre  gent. 

(P.  366.) 
—  Plaintes  de  Richard,  p.  355,  356. 

Page  262,  note  a. 

Le  roi  apprend  la  dispersion  de  l'armée  de  Milford.  Greton, 
p.  368.  —  Le  roi  à  Beaumaris.  Ibid.,  p.  370;  —  à  Caernar- 
von.  Ihid.;  —  retour  à  Conway,  p.  371;  —  ses  plaintes ^ 
p.  371-373: 

Ainsi  disoit  le  roy  Richart  souvent, 
En  soupirant  de  cuer  piteusement, 

Tant  que  par  m'ame, 
Plus  de  cent  fois  en  getay  mainte  larme. 

Dans  ces  jours  d'angoisse,  sa  pensée  se  reportait  sur  la  pe- 
tite reine  : 

«  Las  I  Ysabel,  droite  fille  de  France, 
Vous  soûliez  estre  ma  joye  et  m'esperance, 

Et  mon  confort. 
Or  Yoy-je  bien  que  par  le  grant  effort 


484  LIVRE  ONZIEME. 

De  fortune,  qui  a  maint  homme  mort, 
M'estuet  de  vous  eslongier  a  grant  tort; 

Parquoy  j'endure 
Au  cuer  souvent  une  douleur  si  dure.... 

Et  si  voy  bien  qu'il  n'est  nul  qui  se  faigne 
De  me  faire  desplaisir  et  engaigne. 
Elas!  chacun  me  mort  ou  me  dehaigne  : 

Or  en  soit  Dieux 
Loué  qui  est  là  sus  en  ses  saints  cieulx.  » 

(P.  37.3.) 

Page  263,  note  a. 

Exeter  et  Surrey  auprès  de  Henri,  Greton,  p.  374-378.  Selon 
la  Chronique  anonyme,  Henri,  après  avoir  conversé  h  part  avec 
le  duc  d'Exeter,  lui  dit  en  le  quittant  :  «  Vous  ne  retournerez 
point  devers  monsieur  le  Roy  jusques  à  temps  que  j'aurois  nou- 
velles du  comte  de  Northombelland,  lequel  j'envoie  par  devers 
lui  pour  nous  mettre  à  accord.  —  Je  ne  l'ai  pas  rencontré.  »  Le 
comte  allait  partir,  et  on  verra  à  quelle  fin  (Ms.  3884,  f"  132 
verso,  et  f""  133).  L'auteur  parle  comme  Creton  des  insignes 
de  Henri  imposées  à  Jean  de  Holland.  Les  insignes  des  Lan- 
castres  étaient  l'Antilope  et  la  Rose  rouge,  la  Queue  de  Renard^  f^-^?^» 
le  Cygne  d'argent,  au  col  et  à  la  chaîne  d'or.  Henri  portait 
l'Antilope  et  le  Cygne,  brodés  sur  velours  vert  et  bleu,  dans  son 
harnais,  quand  il  entra  en  lice  contre  le  duc  de  Norfolk  à  Co- 
ventry.  {ArcIicToL,  t.  XX,  p.  106,  note.) 

Page  265,  note  a. 

Embûches  dressées  par  Northumherland .  Greton,  p.  386.  — 
Norîhumberland  devant  Richard.  Ibid.,  p.  388-392.  Cf.  Ms. 
3884,  et  Relig.  de  Saint-Denys,  XX,  9  :  il  dit  que  Henri  avait 
employé  la  force  pour  contraindre  le  duc  d'Exeter  à  signer  ces 
lettres.  —  On  a  vu  comment  le  titre  de  sénéchal  d'Angleterre 
était  venu  héréditairement  à  Jean  de  Gand.  (Voy.  ci-dessus, 
t.  I,  p.  403.)  Henri  pour  le  reprendre  n'avait  pas  attendu  que 
Richard  le  lui  rendit  :  on  le  voit  par  un  acte  de  lui,  du  10  août, 
23  R.  II  (1399),  cité  dans  Madox,  Formul.  anglic,  p.  327. 
Devenu  roi,  il  conféra  cet  office  à  Thomas,  son  second  fils,  et 
lit  Thomas  Percy  lieutenant-sénéchal  pendant  la  minorité  du 
jeune  prince.  (Voy.  Archœol.j  t.  XX,  p.  133,  note.) 


NOTES.  485 


Page  268,  note  a. 

Serment  de  Northumherland,  Greton,  p.  395,  396,  et  Ms. 
3884,  1°  135;  cf.  Relig.  de  Saint-Denys,  XX,  9.  Hardyng  par- 
lant de  l'entrevue  (ch.  cxcv,  f"  196),  supprime,  comme  on  pou- 
vait s'y  attendre,  tout  ce  qui  pourrait  paraître  trahison.  On  a 
tenté  d'effacer  ou  de  diminuer  au  moins  l'odieux  de  ce  parjure, 
en  disant  que  Northumberland  ne  croyait  pas  travailler  à  la 
déposition  de  Richard.  Henri,  en  effet,  comme  on  l'a  vu,  n'a- 
vait pas  encore  dévoilé  ses  desseins  ;  et  on  pouvait  croire  qu'il 
ne  voulait  pas  autre  chose  que  ce  qu'avait  fait  Glocester  en  la 
XP  année  du  roi  :  prendre  le  gouvernement  avec  l'appui  du 
parlement,  sacrifier  les  ministres  (il  n'avait  pas  attendu  le  par- 
lement pour  le  faire  à  l'égard  des  plus  compromis),  mais  res- 
pecter le  roi;  et  plus  tard  les  Percy  protestèrent  qu'ils  n'avaient 
jamais  voulu  autre  chose  (voy.  Hardyng,  ch.  cxcv,  f"  195,  et  les 
observations  consignées  dans  la  note  de  VArchœoL,  qui  le  cite, 
t.  XX,  p.  183-187).  Mais  le  vieux  comte  savait  bien  que  Henri 
voulait  s'emparer  de  la  personne  de  Richard,  pour  le  traiter 
désormais  en  prisonnier  plutôt  qu'en  roi;  et  l'embuscade  que 
lui-même  avait  dressée  suffit  pour  prouver  son  parjure. 

Page  269,  note  a. 

Invitation  à  partir  : 

Car  je  sçay  bien  que  le  duc  grant  envie 
A  de  savoir  si  la  paix  est  bastie. 

(Creton,  p.  397.) 

Guet-apens  où  tombe  le  roi.  Greton,  p.  398,  399  : 

Là  furent  tous  en  amère  doubtance. 
J'eusse  voulu  bien  alors  estre  en  France, 

dit  naïvement  notre  poëte.  La  Ghronique  anonyme  (Ms.  3884, 
f"*  136  et  137)  nous  a  donné  les  derniers  traits  de  cette  scène. 
Gf.  Relig.  de  Saint-Denys,  XX,  9. 

Page  271,  note  a. 

La  nouvelle  portée  à  Cliesler.  Greton,  p.  404.  Selon  le  Ms. 
3884,  Northumberland  la  porta  lui-même,  et  ce  même  soir.  — 


486  LIVRE  ONZIÈME, 

Départ  de  Henri  de  Lancastre  pour  Flint,  Greton,  p.  404.  — 
Pourquoi  Creton  laisse  les  vers  pour  la  prose  (ibid.)  : 

Or  vous  vueil  dire,  sans  plus  rime  quérir, 
Du  roy  la  prinse,  et  pour  mieulx  accomplir 
Les  paroles  qu'ilz  dirent  au  venir 

Eulx  deux  ensemble; 
Car  retenues  les  ay  bien,  ce  me  semble; 
Si  les  diray  en  prose;  car  il  semble 
Aucunes  fois  quon  adjouste  ou  assemble 

Trop  de  langaige 
A  la  matière  de  quoy  on  fait  ouvrage. 
Or  vueille  Dieux,  qui  nous  fait  à  s'image, 
Pugnir  tous  ceulx  qui  firent  tel  oultrage. 

En  adoptant,  pour  raconter  ces  faits,  le  style  de  Thistoire,  il 
ne  renonce  pas  au  droit  de  les  flétrir. 

Page  273,  note  a. 

Henri  à  Flint,  19  août.  Greton  (p.  405),  la  Chronique  ano- 
nyme (f°  1 40)  et  le  Religieux  de  Saint-Denys  (XX,  9)  disent 
le  mardi,  22  août;  mais  le  mardi  était  le  19.  Le  Religieux  de 
Saint-Denys  (XX,  19)  dit  simplement  le  22  août;  Otlerbourne 
(p.  208),  le  20;  et  le  moine  d'Evesham  (p.  155),  le  mardi  après 
VAssomption.  G'est  à  ce  jour  du  mardi,  et  par  suite  à  la  date  du 

19  août,  qu'il  convient  de  s'arrêter  ;  car  l'acte  publié  par  Henri 
le  20,  au  nom  du  roi,  prouve,  comme  nous  l'avons  dit,  que  Ri- 
chard était  alors  dans  ses  mains.  Walsingham   (p.  358)  dit  le 

20  août,  quarante-sept  jours  après  le  débarquement  de  Lan- 
castre, qu'il  a  placé  le  jour  de  la  Saint-Martin  d'été  (4  juillet). 
—  Le  roi  sur  les  murs  du  château  de  Flint.  Greton,  p.  406, 
407.  —  Entrevue  avec  V archevêque  de  Canterbury,  ibid.,  p.  408; 
Ms.  3884, 1°  140.  Gf.  Religieux  de  Saint-Denys,  XX,  9. 

Page  274,  note  a. 

Northurnberland  va  rejoindre  Henri.  Greton,  p.  409.  La  Chro- 
nique anonyme,  après  avoir  dit  que  le  comte  avait  rejoint  Henri 
dès  la  veille,  parle  ici  de  l'archevêque  de  Canterbury,  f"  140 
verso.  —  Richard  et  ses  compagnons  de  captivité,  ibid. 

Page  275,  note  a. 

Entrevue  de  Henri  et  de  Richard.  Greton,  p.  411;  Ghron- 
anon.,  Ms.  3884,  f"  141    :  «  Le  roy  resta  en  fjuise  d'un  pr(''- 


NOTES.  487 

tre.  »  Cf.  Relig.  de  Saint-Denys,  XX,  9.  Il  convient,  pour  celte 
entrevue,  de  s'attacher,  préférablement  à  tout  autre,  au  récit 
de  Greton.  Il  donne  les  paroles  des  deux  princes  comme  tex- 
tuelles :  «  Et  sachiez  de  certain  que  ce  sont  les  propres  paroles 
qu'ilz  dirent  eulx  deux  ensemble,  sans  y  rien  prendre  ne  ad- 

-^jouster.  Car  je  les  oy  et  entendi  assez  biçn;  et  si  les  me  re- 
corda le  conte  de  Salsebery  (Salisbury)  en  françois  et  un  autre 
ancien  chevalier  qui  estoit  des  conseilliers  du  duc  Henry  » 
(p.  412).  Comparez  d'ailleurs  la  Chronique  anonyme,  Ms.  3884, 
f°  141,  et  le  Rehgieux  de  Saint-Denys  (XX,  9):  «  Ego  cilius 
a  quam  sperabatis  adveni  ut  juvem  vos  ad  regendum  nobile 
ce  regnum  Angliae,  quod  diu  maie  rexistis.  »  Ad  hœc  verba  rex 
adhuc  animum  retinens  regium,  cum  dixisset:  a  Dilectissime  co- 
«  gnate,  Deus  det  vobis  gratiam  ut  de  cetero  melius  regnum 
a  regatis  quam  fecerim  !  )^ 
Le  moine  d'Evesham  qui,  pour  ces  derniers  événements, 

\_supplée  avantageusement  aux  lacunes  ou   aux   réticences   de 

•^Valsingham,  après  l'avoir  si  longtemps  copié,  rend  compte  de 
l'entrevue  à  peu  près  de  la  même  sorte  :  seulement  il  modère 
le  langage  de  Henri,  Le  duc  dit  au  roi  dans  ce  récit  :  «  Reve- 
«  rende  Domine,  mi  Rex,  causa  adventus  mei  est  ad  praesens, 
«  salva  reverentia  vestra,  corpus  meum,  terras  meas  et  htXTe- 
oc  ditatem  meam,  licencia  vestra  regia,  rehabere.  »  Et  le  roi  lui 
répond  :  «  In  hoc  enim,  care  mi  cognate,  paratus  sum  ut  omnia 
«  vestra,  sine  contradictione  aliqua,  in  pace  rehabere  valeatis  » 
(p.  155)  C'est  une  réfutation  suffisante  de  ce  que  dit  Walsing- 
ham.  (p.  358),  d'après  les  actes  dont  nous  aurons  plus  tard  à- 
estimer  la  valeur,  que  le  roi  exprima  à  l'archevêque  de  Canter- 
bury,  à  Northumberland  et  à  Arundel,  l'intention  d'abdiquer, 
si  on  lui  garantissait  un  traitement  honorable,  et  toute  sûreté 
pour  huit  personnes  qu'il  nommerait.  (Cf.  Otterbourne,  p.  208). 
On  a  là  une  preuve  de  plus  que  Henri,  tout  en  agissant  en 
maître,  ne  se  portait  pas  ouvertement  comme  prétendant  à  la 
couronne,  et  que  ce  que  le  peuple  en  général  avait  appuyé,  c'é- 

.^'tait  un  changement  de  gouvernement  et  non  de  dynastie  ;  une 
réforme,  violente  sans  doute,  comme  celle  de  1386  et  1387, 
mais  non  une  révolution. 

Page  276,  note  a. 

Attitude  de  Henri  vis-à-vis  des  amis  deBic/iard;  départ  pour 


488  LIVRE  ONZIÈME. 

Chester.  Greton,  p.  413,  Ms.  3884,  i«  141,  et  Buchon,  Va- 
riantes, p.  77.  Ou  il  y  a  une  faute  dans  le  Ms.,  ou  Greton,  di- 
sant de  deux  chevaux  qu'ils  ne  valaient  pas  40  fr.,  parle  d'autre 
chose  que  de  francs  d'or,  car  40  fr.  d'or  sont  une  somme  impor- 
tante. La  seconde  chronique  estime  les  six  chevaux  de  l'escorte, 
30  fr.  —  Gette  manière  de  mettre  un  homme  sur  un  mauvais 
cheval,  était  une  sorte  de  dégradation  que  l'on  infligeait  aux 
condamnés,  quand  on  ne  les  traînait  point  sur  la  claie.  Il  est  dit 
de  l'archevêque  d'York  (Richard  le  Scrop),  quand  on  le  mena 
au  supplice  après  la  révolte  de  1405  :  «  Adductus  est  super 
a  equum  valoris  40  denariorum  sine  sella  ;  et  gratias  agens  dixit, 
«  quod  nunquam  placuit  mihi  melius  equus  quam  iste  pla- 
ce cet.  »  (Angl.  Sacr.yV.  II,  p.  370.  Voy.  ArchœoL,  t.  XX, 
p.  172.) 

Le  récit  que  Froissart  fait  de  l'entrevue,  bien  qu'il  doive  cé- 
der la  place  au  tableau  retracé  par  un  témoin ,  méritera  néan- 
moins toujours  d'être  lu  pour  la  vérité  des  caractères.  Richard 
k  Flint,  selon  la  version  du  chroniqueur ,  n'est  pas  encore 
dans  les  mains  de  Henri.  Il  s'agit  de  l'enlever,  «  car  il  faut 
que  Richard  de  Bordeaux  soit  pris  mort  ou  vif,  et  tous  les  traî- 
tres qui  l'ont  conseillé,  et  amené  à  Londres  et  mis  à  la  Tour;  » 
et  c'est  Henri  lui-même  qui  s'en  charge.  Nous  renvoyons  à  ces 
belles  pages  (IV,  75). 

L'auteur  a  mis  dans  son  tableau  un  trait  qui  convient  h  l'es- 
prit de  ce  temps-là. 

a  Entretant,  dit-il,  qu'on  selloit  et  appareilloit  les  chevaux, 
le  roi  Richard  et  le  comte  (Henri  de  Lancastre)  devisoient  l'un 
à  l'autre  de  paroles,  et  étoient  moult  fort  regardés  d'aucuns 
Lcndriens  qui  là  étoient;  et  avint  une  chose  dont  je  fus  in- 
formé que  je  vous  dirai.  Le  roi  Richard  avoit  un  lévrier,  lequel 
on  nommoit  Math,  très-beau  lévrier  outre  mesure;  et  ne  vouloit 
ce  chien  connoître  nul  homme  fors  le  roi;  et  quand  le  roi  de- 
voit  chevaucher,  cil  qui  l'avoit  en  garde  le  laissoit  aller,  et  ce 
lévrier  venoit  tantôt  devers  le  roi  festoyer  et  lui  mettoit  ses 
deux  pieds  sur  les  épaules.  Et  adonc  advint  que  le  roi  et  le 
comte  Derby  parlant  ensemble  en-mi  la  place  de  la  cour  du  dit 
chastel  et  leurs  chevaux  tous  sellés,  car  tantôt  ils  dévoient  mon- 
ter, ce  lévrier  nommé  Math,  qui  contumier  étoit  de  faire  au  roi 
ce  qui  dit  est,  laissa  le  roi  et  s'en  vint  au  duc  de  Lancastre,  et 
lui  fit  toutes  les  contenances  telles  que  endevant  il  faisoit  au  roi, 
et  lui  assist  les  deux  pieds  sur  le  col,  et  le  commença  grande- 


NOTES.  489 

ment  à  conjouir.  Le  duc  de  Lancastre,  qui  point  ne  connoissoit 
le  lévrier,  demanda  au  roi  :  «  Et  que  veut  ce  lévrier  faire?  — 
«  Cousin,  ce  dit  le  roi,  ce  vous  est  grand'  signifiance  et  à  moi 
a  petite.  —  Gomment,  dit  le  duc,  l'entendez-vous?  —  Je  l'en- 
a  tends,  dit  le  roi,  le  lévrier  vous  festoie  et  recueille  aujour- 
a  d'hui  comme  roi  d'Angleterre  que  vous  serez,  et  j'en  serai 
«  déposé;  et  le  lévrier  en  a  connoissance  naturelle;  si  le  tenez 
«  de-lez  vous,  car  il  vous  suivra  et  il  m'éloignera.  »  Le  duc  de 
Lancastre  entendit  bien  celle  parole  et  conjouit  le  lévrier,  le- 
quel oncques  depuis  ne  voult  suivre  Richard  de  Bordeaux,  mais 
le  duc  de  Lancastre  ;  et  ce  virent  et  sçurent  plus  de  trente 
mille.  » 

Au  lien  du  lévrier,  c'est  le  cheval  de  Richard  qui  fournit  à 
Shakespeare  un  trait  de  même  sorte.  C'est  au  jour  du  cou- 
ronnement de  Henri.  Un  valet  décrit  la  scène  au  roi  prisonnier  : 

oh!  combien  j'avais  le  cœur  gros  quand  j'ai  vu  passer  dans  les  rues  de 
Londres  le  cortège  du  couronnement  ;  quand  j'ai  vu  Bolingbroke  monté 
sur  voire  beau  cheval  barbe,  celui-là  même  que  vous  aviez  tant  de  fois 
monté,  celui  que  j'avais  dressé  avec  tant  de  soinl 

Richard.  Il  montait  mon  cheval  barbe!  Dis-moi,  mon  ami,  comment  se 
gouvernait-il  sous  lui? 

Le  groom.  Avec  tant  de  fierté,  qu'on  eût  dit  qu'il  dédaignait  la  terre. 

Richard.  Il  était  donc  bien  fier  de  porter  Bolingbroke  !  Ce  cheval  a 
mangé  du  pain  dans  ma  main  royale.  Il  était  tout  orgueilleux  de  se  sentir 
caresser  par  elle.  IN'aurait-il  pas  dû  broncher?  n'aurait-il  pas  dû  s'abattre, 
puisque  tôt  ou  tard  doit  venir  la  chute  de  l'orgueil,  et  rompre  le  cou  à 
l'orgueilleux  qui  avait  usurpé  sur  lui  la  place  de  son  maître?...  Je  te  demande 
pardon,,  mon  cheval!  Pourquoi  te  blàmerais-je?  N'as-tu  pas  été  créé  pour 
obéir  à  l'homme  et  le  porter?  Moi,  je  n'étais  pas  né  cheval;  et  cependant 
je  porte  mon  fardeau  comme  une  bête  de  somme,  pressé  par  le  fouet  et 
l'aiguillon  de  l'impatient  Bolingbroke. 

{Richard  //,  act.  V,  se.  iv.) 

Page  277,  note  a. 

Richard  mené  à  Chester.  Greton,  p.  413;  Chron.  anon., 
Ms.  3884,  f**  141  verso,  et  Ruchon,  Variantes^  p.  7  7.  —  P?'o-' 
phètie  de  Merlin.  «  Un  ancien  chevalier  qui  estoit  des  conseil- 
lers du  duc  Henri  me  dist  en  chevauchant  à  Cestre,  que  la 
prise  du  roy  et  la  destruccion  avoient  Merlin  et  Rède  prophé- 
tisée dès  leur  vivant;  et  que  se  j'estoie  en  son  chastel  il  le  me 
monstreroit  en  la  forme  et  manière  comme  je  l'avoie  vue 
advenir,  disant  ainsi  :  Il  ara  un  roy  en  Albie,  lequel  régnera 


490  LIVRE  ONZIÈME. 


n 


l'espace  de  xx  à  xxu  ans  eu  grant  hcnneur  et  en  granl  puis- 
sance, et  sera  allé  et  adjoint  avecques  ceiilx  de  Gaule,  lequel 
roy  sera  deffait  es  parties  du  nort  en  une  place  triangle.  » 
[La  Chronique  anonyme  (Ms.  3884,  f**  143,  ou  Buchon,  Va- 
riantes, p.  78)  donne  ainsi  cette  prédiction  :  «  En  l'an  mille 
quatre  cent  moins  ung,  ou  chastel  triangle  sera  trahi  ung  roy 
après  ce  qu'il  aura  régné  puissamment  vingt-deux  ans.  »]  «  Ainsi 
me  dist  le  chevalier  qu'il  estoit  escript  en  un  sien  livre  :  la  place 
triangle,  il  approprioit  à  la  ville  de  Cornuay;  et  de  ce  avoit-il 
très-bonne  raison;  car  je  vous  say  bien  à  dire  qu'elle  est  en 
triangle,  comme  si  elle  eût  esté  ainsi  compassée  par  une  vraie 
et  juste  mesure.  En  la  dicte  ville  de  Cornuay  fut  le  roy  assez 
deffait,  car  le  comte  de  Northumberland  le  tira  hors,  comme 
vous  avez  oy  devant,  par  le  traictié  qu'il  list  à  lui  ;  et  depuis 
n'ot  nulle  puissance.  Ainsi  tenoit  le  dit  chevalier  ceste  pro- 
phétie vraie,  et  y  adjoustoitgrant  foi  et  créance;  car  ils  sont  de 
telle  nature  en  leur  pays,  que  en  prophécies,  en  fantosmes  et 
sorceries  croient  très  parfaitement,  et  en  usent  très  volontiers  : 
maiz  il  mest  advis  que  ce  n'est  pas  bien  fait;  ains  est  grant 
fault  de  créance.  ^  (Creton,  p.  412.)  Sur  ces  prophéties  de  Merlin, 
et  notamment  sur  celles  qu'on  appliquait  à  Richard  II  et  aux 
révolutions  suivantes,  \oyezYArcliœol.j  t.  XX,  p.  250  et  suiv., 
append.  n°  4. 

La  tête  de  Perkin  a  Legh  sur  la  porte  de  Ckester.  M.  Evesh., 
p.  154.  —  Richard  au  château  de  Chester,  etc.  Creton,  p.  414, 
et  Ms.  3884,  f°  142  recto,  ou  Buchon,  Variantes,  p.  77. 

Le  (ils  de  Glocester.  Creton,  ibid.  Richard  avait  laissé  le 
jeune  duc  avec  le  fils  de  Henri  dans  le  château  de  Trim.  Il  faut 
que  Henri  n'ait  point  perdu  de  temps  à  se  faire  renvoyer  son 
hls  et  le  fils  de  son  oncle.  Le  moine  d'Evesham,  qui  en  parle 
(p.  154),  dit  que  le  jeune  duc  de  Glocester  périt  en  mer;  d'au- 
tres, à  Beaumaris,  dans  l'île  d'Anglesey,  à  son  retour  :  Creton 
prouve  qu'il  n'en  fut  rien  ;  mais  il  n'y  survécut  guère:  sa  mort, 
causée  par  une  maladie  pestilentielle,  entraîna,  dit-on,  celle  de 
sa  mère,  qui  mourut  le  3  octobre  suivant.  (Dugdale,  Baron. y 
t.  II,  p.  172,  et  Archœol.,  t.  XX,  p.  174.) 

Page  278,  note  a. 

Richard  enfermé  dans  la  tour  de  Chester.  Creton,  p.  414; 
Ghron.  anon.,  Ms.  3884,  f"  142,  et  Buchon,  Variantes,  p.  77. 


NOTES.  491 

—  Jénico,  Creton,  p.  406;  Chron.  anon.,  Ms.  3884,  [°  142 
recto,  ou  Buchon,  Variantes,  p.  77.  Henri  se  le  rappela 
pourtant,  non  pour  le  punir,  mais  pour  s'attacher  un  ser- 
viteur aussi  dévoué.  Dès  le  mois  de  décembre  1399,  il  figure 
comme  un  des  commissaires  chargés  de  traiter  avec  les  Écos- 
sais (Rymer,  t.  YIII,  p.  113):  éloignement  qui  peut-être  l'em-, 
pécha  de  prendre  part  à  la  grande  conjuration  en  faveur  de 
Richard;  et  il  fut  investi  de  plusieurs  commandements  en  Ir- 
lande, tant  sous  Henri  IV  que  sous  Henri  Y.  (Voyez  Archxol., 
t.  XX,  p.  92,  note.) 

Page  280,  note  a. 

Richard  seul  au  château.  Chron.  anon.,  Ms.  3884,  f°  142, 
recto,  ou  Buchon,  Variantes^  p.  77.  —  Convocation  du  parle- 
ment pour  le  30  septembre  à  Westminster.  Gotton,  Abridgmenty 
p.  382.  Elle  porte  la  date  du  29  août,  mais  comme  il  s'y  joint 
la  mention  :  teste  rege  apud  Cestriam,  il  est  clair  que  c'est  une 
faute  d'impression,  et  qu'il  faut  lire  xix  au  lieu  de  xxix. 

Ordre  aux  vicomtes  au  nom  du  roi.  «  Rex  vicecomiti....  Gum, 
«  ut  accepimus,  diversi  ligei  nostri  regni  nostri  Angliœ  se  in 
«  diversis  conventiculis  congregaverint  et  pênes  prœsentiam  ca- 
«  rissimi  consanguinei  nostri  Henrici,  ducis  Lancastriœ,  qui  jam 
a  idem  regnum  nostrum  pro  regimine  et  gubernatione  ejus- 
«  dem  ac  diversis  defectibus,  in  eodem  regno  existentibus, 
«  emendandis  aliisque  de  causis  est  ingressus,  venerint,  ac 
M  eidem  ligei  nostri,  colore  ejusdem  congregationis,  et  contra 
a  intentionem  praefati  consanguinei  nostri,  quosdam  hgeorum 
a  nostrorum  vi  et  armis  verberaverint ,  etc.  Tibi,  de  avisa- 
oc  mento  venerabilis  Patris  Thom.  Arch.  Gantuarensis,  ac  prae- 
«  fati  consanguinei,  nec  non  Henrici,  comitis  Northumbriae,  et 
«  Kadulphi,  comitis  Westmerlandiœ ,  cœterorumque  magna- 
«  tum,  etc.,  prœcipimus,  etc.  Teste  rege  apud  Gestriam,  20aug.  » 
(Rymer,  t.  VIII,  p.  84.) 

Page  281 ,  note  a. 

Départ  de  Chester.  Nous  adoptons  pour  le  séjour  à  Ghester 
le  temps  marqué  par  nos  chroniques  françaises  :  «  Le  duc  Henri 
demoura  trois  jours  à  Gestre....  et  partit  de  la  ville  de  Gestre 
le  quatrième  jour  après  la  prise  (Greton,  p.  414,  415),  »  tout 
en  corrigeant  le  chiffre  de  la  Chronique  anonyme,  qui,  ayant 


492  LIVRE  ONZIÈME. 


n 


marqué  au  22  août  la  prise  du  roi,  fixe  au  25  le  départ 
(Ms.  3884,  f°  143  recto,  ou  Buchon,  Variantes,  p.  77).  Le 
moine  d'Evesham  (p.  156),  qui  donne  exactement  l'itinéraire, 
et  dit  vrai  en  marquant  au  24  août  le  séjour  du  cortège  à  Licht- 
fîeld,  abrège  à  tort  le  séjour  de  Ghester  pour  compter  un  jour 
par  chaque  ville  qu'il  énumère,  y  compris  Ghester  et  Leicester, 
qui  sont  ici  le  même  lieu.  (Yoy.  Archœol.,  t.  XX,  p.  177.) 

Incursions  des  Gallois.  Greton,  p.  416;  Ghron.  anon., 
Ms.  3884,  f°  143  recto,  ouBuchon,  VarianteSy  p.  78. — Ordre 
publié  au  nom  du  roi  :  «  De  intendendo  circa  custodiam  pacis. 
«  Teste  rege  apud  Lychfeld,  24  aug.  1399.  >5  (Rymer,  t.  YIII, 
p.  85.) —  Tentative  d'évasion.  Greton,  p.  415,  et  la  Ghron. 
anon.,  1.  1. 

Page  282,  note  a. 

Députation  de  Londres  à  Henri.  Greton,  p.  415;  Ghron. 
anon.,  Ms.  3884,  f°  143  recto,  ou  Buchon,  Variantes,  p.  78. 
—  Le  peuple  de  Londres  :  a  Gonsidérez  que  c'est  de  peuple, 
quand  il  s'émeut  et  élève,  et  a  puissance  contre  son  seigneur,  et 
par  espécial  en  Angleterre;  là  n'y  a  nul  remède,  car  c'est  le 
plus  périlleux  peuple  commun  qui  soit  au  monde  et  le  plus  ou- 
trageux  et  le  plus  orgueilleux.  Et  de  tous  ceux  d'Angleterre 
les  Londriens  sont  chefs.  Et  à  voire  dire,  ils  sont  moult  puis- 
sans  de  mise  et  de  gens;  car  ils  se  trouvent  bien  du  clos  de  Lon- 
dres vingt-quatre  mille  hommes  armés  de  pied  en  cap  de  toutes 
pièces,  et  bien  trente  mille  archers.  G'est  grand'force,  car  ils 
sont  durs,  forts,  hardis  et  hauts.  Et  tant  plus  voient  de  sang 
épandu,  tant  plus  sont-ils  crueux  et  moins  ébahis.  »  (Froissart, 
IV,  76.) 

Suite  du  voyage.  M.  Evesh.,  p.  156  :  «  Nec  in  his  diebus 
«  permittebatur  rex  mutare  vestes  suas,  sed  semper  in  uno 
«  eodemque  indumento  per  omnes  villas  praedictas  simpliciter 
«  equitabat.  »  G'est  pour  le  moine,  non  pas  une  occasion  de 
s'attendrir  sur  tant  d'infortunes ,  mais  de  rappeler  les  robes 
somptueuses  dont  Richard  se  couvrait  jadis  :  une  robe,  entre 
autres,  brodée  de  perles  et  de  pierres  précieuses',  qui  avait  coûté 
30  000  m.;  et  il  s'écrie  dévotement  :  «  0  bon  Jésus,  votre  tu- 
nique sans  coulure  dont  il  est  parlé  dans  l'Évangile,  avait-elle 
cette  valeur!  »  (Ibid.)  Otterbourne  ose  dire  que  Lancastre  lui 
fit  rendre  les  honneurs  royaux  sur  toute  la  route  :  «  Dux  ipse 
«»  Lancastriœ  qui  regem  conducebat  a  Gestria  usque  London 


NOTES.  493 

«  fecit  processiones  solemnes  régi  occurrere ,  in  cunctis  locis 
«  ubi  religiosi  erant,  impendens  illi  honores  regios,  prout  sole- 
ce  bant  sibi  in  dignitate  regia  exhibere  »  (p.  209).  Il  est  difficile 
de  mentir  plus  impudemment  à  l'histoire. 

Page  284,  note  a. 

Entrée  triomphale  de  Henri  à  Londres.  Greton,  p.  417  ;  Chron. 
anon.,  1.  1.;  M.  Evesh.,  p.  156.  C'est  le  dernier  trait  que 
notre  gentilhomme  rapporte  comme  témoin.  Il  avait  hâte  de  se 
soustraire  à  la  vue  de  ces  choses,  «  lesquelles,  dit-il,  me  fai- 
«  soient  moult  de  mal  et  de  douleur  au  cœur.  »  Il  lui  tardait  de 
quitter  ce  pays.  Il  alla  donc  avec  son  compagnon  trouver  le 
duc;  ils  en  obtinrent  un  sauf-conduit,  et,  sans  plus  différer,  ils 
gagnèrent  Douvres,  Calais  et  la  France,  (Creton,  p.  418.) 

Richard  mené  à  la  Tour.  Chron.  anon.,  Ms.  3884,  f°  144,  et 
Buchon,  Variantes,  p.  79.  —  Qu'on  nous  permette  de  citer 
encore  sur  l'entrée  de  Richard  à  Londres  cette  belle  scène  de 
Shakespeare  : 

La  duchesse  d'York.  Milord,  vous  m'avez  promis  d'achever  le  récit  de 
l'entrée  de  vos  deux  cousins  dans  Londres,  ce  récit  que  vous  aviez  com- 
mencé, et  que  vos  pleurs  vous  ont  forcé  d'interrompre. 

York.  Où  eu  élais-je? 

La  duchesse.  A  ce  douloureux  moment,  milord,  où  du  haut  des  fenê- 
tres des  mains  insolentes  jetaient  de  la  poussière  et  des  immondices  sur  la 
tête  du  roi  Richard. 

York.  Comme  je  vous  le  disais,  le  duc,  le  superbe  Bolingbroke,  monté 
sur  un  coursier  ardent  et  fougueux  qui  semblait  savoir  quel  maître  ambi- 
tieux il  portait,  s'avançait  à  pas  lents  et  majestueux  pendant  que  toutes 
les  voix  criaient  :  a  Dieu  te  garde,  Bolingbroke!  »  On  eût  dit  que  les  fe- 
nêtres parlaient,  tant  était  pressée  la  foule  des  visages  jeunes  et  vieux 
qui  dardaient  leurs  avides  et  ardents  regards  sur  le  visage  de  Boling- 
broke; on  eût  dit  que  toutes  les  murailles,  chargées  de  personnages 
comme  une  tapisserie,  criaient  à  la  fois  :  «  Dieu  te  conserve!  sois  le 
bienvenu,  Bolingbroke!  »  Et  lui,  saluant  à  droite  et  à  gauche,  la  têie 
découverte  qu'il  inclinait  plus  bas  que  le  cou  de  son  orgueilleux  coursier, 
il  leur  répétait  :  «  Je  vous  remercie,  mes  compatriotes,  »  et  ce  disant,  il 
continuait  sa  marche. 

La  duchesse.  Hélas!  et  le  malheureux  Richard,  quelle  était  alors  son 
attitude? 

York.  De  même  qu'au  théâtre  lorsqu'un  acteur  favori  vient  de  quitter  la 
scène,  les  spectateurs  ne  portent  sur  celui  qui  lui  succède  que  des  regards 
distraits  et  trouvent  son  babil  insipide;  de  môme,  et  avec  plus  de  mépris 
encore,  les  yeux  du  peuple  s'arrêtaient  sur  Richard.  Nul  ne  lui  criait  : 
tt  Dieu  vous  garde!  »  Nulle  bouche  joyeuse  n'accueillait  son  retour;  mais 
la  poussière  tombait  sur  sa  tête  sacrée,  et  lui  la  secouait  avec  une  dou- 


494  LIVRE  ONZIÈME. 

leur  si  résignée!  Sur  son  visage  luttaient  les  pleurs  el  le  sourire,  témoi- 
gnages de  sa  douleur  et  de  sa  patience.  Ah!  si  Dieu,  pour  quelque  grand 
dessein,  n'avait  endurci  le  cœur  des  hommes,  ils  n'eussent  pu  rester 
insensibles,  et  les  cœurs  les  plus  barbares  se  fussent  ouverts  à  la  pitié.... 
Mais  dans  ces  événements,  la  main  du  ciel  est  visible;  soumettons-nous 
avec  calme  à  sa  volonté  suprême.  Nous  sommes  maintenant  les  sujets  de 
Bolingbroke;  il  a  reçu  nos  serments,  et  je  me  dévoue  pour  jamais  à  son 
autorité  et  à  sa  gloire. 

Le  duc  d'York  tient  bien  tout  ce  qu'il  avait  promis  ! 


à 


LIVRE    DOUZIÈME. 


Page  290,  note  a. 

Troupes  licenciées.  Les  Percy,  le  comte  de  Northumberland 
et  son  fils  Henri  Hotspur  déclarèrent  plus  tard  qu'après  l'entrée 
triomphale  de  Henri  à  Londres,  ils  avaient  renvoyé  leurs  trou- 
pes, ne  doutant  pas  que  le  prince  ne  fût  fidèle  à  son  serment  de 
ne  point  toucher  h  la  couronne.  (Hardyng,  ch.  cxcvi,  f°  196 
verso.)  —  Chevalières  des  comtés  choisis pa?'  les  agents  de  Henri: 
a  Tu  subdole  et  contra  legem  Angliœ  tuis  fautoribus  scripsisti 
«  quamplures  in  quolibet  comitatu  Angliœ  ad  eligendum  taies 
«  mihtes  pro  quolibet  parliamento  qui  tibi  placuerint.  »  (Ma- 
nifeste des  Percy.  Archseol.,  t.  XVI,  p.  142.)  Le  grief  s'applique 
à  tous  les  parlements  de  ce  règne. 

Scène  de  la  Tour  de  Londres.  (Ghrou.  anon.,  Ms.  3884, 
fo«  144  verso,  145  et  146,  etBuchon,  Suppl.  de  Froissart,  t.  XV, 
p.  27.)  — La  petite  reine.  A  l'arrivée  de  Henri,  le  duc  d'York, 
pour  la  mettre  en  sûreté,  l'avait  envoyée  à  Wallingford,  sous  la 
garde  des  principaux  conseillers  de  Richard  :  W.  le  Scrop,  Bussy, 
Green  et  Bagot,  qui  bientôt  furent  appelés  à  d'autres  soins. 
(12  juillet  1399,  Rymer,  t.  VHI,  p.  83.)  Henri  la  tira  de  là  pour 
la  garder  à  Sunning.  (Wals.,  p.  362,  et  Otterbourne,  p.  225.) 

Page  291 ,  note  a. 

Procès-verbal  de  rabdication  de  Richard: 

«  Mémorandum.  Le  lundi,  fête  de  la  Saint-Michel,  Tan  xxiii 


NOTES.  495 

de  Richard,  des  lords  spirituels  et  temporels  et  autres  notables, 
savoir  :  Richard  le  Scrop,  archevêque  d'York,  l'évèque  de  He- 
reford,  les  comtes  de  Northumberland  et  de  Westmoreland,  le 
prieur  de  Ganterbury,  l'abbé  de  Westminster,  etc.,  se  sont 
rendus  auprès  du  roi  Richard  dans  la  Tour  de  Londres,  vers 
neuf  heures,  où  lecture  fut  faite  au  roi,  par  le  comte  de  Nor 
thumberland,  comment  le  roi,  étant  autrefois  dans  sa  pleine 
liberté,  à  Gonw^ay,  avait  déclaré  à  Thomas,  archevêque  de  Gan- 
terbury, et  au  comte  de  Northumberland  qu'il  voulait  renoncer 
à  la  couronne  d'Angleterre  et  de  France  à  cause  de  son  insuffi- 
sance qu'il  avouait....  Le  roi  répondit  devant  ces  seigneurs  ci- 
dessus  nommés  qu'il  voulait  accomplir  ce  qu'il  avait  promis  ;  il 
exprima  cependant  le  désir  d'avoir  un  entretien  avec  Henri,  duc 
de  Lan  castre,  et  le  dit  à  l'archevêque  avant  de  remplir  sa  pro- 
messe, et  il  demanda  une  copie  de  l'abdication  qu'il  devait 
faire  pour  en  délibérer.  Gette  copie  lui  ayant  été  remise,  les- 
dits  seigneurs  revinrent  k  leurs  hôtels. 

«  Le  même  jour,  après  diner,  le  roi,  insistant  beaucoup  pour 
voir  le  duc  de  Lancastre,  le  duc  vint  avec  lesdits  seigneurs  et 
l'archevêque  de  Ganterbury  le  trouver  à  la  Tour....  Après  que  le 
roi  eut  conféré  quelque  temps  à  part  avec  le  duc  de  Lancastre 
et  l'archevêque,  vultu  hilari  hic  incle  inter  eos  exhibilo  prout 
circumstantibus  videbatur,  le  roi  s'approchant  des  autres,  leur 
dit  pubhquement  qu'il  était  prêt  à  faire  son  abdication  comme 
il  l'avait  promis;  et  aussitôt,  bien  qu'il  eût  pu  faire  lire  l'acte 
par  un  autre,  comme  on  le  lui  disait,  pour  éviter  la  fatigue,  le 
roi,  tenant  la  cédule  à  la  main,  de  bonne  grâce  à  ce  qu'il  parut, 
et  d'un  air  gai,  gratanter,  ut  apparuit,  ac  hilari  vuUu,  dit  qu'il 
voulait  lire  lui-même,  et  la  lut  distinctement;  puis  il  délia  ses 
hommes  liges  de  leur  serment,  abdiqua,  jura  et  signa  l'acte  de 
sa  propre  main.  »  {Rot,  ParL,  t.  III, p.  416,  §§  10,  II  et  12.) 
Les  actes  de  l'abdication  et  de  la  déposition  de  Richard  II  sont 
aussi  donnés  à  la  suite  deKuightou,  p.  2743  et  suiv. 

Page  295,  note  a. 

Moyens  d'intimidation  employés  pour  obtenir  rabdication  de 
Richard.  Froissart  ne  parle  pas  de  la  scène  de  Bristol,  mais  ce 
ne  sont  pas  les  mêmes  personnages  qu'il  fait  mourir  à  Lon- 
dres :  il  les  nomme  «  sire  Bernard  Rrokas,  sire  Maggelais  (Mar- 
-clois?),J.  Derby,  receveur  de  Lincoln,  et  lord  Stelle,  maître  de 


496  LIVRE  DOUZIÈME. 

l'hôtel.  Aucune  de  ces  personnes  ne  figure  dans  l'histoire  avec 
l'importance  que  cette  scène  leur  supposerait. —  Déclaration  du 
comte  de  Nort/mmberland.  a  Tu  ipsum  dominum  tuum  et  re- 
«  gem  nostrum  imprisonasti  infra  turrim  London.,  quousque 
«  resignaverat  metu  mortis  régna  Anglise  et  Franciae.  »  {Mani- 
feste des  Percy,  tiré  d'un  Ms.  de  Hardyng,  Arcfiœol.,  t.  XVI, 
p.  141.) 

Page  301,  note  a. 

Première  séance  du  parlement  convoqué  au  nom  de  Ri- 
chard IL  Rot.  Pari,  t.  III,  p.  417,  §  14.  Cf.  Greton,  p.  424 
et  suiv.;  Stow,  Chron,  p.  323.  Le  fragment  du  Ms.  Bodl.,  2376, 
donné  dans  VArchxol.,  t.  XX,  p.  276,  rapporte  que  Henri 
nomma  en  même  temps  le  comte  de  Northumberland,  conné- 
table, le  comte  de  Westmoreland,  maréchal,  J.  Série,  chance- 
lier, J.  Norbery,  trésorier,  et  H.  Clifford,  garde  du  sceau 
privé.  Ces  nominations  y  paraissent  être  rapportées  au  jour  de 
la  déposition  de  Richard.  On  sait  par  les  actes  que  Henri  Percy, 
comte  de  Northumberland,  avait  été  nommé  connétable ,  et 
Raulf  de  Nevil,  comte  de  Westmoreland,  maréchal,  en  récom- 
pense de  leurs  services,  le  13  septembre,  au  nom  du  roi,  qui 
était  alors  Richard,  mais  en  fait  par  Henri.  (Rymer,  t.  YIII, 
p.  89.)  Par  ses  premiers  actes,  Henri  nomma  Henri  Percy,  fils 
du  comte  de  Northumberland,  gardien  de  la  marche  orientale 
d'Kcosse  et  de  Berwick,  et  le  comte  lui-même,  gardien  de  la 
marche  occidentale  et  de  Garlisle.  (Rot.  Scotise,  t.  II,  p.  151 
et  152.) 

Page  302,  note  a. 

Le  parlement  du  30  octobre,  qui  ne  dura  que  le  temps  de 
jouer  cette  scène ,  n'a  pas  son  procès-verbal  officiel  dans  la 
suite  des  actes.  On  se  borna  à  insérer  dans  le  procès-verbal  du 
parlement  suivant,  composé  d'ailleurs  des  mêmes  personnes,  et 
réuni,  au  nom  de  Henri,  quelques  jours  aj  rès  (lundi,  6  octobre), 
ce  qui  touchait  la  déposition  de  Richard  et  l'élection  de  son 
successeur.  {Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  416  et  suiv.)  Mais  ce  parle- 
ment d'un  jour,  le  dernier  de  Richard,  le  parlement  de  sa 
xxiir  année,  n'en  est  pas  moins  un  parlement  régulier  ;  et,  si 
court  qu'il  dût  être,  il  s'était  pourtant  rassemblé  en  la  forme 
ordinaire.  Il  avait  dû  s'ouvrir  par  un  discours  du  chancelier  ou 
d'un  haut  prélat,  et  l'on  peut  regarder  comme  historique  celui 


NOTES.  497 

dont  Creton  fait  mention,  quoique,  pour  cette  dernière  partie,  il 
ne  parle  plus  en  témoin.  C'est  à  ce  titre  que  nous  l'avons  remis 
en  sa  place  dans  le  compte  rendu  de  la  séance.  Le  Religieux  de 
Saiut-Denys,  qui  le  cite  également,  le  rapporte  de  même  à  la 
séance  où  Henri  fut  élu  (XX,  1 1).  C'est  aussi  ce  qu'a  fait  l'an- 
naliste Stow  (Chron.,  p.  323;. 

V abdication  présentée  et  acceptée.  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  417, 
§§  15  et  16.  Le  silence  du  procès-verbal  prouve  surabondam- 
ment ici  que  Richard  ne  fut  point  amené  en  public,  comme  le 
dit  Froissart  et  comme  le  montre  Shakespeare.  Cf.  Creton, 
p.  428 ;  Wals.,  p.  359 ;  M.  Evesh., p.  157  :  «  Dicto  rege  Ricardo 
«  absente  et  inturrim....  existente.  » 

Hallam  approuve  cette  révolution.  II  en  prend  même  occasion 
de  répéter  contre  le  jeune  roi  ces  injures  qu'il  aurait  mieux  fait 
de  laisser  aux  écrivains  du  parti  vainqueur.  (T.  III,  p.  223.) 

Page  303,  note  a. 

Acte  d'accusation  contre  Richard.  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  417- 
422,  §§  18-50;  et  Knighton,  p.  274o-2756.  Nous  prenons  à 
ce  dernier  texte  les  numéros  des  articles.  Avec  ceux  que  nous 
avons  cités  dans  le  récit,  l'acte  en  comprenait  plusieurs  en- 
core : 

«  Il  a  méprisé  toute  loi;  dit  que  la  loi  c'était  ce  qui  sortait  de 
sa  bouche  ;  obtenu  du  parlement  une  déclaration  qu'il  était 
aussi  libre  qu'aucun  de  ses  prédécesseurs,  afin  d'en  tirer  le 
droit  de  faire  tout  à  sa  guise  ;  contraint  les  vicomtes  d'obéir  à 
ses  ordres,  à  ses  lettres  même,  ne  fussent-elles  scellées  que  de 
son  petit  cachet ,  et  de  dénoncer  les  baillis  qui  se  permettraient 
de  mal  parler  de  lui  (29)  ;  forcé  les  juges  à  répondre  selon  sa 
volonté  (23);  opéré  des  confiscations  arbitraires,  des  arresta- 
tions suivies  de  renvoi,  non  devant  les  juges,  mais  à  la  cour  du 
comte  maréchal,  où  l'accusé  n'avait  d'autre  moyen  de  soutenir 
son  innocence  que  de  donner  un  gage  de  bataille,  fût-il  vieux  et 
infirme  en  présence  d'adversaires  jeunes  et  robustes  (27).  On 
lui  reprochait  encore  des  empiétements  sur  la  juridiction  de 
l'Église  et,  par  là,  la  violation  de  ses  libertés,  contrairement  à 
ce  qu'il  avait  juré  en  recevant  la  couronne;  une  variabilité  de 
caractère,  une  habitude  de  contradiction  qui  était  un  scandale 
pour  le  pays  et  au  dehors;  enfin,  pour  clore  dignement  cette 
liste,  la  perfidie  dont  il  usa  dans  l'affaire  de  l'archevêque  de 

11—32 


498  LIVRE  DOUZIÈME. 

Ganterbury,  l'éloignant  du  parlement  pour  qu'on  le  pût  con- 
damner sans  l'entendre  ;  captant  sa  confiance  pour  se  taire 
livrer  des  joyaux  qu'il  s'appropria;  et  promettant  de  le  rappe- 
ler immédiatement  de  son  exil,  quand  au  contraire,  dès  son  dé- 
part, il  écrivit  à  Rome  pour  faire  donner  son  évêché  à  un 
autre  (33).  » 

Page  305,  note  a. 

Discours  de  Vévèque  de  Garlisle.  Ghron.  anon.,  Ms.  3884, 
fo»  147  verso  et  148,  et  Buchon,  p.  32.  Il  y  a  des  doutes  très- 
sérieux  sur  la  réalité  de  ce  discours  dont  les  Rôles  ne  parlent 
pas;  mais  c'est  à  tort  que  Kennet,  dans  sa  troisième  lettre  à 
î'évêque  de  Garlisle  sur  le  prélat  dont  il  est  ici  question ,  le 
- — suppose  inventé  par  Hall.  Il  est  dans  un  document  contempo- 
rain, car  tel  est  évidemment  le  caractère  de  la  Chronique  ano- 
nyme; c'est  à  ce  titre,  et  sous  toute  réserve,  que  nous  l'avons 
cité  au  seul  lieu,  à  ce  qu'il  nous  semble,  où  il  puisse  trouver 

—sa  place  :  car  il  doit  précéder  l'élection  de  Henri.  Néanmoins, 
si  la  date  n'en  est  fausse,  il  résulte  des  registres  de  Richard  le 
Scrop,  archevêque  d'York  de  1397  à  1403,  que  le  19  octobre 

__révêque  de  Garlisle  prêta  serment  de  fidélité  à  l'archevêque 
d'York  son  métropolitain,  dans  la  chapelle  de  l'hôtel  de  l'ar- 
chevêque. Il  n'était  donc  pas  prisonnier  alors,  et  il  le  fut  depuis  : 

__un  ordre  du  30  octobre  enjoint  à  l'abbé  de  Saint- Alban  délivrer 
I'évêque  de  Garlisle  pour  qu'il  comparaisse  devant  le  roi.  (Voyez 
les  fragments  de  ce  registre  cités  dans  la  troisième  lettre  de 
Kennet,  et  reproduits  par  Buchon,    Supplém.  à   Froissarty 

.  t.  XV,  p.  XI  de  la  préface  à  la  Chronique  anonyme  sur  Ri- 
chard II.  Voyez  la  discussion  de  cette  difficulté,  Arcliœol., 
t.  XX,  p.  199.) 

Page  305,  note  h. 

Déposition  de  Richard.  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  422,  §§  51-53, 
etKnighton,  p.  2757.  Gf.  VV^als.,p.  360,  et  M.Evesh.,p,  159. 
Voici  un  peu  en  abrégé  la  sentence  : 

a  InDeinomine,  Amen.  Nous,  Jean,  évêquede  Saint-Asaph, 
Thomas,  etc.,  désignés  parles  pairs  et  les  lords  spirituels  et  tem- 
porels d'Angleterre  et  les  communes  du  royaume,  comme  com- 
missaires spéciaux,  siégeant  en  tribunal,  attendu  les  parjures, 
actes  de  cruauté  et  crimes  dudit  Richard,  commis  pendant  son 
règne,  et  publiquement  articulés,  faits  qui  sont  notoires;  vu  aussi 
la  confession  dudit  Richard,  qui  se  reconnaît  insuffisant,  etc., 


I 


NOTES.  499 

ayant  délibéré  au  nom  et  par  l'autorité  qui  nous  est  déléguée, 
nous  déclarons  Richard  inhabile,  insuffisant  et  tout  à  fait  in- 
digne, et  nous  prononçons  qu'il  soit  dépouillé  de  toute  dignité 
et  honneur  royal,  faisant  défense  expresse  à  tout  arche- 
vêque, etc.,  et  homme  lige  quelconque,  d'obéir  désormais  h 
Richard  comme  à  leur  roi  et  seigneur.  {Rot.  Pari.,  t.  III, 
p.  422,  §52,  etKnighton,  p.  2757.) 

Page  305,  note  c. 

Revendication  de  la  couronne  par  Henri.  «  In  the  name  of 
Fadir,  Son,  and  Holy  G-ost,  I,  Henry  of  Lancastr'  chalenge  yis 
Rewme  of  Yngland,  and  the  Gorone  with  ail  y*  membres  and 
appurtenances,  als  I  y*  am  disendit  be  right  lyne  of  the  Blod 
comyng  fro  the  gude  lorde  Kyng  Henry  therde,  and  thorghe 
yat  ryght  yat  God  of  his  grâce  hath  sent  me,  with  helpe  of  my 
Kyn  and  of  my  Frondes  to  recever  it  :  the  whiche  Rewme  was 
in  poynt  to  be  undone  for  défaut  of  Grovernance  and  uudoyng 
of  the  gode  Lawes.  »  {Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  422,  §  53.) 

Page  306,  note  a. 

Élection  de  Henri.  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  422,  §  54. 

Les  deux  arche  vasques  le  pas 
Revindrent  par  devers  le  roy, 
Qui  estoit  en  très  bel  arroy  ; 
Et  l'ont  droit  par  les  bras  mené 
Au  siège  royal,  qui  paré 
Estoit  richement  près  de  là. 
Le  roy  devant  s'agenouilla. 
Et  fist  dedans  ses  croisons. 

Puis  il  s'adressa  aux  prélats  et  aux  seigneurs  en  latin  et  en 
anglais;  et  nul  n'y  contredisant,  il  s'assit  sur  le  trône    : 

Las!  le  roy  Richart  desaisiz 
En  fu  là  pour  toute  sa  vie  : 
Tant  avoient  sur  ly  envie  ! 
Maiz  se  Dieu  plaist ,  ainsi  feront 
De  cellui  qu'imposé  y  ont. 

Il  demeura,  dit  le  chroniqueur,  longtemps  assis  en  silence  : 
car  pendant  ce  temps  chacun  était 

En  oroyson , 
Priant  par  grant  devocion 


500  LIVRE  DOUZIÈME. 

Pour  la  bonne  prospérité 
Gouvernement,  paix  et  santé 
Du  roy  nouvel  qu'ils  orent  fait. 

(Biichon,  l.XIV,  p.  433,  434.) 

Page  308,  note  a. 

Banquet  à  Westminster.  Le  texte  des  Rôles  porte  :  «  Et  in 
«  alba  aula  prœdicta  Commun'  regni,  proceribus  ac  generosis 
«  illuc  in  multitudine  maxima  congregatis  eodem  die  cele- 
«  bravil.  »  (T.  III,  p.  423,  §  57.)  Celui  de  Knighton  :  «  Et  in 
«  alba  aula  praedicta  convivium  regni  proceribus....  congregatis 
a  eodem  die  celebravit.  »  (P.  2760.)  Cette  seconde  leçon  nous 
paraît  préférable.  Dans  l'autre  les  communes  sont,  il  est  vrai, 
de  la  fête  :  mais  on  ne  dit  pas  de  quelle  fête  :  et  il  faut  un 
régime  à  celebravit,  un  objet  à  la  réunion.  C'est  d'ailleurs  ce 
que  dit  Walsingham,  qui  ici  copie  les  actes  :  «  Recessit  ad  al- 
«  bam  aulara,  ubi  eo  die  convivium  solemne  celebravit.  » 
(P.  360.) 

Page  309,  note  a. 

Signification  faite  à  Richard.  Retrait  d* hommage.  Le  texte 
est  en  anglais,  précédé  de  ce  titre,  en  français,  dans  le  Mémo  ~ 
randum  qui  est  en  latin  :  «  Les  paroles  que  W.  Thirnyng 
parla  à  monsire  Richard,  nadgairs  Roy  d'Engleterre ,  a  la 
Toure  de  Loundres  en  sa  chambre,  le  mesquerdy  prochein 
après  la  fest  de  Seint-Michell  TArchaungell,  s'ensuent.  «Après 
lui  avoir  rendu  compte  des  événements  accomplis  depuis  son 
abdication,  savoir  :  la  réunion  du  parlement,  la  lecture  et  l'ac- 
ceptation de  son  abdication,  les  articles  déposés  contre  lui  sur 
des  faits  notoires  (ot  dont,  à  ce  titre-là,  sans  doute,  on  se  dis- 
pense de  lui  donner  connaissance)  ;  enfin,  le  jugement  des  trois 
États  du  royaume,  qui  le  déclare  indigne  et  incapable  de  régner, 
il  ajoute  :  «  And  we,  procuratours  to  ail  thés  states  and  poeple 
forsayd,  os  we  be  charged  by  hem,  and  by  hir  autorité  gyf- 
fen  us,  and  in  lier  name,  zeld  zowe  uppe  for  ail  the  states  and 
poeple  forsayd,  homage  liège  and  feaute  and  ail  ligeance  and 
ail  other  bondes,  charges  and  services  that  longe  ther  to.  And 
that  non  of  ail  thés  states  and  poeple  fro  this  tyme  forward  ne 
bere  zowe  feyth,  ne  do  zowe  obeisance  os  to  thar  Kyng.  »  La 
réponse  de  Richard  est  reproduite  dans  la  même  langue  :«  And 


NOTES.  501 

he  ansvvered  and  seyd,  That  he  loked  not  ther  after;  Bot  he 
sayde  that  after  ail  this,  he  hoped  that  is  Gosyn  wolde  be  goode 
Lord  to  hym.  »  (Rot.  ParL.t.  III,  p.  424,  §§  59  et  60.)  Les  pa- 
roles de  Richard  dans  l'abrégé  de  Gotton  fp.  390j  sonc  suivies 
de  cette  réflexion  :  «  Who  throughly  marketh  this  tragedy, 
shall  not  read  the  same  without  tears,  and  who  well  noteth  the 
sequell,  shall  see  new  Lords,  new  Laws  and  for  new  bloud-shed 
fresh  revenge  to  ensue   (Éd.  de  1657.) 

Page  309 ,  note  a  {his) . 

Ouverture  du  parlement  de  la  1"  année  de  Henri  IV,  6  oc- 
tobre 1399.  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  416.  Ge  sont  absolument  les 
mêmes  membres  qu'à  l'assemblée  tenue  la  semaine  précédente. 
(Voyez  les  deux  listes  des  pairs.  Gotton's  Abridgnient,  p.  382  et 
383.)  —  Discours  du  chancelier.  Ibid.,  §§  3-5. 

Page  312,  note  a. 

Chevaliers  nommés  par  Henri.  Proissart,  lY,  78;  Ghron. 
anon.,  Ms.  3884,  f"  119,  etBuchon,p.  34;  Otterbourne,  p.  221. 
Il  fit  chevalier  son  fils  Henri,  au  mépris  de  l'investiture  que 
le  jeune  prince  avait  déjà  reçue  de  Richard.  Toutefois  on 
fait  une  distinction  :  Richard  l'ayant  fait  chevalier  banneret, 
Henri  le  fit  chevalier  du  bain.  (Voy.  Archœol.^  t.  XX,  p.  206, 
note.) 

Henri  se  rend  à  Westminster  :  «  Et  se  départit  le  duc  de 
Lancastre  celui  dimanche  après  dîner  du  chastel  de  Londres 
pour  venir  à  Westmoustier;  et  étoit  en  pur  le  chef;  et  avoit  en 
son  col  la  devise  du  roi  de  France  ;  et  étoit  accompagné  du 
Prince  son  fils,  de  six  ducs,  six  comtes,  dix- huit  barons,  et  la 
somme  toute  de  huit  à  neuf  cents  chevaliers  en  sa  compagnie. 
Et  avoit  adonc  vêtu  le  roi  un  court  jacque  d'un  drap  d'or  à  la 
façon  d'Allemagne;  et  étoit  monté  sur  un  blanc  coursier;  et 
avoit  le  bleu  gertier  en  la  seneslre  jambe.  Et  vint  ledit  duc 
tout  parmi  la  ville  de  Londres  et  grand  nombre  de  seigneurs, 
vêtus  leurs  gens  chacune  de  sa  livrée  et  devise,...  en  convoyant 
ledit  duc  jusques  à  Westmoustier.  Et  furent  le  nombre  de  six 
raille  chevaux.  Et  furent  les  rues,  ledit  jour,  là  où  ledit  dur 
passa,  couvertes  et  parées  en  plusieurs  manières  de  paremens  ; 
et  eut  celui  jour,  et  autre  après,  neuf  brocherons  de  fontaine 


502  LIVRE  DOUZIÈME. 

en  Cep  (Cheapside)  à  Londres,  courans  par  plusieurs  conduits, 
blanc  vin  et  vermeil.  »  (Froissart,  IV,  78.) 

Cérémonie  du  sacre.  Voir  le  Mémorandum  dans  Rymer, 
t.  VIII,  p.  90;  Greton,  p.  438;  Chron.  anon.,  Ms.  3884,  f°  149 
verso,  et  Buclion,  p.  35;  Froissart,  IV,  78;  et  Extrait  du  Ms. 
Bodl.  2376,  î°'  ccYub  et  suiv.,  publié  dans  VArchœoL,  t.  XX, 
p.  275. 

Henri  avait  nommé  son  jeune  fils  Thomas  sénéchal.  C'est 
Thomas  Percy,  vu  l'âge  du  prince,  qui  en  devait  remplir  les 
fonctions.  {Memor.  ap.  Rymer,  t.  VIII,  p.  90.) 

Couronnement.  Les  ducs  qui  soutenaient  la  couronne,  étaient, 
selon  Greton,  les  ducs  d'York,  de  Surrey, 

«  Oui  ne  le  fit  pas  de  cœur  vrai ,  » 

d'Aumarle  et  de  Glocester.  Il  doit  y  avoir  erreur  sur  ce  dernier. 
Ce  jeune  duc  de  Glocester  était  mort,  non  dans  la  traversée 
d'Irlande,  comme  le  disent  plusieurs  chroniqueurs  (et,  nous 
l'avons  dit  plus  haut,  p.  490,  on  peut  encore  admettre,  selon 
la  Chronique  anonyme,  qu'il  ait  été  chargé  avec  Arundel  de 
veiller  sur  Richard,  au  retour  de  Ghester);  il  était  mort  d'une 
maladie  pestilentielle ,  fort  peu  de  temps  après  son  retour  à 
Londres  :  sa  mère  mourut  le  3  octobre,  et  l'on  dit  qu'elle  mou- 
rut de  la  douleur  que  sa  pei'te  lui  causa  : 

Interea  transit  moriens,  nec  in  orbe  remansit 
Humfredus  dictus,  redit  iile  Deo  benediclus; 
Defuncto  nato,  cito  post  de  fine  beato 
Mater  transivit  nati  dum  funera  scivit. 

(Gower,  Chron.  Trip.,  p.  447.) 

Voyez  aussi  Wals.,  Hypod.  Neuslriae,  p.  555;  Otterbourne, 
p.  224;  Dugdale,  t.  II,  p.  1 72  :  il  cite  l'inscription  du  tombeau 
de  la  duchesse.  Le  monument  est  donné,  avec  son  inscription, 
dans  Gough,  Monum.  of  Greal  Brltain.,  t.  II,  p.  159. 

Festin  du  sacre.  Greton,  p.  439;  Chron.  anon..  Aïs.  3884, 
f*»  150,  etBuchon,  p.  35;  Extrait  du  Ms.  Bodl.  2376  dans  VAr- 
chœol  ,  t.  XX,  p.  376. —  Le  chevalier  Di/mock.  Greton,  p.  441  ; 
Froissai'l,  IV,  78.  (Voir  sur  cette  famille  et  sur  cette  charge  hi 
note  de  YArchœoL,  l.  XX,  p.  209,  et  le  procès- verbal  du  cou- 
ronneiuent  de  Richard  II,  Bibl.  irap.,  Ms.  6049,  f*»  5.) 


NOTES.  503 

Page  316,  note  a. 

Les  prophéties  de  Merlin  ne  manquèrent  pas  de  suppléments 
en  pareille  circonstance.  L'une  de  ces  prédictions,  qui  ne  laissa 
point  d'avoir  de  l'influence  sur  l'esprit  de  Henri,  portait  :  «  Su- 
er perveniet  filius  Aquilse  (Lancastre)....  et  Asinum  (Richard) 
«  cum  pedibus  plumbeis  accipiet  in  Occidentali....  Ipsum  prœ- 
«  datorem  in  regem  exaltabunt  et  conqueret  Jheru  (Jérusa- 
«  lem).  »  On  ne  doutait  pas  qu'un  si  pieux  roi  ne  reconquît  la 
Terre  Sainte.  (Voy.  ArchœoL,  t.  XX,  p.  257.)  Un  ermite  éleva 
une  chapelle  à  Ravenspur,  où  Henri  avait  débarqué.  Cet  ermite 
devait  avoir  plus  d'une  chose  sur  la  conscience  :  Henri  lui  ac- 
corda grâce  entière  de  ses  fautes,  dans  la  charte  qui  lui  concéda 
l'emplacement  de  la  chapelle  pour  lui  et  pour  les  ermites,  ses 
successeurs.  (1"  octobre  1399.  Rymer,  t.  VIII,  p.  89.) 

Page  317,  note  a. 

Réunion  du  parlement  après  le  sacre,  mardi,  14  octobre 
1399.  Rot.  Pari. y  t.  III,  p.  62.  Les  communes  élurent  pour 
orateur  J.  Cheyne  qui  fit  la  protestation  ordinaire,  mais  qui  le 
lendemain  s'excusa  sur  son  â^e  et  ses  infirmités,  et  fut  rem- 
placé par  J.  Doreward  (ibid.,  §§  62-64).  —  Subside  des  laines: 
50  s.  par  sac  pour  les  indigènes,  60  s.  pour  les  étrangers. 
Quant  au  dixième  et  au  quinzième  votés  k  Richard  pour  l'année 
précédente,  on  les  maintint  au  nouveau  roi  pour  ce  qui  était  à 
percevoir  encore,  comme  pour  ce  qui  était  perçu.  Mais  on  sup- 
prima le  demi-dixième  et  le  demi-quinzième  dont  le  payement 
avait  dû  commencer  à  la  dernière  fête  de  saint  Michel.  (îbid., 
p.  425,  §  65.) 

Abolition  du  parlement  de  la  xxr  année.  Les  communes  se 
réservèrent  de  reprendre,  par  voie  de  pétition,  les  actes  utiles 
qui  auraient  pu  être  faits  par  cette  assemblée  {ibid.,  §  66).  — 
Confirmation  du  parlement  de  Van  xi,  sauf  à  remettre  en  déli- 
bération les  mesures  qui  ne  paraîtraient  point  profitables,  ibid., 
§  67  ;  —  réhabilitation  de  condamnés,  ibid.,  §  68.  —  Avis  du 
roi  sur  les  deux  parlements  de  Van  xi  et  de  Van  xxi,  et  sa  décla- 
ration, ibid.,  p.  426,  §70.  Cf.  sur  tous  ces  actes,  Wals.,p.  361. 
—  Abolition  du  jugement  rendu  en  Van  xx  de  Richard  contre 
Thomas  Haxey,  ibid.,  p.  430,  §  70.  Richard,  on  s'en  souvient, 
lui  avait  déjà  fait  grâce  entière.  L'abolition  des  actes  du  parle- 


504  LIVRE  DOUZIÈME. 

ment  de  la  xxr  année  faisait  revivre  les  jugements  qu'il  avait 
abolis.  Henri  en  répara  les  effets  à  l'égard  de  Michel  de  la 
Pôle,  fils  de  l'ancien  chancelier,  comte  de  Suffolk,  et  lui  rendit 
tons  les  honneurs  de  son  rang,  15  novembre  1399.  (Rot.  Pari. y 
t.  III,  p.  668,  n°  2,  append.) 

Page  318,  note  a. 

Il  y  a  sur  la  suite  des  actes  de  ce  parlement  d'assez  grandes 
difficultés.  Le  procès-verbal,  selon  Tusage,  comprend  deux 
parties  :  les  actes  communs  (placita  parliamenti)  et  les  actes 
judiciaires  (p^aci7a  coronx).  Les  premiers  ont  leur  date;  elle 
manque  aux  autres  :  de  manière  qu'il  est  assez  difficile  de  dire 
comment  ils  doivent  se  rapporter  à  la  série  des  jours.  Ajoutez 
que  cette  dernière  partie  est  fort  incomplète  et  que  plusieurs 
points  importants  de  la  procédure  ou  du  débat  ne  sont  rappelés 
qu'incidemment  dans  la  sentence.  Heureusement  une  chronique 
sur  le  couronnement  de  Henri  IV  et  sur  les  actes  qui  suivirent 
(Ms.  Bodl.  2376),  chronique  publiée  en  appendice  au  tome  XX 
de  Y Archœologia  à  la  suite  du  poëme  de  Greton  (p.  275-281, 
n°  vi),  nous  fournit  plusieurs  des  dates  qui  manquent  au  rap- 
port officiel.  La  concordance  exacte  qu'elle  présente  avec  ce 
dernier  texte  pour  celles  qui  y  sont  données,  permei  d'accep- 
ter les  autres  en  toute  sécurité.  Quelques  points  restent  pour- 
tant douteux  :  nous  les  signalerons  dans  les  notes  qui  vont 
suivre. 

Cette  chronique  elle-même  offre  dans  le  manuscrit  des  la- 
cunes qu'il  nous  paraît  possible  de  combler  avec  Holinshed  :  car 
cet  auteur  la  reproduit  presque  littéralement  sur  tous  les  poiuis 
qui  nous  restent  d'elle,  et  Ton  est  en  droit  de  conclure  qu'il 
continue  de  la  suivre  dans  les  passages  intermédiaires  qui  ont 
péri.  Ainsi  la  Chronique  s'arrête  aux  cinq  articles  relevés  par 
les  communes  :  c'est  Holinshed  qui  en  garde  h  délail,  comme 
c'est  lui  qui  reproduit  la  première  scène  où  fi[>,ure  Bagot.  La 
Chronique  ne  reprend  qu'à  la  fin  pour  dire,  comme  Holinshed, 
que  Bagot  n'eut  rien  à  répondre  au  fait  qui  lui  était  allégu;'. 
Quel  fait?  Celui  évidemment  dont  parle  en  cet  endroit  Holin- 
shed. Nous  y  reviendrons  ci -après. 

Page  3"21 ,  note  a. 

Témoignage  de  Bagot.  Getle  partie  du  récit,  (|ue  nous  dérobe 


NOTES.  505 

la  lacune  du  manuscrit  cité,  nous  est  rendue  par  Holinshed 
(t.  II,  p.  511).  Le  procès-verbal  ne  dit  pas  un  mot  de  la  décla- 
ration de  Bagot,  mais  son  silence  ne  la  doit  point  faire  révo- 
quer en  doute  :  car  les  actes  du  parlement  de  la  seconde  année 
de  Henri  IV  (1400-1401)  constatent  qu'il  avait  comparu  devant 
l'assemblée  précédente,  sous  le  poids  des  accusations  les  plus 
graves,  et  qu'il  aVait  fait  agréer  en  sa  faveur  un  acte  d'amnistie. 
(Rot.  Pari. y  t.  m,  p.  458,  §  24.) 

Page  324,  note  a. 

Mission  de  deux  lords  pour  interroger  J.  Halle.  Ghron.  Ms. 
BodL,  ibid.  La  Chronique  (ainsi  que  Holinshed)  dit  que  les 
deux  lords  eurent  ordre  de  l'interroger  après  diner  (16  octobre)  ; 
la  confession  de  J.  Halle  dans  les  actes  du  parlement  est  datée 
du  17.  {Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  452,  §  11.)  —  Comparution  de  Ba- 
got et  deJ.  Halle,  Ghron.  Ms.  BodL,  ibid. 

Lecture  de  la  déposition  deJ.  Halle.  Ghron.  Ms.  BodL,  ibid. 
CL  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  452,  $  II.  —  Défi  de  Fitz-Walter. 
Ghron.  Ms.  BodL,  ibid. 

Réplique  du  duc  de  Surrey ,  etc.  Ghron.  Ms.  BodL,  ibid. 
Toute  cette  querelle  a  été  mise  en  scène  par  Shakespeare. 
(Rich.  II,  act  IV,  se.  I.)  Fitz-Walter,  qui  se  défend  d'avoir  voté 
dans  le  procès  de  Glocester,  figure  au  moins  parmi  les  lords 
convoqués  à  ce  parlement.  (Gotlon's  Abridgni.,  p.  366.) —  Dé/i 
d'Aumarle  au  duc  de  Norfolk  absent.  Ghron.  Ms.  BodL  {Ardueol., 
t.  XX,  p.  279).  Thomas  Mowbray,  comte  maréchal,  duc  de 
Norfolk,  était  mort  le  lundi  avant  la  Saint-Michel  (22  septeni- 
brej.  La  liste  des  domaines  qu'il  laissait  en  mourant  occupe 
dix  colonnes  dans  le  Calend.  Inquis.  post  mortem ,  t.  III, 
p.  266-270. 

Page  325,  note  a. 

Bagot  ramené  enprison.  Ghron.  Ms.  BodL  {Archseol.,  t.  XX, 
p.  279).  — Sa  mise  en  liberté,  Rot.  Pari,  t.  III,  p.  458,  §  24. 
Selon  la  Chronique  de  Kenilsworth,  il  se  retira  à  Packington, 
où  il  mourut  sept  ans  plus  tard  (voy.  Archdeol.,  t.  XX,  p.  278, 
note).  Le  comte  de  Rutland  et  le  lord  Fitz-Walter  firent  leur 
paix  devant  le  roi  à  ce  même  parlement  de  1401  (15  mars). 
Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  459,  §  32. 

Condamnation  et  exécution  de  J.  Halle.  Rot.  Pari.,  t.  III, 


506  LIVRE  DOUZIÈME. 

p.  452,  §§  11-16,  etChron.  Ms.  BodL,  p.  279;  Otterbourne, 
p.  222.  La  Chronique  donne  la  date  du  jugement  le  samedi 
(18  octobre),  et  le  procès-verbal  constate  qu'il  fut  exécuté  le 
même  jour.  On  ne  voit  pas  sur  quel  fondement  Gotton,  dans  son 
abrégé  (p.  401),  fixe  ce  jour  au  mardi,  28  novembre  (le  28  no- 
vembre 1399  est  un  vendredi:  il  faudrait  au  moins  lire  le  mardi, 
18  novembre). 

Page  334,  note  a. 

Accusation  et  défense  des  seigneurs.  Placita  coronse  :  Rot. 
Pari.,  t.  III,  p.  449.  La  Chronique  manuscrite  de  la  bibl.  Bo- 
dleienne  ne  donne  les  excuses  qu'en  résumé  et  en  bloc.  (Ar- 
chœoLy  t.  XX,  p.  281.)  Voir  aussi  le  résumé  de  la  procédure 
dans  le  jugement  prononcé  en  anglais  par  W.  Thirnyng,  prési- 
dent du  commun  banc  {Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  451,  §  9).  —  Le 
duc  d'Aumarle,  ibid.,  p.  449,  §§  2  et  3;  —  le  duc  de  Surrey , 
ibid.j  p.  450,  §  4;  —  le  duc  d'Exeter,  ibid.,  §  5;  —  le  mar- 
quis de  Dorset,  ibid.,  §  6;  —  le  comte  de  Salisbury,  ibid., 
§  7  ;  —  le  comte  de  Glocester,  ibid.,  §  8. 

Morley  et  Salisbury.  Ms.  Bodl.  dans  VArchœoL,  t.  XX, 
p.  281.  Le  chroniqueur  anonyme  (Ms.  3884,  f"  149  recto,  et 
Buchon,  p.  33)  prend  lord  Morley  dont  il  est  question  dans 
l'exposé  de  W.  Thirnyng  (Roi.  Pari.,  t.  III,  p.  451,  §  9),  pour 
Thomas  Mowbray,  duc  de  Norfolk,  comte  maréchal.  —  Sentence. 
Rot,  Pari.,  t.  III,  p.  451,  §  9.  C'est  l'exposé  de  W.  Thirnyng 
qui  nous  marque  ici,  quoique  d'une  manière  un  peu  vague,  la 
succession  des  jours  en  disant  qu'après  les  débats  (ils  eurent 
lieu,  selon  la  chronique  citée,  le  29  octobre)  la  délibération 
des  lords  eut  lieu  un  matin  «  on  the  morning,  »  et  la  consulta- 
tion des  prélats  un  autre  matin  et  un  vendredi  «  on  the  morne 
that  is  to  wyten  on  the  friday.  »  Ce  vendredi  doit  répondre  au 
31  octobre.  Notons  néanmoins  que  la  Chronique  dont  le  ma- 
nuscrit finit  au  3  novembre,  ne  mentionne  pas  le  prononcé  du 
jugement,  et  que  Holinshed  qui  la  suit,  mais  qui  résume  ici 
très-rapidement  les  faits,  parle  des  pétitions  des  communes 
avant  de  rien  dire  de  là  décision  prise  touchant  les  accusateurs 
de  Glocesler. 

Page  338,  note  a. 

Statut  des  proviseurs.  «  Que  nostre  dit  Seignor  le  Roy  par 
assent  et  advys  de  tieux  sages  et  dignes  personnes  queux  lui 


NOTES.  507 

plerra  appeller  pur  conseiller  en  la  matire,  purra  faire  tiele 
soeffrance,  ordonnance  et  modération  touchant  ledit  Estatut.... 
et  mesme  l'Estatut  casser,  repeller,  irriter  et  de  tout  annuller 
selonc  sa  haute  discrétion  et  selon  ceo  que  luy  semblera  a  l'ho- 
nor  de  Dieu  et  mieulx  expédient  pur  l'onor  et  profit  de  son 
Roïal  Estât,  de  son  dit  roialme  et  de  son  people.  »  {Rot.  Pari. y 
t.  III,  p.  428,  §  85.)  —  «  Que  le  roi  soit  en  aussi  grande  liberté 
royale  comme  ses  prédécesseurs.  »  {RoL  Parl.y  t.  III,  p.  434, 
S  108.) 

Page  340,  note  a. 

Pétitions  des  communes.  Suppression  des  actes  de  despo- 
tisme, etc.  Rot.  Pari  ,  t.  III,  p.  433-437,  §§  101,  104,  109- 
113.  —  Juges  de  Nottingham,  p.  442,  §  145;  —  la  duchesse 
d'Irlande,  ibid.,  p.  432,  §  95;  —  le  comte  d'Oxford,  p.  441, 
§  140  La  duchesse  d'Irlande,  petite-fille  d'Edouard  III  (Wals., 
p.  328),  était  cousine  de  Henri;  la  comtesse  d'Oxford  était  sa 
nièce.  Voyez  Dugdale,  Baron.,  t.  I,  p.  195.  —  Confirmation 
des  amnisties,  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  441,  §  139;  —  confirma- 
tion  des  aliénations  de  biens  confisqués,  ibid.,  p.  445,  g  156; 

—  défense  aux  grands  officiers  d'accepter  des  présents,  ibid., 
p.  433,  §  99;  — juges  faisant  observer  la  loi,  ibid.,  §  97;  — 
juges  de  la  paix,  ibid.,  p.  444,  §  151.  —  Enquête  sur  les 
finances,  ibid.,  p.  439,  §§  127-129.  —  Privilèges  de  Londres, 
ibid.,  p.  443,  §  146.  —  Marché  de  Smith field,  ibid.,  p.  439, 
§  123.  Il  s'agit  du  prélèvement  d'une  bête  sur  trois,  déjà  in- 
terdit par  une  ordonnance  de  la  vingt  et  unième  année  de 
Richard. 

Page  341,  note  a. 

Réponses  du  roi.  Voir  à  la  suite  des  demandes  indiquées 
dans  la  note  précédente.  —  Abolition  de  la  clause  touchant  les 
actes  du  parlement  de  Van  xi  Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  442,  §  143; 

—  les  crimes  de  trahison  renvoyés  à  la  justice  ordinaire,  ibid,, 
§  \kk.  —  Suppression  des  livrées,  ibid.,  p.  428,  .^  84; — assises 
en  Vabsence  du  coroner,  ibid.,  p.  429,  §  89.  —  UEtaple,  ibid., 
p.  429,  §  87  ;  —  blancs  seings,  ibid.,  p.  432,  §  93;  —  confir- 
mation des  pardons,  ibid,  §  94. 

Conditions  de  V amnistie.  «  Le  roi  le  voet  :  issint  que  ceux 
qui  voillent  avoir  bénéfice  de  ce^ste  pardon,  pursuent  lour  Char- 
tres en  especial  par  entre  cy  et  la  feste  de  Tous-Seintz  pro- 


508  LIVRE  DOUZIÈME. 

chein  a  venir.  »  (Ibid.^  p.  445,  §  157.)  —  Sommes  dues  à  Ri- 
chard, ibid.,]).  439,  §  124.  —  Sommes  dues  par  Richard,  ibid., 
p.  437,  §  116,  p.  438,  §  117.  Pour  les  maîtres  delà  garde  de 
Ghester,  le  roi  dit  qu'il  se  fera  rembourser  en  services,  ibid.^ 
J5  127.  —  Dommages  causés  par  Richard  :  réparations  à  l'ar- 
chevêque de  Canlerbury;  au  comte  d'Arundel,  ibid.,  p.  434- 
436,  §§  109-112; —  dommages  causés  par  Varmie  du  roi, 
ibid.,  p.  433,  §  101.  — Bons  excessifs  a  réduire,  ibid.,  §  98. 
Le  décret  qui  abolit  le  jugement  rendu  en  la  vingt  et  unième 
année  de  Richard  contre  l'archevêque  de  Ganterbury  et  lui 
restitue  son  temporel,  est  du  2 1  octobre  1399.  (Rymer,  t.  YIII, 
p.  96.) 

Page  343,  note  a. 

Confirmation  en  parlement  du  jugement  sommaire  de  Bristol. 
Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  453,  §  17;  cf.  Wals.,  p.  362.  Dugdale 
distingue  deux  familles  du  nom  de  Scrop  :  Scrop  of  Bolton 
et  Scrop  of  Masham,  et  il  leur  donne  pour  représentants  au 
temps  de  Richard  II  :  à  la  preuiière,  Richard  le  Scrop,  chan- 
celier en  1372,  en  1378  et  en  1382,  qui  eut  pour  fils  Roger, 
Etienne  et  Richard  (archevêque  d'York);  à  la  deuxième,  Henri 
le  Scrop,  qui  mourut  Tan  xv  de  Richard  II,  laissant  deux  fils  : 
Etienne,  lieutenant  d'Irlande  sous  Henri  IV,  et  William,  comte 
de  Wiltshire.  {Baronage,  t.  I,  p.  654,  655,  et  p.  657-659.)  Ge 
William  n'aurait  donc  aucune  parenté,  du  moins  bien  pro- 
chaine, avec  Richard  le  Scrop.  Dans  les  actes  du  parlement, 
Richard  paraît  pourtant  comme  son  père.  Il  s'agit  de  la  con- 
firmation du  jugement  sommaire  de  William  le  Scrop,  de 
Henri  Green  et  de  J.  Bussy,  mis  à  mort  à  Bristol  :  le  procès- 
verbal  ajoute  :  «  A  quel  temps  monsieur  Richard  le  Scrop  soy 
leva  et  ove  graunte  humilité  et  chière  plorant  pria  au  Roy  que 
rien  que  serroit  fait  en  le  dit  Parlement  ne  tourneroit  en  dishe- 
rilison  de  dit  Bichart  ne  de  ses  enfaunlz.  Dequel  Richard  y 
fuist  demandé,  si  les  ditz  pursuite,  arreste  et  juggementz  avaunt 
dit,  et  quaunt  que  fuist  fait  come  desuis  est  dit,  furent  bones 
ou  noun?  Et  le  dit  Richard  disoit,  qu'il  ne  vorroit  ne  ne  saveroit 
dire  mes  que  le  pursuite,  areste  et  juggements  avaunt  ditz,  et 
quaunt  que  fuist  fait,  come  desuis  est  dit,  furent  bones  et  pro- 
fitables pur  le  Roy  et  le  Roialme;  et  que  son  fitz  fuist  un  de 
eux  et  de  ceo  il  fuist  trop  dolent,  etc.  {Rot.  Pari.,  t.  III,  p.  453, 
§  17.)  Je  signale  cette  difficulté  aux  généalogistes,  et  fais  remar- 


I 


xuTi-:s. 


50'.i 


qiier  en  même  temps  que  dans  le  Catal.  and  success.  ofKings  de 
Brooke,  catalogue  sommaire  d'ailleurs  et  qui  n'indique  point 
ses  sources,  W.  le  Scrop  est  dit  fils  de  Richard  le  Scrop,  con- 
trairement h  Dugdale.  (Catal.,  p.  353.) 


LIVRE     TREIZIEME. 


Page  347,  note  a. 


Si  r Angleterre  était  pour  un  changement  de  dynastie.  Voyez 
ci-dessus,  p.  248,  et  h  l'appui,  p.  476,  les  protestations  contenues 
dans  le  défi  desPercyen  1403:  Extrait  d'un  ms.de  la  Chronique 
de  Hardyng,  ap.  ArchœoL,  t.  XVI,  p.  140,  141.  —  La  petite 
reine.  Voir  ci-dessus,  p.  494. —  Mauvais  traitements  qu'elle 
subit.  Relig.  de  Saint-Denys,  XX,  7.  Le  Religieux  de  Saint- 
Denys  les  rapporte  aux  conseillers  de  Richard  dès  le  départ  du 
roi  pour  l'Irlande  :  ce  qui  est  contre  toute  vraisemblance.  — 
Honneurs  aux  gens  du  duc  de  Berri  et  du  duc  d'Orléans  au 
repas  du  sacre.  Chron.  anon.  Ms.  3884,  f°  150,  et  Buchon, 
p.  35. 

Page  348,  note  a. 

Messages  de  Henri  au  pape,  au  roi  de  France ^  aux  princes 
d'Espagne,  d'Allemagne.  Wals.,  p.  362.  —  Dispositions  de  Bor- 
deaux envers  Richard  et  envers  la  France.  Froissart,  IV,  79. 
Henri  nomma  Gruallard  de  Durfort  sénéchal  d'Aquitaine  (23  dé- 
cembre 1399),  et  fit  diverses  autres  nominations  pour  s'assurer 
du  pays  (24  décembre).  (Rymer,  t.  VIII,  p.  118.)  Il  accorda 
aussi  diverses  faveurs  :  exemption  du  droit  de  P  1/2  sur  les  vins 
que  les  bourgeois  de  Libourne  chargeront  au  port  de  la  ville, 
26  mars  1400.  {Rot.  Vascon.,  an.  1  Henri  IV,  m.  6.  Coll.  Bré- 
quigny,  t.  XXXI,  f"  222);  100  1.  st.  sur  la  dîme  des  vins,  ac- 
cordées pour  la  réparation  des  murs  de  la  ville  {ihid.,  m.  12. 
Coll.  Bréquigny,  t.  XXX,  f°  236)  ;  confirmation  des  privilèges 
des  marchands  d'Aquitaine,  8  mai   1400.  {Rot.  Vascon.,^Ti.  2 


510  I.IVRE  TREIZIEME. 

{sic)  Henri  IV,  m.  16  et  17.  Coll.  Bréquigny,  t.  LXXIX, 
f"  120.)  A  la  date  du  2  novembre  1399,  le  nouveau  roi  vidime 
et  confirme  la  jouissance  de  deux  échoppes,  situées  sous  les 
murs  du  château  de  Bordeaux,  avec  un  revenu  de  20  1.,  et  une 
pension  viagère  de  10  m.,  accordées  par  Richard  II  à  une 
femme  qui  Favait  soigné  dans  son  enfance.  (Rymer,  Suppl. 
Henri  IV,  t.  I,  n°  40.  Coll.  Bréquigny,  t.  LXXIX,  f°  110.) 

Impression  que  la  chute  de  Richard  fait  en  France.  Greton, 
reprenant  en  vers  et  sur  un  mode  nouveau  le  fil  de  son  récit, 
le  fait  précéder  d'une  ballade  où  il  épanche  toute  son  indi- 
gnation : 

0  tu,  Henry,  qui  as  en  gouvernance 

Pour  le  présent  la  terre  et  le  païs 

Du  roy  Richart,  qui  tant  ot  de  puissance, 

Le  quel  lu  as  hors  bouté  et  demis, 

Et  tous  ses  biens  appropriez  et  mis 

A  toy,  qui  es  mirouer  de  traïsons; 

Or  scet  chacun  c'onques  mais  trahis  homs 

Si  faulcement  ne  fu,  comme  tu  as 

Trahi  ton  roy.  Celer  ne  le  peus  pas. 

Jugier  l'as  fait  par  jugement  infâme. 

Tu  en  perdras  en  la  fin  corps  et  ame. 

Car  faulcement,  sans  mander  deffiance, 

En  larrecin  ,  toy  estant  fourbanis , 

Luy  as  emblé  sa  terre  :  grant  vaillance 

N'est  pas  à  toy ,  certes  ce  m'est  advis; 

Veu  qu'il  estoit  hors  sur  ses  ennemis 

En  Yrelande,  où  maints  durs  horions 

Receut  d'Yrlois,  qui  sont  fiers  comme  lions. 

Ton  fils  ains  né  y  fist  chevalier  :  las! 

Le  gueredon  à  lui  rendre  oublias  : 

C'est  grand  péché  :  tout  le  monde  t'en  blasme. 

Tu  en  perdras  en  la  fin  corps  et  ame. 

Car  à  ly  n'as  tenu  foy  n'aliance , 
Comme  juré  l'avoïes  et  promis, 
Quand  faintement,  et  en  nom  d'asseurance, 
Northomberlant  par  toy  lui  fu  tramis , 
En  promettant  sur  le  corps  Dieu,  qu'amis 
Tu  lui  seroies,  et  que  c'estoit  raisons. 
Ainsi  le  roy,  ains  qu'il  en  feust  saisons, 
De  ses  chasteaulx  vuida,  et  hault  et  bas, 
Vers  toy  s'en  vint  très  humblement,  hélas! 
Honteusement  l'emmenas  à  diffame. 
Tu  en  perdras  en  la  fin  corps  et  ame. 

Princes  et  roys,  chevaliers  et  barons, 
Françoiz,  Flamens,  Alemans  et  Bretons 


I 


NOTES.  5  1 1 

Deveroient  courre  sur  toy  plus  que  le  pas; 
Car  tu  as  fait  le  plus  orrible  cas 
Conques  fist  homs  :  c'est  pour  toy  laide  famé. 
Tu  en  perdras  en  la  fin  corps  et  ame. 

(Buchon,  t.  XIV,  p.  419.) 

Page  350,  note  a. 

Les  députés  de  France  en  Angleterre.  Religieux  de  Saint- 
Denys,  XX,  14.  On  trouve  dans  Rymer,  t.  YIII,  p.  98,  le 
sauf-conduit  accordé  à  Tévêque  de  Meaux,  à  Jean  de  Hanghest, 
sire  de  Heugueville,  et  à  un  huissier  d'armes,  «  envoyés  par 
nostre  très  cher  cousin  de  France  »  (la  parenté,  on  le  voit,  n'est 
pas  répudiée)  à  la  date  du  31  octobre  1399. 

Présentation  des  envoyés  français  à  la  petite  reine,  Froissart, 
IV,  80.  —  Instructions  aux  envoyés  de  Henri.  ^<  Inter  gloriosas 
«  Reipublicae  curas  et  Regalium  solicitudinum  fructus  uberes, 
a  œstimamus  prœcipuum  aliorum  principum  et  regum  subli- 
me mium  sibi  copulare  prœsidia,  ac  cum  talibus  ligarum,  afii- 
«  nitatum  et  amicitiarum  specialium  inire  fœdera,  per  quos 
o:  principatus  hinc  inde,  amoris  indissolubilis  nexu  conjuncti, 
œ  insurgentibus  ex  adverso  resistere,  et  ab  omni  oppressionis 
ce  clade,  coadunatis  viribus,  poterunt  mutuo  se  tueri.  Quod 
«  dum  infra  mentis  nostrœ  prœcordia  diligentius  tractaremus, 
«  cum  carissimo  consanguineo  nostro  Franciae,  nedum  hujus- 
«  modi  amoris  fœdera  stringere,  sed  affinitatem  et  parentelam 
a  contrahere,  ligasque  firmas  spéciales  et  perpétuas  prœ  ceteris, 
«  optabamus  inire....  »  En  conséquence,  il  donne  pouvoirs  à 
l'évêque  de  Durham  et  à  Thomas  (Percy),  comte  de  Worcester, 
pour  traiter  de  mariage  :  a  Inter  Henricum  primogenitum 
«  filium  nostrum,  principem  Walliœ,  et  fratres  et  sorores  suos, 
«  et  libères  ipsius  consanguinei  nostri  Franciae  aut  patruorum 
«  et  avunculorum  suorum  prsedictorum.  »  (29  novembre  1399, 
Rymer,  t.  YIII,  p.  108.)  Dans  les  instructions  relatives  aux 
trêves,  le  roi  de  France  est  encore  le  cousin  de  France  {con^ 
sanguineus)y  même  date;  le  roid'Écosse,  Vadversaire  d'Ecosse, 
10  décembre  1399.  (Rymer,  t.  VIII,  p.  113.) 

Page  361,  note  a. 

Richard  enlevé  de  la  Tour.  Chron.  anon.,  Ms.  3884,  f°  150 
verso,  et  Buchon,  p.  36.  Otterbourne  en  fixe  le  jour  au  29  oc- 


512  LIVRE  TREIZIÈME. 

tobre  (p.  223).  Le  Religieux  de  Saint-Denys  dit  à  tort  que  Ki- 
chard  demeura  dans  la  Tour  jusqu'en  janvier  (XX,  11).  — 
Translation  de  châieau  en  château.  Le  continuateur  de  la  chro- 
nique de  Groyland  nomme  Leeds  et  Pomfret  (t.  I,  p.  494); 
Hardyng  mentione  Leeds,  Pykering,  Knavesbourg  et  Pomfret 
(ch.  cxcix,  f°  198).  Voy.  Archseol.^  t.  XX,  p.  305,  note. 

Page  352,  note  a. 

Complot.  Greton,  p.  442;  Ghron.  anon.,  Ms.  3884,  f"  151, 
et  Buchon,  p.  37.  Widmore  (flist.  of  Westm.  abb.  ad  an.  1399) 
proteste  que  le  complot  n'eut  pas  lieu  chez  l'abbé.  Voyez  God- 
win,  Life  of  Chaucer,  c.  lut,  t.  II,  p.  551.  L'acte  de  rémission 
de  l'évêque  de  Carlisle  parle  de  complots  qui  se  tramèrent  à 
Londres,  en  l'église  de  Saint-Paul,  dans  la  paroisse  de  Tous-les- 
Saints  et  autres  lieux,  depuis  la  Saint-Nicolas  (6  décembre)  jus- 
qu'à la  Girconcision.  (Rymer,  t.  YIII,  p.  165.) 

Page  356 ,  note  a. 

La  conspiration  découverte.  Ghron.  anon.,  Ms.  3884,  f**  153 
verso,  et  Buchon,  p.  42;  Religieux  de  Saint-Denys,  XX, 
16.  Greton  (p.  445)  est  de  ceux  qui  donnent  à  Rutland  l'ini- 
tiative de  la  trahison.  Une  chronique  de  médiocre  valeur,  re- 
cueillie par  Leland  {Colkct.,  t.  I,  p.  385),  dit  que  le  complot 
fut  révélé  à  un  soldat  de  Henri,  par  une  courtisane  qui  le  te- 
nait d'un  soldat  des  conjurés.  —  Teniative  sur  Windsor,  le 
lundi  b  janvier.  Les  mêmes  historiens,  et  l'acte  de  rémission  de 
l'évêque  de  Garlisle,  28  novembre  1400,  Rymer,  t.  YIII, 
p.  165.  —  Le  roi  à  Londres.  Ghron.  anon.,  ibid.  ;  Wals., 
p.  362;  M.  Evesh.,  p.  165;  Otterbourne,  p.  225.  Shakespeare 
n'a  pas  manqué  de  reproduire  une  scène  qui  achève  de  peindre 
Je  duc  d'York  : 

Entre  Aumale, 

La  duchesse.  Voici  mon  fils  Aumale. 

York.  Il  était  Aumale  autrefois;  mais  son  attachement  à  Richard  lai  a 
fait  perdre  ce  titre.  Il  faut  désormais,  madame,  que  vous  l'appeliez  Rut- 
land. Je  me  suis,  devant  le  parlement,  rendu  caution  de  sa  fidélité  et  de 
son  féal  et  inaltérable  dévouement  au  nouveau  roi. 

La  duchesse.  Soyez  le  bienvenu,  mon  fils.  Où  sont  maintenant  les 
violettes  qui  émaillent  le  verdoyant  giron  du  printemps  qui  vient  d'é- 
clore  ? 


I 


NOTES.  513 

AuMALE.  Madame,  je  l'ignore,  et  je  ne  m'en  inquiète  guère.  Dieu  sait 
que  je  n'ambitionne  pas  le  moins  du  monde  l'honneur  d'en  faire  partie. 

York.  Conduis-toi  avec  prudence  dans  cette  saison  nouvelle,  si  tu  ne 
veux  être  moissonné  avant  d'avoir  mûri.  Quelles  nouvelles  d'Oxford?  Les 
joutes  et  les  fêtes  continuent-elles? 

AuMALE.  Oui,  milord,  autant  que  je  sache. 

York.  Tu  y  seras  sans  doute  ? 

AuMALE.  A  moins  que  Dieu  ne  s'y  oppose,  c'est  mon  intention. 

York.  Quel  est  ce  papier  caché  dans  ton  sein?  Eh  quoi!  tu  pâlis? 
Laisse-moi  voir  cet  écrit. 

AuMALE.  Milord,  ce  n'est  rien. 

York.  Dès  lors,  il  n'y  a  pas  d'inconvénient  à  ce  que  je  le  voie.  Laisse- 
moi  voir  cet  écrit. 

AuMALE.  Je  supplie  Votre  Altesse  de  m'excuser;  c'est  une  affaire  de  peu 
d'importance;  j'ai  des  motifs  pour  la  tenir  secrète. 

York.  Et  moi,  monsieur,  j'ai  des  motifs  pour  désirer  la  connaître.  Je 
crains,  je  crains! 

La  duchesse.  Que  craignez-vous?  C'est  un  billet  qu'il  aura  souscrit, 
pour  paraître  dans  les  joutes  en  costume  élégant. 

York.  Un  billet  souscrit  par  lui-même  à  son  profit,  n'est-ce  pas?  Gom- 
ment aurait-il  sur  lui  un  billet  souscrit  au  profil  d'un  autre?  Ma  femme, 
vous  êtes  une  sotte.  —  Mon  fils,  je  veux  voir  cet  écrit. 

AuMALE.  Excusez-moi,  je  vous  prie;  je  ne  puis  vous  le  montrer. 

York.  Je  le  veux;  laisse-moi  le  voir,  te  dis-je.  {Il  lui  arrache  le  papier 
et  en  lit  le  contenu.)  Trahison!  abominable  trahison!  —  Scélérat!  traître! 
misérable  1 

La  duchesse.  Qu'ya-t-il,  milord? 

York.  Holà!  quelqu'un!  {Entre  un  domestique.) 

York,  continuant.  Qu'on  selle  mon  cheval!  Miséricorde  divine!  quelle 
trahison  est-ce  là? 

La  duchesse.  De  quoi  s'agit-ii,  milord? 

York.  Qu'on  me  donne  mes  bottes!  qu'on  selle  mon  cheval  !  —  Sur  mon 
honneur,  sur  ma  vie,  sur  ma  parole,  je  veux  dénoncer  le  scélérat.  {Le 
domestique  sort.) 

La  duchesse.  Qu'y  a-t-il? 

York.  Taisez-vous,  femme  insensée. 

La  duchesse.  Je  ne  veux  pas  me  taire.  —  De  quoi  s'agit-il,  mon  fils? 

AuMALE.  Soyez  tranquille,  ma  bonne  mère;  il  n'y  va  que  de  ma  vie. 

La  duchesse.  Il  y  va  de  ta  vie!  {Rentre  le  domestique,  apportant  les 
bottes  d'York.) 

York.  Donne-moi  mes  bottes;  je  vais  trouver  le  roi. 

La  duchesse,  montrant  le  domestique.  Frappe-le,  A.umale.  Mon  pauvro 
enfant,  tu  es  tout  interdit.  —  (Au  domestique.)  Sors  d'ici,  scélérat;  ne 
reparais  plus  devant  moi. 

York.  Donne-moi  mes  bottes,  te  dis-je. 

La  duchesse.  York,  que  veux-tu  faire?  Pourquoi  ne  pas  tenir  cachée  la 
faute  de  ton  enfant!  Avons-nous  d'autres  fils  que  celui-là?  pouvons-nous 
espérer  d'en  avoir  d'autres?  L'âge  n'a-t-il  pas  tari  ma  fécondité?  Veux-tu 
enlever  à  ma  vieillesse  mon  fils  unique  et  me  dépouiller  de  l'heureux  titie 
de  mère?  Ne  te  ressemble-t-il  pas?  n'est-il  pas  à  toi? 

York.  Femme  extravagante,    veux-tu  tenir  secrète  cette  conspiration 

II  ~  33 


514  LIVRE  TREIZIÈME. 

ténébreuse?  Ils  sont  douze  qui  se  «oni  muli  ellement  engagés  au  pied  des 
autels,  et  par  leur  signature ,  à  tuer  le  roi  à  Oxford. 

La  duchesse.  I!  n'en  fera  rien;  nous  le  garderons  ici;  dès  lors,  il  n'est 
pour  rien  dans  ce  complot. 

York.  Arrière!  fename  insensée!  fùt-il  vingt  fois  mon  fils,  je  le  dé- 
noncerais. 

La  duchesse.  S'il  t'avait  coûté  les  mêmes  douleurs  qu'à  moi,  tu  serais 
moins  inflexible.  Mais  maintenant  je  lis  dans  ta  pensée.  Tu  as  des  doutes 
sur  ma  fidélité  conjugale;  tu  le  soupçonnes  d'être  un  bâtard,  et  non  ton 
fils.  Mon  cher  York,  mon  époux  bien-aimé,  bannis  de  telles  pensées.  Jamais 
fils  ne  ressemblera  plus  à  son  père;  il  n'a  rien  de  moi  ni  de  ma  famille, 
et  cependant  je  l'aime. 

York.  Laissez-moi  partir,  femme  entêtée.  (Il  sort.) 

La  duchesse.  Aumale,  suis-le;  monte  son  cheval;  pars  à  franc  étrier; 
arrive  avant  lai  auprès  du  roi;  implore  ton  pardon  avant  qu'il  t'accuse; 
je  te  suivrai  de  près.  Toute  vieille  que  je  suis,  j'ai  la  certitude  d'égaler 
York  en  célérité.  Je  me  jetterai  à  genoux,  et  ne  me  relèverai  pas  que 
Bolingbroke  ne  t'ait  pardonné.  Allons,  pars.  {Ils  sortent.) 

Aumale  devance  son  père  à  Windsor,  et  entre  à  pas  précipités.  Où.  est 
le  roi? 

Bolingbroke  (Henri).  Mon  cousin,  que  signifient  ce  désordre  et  ces 
yeux  égarés? 

Aumale.  Dieu  garde  Votre  Majesté!  je  la  supplie  de  m'accorder  un  mo- 
ment d'entretien  particulier. 

Bolingbroke.  Retirez-vous,  et  laissez-nous  seuls.  (Percy  et  les  Lords 
sortent.) 

Bolingbroke,  continuant.  Que  me  veut  maintenant  mon  cousin? 

Aumale,  mettant  un  genou  en  terre.  Je  veux  que  mes  genoux  prennent 
racine  en  terre,  que  ma  langue  soit  clouée  à  mon  palais,  si  je  me  relève 
ou  parie  avant  que  vous  m'ayez  pardonné. 

Bolingbroke.  La  faute  est-elle  commise,  ou  n'est-elle  qu'en  projet? 
Dans  ce  dernier  cas,  quelque  odieuse  qu'elle  puisse  être,  pour  obtenir 
ton  affection  dans  l'avenir,  je  te  pardonne. 

Aumale.  Permettez  alors  que  je  ferme  la  porte  à  clef,  afin  que  nul  ne 
vienne  nous  interrompre  jusqu'à  ce  que  je  vous  aie  tout  révélé. 

Bolingbroke.  Comme  tu  voudras.  {Aumale  ferme  la  porte  à  clef.) 

York,  de  l'extérieur.  Sire,  soyez  sur  vos  gardes;  veillez  sur  vous,  vous 
avez  un  traître  avec  vous. 

Bolingbroke,  mettant  Vépée  à  la  main.  Scélérat,  je  vais  m'assurer 
de  toi. 

Aumale.  Retenez  votre  main  vengeresse,  vous  n'avez  rien  à  craindre. 

York,  de  Vextérieur.  Ouvrez  la  porte,  roi  insensé  et  trop  confiant! 
Faut-il  que,  par  dévouement,  je  vous  fas^e  entendre  en  face  un  langage 
coupable?  Ouvrez  la  porte,  ou  je  la  brise.  {Bolingbroke  ouvre  la  porte.) 

Entre  York. 

Boungbroke.  Qu'y  a-t  il  mon  oncle?  Parlez;  reprenez  haleine;  dites- 
moi  où  est  le  péril,  afin  que  je  me  prépare  à  le  repousser. 

York.  Lisez  cet  écrit,  et  vous  connaîtrez  la  trahison  que  la  précipitation 
que  j'ai  mise  à  venir  m'empêche  de  vous  expliquer. 


NOTES.  515 

AuMALE.  Rappele/-vûus,  en  lisant,  la  i'roiues.se  que  vous  m'avez  faite. 
Je  me  repens;  ne  lisez  point  mon  nom  sur  ce  papier;  mon  cœur  n'est 
point  complice  de  ma  main. 

York.  Il  l'était,  scélérat,  avant  qu'elle  eût  apposé  ta  signature.  Roi, 
j'ai  surpris  ce  papier  dans  le  sein  du  traître,  et  Ten  ai  arraché.  Le  re- 
pentir est  fils  de  la  crainte  et  non  de  l'affection.  Oubliez  toute  pitié  pour 
lui,  de  peur  que  la  piiié  ne  soit  un  serpent  qui  vous  percera  le  cœur. 
(Shakesp.,  Richard  II,  act.  V,  se.  m,  traduction  de  M.  Benjamin  La- 
roche.) 

Page  356,  note  h. 

Ordre  d'arrestation  et  appel  aux  armes,  5  janvier  1400. 
Rymer,  t.  VIII,  p.  120.  —  Armement  à  Londres.  Ghron. 
anon.,  f°  154,  verso,  et  Buchon,  p.  42  —  Les  conjurés  à  Sun- 
ning.  Wals.,  p.  363;  Otterbourne,  p.  225.  Une  lettre  datée 
du  lendemain,  6  janvier,  ordonne  au  gouverneur  de  Calais 
d'arrêter  les  comtes  de  Kent  et  de  Huntingdon,  s'ils  viennent 
en  Picardie.  (Ibid.) 

Page  358,  note  a. 

Trahison  de  Rutland.  Ghron.  anon.  Ms.  3884,  f"^  155,  et 
Buchon,  p.  47.  Selon  le  Religieux  de  Saint -Denys  (XX, 
16),  Rutland  ne  parla  point  du  nombre  des  soldats  de  Henri, 
et  c'est  lui  qui  donna  aux  conjurés  le  conseil  d'aller  recruter 
des  troupes  dans  le  pays  de  Galles  :  mais  à  peine  avait-on  fait 
quatre  lieues,  qu'on  tomba  dans  l'avant-garde  de  Henri.  Rut- 
land s'y  précipte.  —  Défense  du  passage  de  la  Tamise,  Reli- 
gieux de  Sâint-Denys,  ibid.\  cf.  Ghron.  anon.;  ap.  Buchon, 
p.  45.  Les  deux  auteurs  ont,  pour  tout  le  récit  de  cette  conju- 
ration, d'étroits  rapports.  Dans  le  Ms.  3884,  f°  156,  il  est  dit 
que  le  comte  de  Kent  défendit  trois  jours  cette  position.  Le 
texte  de  Buchon  supprime  ces  trois  jours,  et  avec  toute  raison. 
Les  deux  textes  et  le  Religieux  de  Saint-Denys  font  aller  les 
conjurés  à  Oxford  avant  de  gagner  Girencester.  Ils  font  figurer 
Jean  de  Holland  (ancien  duc  d'Exeter)  dans  cette  campagne. 
Walsingham  (p.  363)  le  fait  rester  à  Londres,  attendant  l'issue 
de  Tentreprise.  Jean  de  Holland  n'était  pas  le  moins  ardent  des 
conjurés.  Quand  on  admettrait  qu'il  ne  soit  point  allé  avec  les 
autres  à  Windsor,  il  n'est  pas  probable  que,  le  coup  manqué, 
il  se  soit  retiré  à  Londres.  S'il  était  resté  à  Londres,  on  s'ex- 
pliquerait moins  comment  son  arrestation,  ordonnée  le  5, 
n'aurait  point  été  opérée  avant  le  10.  (Rymer,  t.  VIII,  p.  120 
et   121).   Mais   il  est    possible,    contrairement   à  l'assertion 


516  LIVRE  TREIZIEME. 

de  nos  deux  chroniqueurs  et  du  Religieux  de  Saint-Denys, 
qu'il  ne  soit  pas  allé  à  Girencester.  Henri,  qui  le  nomme 
parmi  les  chefs  de  la  révolte  dans  une  ordonnance  relative  aux 
suites  de  cette  rébellion  (24  février  1400,  Rymer,  t.  VIII, 
p.  125),  ne  mentionne  que  les  comtes  de  Kent  et  de  Salisbury, 
dans  deux  autres  décrets  où  il  s'agit  particulièrement  de  l'affaire 
de  Girencester  (ibid,,  p.  130  et  150).  Il  se  peut  donc  qu'il  ait 
été  ailleurs  pour  propager  la  révolte.  L'ordonnance  même  de 
Henri,  en  date  du  24  février,  prouve  que  le  mouvement  s'était 
étendu  k  divers  comtés  et  jusques  au  comté  de  Ghester. 

Marche  des  conjurés  vers  Cirencesîer.  Walsingham  et  Otter- 
bourne  après  lui,  disent  que  passant  par  Sunning  ils  s'y  ren- 
dirent par  Wallingford  et  Adingdon.  Dans  la  lettre  de  rémissiou 
de  l'évêque  de  Garlisle,  on  nomme,  comme  lieux  marqués  par 
la  révolte,  Brampton,  Wantage  etFavingdon.  (Rymer,  t.  VIII, 
p.  165.)  Froissart  mentionne  Golnbrook,  Brentford,  Saint- 
Alban  et  Berkhamsted.  Nos  deux  chroniqueurs  disent  qu'après 
le  passage  de  la  Tamise,  ils  se  rallièrent  à  Oxford.  (Voy,  Ar- 
chœol.y  t.  XX,  p.  214,  note.) 

Page  359,  note  a. 

Affaire  de  Girencester.  Ghron.  anon.,  f°  156  verso,  et  157, 
et  Buchon,  p.  46;  Greton,  p.  447;  V^als.,  p.  363.  Gontin. 
GroyL,  t.  I,  p.  495.  Hardyng,  ch.  cxcix,  f"  198,  b.)  Les  femmes 
se  signalèrent  comme  les  hommes  dans  ce  soulèvement  contre 
les  conjurés.  Le  roi,  en  récompense,  abandonna  aux  habitants 
tout  le  bagage  qu'ils  avaient  laissé  dans  leur  ville,  et  y  joignit 
diverses  gratifications.  (28  février  et  15  juillet  1400.  Rymer, 
t.  VIII,  p.  130,  150  et  151.  Gf.  ArchœoL,  t.  XX,  p.  215.) 

Mort  des  comtes  de  Kent  et  de  Salisbury.  Ghron.  anon., 
ibid.  Rehgieux  de  Saint -Denys,  XX,  16.  Selon  Walsingham 
(p.  363),  les  deux  comtes  s'étaient  rendus,  et  ne  furent  mis  à 
mort  que  quand  les  habitants  virent  leurs  maisons  livrées  aux 
flammes.  Le  continuateur  de  la  chronique  de  Groyland  est 
heureux  de  noter  que  le  comte  de  Kent  fut  décapité  l'anniver- 
saire du  jour  où  il  avait  envahi  son  abbaye.  (T.  I,  p.  495.) 
Greton  se  trompe  en  faisant  périr  alors  Jean  de  Holland,  an- 
cien duc  d'Exeter;  Walsingham  ayant  supposé  (à  tort,  selon 
nous)  qu'il  n'avait  pas  quitté  Londres,  dit  qu'il  s'enfuit  dans  le 
comté  d'Essex.  G'est  aussi  là  que  le  fait  aller  la  chronique  ano- 


NOTES.  517 

nyme  (Buchon,  p.  49).  A  quelques  pages  plus  loin  (Ms.  3884, 
f°  155,  et  Buchon,  p.  56),  on  lit  qu'arrivé  en  Ecosse,  il  fut 
arrêté.  Il  n'est  pas  douteux  que  c'est  Essex  encore  qu'il  faut 
lire;  c'est  un  lapsus  de  l'auteur,  et  non  pas  une  simple  faute 
de  copiste  :  on  lit  Ecosse  dans  tous  les  manuscrits  et  même  dans 
le  Religieux  de  Saint-Denys  (XX,  16). 

Page  360,  note  a. 

Supplice  de  Th.  Blount  et  de  Benoit  Sely.  Ghron.  anon., 
f°  160,  et  Buchon,  p.  50-52.  Religieux  de  Saint-Denys,  XX, 
16.  Cf.  l'acte  de  rémission  de  l'évêque  de  Garlisle,  Rymer, 
t.  VIII,  p.  165. 

Page  362,  note  a. 

Les  têtes  des  suppliciés  portées  à  Londres.  Ghron.  anon. 
Ms.  3884,  f"  160,  et  Buchon,  p.  52.  Religieux  de  Saint-Denys, 
XX,  16.  Dans  le  manuscrit  3884,  on  lit  le  mercredi  16  janvier: 
le  16  janvier  était  un  vendredi.  D'autres  textes  et  le  Religieux 
de  Saint-Denys  disent  le  16  janvier,  sans  donner  le  jour  de  la 
semaine. 

Entrée  de  Henri  IV.  Ms.  3884,  fM61.  La  tête  du  comte  de 
Kent  demeura  exposée  sur  le  pont  de  Londres  jusqu'au  2 mars. 
Sa  veuve  obtint  alors  un  ordre  aux  shériffs  de  la  lui  remettre. 
(Dugdale,  Baronage,  t.  II,  p.  77.)  —  Henri  craignait  la  main  de 
la  France  dans  ce  complot.  A  la  date  du  14  janvier  1400,  il  en- 
joint aux  gardes  du  port  de  Londres  de  ne  laisser  passer  aucun 
sujet  du  roi  de  France.  (Suppl.  Rymer,  Henri  IV,  t.  I,  n*»  96. 
Goll.  Bréquigny,  t.  LXXIX,  f''  119.) 

Page  363,  note  a. 

Arrestation  et  supplice  de  Jean  de  Holland  comte  de  Hun- 
tingdon.  (Ghron.  anon.,  Ms.  3884,  f°  165-166,  et  Buchon, 
p.  56-60.)  Le  château  du  Plessis  est  indiqué  par  Walsingham 
(p.  363).  Selon  cet  historien,  après  avoir  tenté  de  nouveau  de 
fuir  par  mer,  repoussé  par  les  vents,  il  s'était  réfugié  dans  la 
maison  d'un  ami  où  il  fut  arrêté  ;  on  le  mena  dans  la  ville  de 
Ghelmesford,  puis  au  Plessis  comme  en  un  lieu  plus  sûr,  et 
on  l'exécuta  à  la  place  même  où  Glocester  avait  été  arrêté, 
le  jour  de  Saint -Maur  (15  janvier).   La  chronique  donnée 


518  LIVRE  TREIZIÈME. 

par  Leland  {Coll.,  t.  I,  p.  697)  dit  aussi  qu'il  fut  pris  en  Es- 
sex  et  décapité  au  Plessis  :  «  J.  Holand  dux  Exoniae  captus  in 
«  veste  simplicis  apud  Putwel  in  Essex  et  apud  Pleshery  de- 
collatus.  »  Le  moine  d'Evesham  y  joint  cette  particularité  re- 
marquable, que  ce  fut  par  ordre  de  la  comtesse  de  Hereford  : 
circonstance  qui  relie  le  récit  de  notre  chroniqueur  anonyme  à 
celui  des  deux  autres,  et  le  confirme  singulièrement  :  «  Et  non 
«  multo  post  dominus  Johannes  Holont  (HoUand),  comesHun- 
a  tingdon,  frater  régis  Ricardiex  parte  matris,  apud  Plaschet  in 
«  Estsexia  per  comitissam  Herefordiœ  captus  et  decollatus  est.  " 
Il  est  à  regretter  qu'il  ait  renoncé  à  en  raconter  les  circon- 
stances, de  peur,  dit-il,  d'ennuyer  le  lecteur.  «  Gujus  captionis 
a  modumadprœsensocculto,  proptert8ediumlectorum(p.l68).  » 
Hardyng  enfin  est  d'accord  avec  le  moine  d'Evesham  sur  le  lieu 
de  la  mort  de  J.  de  Holland  et  sur  le  rôle  de  la  comtesse  : 

a  Therle  also  of  Huntingdon  ded  flee 
And  brought  unto  the  countess  of  estate 
Of  Hereforde  then;  who  had  hyru  forlh  algate 
To  Plashye,  where  she  made  men  hym  hede 
Without  counseyll  of  any  lorde  or  rede.  « 

(Hardyng's  Ghron.,  ch.  cxcix,  f"  198,  a.)  Selon  Otterbourne 
(p.  227),  la  comtesse  dut  livrer  le  prisonnier  aux  paysans,  qui 
voulurent  le  faire  périr  au  lieu  même  où  Glocester  avait  été 
arrêté. 

Il  y  a  pourtant  une  pièce  qui  semble  invalider  ces  traditions. 
C'est  une  lettre  du  roi  en  date  du  10  janvier,  qui  ordonne  au 
gouverneur  de  la  Tour  de  Londres  d'y  recevoir  le  comte  de 
Huntingdon  des  mains  de  celui  qui  le  lui  amènera.  (Rymer, 
t.  VIII,  p.  121.)  Cet  ordre  fut-il  exécuté,  ou  bien  a-t-il  été 
donné  par  le  roi  quand  il  sut  que  le  comte  était  au  pouvoir 
de  la  comtesse  de  Hereford,  et  ne  doutait  pas  qu'il  ne  lui  lût 
livré?  Devant  l'accord  d'historiens  si  divers  qui  font  mourir  le 
comte  de  Huntington  au  Plessis,  nous  avons  incliné  vers  cette 
dernière  conjecture.  M.  Webb  croit  que  le  comte  fut  réellement 
détenu  à  la  Tour,  que  ce  fut  là  qu'il  fut  décapité,  et  que  si  sa 
tête,  après  avoir  été  exposée  sur  le  pont  de  Londres,  fut  ensuite 
portée  au  Plessis,  oîi  on  l'inhuma,  ce  fut  pour  l'exemple.  (Ar- 
ch^oL,t.XXf  p.  Sl,note.  Cî.  Litt.  claus.,Sin.  1  Henri  IV,  p.  i, 
m.  16,  et  Dugdale,  Baron.,  t.  II,  p.  80.)  —  Sur  cette  comtesse 
Jeanne,  sœur  du  comte  d'Arundel,    femme  d'Humphrey  de 


NOTES.  519 

Bohun,  comte  de  Hereford,  et  belle-mère  tout  à  la  fois  du  duc 
de  Glocester  et  du  roi  Henri  IV,  qui  avaient  épousé  ses  filles 
Alienor  et  Marie,  voyez  Dugdale,  t.  I.  p.  187  et  318. 

Page  364 ,  note  a. 

Th.  le  Despenser.  M.  Evesh.,  p.  166,  167.  Cf.  Wals., 
p  363.  Ces  condamnations  sommaires  furent  ratifiées  au  par- 
lement suivant,  et  en  une  seule  fois.  Les  comtes  de  Kent,  de 
Huntingdon  et  de  Salisbury,  Despenser  et  Lumley,  y  furent 
déclarés  traîtres,  et  leurs  biens  confisqués.  (15  mars  1401,  Rot. 
Pari.,  t.  III,  p.  459,  §  30.)  Rutland  et  Sommerset  y  furent, 
au  contraire,  le  même  jour,  pleinement  réhabilités  en  récom- 
pense de  leurs  services.  (IbicL,  p.  460,  §  33.)  Rutland  fut 
même,  vers  ce  temps-là,  désigné  dans  le  conseil  pour  aller  en 
{Guyenne.  Proceed.,  t.  I,  p.  119.) 

Page  366,  note  a. 

Arrestation  de  R.  de  Walden,  etc.  Ghron.  anon.,  ibid.,  et 
Buchon,  p.  62.  L'ordre  de  recevoir  k  la  Tour  Thomas,  évèque 
de  Garlisle,  et  Roger  Walden,  clerc  (c'est  ainsi  qu'on  désigne 
l'ancien  primat),  est  du  10  janvier  1400.  (Rymer,  t.  YIII, 
p.  121.)  —  Condamnation  de  V évèque  de  Carlisle.  Wals., 
p.  363;  Otterbourne,  p.  228.  —  Exécution  de  la  sentence  pour 
les  autres.  Ghron.  anon.,  ibid.  Ferriby  est  joint  à  Maudelein 
dans  cette  exécution  par  le  moine  d'Eveham  (p.  168),  Otter- 
bourne (p.  228),Hardyng,  ch.  cxcix,  f  198  6,  et  une  chronique 
de  Leland  (t.  I,  p.  697).  On  trouve  de  plus,  parmi  les  actes 
encore  inédits,  un  ordre  du  shérifl"  de  Kent  pour  le  recouvre- 
ment des  effets  des  conspirateurs  nommés  R.  Maudelein,  clerc, 
et  W.  Ferriby,  clerc,  décédés.  (Rymer,  Donat.  mss.  Brit. 
Mus.  I,  14  596,  p.  i50,  cité  dans  ÏArchœoL,  t.  XX,  p.  9L)  Cet 
accord  de  témoignages  paraît  concluant.  Il  faut  donc  renoncer 
à  voir  le  même  personnage  dans  un  maître  W.  Ferriby,  qui 
accompagne,  comme  chanceUer,  le  prince  de  Galles  dans  son 
expédition  contre  les  Gallois  rebelles.  (Lettre  de  Henri  IV  au 
conseil,  10  juillet  1403    Proceedings,  t.  I,  p.  206.) 

Waldeu  devint  un  peu  après  évèque  de  Londres.  (Godwin, 
de  Prœsulibus  Aiigliss,  p.  186.)  L'évêque  de  Garlisle,  dépouillé 
de  son  siège  pour  être  transféré  à  celui  de  Samos,  in  partibus 


520  LIVRE  TREIZIÈME. 


infideliurn  (le  nouvel  évêque  de  Carlisle,  son  successeur,  prit 
possession  dès  le  15  novembre  1399,  Rymer,  t.  YIII,  p.  106 
fut  confiné  d'abord  dans  l'abbaye  de  Westminster  (23  juin 
1400,  ibid.,  p.  150),  et  amnistié  le  28  novembre  suivant  (ibid., 
p.  165).  Il  se  retira  ensuite  à  Oxford,  obtint  une  prébende 
dans  l'église  d'York,  et,  par  la  faveur  du  roi,  un  vicariat  dans 
le  diocèse  de  Salisbury.  On  voit  du  reste  que  cette  faveur  ne  lui 
rendit  pas  l'équivalent  de  ce  qu'il  avait  sacrifié,  et  rien  n'auto- 
rise à  croire  qu'il  ait  jamais  répudié  le  souvenir  de  celui  dont 
il  avait  si  noblement  soutenu  la  cause.  (Voyez  la  troisième 
lettre  du  docteur  Kennet,  citée  dans  YArchœoL,  t.  XX,  p.  86- 
88,  note  c.)  Selon  une  note  ajoutée  à  sa  vie  dans  Godwin,  il 
aurait  reçu,  le  3  août,  la  cure  de  Todenham,  dans  le  comté  de 
Glocester,  où  il  mourut,  et  fut  remplacé  le  13  janvier  1409, 
par  Robert  Ely.  (Godwin,  de  Prœsid.j  p.  767,  n.  p). 

Extension  des  massacres  populaires. —  Répression  :  «  Pour 
cause  que  commissions  sont  faites  parmy  le  roialme  d'enquere 
entre  autres  de  tous  ceux  qui  furent.,  a  celle  treson..,  chescun 
veisin  par  malice  purra  accuser  son  veisin  come  ils  font  de  jour 
en  autre  dont  grande  trouble  pourra  sourder  par  tout  le 
roialme  a  très  grand  péril  dicellui  :  il  semble  chose  expédient.. 
que,  certeines  personnes  principaulx  a  excepter,  selonc  la  boue 
et  graciouse  discrecion  du  Roy,  pardon  gênerai  soit  grantez  et 
ottroiez  a  tout  le  peuple  du  roialme.... 

«  Item,  considère  coment  les  comunes  du  roiaume  a  cause 
de  la  destruccion  des  contes  de  Kent,  de  Sarum  et  de  Huntyn- 
don  et  du  sire  le  Despenser  et  autres  traitours  a  ce  Roy,  sont 
devenux  si  fiers  qu'ils  n'eschuent  de  destruire  volentrivement 
pluseurs  des  liges  du  Roy  sans  aucun  processe  de  la  loy  en  ma- 
naceant  de  faire  semblablement  en  temps  avenir....  En  caz 
qu'ils  pourront  estre  asteintz,  qu'ils  soient  puniz  par  la  loy  en 
essample  des  autres.  Qar  l'en  suppose  que  les  justices  en  lour 
sessions  ne  pourront  faire  aucun  redresse  en  celle  partie  pour 
destourbance  et  fiertee  des  communes  queux  ne  sont  de  bone 
voloir  d'estre  desouz  estroit  governance  »  (février  1400;  Pro- 
ceed.,  t.  I,  p.  107,  108).  —  Le  conseil  demandait  en  outre  que 
les  juges  de  paix  et  les  vicomtes  eussent  commission  pour  ré- 
primer les  soulèvements;  qu'on  mît  à  leur  disposition  des  gens 
qui  fussent  à  la  solde  du  roi,  et  que,  pour  en  faire  les  frais,  le 
roi  retînt  tous  les  biens  confisqués.  (Ibid.,  p.  109.)  On  excep- 
tait de  l'amnistie   le   comté   de  Ghester   et  ceux   que  le   roi 


rit    B 
m    ^H 


NOTES.  521 

désignerait  avant  le  l"  mars  (Ibid.)  Pour  la  garde  du  roi, 
on  leva  des  écuyers  et  des  archers  qui  devaient,  à  tour  de  rôle, 
faire  le  guet  auprès  de  sa  personne.  Ordre  était  donné  de 
veiller  à  ce  que  les  vivres  qui  leur  étaient  fournis  fussent  régu- 
lièrement payés.  (Ibid.,  p.  110.) 

Ordonnance  du  roi  contre  les  exécutions  popidaires  :  «  Gum 
«  diversae  congregationes  et  insurrectiones  contra  nos  et  coro- 
«  nam  nostram  tam  per  Thomam  nuper  comitem  Kantiae,  quam 
«  Johannem  nuper  comitem  Huntyngdoniae,  Johannem  nuper 
a  comitem  Sarum,  et  Thomam  Despenser,  chivaler,  ac  alios 
«  proditores  et  rebelles  nostros,  quam  per  subditos  nostros  in 
ce  comitatu  Gestriœet  aliis  de  regno  nostro  Aiiglice..  factœ  fue- 
«  runt;  ac  pro  eo  quod  quidam  de  communitate  dicti  Regni 
«  nostri  quamplura  pericula...  multipliciter  formidantes,  quos- 
«  dam  proditorum....  absque  auctorilate....  et  absque  processu 
a  legis...,  decollarifecerunt..  »  — Défense,  sous  peine  de  trahi- 
son, de  continuer  ces  exécutions  sommaires.  (24  février  1400. 
Rymer,  t.  VIII,  p.  125.) 

Page  3(59,  note  a. 

Mort  de  Richard.  Lettre  des  Percy;  manifeste  de  l* archevêque 
d'York;  voir  la  note  suivante. —  Ouverture  du  cercueil  de  Richard 
à  Westmi72ster.  Voyez  Archœol.,t.  VI,  p.  315  ;  et,  sur  cet  impor- 
tant débat,  l'opinion  de  M.  Webb,  qui  croit  que  Richard  mou- 
rut de  mort  violente  (Archœol.j  t.  XX,  app.  vu,  p.  282),  cslle 
de  M.  Th.  Amyot,  qui  la  combat  dans  deux  lettres  i\  M.  Ellis 
{ibid.,  p.  424  et  suiv.),  et  celle  de  M.  Tytler,  qui  prétend  les 
départager,  en  soutenant  que  Richard  n'était  pas  mort.  {Hist. 
ofScotland,  t.  III,  p.  325-386.) Nous  y  reviendrons  ci-après. 

Page/^Ô,  note  a. 

Témoignage  de  Walsingham.  «  Richardus  (quondam  rex  An- 
«  gliœ)  cum  audissethaec  infortunia,  mente  consternatus,  semet- 
«  ipsum  exstinxit  inedia  voluntaria  (ut  fertur)  clausitque  diem 
<t  extremum  apud  castriim  de  Pontefracto,  die  sancti  Valentini  » 
(p.  363).  —  Autres  témoignages.  M.  Evesham,  p.  169;  Otter- 
bourne,  p.  228,  229;  Gont.  Groyl,  t.  I,  p.  495. 

Lettre  de  défi  des  Percy  :  «  Tu  ipsum  dominum  nostrum  re- 
«  gem  et  tuum  proditorie  in  Castro  tuo  de  Pountefreite,  sine 


522  LIVRE  TREIZIEME. 

«  coiisensu  suo  seu  judicio  dominorum  legni,  per  quindeciin 
~i  dies  et  tôt  nocles,  quod  horrendum  est  inler  Ghristianos  au- 
«  diri,  famé,  scitu  [sili  ?]  et  frigore  inlerfici  fecisti  et  murdro 
«  periri.»  {Archœol.,  t.  XVI,  p.  141.) 

Manifeste  de  V Archevêque  d'York  :  «  Ad  castrum  de  Pomfret 
«  eumdeduxerunt...ubibreviter,utvulgariterdicitur,qiiindecim^ 
a  dies  et  totidem  noctes  in  famé,  siti  et  frigore  vexaverunt  et 
«  cmcifixerunt  et  tandem  morte  turpissima,  adhuc  regno  nostro 
a  Angliœ  penitus  inaudita,  sed  gralia  divina  diutius  non  celauda, 
M  interemerunt  et  occiderunt.  »  {Anglia  Sacra,  t.  II,  p.  365.) 
_Opinion  de  Hardijîig,  ch.  ce,  f"  199  a.  L'auteur,  dit  M.  Amyot, 
ne  dit  pas  si  sa  mort  fut  volontaire  ou  forcée.  {Archœol.  j  t.  XX, 
p.  432.)  L'expression  forhungered  he  ivas  me  parait  assez  forte 
pour  que  le  sens  n'en  soit  pas  douteux. 

Page  371,  note  a. 

Témoignage  du  moine  d'Evesham.  M.  Evesham,  p.  169. 
L'éditeur  ne  signale  aucune  trace  d'interpolation  dans  ses  ma- 
~  nuscrits.  C'est  évidemment  dans  le  même  sens  que  Gaxton 
(en  1480),  avant  de  recueillir  la  tradition  du  meurtre  à  main 
armée,  avait  entendu  que  Richard  était  mort  de  faim  quand  il 
dit  :  a  And  than  anondyed  king  Richard  in  the  castle  of  Pounl- 
fred,  in  the  North  Contre.  In  ther  he  was  enfamyned  unto  the 
dethe  by  his  kepar,  for  he  was  kept  ther  four  or  five  dayes 
from  mêle  or  drynke.  And  so  he  made  his  ende  in  this  worlde, 
yet  moche  peple  in  Englo'd  and  in  other  landes  sayd  that  he 
was  alive,  many  yere  after  his  death.  »  (Caxton,  cité  dans  la 
première  lettre  de  M.  Amyot.  Archœol. ,  t.  XX,  p.  426.)  Nous 
sommes  étonné  que  M.  Amyot  n'ait  pas  relevé  le  sens  de  ce 
passage  qu'il  cite,  non  plus  que  celui  du  texte  du  moine 
d'Evesham,  qu'à  la  vérité  il  ne  cite  pas. 


Page  374,  note  a. 

Richard  mort  de  faim  au  bout  de  quatre  ou  cinq  jours.  Gon- 
tin.  Groyl.,  t.  I,  p.  495  (l'auteur  est  pour  la  mort  volon- 
taire) et  Chron.  de  Godstow,  citée  par  Hearne,  Ropefs  Life  of 
Jflore  :  «  Tandem  a  cibo  etpotu  per  quatuor  vel  quinque  dits 
«  restr ictus j  famis  inedia  exspiravit,  »  (p.  ^37,  et  Archœol., 
t.  XX,  p.  432,  n.  u).  On  lit  la  même  chose  dans  une  autre 


NOTES.  523 

;  chronique  (Harlei.  ms.  4323,  p.  68),  citée  par  M.  Webb, 
ArchœoL,  t.  XX,  p.  282,  n.  e.  Ces  textes  ne  peuvent  guère  se 
ranger  du  côté  de  ceux  qui  croient  à  la  mort  volontaire. 

Richard  mort  de  faim  en  quinze  jours  et  quinze  nuits.  — 
Manifeste  de  V archevêque  d'York,  cité  ci-dessus.  M.  Webb 
rapporte  l'exemple  de  David,  prince  d'Ecosse,  mis  à  mort  vers 
le  même  temps  (Pâques  1401),  à  peu  près  de  la  même  façon. 
(Scoticronicon.  L.  XV,  ex.  Archxol.,  t.  XX,  p.  285,  n.k.) 

Aux  arguments  de  ceux  qui  veulent  protéger  la  mémoire  de 
Henri  IV,  M.  Webb  oppose  une  observation  très-forte.  Henri 
fut,  dans  un  temps  fort  rapproché  de  la  mort  de  Richard,  ac- 
cusé de  l'avoir  fait  mourir.  Les  deux  Percy,  l'archevêque  d'York, 
dans  leurs  proclamations ,  le  duc  d'Orléans,  dans  une  lettre 

'  ^de  défi  (Monstrelet,  I,  9),  lui  jetèrent  successivement  cette 
accusation  à  la  face.  Il  avait  un  moyen  de  défense  non  sans 
réplique,  mais  naturel  :  c'était,  comme  pour  la  mort  de  Glo- 

^__cester,  de  faire  une  enquête;  si  on  n'en  fit  pas,  c'est  qu'on  n'es- 
pérait guère  qu'elle  pût  tourner  à  son  honneur.  (V oyez  Archœol.  y 
t.  XX,  app.  n°  VII,  p.  382.)  Le  vieil  historien  Hayward,  se  de- 
mandant si  Henri  a  ordonné  la  mort  de  Richard,  ne  regarde^ 
pas  comme  douteux  qu'il  l'ait  désirée  et  qu'il  y  ait  consenti. 
(Life  of  Henri  IV,  p.  282.) 

Date  de  la  monde  Richard.  Elle  est  donnée  par  Walsingham, 
p.  363,  et  par  le  moined'Evesham,  p.  169.  Il  y  a  une  pièce  qui 
pourrait  faire  croire  qu'elle  arriva  plus  tôt,  et  montre  au  moins 
qu'on  y  crut  plus  tôt  en  France  :  c'est  un  acte  de  Charles  VI  re- 
latif à  la  trêve  avec  l'Angleterre,  et  daté  de  Paris,  29  janvier  1 399 
(1400).  Il  commence  ainsi:  «  Gomme  l'an  de  grâce  MGGGXGVI, 
vivant  lors  feu  nostre  très  chier  et  très  amé  fils  Richard,  na- 
guères  roy  d'Angleterre.»  (Rymer,  t.  VHI,  p.  124),  Le 
29  janvier,  Richard  était  donc  mort  ou  réputé  mort  en  France. 
S.  Harris  Nicolas,  dans  la  préface  de  son  importante  édition 
des  Actes  du  conseil  privé,  exprime  au  contraire  l'opinion  que 
Richard  n'était  pas  mort  le  14  février,  parce  que,  dans  un 
conseil  tenu  en  ce  mois,  on  fut  d'avis,  «  qu'en  cas  que  Richard, 
naguère  roi,  soit  encore  vivant,  il  soit  mis  en  sûreté  agréable 
aux  seigneurs  du  royaume;  et,  s'il  soit  allé  de  vie  à  trépasse - 
ment,  qu'adonc  soit-il  montré  ouvertement  au  peuple,  afin 
qu'ils  en  puissent  avoir  connaissance.  »  {Proceed.,  t.  I,  p.  m). 
Il  me  semble  qu'on  n'eût  pas  émis  ce  doute  dans  le  conseil  : 
Richard  est-il  mort?  si  l'on  n'avait  eu  des  raisons  de  croire 


524  LIVRE  TREIZIÈME. 


^qu'il  n'était  plus  en  vie.  Du.  reste,  le  jour  de  ce  conseil  n 
pas  donné  ;  tout  ce  qu'on  peut  dire,  c'est  qu'il  fut  postérieur  au 
2  février  et  antérieur  au  1"  mars,  ou  même  au  24  février, 
date  d'une  ordonnance  rendue  sur  sa  demande.  L'avis  du  con- 
seil prépare  ici  encore  la  mesure  que  Henri  exécuta  en  faisant 

-exhumer  le  corps  de  Richard  pour  le  faire  porter  à   Saint- 
Paul. 

Page  378,  noie  a. 

Funérailles  de  Richard ,  sans  honneur  à  Pomfret.  Ghron. 
anon.  Ms.  3884,  f°  164,  et  Buchon,  p.  55  :  «  Et  la  fut-il  eu- 
sevely  comme  un  povre  homme.  »  —  Le  corps  exhumé  et  pro- 
mené par  les  villes  d'Angleterre  jusqu'à  Londres  (12  mars), 
ibid.j  f°  368,  et  Buchon,  p.  64;  Froissart,  IV,  82.  «  Corpus 
«  ostensum  fuit,  ea  pars  saltem  corporis  per  quod  cognosci  po- 
«  tarât,  faciès  scilicet  ab  ima  parte  frontis  usque  ad  guttur.  » 
(Otterbourne,  p.  229.)  Le  roi  Henri  assista  aux 'funérailles,  et 
après  la  cérémonie  il  fit  porter  le  corps  au  château  de  Langley, 
d'où  plus  tard  Henri  V  le  fit  ramener  à  Westminster.  A  Lan- 
gley  toute  démonstration  était  finie  ;  le  corps  fut  enterré/  sans 
assistance,  et  Walsingham  se  plaint  qu'on  n'ait  pas  même  servi 
le  repas  d'usage  aux  officiants  :  «  Perfeceruntque  supremum 
«  officium  Episcopus  Gestrensis,  abbas  sancti  Albani,  et  abbas 
«  de  Waltham,  sine  magnalum  prœsentia,  sine  populaii  turba^ 
«  nec  erat  qui  eos  invitaret  ad  prandium.  »  (Wals.,  p.  363.^ 
Cf.  Hardyng,  ch.  ce,  fM99  : 

But  then  the  Kyng  hym  faste  to  Langley  sent 
There  in  the  frères  to  be  buryed  secrètement. 

A  propos  de  cette  exposition  même  de  Richard,  Greton,  re- 
venant sur  sa  chute,  signale  avec  beaucoup  de  sens  l'amitié  du 
jeune  roi  pour  la  France  parmi  les  causes  qui  Font  perdu.  «  Si 
c'était  lui,  dit-il  : 

Prié-je  de  vray  cuer  à  Dieu, 

Qui  est  miséricors  et  pieu, 

Qu'il  vueille  es  sains  cieulx  avoir  l'âme 

De  ly,  car  il  haioit  tout  blasme 

Et  tout  vice,  par  mon  advis, 

NoQcques  en  ly  riens  je  ne  vis 

Fors  foy  catholique  et  justice  : 

Si  ly  fi-je  sept  mois  serviça      ~ 


l'est  H 

'  an  I 


NOTES.  525 

De  ce  que  je  le  povoy  servir, 
Pour  aucunement  deservir 
Les  biens  que  il  m'avoit  promis. 
Et  je  crois  qu'il  ne  fu  demis 
Ne  trahy,  fors  tant  seulement 
Pour  ce  qu'il  aimoit  loyaument 
Le  roy  de  France,  son  beau  père, 
De  vray  amour  et  singulière, 
Autant  qu'omme  qui  fut  en  vie. 
Ce  fu  la  racine  et  Penvie; 
Nonobstant  qu'ilz  l'y  miret  sus 
Qu'il  avoit  fait  mourir  les  ducs 
Ses  oncles,  par  son  fol  oultrage, 
Et  qu'il  n'estoit  prudent  ne  sage 
Pour  le  royaume  gouverner. 
D'autres  choses  assez  conter 
""Vous  pourroie  que  chascun  dit; 
Mais,  certes,  je  vous  cuide  avoir  dit 
Le  vray,  comme  je  puis  entendre  : 
Et  si  je  dévoie  l'ame  rendre 
Si  demouroy-je  en  ceste  colle; 
Car  comme  gent  mauvaise  et  folle, 
Héent  Françoiz  mortellement. 
S'ils  osoïent  monslrer  comment. 

(Buchon,  t.  XIV,  p.  452-453.) 


Page  479,  note  a. 

Richard  en  Ecosse.  Voyez  Tytler,  Hist.  of  Scotlmid  (1829), 
t.  III,  p.  94,  et  l'appendice,  p.  326-386.  Nous  y  empruntons 
les  textes  curieux  qui  suivent.  —  Comment  il  fut  découvert  : 
par  la  belle-sœur  du  lord  des  îles.  Winton^s  Chron.y  t.  II, 
p.  387-389;  —  par  un  fou  :  Fordun  a  Groodal  (continué  par 
Bower),  t.  II,  p.  427  :  ^  Isto  modo  rex  Ricardus  fuit  regno 
Œ  privatus,  et  perpetuis  carceribus,  cito  deficiendus,  deputalus  ; 
a  sed  subtiliter  abinde  ereptus,  et  ad  insulas  Scotiœ  trans- 
<<  vectus,  et  in  coquina  Dovenaldi,  domini  Insularum,  a  quo- 
«  dam  fatuo  qui  in  curia  régis  Ricardi,  dum  floreret,  educatiis 
«  fuerat,  cognitus  et  repertus,  et  a  dicto  domino  Insularum  ad 
«  Regem  Scotiae  Robertum  Tertium  per  Dominum  de  Monte- 
«  Gomorry  transmissus,  cum  quo,  dum  rex  Scotiœ  vixerat,  re- 
«  verenter,  ut  decuit,  procuratus,  et  post  mortem  régis  Duci 
^c  Albauiae,  gubernatori  Scotiœ,  praesentatus  ;  cum  quo  regifice 
«  quoad  statum  honoratus,  tandem  in  Castro  de  Strivelyn  mor- 
«  tuus,  et  in  ecclesia  fratrum  ejusdem  ad  aquilonare  al  taris 
«  cornu  tumulatus.   »   —  «  Hic  Ricardus  fuit  filius  Edwardi, 


526  LIVRE  TREIZIEME. 

«  principis  Wallise,  filii  Eduardi  Windesor,  qui    rexit  annis 
«  viginli  duobus;  mortuiis  sine  liberis.  d 

Une  chronique  d'Ecosse  écrite,  à  ce  que  suppose  M.  Tytler, 
"après  Fordun  et  avant  la  continuation  de  Bower,  rapporte  que 
lorsque  le  vieux  comte  de  Northumberland  se  réfugia  en  Ecosse, 
Richard  refusa  de  le  voir  (p.  337).  Elle  dit  aussi  qu'il  mourut  à 
Sterling,  à  la  fête  de  sainte  Lucie  [1419] ,  et  fut  enterré  au  nord 
du  grand  autel  des  Frères-Prêcheurs  :  et  elle  donne  cette  épi- 
taphe  en  vers  fort  incorrects  : 

«  Angliae  Ricardus  jacet  hic  rex  ipse  sepultus. 

Loncaste  quem  dux  dejecit  arte  mota  [mala?J. 
Prodicione  potens,  sceptro  potitur  iniquo. 

Supplicium  luit  hune  ipsius  omne  genus. 
Ricardum  inferis  hune  Scotia  sustulit  annis 

Qui  eaustro  [castro]  Striveling  vite  [vitae]  peregit  iler. 
Anno  milleno  quatereeno  quoque  deno 
Et  nono  Christi  régis  finis  fuit  iste.  » 

(Exlr.  ex  Chronicis  Scotiœ,  f"  263,  verso.) 

Documents  officiels.  En  1408  :  «  Et  mémorandum  quod 
«  dictus  dominus  gubernator  regni  non  peciit  neque  recepit  ad 
a  presens  aliquam  allocationem  pro  expensis  suis  factis  super 
«  Ricardum  regem  Angliœ  ;  et  Nuncios  {sic)  Francise  vel  Wallise 
«  diversis  vicibus  infra  regnum  veulent  :  circa  quos  multa  expo- 
«  suit,  ut  est  notum.  »  {Rotuli  Compotorum,  vol.  iii,  p.  18.)  — 
En  1414  :  a  Et  mémorandum  quod  dominus  dux  gubernator 
M  regni  non  recepit  allocationem  aliquam  pro  expensis  régis 
«  Ricardi,  a  tempore  obitus  bone  memorie  Domini  régis  fra- 
«  tris  sui  uUimo  defuncti.  »  {Ihid.,  p.  69.)  Même  formule  en 
1415.  Enfin,  en  1417  :  «  Et  mémorandum  quod  dominus  gu- 
et bernator  non  recepit  allocationem  pro  expensis  et  oneribus 
«  quas  sustinuit  pro  custodia  régis  Ricardi  Anglie,  a  tempore 
«  obitus  bone  memorie  quondam  domini  régis  fratris  sui,  jam 
a  per  undecim  annos.  Quas  expensas  annuatim  domini  audi- 
«  tores  compolorum  estimant  ad  minus  fuisse  in  quolibet  anno 
j<  centum  marcas.  Quse  summa  se  exlendit  pro  annis  prseteritis 
«  ad  vii*"  xxiii  lib.,  vi  sh.,  viii  d.,  quse  summa  debetur  domino 
«  duci.  »  (Ibid.)  Voyez  Tytler,  Hist.  of  Scotland,  t.  III, 
p.  327-339. 

M.  Tytler  demande  s'il  ne  serait  pas  extravagant  de  supposer 
que  la  cour  d'Ecosse  eût  fait  pendant  plus  de  onze  ans  de  pa- 
reilles dépenses  pour  un  pauvre  fou  (p.  340)?  La  cour  d'Ecosse 


NOTES.  527 

était  capable  de  bien  des  choses  pour  tenir  en  échec  la  cour 
d'Angleterre.  M.  Tytler  consacre  le  reste  de  sa  dissertation  à 
combattre  les  raisons  qui  ont  fait  croire  que  Richard  était  mort 
,à  Pomfret;  et  Walter  Scott  les  a  accueillies  dans  son  histoire 
(t.  I,  p.  249,  250,  du  Cabinet  Cyclopœdla  de  Lardner) .  Mais 
ces  raisons  ne  peuvent  lutter  contre  les  témoignages  que  l'on 
a  vus  plus  haut  et  que  M.  Amyot  a  repris,  pour  combattre  l'o- 
pinion de  Tytler,  dans  une  dissertation  spéciale  {Archœol.^ 
t.  XXIII,  p.  277-293);  et  elles  cèdent  aux  arguments  décisifs 
que  Ton  trouvera  rapportés  dans  la  note  suivante. 

Page  381,  note  a. 

Croyance  à  la  mort  de  Richard  en  France.  Nous  avons  cité 
la  pièce  où  Charles  VI  en  parle  comme  déjà  mort  le  29  jan- 
vier 1400.  (Voyez  ci-dessus,  p.  523;  l'original  est  aux  Archives, 
carton  J,  644,  n°  24.)  On  retrouve  les  mêmes  expressions  ou  de 
semblables  dans  d'autres  lettres  des  mois  suivants,  qui  sont  au 
même  dépôt,  4  mars  1399  (1400),  (J,  644,  n«  24'),  et  26  mars 
{ibid.,  n°  25)  :  «  Gome  l'en  nous  a  rapporté  nostre  très  cher 
et  très  amé  filz  le  roy  Richart  d'Engleterre  est  allé  de  vie  à 
trespassement,  »  etc.  Richard  est  encore  tenu  pour  mort  dans 
les  pouvoirs  donnés  aux  commissaires  français  pour  réclamer 
la  restitution  de  la  reine  Isabelle  (26  mai  et  août);  dans  l'avis 
du  conseil  sur  les  propositions  des  Anglais  à  ce  sujet  (22  juillet)  ; 
dans  les  instructions  des  ambassadeurs  envoyés  au  roi  d'E- 
cosse pour  lui  rendre  compte  des  négociations  engagées  avec 
l'Angleterre,  et  lui  donner  l'assurance  que  les  dispositions  de 
la  France  à  l'égard  de  l'Ecosse  sont  toujours  les  mômes,  et 
qu'on  ne  conclura  rien  sans  elle  (août  1400).  {Trésor  des 
Chartes^  J,  645,  n°«  6,  12  et  J,  922).  Ces  dernières  pièces  ont 
_été  publiées  par  M.  Douet  d'Arcq,  Pièces  inédites^  t.  I,  p.  171, 
'182  et  185-193). 

Dès  ce  temps-là  néanmoins,  et  à  la  suite  même  des  honneurs 
funèbres  rendus  à  Richard  pour  prouver  qu'il  était  mort,  le 
bruit  avait  couru  en  France  qu'on  avait  exposé  un  faux  Ri- 
chard; et  Greton  s'en  fait  l'interprète.  Il  commence  par  rap- 
porter ce  qu'on  voulait  accréditer  en  Angleterre,  que  Richard 
s'était  laissé  mourir  de  faim  :  et  cela  le  préparait  à  l'incrédulité  : 

Après,  le  roy  de  ces  nouvelles 
Qui  ne  furent  bonnes  ne  belles, 


528  LIVRE  TREIZIEME. 

En  son  cuer  print  de  courroux  tant 
Que  depuis  celle  heure  en  avant 
Oncques  ne  menga  ne  ne  but, 
Ains  convint  que  la  mort  receut, 
Comme  ils  dient  ;  maiz  vrayement 
Je  ne  le  croy  pas  ensement; 
Car  aucuns  dient  pour  certain 
Qu'il  est  encore  vif  et  sain, 
Enfermé  dedans  leur  prison  : 
C'est  pour  eulx  grant  mesprison. 
Non  obstant,  que  tout  en  apert, 
Firent  eulx  porter  descouvert 
Un  homme  mort  parmi  la  ville 
De  Londres,  ce  ne  fu  pas  gui  lie, 
A  telle  honneur  et  à  tel  feste 
Que  pour  roy  mort  doit  estre  faite, 
En  disant  que  c'estoit  le  corps 
Du  roy  Richart  qui  estoit  mors. 
Là  faisoit  due'l  le  duc  Henry 

Par  semblance 

Mais  certainement,  pas  ne  croy 
Que  ce  fust  le  roy  ancien  ; 
Ains  croy  que  c'estoit  Madelien, 
Son  chappellain,  qui  de  visage, 
De  grandeur,  de  long,  de  corsage 
Le  resembloit  si  justement, 
Que  chascun  cuidoit  fermement 
Que  ce  fust  le  bon  roy  Richard. 

(Buchon,  t.  XIV,  p.  450-452.) 

Ces  vers  sont  postérieurs  au  retour  d'Isabelle  (3  août  1401), 
et  ils  sont  antérieurs  à  un  voyage  que  Creton  fit  en  Ecosse,  par 
ordre  de  Charles  VI,  pour  s'enquérir  si  vraiment  Richard  y  était, 
comme  on  en  faisait  courir  le  bruit.  Ce  voyage  décisif  sur  celte 
étrange  question  nous  est  connu  par  un  texte  que  M.  Dillon  a 
publié  dans  une  lettre  à  M.  Amyot  à  propos  de  ce  débat.  C'est 
un  ordre  de  Charles  VI  «  à  Pierre  des  Essarts,  prévôt  de  Paris  et 
souverain  gouverneur  des  finances,  etc.,  »  qu'il  fasse  payer 
«  a  nostre  amé  varlet  de  chambre  Jehan  Creton,  la  somme  de 
200  fr....  pour  et  en  recompensation  d'un  voyaige  que  par 
nostre  commandement  et  ordonnance  il  fit  pieça  au  pays  d'Es- 
coce,  pour  savoir  et  enquérir  la  vérité  de  nostre  très  cher  et 
très  amé  fils  le  roy  Richart  d'Angleterre,  que  Ion  disoit  estre 
en  vie  audit  pays  d'Escoce....  »  Paris,  29  juillet  1410;  lettre 
suivie  du  reçu  de  Creton,  en  date  du  7  août  suivant. 

Ce  voyage  se  fit-il  seulement  alors  ?  M.  Dillon  montre 
très-bien  par  le  texte  même  et  de  la  lettre  et  du  reçu,  qu'il 


1 


NOTES, 


.29 


avait  eu  lieu  depuis  longtemps  (pièça),  et  que  Grêlon  n\n 
avait  pas  obtenu  alors  la  récompense  :  «  Pour  lequel  voyaige 
faire  nous  ne  feismes  aucune  chose  pour  lors  ni  depuis  audit 
Greton  bailler.  »  Il  trouve  dans  les  documents  nouveaux  pro- 
venant de  Greton  lui-même,  des  indices  qui  en  marquent  plus 
précisément  la  date.  Je  veux  parler  d'une  épître  de  Greton  à 
Richard  dont  l'existence  vient  de  lui  être  affirmée,  d'une  bal- 
lade à  l'adresse  des  seigneurs  du  sang  de  France  pour  les 
appeler  au  secours  de  ce  prince ,  et  enfin  d'une  autre  épître 
adressée  au  duc  de  Bourgogne,  qu'il  appelle  à  venger  son  sang 
répandu.  Ces  pièces  que  M.  Dillon  donne  dans  sa  seconde 
lettre  (Archœol.j  t.  XXVIII,  p.  87  et  suiv.),  comme  tirées  d'un 
manuscrit  de  la  Bibl.  Imp.,  qu'il  ne  cite  pas,  sont  dans  le 
ms.  275,  fonds  Saint-Victor,  comme  nous  l'apprenons  par  une 
citation  partielle  du  même  recueil  (t.  XX,  p.  189)  :  mais  ce 
manuscrit  ne  se  retrouve  plus. 

Dans  son  épître  à  Richard,  Greton  lui  exprime  sa  joie  de  la 
nouvelle  qu'il  vient  d'apprendre  :  il  maudit  l'usurpateur  et  il 
revient  sur  plusieurs  des  traits  qu'il  a  donnés  dans  son  récit, 
faisant  allusion  à  son  livre  même.  Il  prie  Richard  de  se  ma- 
nifester par  des  ordres;  il  Tinvite  à  revenir  en  France,  où  il 
trouvera  la  jeune  reine  que  le  lierre  (larron)  de  Lancastre  a 
retenue,  «  par  l'espace  de  22  mois  sans  la  vouloir  rendre..»  Tu 
la  retrouveras,  ajoute-t-il,  aussi  chaste  et  aussi  entière  qu'elle 
étoit  partie,  et  tu  partis  d'elle,  à  Windesore  pour  aller  en  ton 
voyage  d'Irlande....  Et  si  tu  ne  peux  venir  par  deçà  et  qu'aul- 
cun  empesche  ton  passage,  au  moins,  sire,  qu'il  te  plaise  man- 
der l'éteusion  de  ton  courage  et  tu  trouveras  la  plus  grant  partie 
des  nobles  du  sang  de  France,  tes  vrays  amis,  el  qui  ne  te 
fauldront  jusques  à  la  mort.  Et  certes,  continue-t  il,  si  tu  ne 
viens  bien  brief  par  deçà,  j'iray  a  toi  en  quelque  lieu  que  tu 
soyes.  » 

La  ballade  est  un  appel  chaleureux  à  la  guerre  en  faveur 
de  Richard  : 


0  vous,  seigneurs  de  sang  royal  de  France, 

Mettez  la  main  aux  armes  vistement, 

Et  vous  avez  certaine  cognoissance 

Du  roy  qui  tant  a  souffert  de  tourment 

Par  faulx  Anglois  qui  traîtreusement 

Lui  ont  tollu  la  domination, 

Et  puis  de  mort  fait  condampnation. 


II 


^'i 


530  LIVRE  TREIZIÈME. 

Mais  Dieu  qui  est  le  vray  juge  es  sains  cieulx 
Lui  a  sauvé  la  vie.  Main  et  tart 
Chascun  le  dit  par  tout,  jeunes  et  vieulx, 
C'est  d'Albion  le  noble  Roy  Richart. 

Il  y  a  trois  autres  stances  pareilles  avec  la  finale  en  six  vers, 
et  toutes  se  terminant  par  ces  mots  : 

C'est  d'Albion  le  noble  roy  Richart. 

L'épître  au  duc  de  Bourgogne,  qui  paraît  suivre  la  ballade, 
dans  le  manuscrit,  sans  aucune  adresse,  exalte  la  puissance  de 
ce  duc,  désigné  par  son  frère  comme  garde  du  royaume,  re- 
cherché des  princes  chrétiens  «  mesmement  des  Bretons  les- 
quels singulièrement  et  seulement  a  toy  veulent  bailler  toute 
leur  seignorie  et  garde  et  governement.  »  Il  l'engage  à  mettre 
fin  au  schisme,  et  ensuite  à  venger  Richard  :  «  Après  mon 
très  redoubté  seigneur,  veuillez  que  vengeance  ou  punicion  soit 
iaitte  du  noble  sang  du  bon  catholique  le  roy  Richart,  lequel  a 
esté  espandu  tant  villainment,  tant  traictreusement,  que  certes 
c'est  molt  miséricordieuse  et  piteuse  chose  à  oyr  la  fin  de  ces 
jours,  lesquels  par  la  vray  et  loyal  amour  quil  avoit  par  deçà 
ont  esté  finis  avant  que  son  aage  cleust  estre  accomplie.  Hélas, 
si  tu  sauries  bien  les  tristes  complainctes  et  les  piteux  regrets 
qu'il  faisoit  à  tous  les  seigneurs  du  sang  de  France....  et  espé- 
cialement  à  toy  et  à  M^'"  de  Saint-Pol  quand  il  étoit  fuitif  es 
Gales....  certes  tu  ferois  assembler....  de  batailles  pour  passer 
en  leur  isle.  »  Les  Anglais  ne  pourraient  lui  résister  :  «  car 
depuis  le  temps  de  leur  rébellion  ils  n'ont  eu  gaires  que  for- 
tunes de  desconfitures,  »  etc. 

L'épître  à  Richard  est,  comme  M.  Dillon  l'a  montré,  et 
comme  cela  ressort  des  passages  que  nous  en  avons  reproduits, 
postérieure  au  retour  d'Isabelle  (3  août  1401),  et  antérieure  à 
son  second  mariage  avec  Charles,  comte  d'Angoulême,  fils  du 
~~duc  de  Berri  (29  juin  1406),  on  peut  même  dire  antérieure 
aux  conventions  qui  en  furent  arrêtées  dès  le  6  juin  1404. 
(Coll.  Brienne,  t.  XXXVI,  f°^  103,  104.)  L'épître  au  duc  de 
Bourgogne  est  environ  du  temps  où  les  Bretons,  de  l'agrément 
de  leur  ancienne  duchesse  (veuve  de  Jean  IV),  qui  épousait 
Henri  IV,  roi  d'Angleterre,  décernèrent  le  gouvernement  de 
leur  pays,  pendant  la  minorité  de  Jean  V,  au  duc  de  Bourgogne. 
(19  octobre  1402.  Voyez  D.  Morice,  t.  I,  p.  432.)  C'est  donc 


NOTES.  531 

avec  toute  raison  que  M.  Dillon  place  le  voyage  de  Greton  en 
Ecosse,  et  les  deux  épîtres,  l'une  qui  précède,  et  l'autre  qui 
suit  nécessairement  ce  voyage,  en  1402,  ou  au  plus  tard 
en  1403.  Vers  la  fin  de  1401,  il  semble  qu'on  soit  au  moins 
dans  le  doute  sur  la  mort  de  Richard  à  la  cour  de  France. 
Dans  les  instructions  des  ambassadeurs  qui  doivent  conférer 
avec  les  Anglais  à  Leulinghem  sur  la  trêve  et  les  points  en 
litige,  à  la  date  du  29  novembre  1401,  on  ne  dit  plus,  comme 
_en  1400,  «  feu  le  roi  Richard;  »  c'est  simplement  «  le  roi  Ri- 
chard. »  (Douet  D'Arcq,  Pièces  inédites,  t.  I,  p.  215.) 

Page  383,  note  a  (omise). 

Proclamation  de  Henri  contre  les  inventeurs  de  fausses  nou- 
velles :  «  Unde  regni  nostri  destructio  versimiliter  evenire  pote- 
rit.  »  (5  juin  1402.  Rymer,  t.  YIIl,  p.  261).  —  Proclamation 
pour  rassurer  ceux  qui  ont  pu  les  propager,  8  juin,  ibid., 
p.  262.  —  Supplice  de  Roger  Clarendon  et  de  neuf  Franciscains , 
(vers  la  Pentecôte,  14  mai  1402),  Otterbourne,  p.  234.  —  En- 
rôlements en  faveur  de  Richard.  L'histoire  nous  en  est  racon- 
tée jusqu'aux  moindres  détails  par  le  roi  lui-même  dans  les 
lettres  de  pardon  qu'il  accorde  à  Jean  Bernard,  de  OiTely,  cou- 
pable de  cette  équipée,  qui  a  mérité  sa  grâce  pour  avoir  dé- 
noncé et  vaincu  en  champ  clos  celui  qui  l'y  avait  entraîné. 
(21  juin  1402,  Rymer,  t.  VIII,  p.  262,  263.) 

Révolte  des  Percy.  Voyez  la  note  suivante,  et  sur  le  bruit  que 
-Richard  est  vivant,  Otterbourne, -p.  241,  et  d'autres  textes 
cités  dans  XArchxoL,  t.  XX,  p.  220,  note  q.  Henri  lui-même 
dénonce  la  manœuvre  au  conseil  en  lui  faisant  connaître  la 
révolte  de  Hotspur  :  <c  Henri  Percy  qui  s'est  levé  contre  nous  et 
nostre  regalie,  nous  n'appelle  fors  Henri  de  Lancastre,  et  fait 
aussi  diverses  proclamations  parmy  le  comté  de  Gestre,  que  le 
roy  Richard  est  encore  en  vie,  à  l'entente  d'exciter  nostre  peuple 
de  lever  avec  luy  en  afforcement  de  son  faux  propos.  »  (Lettre 
du  roi  au  conseil,  17  juillet  1403.  Proceed.^X.  I,  p.  208.)  — 
—W.  Série,  Th.  Warde  et  la  comtesse  d'Oxford.  (20  mars  1404, 
Rymer,  t.  VIII,  p.  353;  Wals.,  p.  370;  cf.  Archœol.,  t.  Xx' 
p.  426,  note  c.  —  Statut  demandé  par  les  communes.  Elles 
veulent  envelopper  dans  la  même  proscription  et  les  lollards 
et  quiconque  «prêche,  publie  ou  mainteyne  notoirement  que 
Richard  nadgaires  roy,  qui  mort  est,  seroit  en  pleine  vie,  ou 


532  LIVRE  TREIZIÈME. 

_(|ue  celui  fool  qu'est  en  Escoce  et  qui  ascuns  de  vos  enemys 
d'Escoce,  desirantz  division  estre  en  vostre  roiaume,  fauxe- 
ment  prétendent  d'estre  le  roy  Richard  qui  mort  est.  »  {Rot. 
Pari.,  t.  in,  p.  584,  §  62.)  —  Le  statut  de  la  vu*  année  de 
Henri  IV  (1406),  c.  ii,  confirma  le  droit  héréditaire  à  la  cou- 
ronne dans  sa  famille,  droit  sans  cesse  mis  en  question  par  ces 
révoltes.  {Stat,  of  Realm^  t.  II,  p.  151.) 

Placards  et  affiches  dans  Londres.  Wals.,  p.  371.  —  Le 
comte  de  Northumberland,  Wals.,  p.  377.  Dans  une  lettre 
datée  de  juin  1405,  il  invitait  le  duc  d'Orléans  à  lui  venir 
en  aide,  en  disant  :  «  J'ai  intention  et  ferme  propos  de  suste- 
ner  le  droit  querelle  de  mon  soverein  seigneur  le  roi  Richard 
s*il  est  vif,  et  si  mort  est  de  venger  sa  mort.  »  (Lettre  produite 
en  son  procès  au  parlement  du  19  juin  1406.  Rot.  Pari.,  t.  III, 
p.  605,  §  9,  cf.  ArchseoL,  t.  XX,  p.  220,  note  q.)  La  dernière 
tentative,  où  il  périt,  est  de  1408.  (Wals.,  p.  377.) 

Conspiration  du  comte  de  Cambridge,  en  1415.  Le  nom  de 
Richard  y  est  mêlé  à  celui  d'Edmond  Mortimer,  l'héritier  légi- 
time. Voyez  la  confession  du  comte  dans  Rymer,  t.  IX,  p.  300, 
et  le  procès  dans  les  Rot.  Pari.,  t.  IV,  p.  65  :  «  Quod  Ricar- 
«  dus  comes  Gantebrigg  et  Thomas  Gray  de  Heton....  se  invi- 
<r  cem  confederaverunt  quod  ipsi,  aggregatis  sibi  quampluri- 
«  busaliis,...  Edmundum  comitem  Marchiœ,  sine  licencia  dicti 
«  domini  régis,  ad  partes  Walliœ  ducerent,  et  ipsum  superiori- 
«  tatem  regni  Anglise,  in  casu  quod  dominus  Ricardus  nuper 
«  rex  Anglise  secundus  post  conquestum  defunctus  exstitisset, 
fl  Ruscipere  procurarent;...  et  quod  iidem  comes  Gantebrigg  et 
«  Thomas  Gray  sciverunt  certos  ligeos  dicti  Domini  Régis 
«  nunc,  qui  quemdam  Thomam  de  Trumpyngton  de  Scotia 
«  ideotam  in  simiUtudinem  praedicti  nuper  Régis  Ricardi,  et 
*  H.  Percy  et  plures  aliôs  de  Scotia,  in  magna  multitudine, 
«  ad  ipsum  dominum  regem  nunc  in  campis  debellandum  ad- 
«  ducerent.  »  {Rot.  Pari.,  X.  IV,  p.  65.)  Le  comte  de  Gambridge 
était  frère  de  Rutland,  devenu  duc  d'York,  qui  périt  en  cette 
année  même  à  la  bataille  d'Azincourt. 

Le  parlement  récusé  par  J.  Oldcastle  (Gobham)  :  «  Se  non 
«  habere  judicem  in  ter  eos,  vivente  ligeo  domino  suo  in  regno 
«  Scotise  rege  Ricardo.  «  (Wals.,  p.  400.)  Le  procès-verbal 
du  parlement  garde  le  silence  sur  ce  point.  (14  décembre  1417, 
Rot.,  Par/.,  t.  IV,  p.  107,  108.)  Tytler,  dans  l'appendice  joint 
au  t.  III  de  son  Histoire  d'Ecosse,  a  très-habilement  tiré  parti 


NOTES.  533 

de  tous  ces  textes,  et  il  montre  fort  bien,  sinon  que  Richard 
vivait  en  Ecosse,  comme  il  veut  l'établir,  au  moins  que  durant 
tout  le  règne  de  Henri  IV  et  une  partie  du  règne  de  Henri  V, 
il  y  avait  en  Angleterre  des  gens  pour  le  dire,  et  beaucoup 
d'autres  pour  le  croire.  C'est  bien  un  signe  des  dispositions  du 
pays;  et  un  historien,  fort  peu  favorable  à  Richard  H,  le  re- 
connaît :  a  Le  peuple,  dit  Hayward,  mobile  comme  il  est,  se 
déclara  pour  la  restauration  de  Richard.  {Life  of  Henri  IV, 
p.  270.) 

Page  386,  note  a. 

Engagements  de  Henri  vis-à-vis  du  peuple.  Ghron.  an  on. 
Ms.  3884,  f°.162,  —  Relations  avec  la  France.  Le  roi  veut  se 
mettre  en  garde  contre  les  armements  de  la  France,  26  jan- 
vier 1400  (Rymer,  t.  VIII,  p.  123)  :  car  les  lettres  des  ambas- 
sadeurs envoyés  en  France,  présagent  plus  la  guerre  que  la 
paix.  Ils  n'ont  pu  obtenir  de  sauf-conduit;  le  héraut  a  été  re- 
tenu :  de  plus,  les  Écossais  ont  rompu  la  trêve.  Il  se  fait  donc 
accorder  par  les  seigneurs  spirituels  et  temporels  une  aide  qui 
le  dispense  de  rappeler  si  tôt  le  parlement  (9  février  1400. 
Proceedings,  t.  I,  p.  102-106,  et  Rymer,  t.  VIIl,  p.  125). 
Mais  en  même  temps  il  renouvelle  les  pouvoirs  de  ses  ambas- 
sadeurs pour  traiter  et  de  mariage  et  de  trêve  (19  février, 
Rymer,  t.  VIII,  p.  128)  ;  il  nomme  des  commissaires  pour  rece- 
voir le  serment  du  roi  de  France  ,  au  sujet  de  la  trêve  con- 
venue, (10  mars,  ibid.,  p.  132);  pour  lever  toutes  les  ambigui- 
tés  qu'il  peut  y  avoir  dans  la  trêve  de  vingt-huit  ans,  (même 
date.)  Il  s'engage  à  observer  la  trêve  conclue  par  «  son  très-cher 
cousin  le  roi  Richard.  »  (18  mai,  ibid.,  p.  142.)  La  confirma- 
tion des  trêves  fut  notifiée  à  l'Ecosse,  qui  n'attendait  qu'un  si- 
gnal pour  recommencer  la  guerre  (24  mai  IkOO,  ibid.j  p.  144). 
Henri  s'était  fait  donner  par  le  parlement  l'autorisation  de 
porter  la  guerre  lui-même  dans  ce  pays.  (10  novembre  1399, 
Rot.  Parl.ji,  III,  p. 427,  §  80);  et  dans  le  cours  de  l'année,  il 
prit  plusieurs  autres  mesures  défensives.  (Voy.  Proceedings, 
t.  I,  p.  114,  123  et  124.) 

Lettres  de  Henri  IV à  Charles  VI .  «  Henri,...  à  nostre  très  cher 
et  très  amé  cousin  de  France  par  mesme  la  grâce  salut  et  di- 
leccion.  Pur  ce  que  nous  desirons  bien  assavoir  sovent  certenes 
novelles  de  vostre  bon  estât  et  parfaite  santé,  prions  à  Messire 
tendrement  de  cuer   fju'il  vous  vuillQ  loudi/:  ottroyer,  etc,  t 


534  LIVRE  TREIZIÈME. 

(Nottingham,  24  juin  1400.  Lettre  originale  aux  Archives, 
Trésor  des  chartes j  cart.  J,  644,  n*>  35;  voyez  encore  deux 
autres  lettres  du  22  août  et  du  30  septembre,  ibid.,  n"  35* 
et  35^) 

Les  négociations  au  sujet  de  la  jeune  reine  sont  nombreuses 
et  compliquées.  On  a  vu  la  pensée  de  Henri  de  renouer  l'al- 
liance par  un  mariage  (novembre  1399),  et  les  premières 
négociations  entamées  à  ce  sujet  (voyez  la  note  précédente).  Le 
roi  de  France  s'y  refusant,  il  fallut  songer  à  rendre  la  prin- 
cesse. Mais  comment?  Le  conseil,  saisi  de  la  question,  avait 
tout  d'abord  été  d'avis,  P  que  le  roi  est  tenu  «  de  la  faire  rendre 
et  restituer  avec  ses  joyaux  et  bons  meubles  après  que  l'obli- 
gation soit  montrée  et  notifiée  au  roi  en  cas  que  on  n'en  puisse, 
faire  mitigalion  par  voie  de  mariage  ou  autrement  ;  2°  que  le 
douaire  n'est  pas  dû  par  cause  qu'elle  n'est  de  l'âge  de  douze 
ans.»  (mars  l kOO,  Proceed.,  t.  I,  p.  118.)  En  conséquence, 
commission  est  donnée  à  l'évêque  de  Durham  et  au  comte  de 
Worcester  (Th.  Percy)  pour  s'entendre  sur  la  remise  «  de  nostre 
très  chère  parente  Isabelle,  reine  d'Angleterre,  »  et  la  restitu- 
tion de  ses  joyaux,  (18  mai  1400,  Rymer,  t.  YIII,  p.  143.) 
Autre  acte  pour  la  remise  de  la  reine  (19  juillet,  ibid.j  p.  152); 
pour  son  passage  en  France  (14  octobre,  ibid.,  p.  162.)  Ce 
retour  n'était  pas  encore  si  prochain  :  on  trouve,  à  la  date  du 
12  novembre,  des  questions  posées  à  l'université  d'Oxford  sur 
la  restitution  d'Isabelle,  sur  la  compensation  des  sommes  reçues 
par  l'Angleterre  pour  sa  dot  et  de  celles  qui  étaient  dues  au 
roi  {ibid.^  p.  164);  puis  de  nouvelles  commissions  aux  mêmes 
ambassadeurs  pour  la  trêve,  la  remise  d'Isabelle  et  la  récla- 
mation des  sommes  dues  par  Jean,  roi  de  France,  (l*""  avril 
1401,  ibid.,  p.  187.) 

La  vraie  cause  de  ces  retards,  c'était  la  question  de  la  dot.  La 
jeune  princesse  avait  eu  pour  dot-800  000  francs,  dont  300  000, 
payables  au  jour  du  mariage,  et  le  reste,  par  100  000  francs, 
d'année  en  année,  jusqu'à  l'entier  acquittement  de  la  somme  ; 
et  les  termes  en  avaient  été  régulièrement  payés  tant  que 
Richard  fut  sur  le  trône,  comme  on  le  peut  voir  par  ses 
quittances  aux  Archives  (carton  J,  643,  n°  12;  644,  n"  22). 
Quant  au  douaire,  on  l'avait  fixé  k  20  000  nobles  d'AngL  - 
terre  de  revenu;  il  était  acquis  à  la  jeune  reine  dès  la  solem- 
nisation  du  mariage,  et  elle  en  devait  jouir,  même  en  France, 
même  en  temps  de  guerre,  tant  qu'elle  ne  serait  pas  remariée, 


NOTES.  535 

si  Richard  la  laissait  veuve  après  l'âge  de  douze  ans.  Le  douaire 
n'était  donc  pas  en  question ,  Isabelle  n'ayant  que  dix  ans  à  la 
mort  de  Richard;  mais  il  y  avait  des  stipulations  particulières 
touchant  la  dot.  Il  était  dit  que  si  Richard  mourait  sans  enfant, 
les  derniers  500  000  francs  de  la  dot  ou  ce  qui  en  aurait  été 
payé  à  cette  époque,  seraient  rendus  à  la  jeune  reine.  De  plus, 
on  prévoyait  le  cas  où  le  mariage  conclu  serait  refusé  par  elle 
ou  rompu  par  le  roi ,  quand  elle  aurait  atteint  l'âge  de  douze 
ans.  Dans  le  premier  cas,  les  800  000  francs  restaient  acquis 
au  roi  d'Angleterre  ;  dans  le  second,  ils  devaient  être  rendus 
à  la  princesse  française  (Rymer,  t.  YII,  p.  818-819).  La  res- 
titution stipulée  soit  en  cas  de  rupture,  soit  au  moins  en  cas  de 
mort  sans  enfant,  ne  pouvait  donc  être  contestée.  Mais  Henri 
prolongeait  le  débat ,  tâchant  de  gagner  la  douzième  année  de 
la  jeune  reine  (elle  était  née  le  9  novembre  1389),  dans  l'espoir 
peut-être  qu'elle  accepterait  alors  la  combinaison  dont  il  s'é- 
tait flatté  et  qu'en  épousant  le  nouveau  prince  de  Galles,  elle 
laisserait  la  dot  à  l'Angleterre.  Aussi  les  inquiétudes  de 
Charles  YI  étaient-elles  très-vives  :  il  craignait  qu'on  n'abusât 
de  la  simplicité  de  la  pauvre  enfant.  Les  ambassadeurs  qu'il 
envoie  en  Angleterre  ont  ordre  de  la  voir,  et  de  lui  faire  dire 
au  moins,  s'ils  ne  la  peuvent  voir  eux-mêmes,  par  des  gens 
sûrs  a  que  le  Roy  et  la  Roy  ne  lui  mandent  et  le  requièrent, 
sur  tant  comme  elle  les  aime  et  les  double  à  courroucier,  et 
sur  toute  l'obéissance  en  quoy  elle  leur  est  tenue  comme  à  père 
et  mère,  que  elle  ne  die,  ne  face  aucune  chose  par  quoy  elle 
soit  obhgée  par  parole  ne  par  fait,  par  mariage,  ne  autrement 
à  quelque  personne  que  ce  soit,  par  quoy  elle  ne  puist  et  doie 
retourner  devers  eûlx,  franche  et  desliée  de  tous  liens  et  obli- 
gacions  de  mariage  et  autres  quelconques  (6  septembre  1400, 
Trésor  des  Chartes,  Jj  645,  n°  11,  et  Douet  D'Arcq,  Pièces 
inédites  y  t.  I,  p.  194. 

La  convention  fut  enfin  signée  à  Leulinghem  le  27  mai 
1401,  (Rymer,  t.  VIII,  p.  194).  Pour  ne  pas  subordonner  le 
retour  de  la  jeune  princesse  à  la  solution  des  dernières  diffi- 
cultés sur  sa  dot  et  ses  joyaux,  Charles  VI  donnait  quittance 
et  promettait  que  sa  fille  en  ferait  autant  quand  elle  aurait 
douze  ans,  sous  la  réserve  d'une  réclamation  de  200  000  fr.  (les 
deux  termes  de  100  000  fr.  payés  en  1397  et  en  1398).  Il  s'en- 
gageait à  ce  même  titre  pour  sa  fille,  quoique  mineure  de 
douze  ans,  et  promettait  qu'elle  renouvellerait  sa  renoncia- 


536  LIVRE  TREIZIEME. 

tion  quand  elle  aurait  atteint  cet  âge.  (3  juin,  ibid.,  p.  198.) 
Henri  alors  donna  un  sauf-conduit  pour  cinq  cents  personnes 
(21  juin  1401,  ibid.,  p.  196),  et,  de  son  côté,  régla  en  conseil 
le  cortège  qu'on  voulait  faire  à  la  jeune  reine  :  cortège  nom- 
breux, et  composé  des  plus  grandes  dames  et  des  plus  grands 
seigneurs.  On  ne  voulait  épargner  aucune  pompe,  dans  l'espoir 
de  regagner  par  là  le  roi  de  France.  {Proceedings,  t.  I,  p.  132, 
136-142,  145,  et  ibid.,  préf.,  p.  xxxvi  et  xxxviii;  cf.  Rymer, 
21  et  22  juin,  t.  VIII,  p.  203  et  204.) 

Ce  ne  fut  pourtant  que  dans  les  derniers  jours  de  juillet  que 
l'événement  s'accomplit.  Le  l**"  août,  Isabelle,  revenue  sur  la 
terre  de  France,  fit  le  serment  de  renonciation  convenu  (ibid.y 
p.  217  et  218),  et  le  3  août  fut  signé  à  Leulinghem  l'acte  double 
de  sa  restitution  {ibid.,  p.  219,  et  Archives,  Trésor  des  Chartes, 
cart.  J,  645,  n*>  24).  Quant  aux  200  000  fr.  d'or  réservés,  lors- 
que la  question  fut  reprise,  l'Angleterre  répondit  par  ses  ré- 
clamations sur  ce  qu'on  lui  devait  encore  de  la  rançon  du  roi 
Jean  (21  juillet  1403,  Rymer,  t.  YIII,  p.  315.  Cf.  23  avril, 
même  année.  Rymer,  Suppl.  Henri  IV,  t.  II,  n*»  48,  Gollect. 
Bréquigny,  t.  LXXIX,  f"  141).  On  retrouve  les  originaux  de 
presque  tous  les  actes  donnés  en  France  ou  reçus  des  Anglais  à 
l'occasion  de  ces  négociations,  aux  Archives,  Trésor  des  Chartes, 
carton  J,  644  et  645. 

Isabelle  fut  remise  par  Thomas  Percy,  comte  de  Worcester, 
au  comte  de  Saint-Pol.  La  jeune  reine,  dit  Greton,  à  qui  nous 
empruntons  ce  dernier  récit,  prenant  congé  des  dames  et  des 
seigneurs  d'Angleterre,  leur  distribua  des  joyaux.  On  doutait 
si  fort  que  les  Anglais  en  vinssent  à  cette  restitution  si  naturelle, 
que,  pour  leur  ôter  tout  moyen  de  reculer  au  dernier  moment, 
le  duc  de  Bourgogne  se  tenait  au  voisinage  en  embuscade  avec 
le  comte  de  Nevers,  son  fils  aîné,  son  fils  Antoine  (duc  de  Bra- 
bant),  le  duc  de  Bourbon,  et  500  lances. 

La  jeune  reine,  qui  allait  avoir  douze  ans  k  son  retour,  fut, 
lorsqu'il  devint  impossible  de  garder  un  -doute  sur  la  mort  de 
Richard,  accordée  à  son  cousin  Charles  d'Angoulême,  fils  du 
duc  d'Orléans  (4  juin  1404)  :  mariage  qui  fut  célébré  à  Com- 
piègne  le  29  juin  1406.  L'infortunée  princesse  mourut  en 
couches  trois  ans  après,  avant  d'avoir  accompli  sa  vingtième 
année  (13  septembre  1409.  Vovez  Anselme,  Hist.  généal.,  t.  I, 
p.  114). 

Greton,  qui  finit  son  récit  au  retour  d'Isabelle,  y  joint  pour 


NOTES.  537 

conclusion  une  invocation  k  Dieu,  qui  est  en  même  temps  un 
appel  aux  vengeances  de  la  France  : 

Qu'il  vueille  brief  prendre  vengeance 
Des  grans  maulx  et  desconnuissance, 
De  l'oultrage  et  injuste  fait, 
Que  les  mauvais  Engloiz  ont  fait 
A  leur  Roy  et  à  leur  royne. 
Maiz  q'ie  ce  soit  en  brief  termine; 
Car  je  vous  jure,  à  dire  voir, 
Que  je  le  désire  moult  voir, 
Pour  le  mal  que  j'ay  veu  entre  eulx  • 
Et  se  chascun  savoit  leur  veulx 
Et  comment  ilz  béent  Franchoiz, 
Je  cuide  fermement,  ainchoiz 
Que  trois  mois  fussent  acomplis , 
€'on  verroit  maint  vaissel  empli 
De  garnison  et  de  vitaille 
Pour  eulx  aler  faire  bataille, 
Car  ce  sont  très  mauvaises  gens 
Et  de  bien  faire  negligeiis. 

Si  on  trouve  qu'il  a  mal  parlé  des  Anglais,  il  proteste  qu'il 
ne  les  a  point  diffamés  : 

Je  n'ay  dit  deulx  qu'ilz  n'aient  fait; 
_yeu  que  sept  mois  entiers  leur  fait 

Vy,  et  chevauchay  avecque  eulx,     . 

Par  plusieurs  contrées  et  lieux 
-HEn  Yrlande  et  en  Engleterre. 

C'est  le  comte  de  Salisbury  qui,  lorsqu'il  fut  pris  avec  le  roi 
Richard,  l'a  prié  de  faire  ce  récit  des  événements,  s'il  pouvait 
retourner  en  France.  Il  l'a  fait  pour  accomplir  sa  promesse  : 

Et  aussi  pour  ce  que  je  sçay 
De  certain  c'en  neust  peu  savoir 
De  la  prise  du  roy  le  voir. 
Et  comment  il  fu  faulsement 
Par  Iraitlie  et  par  p|y;^j3pient 
Atraiz  hors  de  ses  forts  chastiaulx, 
Qui  sont  en  Galles  bons  et  biaulx, 
Du  conte  de  Northomberlant, 
Comme  j'ay  dit  ycy  devant. 

(Buchon,  t.  XIV,  p.  464-466.) 

Les  imprécations  de  Grêlon  eurent  de  l'écho  en  France.  Aux 
négociations  pour  le  retour  de  la  jeune  reine,  succédèrent  bien- 


538  LIVRE  TREIZIÈME. 

-tôt,  dès  1402,  les  défis  du  duc  d'Orléans,  rancien  allié  de  Henri 
de  Lancastre,  qu'il  accuse  d'avoir  fait  périr  le  roi  Richard.  Les 
ambassadeurs  chargés  des  pouvoirs  pour  les  trêves,  reçurent 
des  instructions  sur  cette  querelle.  (Voyez  les  défis  dans  Mons- 
trelet,  I,  9;  t.  I,  p.  33  et  suiv.  de  la  Coll.  Buchon,  et  les 
autres  pièces  en  manuscrit  dans  la  collection  de  Brienne, 
t.  XXXIV,  f°^  229-267.)  Charles  VI  reprit  la  querelle  en  son 
nom  dans  une  lettre  adressée  aux  Anglais  contre  Henri,  qu'il 
signale  comme  le  meurtrier  de  Richard  (2  octobre  1406,  ibid., 
f°  227)  :  et  l'année  suivante  (3  juillet  1407),  on  voit  encore 
Henri  demander  pour  son  fils  la  main  de  Marie,  fille  du  roi  de 
France!  (Coll.  Brienne,  t.  XXXVI,  ï"  105.  Voy.  ArchœoL, 
t.  XXVIII,  p.  83.) 

Révoltes  contre  Henri  IV.  Avant  la  révolte  des  Percy,  avait 
éclaté  celle  des  Gallois  sous  Owen  Glendowr.  (1400  et  suiv., 
Wals.,  p.  364  et  suiv.)  Henri  Percy  l'avait  combattue  avant  de 
chercher  à  s'en  appuyer.  (Voir  ses  lettres  au  conseil,  avril  et 
juin  IkQl.Proceed.^  t.  I,  p.  148-152.  Voyez  aussi  dans  Rymer 
plusieurs  actes  qui  les  concernent,  t.  VIII,  p.  159,  160,  163, 
182  ;  et  dans  les  Rôles  du  Parlement,  t.  III,  p.  454,  §§  3  et  16, 
et  476,  §§  101-107,  parlement  de  1401.)  En  1402,  Owen  Glen- 
dowr avait  pris  Edmond  Mortimer,  qui  ensuite  épousa  sa  fille. 
(Wals.,  Hypod.,  p.  557;  cf.  Proceed.,  t,  I,  p.  185.)  Il  ne  faut 
pas,  comme  Shakespeare,  le  confondre  avec  son  neveu  Edmond 
Mortimer,  comte  de  la  Marche,  l'héritier  légitime  de  Richard  II, 
qui  n'avait  encore  que  onze  ans  à  l'époque  de  la  bataille  de 
Shrewsbury.  {Archœol  ,  t.  XXIII,  p.  292.)  C'est  sur  ce  jeune 
prince  et  sur  son  frère  que  le  roi  Henri  IV  et  le  conseil  veil- 
laient avec  une  sollicitude  si  intéressée.  (Voyez  les  précautions 
prises  pour  les  garder  (1405),  dans  les  Proceedings,  1. 1,  p.  58 
et  104-106.)  En  1403,  Henri,  fils  aîné  du  roi,  reçut  la  mission 
d'aller  reconquérir  le  pays  dont  il  était  dit  prince.  (Rymer, 
t.  VIII,  p.  292.)  La  révolte  se  continua  avec  le  secours  de  la 
France.  (Wals.,  p.  374.)  Les  Anglais,  tenus  en  échec  par  l'in- 
saisissable Glendowr,  ne  savaient  rapporter  ses  succès  qu'à 
la  magie.  (Hardyng,  Chron.,  et  Sh.  Turner,  t.  II,  p.  354-356.) 

Révolte  des  Percy.  Voir  la  lettre  pleine  d'aigreur  où  le  comte 
de  Northumberland,  montrant  au  roi  le  péril  où  il  le  laisse 
avec  ses  troupes  faute  d'argent,  lui  rappelle  ce  qui  lui  est  dû 
depuis  le  commencement  du  règne  (26  juin  1403,  Proceed., 
t.  I,  p.  204);  elle  ne  précède  que  de  quelques  jours  l'insur- 


I 


NOTES.  539 

reclion.  Le  roi  était  en  route  pour  le  rejoindre  vers  la  marche 
d'Ecosse,  lorsqu'il  apprit  la  révolte  de  Henri  Hotspur  et  de 
Thomas  Percy.  Il  l'annonce  au  conseil  par  une  lettre  du 
17  juillet.  (Proceed.,  t.  I,  p.  208.)  —  Lettre  de  défi  (juillet 
1403);  manifeste  de  Varchevcque  d'York  (1405).  ArcliœoL, 
t.  XVI,  p.  140,  et  Anglia  sacra^  t.  II,  p.  362.  Nous  en  avons 
donné  ci-dessus  plusieurs  extraits. 

Exactions  de  Henri.  «  Décimas  et  quinto-decimas,  et  alias 
«  impositiones  et  tallagia  tam  cleri  quam  communitatis  Angliae 
«  et  mercatorum,  metu  majestatis  regiœ  tuœ.  (Manifeste  des 
Percy,  ArchœoL,  t.  XVI,  p.  141.)  Le  manifeste  de  l'archevêque 
renouvelle  toutes  les  assertions  du  défi.  Sur  les  Percy,  voyez 
Wals.,  p.  367-374;  Hardyng,  ch.  cciiiet  cciv,  f"*  201,  202; 
Otterbourne,  p.  239  et  suiv.;  et  surtout  les  Rot.  Part.,  t.  III, 
p.  522,  §  3  ;  p.  524,  §  7  ;  p.  538,  §  56,  et  le  procès  par  con- 
tumace du  comte  de  Northumberland  (19  juin  1406),  p.  604- 
607.  Voyez  aussi  Lingard,  t.  IV,  p.  455,  et  Turner,  t.  II, 
p.  357-360,  qui  ont  résumé  avec  soin  les  auteurs  originaux. 
On  peut  joindre  aux  documents  qu'ils  n'ont  pu  consulter  plu- 
sieurs pièces  publiées  depuis  par  S.  Nicolas  Harris  dans  les 
Actes  du  conseil  privé.  {Proceed.,  t.  I,  p.  211,  213,  etc.) 

Thomas  Mowbray,  fils  du  comte  maréchal,  avait  commencé 
par  se  rallier  comme  les  autres  à  la  cause  de  Henri  IV.  Dans 
les  premiers  jours  du  règne,  étant  alors  âgé  de  quatorze 
ans,  il  demande  au  roi  qu'il  lui  assigne  une  rente  sur  les  sei- 
gneuries de  l'héritage  de  son  père,  a  et  que  plese  a  vostre 
hautesse  luy  assigner  a  demourer  avesque  la  royne  ou  il  ad 
demeurez  avant  ces  heures,  pur  apprendre  honur  et  gentillesse 
pour  le  melx  servir  et  plesaunce  faire  a  vostre  hautesse  a  temps 
avenir.  »  Par  une  décision  du  4  décembre  1399,  le  conseil,  où 
figure  entre  autres  le  duc  d'Exeter  (Jean  de  HoUand),  lui 
alloue  350  marcs  par  an  pour  lui,  et  100  marcs  pour  son  plus 
jeune  frère.  {Proceed.,  t.  I,  p.  99-100.) 

Page  387 ,  note  a. 

Gouvernement  de  Henri.  Les  emprunts  qu'on  avait  tant  re- 
prochés à  Richard,  c'est  par  quoi  Henri  débute  :  il  emprunte 
pour  ne  pas  rappeler  si  tôt  le  parlement,  et  en  donnant  aux 
prêteurs  l'assurance  que  cela  leur  sera  déduit  à  la  première 
contribution.  (9  février  1400,  Proceed.,  t.  I,  p.  102.)  Leconseil 


bkO  LIVRE  TREIZIEME. 

a  perpétuellement  à  s'occuper  de  finances.  Le  règne  se  conti- 
nue et  finit  comme  il  a  commencé,  par  des  emprunts.  (Ibid., 
p.  64-66,  et  343-347.)  Sur  l'état  misérable  du  royaume  au 
temps  de  Henri  IV,  voyez  la  préface  des  Actes  du  conseil  privé. 
(Proceed.,  t.  I,  p.  60.) 

Opposition  des  communes.  Leurs  plaintes  ne  tardent  point  à 
corroborer  les  griefs  allégués  par  les  Percy  :  corruption  des 
élections,  régime  de  l'hôtel,  influence  abusive  des  gens  de  cour. 
Pour  la  corruption  des  élections  par  exemple  :  «<  Considérez 
noun  due  élection  des  chivalers  des  countees  pur  le  par- 
lement queux  ascun  foitz  sount  faitz  d'affection  des  viscontz 
et  autrement  encontre  la  forme  des  briefs  as  ditz  viscontz  di- 
rectz  et  graund  esclaundre  de  countees.  »  (Bot  Parl.^  t.  III, 
p.  601,  §  139.)  Voyez  surtout  les  trente  et  un  articles  imposés, 
en  quelque  sorte,  à  Henri  IV  par  le  parlement  en  sa  viir  an- 
née. (Novembre  et  décembre  1406,  ibid.j  p.  585,  §§67-91,  et 
Proceed.,  1. 1,  p.  296  et  suiv.) 

Henri  IV  mourant.  Monstrelet,  I,  108.  On  se  rappellera 
le  roi  Richard  mené  à  Londres  sur  un  mauvais  cheval  par 
Henri  de  Lancastre,  quand  plus  tard  le  dernier  des  Lancastres, 
Henri  VI,  placé,  les  jambes  liées,  sur  un  cheval,  sera  mené  par 
le  comte  de  Warwick,  à  travers  les  rues  de  Londres,  jusqu'à  la 
Tour. 


FIN   DU    DEUXIÈMF   VOLUME. 


TABLE   DES   MATIÈRES, 


Ackkrmann;  un  des  capitaines  de 
Gand,  I,  181  ;  se  déclare  pour  la 
paix,  249. 

Albujarotta  (bataille  de),  I,  277. 

Amiens  (entrevue  (i'),  proposée  par 
Charles VI,  acceptée  par  Richard, 
II,  45;  Lancastie  désigné  pour  s'y 
rendre,  49;  réception  des  princes 
anglais  par  Charles  VI,  52  et  415; 
protection  et  faveur  aux  Anglais, 
53;  discussions  sur  la  paix,  diffi- 
cultés à  propos  de  Calais,  54;  pro- 
rogation de  la  trêve,  55. 

Amiraux  d'Angleterre,  1,7;  II,  412. 

Amnistie,  après  l'insurrection  des 
paysans,  I,  113,  115  et  455;  ex- 
ceptions, 116;  extension  qu'on  lui 
donne,  150,  467  et  486. 

Angleterre  :  succession  de  ses  rois 
depuis  la  conquête  jusqu'en  1688, 
1 , 1  ;  son  état  à  la  fin  du  règne  d'É- 
douard  III,  2;  invasion  projetée 
par  Charles  VI  (voy.  Charles  VI); 
crainte  de  l'invasion  française, 
237  et  280;  Anglais  et  Français  à 
l'étranger,  II,  409. 

Anne  de  Bohême,  fiancée  à  Richard, 
I,  113;  reçue  à  Douvres,  116;  son 
mariage,  117;  tempête  à  son  ar- 
rivée, 125;  attachement  du  roi 
pour  elle,  254;  intercède  en  faveur 
de  Burley,  367;  sa  mort,  II,  81  et 
427;  son  tombeau,  ibid. 

Appel  ou  accusation  contre  les  cinq 
conseillers  principaux  de  Richard, 
I,  334;  contre  Glocester ,  II,  164. 

Appelants  (les  cinq  lords,  Gloces- 
ter, etc.),  I,  336;  reçus  en  triom- 
phe à  Londres,  après  Redecot- 
bridge,  340,  508;  viennent  à  la 
Tour  trouver  le  roi,  342,  509;  ar- 
restations et  épurations  qu'ils  o^jè- 


rent,  342;  se  présentent  devant  le 
parlement,  343;  leur  acte  d'accu- 
sation contre  les  cinq  conseillers 
de  Richard,  345-347,  510:  le  pro- 
cès déclaré  illégal  par  les  juges,  y 
348;  maintenu  par  le  parlement, 
ibid.;  les  lords  appelants  partagés 
au  sujet  de  Burley,  364;  serment 
de  ne  rien  tenter  contre  eux  prêté 
par  1<  s  membres  du  parlement, 
366,  et  par  les  habitants  des  corn- 
lés,  ibid.;  indemnité  de  20 000  1. 
qu'on  leur  alloue,  370  et  515. 

Appelants  (lords)  contre  Gloces- 
ter, etc.,  II,  164  et  suiv.  (Voy. 
Th!  mas  de  Woodstock.) 

Apprentis,  dans  l'insurrection  des 
paysans,  1,  56. 

Aristocratie  anglaise,  I,  5  et  6. 

Armée  française  sous  Charles  VI, 
I,  152. 

Arménie  :  le  roi  médiateur  officieux 
entre  la  France  el  l'Angleterre,  I, 
290  et  494. 

Arteveld  (Philippe  d'),  I,  138;  ami 
de  l'Angleterre,  465:  appel  aux 
Anglais,  141  ;  ambassade  envoyée 
en  Angleterre,  141;  méprise  l'ex- 
pédition de  Charles  VI;  préparatifs 
pour  la  défense  de  la  Flandre , 
154;  s'établit  à  Rosebecque,  160; 
sa  mort,  164. 

Artillerie,  au  siège  de  Saint-Malo, 
I,  421. 

Artisans  (loi  sur  les),  I,  20  et  32; 
leur  part  à  la  grande  insurrection, 
ihib. ,  56. 

Arundel  (Richard  Fitz-Alan,  comte 
d),  placé  auprès  du  roi  pour  gou- 
verner l'hôtel,  I,  114;  l'un  des 
cinq  lords  appelants  (voy.  Lords 
appelants);  ses  succès  sur  mer, 
321  ;  son  expédition  sur  les  côtes 
de  France,  II.  7;  accuse  Lanças- 


542 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


ire,  72;  contraint  de  lui  faire  ex- 
cuse, 73;  en  disgrâce,  135;  prend 
part  à  la  conjuration  de  Glocester, 
161  et  452;  arrêté,  162  et  453;  son 
procès,  167  et  170;  so'n  jugement 
et  sa  mort,  174. 

Arundel  (Tliomas,  comte  d')  ,fils  du 
précédent,  accompagne  Henri  de 
Lancastre  dans  sa  descente  en  An- 
sgleterre,  II,  237;  appelé  à  venger 
son  père  sur  J.  de  Rolland,  362; 
rôle  qu'on  lui  prête  dans  la  con- 
damnation des  conjurés,  365. 

Arundel  (Thomas  Fitz-Alan),  oncle 
du  précédent,  évéque  d'Ély,  puis 
archevêque  de  Canterbury  ;  évêque 
d'Ely  à  vingt-deux  ans,  I,  498;  va 
trouver  le  roi  avec  Glocester,  pour 
la  destitution  de  Michel  de  la  Pôle , 
307;  nommé  chancelier,  311  ;  son 
conseil  au  roi  de  céder  à  Glo- 
cester, 334;  nommé  archevêque 
d'York,  372;  donation  qu'il  se  fait 
accorder  (20  février  1387),  502; 
nouveau  don  qui  lui  est  fait,  372; 
rend  les  sceaux,  II,  14;  les  reçoit 
de  nouveau,  49;  les  rend  et 'est 
nommé  archevêque  de  Canterbury, 
136  el  447  ;  sa  part  au  complot  de  Glo- 
cester, 161  ;  mis  en  jugement,  168 
et  458;  sa  condamnation,  1 82;  trans- 
lation au  siège  de  Samt-André, 
ibid  et  459;  lettre  du  r^i  au  pape 
contre  lui,  459;  va  chercher  Henri 
de  Lancastre  en  France,  235;  1  ac- 
compagne en  Angleterre,  244;  ses 
proclamations,  247;  conseil  qu'il 
donne  pour  preadre  Richard  à 
Conway,  263;  le  visite  à  Flint, 
272;  à  la  Tour,  291;  ses  discours 
dans  le  parlement  où  Richard  est 
déposé,  301  et  306;  au  sacre,  311; 
dons  qu'il  reçoit  du  roi  et  du  parle- 
ment, 337;  meurt  le  19  février  1414. 

AsHTON  (Jean),  partisan  de  Wicleff, 
1,  460. 

AuDENARDE,  surprise  par  les  Gantois, 
I,  197;  reprise,  230. 

Avignon  (papes  d') ,  1 ,  46;  leur  si- 
tuation lausse  vis-à-vis  de  l'Angle- 
terre, ibid. 


B 


Bagot  (William),  dans  les  conseils 
de  Richard,  II,  225  et  237;  va  re- 
joindre Richard  en  Irlande ,  2ôl  ; 


arrêté,  319;  sa  déposition  sur 
mort  de  Glocester,  ibid.  ;  son  rôle 
dans  le  procès  des  ennemis  de 
Glocester,  321  et  504;  sa  mise  en 
liberté,  324  et  505. 

Ball  (John),  précurseur,  puis  disci- 
ple de  Wicleff,  1,52;  interdit,  53; 
prêche  hors  des  églises,  ibid.  et 
455;  influence  de  ses  sermons, 54; 
remis  en  prison,  55;  délivré  par 
l'insurreciion  des  paysans,  58;  son 
sermon  à  Blackheath ,  62  ;  son  sup- 
plice, 104. 

Banc  commun  et  Banc  du  roi,  I,  7  ; 
transférés  passagèrement  à  York, 
II,  417. 

Barnet  (ville  de) ,  associée  à  la  ré- 
volte de  Saint-Alban,  I,  86. 

Barons  :  leurs  rapports  avec  le  roi 
d'Angleterre.  I,  5. 

Beauchamp  (William  de),  capitaine  de 
Calais,  I,  332;  a  part  aux  négo- 
ciations avec  la  France,  II,  397, 
400,  etc. 

Beauchamp  (Jean)  de  Holt,  sénéchal 
de  l'hôtel  :  son  procès,  I,  360;  sus- 
pendu, 304;  repris,  368;  condam- 
nation, ibid. 

Beauchamp  (Thomas),  comte  de 
Warwick.  (Voy.  Warwigk.) 

Beaufort  (Henri  de),  fils  légitimé 
du  duc  de  Lancastre,  évoque  de 
Lincoln,  puis  de  Winchester  et 
carflinal  d'Angleterre  :  nommé  évê- 
que de  Lincoln,  II,  467;  accom- 
pagne le  roi  en  Irlande,  237;  le 
quitte  avant  sa  captivité,  482. 

Beaufort  (Jean  de),  fils  légitimé  du 
duc  de  Lancastre  :  nommé  comte 
de  Sommerset,  II,  136;  un  des  ap- 
pelants contre  Glocester,  164; 
créé  marquis  de  Dorset,  187  ; 
amiral,  463;  accusé  à  son  tour, 
s'excuse,  331. 

Bedman  (Laurent),  partisan  de  "Wi- 
cleff, 1 ,  440. 

Belknap  (Robert),  président  des 
plaids  communs  :  menacé  dans 
l'insurreciion  de  1381,  I,  57;  un 
des  juges  consultés  à  Nottingham; 
324;  rais  en  jugement,  357  ;  con- 
damné, 358;  exilé  en  Irlande,  359; 
gracié,  II,  137. 

Bénéficiaires  étrangers,  1, 30  ;  Il ,  1 01 . 

Bergues,  défendu  et  abandonné  par 
les  Anglais,  I,  185-187. 

Berners  (Jean) ,  son  procès,  I,  360, 
366  et  368. 


TABLE  DES  MATIERES. 


543 


Berri  (Jean,  duc  de),  oncle  de  Char- 
les VI  :  ses  lenteurs  calculées  lors 
du  projet  d'invasion  enAnglelerre, 
I,  289-294. 

Berwick,  surpris  par  les  Écossais, 
J,  23:J;  repris  par  Northumber- 
land,  236. 

BiLLERiGA  (village  de),  dans  l'insur- 
reclioii,  I,  100. 

Blackheath,  colline  près  de  Lon- 
dres, où  se  rassemblèrent  les  pay- 
sans insurgés,  I,  61. 

Blake  (John),  I,  330  et  357. 

Blount  (Thomas) ,  dans  la  conspira- 
tion contre  Henri  IV,  II,  352;  son 
supplice,  359. 

BoLiNGBROKb;  (Henri  de). (Voy.  Henri.) 

Bordeaux  :  contre-coup  de  la  cnute 
de  Richard,  II,  347;  la  ville  reste 
fidèle  aux  Anglais,  par  crainte  du 
despotisme  de  la  France,  348. 

Bourbon  (Louis  II,  duc  de),  oncle  de 
Charles  VI  :  expédition  préparée 
contre  les  Anglais.  I,  235;  à  quoi 
elle  se  réduit.  238;  sa  campagne 
de  Tunis,  II,  34. 

BouRBOURG  :  belle  défense  des  An- 
glais, I,  188;  capitulation,  472. 

Bourgogne  (Philippe  le  Hardi,  duc 
de),  oncle  de  i:;harles  VI  :  devient 
comte  de  Flandre,  I,  217  ;  son  rôle 
dans  les  affaires  de  Flandre  et  dans 
les  expéditions  contre  l'Angleterre 
(voy.  Flandre,  Angleterre  et 
Charles  VI);  grand  partisan  du 
mariage  de  Richard  avec  la  fille 
de  Charles  VI,  II,  116;  envoyé 
vers  Richard  à  Calais,  121. 

Bourgs  (députés  des)  au  parlement , 
1,6. 

Boursier  (Jean  le),  envoyé  à  Gand, 
par  Richard,  comme  reward  de 
Flandre,  I,  234;  ne  peut  empê- 
cher la  pacification  de  Gand,  249; 
retourne  en  Angleterre,  250. 

Bowet  (Henri),  sa  déposition  dans 
le  procès  de  l'évêque  de  Norwich, 
I,  201. 

Brambré  (Nicola.s) ,  nommé  chevalier 
après  la  défaite  de  l'insurrection, 
1,81;  maire  de  Londres,  486;  un 
des  principaux  conseillers  de  Ri- 
chard, 255;  plaintes  portées  con- 
tre lui',  312;  il  assiste  à  la  consul- 
tation de  Nottingham,  324;  mis  en 
accusation ,  334  et  335  ;  amené 
devant  le  parlement,  351;  accusa- 
tion particulière  contre  lui,  ibid. 


et  512;  sa  défense,  352;  sa  con- 
damnation et  son  exécution,  355. 

Brest,  donné  en  gage  à  l'Angle- 
terre, I,  23  et  420;  son  impor- 
tance, 39  et  321;  sous  la  garde 
de  Thomas  Percy,  236;  du  comte 
d'Arundel,  II,  7;  de  Jean  de  Hol- 
land,  14;  restitution  réclamée, 
70;  accomplie,  154  et  451. 

Bretagnr  (affaires  de),  I,  30,  31, 
39  et  502;  II,  65,  393,  401,  420. 

Bretagne  (Jean  IV  ou  V,  duc  de)  livre 
Brest  à  l'Angleterre,  I,  23;  forcé 
par  les  Bretons  à  se  rapprocher  de 
la  France,  39  (voy.  Bretagne); 
son  différend  avec  Clisson,  I,  321; 
II,  7  et  45;  réconcilié  avec  le  roi 
de  France,  51,  413,414  415;  ses 
efforts  pour  être  en  bons  termes 
avec  l'Angleterre  et  avec  la  France, 
121,  423. 

Bristol  i^affaire  de),  II,  479. 

Bugkingham  (le  comte  de).  (Voy.  Tho- 
mas de  Woodstock.) 

Burgh  (William),  consulté  à  Nottin- 
gham, I,  324;  condamné,  357  et 
358. 

Burley  (Simon) ,  chargé  parleprince 
de  Galles  de  veiller  sur  Richard, 

I,  255;  dons  qu'il  reçoit  du  roi, 
485;  bruits  répandus  contre  lui, 
275  et  513;  son  procès,  360-367; 
condamné  et  exécuté  malgré  le 
roi,  ibid. 

Bury-Saint- Edmond  (ville  de),  dans 

l'insurrection,  I,  87. 
BussY  (Jean),  orateur  des  communes, 

II,  75  et  201;  uu  des  principaux 
ministres  du  despotisme  de  Ri- 
chard, 203  et  suiv.;  à  Bristol, 
249;  misa  mort,  251. 


Calais,  principal  marché  du  com- 
merce extérieur  de  l'Angleterre 
(voy.  Ëtaple);  obstacle  à  la  con- 
clusion d'une  paix  définitive,  II, 
67,  77;  ballade  d'Eustache  Des- 
champs, 424. 

Calverley  (Hugues  de),  chevalier 
anglais,  1,24,  38;  ses  représenta- 
tions à  l'évêque  de  Norwich,  177  ; 
à  Bergues,  sa  stupeur  à  la  vue  des 
forces  de  la  France,  185  et  suiv. 

Cambridge  (Edmond,  comte  de). 
(Voy.  Edmond.) 


Il 


544 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


Canterbury  (archevêque  de).  (Voy. 

SUDBURY,  COURTNEY,  ARUNDËL.) 

Capitation  en  1380,  1,  42  et  429; 
ses  antécédents,  428;  abus  des 
exacteurs,  55.) 

Carlisle  (évoque  de).  (Voy.  Thomas 
Merks.) 

Carme,  qui  accuse  le  duc  de  Lan- 
castre,  I,  227. 

Cary  (Jean) ,  consulté  à  Nottinghana , 
1,  324;  condamné,  357  et  358. 

Castille,  alliée  de  la  Fiance,  I,  2; 
afVairesde— ,  38,  117,  132,  134, 
266,  276  et  492;  expédition  du  duc 
de  Lancastre,  278;  II,  9,  10  et 
394;  paix  conclue,  10  et  394. 

Cavendish  (Jean) ,  président  du  banc 
du  roi ,  mis  à  mort  par  les  insur- 
gés, I,  87. 

CAVîiNDifcH  (Jean),  poissonnier,  ac- 
cuse  Michel  de  la  Pôle,  I,  221. 

Chambellan  (office  de),  I,  7;  in- 
féodé aux  sires  de  Vére,  403. 

Chancelif.r  (office  de).  I,  7.  (Pour 
les  dignitaires,  voir  aux  noms  de 
chacun). 

Charles  V,  roi  de  France;  résultats 
de  son  règne,  1,2;  sa  mort,  39. 

Charles  VI,  roi  de  France;  ses  rap- 
ports avec  la  Castille ,  l'Ecosse,  etc. 
(voy.  Castille,  Fxosse,  etc.);  sa 
première  campagne  de  Flandre, 
I,  153;  passage  de  la  Lys,  154; 
bataille  de  Rosebecque,  160;  n'at- 
taque ni  Calais  ni  Gand,  brûle 
Courtrai,  168;  seconde  campagne 
de  Flandre,  contre  l'évèque  de  Nor- 
wicli,  183;  occupe  Bergues,  189; 
reçoit  Bourbourg  par  capituiation , 
190;  négociations  et  trêve,  197; 
épouse  Isabeau  de  Bavière  :  troi- 
sième campagne  de  Flandre,  246; 
reprend  Dam,  247;  invasion  de 
l'Angleterre  projetée,  280;  Char- 
les VI  à  l'Écluse,  288,  294;  dates 
et  itinéraire  de  son  voyage ,  494- 
496;  jugement  sur  cette  campa- 
gne, 294  (voy.  Invasion);  campa- 
gne deOueldre,  II,  11;  Charles  VI 
remercie  ses  oncles,  19;  ses  dis- 
positions pacifiques,  40;  démarche 
auprès  de  Richard  pour  la  paix, 
44;  invitation  à  une  entrevue,  45; 
son  expédition  contre  le  duc  de 
Bretagne,  sa  folie,  57;  suite  de 
ses  rapports  avec  Richard  (voy. 
Richard);  sa  lettre  à  Richard,  109 
et  439;  entrevue  d'Amiens  (voy. 


-f.  Amiens);  ses  trêves  (voy.  Leulin- 
3  ghem)  ;  rappports  avec  la  Bretagne 
(voy.  Bretagne)  ;  alliance  avec  Ri- 
chard, à  qui  il  donnesa fille  (voy, 
Richard  et  Isabelle)  ;  ses  eflforts 
pour  prévenir  la  rupture  de  Ri- 
chard et  de  Henri  de  Lancastre, 
Il ,  21 1  ;  bon  accueil  à  Henri  exilé, 
227  ;  rap()orts  avec  l'Angleterre 
après  la  chute  de  Richard  (voy. 
Henri  de  Lancastre);  négociations 

^''  pour  le  renvoi  de  sa  fille,  349  et 

§i534;  envoie  en  Ecosse  pour  s'as- 
surer si  Richard  y  est  vivant,  380, 
528. 

Charte  (grande)  ,1,6. 

Chaucer,  poêle,  1,393;  faveurs  qu'il 
reçoit  de  Richard,  1,  485;  IJ,  105 
et  437. 

Cherbourg,  engagé  à  l'Angleterre, 
I,  23  et  420:  restitué,  11,  70. 

Chevalerie  française  et  anglaise; 
rapports  de  confraternité,  II,  37, 
39,  407,  408. 

Chevaliers  des  comtés  au  parle- 
ment, I,  9. 

Chichester  (rhomas  Rushook,  évo- 
que de),  confesseur  du  roi,  con- 
damné, I,  359  et  514;  relégué 
en  Irlande,  369  et  515;  accrois- 
sement de  sa  pension  de  captivité, 
n,  34. 

Chronique  anonyme  sur  la  déposi- 
tion de  Richard  H,  I,  191. 

Cirencester  (afiaire  de),  II,  3.58, 
516. 

Clarence  (Lionel,  duc  de).  (Voy. 
Lionel.) 

Clément  VII,  pape  d'Avignon,  I, 
145. 

CLÉMi'NTiNS.partisansde  Clément  VII 
(voy.  France,  Castille,  Ecosse). 

Clergé:  sa  place  au  parlement,  I, 
8;  II,  462;  ses  convocations  par- 
ticulières :  impôts  qu'il  y  votait,  I, 
18,  34;  refuse  de  laisser  rattacher 
son  vote  de  subsides  à  celui  des 
communes,  264;  motion  que  ce 
refus  soulève,  :  on  veut  lui  ôter 
son  temporel,  265;  les  communes 
demandent  que  les  clercs  fassent 
au  roi  l'abandon  des  premiers 
fruits ,  272. 

Clisson  (Olivier),  connétable  de 
France,  dans  la  campagne  de  Ro- 
sebecque, I,  154,  156;  fait  con- 
struire la  ville  de  bois,  282;  arrive 
à  grand'peine  à  l'Êi-luse,  291    et 


I 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


541 


495;  il  prépare  en  Bretagne  une 
nouvelle  flotte  contre  l'Angleterre, 
321;  guet-apens  où  il  est  pris, 
322;  suite  de  ses  démêlés  avec  le 
duc  de  Bretagne  (voy.  Bretagne)  ; 
accord  aux  conférences  de  Tours, 
II,  51:  attentat  de  Pierre  de 
Craon ,  57. 

CoBHAM  (Jean  de),  membre  du  con- 
seil, I,  408;  sa  condamnation, 
II,  199. 

CoBHAM.  (Voy,  Oldcastle.) 
CoKET,  sceau  du  roi  apposé  aux 
permis  d'exportation.  I,  417. 

Commissaires  du  subside,  I,  18. 

Commissaires  pour  réprimer  l'insur- 
rection ,1,  57. 

Commission  d'enquête  (1379),  I,  424; 
(1380),  I,  36  et  426. 

Commission  pour  les  abus  de  juslice , 
pourles  maux  du  commerce  (1381), 
I,  113. 

Commission  de  l'an  x  (1386),  I,  316- 
318;  protestation  du  roi,  320  et 
500. 

Communes  (chambre  des),  1,9;  in- 
demnité des  députés,  10  et  27. 
(Pour  le  reste,  voy.  Parlement.) 

Comptes  des  recettes  et  des  dépen- 
ses: soumis  au  parlement,  I,  19, 
27,  31. 

Comtés  (députés  des)  au  parlement, 
I,  6. 

Confiscations  prononcées  par  l'Ad- 
mirable Parlement;  mesures  pour 
les  rendre  irrévocables,  I,  371. 

Connétable  (office  de)  :  aux  Bohuns, 
et  temporairement  au  comte  de 
Buckingham  (Thomas  de  Woods- 
tock,  oncle  du  roi),  I,  404;  puisa 
Aumarle  (Rutland),  11,214;  puisa 
Henri  Percy,  comte  de  Northum- 
berland,  II,  300.  " 

Conseil  du  roi  :  comment  il  se  di- 
vise, I,  7. 

Conseil  privé  ou  «  continuel  conseil,  » 
I,  8  et  402;  membres  du  conseil 
à  l'avènement  de  Richard,  12, 
408;  nommés  en  parlement,  16, 
40y  ;  attributions  et  limites,  ibid.  ; 
conseil  passagèrement  supprimé 
par  le  parlement  (1380),  36;  noms 
des  membres  communiqués  au 
parlement,  273;  remontrances  au 
roi,  457. 
Conseil  auquel  le  parlement  délègue 
ses  pouvoirs,  II,  203;  serment 
d'en   observer  les   actes,  221    et 


469;  sanction  nouvelle  à  ses  dé- 
cisions, 229;  jugements  qu'il  pro- 
nonce, 230. 
Constance,  fille  aînée  de  Pierre  le 
Cruel,  seconde  femme  du  duc  de 
Lancastre,  I,  3;  péril  qu'elle 
court  dans  l'insurrection  des  pay- 
sans, 97;  accompagne  Lancaslre 
en  Espagne,  II,  9;  derniers  de- 
voirs qu'elle  rend  aux  restes  de 
son  père,  394. 
Constitution  d'Angleterre,  I,  5  et 

suiv. 
CoRONER  de  Londres,  I,  21. 
CouRTNHY  (William  de),  évêque  de 
Londres,  puis  archevêque  de  Can- 
terbury,  siège  comme  évoque  de 
Londres  aux  procès  de  Wicleff  en 
1377,  I,  49  et  50;  nommé  chan- 
celier et   archevCMjue  de   Canter- 
bury,    454;   convoque  le  concile 
de  Londres  (1382) ,  130;  sa  remon- 
trance au    roi,    274;   déclaration 
pour  la  défense  des  droits  de  la 
couronne,  II,  63. 
Craon  (Pierre  de),  son  attentat  con- 
tre Clisson,  II,  57. 
Cressingham   (Pierre  de),   dans,  la 
campagne   de    l'évêque    de    Nor- 
wich,  I,  203. 
CretoNj  sa  chronique  en  vers  sur  la 
déposition  de  Richard  II,  I,  390, 
et  II,   341;   témoin  des  faits,  II, 
472,   253  et  suiv.;   pourquoi  il  a 
écrit  son  histoire,  537  ;  son  retour 
en  France,  279:  invectives  co[itre 
Henri,   510;  contre  les  Anglais, 
537;  sa  lettre  à.  Richard  qu'il  croit 
vivajit,  au  duc  de  Bourgogne  pour 
venger  Richard,  529,  530;  envoyé 
en  ficosse,  380  et  528. 
Croisade  de  l'évêque  de  Norwith. 

(Voy.  Henri  Spenser.) 
Crystède  (ou  Cristall),  chevalier 
anglais  fait  prisonnier  en  Irlande, 
II,  83;  ce  qu'il  raconte  k  Frois- 
sart  de  l'Irlande,  79;  chargé  de 
former  à  l'anglaise  les  rois  d'Ir- 
lande, 84. 


D 


Dalingrugge,  membre  du  conseil, 
chargé  des  fonctions  de  maire  de 
Londres  et  révoqué,  II,  60,  416; 
prieuré  qui  lui  est  donné,  405. 

Dam  surpris  par  les  Gantois,  I, 
246;  repris  par  Charles  VI,  247. 

11  —  35 


546 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


DÉPUTÉS  des  cooimunes,  leur  in- 
demnité, I,  271;  II,  393. 

Derby  (Henri  de  Bolingbroke,  comte 
de).  (Voy.  Henri.) 

DESPEN3ER  (rtiomas  le),  comte  de 
Glocester,  un  des  appelants  contre 
le  duc  de  Glocester,  II,  164; 
nommé  comte  de  Glocester,  187; 
abolition  des  condamnations  de 
ses  ancêtres,  197;  accusé  pour  sa 
partaa  jugementde  Glocester;  ses 
excuses,  332;  dépouillé  de  son 
titre,  324;  prend  part  à  la  conju- 
ration contre  Henri,  3ô2;  à  Ci- 
rencester,  358;  fuit  dans  le  pays 
de  Galles,  359;  veut  quitter  l'An- 
gleterre, mais  est  mené  à  Bristol, 
364;  exécuté,  tbid.;  sa  tête  appor- 
tée à  Londres,  365. 

Devereux  (Jean),  membre  du  con- 
seil, 1,  16;  capitaine  de  Calais, 
puis  sénéchal  de  l'hôtel ,  em- 
ployé aux  négociations,  II,  401, 
410;  meurt  en  1393,  417. 

Dixième  (impôt  du),  et  du  quinzième 
I,  17,  comment  réparti,  410;  en 
quoi  il  consistait,  411,  426. 

Domaines  du  roi,  I,  272. 

Dubois  (Pierre),  soutient  l'insurrec- 
tion de  Flandre  et  lui  donne  pour 
chef  Philippe  d'Arteveld,  I,  138; 
à  la  défense  de  la  Lys,  154,  156; 
raffermit  les  Gantois  aprè^  Rose- 
becque,  169;  il  veut  empêcher  la 
paix  de  la  Flandre  avec  le  duc  de 
Bourgogne,  249. 

DuNKERQUE  prls  par  l'évêque  de  Nor- 
wich,  I,  181. 

Drayton  (Jean  de),  1,  211. 

Dymock  (Jean),  au  couronnement 
de  Richard  II,  I,  407. 

DYJ4PCK  (Thomas),  aucouronnemant 
de  Henri  IV,  II,  312. 


E 


ÉCHIQUIER,  I,    7. 

ÉCLUSE  (ville  de  1') ,  donnée  au  duc 
de  Bourgogne,  comte  de  Flandre, 
I,  247  ;  Charles  VI  y  rassemble 
une  armée  d'invasion  contre  l'An- 
gleterre. (Voy.  Charles  VI.) 

ECOSSE,  alliée  de  la  France,  I,  24, 

132  et  passim;  état  de  l'Ecosse, 

133  et  134;  négociations,  469; 
diversion  pendant  la  croisade  de 
l'évêque  de  Norwich,  216  et  475; 


expédition  de  Lancastre,  217  et 
476;  contmuation  de  la  lutte,  229 
et  478;  trêve,  230  et  478;  défense 
des  frontières  contre  les  Écossais, 
233;  Jean  de  Vienne  en  Ecosse; 
comment  sa  troupe  est  accueillie 
des  Écossais,  239  ;  ce  que  les  Écos- 
sais réclament  pour  combattre 
avec  les  Français,  241  et  493;  ex- 
pédition de  Richard,  242;  nouvelle 
guerre,  bataille  d'Otterbourne,  II, 
1 1  ;  TÉcosse  comprise  dans  la  trêve 
de  Leulinghem  (139i),  II,  78;  les 
Écossais  et  les  Anglais  dans  les 
batailles,  II,  395. 

EDIMBOURG  au  temps  de  Richard,  I, 
134. 

Edmond,  comte  de  Lancastre,  fils  de 
Henri  III,  prétendu  l'aîné  de  son 
frère  Edouard  I",  I,  260. 

Edmond  de  Langley  ,  comte  de 
Cambridge,  puis  duc  d'York,  cin- 
quième fils  d'Edouard  III,  I,  3; 
marié  à  la  seconde  fille  de  Pierre 
le  Cruel;  son  expédition  en  Por- 
tugal, I,  61  et  144  ;  créé  duc 
d'York,  243;  avec  Lancastre  à 
l'entrevue  d'Amiens,  II,  52;  lieu- 
tenant du  roi  pen  iant  la  première 
campagne  d'Irlande,  II,  82;  à  l'é- 
poque de  son  mariage,  122  ;  pen- 
dant la  seconde  campagne  d'Ir- 
lande,. 237  ;  sa  conduite  à  l'arrivée 
de  Henri  de  Lancastre,  248  et  477  ; 
découvre  la  conjuration  où  est 
entré  Rutland  son  fils,  et  veut  le 
dénoncer,  355  et5 12, "mort  en  1402. 

Edouard  III,  roi  d'Angleterre;  ses 
(Jernières  années,  I,  2;  sa  famille, 
3;  sa  mort,  4. 

EDOUARD ,  prince  de  Galles  ,  sur- 
nommé le  Prince  Noir,  fils  aine 
d'Edouard  III,  I,  1,  2  et  3;  épouse 
Jeanne  de  Kent,  veuve  de  Thomas 
de  Holland,  dont  il  a  Richard,  4. 

EDOUARD  Plantagenet,  fils  aîné  du 
duc  d'York  ;  nommé  comte  de 
Rutland,  I,  34  ;  un  des  appelants 
contre  Glocester,  11,  164;  com- 
pUce  de  sa  mort,  180;  créé  duc 
d'Aumarle,  187  ;  connétable,  214; 
ses  retards  à  rejoindre  Richard 
en  Irlande,  243  et  244,  passe  à 
Henri,  259;  visite  Richard  à  Con- 
way,  272;etàla  Tour,  288;  accusé 
par  Bagot  du  meurtre  de  Glocester, 
320-323;  incriminé  pour  son  appel 
contre  Glocester,    330;  privé  de 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


547 


son  titre  de  duc  d'Aumarle,  333; 
entre  dans  la  conjuration  contre 
Henri  IV,  352;  la  dénonce,  355; 
rejoint  les  conjurés  et  passe  à  l'en- 
nemi, 358  et  515;  rapporte  à  Lon- 
dres la  tête  d'un  de  ses  complices, 
364;  réhabilité,  519;  tué  à  la  ba- 
taille d'Azincourt,  en  1416,  532. 

ÉGLISE  :  hostilité  contre  elle  en  An- 
gleterre, 1,  430;  voyez  Wicleff. 

Elmham  (William  d'),  1,  211. 

Emprunts,  I,  31,  136;  II,  224. 

Enquête  (commission  d')  en  1381, 
I,  110. 

Erpingham  (le  sire  d') ,  II,  359. 

EscHETOURS,  agents  du  fisc,  I,  19; 
durée  de  leurs  fonctions,  257. 

Esguage,  I,  8. 

Espagne.  (Voy.  Gastille.) 

Etaple  ou  Etape,  I,  20,  30;  ori- 
gine de  cette  institution,  415; 
établie  en  divers  lieux,  416;  fixée 
à  Calais,  ibid.;  triple  droit  qui 
frappait  les  marchandises,  417; 
règlements  touchant rétaple,i6i;(i,; 
l'étaple  enlevée  da  Calais,  eu  1353, 
et  le  privilège  transféré  à  plusieurs 
villes  d'Angleterre,  du  pays  de 
Galles  et  d'Irlande,  418;  organi- 
sation de  chaque  ville  d'étaple, 
ibid.  ;  l'étaple  rendue  à.  Calais  en 
1363;  reprise  en  1359,  418;  ren- 
due en  1376,  419;  élaple  de  Ca- 
lais :  exception  pour  les  pays  vers 
leWest,k2'i)  pétition  des  habitants 
de  Calais  pour  qu'eUe  y  soit  main- 
tenue dans  toute  sa  rigueur,  425; 
exception  demandée  pour  le  beurre 
etle  fromage  en  1380,  429;  Michel 
de  la  Pôle  propose  de  la  reporter 
de  Calais  en  Angleterre,  263;  me- 
sures nouvelles  (1390j,  U,  'SI,  405  ; 
Modifications  diverses  quant  aux 
lieux  d'étaple,  94,  432,  433  ;  pour- 
quoi on  la  maintient  à  Calais,  95. 

ÉTRANGERS(pétiiioncontreles),  1, 21. 

Étrangers  (religieux; ,  1,  33. 

EvESHAM  (moine  d'),  son  histoire 
de  Richard  11,  I,  ôSS. 

ExETER  (le  duc  d'),  voyez  Jean  de 
Holland. 

ExETER  (Thomas  Bretingham,  évo- 
que d'),  trésorier,  II,  15  et  398.  — 
(Edmond  Stafford)  chancelier,  165. 


F 


Fabian  :  sa  chronique,  I,  395. 


Fannant,  auteur  d'un  pamphlet  en 
faveur  de  l'Admirable  Parlement, 
I,  306,  394,497. 

Faringdon  (William  de),    I,    201, 

Fasgiguli  zizaniorum  ,  ouvrage  sur 
Wicleff,  I,  394. 

Febriby  ,  chapelain  de  Richard  ; 
accompagne  le  roi  en  Irlande,  II, 
237;  ses  antécédents,  471;  son 
arrestation  et  sa  mort,  365. 

Fehriers  (Henri  de),  I,  211. 

Frrz-RAUF  (Robert),  I,  211. 

Flandre,  son  insurrection,  I,  138 
et  suiv.  ;  ménagements  des  Fla- 
mands pour  les  Anglais,  139  ;  in- 
terventionde l'Angleterre  sollicitée, 
141;  j)révenue  par  la  France, 
151;  négociations,  239;  la  guerre 
recommence  avec  le  duc  de  Bour- 
gogne, 230  ;  les  Gantois  arborent 
les  armesdu  roi  d'Angleterre,  ibid.; 
tin   de   l'insurrection  ,   250  (voy. 

PH.  ARTEVELD,    PlERdE    DUBOIS   et 

Charles  VI;  mauvaises  disposi- 
tions des  Flamands  contre  les 
Français  qui  veulent  envahir  l'An- 
gleterre, 291. 

Flandre  (Louis  de  Maie,  comte  de), 
ctiassé  de  Bru^^es,  1,  138;  appel 
à  la  France,  139  ;  sa  députation  à 
l'évéque  de  Norwich,  178;  a  pour 
successeur  son  gandre  le  duc  de 
Bourgogne,  216. 

Frange,  en  guerre  avec  l'Angleterre 
dès  le  début  du  règne  de  Richard, 
I,  23;  alliée  de  l'Ecosse  et  de  la 
Castille  ,  24,  132  ;  incursions  en 
Angleterre,  419;  les  communes  de- 
mandent que  les  frais  de  la  guerre 
de  France  soient  supportés  par  le 
domaine,  28;  invasion  préparée; 
négociations,  229,  231,  477;  II, 
12,  397,  19,  400,  etc.  (voy.  Char- 
les   Vi  ,     RiGHARD    II,     INVASION, 

Lejlinghem)  ;  rapports  avec  l'An^ 
gleterre  avant  1386,  300-302. 

Français  et  Anglais,  leurs  boas  rap- 
ports à  l'étranger,  II,  409. 

Frûissart  ,  ses  voyages  en  Angle- 
terre ;  son  impartiaUté,  I,  390; 
son  inexactitude  sur  le  temps  de 
l'Admirable  Parlement,  1, 498  ;  reçu 
à  la  cour  de  Ricliard,  1, 105  et  437. 

FuLMÈRE  (Robert  de),  trésorier  de  Te- 
vôque  de  Norwich,  I,  201. 

Fulthorp  (Roger),  consulté  à  Nottin- 
gham, I,  325;  condamné,  367-368. 


548 


TABLE  DES  MATIERES. 


Gand,  son  insurrection,  I,  138  (voy. 
Flandre)  ;  offre  de  se  donner  au 
roi  d'Angleterre,  1,  474,  230  et 
234;  sa  soumission,  249  et  483. 

Gand  (Jean  de),  duc  de  Lancastre. 
(Voy.  Jean.) 

Gilbert  (Jean) ,  évêque  de  Bangor 
(1372);  de  Hereford  (1375);  puis 
de  Saint-David  (1389);  trésorier, 
I,  316:  II,  15. 

Glocester  (Humfroi,  duc  de).  (Voy. 

HUMFROI.) 

Glocester  (Thomas  de  Woodslock, 
duc  de),  père  du  précédent.  (Voy. 
Thomas.) 

Gower  (John),  ses  traités  ou  poëraes, 
I,  393;  ce  qu'il  dit  de  l'insurrec- 
tion des  paysans.  436;  ses  insultes 
aux  vaincus,  507  et  513. 

Gravelines,  prise  par  l'évêque  de 
Norwich,  I,  178;  abandonnée  par 
lui  aux  Français,  I,  191. 

Green,  un  des  ministres  du  despo- 
tisme de  Richard,  II,  225;  relire 
à  Bristol,  249;  mis  à  mort,  251. 

Grindecobbe  (William),  un  des 
principaux  de  Saint-Alban,  I,  84; 
son  héroïsme,  102;  sa  mort,  104. 

GuFLDRE  (le  duc  de),  allié  des  An- 
glais; son  défi  à  Charles  VI,  II, 
11  ;  attaqué  par  lui,  12. 


H 


Hales  (Robert  de) ,  prieur  de  Saint- 
Jean  de  Jérusalem  en  Angleterre, 
trésorier  d'Angleterre,  I,  57;  ses 
biens  pillés  par  les  insurgés,  tt»id.; 
conseil  qu'il  donne  à  Richard, 
64;  mis  à  mort,  72. 

Hall,  sa  Chronique,  I,  395. 

Hallam  (Henri),  auteur  de  VEurope 
au  moyen  âge;  son  jugement  sur 
la  commission  de  l'an  x,  I,  501; 
sa  partialité  contre  Richard,  II, 
106. 

Halle  (John),  sa  déclaration  sur  la 
mort  de  Glocester,  II,  180  et  322; 
son  jugement  et  son  supplice,  II, 
181  et  324. 

Hardyng  (John),  sa  chronique  en 
vers,  I,  389;  son  témoignage  sur 
une  chronique  supposée  par  Lan- 
castre, 260. 


Hargrave,  sa  collection  des  States 
Trials,  I,  498. 

H aringhay-park  (affaire  de),I,  331, 
505,  506. 

Haukwogd  (John),  lettres  patentes 
qui  lui  sont  données  pour  faire  la 
guerre  en  Provence,  II,  8. 

Haxey  (sir  Thomas),  auteur  d'une 
pétition  de  réforme  :  livré  au  roi 
par  les  communes,  II,  143,  et 
condamné  comme  traître,  144;  on 
lui  accorde  adoucissement  de  la 
peine,  et  bientôt  grâce  entière, 
144  et  145. 

Hayward  ,  son  histoire  sur  Ri- 
chard II,  I,  394. 

Hearne,  ce  qu'il  dit  de  l'altération 
des  monuments  de  l'histoire  de 
Richard  IF,  I,  v. 

Henri  111  roi  d'Angleterre,  I,  6. 

Henri  de  Bolingbroke  ou  Henri  de 
Lancastre,  comte  de  Derby,  duc 
de  Hereford,  puis  de  Lancastre, 
et  enfin  Henri  IV,  roi  d'Angleterre, 
fils  aîné  du  duc  de  Lancastre;  un 
des  cinq  lords  appelants  (voy.  Ap- 
pelants) ,  s'oppose  à  la  destitution 
de  Richard  par  Glocester,  I,  338; 
reste  au  conseil  après  la  chute  de 
Glocester,  II,  16;  sa  campagne  en 
Prusse,  35,407;  sa  participation  au 
procès  de  Glocester,  164  et  suiv.; 
déposition  contre  Arundel ,  172; 
créé  duc  de  Hereford,  187;  sa 
conversation  avec  Norfolk,  206;  il 
la  dénonce  au  roi  devant  le  parle- 
ment, 207;  différend  avec  Nor- 
folk; renvoyé  à  la  décision  du 
Conseil,  209;  amnistie  qu'il  se 
fait  donner,  ibid.;  assignation  à 
comparaître  à  Windsor,  210;  l'af- 
faire doit  se  décider  en  bataille  à 
Coventry,  ibid.;  sentiments  sur  ce 
combat,  en  France,  211;  députa- 
tion  de  Charles  VI  à  Richard  pour 
l'empêcher,  ibid.;  sentiments  en 
Angleterre  en  faveur  de  Henri, 
212  ;  ce  que  Richard  attendait  de  ce 
combat,  215;  pourquoi  il  le  suspen- 
dit, 216;  sentence  d'exil  contre 
Henri  et  contre  Norfolk,  216;  ma- 
nifestations en  faveur  de  Henii  au 
départ,  219;  son  séjour  en  France, 
227  ;  honneurs  qu'il  y  reçoit  , 
t6id.;  on  lui  refuse  la  fille  du  duc  de 
Berri  sur  les  instances  de  Richard, 
231  ;  privé  des  biens  de  son  père 
par  Richard,  229;  départ  de  Henri 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


549 


pour  l'Angleterre,  236;  débarque- 
ment en  Angleterre ,  244  et  475;  ses 
proclamations,  246;  mouvement 
général  en  sa  faveur,  247;  il  jure 
qu'il  ne  veut  pas  déposséder  le 
roi,  248  et  476;  ses  progrès  en 
Angleterre,  250,  254 et  476;  va  de 
C  h  ester  à  Flint  pour  prendre  Ri- 
chard, 271  et  488;  son  entrevue 
avec  Richard,  275  et  486;  il  le 
mène  à  Chester,  276;  expédie  des 
ordres  au  nom  du  roi ,  279;  le 
mène  à  Londres,  280;  entrée  de 
Henri  à  Londres  ,  283  et  493;  sa 
résolution  sur  Richard  :  le  faire 
abdiquer  avant  la  réunion  du  par- 
lement ,  285  ;  troupes  des  sei- 
gneurs licenciées ,  285  et  494  ; 
Henri  réclame  le  trône,  est  pro- 
clamé, 305;  nomme  les  grands 
officiers  et  renouvelle  les  pouvoirs 
des  juges,  307  et  496;  convoque 
le  parlement,  308:  banquet  au 
parlement,  308  et  502;  cérémonie 
ducouronnement,  310,  501  et502; 
banquet  du  sacre,  311;  huile  mi- 
raculeuse. 312-316;  nomme  Henri, 
son  fils  aîné,  prince  de  Galles, 
317;  habileté  de  sa  conduite,  336; 
récompenses  à  ses  partisans,  337; 
fausseté  de  sa  position  à  Tégard 
delà  France  après  son  avènement, 
346;  ses  ambassades  après  le  sa- 
cre, 509;  ses  démarches  pour  se 
maintenir  en  bons  termes  avec  la 
France,  349,  pour  renouer  par 
un  nouveau  mariage  l'alliance 
rompue,  511,  533-536;  son  at- 
titude devant  le  parlement  de  sa 
première  année  (voy.  parlement), 
335-344;  conjuration  contre  lui, 
353;  tentative  manquée  ,  356  ; 
Henri  à  Londres;  arme  contre 
les  conjurés,  356;  Henri  à  Lon- 
dres après  la  défaite  des  conjurés, 
361;  son  discours  aux  évèques, 
ibid.;  sanglantes  exécutions  :  le 
peuple  s'y  mêle  plus  qu'on  ne 
l'eût  voulu;  mesures  pour  arrêter 
le  mouvement,  367,  620;  s'il  a  fait 
mourir  Richard,  et  comment,  367 
et  suiv  ;  funérailles  qu'il  lui  fait 
célébrer,  368;  forcé  de  lutter  con- 
tre la  croyance  que  Richard  n'est 
pas  mort,  379-383,  531;  son  ad- 
ministration attaquée,  539,  540; 
forcé  de  combattre  ses  anciens 
partisans,  385,  538;  entravé  dans 


son  gouvernement,  386;  empêché 
d'intervenir  en  France,  ibid.;  ses 
derniers  moments,  387. 

Henri  V;  prend  la  couronne  de  son 
père  mourant,  II,  387. 

Henri  VI.  Sort  pareil  à  celui  de  Ri- 
chard. II,  388,  540. 

Henri  de  Castille,  fils  de  Jean  I" 
(Henri  111)  épouse  la  fille  du  duc 
de  Lancastre,  II,  394. 

Hereford  (Henri  duc  de).  (Voy. 
Henri). 

Hereford  (Evêque  de).  (Voy.  J.Gil- 
bert.) 

Hereford  (Nicolas),  partisan  de  Wi- 
clef,  I,  460. 

HoLLAND  (Jean  de),  comte  de  Hun- 
tingdon,  duc  d'Exeter,  frère  uté- 
rin de  Richard,  gendre  du  duc  de 
Lancastre;  avec  Richard  à  la  Tour, 
I,  63;  ne  le  suit  pas  à  Mile's  end, 
72;  fait  mourir  le  carme  qui  avait 
accusé  Lancastre,  228:  capitaine 
de  Cherbourg,  236;  tue  le  fils  du 
comte  de  Stafîord,  242  ;  accompa- 
gne Lancastre  en  Espagne  ,  279; 
nommé  comte  de  Huntingdon  dans 
l'Admirable  Parlemen  ta  la  demande 
des  communes ,  372  ;  l'un  des 
principaux  accusateurs  de  Gloces- 
ter,  H,  164;  nomme  ducd'Exeter, 
187;  accompagne  Richard  en  Ir- 
lande, 237;  se  fait  envoyer  comme 
ambassadeur  à  Henri  de  Lancastre, 
son  beau-lrère,  à  Chester,  261  et 
484;  retenu  par  Henri,  263;  as- 
siste avec  les  autres  à  la  déposi- 
tion de  Richard  et  à  l'élection  de 
Henri,  300  et  suiv.;  incrimine 
Bagot  devant  le  parlement,  321^ 
accusé  ccmme  un  des  appelants 
contre  Glocester,  331;  perd  son  ti- 
tre de  duc  d'Exeter,  334  ;  entre 
dans  le  complot  contre  Henri, 352; 
prend  congé  de  sa  femme ,  354; 
absent  de  Cirencester,  358;  sa 
fuite,  362;  il  est  arrêté  et  misa 
mort,  ibid.  et  517. 

HoLLAND  (Thomas  de),  père  du, pré- 
cédent, comte  de  Kent  par  son  ma- 
riage avec  Jeanne  de  Kent,  1,400. 

HoLLAND  (Thomas  de) ,  comte  de 
Kent,  fils  du  précédent;  avec  Ri- 
chard à  la  Tour,  63;  le  quitte  sur 
le  chemin  de  Mile's  end,  72;  donne 
sa  garantie  avec  les  autres  prin- 
ces aux  stipulations  du  mariage 
de  Richard  et  d'Isabelle,  220. 


550 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


HoLLAND  (Thomas  de),  comte  de 
Kent,  puis  duc  de  Surrey,  fils  du 
précédent,  un  des  appelants  con- 
tre Glocester,  II,  164;  nommé  duc 
de  Surrey,  187; maréchal  d'Angle- 
terre, 463;  envoyé  en  Irlande  à  la 
mort  de  Roger  Mortimer,  243; 
envoyé  avec  Jean  de  Holland,  son 
oncle ,  en  ambassade  à  Henri  , 
262;  retenu  et  enfermé  au  château 
de  Chester,  263  ;  assiste  à  la  dé- 
position de  Richard  et  au  sacre  de 
Henri ,  300  et  suiv.  ;  accusé  comme 
appelant  contre  Glocester,  331  ; 
dépouillé  de  son  titre  de  duc  de 
Surrey,  334;  prend  part  au  com- 
plot contre  Henri,  352;  trahi  par 
Rutland  ,  357  ;  tué  dans  Ciren- 
cester,  358,  359  et  516;  sa  tête 
apportée  à  Londres,  361  ;  exposée, 
B17. 

HoLT  (Jean)  consulté  à  Nottingham, 
I,  324;  condamné,  357  et  358. 

HÔTEL  DU  ROI  (Règlement  sur  1'),  I, 
17;  demande  qu'il  soit  inspecté 
tous  les  ans,  273. 

HouGHTON  (Adam) ,  évêque  de  Saint- 
David,  chancelier  à  l'avénemenl 
de  Richard,  I,  14,  26,  408. 

HuMFEOi,  duc  de  Glocester,  fils  de 
Thomas  de  Woodstock  ,  emmené 
par  Richard  en  Irlande ,  237  ; 
gardé  au  château  de  Trym,  252; 
appelé  d'Irlande,  devient  le  gar- 
dien de  Richard,  490;  sa  mort, 
ibid.,  et  512. 

HuNTiNGDON  (Jean  de  Holland,  comte 
de).  (Voy.  Jean  de  Holland.) 

Hyoens  (Jean) ,  auteur  de  la  révolte 
de  Gand,  I,  138. 


I 


Impôts,  nécessairement  votés  au  par- 
lement, I,  10  et  11. 

Insurrection  des  paysans,  en  1381, 1, 
55  et  suiv.;  comtés  qui  y  prennent 
part ,  56  ;  l'msurrection  dans  le 
comté  de  Kent,  58;  soulèvement 
au  nom  du  roi,  437;  plan  des  in- 
surgés, ibid.;  ils  vont  à  Canter- 
bury,  délivrent  John  Bail  et  pillent 
le  palais  de  Farchevêque,  58;  pro- 
clamations ,  59  ;  à  Rochester  , 
mettent  J.  Newton,  chevalier,  à 
leur  tête,  60;  les  insurgés  à  Black- 
heath,    61  ;    envoient  J.    Newton 


au  roi,  63  ;  Richard  vient  vers  eux 
sur  la  Tamise,  64,441;  lesinsur- 
gés  à  Londres,  66;  destruction  de 
l'hôtel  de  Savoie,  ihid.  et  441  ;  mas- 
sacres dan  s  Londres,  67;  les  insur- 
gés devant  la  TouT,  68;  ils  pénè- 
trent dans  la  Tour,  70;  meurtre  de 
l'archevêque,  72,  443  ;  les  paysans 
et  le  roi  à  Mile's  end  ,  73 ,  444  ;  char- 
tes d'affranchissement  qui  leur  sont 
distribuées,  74;  les  uns  s'en  vont, 
d'autres  restent  avec  les  chefs, 
ibid.;  continuation  des  massacres 
et  du  pillage,  76;  les  insurgés  à 
Smithfield,  i&td.  et446;  dispersés 
après  la  mort  de  Wat-Tyler,  80,  446; 
bannières  rendues  paries  paysans, 
81 ,  447  ;  défense  de  rester  à  Lon- 
dres, ?&îd.;  l'insurrection  dans  les 
provinces,  82  et  suiv.;  à  Saint- Al- 
ban,  83;  caractères  de  l'insurrec- 
tion ,  95  ;  guerre  aux  lettrés ,  ibid.  et 
429  ;  trait  pareil  rapporté  à  la  révolte 
de  Jean  Cade  sous  Henri  VI  par 
Shakspeare,  429;  causes;  imputa- 
tions réci[iroques,  96;  comtés  où 
sévit  l'insurrection,  ibid.;  à  Bil- 
lerica,  100;  chartes  <le  liberté 
abrogées,  100  et  452;  lettre  du  roi 
contre  les  insurgés,  452;  insur- 
rection réprimée,  105;  résistance 
des  serfs,  453;  loi  contre  les  ras- 
semblements séditieux ,  456  ;  re- 
tentissement encore  en  1382,  140; 
réparations  demandées,  467. 

Invasion  de  l'Angleterre  projetée  par 
Charles  VI,  l,  280;  immenses  pré- 
paratifs, 281;  rassemblement  au 
port  de  l'Écluse,  282;  confiance 
des  Français,  283;  terreur  des  An- 
glais, 284;  confiance  de  quelques- 
uns,  285,  286;  mesures  de  dé- 
fense du  gouvernement  anglais  , 
286-288  et  497;  immense  agglomé- 
ration des  Français  à  l'Ecluse, 
289  ;  départ  ajourné  en  attendant 
le  duc  rie  Berri,  i6td.;  l'entreprise 
est  remise  au  printemps  suivant, 
294;  jugement  sur  cette  tentative, 
295;  dispositions  hostiles  des 
paysans  contre  les  chevaliers  fran- 
çais, 296. 

If^LANDE.  £tat  du  pays  en  1394,  II. 
79  et  426;  les  Irlandais  sauvages, 
80;  événements  depuis  1382,  81  ; 
expédition  de  Richard,  82  ;  quatre 
rois  font  leur  soumission ,  83  et 
428  ;  on  entreprend  de  les  former 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


551 


à  l'anglaise,  54  et  suiv,;  disposi- 
tions humaines  de  Richard  envers 
l'Irlande,  88;  gêné  par  son  conseil, 
89  et  428;  désordres  après  le  re- 
tour de  Richard;  préparatifs  d'une 
nouvelle  expédition,  226;  seconde 
expédition  de  Richard,  243,  469. 
Isabelle,  fille  aînée  de  Charles  VI, 
fiancée  au  duc  d'Alençon  ,  puis 
épouse  de  Richard  et  reine  d'An- 
gleterre, II,  112;  négociations  re- 
latives à  ce  mariage,  113  et  suiv.  ; 
délibération  en  France  à  ce  sujet, 
ibid.;\ai  demande  accueillie,  114; 
garantie  des  princes  anglais  à  pro- 
pos de  son  mariage,  120  ;  Isabelle 
présentée  à  Richard  ,  126;  mariée 
127;  menée  à  Londres,  ihid.;  lA- 
tes  du  mariage,  ibid.;  Faveurs  à 
l'occasion  de  ce  mariage,  136  et 
446;  adieux  du  roi  à  son  départ 
pour  l'Irlande,  238;  la  petite  reine 
gardée  h  Wallingford,  494;  trans- 
férée par  Henri  à  Sunning,  346  et 
et  494;  ambassade  de  France  à 
son  suiet  après  la  déposition  de 
Richard,  349;  efî"orts  de  Henri 
pour  la  retenir  par  un  nouveau 
mariage,  ihid.;  négociations  pour 
son  retour,  534;  elle  est  enfin 
rendue,  536;  épouse  le  fils  du  duc 
d'Orléans,  et  meurt  avant  l'âge 
de  vingt  ans,  ibid. 


Jean,  roi  de  France,  I,  1. 

Jean  sans  Terre, roi  d'Angleterre, 16. 

Jean  1",  roi  de  Castille,  fils  de 
Henri  de  Transtamarre,  épouse  la 
fille  du  roi  de  Portugal,  I,  276; 
réclame  vainement  le  trône  de 
Portugal,  277. 

Jean  1"'"  Cd'Avis) ,  roi  de  Portugal,  I, 
277;  allié  des  Anglais  contre  la  Cas- 
tille ;  vainqueur  à  Albujarotta,  ibid. 

Jean  IV  (ou  V),  duc  de  Bretagne, 
fils  de  Jean  de  Montfort.  (Voy. 
Bretagne). 

Jean  de  Blois,  comte  de  Penthière, 
fils  de  Charles  de  Blois,  I,  502; 
II,  413,  415. 

Jean  de  Gand,  duc  de  Lancastre, 
quatrième  fils  d'Edouard  III,  I,  3; 
marié  à  la  fille  aînée  de  Pierre  le 
Cruel  ;  prend  le  titre  de  roi  de 
Castille,  ibid.;  son  influence  dans 


les  dernières  années  d'Edouard  III , 
4  et  401  ;  mécontentement  contre 
lui,  4;  intervient  dans  le  procès 
de  Wicleff,  49;  menacé  par  le 
peuple,  50  et  401;  réconciliation 
de  Londres  avec  lui  à  l'avènement 
de  Richard,  402;  sa  retraite  à 
l'avènement  de  Richard,  Î3  et 
408;  ses  échecs  dans  la  guerre, 
24  ;  violation  de  l'asile  de  West- 
minster, ibid.;  ses  projets  au 
parlement  de  Glocester,  25,  421; 
statut  qu'il  fait  rendre  contre  les 
auteurs  de  bruits  calomnieux, 
424  ;  ses  périls  durant  l'insur- 
rection, 58,  66  et  97;  con- 
clut une  trêve  avec  les  Écossais  ; 
menacé  par  les  insurgés;  suspect 
aux  autres,  il  est  réduit  à  fuir  en 
Ecosse,  98  et  450;  honneurs  qu'il 
y  reçoit  et  qui  le  rendent  plus 
suspect;  lettres  du  roi  qui  le  jus- 
tifient et  l'autorisent  à  revenir  en 
armes,  99  et  451;  saquerelle  avec 
Northumberland  ,  1U6  ;  conflit 
attendu  et  souhaité  du  peuple, 
107  ;  dans  la  commission  d'en- 
quête, 111;  son  influence  après 
l'insurrection,  ihid.;  ses  demandes 
et  ses  ofi'res  pour  une  expédition 
en  Espagne,  117;  pouvoirs  pour 
traiter  avec  la  France,  473;  son 
expédition  en  Ecosse  en  1384, 
217;  causes  de  mécontentement 
qu'il  avait,  225;  causes  de  soup- 
çons contre  lui»  226;  ce  qu'on 
disait  de  sa  campagne  d'Ecosse, 
ibid.;  accusation  d'un  carme 
contre  lui,  227;  le  carme,  donné 
en  garde  à  Jean  de  Holland,  est 
torturé  et  mis  à  mort  par  lui 
dans  sa  prison,  228  et  477;  que- 
relle avec  le  roi,  235  et  480;  ac- 
compagne le  roi  en  Ecosse;  con- 
seil taxé  de  trahison,  244;  sujets 
de  mécontentement,  259;  arrière- 
pensée  de  supplanter  Richard, 
260;  prétendu  droit  d'aînesse  de 
sa  ligné,  ibid.;  chronique  qu'il 
avait  supposée,  î'bid. *et  448;  di- 
verses accusations  contre  lui,  5,61; 
nécessité  de  le  regagner,  ibid.; 
son  expédition  d'Espagne ,  276- 
280  et  492;  son  traité  avec  le  roi 
de  Castille,  II,  9  et  394;  confiance 
que  lui  témoigne  le  roi,  22,  402; 
il  est  nommé  duc  de  Guyenne,  34 
et  406;  opposition  de  l'Aquitaine 


552 


TABLE  DES  MATJERES. 


à  cette  nomination,  419;  désigné 
pour  aller  en  France,  49;  entre- 
vue d'Amiens  (voy.  Amiens);  ses 
dis[)OsUions  favorables  à  la  paix, 
66;  lieutenant  du  roi  en  Picardie, 
ibid.  et  419;  part  qu'il  prend  aux 
négociations  de  la  paix  (voy.  Leu- 
linghem);  au  mariage  du  roi, 
119  et  suiv.;  son  mariage  avec 
Catherine  Swinford,  119  et  447; 
ce  que  Richard  avait  fait  pour  lui, 
134:  ses  enfants  légitimés,  136; 
se  dispense  de  conseiller  le  roi  et 
se  tient  à  Técart  devant  les  in- 
trigues de  Glocester,  159  ;  son 
nom  mis  en  avant  par  Glocester 
dans  ses  complots,  158,  et  par  le 
roi  dans  l'arrestation  de  Glocester, 
164;  préside  comme  sénéchal  aux 
procès  du  parlement  de  la  xxr  an- 
née, 170  et  suiv.;  ses  inquiétudes 
au  sujet  de  5on  fils  Henri,  212  et 
214;  sa  mort,  227;  ses  biens  con- 
fisqués par  le  roi,  229. 

Jeanne,  comtesse  de  Kent;  épouse 
le  comte  de  Salisbury,  et,  ce  ma- 
riage étant  rompu,  Thomas  de 
Holland,  puis  le  Prince  Noir 
(Edouard^  prince  de  Galles)  dont 
elle  a  Richard,  1,4  et  400;  surprise 
et  relâchée  par  les  insurgés,  61; 
retrouvée  par  eux  à  la  Tour; 
soustraite  à  leurs  outrages,  71; 
intervient  entre  Richard  et  le  duc 
de  Lancastre^36;  intercède  pour 
Jean  de  Hol»nd  auprès  de  Ri- 
chard, 242  :  meurt,  243. 

Jénico,  écuyer  gascon;  avec  Ri- 
chard dans  son  expédition  d'Ir- 
lande, II,  259;  sa  constance,  278; 
ce  qu'il  devint,  491. 

Juges  consultés  à  ISottingham,  1, 326; 
arrêtés,  348  ;  condamnés,  357  et 
358  ;  relégués  en  Irlande,  369  ;  gra- 
ciés au  bout  de  neuf  ans,  II ,  138. 

Juges  envoyés  dans  les  comtés,  I, 
8  ;  autorité  considérable  des  juges 
en  Angleterre,  I,  326;  bien  jus- 
tifiée, 348. 

Juges  de  paix,  I,  32. 

Jury,  I,  101,  104. 


K 


Kent  (pays  de);  part  principale  à 
l'insurrection  des  paysans,  I,  h6 
et  suiv.;  tentative  nouvelle,  92. 


Kent  (comte  de).  (Voy  Thomas  de 
Holland.) 

Kett;  sa  révolte  en  1559  rapprochée 
de  celle  de  Wat-Tyler,  1,  450. 

Knighton;  si  le  V«  livre  mis  sous 
son  nom  est  de  lui,  I,  389. 

Knolles  (Robert),  capitaine  anglais, 
I,  24,  38;  s'arme  contre  les  pay- 
sans, 69  ;  pris  pour  chef,  80; 
meurt  en  1407.  (Walsingham. 
376.) 

Kygningham,  confesseur  de  Jean  de 
Gand,  duc  de  Lancastre,  II,  434. 


Laboureur  (complainte  du),  II,  435. 

Laboureurs  (loi  des),  I,  20,  32, 
412;  aggravée  au  parlement  de 
Cambridge,  II,  Set  391;  modérée 
par  Richard.  27. 

Laines  (subside  des),  I,  17,  114, 
115,  118,  422;  permission  de  l'es- 
com[)ter,  118;  interruption  pour 
éviter  la  prescription,  455. 

Lancastre  (Jean  de  Gand,  duc  de). 
(Voy.  Jean  de  Gand). 

Lancastre  (Hennde).  (Voy.  Henri.) 

Lancastre  (armes  de  la  maison  de) 
JI,  484. 

Langley  (Edmond  de).  (Voy.  Ed- 
mond.) 

Latimer  (William),  I,  3. 

LEG(Jonn);  chargé  de  lever  la  ca- 
pitation,  I,  55;  mis  à  mort,  72. 

Légistes;  haine  que  leur  portent 
lis  paysans  insurgés,  I,  439. 

Lettres  protégées  par  Richard,  II, 
105. 

Leulinghem,  entre  Calais  et  Bou- 
logne, lieu  de  conférences  des 
Anglais  et  des  Français;  trêve  du 
26  janvier  1384,  l]  214  et  475; 
heureuse  influence  en  Angleterre, 
214;  tiêve  du  18  juin  1389,  H, 
20  et  400;  trêve  du  27  mai  1394, 
77  et  424  ;  trêve  de  vingt-huit  ans, 
9  mars  1396,  118  et  440. 

Libéralités  du  roi  ;  ordonnance 
pour  les  régler,  II,  35. 

Lionel,  duc  de  Clarence,  troisième 
fils  d'Edouard  III,  I,  3;  sa  fille 
Philippa  porte  ses  droits  aux  Mor- 
timer,  comtes  de  la  Marche,  400. 
(Voy.  Mortimer.) 

Littester  (Jean),  chef  des  insurgés 
du  Norfolk,  I,  88;  se  fait  appeler 


TABLE   DES   MATIÈRES. 


553 


roi  des  communes,  90;  attaqué 
par  l'évêque  de  Norwich,  pris  et 
pendu,  91  et  449. 

Livrées  des  seigneurs,  I,  5,  18,  et 
II,  392. 

Loi,  concours  des  deux  Chambres 
pour  la  changer,  1,  11.  ^ 

LoKTON  (Jean),  consulté  à  Nottin- 
gharu,  I,  325;  condamné,  357 
et  358. 

LOLLARDS,  disciples  de  Wicleff,  I , 
49;  leurs  pratiques;  faveur  du 
peuple  pour  eux,  128,  A32;  accu- 
sés de  complicité  dans  l'insurrec- 
tion, 453;  faveur  qu'ils  trouvent 
dans  l'université  d'Oxford,  131  et 
459;  concile  de  Londres  (1382), 
460;  leurs  principaux  docteurs, 
ibid.  ;  poëmes  divers  ou  chansons 
pour  ou  contre  eux,  461  et  462; 
troubles  qu'ils  excitent  à  Londres, 
131  et  463;  protestation  des  com- 
munes contre  un  décret  qui  les 
menaçait,  150;  leurs  progrès,  11, 
97,  434;  placards  qu'ils  affichent  à 
Londres,  99. 

Londres.  Sédition  contre  Lancastre 
en  1377,  I,  401;  ses  franchises, 
I,  18  et  411;  vengeance  des  ha- 
bitants sur  un  marcliand  génois, 
428;  le  peuple  favorable  aux  pay- 
sans insurgés,  66;  troubles  en 
1382,  131  ;  rétablie  dans  ses  fran- 
chises, 256;  sédition  en  1392,  pu- 
nie par  le  roi,  11,  59  et  417;  par- 
donnée,  60  et  417;  grande  récep- 
tion faite  par  les  habitants  au  roi 
et  à  la  reine,  61;  nouveaux  rè- 
glements sur  son  administration, 
73  et  423. 

Londres  (concile  de),  I,  459. 

Lords  spirituel»  et  temporels  au  par- 
lement, 1 ,  8  et  9;  lords  demandés 
par  les  communes  pour  les  assis- 
ter, 15,  28,  408,  etc. 

Lords  appklants.  (Voy.  Appelants.) 

Louis  de  Mâle,  comte  de  Flandre. 
(Voy.  Flandre.) 

LiJNA  (Pierre  de),  cardinal  et  depuis 
Benoît  XIII  ;  aux  conférences  de 
Leulinghem,  II,  68  et  421  ;  lettre 
que  lui  écrit  Richard,  130. 
Luxe;  soumis  à  l'impôt,  1,  33;  à  la 
cour  de  Richard,  I,  263,  et  II, 
104. 

Lys  (passage  de  la),  I,  155. 


M 


Mac-Morogh,  un  des  rois  d'Irlande, 
II,  84  et  428;  reprend  les  armes 
contre  Richard,  243. 

Maillotins  à  Paris,  I,  137. 

Maintenance  (droit  de),  I,  18. 

Marc  d'argent  :  sa  valeur,  I,  34, 
note. 

Marche  (comte  de  la).  (Voy.  Mor- 

TIMER.) 

Maréchal  (office  de),  I,  7;  à  Tho- 
masde  Brotherton  et  à  ses  descen- 
dants, 404;  à  Thomas  de  Mow- 
bray,    son   arrière-petit-fils,  405. 

(Voy.   MOWBRAY.) 

Maréchal  (comte).  (Voy.  Mowbray.) 

MAtGUERiTE  Maréchal  ,  fille  de 
Thomas  de  Brotherton,  comtesse, 
puis  duchesse  de  Norfolk,  I,  404, 
405;  II,  460. 

Marine  française  :  aa.  supériorité  sur 
celle  des  Anglais  ,1,  38  et  427. 

Marre  (Pierre  de  la) ,  son  rôle  au  Bon 
Parlement,  I,  15;  mis  en  prison, 
401  ;  orateux  des  communes  au  pre- 
mier parlement  de  Richard  ,  1,  15 
et  409. 

Maudelein  (Richard),  chapelain  de 
Richard  ;  l'accompagne  en  Irlande, 
II,  237;  ses  antécédents,  471;  les 
seigneurs  conjurés  contre  Henri  IV 
le  font  passer  pour  Richard  délivré 
de  prison,  466;  son  arrestation  et 
sa  mort,  365. 

Merks  (Thomas) ,  évêque  de  Carlisle  : 
ses  antécédents,  II,  471;  accom- 
pagne le  roi  en  Irlande,  à  Conway, 
à  Flint,  à  Chester,  237-259,  271, 
278;  sa  protestation  contre  la  dé- 
position de  Richard,  304  et  498; 
arrêté,  305;  prend  part  à  la  con- 
juration contre  Henri  IV,  352; 
condamné,  366;  gracié;  ce  qu'il 
devint,  519. 

Merlin  :  ses  prédictions  appliquées 
à  la  chute  de  Richard,  II,  276,  et 
à  la  restauration  qu'on  espérait, 
351  ;  aux  futures  conquêtes  de 
Henri,  503. 

MicHKL  de  la  Pôle.  (Voyez  Pôle.) 

Ministres  (responsabilité  des),  I, 
II. 

Molyneus  (Thomas),  arme  pour  Ri- 
chard, i,  338;  tué  à  Redecot- 
bridge,  339. 

Monnaie  anglaise  ;  recherchée  sur 
le  continent  comme  non  altérée. 


554 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


I,  263;  mesures  pour  en  empêcher 
l'exportation,  464. 

MoNTAiGU  (William  de),  comte  de  Sa- 
lisbury  :  près  du  roi  dans  l'insur- 
rection des  paysans,  I,  64. 

MoNTAiGU  (Jean  de) ,  frère  du  précé- 
dent, membre  de  la  commission 
d'enquête,  I,  426. 

MONTAIGU  (Jean  de),  comte  de  Salis- 
bury,  fils  du  précé(Jent  et  héritier 
de  William,  comte  de  Salisbury, 
son  oncle,  en  1397  :  ses  antécé- 
dents, II,  454;  favorable  aux  loi- 
lards,  II,  435;  un  des  appelants 
contre  Glocester,  164;  membre  du 
comité  parlementaire,  203;  en- 
voyé en  France  pour  empêcher  le 
mariage  de  Henri  de  Lancastre, 
231;  accompagne  Richard  en  Ir- 
lande, 237  ;  envoyé  devant  le  roi  à 
Conway,  253;  ses  premiers  succès 
dans  le  pays  de  Galles;  ses  vains 
efforts  pour  retenir  les  troupes, 
255;  arrêté  avec  Richard,  269; 
ressentiment  que  lui  montre  Henri , 
276;  assiste  à  la  déposition  de  Ri- 
chard et  à  l'élection  de  Henri ,  300 
etsuiv.;  accusé  comme  appelant 
contre  Glocester,  331;  soupçonné 
d'être  particulièrement  l'aute'ur  de 
l'appel,  332;  prend  part  à  la  con- 
juration contre  Henri  IV,  352; 
tué  à  Cirencester,  359  et  516;  ses 
brillantes  qualités,  480. 

MoRTiMER  (Edmond) ,  comte  de  la 
Marche,  marié  à  Philippa,  fille  de 
Lionel,  duc  de  Clarence  :  chargé 
des  fonctions  de  maréchal,  I,  400, 
401  et  404;  tué  en  Irlande,  en 
1381,  II,  81. 

MoRïiMER  (Roger) ,  comte  de  la  Mar- 
che, fils  du  précédent  :  désigné 
comme  héritier  de  Richard,  I, 
489  ;  nommé,  quoique  enfant, 
lieutenant  d'Irlande,  II,  81  ;  se 
refuse  aux  offres  de  Glocester,  qui 
veut  le  substituer  à  Richard,  158; 
tué  en  Irlande  (1398),  226. 

MoRTiMER  (Edmond),  comte  de  la 
Marche,  fils  aîné  du  précédent, 
héritier  légitime  de  Richard,  II, 
299  et  538;  gardé  soigneusement 
par  Henri,  538. 

MoRTiMER  (Edmond),  oncle  du  pré- 
cédent :  fait  prisonnier  par  Ovi^en 
Glandowr,  538. 

MoRTiMER  (Thomas),  sans  parenté 
avec  les  précédents,  II,  460;  *tue 


Molyneus  à  Redecot-bridge  ,  I , 
339;  accusé  avec  Glocester;  fuit 
en  Irlande,  II,  183;  condamné, 
183-198. 

Mowbray  (Jean  de),  créé  comte  de 
Nottingham  à  l'avènement  de  Ri- 
chard, I,  407. 

Mowbray  (Thomas  de),  comte  de 
Nottingham,  puis  duc  de  Norfolk, 
comte  maréchal,  frère  puîné  du 
précédant  :  comte  de  Nottingham 
à  la  mort  de  son  frère,  I,  440; 
comte  maréchal  en  l'an  ix  de  Ri- 
chard, 40.^;  succès  sur  mer,  321  ; 
l'un  des  cinq  lords  appelants,  338 
(voy.  Appelants);  faveurs  qu'il 
obtient  du  roi,  qui  a  repris  le 
pouvoir,  II,  21  ;  gardien  de  Ber~ 
wick,  21  et  401  ;  capitaine  de  Ca- 
lais; négociateur  de  la  trêve  de 
vingt-huit  ans  et  du  mariage  de 
Richard,  113,  114,  117;  garant 
des  stipulations  du  mariage,  avec 
les  autres  princes,  120;  faveurs 
dont  il  était  comblé,  135;  accrois- 
sement de  ses  privilèges  comme 
maréchal,  136;  arrête  Glocester  et 
le  mène  à  Calais,  162;  le  fait  met- 
tre à  mort,  180;  créé  duc  de  Nor- 
folk, 187;  sa  confidence  à  Henri 
de  Lancastre,  trahie  par  lui,  210 
(voy.  Henri  de  Lancastre);  son 
exil,  218;  sa  mort,  219. 

Mowbray  (Thomas  de),  duc  de  Nor- 
folk, fils  du  précédent,  à  la  cour  de 
Henri  IV,  II,  539;  prend  part  au 
soulèvement  du  comté  d'York  con- 
tre Henri,  385;  pris  et  mis  à  mort, 
386. 


N 


Navarre  (Charles  III,  roi  de),  en- 
gage Cherbourg  à  l'Angleterre,  I, 
23. 

Nevil  (Alexandre),  archev.  d'York, 
conseiller  particulier  du  roi,  I,  323, 
à  Nottingham,  324;  mis  en  accu- 
sation ,  334  et  335;  fuit  sur  le  con- 
tinent, 337,  507,  512;  transféré 
au  siège  de  Saint-André,  350;  ob- 
tient une  cure  en  Flandre,  ibicL; 
sa  mort,  II,  16. 

Nevil  (Jean),  un  des  principaux  sei- 
gneurs du  nord  de  l'Angleterre  : 
mis  en  jugement  au  Bon  Parle- 
ment, I,  3;  chargé  de  diverses 
missions,  452  et  478. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


555 


Nevil  (Raulf),  fils  du  précédent; 
gardien  des  marches  d'Ecosse,  II, 
397  ;  constable  de  la  Tour  de  Lon- 
dres, 170;  comte  deWestmoreland, 
187;  se  joint  à  Henri  dès  son  ani- 
vée;  nommé  par  lui  maréchal, 
496;  présent  à  l'abdication  de  Ri- 
chard et  aux  actes  qui  suivirent, 
II,  290  et  suiv.;  reçoit  de  Henri 
le  comté  de  Richmond,  337. 

Newton  (Jean),  chevalier;  forcé  de 
marcher  à  la  tête  des  paysans  in- 
surgés, I,  60. 

NicopoLis  (bataille  de)  II ,  131 . 

Nobles.  Leur  inertie  dans  l'insurrec- 
tion des  paysans,  I,  59  et  438; 
finissent  par  se  rallier  au  roi,  92. 

Norfolk  (Thomas,  duc   de).  (Voy. 

MOWBRAY.) 

NoRTHAMPTON  (Jeaii  de),  maire  de 
Londres,  favorable  aux  loUards; 
condamné  pour  les  troubles  de 
Londres  en  1382,  I,  131,  463, 
486...;   réhabilité,  II,    137,  448. 

NORTHLMBERLAND.   (Voy.   PerCY.) 

No RwiCH (Henri  Spenser,évêque  de). 
(Voy.  Spenser.) 

NoTTiNGHAM  (Thomas  de  Mowbray, 
comte  de).  (Voy.  Mowbbay.) 

NoTTiNGHAM  (cousultation  de),  I, 
324  et  504;  questions  posées,  325; 
si  l'on  usa  de  violence,  326;  léga- 
lité de  la  consultation,  327;  incri- 
minée dans  l'Admirable  Parle- 
ment ,  346  ;  confirmée  au  parle- 
ment de  la  xxi°  année,   II,  195. 


0 


Offices  (grands),  I,  403;  de  droit  à 
la  nomination  du  roi ,  405  ;  empié- 
tements des  communes  tolérés, 
puis  supprimés  sous  Edouard  III, 
405. 

Officiers  (grands),  I,  7;  nommés 
en  parlement  par  les  lords  pendant 
la  minorité  du  roi,  17  et  27  :  anté- 
cédents sous  Henri  III,  mais  non 
passés  eri  usage,  457  et  488. 

Oldcastle  (John),  héritier  du  nom 
de  Cobham,  chef  des  loUards; 
récuse  le  parlement  en  1417,  pré- 
tendant -que  Richard  est  vivant., 
II,  383^,  532. 

Oncles  de  Richard.  Leur  position 
dans  l'Etat,  I,  l!i  et  22.  (Voyez-les 
sous  leurs  noms.) 


Orateur  (1') ,  président  des  commu- 
nes, I,  15. 

Ormond  (le  comte  d'),  un  des  prin- 
cipaux seigneurs  de  l'Irlande  an- 
glaise, II,  82  et  suiv. 

Otterbourne,  historien,  I,  388;  sa 
partialité,  II,  457. 

0TTERB0URNE(batailled'),II,llet396. 

Oxford  (Robert  de  Vère,  comte  d'). 
(Voy.  Vère.) 

Oxford  (université  d') .  favorable  à 
WicletT,  I,  50;  le  condamne,  129; 
lui  redevient  favorable,  130  et  459. 


Paix  (question  de  la),  portée  au  par- 
lement, I,  219  et  477;  négocia- 
tions pour  la  paix  (voy,  Leulin- 
GHEM,  Charles  VI,  Richard  II); 
question  de  souveraineté  et  d'hom- 
mage qu'elle  soulève,  II,  410. 

Pardon  sollicité  abusivement,  II, 
28  et  403. 

Parlement,  I,  6;  première  convo- 
cation des  députés  des  comtés  et 
des  bourgs,  ihid.;  sa  composition, 
8,  9,  406,  407;  ordre  suivi  pour 
la  tenue  du  parlement,  13;  réu- 
nion annuelle  demandée ,  19. 

Parlement  (le  bon),  avant-dernier 
d'Edouard  III,  I,  3,399. 

Parlement  de  l'an  i,  de  Richard 
(13  octobre  1377);  I,  13;  pétitions 
des  communes,  18  et  411. 

—  i"  DE  l'an  II  (20  octobre  1378),  à 
Glocester,  I,  26,  422;  subside,  29; 
pétitions,  ibid. 

—  ir  DE  l'an  II  (25  avril  1379),  31  ; 
subside  demandé ,  comptes  pro- 
duits, ihid.;  pétitions,  32. 

—  DE  l'an  m  (14  janvier  1380),  I, 
35;  récriminations  des  communes, 
36;  subside,  37. 

—  DE  l'an  IV  (5  novembre  1380) ,  à 
Northampton;  pourquoi  réuni  à 
Northampton,  I.  40;  débats  sur 
le  subside,  41;  pétitions,  429. 

— - 1"  DE  l'an  v  (2  novembre  1381), 
I,  105;  pétitions  des  communes, 
108;  question  d'initiative,  ibid.; 
plaintes  contre  les  dépenses  de 
rhôtel,  etc. ,  109  et  suiv.;  subside, 
113,  455;  ajourné,  116;  seconde 
session  (27  janvier  1382),  117; 
question  de  la  guerre,  ibid.;  péti- 
tions, 119,  457;    mesures  de  dé- 


556 


TABLE  DES  MATIERES. 


fiance  à  l'égard  du  roi,  120;  im- 
minence d'une  lutte,  121. 

—  Il*  DE  l'an  V  (7  mai  1382),  me- 
sures financières,  351  et  463;  peine 
contre  ceux  qui  ne  viendraient  pas 
au  parlement,  A64. 

—  I"  DE  l'an  VI  (6  octobre  1382), 
-142. 

—  ii«  DE  l'an  VI  (23  février  1383), 
169. 

—  I"  DE  l'an  VII  (26  octobre  1383) , 
198;  exposition  de  Michel  de  la 
Pôle,  chancelier,  ihid.;  subside, 
199;  actes  divers,  487. 

—  n"  DE  l'an  VII  (24  avril  1384),  à 
Salisbury,  217;  exposition  de  Mi- 
chel delà  Pôle,  218;  subside,  219, 
47  6;  question  de  la  paix,  219; 
actes  divers,  487. 

—  DE  l'an  VIII  (12  novembre  1384), 
232;  exposition  de  Michel  de  la 
Pôle,  ibid. 

—  DE  l'an  IX  (20  octobre  1385),  261  ; 
questions  posées  par  Michel  de  la 
Pôle,  262;  subside,  264;  pétitions 
des  communes,  271;  elles  deman- 
dent l'inspection  nouvelle  de  Thô- 
tel,  la  nomination  des  trésoriers 
du  subside  en  parlement,  la  com- 
munication des  noms  des  mem- 
bres du  conseil,  des  capitaines, 
ûes  amiraux,  etc.,  273;  conflit  qui 
commence  à  se  marquer  entre  le 
parlement  et  le  roi ,  274  ;  abtes 
divers,  491. 

—  DE  l'an  x  d"- octobre  1386),  303; 
exposition  de  Michel  de  la  Pôle, 
ibid.;  le  parlement  demande  sa 
destitution,  307;  résistance  du 
roi,  ibid.;  projets  qu'on  lui  prête, 
308  ;  le  parlement  lui  envoie  Glo- 
cester  et  Thomas  Arundel,  ibid.  ; 
langage  menaçant  qu'ils  lui  tien- 
nent, 309;  le  *roi  cède,  311;  ju- 
gement de  Michel  de  la  Pote,  312- 
314;  fait  nommer  les  gri^nds  offi- 
ciers et  le  conseil  à  son  gré,  315; 
pouvoirs  donnés  au  conseil  (com- 
mission de  l'an  x) ,  316;  subside 
voté,  319;  serment  prêté  par  le 
nouveau  conseil,  ibid.;  par  le  roi, 
320;  protestation  du  roi,  i6td;  pé- 
titions, 501. 

—  DE  l'an  XI  (3  février  1388)  :  V Ad- 
mirable Parlement,  342 ,  497; 
lettres  de  convocation,  501;  dis- 
cours du  chancelier,  343  ;  les  lords 
ecclésiastiques   déclarent  s'abste- 


nir des  procès,  349;  les  absents  con- 
damnés par  contumace,  ibid.  et 
511;  sort  de  l'archevêque  d'York, 
350  ;  déclaration  en  faveur  de  la 
prise  d'armes  de  Haringhay,  351  ; 
banquetde réconciliation,  356;  vote 
du  subside,  sous  condition,  365, 
369;  20  000  livres  prélevées  pour 
les  lords  appelants,  370;  pétitions 
des  communes,  ibid.;  mesures  con- 
cernant le  conseil,  l'hôtel  du  roi, 
ibid.;  serment  exigé  du  conseil, 
ibid.;  confiscations  réservées  pour 
les  frais  de  l'État,  371;  expulsion 
des  Bohémiens,  ibid.:  pension 
payée  par  la  reine,  ibid.  ;  don  à  l'é- 
vêqued'Ely,  372;  revenusdu  pape 
appliqués  à  la  guerre  contre  les 
Écossais,  373;  épuration  des  cours 
de  justice,  374;  mesures  pour  per- 
pétuer les  actes  accomplis;  am- 
nistie réclamée  pour  ce  qu'ils  pou- 
vaient avoir  de  coupable,  375; 
pour  toute  trahison,  excepté  les 
amis  des  condamnés,  ibid.;  confir- 
mation des  jugements;  peine  des 
traîtres  contre  ceux  qui  les  vou- 
draient annuler,  376;  aveu  que  ce 
qui  a  été  puni  comme  trahison  dans 
ce  parlement  n'est  pas  trahison, 
376;  nulle  grâce  aux  condamnés,  • 
377  ;  serment  solennel  avec  excom- 
munication pour  confirmer  lesac- 
tesduparlement,377-379,  517;  ju- 
gement sur  les  actesde  l'Admirable 
Parlement,  379-382;  qui  l'a  appelé 
a  l'admirable?  »  369  :  nommé  aussi 
<•  l'impitoyable,  »  482  et  518. 
-DE  l'an  XII  (9  septembre  1388)  à 
Cambridge,  II,  391  ;  aggravation 
de  la  loi  des  laboureurs,  ibid.  ;  or- 
donnance sur  les  livrées,  l'usage 
des  armes,  etc.,  5  ;  sur  les  provi- 
seurs, 6;  loi  somptuaire;  ibid. 
-  DE  l'an  xiii  (17  janvier  1390),  V3; 
exposition  du  chancelier,  ibid.; 
les  grands  officiers  et  les  mem- 
bres du  conseil  se  démettent  de 
leurs  charges  pour  soumettre  leur 
conduite  au  parlement,  24;  péti- 
tions des  communes,  et  conces- 
sionsouréservesduroi,26  etsuiv.; 
pétitions  contre  les  ordonnances 
contraires  à  la  coutume,  les  évoca- 
tions au  conseil  et  divers  abus, 
28;  pétitions  contre  les  droits  de 
grâce  en  divers  cas,  ibid.;  affaires 
de  Rome,  29;  subside,  33. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


557 


-^  UE  l'an  XIV  (12  novembre  1390), 
42;  le  roi  y  fait  agréer  des  négo- 
ciations pour  la  paix,  ibid.;  di- 
verses pétitions  des  communes, 
43;  notamment  pour  le  maintien 
des  confiscations  prononcées  par 
l'Admirable  Parlement  contre  les 
amis  de  Richard,  43;  remerci- 
ments  au  roi  pour  son  bon  gou- 
vernement ,  44  ;  règlements  di- 
vers, 411. 

—  DE  l'an  XV  (3  novembre  1391), 
46;  question  de  France  et  ques- 
tion de  Rome,  47  ;  pouvoirs  lais- 
sés au  roi  pour  négocier  avec  le 
pape  sur  la  question  des  provi- 
seurs, 49;  subside,  50;  nouveaux 
remerclments  adressés  au  roi  , 
ibid. 

—  DE  l'an  XVI  (20  janvier  1393) ,  62  : 
pouvoirs  qu'il  donne  au  roi  pour 
les  affaires  de  Rome,  63; subside, 
ibid.  et  419. 

—  DE  l'an  XVII  (27  janvier  1394), 
71  ;  question  de  la  paix,  74;  sub- 
side, 76. 

—  DE  l'an  XVIII  (27  janvier  1395), 
87  ;  ses  réserves  en  votant  un  sub- 
side pour  l'Irlande,  88. 

•—  DE  l'an  XX  (23  janvier  1397),  138 
et  449;  pétition  en  4  articles,  141  ; 
les  communes  livrent  l'auteur  de 
la  pétition,  143;  loi  qui  qualifie 
de  trahison  son  acte  et  qu'on  lui 
applique,  144;  subside,  450;  le 
roi  renonce  à  l'impôt  du  dixième, 
145  ;  diverses  concessions  et  grâ- 
ces, 146. 

—  DE  l'an  XXI  (17  septembre  1397), 
164;  déclaration  du  chancelier, 
165;  abolit  le  statut  de  l'an  x,  166; 
révoque  les  amnisties,  167;  acte 
d'accusation  contre  Glocester ,  etc., 
168;  procès  d'Arundel,  170;  sanc- 
tion donnée  aux  jugements  qu'il 
prononce  ,  184;  peine  étendue  aux 
enfants  des  condamnés,  185;  ga- 
rantie aux  survivants  des  membres 
de  la  commission  de  l'au  x,  185; 
en  faveur  de  Derby  et  de  Nottin- 
gham  ,  186;  récompenses  aux 
lords  appelants,  187;  serment  de 
respecter  ses  jugements,  188. 

Session  de  Shrewsbury  (28  janvier 
1398),  193;  abolition  des  actes  do 
l'Admirable  Parlement,  195;  con- 
firmation de  la  consultation  de 
^!ottingbam,  ibid.;  abolition  des 


condamnations  des  Despenser  , 
197;  condamnation  de  Thomas 
Mortimer,  198;  de  J.  Gobham, 
199;  sanction  plus  forte  cherchée 
auxactesde  ce  parlement,  en  s'a- 
dressant  au  pape,  201;  conseil 
pour  tenir  lieu  du  parlement  en 
son  absence,  203;  vote  du  subside 
des  laines  pour  toute  la  vie  du  roi , 
204  et  463;  amnistie,  205  et  464. 

-—DE l'an  XXIII  (30  septembre  1399), 
301  et  496  ;  discours  de  Tarclievê- 
que  de  Canterbury,  301;  fibdica- 
tion  du  roi  produite  et  acceptée, 
ibid.  et  496;  acte  d'accusation 
contre  Richard,  302  et  497;  dis- 
cours de  l'évêque  de  Carlisle, 
304;  Richard  déposé  et  Henri 
proclamé,  306;  second  discours  de 
l'archevêque  de  Canterbury,  ibid. 

Parlement  de  l'an  i  de  henri  iv 
(6  octobre  1399),  309;  abolition 
des  actes  du  parlement  de  l'anxxi, 
316;  dignités  qu'il  confère  au  fils 
aîné  de  Henri,  317;  retour  sur 
plusieurs  actes  de  Tan  xxi,  318; 
sur  la  mort  de  Glocester,  319; 
chronologie  des  actes  et  des  pro- 
cès de  ce  parlement,  505;  re- 
présailles contre  les  principaux 
meneurs  du  parlement  de  l'an  xxl, 
325  et  606;  Richard  condamné  à  la 
prison,  327;  accusation  contre  les 
lords  appelants  de  l'an  xxi,  330; 
sentence,  333;  garantie  que -se 
lont  donner  les  communes  à  pro- 
pos de  ces  jugements,  334;  résumé 
des  actes  de  ce  parlement,  335; 
pétitions  des  communes,  338;  ac- 
cueillies du  roi  avec  quelques  ré- 
serves, 340,507;  confiscation  des 
biens  des  conseillers  exécutés  à 
Brislol,  -^2  et  508. 

Paysans  (insurrection  des).  (Voy. 
Insurrection.) 

Pêcheurs  anglais  et  français  ;  leurs 
bonnes  relations  au  milieu  de  la 
guerre,  II,  40. 

Percy  (Henri),  comte  de  Northum- 
berland.  Nommé  à  ce  titre  à  Tavé- 
nement  de  Richard,  I,  407;  déjà 
chargé  provisoirement  des  fonc- 
tions de  maréchal,  404;  soutient 
Wicleffdans  son  procès,  49;  chargé 
de  la  garde  des  marches  d'Ecosse, 
451  et  passim;  ferme  ses  villes  à 
Lancastre  pendant  l'insurrection, 
98;  reçoit  l'ordre   de   lui  fournir 


558 


TABLE  DES  MATIERES. 


une  escorte,  99  et  452  ;  sa  querelle 
avec  Lancasire  au  parlement  de 
1381,  106;  ses  nombreuses  mis- 
sions pour  la  guerre  ou  pour  la 
paix ,  passim  ;  parie  librement  du 
despotisme  de  Rictiard,  et  est  me- 
nacé de  lexil,  II,  233;  adhère  un 
des  premiers  à  Henri  de  Lancas- 
tre,  248;  sa  mission  auprès  de 
Richard  à  Gonway,  264-269  et 
485  (voy.  RiGUARD);  il  est  nommé 
connéiable  par  Henri,  300;  reçoit 
de  lui  l'île  de  Man,  337;  il  prend 
les  armes  contre  Henri  IV  en  1403: 
son  manifeste  ;  nouvelles  tentatives 
en  1405  et  en  1408,  382-384,  531, 
538;  sa  mort,  386. 

Percy (Henri),  surnommé  Hotspur, 
filsdu  précédent:  associé  à  sou  père 
dans  la  défense  des  marches;  com- 
bat la  France  sur  mer,  1,  321;  pris 
à  Otterbourne,  11,11;  avec  son 
père  dans  le  parti  de  Henri  IV,  et 
contre  Henri  IV  (voy.  l'article 
précédent)  ;  périt  à  Shrewsbury 
en  1403,  385. 

Percy  (Thomas),  frère  de  H.  Percy, 
comte  de  Norlhumberland;  combat 
les  paysans  insurgés,  I,  100;  ca- 
pitaine de  Brest  en  1384  ,  236; 
vice-chambellau,  puis  sénéchal  de 
l'hôtel  en  1393,  H,  417;  s'éloigne 
de  la  Cour  à  l'époque  du  complot 
de  Glocester,  161;  procureur  du 
clergé  dans  le  procès  de  Glocester 
et  de  ses  complices,  166;  créé 
comte  de  Worcester,  187  ;  accom- 
pagne Richard  en  Irlande  ;  laissé 
avec  l'armée  à  Millbrd,  259;  va 
rejoindre  Henri,  ibid.;  prend  les 
armes  contre  Henri  IV  avec  Henri 
Percy,  son  neveu,  ibid.;  pris  à 
Shrewsbury  et  mis  à  mort,  385. 

Perers  (Alice),  maîtresse  d'E- 
douard m  ;  menacée  par  le  Bon 
Parlement,  I,  3;  condamnée  au 
premierparlemenlde  Richard,  399; 
réclame  ses  biens  confisqués.  II, 
462. 

Pétitions  au  parlement  ,1,  14  ;  re- 
ceveurs et  examinateurs  des  péti- 
tions t6id.,-pétilionsdes  communes 
aux  divers  parlements.  (Voy.  Par- 
lement.) 

Peuple  (le),  sa  situation  vis-à-vis 
du  roi,  I,  5  et  6;  invité  à  répon- 
dre par  acclamations  en  certaines 
circonstances,  11,  202  et  305. 


PiiiLiPOT  (Jean) ,  bourgeois  de  Lon- 
dres, nommé  surveillant  du  sub- 
side, 1,  18;  équipe  une  flotte  qui 
bat  les  Écossais,  24;  armé  cheva- 
lier après  la  mort  de  Wat-Tyler, 
447;  chargé  des  armements  pour 
la  croisade  de  l'évèque  de  Norvvich, 
174  et  182. 

PL4IDS  COMMUNS  (cour  des) ,  1 ,  7. 

Poids  et  mesures   (unité  des),  II, 

0<3. 

POLE  (Michel  de  la),  comte  de  Suf- 
folk  :  son  origine  bourgeoise,  I, 
195;  ses  antécédents,  196  et  114; 
chancelier,  196;  son  discours  au 
premier  ])arlement  de  la  septième 
année,  198;  soumet  la  question 
de  la  paix  au  parlement,  219  (voy. 
Parlement)  ;ac^usé  par  Cavendish, 
221  ;  inimitiés  accumulées  contre 
lui,  223.;  créé  comte  de  Sulïolk, 
243;  son  administration,  255-257; 
réunit  fréquemment  le  parlement, 
258;  opposition  contre  lui,  ibid.; 
passe  en  France  pour  négocier 
une  trêve,  279;  son  désir  d'arriver 
à  la  paix,  301;  ses  mesures  éner- 
giques contre  l'invasion,  302  ;  irri- 
tation publique  contre  lui,  304; 
le  parlement  demande  sa  destitu- 
tion, 305-307  ;  acte  d'accusation, 
312;  sa  défense,  313;  sa  condam- 
nation, 314  et  499;  sorti  de  prison, 
continue  d'être  dans  la  faveur  du 
roi,  323;  à  Nottingham,  324;  mis 
en  accusation,  334  et  335;  fuit  à 
Calais;  livré  par  son  frère,  capi- 
taine du  château  ;  renvoyé  au  roi 
et  mis  en  liberté,  337,  507  ;  con- 
damné par  défaut,  350;  sa  mort, 
II,  16  et  399. 

Pôle  (Michel  de  la),  fils  du  chance- 
lier, II,  34. 

Pôle  (William  de  la),  père  du  chan- 
celier, I,  195. 

Portugal  (affaires  de),  I,  38;  avan- 
tages de  son  alliance  pour  l'Angle- 
terre, 427;  mariage  projeté  de  la 
fille  du  roi  avec  le  fils  du  comte 
de  Cambridge,  276;  rompu,  ibid.; 
prétentions  qu'y  gardent  les  An- 
glais, 492;  revient  à  l'alliance  an- 
glaise en  prenant  pour  roi  Jean 
d'Avis,  277.  (Voy.  Jean  d'Avis). 

PouRvoYANGE  (droit  de),  ses  abus, 
I,  18,  412,  etc. 

Prieurés  étrangers,  I,  271;  II,  32 
et  102. 


TABLE  DES  MATIÈRES, 


559 


Protection  (lettres  de),  II,  402. 

Proviseurs  ,  ou  clercs  pourvus  par  le 
pape  d'un  bénéfice,  1,  37  et  413; 
statuts  sur  les  proviseurs,  414; 
discussions  avec  Rome  à  ce  pro- 
pos ;  conférences  de  Bruges,  ibid.  ; 
état  de  la  question  sous  Richard  II , 
415;  nouvelles  mesures,  II,  6, 
101,  418;  protestation  des  deux 
arctievêques,  430;  autorisation  de 
modifier  le  statut  donné  à  Richard, 
à  Henri  IV,  49  et  63  (voy.  Parle- 
ments de  l'an  xv,  de  Tan  xvi  de 
Richard,  et  de  rani*'"de  Henri  IV.) 


0 

Quinzième  (impôt  du)  et  du  dixième, 
I,  17,  410,  411  et  426. 


R 


Raynal  (l'abbé),  ce  qu'il  dit  sur 
Richard,  I,  398. 

Redecot  -  bridge  (combat  de)  ,  I, 
338  et  508. 

Religieux  de  Saint-Denys,  chro- 
nique de  Charles  VI,  I,  393. 

Repyngdon  (Philippe),  partisan  de 
Wicleff",  I,  460. 

Richard  II.  Importance  de  son  rè- 
gne, I,  iv;  altération  des  monu- 
ments de  son  histoire,  v;  esprit 
de  parti  dans  les  jugements  dont 
il  a  été  l'objet,  vi;  sources  de 
son  histoire  ,  385-399;  sa  nais- 
sance, 1;  présenté  au  parlement 
comme  héritier  du  trône,  4;  prince 
de  Galles,  ihid.  et  400;  désigné 
pour  présider  le  dernier  parle- 
ment d'Edouard  III,  401  ;  succède 
à  Edouard  III,  4;  son  couronne- 
ment, 407;  sa  minorité,  12  (voy. 
Parlement);  sa  conduite  dans 
l'insurrection  de  1381  (voy.  Insur- 
rection des  PAYSANS)  ;  inspiration 
hardie  qui  la  termine,  80;  Richard 
et  sa  mère  après  l'insurrection, 
82;  se  rend  dans  l'ii^ssex  pour 
punir  les  insurgés,  101;  à  Saint- 
Alban,  103;  ses  rapports  avec  le 
parlement  (voy.  Parlement)  ;  di- 
vers projets  de  mariage,  454; 
épouse  Anne  de  Bohême,  113;  pré- 
pare son  pays  à  la  guerre,  231  ;  sa 
lettre  à  l'archevêque  de  Canter- 


bury,  232;  annonce  l'invasion  im- 
minente des  Français,  238;  fait 
remise  de  l'impôt  voté,  ibid.;  en- 
tre en  Ecosse,  244,  481;  son  ar- 
mée, 482;  règlement  pour  la  cam- 
pagne, ibid.;  sa  retraite,  245  et 
483.  Qualités  extérieures  de  Ri- 
chard et  son  caractère,  263,  484; 
ami  du  luxe  et  de  l'éclat,  253, 
485;  pureté  de  mœurs,  254;  ca- 
lomnié, ibid.;  prodigalités  pour 
ses  amis,  ibid.  et  465;  ses  sou- 
tiens dans  le  parlement,  255; 
veut  se  soustraire  au  conseil  des 
onze,  323;  accompagne  le  duc 
d'Irlande,  ibid  ;  parcourt  le  nord 
de  l'Angleterre,  324;  consulte  les 
juges  à  Nottingham,  325;  revient 
à  Londres,  329  et  505;  son  entrée 
solennelle,  330;  mesures  qu'il 
prépare,  ibid.;  prévenu  par  la  prise 
d'armes  de  Glocester,  ibid.;  bruits 
répandussur  les  projets  de  Richard , 
331  ;  Londres  se  refuse  à  le  dé- 
fendre, 333;  les  seigneurs  refu- 
sent de  se  compromettre  pour  les 
favoris,  ibid.; opinion  fausse  même 
en  France  sur  ses  conseillers, 
506  ;  il  capitule  et  reçoit  les  appe- 
lants à  Westminster,  334;  con- 
voque le  parlement,  336;  procla- 
mation en  faveur  des  appelants, 
ihid.;  encourage  les  armements 
contre  Glocester,  338;  à  la  merci 
des  appelants  après  la  bataille 
de  Redecot-bridge,  339;  les  gens 
de  sa  maison  chassés  ou  arrê- 
tés ,  609  ;  déclaration  en  sa  fa- 
veur après  la  condamnation  de  ses 
ministres,  356.  (Voy.  Appelants 
et  Parlement  de  l'an  xi.)  Se  dé- 
clare majeur,  II,  13;  nomme  ses 
grands  officiers,  14  et  398  ;  modé- 
ration dont  il  fait  preuve  dans 
cette  restauration,  14;  analogie 
des  premiers  temps  de  son  règne 
avec  les  premières  années  de  Char- 
les VI,  17;  négociations  avec  la 
France,  19;  trêve  de  LeuUnghem 
(1389),  20  ;  sa  dét'éreace  à  l'égard 
du  conseil,  21  ;  à  l'égard  des  droits 
du  parlement,  22;  ses  dispositions 
pacifiques,  41;  force  de  son  gou- 
vernement à  l'époque  de  la  tolie 
de  Charles  VI,  59;  sagesse  de  son 
gouvernement  personnel,  91;  son 
administration,  102;  son  carac- 
tère,   104;  protection  aux  lettres 


560 


TABLE  DES  MATIÈRES, 


et  aux  arts,  105,  437;  dépenses 
du  palais, îbid.;  sa  campagne  d'Ir- 
lande (voy. Irlande);  ses  rapports 
avec  Charles  VI,  108-112;  son  pro- 
jet de  mariage  avec  la  fille  de 
Charles  VI,  112;  déclaré  au  con- 
seil, 113;  députation  pour  cet  ob- 
jet à  Paris:  comment  elle  est  ac- 
cueillie, ibid.  et  440;  nouvelle 
députation,  116;  elle  conclut  une 
trêve  de  vingt -huit  ans  et  le  ma- 
riage, 117  et  440:  dispositions  di- 
verses des  oncles  du  roi  à  ce  sujet, 
119;  actes  relatifs  au  mariage, 
442  et  suiv.  ;  premier  voyage  de 
Richard  à  Calais,  121;  revient  en 
France  pour  le  mariage,  ibid.; 
règlement  pour  l'entrevue,  ll>2, 
444;  entrevue  des  deux  rois,  122, 
125;  banquet,  126;  déclaration  de 
Richard  sur  l'objet  de  l'alliance, 
ibid.;  engagement  personnel  pour 
l'observation  de  la  trêve,  444;  son 
mariage,  127,  446;  couronnement 
de  la  reine,  446.  Position  consi- 
dérable qu'il  avait  alors  en  Europe, 
128;  ses  lettres  aux  deux  papes, 
130;  projet  de  le  nommer  empe- 
reur, ibid.;  politique  conciliante 
de  Richard,  133;  ses  faveurs  à 
ses  anciens  ennemis,  124;  projet 
d'une  expédition  commune  avec 
la  France  en  Italie,  139,  449;  il 
expose  les  avantages  et  la  néces- 
sité de  l'union  active  de  l'Angle- 
terre et  de  la  France,  140;  con- 
tinuation de  ses  bonnes  relations 
avec  la  France,  153;  effrayé  des 
projets  de  Glocester,  s'en  ouvre  à 
son  neveu  et  à  son  frère,  157;  à 
ses  deux  oncles,  159  ,qui  le  rassu- 
rent, mais  h-e  tiennent  à  l'écart, 
160:  arrête  Glocester,  161;  sa 
proclamation  à  ce  propos,  163. 
Procès  de  Glocester  et  de  ses  com- 
plices, voy.  Parlement  de  l'an 
XXI ;  si  les  procès  de  l'an  1397  ne 
sont  que  l'accomplissement  d'une 
vengeance  longtemps  méditée, 
189,  461  ;  conséquences  de  ces  pro- 
cès, iViQ;  différend  de  Derby  et 
de  Norfolk  (voy.  Henri  de  Lan- 
castre)  ;actesde despotisme  qu'on 
lui  rapporte,  221,  467,  468;  sa 
conduite  dans  les  affaires  de  l'É- 
glise et  du  schisme  mal  interpré- 
tée, 222-224  ;  emprunts,  224;  con- 
fiscation des  biens  du  duc  de  Lan- 


castre,  229;  mal  vue  en  Angleterre 
232; désordre  résultant  deson des- 
potisme, 233;  défiances  contre 
lui,  234;  seutrments  de  Londres, 
234;  appel  à  Henri,  235;  départ 
pour  1  Irlande  ,  237  ;  son  testa- 
ment ,  237,  472;  ses  adieux  à  la 
petite  reine,  238;  écrits  divers 
sur  sa  chute,  472  et  suiv.  ;  seconde 
campagne  d'Irlande,  243-474;  il 
apprend  le  débarquement  de 
Henri,  250;  ses  paroles  au  fils  du 
prétendant,  252;  plan  de  campa- 
gne, 253;  revient  à  Milford,  255- 
481  ;  dispersion  d'une  partie  de 
ses  soldats,  256,  482;  opinions' 
diverses  sur  sa  conduite  à  Mil- 
ford, 257;  il  part  pour  Conway, 
259,  483;  dissolution  de  son  ar- 
mée après  son  départ,  25t),  483; 
trompé  par  Northumberland,  at- 
tiré hors  de  Conway  et  arrêté, 
264-269,  484,  485;  mené  à  Flint, 
270,  486;  ses  lamentations,  î'bitf.; 
livré  à  Henri,  275;  le  lévrier  de 
Richard,  488;  Richard  mené  à  Ches- 
ter,  276,  489;  séparé  de  ses  amis, 
277,  490-492;  confié  à  la  garde  du 
fils  de  Glocester  et  du  fils  d'Arun- 
del,  277;  mené  à  Londres,  280, 
492;  tente  de  s'échapper  en  route, 
281; gardé  plus  étroitement,  ibid.; 
présenté  à  la  députation  de  Lon- 
dres, 282;  mené  à  la  Tour,  284, 
493;  Richard  à  la  Tour,  286;  s'il 
a  abdiqué  volontairement,  ibid. 
et  495;  visite  que  lui  fait  Henri 
avec  York  etRutland,  287;  pro- 
cès-verbal de  son  abdication,  290; 
preuve  du  mensonge  qu'il  con- 
tient, 291  ;  entrevue  de  Richard  et 
de  Lancastre,  selon  Froissart,  293 
et  suiv;  moyens  dont  on  a  pu  se 
servir  pour  amener  Richard  à  ab- 
diquer, 294  ;  abdication  de  Ri- 
chard, selon  la  tradition  de  Frois- 
sart adoptée  par  Shakspeare,  298; 
déposition  de  Richard,  300,  497- 
498;  signification  de  sa  déposition, 
308,  500;  condamné  à  la  prison, 
327;  transféré  secrètement  à  Pom- 
fret,  350,  511;  conjuration  en  sa 
faveur,  351,  512;  sa  mort,  367; 
traditions  diverses  :  tué  par  Pierre 
d'Exton,  368;  qu'il  est  mort  de 
faim,  368;  si  cette  mort  fut  volon- 
taire ou  forcée,  369;  examen  des 
divers  témoignages,  368  et  suiv., 


TABLE  DES  MATIERES. 


561 


521-523;  conclusion  de  son  his- 
toire. 374;  sentiments  qui  écla- 
tent à  sa  mort,  378;  on  refuse  de 
le  croire  mort,  ibid.  et  624:  tradi- 
tion qu'il  s'était  réfugié  en  Ecosse , 

379,  525;  la  nouvelle  accueillie 
en  France,  380,  627;  Creton  en- 
voyé en  Ecosse  pour  la  vérifier, 

380,  528;  tradition  persistante  en 
Angleterre  que  Richard  est  vi- 
vant, 381,  531;  soulèvements  en 
son  nom ,  ibid. 

RicHMOND  (comté de)  appartenant  au 
duc  de  Bretagne;  confisqué  (1384) 
Il ,  412,  longtemps  réclamé,  rendu, 
125  ;  donné  au  comte  de  Westmo- 
reland,  337. 

RiCKHiLL  (William),  sa  mission  au- 
près de  Glocester,  II,  176;  sa  dé- 
position devant  le  parlement , 
177. 

Rivalité  de  la  France  et  de  l'Angle- 
terre; si  elle  poussait  fatalement  à 
la  guerre,  II,  36.  •*• 

Robert  II ,  roi  d'Ecosse  .  1 ,  241 . 

Robert  l'Ermite  ,  messager  entre  les 
deux  rois,  II,  108;  renvoyé  en 
Angleterre  à  l'occasion  du  mariage 
projeté  de  Richard;  son  entrevue 
avec  Glocester,  116. 

Rome,  ses  rapports  avecl'Angleterre, 
I,  413.  (Voy.  Proviseurs.)  Vues  de 
la  France  sur  le  domaine  du  saint- 
siége  en  Italie,  II,  414. 

RosEBECQUE  (bataille  de),  I,  160; 
son  influence  en  France  et  en  An- 
gleterre, 165. 

Royauté  (la)  en  Angleterre ,  sa  puis- 
sance, ses  attributions,  1,5,  7. 

RcssEL  (John),  membre  du  conseil 
parlementaire,  II,  203;  retiré  à 
Bristol,  249;  épargné  par  Henri 
de  Lancastre,  251. 

RuTLAND.    (Voy.  Edouard  Planta- 

GENET.) 


Saint-Alban.  Grande  part  à  l'insur- 
rection des  paysans ,  I  ,  83  et 
suiv.  :  ramené  à  robéis.sance,  101 
et  suiv. 

Saint-David  (évoque  de).  (Voy. 
Adam  HouGHTON  (1361-1389),  et 
Jean  Gilbert  (1389). 

Saint-Inglevert  (joules  de),  II, 
37. 


Saint-Jean-de-Jérusalem  (ordre  de); 
demande  touchant  ses  biens  en 
Angleterre,  I,  272. 

Saint-Malo  (siège  de),  I,  24. 

Saint -Pol  (Waleran,  comte  de), 
mari  de  la  sœur  utérine  de  Ri- 
chard, I,  400;  ses  visites  à  Ri- 
chard,  II,  120,  156,  407. 

Salisbury  (le  comte  de).  (Voy.  Mon- 
taigu.) 

Salisbury  (Jean),  chevalier:  son 
procès  devant  l'Admirable  Parle- 
ment, I,  360  et  366;  condamné, 
368. 

Salles  (Robert  de),  refuse  de  se 
mettre  à  la  tête  des  paysans  in- 
surgés et  est  mis  à  mort,  I,  88- 
90. 

Sceau  privé  (garde  du),  I,  7. 

Schisme  (grand);  resserre  les  liens 
de  l'Angleterre  avec  Rome,  I,  47; 
opposition  de  l'Angleterre  avec  la 
France  sur  cette  question,  145; 
puis  accord  pour  y  mettre  fin, 
mais  divergence  dans  les  moyens, 
II,  129. 

ScROP  (Etienne  le),  fils  de  Henri 
lord  Scrop  of  Masham;  avec  Ri- 
chard en  Irlande,  à  Conway  et  à 
Flint,  II,  259,  271,  275,  27  7. 

Scrop  (Richard  le),  chancelier  déjà 
sous  Edouard  III,  sénéchal  de 
l'hôtel,  I,  26;  chancelier  (1378), 
31;  (1381),  107;  ses  discours  au 
parlement  (voy.  parlement);  des- 
titué pour  ses  résistances  aux 
prodigalités  de  Richard,  143  et 
466;  fait  partie  du  conseil  de 
l'an  X,  316;  amnistié  pour  ce  fait 
au  parlement  de  Tan  XXI,  II,  186; 
adhère  à  la  condamnation  de  Ri- 
chard, 328;  interrogé  sur  la  con- 
damnation de  son  fils,  William  le 
Scrop,  342. 

Scrop  (  Richard  le  ) ,  archevêque 
d'York,  fils  du  précédent,  dé- 
tourne Richard  d'autoriser  le  com- 
bat de  Derby  et  de  Norfolk,  II, 
216;  assiste  à  l'élection  de  Henri, 

_  306;   prend  part  au  soulèvement 

'  contre  lui  en  1405;  son  mani- 
feste, 385;  pris  et  mis  à  mort, 
ibid. 

ScRr.p  (William  le) ,  comte  de  Wilt- 
shire;  s'il  est  fils  de  Richard  le 
Scrop?  II,  508;  ses  diverses  fonc- 
tions, 417  et  470;  seigneur  de 
l'île  de  Man,  418  et  78;    un  des 

11  —  36    - 


562 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


négociateurs  du  mariage  de  Ri- 
chard et  d'Isabelle,  113  et  suiv.; 
un  des  appelants  contre  Glocester, 
164;  créé  comte  de  Wiltshire, 
188;  trésorier  d'Angleterre  et  l'un 
des  principaux  du  conseil  de  Ri- 
chard durant  son  despotisme, 224; 
envoyé  à  Bristol,  249  ;  mis  à 
mort,  251. 

Segrave  (Hugh),  membre  du  con- 
seil à  l'avènement  de  Richard,  I, 
16;  trésorier,  107. 

Sénéchal  d'Angleterre,  1,7;  office 
rattaché  au  comté  de  Leicester, 
403;  possédé  héréditairement  par 
Jean  de  Gand,  duc  de  Lancastre, 
403,  484. 

Servage  en  Angleterre,  I,  45;  ex- 
tradition des  serfs,  271. 

Serle  (William);  impliqué  dans  le 
meurtre  de  Glocester,  II,  180; 
répand  le  bruit  que  Richard  n'est 
pas  mort,  382  ;  pris  et  mis  à 
mort,  ibid.  et  458. 

Shakespeare;  sa  tragédie  la  Vie  et 
la  Mort  de  Richard  II,  I,  m  et 
398;  plusieurs  scènes  de  ce  drame 
rapprochées  de  l'histoire,  II,  299, 
477,  489,  493,  512. 

Shériffs;  leur  rôle  dans  la  convo- 
cation du  parlement,  I,  10;  durée 
de  leurs  fonctions,  19,  22,  257. 

Shrewsbuby  (consultation  des  juges 
à),  I,  324. 

Shrewsbury  (bataille  de),  II,  385. 

Speaker  ou  orateur  des  commu- 
nes, I,  15. 

Spenser  (Henri) ,  évêque  de  Nor- 
wich;  combat  les  paysans  insur- 
gés, I,  91,  449;  ses  propositions 
pour  une  croisade  contre  les  Clé- 
mentins,  cest-à-dire  contre  la 
France,  170;  modifications  qu'il 
y  apporte,  171,  468;  opposition 
des  lords,  faveur  des  communes, 
171  ;  les  propositions  adoptées, 
172;  prédication  de  la  croisade, 
173  ;  ordres  en  faveur  de  la  croi- 
sade, 174,  468;  enthousiasme 
pour  la  croisade  en  Angleterre, 
174,  469;  départ  de  l'évêque, 
176;  il  débarque  à  Calais,  ibid.; 
attaque  la  Flandre,  177;  prend 
Gravelines,  178,  470;  Dunkerque, 
181  ;  assiège  Ypres,  181 ,  471  -,  lève 
le  siège  à  l'approche  des  Français , 


183;  se  retire  vers  uravelines, 
191;  partialité  de  Walsingham  à 
son  égard,  192,  472;  espérances 
qu'on  avait  conçues  de  la  croisade, 
196  ;  déception  qu'elle  cause  , 
ibid.;  premières  mesures  de  Ri- 
chard pour  la  réparer^  196;  négo- 
ciations qui  la  termment,  197; 
procès  fait  à  l'évêque  et  à  ses  ca- 
pitaines, 200  et  suiv.,  condamna- 
tion de  l'évêque,  207  et  209;  de 
ses  capitaines,  212;  restitution  de 
son  temporel,  269;  querelle  entre 
l'évêque  d'Ëly  et  le  chancelier  à 
ce  sujet,  ibid. 

Spikesworth  (Jean  de),  I,  203. 

Stafford  (le  comte  de),  I,  16,  242, 
481. 

Stafford  (Richard  de),  fils  du 
comte;  tué  par  Jean  de  Rolland, 
I,  242. 

Standford  (grand  conseil  à)  pour  la 
paix  avec  la  France,  II,  56  et  416. 

Standigh  (Jean),  écuyer  du  roi, 
achève  Wat-Tyler,  I,  70;  est  fait 
chevalier,  81. 

Statuts  :  leur  définition,  I,  19. 

Stokys  (Pierre),  carme,  adversaire 
de  Wicleff,  I,  460. 

Stow  :  ses  annales,  I,  395. 

Straw  (Jacques),  chef  des  révoltés 
del'Essex,  I,  58;  son  jugement, 
sa  confession  et  sa  mort,  94. 

Straw  (Jean) ,  probablement  le  même 
que  Jacques  Straw,  I,  448. 

Subside  (voy.  Impôts,  Laines  et  Par- 
lement) :  la  levée  suspendue  dans 
un  cas  douteux,  II,  76. 

SuDBURY  (Simon),  archevêque  de 
Gauterbury  et  cnancelier  d'Angle- 
terre. I,  41;  assigne  Wicleff  de- 
vant lui,  50;  pillage  de  son  palais 
par  les  insurgés,  59;  conseil  qu'il 
donne  au  roi,  64;  pris  et  décapité 
par  les  insurgés  à  la  Tour,  71  ;  sa 
mort  vengée,  93. 

SuFFOLK  (William  de  Ufford,  comte 
de) ,  auprès  du  roi  dans  l'insurrec- 
tion de  Wat-Tyler,  I,  64. 

SuFFOLK  (Michel  de  la  Pôle,  comte 
de).  (Voy.  Pôle.) 

Swinderby  (William  de)  ou  William 
l'Ermite,  disciple  de  Wicleff",  I, 
128  et  459. 

Sybill  (Wauter),  incriminé  devant 
le  parlement,  I,  468. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


563 


Taxe  personnelle,  I,  33,  42;  sur  les 
bateaux,  sur  les  marchandises, 
sur  la  laine,  33.  (Voy.  Impôts  et 
Parlement.) 

Thierry  (Augustin)  :  ce  qu'il  dit  de 
l'insurrection  des  paysans ,  I , 
436. 

Thomas  de  Woodstock,  comte  de 
Buckingham,  puis  duc  de  Gloces- 
ter,  septième  fils  d'Edouard  III, 
1,3;  nommé  comte  de  Buckin- 
gham et  investi  de  l'office  de  con- 
nétable à  l'avènement  de  Richard, 
404  et  407;  son  caractère,  12;  son 
expédition  en  France,  38;  combat 
les  paysans,  100;  fait  avec  Lan- 
castre  la  campagne  d'Ecosse,  217; 
créé  duc  de  Glocester,  243;  de- 
vient à  craindre  au  départ  de  Lan- 
castre  pour  l'Espagne ,  498.  Sa  mis- 
sion auprès  du  roi  pour  la  desti- 
tution de  Michel  de  la  Pole,308r 
langage  menaçant  qu'il  tient  au 
roi ,  309  ;  prise  d'armes  de  Ha- 
ringhay-Park,  331;  projet  de  dé- 
poser le  roi ,  337  et  508  ;  combattu 
par  Derby,  338  ;  reçu  en  triomphe 
à  Londres  après  Riédecot-bridge, 
340;  au  parlement  de  1388,  344; 
se  fait  déclarer  innocent  par  le 
roi ,  ibid.  ;  menace  Richard  du  sort 
d'Edouard  II,  ibid.  (Voy.  Lords 
APPELANTS  et  Parlement  [admi- 
rable].) Son  gouvernement,  II, 
1  ;  peu  de  succès  au  dehors,  malgré 
les  meilleures  occasions,  7;  ses 
négociations  avec  la  France,  12; 
fin  de  son  gouvernement,  13.  Ren- 
tre au  conseil,  399;  son  opposi- 
tion à  la  paix  avec  la  France,  56, 
66 ,  420 ,  et  au  mariage  du  roi ,  1 16  ; 
honneurs  et  missionsqu'il  reçoit  de 
Richard,  134;  veut  faire  une  cam- 
pagne en  Prusse,  419;  son  mau- 
vais vouloir  h  l'égard  de  Richard, 
147  ;  ses  murmures  à  l'occasion  de 
la  France,  148;  ses  efforts  pour 
propager  ses  sentiments,  148-150; 
complot  où  il  veut  intéresser  le 
jeune  comte  de  la  Marche,  150; 
excitations  auprès  du  peuple  de 
Londres,  à  propos  des  impôts,  151  -, 
éclat  au  sujet  de  la  restitution  de 
Brest,  154;  insinuation  que  le  roi 
pense  à  livrer  Calais,  156;  nou- 
veau projet  de  Glocester  contre 


Richard,  158;  sa  conjuration,  161 
et  452  ;  il  est  prévenu  par  le  roi , 
iirrêté  et  mené  à  Calais,  162,  453; 
mandé  de  Calais  devant  le  parle- 
ment ,175;  réponse  qu'il  est  mort  ; 
il  est  déclaré  traître,  ibid.-,  pro- 
duction, devant  le  parlement,  de 
sa  confession  écrite,  176;  rumeurs 
sur  sa  mort,  178  et  457;  déclara- 
tion de  J.  Halle,  180. 

Thorne  (William)  :  sa  chronique,  I, 
389. 

Tournois,  II,  407. 

Trésilian  ,  président  du  banc  du  roi  : 
son  enquête  à  Saint-Alban,  I,  101  ; 
un  des  principaux  ministres  de 
Richard,  255;  assiste  à  la  consul- 
tation de  Nottingham,  324  ;  mis  en 
accusation,  334  et  335;  condamné 
par  défaut,  350;  découvert  et  ar- 
rêté, 353;  son  jugement  sommaire 
et  son  supplice,  354. 

Trésorier  d'Angleterre,  I,  7. 

Trésoriers  du  subside  nommés  en 
parlement,  I,  273. 

Trêve  avec  la  France  prolongée  pen- 
dant tout  le  gouvernement  per- 
sonnel de  Richard,  I,  107;  (voy. 
Leulinghem). 

Trivet  (Thomas),  dans  la  croisade 
de  l'évêque  de  Norw^ich,  I,  38; 
son  procès,  211. 

Turcs  en  Hongrie,  II,  36. 

TuRNER  (Sharon).  Son  histoire  :  la- 
cunes et  partialité,  II,  104. 


Urbain  VI.  Croisade  qu'il  fait  prê- 
cher contre  les  partisans  de  Clé- 
ment VII  (France  et  Espagne),  I, 
145. 

UsKE  (Thomas).  Condamné  dans 
l'Admirable  Parlement,  I,  357.   - 


VÈRE  (Robert  de),  comte  d'Oxford, 
chambellan  par  droit  héréditaire, 
I,  403;  ses  insinuations  contre  le 
duc  de  Lancastre,  I,  245;  Son 
influence  Sur  l'esprit  du  roi,  252; 
calomnié,  254 ;  dons  qu'il  reÇôit, 
484,  502;  créé  marquis  de  Dublin, 
267   et  490;  puis  duc  d'Irlande, 


564 


TABLE  DES  MATIERES. 


322;  répudie  sa  femme,  petite- 
tille  d'Edouard  III,  323;  se  met 
en  route  pour  Tlrlande,  ibid  ;  ac- 
compagné par  Richard  ,  ibid.  ; 
et  demeure  avec  le  roi,  ihid.;  à 
Nottingham,  324;  mis  en  accusa- 
tion, 334  et  335;  fuit  sous  un  dé- 
guisement, 337  ;  fait  des  arme- 
ments dans  le  noid,  338;  battu  à 
Redecot- bridge  ,  ihid.;  échappe 
par  la  fuite,  339;  condamné  par 
défaut^  350;  sa  mort,  II,  16  et 
448;  son  corps  ramené  en  Angle- 
terre, 137. 

Vienne  (Jean  de),  amiral;  son  expé- 
dition en  Ecosse,  I,  238  et  suiv.; 
mécontentement  des  Français  à 
l'égard  des  Écossais,  et  récipro- 
quement, 239;  comment  il  avait 
pu  revenir  d'Ecosse,  280  ;  nouvelle 
expédition  préparée,  321;  tué  à 
la  bataille  de  Nicopolis  (Froissart, 
IV,  52.) 

V'iLLE  de  bois,  fabriquée  pour  l'inva- 
sion de  l'Angleterre,  I,  282;  por- 
tée en  partie  par  la  ^  tempête  en 
Angleterre,  291,  495. 


w 

Walden  (Roger  de),  doyen  d'York, 
nommé  archevêque  de  Canter- 
bury  à  la  place  de  Thomas  Arun- 
del,  II ,  459  ;  destitué  au  retour  de 
Thomas,  337,  dans  la  conjura- 
tion contre  Henri  IV;  condamné, 
365;  gracié,  366  ,  519;  nommé 
évêque  de  Londres,  519. 

Walsingham.  Ses  deux  histoires,  I, 
388;  sa  partialité  en  faveur  de  l'é- 
vêque  de  Norwich,  192;  contre 
Richard,  193,  et  passim. 

Walworth  (William),  surveillant 
du  subside,  I,  18;  maire  de  Lon- 
dres, sa  conduite  pendant  l'in- 
surrection, 61,  69  et  79. 

Warwick  (Thomas  de  Beauchamp, 
comte  de),  placé  auprès  du  roi 
comme  gouverneur,  I,  36;  avec 
lui  au  temps  de  l'insurrection,  64; 
un  des  cinq  lords  appelants  (voy. 
Appelants);  sa  retraite,  II,  134; 
entre  dans  la  conjuration  de 
Glocester ,  1 61  et  452  ;  arrêté , 
162  et  453;  demande  grâce;  con- 
damné   et    exilé  ,     182  ;    rejoint 


Henri  de  Lancastre  après  la  capti- 
vité de  Richard,  280;  proteste 
,  contre  le  procès-verbal  de  son 
jugement,  329;  meurt  le  8  avril 
1401. 

Wat-Tyler.  Insurrection  qu'il  pro- 
voque, 1,56  et  435;  mène  lesinsur- 
gés  à  Canterbury,  60;  à  Londres, 
66;  fait  périr  Richard  Lyons,  68; 
à  la  Tour,  70;  excite  les  habitants 
de  Saint-Alban,  84;  retient  une 
partie  des  insurgés  à  Londres , 
74;  sa  conférence  avec  le  roi,  77; 
sa  mort,  79. 

West  (Pays  vers  le),  1,  423. 

Westminster  (Asile  de),  violé  par 
les  agents  du  duc  de  Lancastre, 
1,  25. 

Westminster  (Grande  salle  de) , 
construite  par  Richard,  II,  106 
et  438. 

Westminster  (Grand  conseil  de)  en 
1383,  I,  169. 

WicKHAM  (William  de),  évêque  de 
Winchester,  chancelier  au  temps 
d'Edouard III,  pour  qui  il  construit 
Windsor,  II,  15;  condamné  par 
l'influence  de  Lancastre  au  temps 
d'Edouard  III^  I,  401  ;  membre  du 
conseil  du  roi,  I,  273;  du  conseil 
de  l'an  x,  316;  nommé  chance- 
lier par  Richard,  II,  14;  sa  mort, 
49,  note. 

WiCLEFF  (Jean).  Ses  historiens,  ses 
origines  et  son  histoire,  I,  47,  430 
et  431;  sa  doctrine  sur  l'Ëiat  et 
l'Eglise,  47;  un  des  envoyés  de 
l'Angleterre  aux  conférences  de 
Bruges,  431  ;  consulté  parlacour, 
433;  son  procès,  49  et  434;  bulle 
du  pape  contre  lui,  50;  second 
procès,  51;  inteivention  de  la 
princesse  de  Galles,  ibid.:  expli- 
cations données  par  Wicleff,  ibid.; 
Wicleff  renvoyé,  52;  nouvelles 
propositions  ,  ibid.  ;  propositions 
adressées  au  parlement,  126;  at- 
taques contrôle  pouvoir  et  les  pos- 
sessions de  l'Église,  ibid.  et  458; 
traduit  la  Bible  en  langue  vul- 
gaire, 128;  propositions  contre 
rEucharistie,condamnées  à  Oxford, 
129;  appel  au  roi,  ibid.;  concile 
de  Londres,  130;  assigné  devant 
•  le  pape,  ibid.;  ses  excuses  et 
ses  avis,  131;  sa  mort,  ibid.;  ses 
idées  répandues  dans  le  parle- 
ment, 265. 


TABLE  DES  MATIERES. 


565 


WicLEFF  (Partisans  de).  (Voy.  Lol- 

LARDS.) 

William     l'Ermite.     (Voy.    Swin- 

DERBY.) 

Windsor  (Grand conseil  à),  en  1382, 

I,  134. 
WooDSTOCK    (Thomas    de).    (Voy. 
Thomas.) 
Wraw  (Jean),  chef  des  insurgés,  I, 


87    et  448;   confondu  avec  Jean 
Straw,  I,  448. 


Ypres.  Assiégée  par  l'évêque  de  Nor- 
wich,  1,181  ;  siège  levé  à  l'approche 
des  Français,  183. 


FIN  DE  LA  TABLE  DES  MATIÈRES. 


TABLE  DES   CHAPITRES 


DU    TOME    SECOND. 


LIVRE  SEPTIÈME. 

LA  MAJORITÉ  DE   RICHARD. 

I.  Le  gouvernement   de   Glocester  et  le  gouvernement    de  Ri- 

chard    Page  1 

II.  L'entrevue  d'Amiens 36 

m.  La  trêve 62 

IV.  La  campagne  d'Irlande , . , 78 

LIVRE  HUITIÈME. 

l'alliancje  française. 

I.     Administration  personnelle  de  Richard 91 

H.    Le  mariage  de  Richard  et  d'Isabelle  de  France 113 

LIVRE  NEUVIÈME, 

GLOCESTER. 

I.  Les  amis  et  les  ennemis  de  Richard 133 

II.  Intrigues  et  complot  de  Glocester 146 

III.  Le  parlement  de  la  xxi«  année  (1397) 164 

LIVRE  DIXIÈME. 

DESPOTISME  DE    RICHARD. 

I.  Session  de  Shrewsbury 193 

II.  Le  comte  de  Derby  et  le  comte  maréchal 206 

III.  Mort  du  duc  de  Lancastre 220 


5G8  TABLE  DES  CHAPITRES. 

LIVRE   ONZIÈME.  * 

HENRI    DE    LANCASTRE. 

I.      Richard  en  Irlande,  Henri  en  Angleterre 241 

IL    Conway ,  Fiint  et  Chester 260 

LIVRE  DOUZIÈME. 

LA  DÉPOSITION   DE   RICHARD. 

L      L'abdication  et  la  déposition 284 

IL    Le  sacre  de  Henri  IV.— La  condamnation  de  Richard  II 309 

III.  Satisfactions  et  représailles 329 

LIVRE   TREIZIÈME. 

LA    MORT     DE    RICHARD. 

I.  Conjuration  contre  Henri  IV ..     345 

II.  Mort  de  Richard 'Ml 

m.  Conclusion 3'4 

Notes 389 

Table  générale  des  matières 541 

FIN    DE   LA   TABLE   DES  CHAPITRES   DU    DEUXIÈME   VOLUME. 


ERRATA. 

Page      37,  ligne  15.  Épargnait;  Zisw  :  épargnaient. 

—  12o,     —     16.  Duché;  Usez  :  comté. 

—  189,     —    24.  En  honneur,  en  pouvoirs;  lises  :  en  honneurs,  en 

pouvoir. 

—  198,     —    dernière.  Leur  poursuite;  lisez  :  leurs  poursuites. 

—  200,     —    avant- dernière.   Si   per.sonne   n'intercédait;    luez  :    si 

personne  intercédait. 

~  238,  —  dernière.  Espèces  (épices);  Usez  :  eapïces. 

—  331,  —  2.  Du  Henri;  lisez  ;  de  Henri. 

—  340^,  —  27.  Les  blancs  seing;  lisez  :  les  blancs  seings. 

—  347,  —  dernière.  Duc  de  Bourgogne;  lisez  :  duc  de  Bourbon. 

—  439,  —  28.  Plus  reculée;  lisez  :  postérieure. 

—  446,  —  16.  1386;  iùez;  1396. 

—  473,  —  23.  Caetum;  iwe;ï  ;  cœlum. 


Paris.  —  Imprimerie  de  Ch.  Lahure,  rue  de  Fleurus,  9. 


C) 


7 


1 


DA  Wallon,  Henri  Alexandre 

235  Richard  II 

W3 
t. 2 


PLEASE  DO  MOT  REMOVE 
CARDS  OR  SLIPS  FROM  THIS  POCKET 

UNIVERSITY  OF  TORONTO  UBRARY